et pourtant...

Chapitre 8 : révélation

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:30

Olli était de très bonne humeur. Il avait mis la radio et terminait de se préparer en dansant ; ce soir il sortait.

Derniérement, il avait passé toutes ses soirées avec Christian, à la salle de sport ou à la coloc. Mais il avait bien senti la veille, aux regards de Coco, qu'il dérangeait. Il avait décidé de laisser une soirée de libre aux amoureux. L'idée de ce qui allait se passer pour eux ne l'enchantait guére... enfin, ça n'était pas pire que de les voir lovés l'un contre l'autre sur le canapé...

Il secoua la tête... ce soir, lui aussi serait lové contre un corps robuste et acceuillant... Il repensa à Alexis. Grand, brun, les yeux noisettes, il était beau et le savait. Il dégageait de lui une confiance et certaine arrogance qui ne laissait pas indifférent... Ils s'étaient rencontrés au Schneider's, pendant le service d'Olli. Il l'avait dragué de maniére discrète mais insistante, et finalement il lui avait laissé son numéro en partant. Olli l'avait appelé une fois son service terminé. Ils avaient convenu de se rejoindre dans un club qu'Olli ne connaissait pas encore.

 

Il finissait de boutonner sa chemise, toujours virevoltant dans le peu d'espace que lui laissait la chambre, quand il entendit toquer à la porte.

Il alla ouvrir, le sourire aux lévres ; mais celui-ci retomba très vite.

- Christian ! Qu'est-ce qu'il se passe !?

Christian sourit du bout des lévres ... dire qu'il avait tenté de ne rien laisser paraître ... il semblerait qu'il ne puisse pas tromper Olli...

Il entra et s'assit sur le lit, essayant de garder une contenance qu'il était loin de ressentir. Olli prit son téléphone.

- Alex ? C'est Olli... écoute, je suis désolé je dois annuler pour ce soir......... un ami a besoin de moi.... ..pas de problème, je te rappelle demain... Ok, ciao.

Olli posa le téléphone et s'assit sur la chaise en face de Christian.

 

- Tu... tu devais sortir ?

Olli haussa les épaules.

- Je voulais vous laisser une soirée de libre à Coco et à toi. Je pourrais sortir une autre fois. Tu veux parler ou ?

 

Christian soupira et s'adossa contre le mur... La situation était pour le moins ironique...

- Je viens de rompre avec Coco, lâcha-t-il.

Il leva les yeux vers Olli. Celui-ci était décontenancé.

- Je suis désolé. Je ne savais pas que les choses allaient mal entre vous... je...si tu veux en parler, tu sais que je suis là, et si tu ne veux pas parler, je suis là aussi.

Il sourit et Christian se sentit un peu mieux.

- Y a pas grand chose à dire... je me suis appercu que je ne l'aimais plus. Voilà, fin.

 

- Waou... Olli ne s'attendait pas à ça. Juste... comme ça ?! Je veux dire... comment, quand t'en es-tu rendu compte  ?

Christian remua sur le lit, mal à l'aise. Il ne pouvait décemment pas lui dire que ses sentiments pour lui, même chaste, avait été le déclic.

- Peu importe... enfin ça fait bizarre... je me sens... un peu perdu là...

 

Olli vint s'assoir à côté de lui et le prit dans ses bras. Christian se laissa aller dans les bras robuste, puisant un peu de force et de réconfort. Il avait déjà été enlacé par des hommes, son pére et son frére, mais il n'avait jamais ressenti... rien de comparable à ce qu'il pouvait ressentir maintenant.

Il rompa le contact.

- Merci. Ca va... ça va aller...

Olli lui sourit.

- Alors... tenté par un verre ? C'est moi qui régale.

- Ok, à condition qu'on enterre le sujet Coco pour ce soir.

- Ca allait sans dire !

 

Olli se leva et Christian nota l'élégance de sa tenue.

- Tu avais un rencard ?

- Plus ou moins... concéda Oliver. Il n'avait pas vraiment envie de s'attarder sur le sujet. Il avait décidé de ne rien dire de ses préférences, mais ne voulait pas mentir pour autant...

- Et tu as annulé comme ça ?! Avant même se savoir ce qui se passait.

- Eh, on est ami, non ? Je peux rappeler mon rencard demain. Tu viens ?

 

 

                                                                      *

 

 

Christian se demandait où Olli comptait l'amener. Ils avaient fait un peu de route à travers champs. Avant cela, Olli s'était arrêté dans un supermarché, mais il avait rangé ses achats dans le coffre avant qu'il n'ai pût voir de quoi il s'agissait. Quand finalement la voiture s'arrêta, Christian ne pût retenir un sourire. C'était bien Olli, ça ! Il avait deviné qu'il ne serait pas à l'aise dans un bar à la mode ce soir, et il l'avait amené au bord d'un plan d'eau...

Il regarda Olli installer une couverture et sortir un pack de biére.

Christian alla chercher du bois et fit un petit feu de camp. Voilà, c'est parfait, se dit-il, s'asseyant au côté d'Olli.

 

- Ca va ? Tu as à peine desséré les dents depuis qu'on est parti... Ce n'était peut-être pas une bonne idée aprés tout ; on peut rentrer si tu préféres...

- Non, non c'est bon, répondit Christian. C'est une très bonne idée ! De toute façon je préfére ne pas croiser Coco, et ta chambre est un peu...

- Etroite ?

- Mais acceuillante ! se rattrapa Christian.

Olli leva sa biére, magnanime.

- Pour quelques semaines ça suffit.

- Ah non ! On ne parle pas de ton départ ce soir... le coupa Christian. J'ai déjà assez le blues comme ça... rajouta-t-il comme pour lui-même.

Olli sourit doucement, cela lui faisait plaisir que son départ l'attriste, cela voulait dire qu'il comptait aussi pour Christian...

- Ok, on ne parle pas de Coco, on ne parle pas de mon départ... de quoi veux-tu parler alors ?

- De ton rencard ?

Christian sût, en même temps qu'il prononcait ces mots, qu'il n'avait pas vraiment envie de savoir... Mais il était de son devoir d'ami de s'intéresser à la vie sentimentale d'Olli. Il était encore sous le coup de sa rupture. Que ce soit de son fait n'allégeait pas sa peine, au contraire... Voir un couple heureux se former était un peu trop pour lui tout de suite. Mais Olli n'avait pas choisi son moment, et Christian voulait être là pour lui, tout comme lui l'était.

-Pourquoi tu ne m'as pas dit plus tôt que tu avais quelqu'un en vue ?

Olli dansa sur place. Crotte, il ne l'avait pas vu venir celle-là.

- Je ne t'ai rien dit, parce-que je ne le savais pas encore... On s'est rencontré cet aprés-midi au Schneider's.

- Waouh ! fit son ami, impressionné. Tu profite de ton temps de travail pour draguer la clientèle !!

Christian souriait d'un air moqueur. Et elle ressemble à quoi ?

Olli sourit à la boutade.

- Premiérement, ce n'est pas moi qui ai dragué l'autre... et deuxiémement, je n'ai pas vraiment envie d'en parler non plus... Si quelque chose doit se passer, ce sera juste une aventure, ça ne vaut pas la peine de s'étendre.

- Pourquoi juste une aventure ? Tu n'en sais rien... Tu ne voudrais pas construire une vraie relation ?

 

Oh si, pensa Olli... Malheureusement mon cœur est déjà pris, par quelqu'un qui ne m'aimera jamais de la manière dont je l'aime...

Quand s'était-il rendu compte que son « petit coup de coeur » était devenu plus que ça ? Lorsqu'il avait ouvert la porte, et que la mine de Christian lui avait broyé le coeur ? Lorsqu'il l'avait pris dans ses bras et qu'il avait senti toute la force de l'amour qu'il lui portait ?

Olli leva ses yeux vers Christian et l'intensité de son regard fît frémir celui-ci.

- Je pars dans quelques semaines ; ça n'est pas l'idéal pour commencer une relation... finit-il par dire.

-Mais, si tu rencontrais quelqu'un de vraiment spécial, tu resterais, non ? Aprés tout, tu te posais déjà la question de rester, alors...

Olli sentit son cœur se serrer. Oui, il avait envisagé de rester, surtout avec les difficultés de sa tante et de son oncle... mais maintenant ça n'était plus possible, n'est-ce pas... Voir Christian tous les jours... Et il ne pourrait pas se cacher indéfiniment ; ni ce qu'il était, ni ses sentiments... Partir restait la meilleure solution.

 

- On a dit qu'on ne parlait pas de mon départ, rappela-t-il, heureux d'avoir cet échappatoire.

- Ok... ça ne nous laisse pas beaucoup de sujet de conversation tout ça ! plaisanta Christian. Comment se passe ton travail au restaurant ?

- Bien, très bien ! répondit Olli avec un grand sourire. Je m'y fait même draguer, alors !!

Non mais sérieusement, ça fait du bien de revoir du monde... J'étais venu faire un break, mais l'inactivité n'est définitivement pas quelque chose pour moi. Je revis depuis que j'ai commencé là-bas ; je me suis même surpris plusieurs fois à regretter l'heure de la fin de mon service.

- Tu as de la chance ! devant le regard interrogateur d'Olli, Christian continua sa pensée. D'avoir un boulot qui te plait...

- Qu'est-ce qui t'empêche de changer si le tien ne te convient pas ? Tu es jeune, tu peux faire ce que tu veux... Qu'est-ce qu'il te plairait ?

 

Christian sourit sous cape ; encore un sujet délicat, décidément ils n'en sortaient pas. En même temps il était plus que temps qu'il y réflechisse sérieusement...

- J'avais commencé des études de sport... Ca me plaisait vraiment...

- Pourquoi as-tu arrêté ?

Christian soupira, la question était à prévoir.

- On a droit à combien de joker dans une même soirée ?

Olli ria.

- Autant que tu veux !! Je ne veux pas me montrer indiscret. Je comprends si tu ne veux pas tout me dire, on ne se connait pas depuis si longtemps... Mais, je veux que tu saches, tu peux avoir confiance en moi. C'est facile à dire, je sais, mais... c'est vrai. Quoique tu es envie de dire, tu peux. Et si tu ne le veux pas, c'est ok aussi.

 

Christian regarda Olli. Bien sûr qu'il avait envie de se confier à lui. Il avait seulement peur que son regard sur lui change. Il ne supporterait pas de lire de la peur, de la méfiance, ou pire de la pitié dans le regard d'Olli.

Il inspira un grand coup.

- J'étais en prison... C'est pour cela que j'ai dû arrêter mes études. J'étais en prison.

Il n'osa pas regarder Olli.

- Je sais. Et je sais aussi pourquoi. Christian releva la tête. Il ne s'était pas attendu à ça. Coco m'en avait parlé, continua Olli.

- Pourquoi tu n'as rien dit ?

- Ce n'était pas à moi de le faire... Je me suis dit que tu le ferais quand tu aurais assez confiance en moi, ou quand tu aurais besoin d'en parler...

Christian ne sût pas quoi dire. Il était seulement soulagé que cela n'ait en rien changé leur relation.

- Je trouve vraiment courageux ce que tu as fait... et je suis navré pour ton pére...

Ils restérent silencieux regardant les flammes danser.

- Merci, fût tout ce que Christian réussit à dire.

 

 

 

                                                                       *

 

 

Allongé sur son lit, Christian fixait le plafond. Il ne comptait plus les nuits, où le sommeil tardait à venir le chercher, lui laissant tout le loisir de ruminer encore et encore les mêmes pensées... Et ça n'était pas très aidant au final. A force, il se perdait encore plus dans les arguments, les contre-arguments... Le manque de sommeil le rendait nerveux, et aggravait son état de confusion.

 

Cette nuit, il revoyait les scénes de la soirée. Il essayait desespérément de trouver un sens à tout ce qu'il avait ressenti. Mais cette fois, son cerveau ne trouvait aucune alternative.

La chaleur, la douceur, le réconfort qu'il avait puisé dans les bras d'Olli... ça n'avait rien d'amical. Il avait fermé les yeux, submergé par la force des émotions, tandis que chaque cellule de son corps mémorisait le contact.

Il avait dû lutter, assis prés de lui devant le feu crépitant, pour ne pas fuir ou se jeter à nouveau dans ses bras. Comment était-ce arrivé ? Et même, comment cela était possible ?

Il n'avait jamais eu d'attirance de ce genre, cela ne lui avait même jamais traversé l'esprit. Et voilà qu'il était amoureux de Olli...

Christian sourit et serra les poingts en même temps ; c'était la première fois qu'il pensait les mots, la première fois qu'il admettait la vérité. Et ça n'allégeait rien, bien au contraire...

 

Qu'allait-il faire ? Comment voir Olli tous les jours, lui parler sans rien laisser transparaître ? S'il se rendait compte... Comment rester son ami ? Etait-ce seulement une bonne idée ou devait-il s'éloigner ? de toute façon il devait partir dans quelques semaines... Et Gregor...

Christian enfonça sa tête dans l'oreiller ; comment en était-il arrivé là ?

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