In Medias Res [vignettes] - Star Wars Knights of The Old Republic

Chapitre 7 : Au-delà des apparences

2834 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/08/2021 20:24

Bonjour.

On continue avec les vignettes.

Ce passage est assez court, comparé aux précédents.

N'hésitez pas à laisser votre avis.

Bonne lecture !


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La soirée était calme. J’avais quitté notre appartement, où le groupe se trouvait à nouveau réuni, après notre dangereux périple dans la base militaire Sith. Avant de retrouver notre refuge, nous avions pris soin de faire savoir à Canderous que nous avions récupéré les coordonnées et codes qui allaient nous permettre de quitter Taris sans nous faire repérer. Ou, tout du moins, pas trop vite. C’était désormais son tour d’agir, en nous faisant entrer dans les quartiers généraux de Davik Kang. Le mercenaire s’était engagé à faire cela au plus vite. Nous profitions de ce temps d’attente pour nous remettre et nous reposer.


  Je souhaitais néanmoins profiter d’un moment de calme et surtout de solitude, sans trop m’éloigner du groupe. Je demeurai alors dans le hall circulaire qui desservait les appartements de l’étage, faisant des tours et des tours en marchant. Cela pouvait paraître assez curieux d’un œil extérieur, mais ce mouvement tranquille me permettait de me plonger dans mes pensées, sans prêter attention à l’environnement qui était d’ailleurs lui aussi très tranquille. Les seules personnes que je pouvais croiser étaient quelques fêtards qui rentraient chez eux comme ils le pouvaient. L'immeuble que nous avions intégré était immense, un foyer pour des centaines d'âmes. Chaque aube accueillait de nouvelles figures : des étudiants, des travailleurs de diverses professions, des voyageurs... Une aubaine pour nous, car cela nous permettait de nous fondre dans la foule et de naviguer avec une certaine liberté. Cependant, la vigilance restait notre plus fidèle alliée.


        Les derniers événements s'étaient avérés exténuants. Certes, toutes les opérations que nous avions menées furent couronnées de succès, mais tout cela ne s’était pas fait sans effortL'infiltration de la base militaire Sith, notamment, fut pour moi un moment particulièrement déroutant. La mission nous avait menés à un Gouverneur, un utilisateur de la Force, qui avait décelé en moi une force inhabituelle : une sensibilité toute particulière ; cependant, le Sith avait choisi d'entretenir le mystère. De retour à l'appartement, je m'étais enveloppé d'un silence qui avait suscité la curiosité du groupe, Bastila y compris. Mais celle-ci avait gardé ses distances et n'avait engagé aucun dialogue avec moi ; une circonstance que j'avais trouvée fort opportune. 


La nuit qui avait suivi avait été tout aussi éprouvante. Je m’étais réveillé le matin avec les images étonnamment nettes de Bastila luttant contre des Jedi Noirs on-ne-savait-où, on-ne-savait-pourquoi. Mais j’avais décidé de ne pas en parler ; je pensais raisonnablement que ma rencontre avec le Gouverneur Sith avait dû me perturber et que mon esprit avait dû s'emballer. La journée avait passé, et Canderous n’avait toujours pas donné plus de signes de vie ; ce qui ne manqua pas d’inquiéter Bastila, qui n’était d’ailleurs pas tout à fait ravie de travailler avec un criminel mandalorien. Toutefois, les alternatives se faisaient rares. Il fallait patienter et faire confiance.


        Je m’engageai dans un nouveau tour du hall, lorsque je fus soudainement interrompu par Bastila, qui semblait avoir surgi de nulle part juste devant moi, me faisant frémir légèrement.


« Est-ce qu’on peut se parler un moment ? »


Il y avait une tonalité inhabituellement douce dans sa voix. Tellement inhabituel que j’eus besoin de quelques secondes pour répondre. Jusqu’alors, la relation que j’avais avec Bastila était particulièrement difficile. Et l’idée même de devoir échanger quelques mots avec elle me nouait l’estomac. Mais il fallait bien faire des efforts.


« On peut, Commandant, » répondis-je avec courtoisie, mais non sans une certaine appréhension. Je fis quelques pas de côté pour libérer le passage et pour permettre à cette conversation un peu plus de confidentialité. La jeune femme me suivit.


« Vous semblez particulièrement préoccupé, dernièrement, » reprit la Jedi, avec cette même douceur déconcertante. « Je me trompe ? » ajouta-t-elle.


Un soupir trahissant une lassitude s'échappa de mes lèvres. J'abaissai mon regard, fixant un point imaginaire au sol.


« Vous ne vous trompez pas, Commandant, » admis-je, les yeux toujours rivés au sol. Quelques instants passèrent et, voyant que la femme attendait clairement que j'en dise plus, je repris :


« Je suis juste un peu éprouvé. Comme nous tous, d’ailleurs. Ne vous en faites pas, ça ne compromettra pas la suite des évènements, Madame. Je me permets de souffler un peu, c’est tout. »


Sur ces mots, je levai alors résolument mon regard vers ma supérieure, cherchant en quelque sorte à démontrer que je demeurais un élément fiable malgré mes préoccupations actuelles, et cherchant aussi à ne pas agiter la bête féroce que savait être Bastila Shan. Mais la Jedi demeurait dans ce calme, et cette prévenance. Elle me fixait, mais ce n’était pas cet air condescendant et accusateur qu’elle avait arboré plus volontiers lors de nos rares échanges. Non, cette fois, elle semblait inquiète, et peut-être même préoccupée par mon état d’esprit.


« Je comprends. Vous faites bien, » dit-elle paisiblement. « Il est vrai que toute cette aventure est bien plus qu’une petite promenade de santé. Et vous avez accompli beaucoup, Corem. »


Je fus pris d'une sorte de sursaut de surprise face à cette réponse si solidaire, mais également à la réalisation qu'elle venait de m'appeler par mon prénom.


« Je n’étais pas seul. Rien de tout cela n’aurait pu être fait sans l’aide de tous nos camarades, » précisai-je, ne souhaitant en rien récolter tous les lauriers, pour moi seul.


« Certes. Et votre modestie est remarquable, » répliqua la Jedi. Elle pivota ensuite légèrement pour se retrouver directement face à moi, et, son regard gris opalescent plongé dans le mien, elle continua :


« Mais il y a quelque chose chez vous que je ne retrouve pas chez les autres, » déclara-t-elle mystérieusement. Je ne répondis pas, je me contentai de froncer les sourcils, intrigué.


« Comme une énergie qui circule en vous, qui vous aiguille dans ce que vous entreprenez. Quand je vous regarde, j’ai l’impression que vous n’êtes pas complètement seul. Je vous vois guidé. »


Bastila me regardait encore, mais elle semblait, après cette annonce, étrangement inspirée. Je me trouvais toujours dans une confusion qui devenait de plus en plus frustrante. Cependant, sans vraiment le vouloir, je commençais à tisser des liens entre tout ce que j'avais récemment vécu et les propos de Bastila. Je commençais à percevoir le sous-texte dissimulé derrière les paroles très ésotériques de la femme.


« Où voulez-vous en venir, exactement ? » demandai-je finalement, ressentant le besoin d'une plus grande clarté. Bastila prit quelques secondes, puis répondit :


« Personne ne vous a jamais parlé de la Force ? » interrogea très simplement la femme.


« ‘Parlé’ dans quel sens ? »


« Vous concernant vous, très spécifiquement, » répliqua Bastila.


Je détournai le regard un très bref instant, le temps de réfléchir, puis vins retrouver celui de Bastila, qui n’avait pas bougé d’un iota.


Finalement, mes paroles s'élevèrent, empreintes d'une certaine froideur, tandis que les interrogations de la Jedi semaient le trouble en moi.


 « Non, Madame, » répondis-je avec une voix lointaine, perturbée par les questionnements qui m'assaillaient.. « Que sous-entendez-vous ? Que je suis capable de faire usage de la Force ? » Enchaînai-je, dans un souffle.


« Hélas, j’aimerais pouvoir vous éclairer, mais je crains de ne pouvoir vous apporter de réponse claire. Néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de penser que la Force est très présente en vous. Je le sens. Depuis hier, c’est devenu encore plus évident. »


Un étonnement sans équivoque se dessina sur mon visage à l'annonce de ces paroles. Elle avait vraiment ressenti quelque chose, c’était certain. Cette rencontre avec le Gouverneur Sith, personne n’aurait pu lui en parler, car j’avais dû l’affronter seul, et je m’étais par la suite gardé de révéler à mes compagnons ce que nous nous étions dit.


« Vous avez eu une nuit difficile, n'est-ce pas ? »


Si j’avais pu, j'aurais écarquillé mes yeux d'avantage. Je resserrai mes mâchoires avec force, abasourdi par les déductions de Bastila. 


Je me contentai de répondre sobrement, « En effet, Madame. » e restais fermement résolu à ne rien céder. À ce stade, cela ressemblait à une bataille d'orgueil puérile. Et plus je réfléchissais, plus il me semblait évident que l'intérêt que Bastila me portait était sincère à ce moment-là. J'étais le seul à m'enfoncer dans ce jeu quelque peu immature. Pourtant, cette conversation, somme toute très captivante, était comme une intrusion au plus profond de mon être, et je n’étais pas habitué à me livrer si facilement. Surtout à quelqu’un comme Bastila Shan. Cependant, il était évident que tout ce que j'essayais de garder en moi, Bastila y plongeait toute son attention et ressortait tout avec une facilité impertinente.


La femme, les bras croisés, s'appuya contre le mur, se tenant à un pas à peine de moi, et reprit la parole d'un ton calme. « Il arrive parfois que les rêves exercent une emprise si intense sur notre esprit, qu'ils le troublent au point où le corps en ressent des séquelles. » 


Je ne pris même plus la peine de réagir physiquement. Oui, elle avait tout compris, et elle s'efforçait doucement mais sûrement de me faire avouer. Un soupir m'échappa involontairement, et je me tournai vers elle, imitant la position qu’elle avait avant de s’appuyer contre le mur. Nous étions à nouveau face à face, fixant intensément l'un et l'autre dans un silence qui s'étirait en de longues secondes.


« Vous avez vu mon rêve ? » demandai-je d'un ton vif, ne pouvant dissimuler ma contrariété. Bastila sembla le percevoir, mais elle demeura d'un calme remarquable.


« Qui a dit que c’était votre rêve ? » répliqua tranquillement la Jedi. « Il me semble qu’il me concernait moi plus que vous, non ? »


Un silence s'installa, dissipant peu à peu l'agacement qui m'habitait. Les paroles de Bastila commençaient à prendre un sens, même si, pour moi, elles semblaient encore totalement surréalistes.


« C’est mon rêve que vous avez vu la nuit dernière, Corem. Ou plutôt mon souvenir, » annonça solennellement Bastila. « Nous avons partagé cette vision du passé. »


« Mais comment est-ce possible ? Et comment avez-vous su que je l’avais vu ? » demandai-je avec urgence, cherchant des réponses.


Elle répondit d'un ton ordinaire : « J’ai senti votre présence. Vous savez, quand la Force a décidé de rapprocher certains êtres sensibles, elle peut se manifester de milliers de façons. La nuit dernière, elle nous a montré un de mes souvenirs, à tous les deux. »


Je pris quelques brèves secondes pour assimiler les paroles de Bastila. Rapprocher des êtres sensibles ? C'était possible, mais pourquoi elle et moi ? Malgré cet échange étonnamment courtois, Bastila et moi ne nous supportions manifestement pas. Pourquoi la Force chercherait à nous rapprocher ? Cela n'avait aucun sens, la Jedi et moi n'étions pas du tout fait pour nous entendre. 


Je calmai mes esprits et laissai mon regard balayer le sol avant de revenir fixement sur le visage de Bastila.


« Dans ce cas, vous me voyez désolé de m’immiscer dans votre intimité de cette manière, » répondis-je finalement, choqué mais sincère. Bastila ne dit rien, mais esquissa un sourire reconnaissant tout à fait perceptible. « Pourquoi ce souvenir-là, spécifiquement ? » interrogeai-je ensuite.


« Je ne sais pas vraiment, » admit la Jedi. « La Force réside parfois dans des contrées bien mystérieuses. Mais je peux malgré tout dire que ce souvenir n’est pas sans importance dans ma vie. »


Nous demeurâmes dans un silence paisible. Bastila avait détourné son regard, plongée dans ses propres réflexions. Pour ma part, je continuais à observer attentivement la Jedi, attendant qu'elle reprenne la conversation. Une curiosité soudaine s'emparait de moi, et j'étais ardemment désireux d'en apprendre davantage sur ce souvenir. Cependant, je m'efforçais de ne pas précipiter les choses, respectant le droit de Bastila de ne pas vouloir en parler si elle le souhaitait.


« Ce que vous avez vu est un bref moment du jour où j’ai été envoyée sur le vaisseau de Dark Revan. Pour l’arrêter, » finit-elle par avouer, se mordillant légèrement les lèvres, témoignant de son inconfort qu’elle ressentait à l’évocation de cet évènement. Compréhensif, je hochai imperceptiblement la tête, décidant de ne pas poser davantage de questions.


La mort de Dark Revan avait été un événement crucial dans la lutte de la République contre les Sith, et on le devait à Bastila Shan. Suite à cet exploit, la Jedi à la Méditation de Combat était devenue une figure quasi légendaire, admirée à travers toute la galaxie. Mais après notre échange à propos de ce rêve, je repensai à ce que Carth m’avait dit dans la cantina, lorsque nous attendions Canderous. Depuis plusieurs années, Bastila portait une charge qui écraserait n’importe qui d’autre à sa place. Je réalisai à l’instant que personne ne s’était jamais demandé si tous ces évènements n’avaient pas entamé l’état psychique de la femme. Personne, excepté Carth, ne semblait s’être mis à sa place, même une seconde, ne retenant que ses victoires, la gloire et la célébrité qui en avaient découlé. Il n'y avait aucune raison pour que Bastila Shan soit moins sujette aux traumatismes de guerre que n'importe quel autre soldat ou civil touché par le conflit. Et visiblement, cet événement était douloureusement gravé en elle. Cette prise de conscience me poussa à considérer Bastila avec une plus grande indulgence.


« Revenons à votre cas, si vous le voulez bien, » reprit Bastila, qui visiblement voulait éviter d'approfondir le sujet précédent. « Lorsque ne fois que nous serons sortis de cette galère, j'aimerais vous présenter à des Maîtres Jedi ; ils seront plus à même d’analyser les choses. Seriez-vous d'accord pour m'accompagner jusqu’une académie pour qu’on puisse mieux comprendre… notre situation ? »


Je fixai la Jedi, légèrement perplexe. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Dans quoi allais-je être encore embarqué ?


« Je ne sais pas trop, à vrai dire, » avouai-je. « J’ai beaucoup de choses à intégrer, je ne sais pas quoi vous répondre pour le moment. Je suis désolé. »


Bastila me regarda avec ce qui semblait être de la compréhension, mais ne put cacher une once de déception à l’écoute de ma réponse. 


« Je comprends », répondit-elle finalement. « Prenez le temps dont vous avez besoin, et quand vous serez prêt, on pourra décider de la meilleure façon d'avancer. Il n'y a pas lieu de s'excuser. »


Décidément, cette Bastila qui se tenait devant moi était vraiment différente de celle qui m'avait humilié à maintes reprises. J'étais frappé par son attitude compréhensive et patiente, ce qui éveillait en moi une certaine curiosité et un regain d'intérêt pour notre collaboration. Peut-être fallait-il que je fasse à mon tour un pas vers elle.


« Mais je vous promets d’y réfléchir très sérieusement, Commandant. »


La femme esquissa un sourire empreint de bienveillance. Elle posa délicatement sa main sur mon bras et déclara avec un certain contentement : « Entendu. » Puis, elle se redressa du mur qui l'avait soutenue tout ce temps et s’engagea dans le hall circulaire, en direction de l’appartement. À quelques pas de moi, elle se tourna une dernière fois, amenant brièvement l'extrémité de son index et de son majeur à ses lèvres, s’exprimant une ultime fois :


« Au fait Corem, je m’appelle Bastila. »


Je la fixai, et acquiesçai. Nous échangeâmes un sourire amical.

Bastila reprit ensuite son chemin vers l'appartement, me laissant seul dans le hall. Je pris encore une dizaine de minutes pour déambuler, profitant de ce moment de solitude pour réfléchir à notre discussion très inattendue. Cependant, après cet échange profond avec Bastila Shan, je me sentais moins mal à l'aise à l'idée de rejoindre l'appartement. Je n'avais plus autant besoin d'éviter à tout prix de croiser la Jedi. J'étais prêt à faire face à ce qui nous attendait.

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