L'Apprenti de Kanto : Sur la Route des Saveurs
Chapitre 2 : Un Nouvel ami et un Danger imminent
3754 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 22/09/2024 18:22
Dans l’obscurité silencieuse qui régnait autour de lui, Léandre était plongé dans un rêve sans forme, un voile entre la conscience et l’inconscience. Ses membres étaient lourds, comme s'ils étaient faits de plomb, et une sensation d’étouffement persistait dans son esprit. Le souvenir de l'eau envahissant sa combinaison et de la lumière fuyante l'emprisonnait encore dans ce néant. Puis, au milieu de cette torpeur, il sentit quelque chose. Un mouvement léger.
Un petit couinement perça soudain la brume qui l'entourait, suivi d'une sensation étrange : quelqu'un le secouait, doucement mais avec insistance.
Léandre ne pouvait pas encore ouvrir les yeux, mais il sentait des petites pattes sur son épaule, puis un léger tiraillement sur son bras, comme si un être minuscule s’efforçait de le tirer hors du sommeil profond dans lequel il était tombé. Un autre petit couinement résonna, accompagné de légers tapotements contre sa joue.
Avec une lenteur pénible, Léandre commença à émerger de son inconscience. Ses paupières battirent faiblement, encore alourdies par la fatigue, mais le sentiment de douceur et d’urgence se faisait de plus en plus présent. Quelqu'un essayait de le réveiller.
Léandre ouvrit finalement lentement les yeux, son esprit encore embrouillé par les événements récents. Où était-il ? Tout ce dont il se souvenait, c'était le froid glacial de la rivière qui l'avait englouti, la lumière du soleil au-dessus qui s'effaçait peu à peu alors que l'eau remplissait ses poumons. Mais maintenant, il se trouvait allongé sur une berge, le bruit apaisant de la rivière coulant doucement à quelques pas de lui.
Il se redressa péniblement, ses vêtements encore humides collant à sa peau. Un mal de tête sourd pulsait à l'arrière de son crâne, et chaque mouvement semblait un effort monumental. « Où suis-je... ? » murmura-t-il pour lui-même, sa voix rauque et enrouée.
Il regarda autour de lui, cherchant des indices sur sa situation. Des arbres immenses, tordus et anciens, se dressaient autour de lui, leurs branches formant une canopée dense qui laissait à peine passer quelques rayons de lumière. Ce n’était certainement pas un endroit familier. Les souvenirs flous de sa poursuite dans la forêt lui revinrent en mémoire, mais il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait.
« Je dois retourner à l'école... » pensa-t-il, inquiet. Il ne pouvait pas rester ici. Il y avait un concours de cuisine qui l'attendait, un avenir qu'il devait encore forger. Mais en se relevant, un détail attira soudain son attention.
Juste à côté de ses pieds, un pot de miel vide gisait sur le sol, la surface intérieure encore brillante de l'or liquide qui l'avait autrefois rempli. Le pot roula légèrement lorsque Léandre bougea, et il se figea. Quelque chose clochait.
Léandre tourna lentement la tête, cherchant la source de cette étrange découverte. Et c’est alors qu’il le vit. Assis à quelques mètres de lui, un petit être se tenait là, ses pattes encore collantes de miel. Le Pokémon leva des yeux ronds et curieux vers lui, un sourire gourmand sur le visage, ses joues rebondies et ses oreilles rondes parsemées de fourrure douce.
« Un Teddiursa. Ici, à Kanto ? »
Léandre cligna des yeux, stupéfait. C'était impossible. Ces Pokémon venaient de régions lointaines comme Johto, certainement pas d’ici. Comment un Teddiursa avait-il pu se retrouver dans cette forêt reculée ? Mais ce petit ourson, visiblement ravi de son festin de miel, ne semblait guère préoccupé par l'étrangeté de la situation.
Le Pokémon, la patte toujours fourrée dans un bocal, se léchait les babines avec délectation, savourant chaque goutte de miel restant. Léandre s'agenouilla, observant le spectacle, un mélange d'étonnement et de reconnaissance dans le regard.
« Alors, c’est toi le voleur de miel… » murmura Léandre en souriant.
Le Teddiursa le fixa un instant, avant de plonger à nouveau sa patte dans le pot, ignorant complètement la situation tendue de leur rencontre. Léandre sentit une vague d’exaspération monter en lui. C’était son miel, après tout, récolté avec soin et minutie. Sans réfléchir, il s’approcha rapidement et chipa le pot des pattes du Pokémon.
Le petit Teddiursa, surpris, le regarda d’un air déçu. Ses yeux, autrefois pétillants de malice, s’assombrirent, et son regard triste fit hésiter Léandre. Après tout, ce Teddiursa lui avait sauvé la vie. Une reconnaissance silencieuse naquit entre eux, et Léandre, avec un sourire en coin, ouvrit à nouveau le pot de miel et en tendit une généreuse portion à son nouvel ami.
"Tiens… tu peux finir ce pot là…" dit-il doucement.
Le visage du Teddiursa s’illumina de gratitude. L’ourson, les pattes enduites de ce nectar doré, se léchait langoureusement les babines, savourant chaque goutte avec une concentration enfantine. Léandre ne put s’empêcher de sourire devant cette scène, touché par l'innocence du Pokémon.
Pourtant, un doute commença à germer dans son esprit. Qu’est-ce que ce petit bonhomme fait ici ? pensa-t-il, fronçant légèrement les sourcils. Teddiursa n'était pas un Pokémon que l'on trouvait naturellement à Kanto. Ce Pokémon venait d’une région lointaine, et sa présence dans cette forêt dense éveillait un sentiment d'étrangeté chez Léandre.
Il s’accroupit pour observer de plus près l’ourson gourmand. A-t-il un dresseur ? Il inspecta les alentours du regard, mais la forêt restait silencieuse, uniquement rythmée par les bruissements des feuilles et le chant discret de la rivière. Pas de traces de vie humaine, aucun signe qu’un dresseur aurait pu l’abandonner ici. Mais pourquoi un Teddiursa, si rare à Kanto, se serait-il retrouvé seul, au milieu de cette forêt ?
Léandre soupira doucement, ses pensées se bousculant dans sa tête. Est-il perdu ? se demanda-t-il. Peut-être que son dresseur l’avait oublié ou que quelque chose de grave lui était arrivé. Une vague de tristesse traversa le jeune apprenti à cette idée. Teddiursa avait l'air heureux, là, plongé dans son festin de miel, mais l'idée qu'il puisse être seul dans un environnement étranger lui fit mal au cœur.
Léandre tendit la main vers le petit Pokémon, hésitant. "Hey, petit gars…" murmura-t-il doucement, cherchant à attirer son attention. Teddiursa releva la tête, toujours léchant le miel collé à ses pattes. Ses grands yeux ronds brillaient de malice et d’innocence.
"Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu es seul ici ? Tu as un dresseur quelque part ?" Léandre attendit une réaction, un signe qui pourrait répondre à ses interrogations. Mais Teddiursa se contenta de pencher la tête sur le côté, comme s’il ne comprenait pas vraiment les questions du jeune cuisinier, avant de replonger sa patte dans le pot de miel.
Léandre rit doucement, un mélange de tendresse et de perplexité. Ce petit Pokémon venait peut-être de bouleverser sa journée, mais il ressentait déjà une étrange connexion avec lui. Et même s’il ne savait toujours pas d’où Teddiursa venait, une chose était sûre : pour le moment, ce Pokémon semblait content d'être là, et c'était tout ce qui comptait.
Léandre, encore légèrement étourdi, se redressa lentement, sentant les muscles de son corps protester après son aventure dans la rivière. Il porta une main à sa tête, essuyant une fine pellicule d'humidité sur son front, tandis qu’il tentait de rassembler ses pensées. Où était-il exactement ? Son regard se posa sur la rivière, dont le courant rapide et régulier s’étirait au loin. L’eau, cristalline mais puissante, lui laissait penser qu’il avait dû être emporté sur plusieurs kilomètres. Combien de temps avait-il été inconscient ?
Il soupira, tournant son attention vers l’environnement qui l’entourait. De grandes arbres denses aux branches entrelacées formaient une barrière verte presque impénétrable. Leurs racines tordues semblaient sortir du sol comme des griffes, rendant l’exploration de la forêt décourageante. Tout autour, l'obscurité des bois paraissait s’épaissir, même si le jour n'était pas encore totalement tombé.
Son regard se tourna vers le ciel, où des Roucools voletaient paresseusement, leurs ailes battant au rythme d’un vol tranquille et régulier. Léandre les observa un instant, cherchant peut-être un indice, un chemin, mais tout semblait indiquer qu’il était loin de tout repère connu. La réalité s'imposa lentement à lui : il était seul, perdu dans une forêt qu’il ne reconnaissait pas, loin de son école.
« Bon... et bien je crois qu’on va devoir passer la nuit ici… » murmura-t-il, un brin d'amertume dans la voix.
Il regarda autour de lui, réalisant que la lumière du jour déclinait rapidement, plongeant peu à peu les environs dans une pénombre inquiétante. La forêt, silencieuse jusque-là, commençait à émettre des bruits étranges : des bruissements de feuilles, des craquements de branches, et de lointains appels de Pokémon nocturnes. La nuit allait tomber, et il n’était clairement pas prudent de s’aventurer plus loin.
« Mieux vaut rester ici plutôt que de me perdre encore plus dans cette forêt... » soupira-t-il en levant une nouvelle fois les yeux vers le ciel, où la lueur dorée du crépuscule se faisait déjà moins vive. Il se sentait résigné. L’idée de passer la nuit sous les étoiles n’était pas vraiment ce qu’il avait en tête lorsqu’il s’était levé ce matin.
Il fronça les sourcils, réfléchissant à ce qu’il devait faire ensuite. Si la nuit s’annonçait, il valait mieux se préparer. Un abri. Il lui fallait un abri pour se protéger du froid et des créatures qui rôdaient une fois le soleil disparu.
« Allez, il ne reste plus beaucoup de temps, » se dit-il en se mettant en mouvement.
Léandre se retourna vers Teddiursa, qui l'observait toujours de ses yeux ronds et curieux, tenant dans sa patte un dernier pot de miel presque vide. Un sourire involontaire se dessina sur le visage de Léandre. Ce petit Pokémon ne semblait pas inquiet, bien au contraire.
Sans perdre une minute, Léandre utilisa ses compétences pour improviser un abri. Aidé par Teddiursa, il ramassa des branches, des feuilles épaisses, et construisit un abri de fortune au bord de la rivière. La température baissait, et l'humidité imprégnait l'air autour d'eux.
Léandre, légèrement encore désorienté par sa chute dans la rivière, savait que la nuit approchait rapidement et que rester à découvert dans cette forêt n'était pas une option. Il se tourna vers Teddiursa, qui le regardait avec ses grands yeux curieux, toujours léchant les restes de miel sur sa patte.
"Il nous faut un abri pour la nuit," murmura Léandre, fixant l'ourson. Teddiursa, comme s'il avait compris, se précipita dans les buissons et revint quelques instants plus tard, serrant entre ses bras une petite pile de brindilles.
Léandre éclata de rire. "C'est gentil, mais elles sont beaucoup trop petites pour un abri." Il tendit la main vers l’ourson, récupérant les branches minuscules. "Il nous faut des branches plus grandes, sinon on ne pourra même pas se couvrir."
Teddiursa hocha la tête de manière déterminée et repartit, plus motivé que jamais, fouillant les environs à la recherche de nouvelles branches. Pendant ce temps, Léandre rassemblait ce qu’il pouvait, cherchant des morceaux de bois suffisamment solides pour construire un abri simple mais fonctionnel.
Au bout de quelques minutes, Teddiursa revint, cette fois avec une branche légèrement plus grande, mais encore bien en dessous de ce qui était nécessaire. Malgré sa volonté évidente, le petit Pokémon ne parvenait pas à rapporter les matériaux adéquats.
"Bon… je suppose que je vais devoir m'occuper du gros du travail," plaisanta Léandre en souriant à son compagnon poilu. Même si Teddiursa n’avait pas vraiment aidé à la construction, sa présence suffisait à motiver le jeune cuisinier.
Léandre s’attela donc à la tâche, ramassant de grosses branches tombées au sol, qu’il assembla avec soin, formant une sorte d’abri rudimentaire contre un vieux tronc d’arbre. Il s’assura que la structure soit suffisamment stable pour les protéger du vent et de la fraîcheur de la nuit qui s’annonçait. Pendant ce temps, Teddiursa, visiblement un peu vexé par son manque de contribution, se contenta de rester assis à observer, grattant parfois le sol ou reniflant les alentours.
"Ce n'est pas le plus grand des abris," murmura Léandre en s'essuyant le front, "mais ça fera l'affaire pour cette nuit."
Il ajouta quelques feuilles épaisses sur le toit pour le rendre un peu plus imperméable et créa une ouverture juste assez grande pour qu'ils puissent entrer. Il était loin des conforts de son école de cuisine, mais ce genre d’expérience lui rappelait l’importance de l’adaptabilité dans tout ce qu’il entreprenait, même la cuisine.
Une fois l’abri terminé, Léandre s’assit un instant pour reprendre son souffle. Teddiursa, toujours à ses côtés, semblait satisfait de l’abri de fortune, inspectant chaque recoin avec curiosité. Mais le jeune cuisinier savait que la nuit ne faisait que commencer, et son estomac, creusé par les événements de la journée, lui rappelait qu’il devait aussi penser à se nourrir.
Soudain, Teddiursa disparut dans les buissons, laissant Léandre seul. Inquiet, il scruta l'obscurité, se demandant s’il ne s’était pas fait de nouveaux ennemis parmi les Pokémon de la forêt. Mais quelques minutes plus tard, le petit Pokémon revint, tenant fièrement entre ses crocs… un Abo.
Léandre, stupéfait, observa Teddiursa, qui tenait le serpent immobile, pendu comme un trophée. Avec un sourire malicieux, le petit ourson déposa le Pokémon à ses pieds, comme pour dire : "Voilà le dîner."
Le crépitement doux des premières flammes réchauffait l'air autour du campement improvisé. Léandre s'agenouilla près du feu naissant, ses yeux se posant sur l'Abo que Teddiursa avait ramené fièrement entre ses crocs. Il ne put s'empêcher de sourire face à l'innocence du petit Pokémon, malgré la nature quelque peu inhabituelle de ce "cadeau".
« Bon... Eh bien, je suppose qu’on va faire avec ce qu’on a, » murmura Léandre en se penchant sur l’Abo, observant ses écailles nacrées, luisant légèrement sous la lumière du feu. Avec une précision experte, il sortit son couteau de cuisine, aiguisé comme une lame de katana, et commença son travail.
D’abord, il incisa doucement la peau du serpent, faisant glisser la lame sur la longueur du corps, veillant à ne pas déchirer la chair délicate à l’intérieur. Comme il le ferait pour un poisson ou une anguille, il pêla soigneusement la peau, révélant une chair blanche légèrement translucide. Ses gestes étaient méticuleux, calmes, comme s’il découpait une pièce précieuse. Il retirait les parties indésirables avec une précision chirurgicale, avant de portionner la viande en fines lamelles, idéales pour une cuisson rapide.
Chaque coup de couteau résonnait avec un rythme presque hypnotique, accompagné du crépitement constant du feu. Léandre plaça ensuite les morceaux d’Abo sur une pierre chauffée qu’il avait préparée en guise de plaque de cuisson improvisée. Le sifflement de la chair touchant la chaleur monta dans l’air nocturne, exhalant un parfum salé et musqué.
Mais il manquait encore quelque chose. Un plat digne de ce nom avait besoin d'un équilibre, de l’harmonie entre l’ingrédient principal et ses accompagnements. « Attends-moi là, Teddiursa, » dit-il en se relevant, ses yeux se tournant vers la lisière de la forêt où il savait que poussaient des merveilles naturelles.
S'enfonçant dans l’ombre des arbres, Léandre avançait avec précaution, la lumière de la lune guidant ses pas. Il repéra bientôt les petites baies rondes et d’un bleu profond qu’il cherchait : des Baies Myrte. Il les cueillit avec délicatesse, leurs peaux légèrement acidulées éclatant sous la pression de ses doigts. Juste à côté, nichés sous un tapis de feuilles mortes, de petits champignons sauvages se dressaient timidement. Il se pencha pour les ramasser, mais prit soin d’examiner chacun d’eux avec attention. En forêt, il savait que Paras, les petits insectes fongiques, pouvaient se camoufler dans les sous-bois. Il ne voulait pas par erreur arracher l’un de ces Pokémon en croyant trouver un champignon comestible.
Une fois sa cueillette terminée, Léandre revint au campement, les mains pleines de baies et de champignons, où Teddiursa l’observait, la tête inclinée avec curiosité. Le petit Pokémon, visiblement intrigué par les actions de Léandre, pencha la tête sur le côté, se demandant ce que l’humain était en train de faire.
Léandre sourit en voyant l’air perplexe du Pokémon. « Tu vas voir, ça va être délicieux. »
Il écrasa doucement quelques baies pour en extraire le jus et les mélangea avec une pincée de sel pour créer une sauce aigre-douce qui contrebalancerait la saveur terreuse de l’Abo. Ensuite, il fit sauter les champignons à côté de la viande sur la pierre chauffée, les remuant avec soin pour qu’ils dorent légèrement.
Le plat prenait forme peu à peu, dans une simplicité pourtant raffinée, comme il l’avait appris au fil des années. Le fumet de la chair d'Abo grillant avec les champignons et le parfum acidulé des Baies Myrte embaumait l'air, une combinaison qui éveillait l’appétit. Léandre se tourna vers Teddiursa, qui s’approcha, humant l'air avec des yeux pétillants d’impatience.
« Allez, petit gars, viens goûter, » dit Léandre en présentant une portion du plat sur une feuille qu’il avait ramassée en guise d’assiette improvisée.
Teddiursa s’avança, curieux, avant de goûter une bouchée. Ses yeux s’illuminèrent, et il engloutit le reste avec une gourmandise évidente. Léandre, satisfait, se servit à son tour, savourant la symphonie de saveurs qu’il avait orchestrée. Quelques minutes plus tard, Teddiursa, satisfait et repu, goûta la dernière bouchée du plat de Léandre, ses petits yeux mi-clos exprimant un plaisir simple et authentique. Léandre, assis à ses côtés, caressait doucement la fourrure soyeuse du Pokémon, le remerciant intérieurement pour son aide précieuse. Un sourire tendre se dessina sur son visage tandis qu'il observait le petit être savourer le repas qu’il avait préparé. Ce lien qui se tissait entre eux était spécial, un moment hors du temps, loin de la pression de son concours et des exigences de l’école.
« Si nous devenons amis, il va falloir que je te trouve un nom… » fit remarquer Léandre avec un sourire, ses doigts glissant doucement derrière les petites oreilles rondes du Teddiursa.
Teddiursa leva les yeux, ses babines encore tachées de sauce, en réponse à la voix douce de Léandre, comme s’il comprenait chaque mot. Il poussa un petit couinement joyeux, avant de replonger dans ce qu’il restait du plat, ses petites pattes s’affairant à récupérer les derniers morceaux avec une gourmandise adorable.
Mais alors que Léandre savourait ce moment de tranquillité, une inquiétude sourde s’installa dans son esprit. Un bruit, presque imperceptible au début, venait d’émerger des profondeurs de la forêt. Le craquement d'une branche, un souffle dans les feuilles, un bruit lointain mais suffisamment distinct pour éveiller ses sens. Ses muscles se tendirent instinctivement. Il cessa de caresser Teddiursa et porta son attention vers l'obscurité qui enveloppait leur campement de fortune.
Son cœur battait plus vite, chaque son semblant se rapprocher un peu plus. « Qu'est-ce que c'était ? » se demanda Léandre, scrutant la lisière de la forêt à la recherche de la moindre silhouette. Le feu, bien que modeste, projetait des ombres tremblantes qui dansaient sur les troncs des arbres, ajoutant à l’atmosphère déjà inquiétante de la nuit.
« Je crois que la nourriture a attiré quelqu'un... » murmura-t-il, sentant son estomac se nouer sous la pression. Il se redressa lentement, prenant soin de ne pas brusquer Teddiursa, qui, lui aussi, avait cessé de manger, les oreilles dressées en alerte.
Léandre prit une profonde inspiration, essayant de contrôler la montée de la peur. Il se plaça devant le feu, se mettant instinctivement entre le Pokémon et la forêt. La tension monta encore d'un cran lorsque le bruit se fit plus distinct : un froissement de feuilles, un souffle rauque, une ombre mouvante. La forme s'étira et grandit, projetant une silhouette inquiétante sur le sol autour d'eux.
Les flammes vacillèrent, jetant une lumière incertaine sur la scène. L'ombre grandissait, se déployant à travers le camp, une présence invisible qui faisait battre le cœur de Léandre à un rythme effréné.
« Qui est là ? » lança-t-il, sa voix trahissant une légère tremblote, tandis qu'il tentait de garder un semblant de courage face à l’inconnu. Ses yeux fixaient l'obscurité, cherchant à percer ce voile qui dissimulait la créature.
Un silence pesant s’installa, avant qu'un bruissement plus fort ne retentisse. L’ombre continuait de grandir, s’élevant sur les arbres, menaçante, tandis que Teddiursa, les yeux écarquillés, se rapprocha doucement de Léandre, son petit corps tremblant légèrement.
Léandre déglutit. Quoi que ce soit, il devait se préparer à affronter ce qui sortait des ténèbres.