Les troubles de l'adolescence

Chapitre 12 : L'aveu

1243 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/03/2021 01:15

L'aveu


Les étoiles scintillaient paisiblement dans un ciel de plus en plus sombre. Assis sur le toit du dojo, Ranma profitait du calme de cette soirée automnale. Après avoir passé une fin d’après-midi plaisante en compagnie d’Akané, il avait retrouvé son père et s’était entrainé d’arrache-pied à développer une nouvelle technique de combat. Genma Saotomé n’était pas tendre avec son fils et le jeune homme sentait chaque muscle de son corps protester. Ce travail acharné lui avait fait oublier Ryoga et leur rendez-vous. À présent seul sous la voute étoilée, il décida que ce n’était pas plus mal comme cela. Il verrait bien comment le vagabond réagirait le lendemain puisqu’ils se croiseraient en cours. Ranma ne se faisait pas d’illusion cependant, Ryoga passait surement une soirée romantique avec sa petite amie toute neuve et ne pensait certainement pas à lui. Tout se terminait là, c’était simple et net mais douloureux malgré tout. Il aurait voulu ne ressentir qu’un immense soulagement mais une mélancolie sourde s’insinuait en lui. Il s’ébroua, s’étira longuement puis glissa dans sa chambre par la fenêtre ouverte. Son père ronflait déjà, fatigué lui aussi par l’entrainement drastique qu’il leur imposait. Ranma s’allongea sur son futon et ne tarda pas à trouver le sommeil.

Le brouhaha des élèves resonnait dans les couloirs du lycée en ce matin ensoleillé. Assis en tailleur sur son bureau, Ranma observait ses camarades qui riaient et plaisantaient. Les conversations tournaient toujours autour du nouveau venu et les paris allaient bon train : quand aurait lieu le prochain duel entre Saotomé et Hibiki ? Avec philosophie, Ranma contemplait Nabiki empocher les mises et noter les noms des participants. Le jeune homme poussa un soupir et s’installa à sa place quand la cloche sonna. Le professeur entra en classe, annonçant rapidement le programme du jour et le cours commença. Chacun avait remarqué l’absence du petit nouveau et des chuchotements curieux se faisaient encore entendre quand Ryoga surgit en classe, légèrement essoufflé. 

—     Je vous demande pardon pour mon retard, s’excusa-t-il d’entrée.

—     Je ne vous félicite pas, Monsieur Hibiki. C’est votre second jour d’école et vous vous faites déjà remarquer. Installez-vous rapidement et ne gênez pas plus longtemps vos camarades.

Penaud, celui-ci traversa la classe le plus discrètement possible sous les regards amusés et s’installa derrière Ranma. Ce dernier l’entendit déballer ses affaires puis commencer rapidement à prendre des notes dans son dos. Le jeune homme à la tresse sentait le regard lourd de son ami posé sur lui et gigotait, mal à l’aise. Le professeur le reprit, lui demandant d’arrêter de gesticuler sur sa chaise « comme un asticot au bout d’une ligne », ce qui amusa toute la classe. Quelques rires fusèrent quand il répondit « 6,4 » à une question portant sur les métaphores dans l’œuvre de Confucius et il écopa d’une retenue et d’un devoir supplémentaire. Quand la fin des cours sonna enfin, il était furieux.

C’est d’un pas énergique qu’il quitta la salle de classe, bien décidé à éviter Ryoga. Il s’isola sur le toit du lycée, espérant qu’on le laisserait en paix. Il ne fut pas surpris cependant d’entendre le pas du vagabond se rapprocher tandis qu’il regardait vaguement le terrain de sport en contre-bas.

—     T’étais où hier soir ?

Ranma lui lança un regard agacé avant de répondre :

—     Au dojo, avec Akané.

Il provoquait Ryoga délibérément. Il ouvrit la bouche pour continuer sur sa lancée mais son camarade lui coupa la parole.

—     Je t’ai attendu longtemps.

—     Je pensais que tu profitais de ta petite amie. Elle t’a déjà balancé ?

—     Quoi ? Mais, non. Je l’ai raccompagnée chez elle et je suis rentré. On se voit cet après-midi après les cours.

—     Alors, pourquoi tu m’attendais ?

—     Je…

Mal à l’aise, le jeune homme détourna les yeux. Ranma attaqua à nouveau :

—     Tu veux déjà la tromper ?

—     Ça n’a rien à voir ! Toi et elle, c’est complètement différent !

—     Je comprends pas bien en quoi…

—     Je sais pas ! Et toi, contre-attaqua Ryoga, tu fais quoi exactement avec Akané ? Tu la trompes pas peut-être?

Ranma ouvrit la bouche pour se défendre, expliquer à quel point c’était différent mais il garda finalement le silence. Il n’y avait rien à répondre. Ils restèrent quelques instants à se regarder sans rien dire.

—     Je sais plus où j’en suis, finit par avouer Ranma. Tu es amoureux de qui au final Ryoga ? Akané, Koko ?

Il hésita quelques secondes avant d’ajouter timidement :

—     Moi ?

Avec un rougissement significatif, Ryoga répondit :

—     J’en sais rien. J’aime Akané depuis si longtemps… Mais Koko est très mignonne aussi et je lui plais. Je crois que je suis incapable de choisir entre elles…

Il s’écoula quelques secondes lourdes de tension avant qu’il n’ajoute doucement :

—      ou toi…

Le temps semblait suspendu… Il hésitait à poser cette question qui lui brûlait les lèvres.

—     Et toi ? ajouta-t-il enfin. Tu es amoureux d’Akané ?

Ranma sembla réfléchir quelques instants, choisissant les mots qui pourraient exprimer ce qu’il était incapable de comprendre lui-même.

—     Je crois que oui, lâcha-t-il. Mais je suis bien incapable de ne pas penser à toi aussi. Je crois que… même si c’est différent, je tiens à toi autant qu’à elle.

—     Ha… répondit Ryoga.

Il semblait hésiter à faire un geste mais finit par s’approcher du jeune homme aux cheveux noirs que le vent décoiffait. D’une caresse, il remit quelques mèches en place derrière l’oreille gauche puis effleura les lèvres tentantes d’un baiser léger. Ranma fut secoué au plus profond de son être par ces gestes tendres. D’une main tremblante, il caressa la nuque de son ami puis le rapprocha de lui pour approfondir le baiser. Ryoga le laissa faire quelques secondes avant de rompre le contact.

—     Pas ici, chuchota-t-il contre sa bouche.

A contrecœur, ils se séparèrent mais furent incapables de se lâcher des yeux. Ils restèrent quelques instants à se regarder, sans se douter que quelqu’un avait assisté à ce moment si intime. Les larmes aux yeux et le cœur en déroute, Akané dévalait les marches de l’escalier qui menait au toit.

 

 


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