et pourtant...

Olli était allongé sur son lit. Il regardait le plafond. Il repensait à la veille. Le calme et la quiétude de la nuit étoilée, le feu crépitant et Christian.

Il était ambivalent concernant ses sentiments... D'un côté il était heureux de sentir à nouveau son cœur battre si fort ; cela faisait si longtemps ! Il avait même oublié l'effet que ça faisait.

D'un autre côté... Christian ! Lui parmis tous.

Il serra les poingts, ferma les yeux... quelle stupidité vraiment.

Non seulement il souffrait bêtement, mais en plus cela allait l'éloigner encore des siens. Il aurait tellement voulu s'installer à nouveau, se poser... Et dire qu'au départ il avait même pensé que Christian pourrait l'y aider !

Il regarda l'heure, il prenait son service dans une demi-heure. Bien, au moins il penserait à autre chose...

 

 

                                                            *

 

 

- Bon, parles, c'est quoi le probléme ?

- Pardon ? Christian sortit de sa torpeur. Il leva la tête et vit son frére qui le regardait, une lueur interrogative dans le regard.

- Depuis ce matin tu es ailleurs. Qu'est-ce qui ne va pas ? Vas-y accouches.

Christian eut un mouvement d'impatience. Non seulement il n'avait aucune envie de parler, ni même de penser...mais encore moins avec Gregor.

- J'ai rompu avec Coco, et non je n'ai pas envie d'en parler. Il se retourna vivement, histoire de clore la discussion ; mais Grégor n'était pas du genre à se contenter de si peu... surtout lorsqu'il était évident que son petit frére était mal.

- Pourquoi ? demanda-t-il en s'accoudant contre le bar pour bien signifier qu'il ne comptait pas bouger.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu as rompu ? Je pensais que tout allait bien entre vous. Enfin depuis que tu lui avais ménagé des soirées au lieu de faire du sport.

- Et bien tu pensais mal. Christian baissa la tête et soupira. C'était idiot de s'en prendre à Gregor, il n'y était pour rien.

- Oui ça n'allait pas trop mal. La vérité c'est que... je me suis apperçu que je n'étais plus amoureux d'elle.

Grégor inclina la tête, ses yeux se rétrécir.

- Et tu t'en es rendu compte comme ça, tout à coup ?

- Pourquoi tout le monde me pose cette question !? Qu'est-ce que ça peut faire comment je m'en suis rendu compte ! L'idée c'est que j'ai finalement compris où j'en étais et que j'ai agis en conséquence.

- C'est qui « tout le monde » ?

Christian lui lança un regard furieux. Son frére avait le chic pour poser les questions embarrassantes auxquelles il ne s'attendait pas.

- Olli, répondit-il à contre-coeur.

- Et Olli trouve aussi que c'est un peu soudain ?

- Oui. Il soupira. Ecoute, je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet... Et puis tu avais toi-même constaté que j'étais loin d'être transis d'amour.

-J'ai fait ça, moi ? Grégor savait que son ton, ironique et distant, avait le don de mettre son frére en boule lors des discussions sérieuses. Mais pousser Christian dans ses retranchements était le meilleur moyen de lui faire cracher le morceau.

- Il y a 2 semaines, au club de gym... Tu as dit qu'être amoureux engendrait d'être accroc...

- Et tu m'as répondu que tu n'étais pas ce genre de type, mais que cela ne voulait pas dire pour autant que tu n'étais pas amoureux.

- Oui et bien je me suis trompé. Ca voulait effectivement dire que je n'étais pas amoureux.

- Et tu t'en es rendu compte comme ça ? Ou est-ce que quelqu'un d'autre fait battre ton cœur plus fort ?

Christian se sourit à lui-même... on pouvait dire ça comme ça... même s'il n'y comprenait rien.

- Ah j'ai touché un point on dirait !

Christian se retourna vers le bar et se mit à l'essuyer frénétiquement.

- Alors, de qui s'agit-il ? Comment elle s'appelle ? Je la connais ?

- Gregor, merde à la fin ! s'écria Christian en sortant en trombe.

 

 

 

                                                               *

 

 

- Hey.

Olli leva la tête et sourit.

- Hey !

- Comment vas-tu ?

- Bien, très bien. Et toi ? Encore désolé pour hier....

- Ne t'en fais pas, je comprends. Comment va ton ami ?

Olli soupira.

- Il vient de rompre avec sa petite-amie. Il va falloir quelques jours avant que tout rentre dans l'ordre je présume...

Alexis opina de la tête.

- Je peux être honnête avec toi ; j'ai d'abord cru que c'était une excuse bidon...

- Non, non pas du tout ! Qu'est-ce qui t'as fait penser ça ? demanda Olli, intrigué.

- Tu m'as dit qur cela ne faisait pas trés longtemps que tu étais en ville...

- Oh ! Oui, Christian et moi nous sommes rencontrés peu de temps aprés mon arrivé.

- Ca fait quoi ? 2 semaines ?

- A peu prés...

- Et il vient chez toi pour le réconforter de ses peines de cœur ??

Olli sourit. Oui, c'est vrai que c'était bizarre, pourtant ça ne l'avait même pas surpris.

- J'habite au bout du pallier, c'est peut-être pour ça...

Alexis eut une moue dubitatrice.

- Et, continua Olli, il ne sait pas que... je préfére les hommes.

 

Là Alexis le regarda d'un air vraiment surpris.

- Pourquoi ? Je veux dire, tu ne sembles pas être le genre à te cacher !

Oliver haussa les épaules.

- Je ne suis là que pour quelques semaines, je n'avais pas envie de me prendre la tête avec ça...

- C'est plus simple de continuellement cacher qui tu es ?

Olli haussa une nouvelle fois les épaules.

- Ok c'est peut-être plus compliqué que ça ; mais il me semble que ce n'est pas le bon endroit pour en discuter...

Alexis resta silencieux quelques secondes.

- Est-ce que c'est pour lui, Christian c'est ça ?, que tu n'as rien dit ? Pour ne pas... risquer de l'effrayer ?

La discussion commencait à ennuyer Olli.

- Ecoute, je ne vois pas où tu veux en venir, et comme je te l'ai dit, je suis sur mon lieu de travail...

- Ok, ok... on se voit ce soir ?

- Je vais passer voir Christian ce soir, il doit encore accuser le coup je pense. Demain soir si tu veux ?

- Tu sais qu'habituellement je ne suis pas le genre de type que l'on fait attendre 2 soirs de suite ?

Olli sourit, il pouvait tout à fait imaginer ça.

- Peut-être... mais moi je suis le genre de type à faire passer un ami avant un flirt... aussi beau et sexy soit-il.

- Ok, pour ces derniéres paroles je veux bien patienter encore un soir. La récompense n'en sera que meilleure, ajouta-t-il dans un sourire enjoleur.

 

 

 

                                                               *

 

 

Christian ne savait pas comment ses pas l'avaient amené là. Comme si, dans son desarrois, le seul port d'attache était Olli. Alors même que ce désarrois était causé par lui. Cela n'avait aucun sens ! Et déjà la veille au soir, n'avait-il pas frapper à sa porte plutôt qu'à celle de son frére ?

 

Il avait vu qu'Olli semblait ennuyé par la conversation du type qui le draguait ouvertement. Mais cela ne l'appaisa pas pour autant. Décidément, tout le monde succombait à son charme... homme ou femme, homo ou hétéro... Etait-ce pour ça que lui aussi... ?

Il fit demi-tour. C'était complètement idiot de venir ici. Ce qu'il fallait, c'etait s'éloigner d'Olli, et non pas aller pleurer sur son épaule... Cela ne ferait qu'aggraver sa confusion.

 

 

 

Il entra au No Limits, plus calme mais toujours aussi embrouillé.

- Alors, calmé ?

- Ouai... pour tout à l'heure,

- Tu es désolé, ok. Mais c'est pas fini, tu le sais... Gregor l'amena sur la banquette.

Bon, maintenant tu m'explique ce qu'il se passe. Il leva la main pour contrer toute objection. Tu n'as pas besoin de me donner les détails, mais tu vides ton sac.

 

Christian s'enfonca dans le canapé. Il jeta sa tête en arriére... quoi dire ? Il ne savait pas lui-même...

- Par où commencer ?

- A priori tu as un coup de cœur pour quelqu'un... et a priori c'est un problème...

Christian émit un rire ironique.

- Un putain de problème, oui ! Je ne sais même pas si on peut appeler ça un coup de cœur... Je me sens... Oh et puis laisses tomber... Je suis juste déboussolé, ça va passer.

Il voulu se lever, mais se sentit tirer en arriére et retomba sur le canapé.

- Pas si vite ! On va dire que peut-être, il se pourrait que pourquoi pas, éventuellement, tu aies un coup de cœur pour quelqu'un... c'est quoi le probléme ?

Christian soupira fort.

- Gregor, je n'ai pas envie de parler de ça... et avec toi encore moins qu'avec quiconque !

- Ca n'est pas Sarah  ?

Christian ne pût s'empêcher de sourire.

- Non, ça n'est pas Sarah. Ecoute, je comprends que tu sois inquiet... je le serais aussi à ta place... mais ça va aller. Je suis juste un peu confus en ce moment, ça va passer.

- Tu devrais peut-être...

- Oui ? demanda Christian, résigné.

- Si j'étais à ta place, et au vu de ton état actuel, tu devrais peut-être... éviter cette personne...

Christian sourit légérement.

- J'en était arrivé à la même conclusion. Merci Gregor, mais je préfére être seul...

 

Gregor regarda son petit frére partir en direction de son appartement. Il n'avait jamais vu Christian comme ça, et pourtant il était passé par pas mal de truc moche déjà. Il résolu de connaître le fin mot de l'histoire ; s'il voulait l'aider, il devait savoir ce qu'il en était. Et il savait déjà à qui il pourrait s'adresser...