Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 70 : "Je m'en fous."

12932 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/06/2022 13:39

      La voiture fonçait à toute vitesse, alors que la pleine lune était leur seule source de lumière. Une machine de quatre places, petite mais rapide. Elle traversait les plaines du Nord jusqu’à s’envoler au bout d’une colline, pour ratterrir et gagner toujours plus d’impulsion. À son bord se tenaient quatre explorateurs. Et ils comptaient bien faire demi-tour à cinq.

Alors que Macronium conduisait et que Lucario la guidait, Laporeille admirait la nature défiler à une vitesse folle. Elle n’avait pas l’habitude. Puis, son regard se plaça sur l’autre Pokémon installé sur la banquette arrière. Lui avait la tête baissée, le regard perdu en direction de son épaule droit, celui qui n’avait plus la chance de supporter un bras.

- (Laporeille) Ça va aller, Reptincel ?

Il sursauta presque, avant d’en rire nerveusement.

- (Reptincel) Ouais, ah ah… tout va bien, ne t’en fais pas.

- (Laporeille) … Je suis navrée, pour ce qui t’est arrivé. Se blesser à jamais quand on cherche à devenir plus fort, c’est décourageant.

- (Reptincel) Hein… ? Ah, euh… non, vraiment, ça va aller. Je pensais plutôt à l’équipe RS. Je n’arrive toujours pas à encaisser le fait qu’elle se soit dissoute. Plus j’y pense et plus j’anticipe le chaos que cela créera.

- (Laporeille) Les admirais-tu ?

- (Reptincel) Évidemment ! Quel explorateur ne s’est jamais motivé grâce aux exploits de Pharamp ? D’ailleurs, j’ai mis des années à apprendre le nom des autres membres de l’équipe. Il attirait toujours l’attention et ça tombe bien, sa force intriguait tout le monde…

Marmonna-t-il, un sourire timide et nostalgique aux lèvres. Il se revoyait enfant, en train de déballer une à une toutes les cassettes de ses aventures avec Pikachu.

- (Reptincel) *soupir* Personne n’est immortel, et encore moins infaillible. Nous sommes les seuls responsables de notre déception, je présume.

- (Laporeille) C’est normal d’être déçu. Serions-nous dans cette voiture, si Pharamp et Mysdibule avaient traités Carabaffe comme un véritable membre de leur équipe ? Il faut croire que même les plus grands, ne sont pas à prendre en exemple. Enfin moi, je l’ai toujours su…

Marmonna-t-elle, en se référant à ce qu’elle connaissait hélas trop bien.

- (Reptincel) D’ailleurs, c’est parce que tu voulais te démarquer de ta sœur, que tu étais comme ça au Test RS ?

- (Laporeille) Comme quoi ?

- (Reptincel) Hum… comment le dire poliment… ? Insupportable ? Tu as tellement changé que j’ai eu un doute, en te voyant arriver à l’hôpital.

- (Laporeille) On était en compétition, ÉVIDEMMENT qu’il faut être insupportable ! C’est ton gros défaut, d’ailleurs, tu ne fais peur à personne.

- (Reptincel) Ah… ?

- (Laporeille) C’est ma marque de fabrique, forgée par le mélange de reproches liés à ma volonté d’être exploratrice alors que Lockpin était déjà là, par le fait d’être une femme dans un métier d’ordures comme vous et par… le passé, tout simplement. Mais… j’avoue que j’y suis allée un peu fort, surtout envers Carabaffe. Je veux me racheter, je veux prouver que je ne suis pas dans le troupeau des hypocrites.

- (Reptincel) Tu ne l’es pas, puisque tu es ici.

- (Laporeille) On est pire, puisqu’on désobéit aux règles. Mais ça m’importe peu. Ce qui est arrivé durant l’excursion m’a convaincu que c’était la meilleure chose à faire, de désobéir aux règles. On ne peut pas faire confiance aux « meilleurs », voilà en quoi l’équipe RS m’a motivé. Donc ouais, t’as raison. Elle a motivé tous les explorateurs.

- (Reptincel) … Toujours est-il que le monde va changer. Plus rien ne sera comme avant, désormais.

- (Laporeille) Est-ce une si mauvaise chose, d’enfin laisser les nouvelles générations prendre la relève ?

- (Lucario) Ok, tout le monde, on est arrivé !

Le débat fut interrompu par l’origine même de sa création. Macronium avait arrêté la voiture au sommet d’une colline, alors que le reste de l’équipe descendit observer au loin la fameuse cabane en bois. Celle recelant une trappe, celle menant aux profondeurs de ce que cachait la DDR.

La Dream Team se prépara à l’assaut de sa vie.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 70 : Je m’en fous

 

Capidextre entra dans son dortoir, le même que Flagadoss qui se tenait le crâne, assis et silencieux sur son lit. Il sursauta en entendant le scientifique s’écrouler sur son lit.

- (Flagadoss) Bon sang, tu pourrais toquer !

- (Capidextre) C’est NOTRE chambre, idiot. Déjà que t’adresser la parole me fait perdre du quotient intellectuel, alors vivre avec toi…

- (Flagadoss) Je ne crois pas encore avoir dit quoique ce soit, sur tout le bazar qui m’entoure et qui, me semble-t-il…

Il regarda tout autour de lui, des tas de livres étaient éparpillés sur le sol.

- (Flagadoss) Ne m’appartient pas.

- (Capidextre) Évidemment, tu serais incapable de comprendre le bouquin le plus simplet des bibliothèques du boss ! Le truc est que je n’ai plus le temps d’en lire un seul, il me déborde de tâches ingrates !

- (Flagadoss) Tu veux dire qu’il ne te considère plus comme assez « intelligent » pour l’aider dans ses recherches ? Sacrée désillusion, toi qui te moquais de nous autres cervelles de Poichigeon !

- (Capidextre) Ça va, c’est bon, n’en rajoute pas !

Ils marquèrent un temps d’arrêt, reprenant chacun un souffle plus calme.

- (Capidextre) Dis, tu as vraiment eu peur ? D’habitude, tu me sens arriver à des kilomètres.

- (Flagadoss) L’esprit du boss me perturbe.

- (Capidextre) Il est si différent que ça ?

- (Flagadoss) Il est terrifiant ! D’une profondeur sans fond, elle domine les autres et semble impénétrable. Mais par-dessus tout, elle s’étend. Plus j’essaie de la comprendre, et plus elle prend de la place. J’en fais des cauchemars toutes les nuits, c’est… insupportable !

- (Capidextre) Merde, je ne savais pas.

- (Flagadoss) Tu as le sommeil profond, comme je t’envie.

- (Capidextre) … Tu sais, on est en pleine nature. Je peux te concevoir des médocs à base de plantes et de baies pour…

- (Flagadoss) Non merci, je suis désespéré mais pas indigne.

- (Capidextre) Pfff… ! Tu sais quoi, tant pis pour toi. Meurs d’épuisement dans ta magie à deux balles !

- (Flagadoss) C’est ça, c’est ça…

L’ancien maire de Bourg-Lavaley se releva, enfilant une veste pour aller prendre l’air.

- (Lucario) Flagadoss est dehors…

Marmonna l’explorateur au téléphone, caché derrière un buisson à quelques mètres de la cabane. Au même moment, Capidextre rangea le dortoir en regroupant tous les livres qu’il n’avait pas fini. Il sortit rejoindre la bibliothèque pour les remettre à leur place. Mais juste avant de l’atteindre, face à la porte dans un long couloir métallique, une aura enflammée l’agrippa aussi brusquement que discrètement. Elle lui couvrit la bouche et rejoignit le placard le plus proche, l’envoyant s’y cogner le crâne pour presque l’assommer. Il tenta de se relever, mais une liane s’enroula autour de lui, puis une botte métallique le plaqua contre un mur. Le chef de l’équipe ferma la porte puis avança faire face, avec ses deux coéquipières, au criminel qui écarquilla lentement les yeux en les reconnaissant.

- (Capidextre) J’hallucine… vous êtes vraiment en train de faire ça… ?

- (Laporeille) Un mot ou mouvement brusque, et c’est dans ta gueule que ma botte sera !

- (Capidextre) Ah… ah ah ah… impressionnant. Vous n’avez aucune idée de qui se cache ici, c’est presque mignon… !

- (Macronium) On sait que Carabaffe y est, et tu vas nous dire où exactement.

- (Capidextre) C’est pour ça que vous êtes ici ? Pour le sortir de là… ? Hé… hé hé hé…

Laporeille appuya avec sa botte, et le scientifique se crispa douloureusement.

- (Capidextre) Ok… ! Ok, c’est bon, je vais vous le dire… ! C’est juste que… je suis surpris que tu fasses partie des désillusionnés, rockstar.

L’attention se porta sur Macronium.

- (Capidextre) Mon fils me l’a raconté, et je regrette tellement de ne pas avoir été conscient à ce moment-là. La tête que tu devais tirer, quand ton cher protégé a préféré nous rejoindre plutôt que de t’écouter lui donner des ordres, ah ah ah !

Elle recula d’un pas.

- (Capidextre) Penses-tu vraiment qu’il acceptera de te suivre !?

Puis elle baissa la tête, l’air paniqué. C’est alors que Reptincel agrippa le criminel par le col, le dégageant de la botte de Laporeille pour le plaquer si violemment contre le mur que ses côtes se brisèrent. Il hurla, et la lapine se dépêcha de lui couvrir la bouche pour atténuer le son.

- (Laporeille) Hé, fais gaffe… !

Chuchotait-elle à son chef d’équipe, avant de laisser le membre de la DDR reprendre son souffle. Lui gardait le regard fixé sur sa proie.

- (Reptincel) Tu nous as fait perdre assez de temps, Capidextre. Les infos n’ont pas dû vous échapper, hein ?

Demanda-t-il, en lui commençant à l’étrangler.

- (Reptincel) J’ai tué Roitiflam. J’ai franchi la limite, et je compte bien ne plus me retenir avant d’être condamné. Alors abattre l’assassin de mon père, crois-moi…

Il commença à pénétrer ses griffes dans son cou.

- (Reptincel) Ça ne me dérange absolument pas.

- (Capidextre) Qu… Quatre-cent soixante-dix-huit !! C’est ça, le code, c’est quatre-cent soixante-dix-huit… !

- (Reptincel) Quel code ?

- (Capidextre) Celui qui mène à Carabaffe, bon sang ! Il est dans les cachots, c’est encore plus bas… !

- (Reptincel) J’espère pour toi.

Sur ces mots, Reptincel l’assomma d’une mandale en pleine figure. Laporeille le dévisagea avec de grands yeux, alors qu’il s’essuyait les mains face à elle.

- (Reptincel) Je fais assez peur pour toi, maintenant ?

- (Laporeille) Je ne te pensais pas capable de faire une chose pareille. En fait, je… je ne savais que ton père avait… enfin…

- (Reptincel) C’est bon, il faut qu’on avance.

Ils se tournèrent vers Macronium, à qui son ami lui tapota l’épaule.

- (Reptincel) Hé, reste concentrée. C’est ta spécialité, alors n’abandonne pas maintenant.

- (Macronium) … Non, pas moyen que j’abandonne. C’est juste que… ce connard a raison sur un point. Bref, trouvons ces cachots !

Ils sortirent du placard et poursuivirent leur infiltration. Pendant ce temps, Flagadoss regardait les étoiles. Pensif qu’il était, être hors de cette cabane semblait lui apaiser l’esprit, et cela l’aida à reprendre ses marques. Autrement dit, il se mit à regarder tout autour de lui, l’air stressé.

- (Flagadoss) … (Je ne suis pas fou, je suis sûr de sentir des esprits perturbateurs dans le coin !)

C’est alors qu’un bruit sourd se fit entendre derrière lui. C’était Lucario, qui bondit des buissons en brandissant son canon : il tira à pleine vitesse une explograine. Flagadoss se retourna trop tard pour l’esquiver. Mais au dernier moment, il tendit la main et l’arrêta dans sa trajectoire par télépathie.

- (Lucario) Merde… !

- (Flagadoss) Un explorateur !?

Plan B, le scientifique sortit de son sac un sachet contenant une baie Oran enroulée dans une sauce spéciale. Il l’attrapa la balança sur sa cible.

- (Flagadoss) Ça suffit !!

Toujours par télépathie, ce dernier envoya l’explograine qu’il tenait sur la baie qui lui arrivait dessus, la faisant exploser sur le coup. Le jus se dispersa un peu partout autour d’eux, une grande partie recouvrant le criminel qui s’en répugna.

- (Flagadoss) Quelle horreur ! Encore une prétendue science qui essaie de me mettre des bâtons dans les roues ! Tu vas me le payer !!

Il replaça son regard sur le buisson : plus personne ne s’y trouvait. En revanche, les alentours se mirent à gronder.

- (Flagadoss) Qu’est-ce que… ? Combien sont-ils !?

C’est alors qu’une dizaine de Pokémon sauvages entrèrent en scène, tous attirés par l’odeur du jus de baie mélangé au liquide visqueux dans lequel Lucario avait trempé le fruit, pendant le voyage jusqu’en territoire sauvage. Et donc tous les sauvages bondirent sur le criminel. Que ce soit pour le sentir, le lécher ou carrément le manger, lui se défendit d’une manière unique : tous les repousser avec des vagues psychiques.

- (Flagadoss) Dégagez !!

Ils étaient nombreux, mais il était assez fort pour tous les gérer en même temps. Enfin, ce fut sans compter sur Lucario qui, de son côté, rebrandit son arme droit dans son dos.

- (Lucario) Ne sous-estime jamais la science !

Il tira une nouvelle explograine, qui elle le frappa de plein fouet. Cela l’assomma sur le coup tout en lui brûlant le dos. Le boucan et la chaleur alerta les sauvages, qui tous prirent la fuite et le laissèrent tranquille. Lucario reprit son souffle, sortant son téléphone pour avertir les autres.

Les autres qui, à ce moment précis, devaient être le plus discret possible. Ils avaient trouvé les cachots, tout du moins l’entrée pour y parvenir. Mais elle était à côté de l’infirmerie, et Métamorph en sortait tout juste. Il passa devant les explorateurs, cachés derrière des caissons. Et le téléphone de Laporeille vibra à cet instant.

- (Métamorph) Hein… ?

Il se tourna vers eux, alors que l’exploratrice refusa l’appel et que les deux autres se firent plus discrets.

- (Macronium) Merde, qu’est-ce qu’on fait… ?

- (Reptincel) Lui, ça va être compliqué avec un bras en moins…

- (Métamorph) Qui est-là !?

Sur ces mots, la créature se transforma en Rhinoféros. Sa robe de patient craqua sous l’apparition soudaine de ses muscles.

- (Laporeille) Nous, on peut se l’faire… !

- (Reptincel) Ok, je vais couvrir vos arrières.

- (Macronium) Non, profite-en pour rejoindre les cachots… !

- (Reptincel) Quoi… ?

- (Macronium) Capidextre a vu juste, j’ai commis trop d’erreurs pour espérer convaincre Carabaffe, à ce stade. Mais toi, tu peux le ramener !

- (Reptincel) Macronium…

- (Macronium) Je sais que tu ne feras pas l’erreur de lui imposer ton point de vue, Reptincel. Alors vas-y, fonce !

- (Rhinoféros) TROUVÉS !!!

- (Laporeille) Attention !!

La créature chargea, la corne en avant, les caissons qu’elle fit exploser en les transperçant. Ses adversaires esquivèrent chacun en bondissant d’un côté, Reptincel se rapprochant plus des cachots que ses coéquipières. Elles se redressèrent sans le moindre problème, et la type plante jeta un dernier regard à son ami. Elle avait confiance en lui et, de son côté, il finit par acquiescer son plan.

Il défonça la porte des cachots et s’enfonça dans les profondeurs de la base de la DDR.

Il tremblait. Recroquevillé contre un mur, tête baissée le regard entre les jambes alors que ses bras les entouraient, il tremblait comme une feuille. Habillé d’une robe de patient comme les autres, les points communs s’arrêtaient là. La pièce dans laquelle il se trouvait n’avait rien de froid. Tout n’était que terre rouge et crade, à l’exception des barreaux qui eux non plus, n’étaient pas métalliques. Des lasers. Des lasers rouge, aussi scintillants que de la lave et aussi tranchants que des sabres. Une technologie jamais vu auparavant, et tout cela participait à sa détresse.

Car à l’heure actuelle, le pauvre Carabaffe était plus que jamais au fond du gouffre. Alors lorsqu’il entendit la porte exploser, il ferma les yeux en espérant que la torture ne dure pas. Puis, il entendit sa voix…

- (Reptincel) Carabaffe !!

Une voix qu’il n’avait pas entendue depuis longtemps, très longtemps. Cela lui fit relever la tête et comprendre à son interlocuteur la terreur qu’il ressentait. Immédiatement, ce dernier fonça vers le digicode.

- (Reptincel) Ne t’en fais pas, je vais te sortir de là !

Quatre-cent-soixante-dix-huit, voilà le code qu’il rentra et qui, bienheureusement, fonctionna. Il faut croire qu’il fut vraiment convainquant, face à l’assassin de son père.

Bref, les lasers cessèrent de fonctionner et laissèrent la voie libre pour Carabaffe. Il pouvait sortir, il était enfin libre !

… Hélas, il resta immobile.

- (Reptincel) … Carabaffe ?

- (Carabaffe) … Pars.

Marmonna-t-il, en rebaissant la tête.

- (Carabaffe) Sauve-toi tant que tu le peux encore…

Le type feu resta immobile quelques secondes, choqué par ce timbre de voix faiblard, par cette posture qu’il assumait, par ce caractère qui le dominait. Il ne pouvait s’empêcher de se rappeler la dernière fois qu’il lui avait adressé la parole. C’était au sommet de Loliloville, face à la fondation RS.

- (Carabaffe) Je t’en supplie, ne me laisse pas tomber !! Je… *snif* JE N’Y ARRIVERAI JAMAIS SEUL !!

Il s’arrêta une fraction de seconde, hésitant un brin d’instant… avant de reprendre route vers l’horizon.

- (Reptincel) … De quoi parles-tu ? Tu ne sais pas ce que c’est, d’être seul.

Des rudes paroles qui aujourd’hui n’étaient plus d’actualité. À cette époque, Carabaffe avait réussi et Reptincel échoué. Aujourd’hui, c’est le type feu qui devait baisser la tête pour le regarder droit dans les yeux. Il ferma le poing… et traversa la prison pour arriver devant lui.

- (Reptincel) Je n’ai pas l’intention de t’abandonner.

- (Carabaffe) … Tu l’as déjà fait.

Il lui afficha un regard meurtri.

- (Carabaffe) Tu m’as effacé de ta vie. Tu as prétexté ma victoire au Test RS pour m’oublier. Quel ami fait ça ? Quel ami… ne répond à aucun de mes appels de détresse ?

- (Reptincel) Quoi… ?

- (Carabaffe) *soupir* Peu importe, dégage. Je ne veux pas avoir ta mort sur ma conscience.

Il imposa le silence. Le type feu allait lui tendre la main, mais il la laissa tomber tout en baissant la tête. Il prit le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire.

- (Reptincel) J’ai commis une grave erreur. J’ai dit oui à Pharamp. Quand il est venu me voir après ta victoire pour me demander de devenir son élève, j’ai bêtement pensé que cela n’affecterait pas ton entraînement. J’ai eu tort.

Le type eau leva un sourcil.

- (Reptincel) Oui, il l’a fait. Il se sentait si mal d’avoir créé des règles aussi foireuses pour un test aussi important, qu’il a préféré prendre une décision extrême en venant me voir, plutôt qu’en s’assurant que tu n’étais pas l’un d’entre eux. L’un de ces explorateurs hypocrites, qui n’agit que pour l’image mais qui s’éloigne du danger quand personne ne regarde.

- (Carabaffe) … C’est pour ça qu’il n’était jamais là.

- (Reptincel) On se voyait rarement, mais il venait régulièrement chercher les hors-la-loi que je capturais pour lui.

- (Carabaffe) … Comment tu pouvais penser que ça allait bien se finir… ?

- (Reptincel) … Je ne veux pas rejeter la faute sur lui, même si je l’aurai pensé plus mature. La vérité, c’est que j’étais incapable de passer à autre chose. Le fait que tu ais gagné à ma place, le fait d’avoir perdu… sans m’être donné à fond. J’étais frustré et je ne savais plus quoi faire. Alors quand il m’a tendu la main, je l’ai saisi presque sans hésiter.

- (Carabaffe) … Et donc quoi ? C’est lui qui t’a demandé de me supprimer de tes contacts ?

- (Reptincel) Il m’a demandé de bloquer et supprimer tous mes contacts. Il disait que cela vous protégerait.

- (Carabaffe) Ce sont des conneries… !

- (Reptincel) … Pifeuil est mort parce que je n’ai pas été capable de le faire.

Là, c’est le chef de la Dream Team qui imposa le silence. Carabaffe écarquilla le visage, se rappelant le jour où il apprit la mort de Pifeuil. Sa sœur lui avait ordonnée de passer à autre chose sur le champ, et il se força à oublier le passé. Alors pour la première fois des retrouvailles, il se montra navré et détourna honteusement le regard.

- (Carabaffe) Je suis désolé…

- (Reptincel) J’aurai dû faire plus attention, surtout que Pharamp m’avait prévenu.

- (Carabaffe) … Je comprends que tu puisses regretter ton choix, maintenant…

- (Reptincel) Je ne le regrette pas.

Le type eau releva la tête, l’air surpris.

- (Reptincel) J’ai dit que j’ai eu tort, pas que je regrettais. Je n’ai certainement pas sauvé les quartiers pauvres, mais j’ai rendu service à des gens. Des gens bien qui le méritaient, et mon plus grand regret est de ne pas pouvoir y vivre plus longtemps.

- (Carabaffe) Pourquoi tu ne pourrais pas ?

- (Reptincel) … Tu n’es pas au courant ?

*BOUM*

Une explosion retentit à l’étage, tandis que de la poussière outrepassa le plafond des cachots.

- (Reptincel) Bref, il faut qu’on y aille !

Il tenta d’approcher mais son interlocuteur recula, se collant dos au mur.

- (Reptincel) Carabaffe, tu ne peux pas rester ici !

- (Carabaffe) Et pourquoi pas… ? Ma vie ne vaut plus rien !

- (Reptincel) Ne raconte pas n’importe quoi, tu n’as pas tout perdu !

- (Carabaffe) Je n’ai plus personne… ! J’ai lâché Macronium, j’ai vu ma sœur mourir sous mes yeux, je me suis éloigné de Mustéflott, Arkéapti, Sapereau et Dedenne parce que je les mettais dans le même panier que Pharamp et Mysdibule pour me convaincre de rejoindre la DDR ! Et Mégapagos… il m’a abandonné… !

- (Reptincel) De quoi tu parles… ? C’est toi, qui l’ignore !

- (Carabaffe) Quoi… ?

- (Reptincel) Il m’a dit qu’il n’avait aucune nouvelle de toi malgré toutes les lettres qu’il t’envoyait, et tu prétends avoir été abandonné !?

- (Carabaffe) Je… je n’ai jamais rien reçu… !

Il se montra perdu, fermant les poings à l’idée que quelque chose ou quelqu’un interférait avec leur communication.

*BOUM*

Mais à l’entente de cette seconde secousse, il nia d’un mouvement de tête ce fait.

- (Carabaffe) Peu… peu importe… !

- (Reptincel) Comment ça, peu importe !? Si il te faut UNE raison de rester en vie, alors dis-toi que tu te dois à tout prix d’aller le rassurer !

- (Carabaffe) Non, je… je m’en fiche !

Le type feu écarquilla les yeux.

- (Reptincel) Tu… tu t’en fiche… ?

- (Carabaffe) Ouais, il… Il n’est pas mon vrai père !

Exclama-t-il, faussement certain.

- (Reptincel) … Pardon… ?

Et cela ne passa pas, mais alors pas du tout. Reptincel resta immobile quelques secondes, l’air bouche bée avant de violemment l’agripper par le col.

- (Carabaffe) Qu’est-ce que… !?

Carabaffe se fit brutalement plaquer contre un mur.

- (Carabaffe) AAAH !!!

- (Reptincel) POUR QUI EST-CE QUE TU TE PRENDS !?

Lui hurla-t-il de toutes ses forces. Le type eau était sous le choc.

- (Reptincel) Pas ton VRAI père !? Parce que celui qui t’a mis au monde s’est un jour occupé de toi, peut-être !?

- (Carabaffe) Ferme-là, il… il était un héros !

- (Reptincel) JE M’EN FOUS !!!

Il le tira pour le replaquer contre le même mur, et sa victime crispa les dents.

- (Reptincel) C’est ton obsession pour tes origines, qui t’ont mené dans ces cachots ! Mégapagos, lui, est à l’origine de ton héroïsme !! Lui manquer de respect, c’est manquer de respect à tous ceux qui ont donné leur vie pour autrui !

- (Carabaffe) Ça suffit, dégage !!

Cria-t-il, en le repoussant d’une faiblarde bousculade. Reptincel se laissa faire et recula d’un air déçu.

- (Reptincel) Quoi, c’est tout ce que l’élève de l’équipe RS sait faire ?

- (Carabaffe) Mais putain, de quoi tu t’mêles… ?

- (Reptincel) Tu lui fais tellement honte, espèce d’ingrat !

- (Carabaffe) Je pense ce que je veux ! Et à ce que je sache, tu n’as aucune idée de ce que j’ai vécu, pour en arriver à penser ça !

- (Reptincel) Je m’fiche pas mal de tes raisons, elles sont biaisées par un mensonge que tu acceptes avec mauvaise foi, parce que tu sais PARFAITEMENT qu’il ne t’aurait jamais abandonné ! Non, la vérité, c’est que tu as toujours eu une fixette démentielle sur tes origines ! La DDR l’a mieux compris que toi, et la main que ta sœur t’a tendue t’a tellement conforté que tu t’es permis de délaisser celui qui représentait ta famille ! N’essaie pas de lui faire porter le chapeau…

- (Carabaffe) Tais-toi… !

- (Reptincel) C’EST TOI, QUI A ABANDONNÉ MÉGAPAGOS !!!

- (Carabaffe) TA GUEULE !!!

Fou de rage, le type eau courut non plus vers son interlocuteur, mais bien sur son adversaire. Il tenta de l’attaquer de front, mais ce dernier le bloqua net et le renvoya en cellule d’un coup de pied dans le ventre.

- (Reptincel) Laisse-tomber, je suis plus fort que toi !

- (Carabaffe) Non, impossible… !

Marmonna-t-il en se relevant.

- (Carabaffe) J’étais déjà plus fort et j’ai été entraîné par les meilleurs, pas moyen que tu sois au-dessus !!

Il tourna les poignets et tendit ses paumes de mains derrière lui. De puissants jets d’eaux en sortirent, et il retrouva l’habitude de se propulser. Reptincel le bloqua à nouveau, mais la force exercée était plus forte. Il se fit emmener jusqu’à l’autre bout de la pièce, alors même qu’il fit craqueler le sol à y enfoncer les pieds.

- (Carabaffe) Pourquoi tu m’bloques à une main !? TU VEUX ENCORE M’HUMILIER !?

Il enroula son poing gauche d’eau et le frappa avec à pleine puissance, pensant qu’il l’anticiperait avec son bras droit. Hélas, Reptincel se prit l’attaque de plein fouet et valsa sur plusieurs mètres, couvert d’une eau qui lui agressait la peau. Dans sa chute, sa cape s’envola et retourna dans son dos. Autrement dit, le type eau n’aperçut que maintenant le handicap de son rival.

- (Carabaffe) Quoi… ? Qu’est-ce qui t’est arrivé !?

- (Reptincel) Je me suis battu !

Clama-t-il, en s’entourant de flammes. Il se propulsa à son tour grâce à son pouvoir, ce qui surprit Carabaffe qui n’avait aucune idée des progrès qu’il avait fait depuis le Test RS. Il n’anticipa donc pas son coup de boule en pleine sa figure, mais tenta de contrattaquer d’une droite… qui elle aussi fut immédiatement stoppée dans sa lancée. Reptincel lui agrippa le bras et l’envoya valser contre contre un mur qu’il se mangea de plein fouet.

- (Reptincel) Et dire que Macronium et Laporeille se battent contre un vrai criminel, pensant encore que je peux te ramener !

- (Carabaffe) Elle… elle est là… !?

- (Reptincel) Et tu n’as aucune idée d’à quel point elle sera déçue, lorsqu’elle apprendra que le Carabaffe qu’on a aimé est mort depuis longtemps !

- (Carabaffe) ARRÊTE !!!

Hurla-t-il, en lui projetant de puissant jets d’eaux dès qu’il se redressa. Reptincel se couvrit avec sa cape, mais l’intensité des jets était redoutable et continue. Il devait tenir le coup.

- (Carabaffe) J’ai dû faire des choix, des choix qui m’ont amené à oublier le passé !

- (Reptincel) Et pour qui te bats-tu, exactement !?

Il commença à se rapprocher, malgré toute la pression aquatique qui était exercée sur lui.

- (Carabaffe) POUR MOI !!!

Mais Carabaffe força, usant de sa pleine puissance pour le tenir à l’écart. Et cela fonctionna, Reptincel recula à nouveau, impuissant face à ce contre-type qui l’affaiblissait de seconde en seconde. Il allait finir par perdre, mais il lui était hors de question d’abandonner.

- (Carabaffe) Ma sœur est morte, le boss lui a tranché la tête ! Je n’ai plus de famille, alors Mégapagos attendra !!

- (Reptincel) C’est justement parce que tu le fais attendre, que tu n’as plus personne !! Oublier Mégapagos, c’est le début de la fin ! Ça commence comme ça, puis tu finiras par tous nous sacrifier au profit d’une illusion malsaine !!

- (Carabaffe) N… non… !

- (Reptincel) Carabaffe… tu es en train de te battre contre moi dans la base de la DDR, ouvre les yeux !! Que tes parents aient été des héros, c’est une chose, mais tout ce que ta famille t’aura donné… c’est une sœur psychopathe qui t’a manipulé et utilisé pour ses propres intérêts !! ARRÊTE DE L’IDOLÂTRER !!!

- (Carabaffe) J’EN AI BESOIN !!! J’AI BESOIN D’UN MODÈLE, TU NE SAIS PAS CE QUE C’EST DE VIVRE À L’ÉCART DE SES ORIGINES !!!

- (Reptincel) TU TE FOUS DE MOI !?

Ce fut la réplique de trop.

Ni Carabaffe, ni Reptincel ne s’en rendirent compte ; mais c’est à cet instant précis, qu’elle commença à jaillir. Quoi donc ? Une lumière qui avait pour habitude de naître du nombril, pour petit à petit s’emparer du corps entier du Pokémon. Comme il portait de lourdes couches de vêtements, Carabaffe ne s’en rendit compte que lorsque son rival, Reptincel, fut déjà presque entièrement engloutit par le pouvoir de la détermination.

Puis, la lumière envahit toute la pièce et le type eau fut aveuglé. Il stoppa ses jets d’eaux, n’arrivant pas à croire qu’il n’était pas le premier à subir ce changement. Il ne pouvait plus le nier, désormais, Reptincel était plus fort.

Plus fort car plus déterminé.

Lui qui avait trop échoué pour récidiver ce soir-là.

Lui qui se rendit compte qu’il n’avait plus à faire au héros qu’il admirait et qu’il comptait sauver.

Lui qui enchaîna déception, dégoût puis enragement.

Malgré tout cela, il ne cessa d’être déterminé.

Et il le prouva une bonne fois pour toute… en évoluant une bonne fois pour toute.

Reptincel ouvrit les yeux. Tout était noir. Il flottait dans le vide intersidéral, ou peut-être n’était-ce que son esprit ? Inutile de tourner autour du pot, il savait parfaitement ce qui arrivait.

- (Reptincel) C’est parce que je ne sais rien. J’étais humain, c’est tout ce que je sais et c’est tout ce que j’ai besoin de savoir. En évoluant, un Pokémon se remémore un souvenir, souvent le plus marquant de sa plus jeune enfance. Mais mon enfance a commencé à mes treize ans. Alors tout ce que j’ai…

« Tous en place ! »

- (Reptincel) C’est cette nouvelle vie.

Assura-t-il, en discernant dans le vide des formes semblables à ce qu’il aperçut à son réveil, au cœur des Petits Bois. Il reconnut Pifeuil, Bourg-Tranquille, Pikachu, Germignon, Riolu, Arcko, Makuhita, Mégapagos, ses professeurs et autres villageois, l’équipe ADT et même Pharamp.

Mais par-dessus tout, il visualisa parfaitement Carapuce. Le jeune Pokémon talentueux mais orgueilleux. Et lentement, seule sa figure resta clair tandis que toutes les autres s’obscurcirent.

- (Reptincel) Je n’ai rien oublié, Carabaffe. Rien du tout.

« - (Carapuce) Toi. Pourquoi t’es là, en fait ? Qu’est-ce que t’apportes, à part des problèmes ? »

Le jour de leur première rencontre.

« - (Carapuce) Si je dois te tuer pour être tranquille, crois-moi, je n’hésiterai pas. T’es qu’un ramassis de problèmes, une merde ingénue qui n’y connait rien et qui débarque de nulle part dans un village qui ne voulait pas de lui. T’as aucun avenir, et t’as aucune autre utilité que celle de détruire ceux des autres. Mais j’te préviens, tu n’me la fera pas à moi, sale merde ! Voler l’attention de Pharamp fut ta dernière gloire !! »

Le jour où ils devinrent rivaux.

« - (Carapuce) Le lèche-cul a raison, Tengalice se serait sûrement fait buter durant la nuit si nous n’étions pas intervenus. »

Le jour où il lui donna pour la première fois raison, après avoir rejoint la Dream Team pour ses intérêts personnels.

« - (Carapuce) Ce n’est pas pour défendre cet imbécile, mais quand on voit tout ce qu’il se passe autour de nous… tu m’étonnes qu’il craque. La moitié du village a juste déversé gratuitement sa haine sur le lèche-cul, et vu de loin, ils ressemblaient tous à des psychopathes… »

Une citation rapportée par Germignon, du jour où Carapuce se rendit compte d’à quoi ressemblait une haine déversée gratuitement sur autrui.

« - (Carapuce) Chef d’équipe ! Voilà une ligne de plus qui, sur mon CV, me permettra d’atteindre les plus hauts rangs de l’exploration ! Je deviendrai le meilleur grâce à ça, c’est obligé ! »

Le jour où les deux garçons avaient enfin une vraie raison d’être en rivalité.

« - (Carapuce) TU CROIS QUE JE VEUX DE TA PITIÉ !? QU’IMPORTE CE QUE TU ME VOLERAS D’ICI CE JOUR, JE PEUX TE JURER QUE RIEN NE M’EMPÊCHERA DE DEVENIR LE MEILLEUR DE TOUS LES EXPLORATEURS !!! RIEN NE M’ARRÊTERA, RIEN NE M’EMPÊCHERA D’ATTEINDRE CE RÔLE QUI, EN PLUS DE PROUVER MA VOLONTÉ AU RESTE DU MONDE, ME PERMETTRA DE LES RETROUVER, RIEN, TU M’ENTENDS !? »

Le même jour, durant lequel il péta un câble parce qu’il fut incapable de constater la supériorité du type feu. Il évolua et remporta finalement la victoire, mais ce que Reptincel ne comprit que maintenant fut que ceux qu’il mentionnait étaient ses parents. Déjà à l’époque, il y pensait. En réalité, cela fut toujours son objectif.

« - (Salamèche) Deviens le chef de la Dream Team à ma place ! »

Le jour où le type feu se considéra moins méritant que le type eau.

« - (Carabaffe) C’est quoi ton problème !? Toi qui n’hésitais pas à laisser une deuxième chance à n’importe qui, que s’est-il passé ? Comment peux-tu condamner quelqu’un qui, tu le sais, n’a jamais été fondamentalement mauvais !? Ce n’est pas Massko, c’est Arcko ! Je l’ai compris grâce à toi, parce que tu as dit qu’il était DEVENU trop imprévisible, tu te souviens !? »

Le jour où c’est Carabaffe, qui lui rappela l’importance du travail d’équipe.

« - (Reptincel) Tu… as attaqué Pharamp ?

- (Carabaffe) C’était un faux, ducon ! »

Le jour où Carabaffe eut plus confiance en Reptincel qu’en Pharamp.

« - (Reptincel) Je continuerai, je vous le promets.

- (Carabaffe) On verra dans trois ans. »

Le jour où la Dream Team se sépara. Les deux rivaux, devenus amis, se promirent d’atteindre leur objectif de devenir les meilleurs explorateurs du monde.

« - (Carabaffe) C’est bien toi… ?

- (Reptincel) Qui d’autre aurait été assez stupide pour ne pas fuir ?

- (Carabaffe) Je n’sais pas, j’te voyais pas revenir tout de suite… voire jamais, en fait. »

Le jour de leurs retrouvailles, trois ans plus tard. Carabaffe avait changé, mais Reptincel n’en avait aucune idée. Le jour où il s’en rendit compte, il ne lui laissa aucune chance.

« - (Reptincel) Carabaffe, je n’arrive pas à croire que tu sois devenu comme ça… ! Cette expression, l’état de Charkos… tu as des pulsions meurtrières ! Exactement comme moi à l’époque, c’est pour ça que je suis resté sur le continent Sud ! Je pensais être un danger pour vous, je pensais être le seul à avoir ces problèmes dont j’avais si honte ! Je me suis tant entraîné pour les contrôler ! Tous ces efforts, tout ça… POUR QUE JE TE RETROUVE AVEC DU SANG SUR LES MAINS !!! »

Et à partir de ce jour, Carabaffe perdit énormément en confiance.

« - (Carabaffe) … Je suis venu te donner ma place. »

Le jour où le type eau se considéra moins méritant que le type feu.

« - (Reptincel) … C’est hors de question. »

Mais il l’abandonna.

Voilà comment avait évolué leur relation, voilà où ils en étaient, avant que Reptincel ne mette les pieds dans ces cachots. Lui-même, en laissant tous ces souvenirs lui revenir se montra surpris.

- (Reptincel) Je… j’ai commis des erreurs. Tu peux me reprocher d’être trop intrusif après t’avoir abandonné, mais ce n’est pas comme ça que je vois les choses. En soit, l’exploration n’est pas importante.

C’est bon. Une petite lumière scintillante apparut devant lui.

- (Reptincel) De même pour la DDR, les arrêter n’est plus ma priorité.

Une lumière qui s’agrandit.

- (Reptincel) Je m’en suis rendu compte après avoir fait le point sur la mort de Pifeuil, et les dieux savent à quel point cela m’aura pris du temps. Mais aujourd’hui, j’en suis certain. Pour moi, le plus important, c’est la famille. Pas la biologique, non, l’autre famille. Celle en qui tu peux avoir confiance. Et Carabaffe, si je suis ici…

Une lumière qu’il agrippa sans hésiter. Il était prêt.

- (Reptincel) C’est parce qu’on n’abandonne pas son frère.

La lumière l’engloutit et fit de lui un être capable de convenir à ses ambitions.

Son unique bras s’allongea, ses jambes s’épaissirent, ses griffes s’aiguisèrent, son cou s’élargit, son museau s’accentua, ses dents s’étendirent jusqu’à son menton, sa crète se divisa en deux, son regard gagna en intimidation, tout comme sa corpulence qui, gagnant trente kilos et centimètres d’un coup, fit de lui un Pokémon bien plus imposant. Son accoutrement craqua de partout, se déchirant pour laisser premièrement son foulard en or jaillir et scintiller malgré ses égratignures, mais également son robuste ventre, son imposante musculature à son bras et ses cuisses prendre la place qu’ils méritent. De même pour le haut de son dos, duquel deux cornes se mirent à pousser. Deux cornes qui gagnèrent férocement en intensité, s’amplifiant en se décortiquant de manière à former deux grandes ailes rouges avec un intérieur bleu. Sa queue aussi, grossit dans la transformation. Alors qu’elle tenait d’elle-même debout, cette fois, elle fut si imposante qu’elle s’écrasa au sol. La flamme en son bout, en revanche, se montra plus vivace que jamais. Un véritable feu de camp à lui tout seul.

Voilà ce que devint Reptincel, lorsque la lumière cessa d’aveugler l’adversité.

Carabaffe rouvrit les yeux, s’apprêtant à retrouver un Pokémon certes évolué, mais à terre, épuisé par une vision traumatisante. Hélas, de la fumée créée par sa propre chaleur en ressortit un grand et robuste dragon couvert de flammes. Il n’eut qu’à peine le temps de se mettre en garde, qu’il se fit agripper par la mâchoire et brutalement plaquer à terre. Le sol explosa à l’impact, imposant par la même occasion un silence total.

Les deux personnages se regardèrent droit dans les yeux. Carabaffe était choqué. Le nouveau Pokémon, comme première émotion, laissa transparaître un peu de regret… mais surtout de la sagesse.

- … Je suis désolé.

Commença-t-il d’une voix nettement plus grave qu’auparavant. Une voix suave, agréable et assurée.

- Il faut croire que nous sommes juste différents. J’ai vécu mon adoption comme une bénédiction divine, tu as vécu la tienne comme un déchirement familiale. Tu as le droit de penser ce que tu veux de Mégapagos, mais sache qu’il n’est pas trop tard. Ses bras te seront toujours ouverts, tu le sais parfaitement.

Il retira sa main et le laissa reprendre correctement son souffle. Il se redressa, montant à une hauteur d’au moins un mètre quatre-vingt-cinq. Carabaffe resta au sol, tremblant face à cette carrure qui la dominait en tout point. Il fixait le foulard en or, il ne pouvait pas voir autre chose que ça. De son côté, le dragon prit le temps de le dévisager une dernière fois.

- Tout dépend de toi, Carabaffe. Tu peux encore être un héros, et sache que plus jamais je ne commettrai l’erreur de t’abandonner si tu choisis cette voie. En revanche, qu’importe ce que tu oses prétexter, si tu t’enfonces dans l’erreur… je t’arrêterai. Aurevoir.

Silencieusement, il quitta la pièce.

Carabaffe se retrouva seul pour la dernière fois, seul face à un choix décisif.

*BOUM*

Métamorph se fit encastrer dans un mur et, métallique qu’il fut, ce fut douloureux. Mais il se releva, crachant autant de sang qu’il le faillait avant de se remettre à charger.

- (Rhinoféros) JE VAIS VOUS BUTER !!!

- (Laporeille) Macronium !!

- (Macronium) J’ai !!

Assura-t-elle, en accourant vers son adversaire. Mais au dernier moment, elle se retourna et envoya une liane à sa coéquipière qui, une fois en main, fut tirée en avant par la propulsion de son amie. La créature tenta de frapper la type plante, qui esquiva son coup d’une roulade juste en-dessous. Il encastra donc son poing dans le sol, ne pouvant bloquer Laporeille qui arrivait à toute vitesse, les bottes en avant.

Elle le frappa de plein fouet, l’envoyant à nouveau valser sur plusieurs mètres. Il hurla de douleur, mais continuait de serrer les poings.

- (Macronium) Encore conscient… !?

- (Rhinoféros) Chaque combat me renforce… JE FINIRAI PAR DEVENIR LE PLUS FORT !!

Soudainement, une lueur traversa rapidement la pièce. Laporeille n’eut qu’à peine le temps de l’apercevoir…

- (Laporeille) Hein… ? Macronium, att… !

Avant que la dague de Léopardus ne s’enfonce dans une patte de Macronium, qui par reflexe tenta de l’esquiver au dernier moment. Là, c’est elle qui hurla de douleur. Laporeille se tourna vers l’agresseuse, qui courrait à toute allure sur sa cible.

- (Laporeille) Non !!

Elle tenta de l’intercepter, mais allait arriver au dernier moment. La situation était devenue soudainement très tendue pour les exploratrices, bienheureusement, un torrent de flammes entra en scène.

Il bouscula Léopardus, assomma Métamorph avant qu’il ne se relève, et dégaina la lame de la plaie de son amie. Une amie qui sursauta, en découvrant cette nouvelle forme qui semblait s’être téléportée à côté d’elle.

- (Macronium) W… WOW !!

- Du calme, c’est moi !

- (Macronium) R… Reptincel… !?

- Ne bouge pas, je vais cautériser ta plaie.

- (Macronium) Ok… euh, attends, ça fait mal çaAAAAAH !!

Elle se couvrit la bouche, tandis que Laporeille s’assura que leurs adversaires étaient bien K.O. Le torrent avait brulé la peau de la créature et une partie du pelage de l’assassin, mais tous les deux ne s’étaient pris qu’un coup. Un coup d’une précision chirurgicale.

- (Laporeille) Incroyable… !

- (Macronium) Alors tu as vraiment évolué… ! Tu es devenu un Dracaufeu !

- (Dracaufeu) Je suppose que c’est mon nom, désormais. Heureusement que c’est arrivé maintenant, on en avait besoin.

- (Laporeille) Tu dis ça comme si c’était évident de maîtriser un nouveau corps, tu rends fou…

- (Dracaufeu) Ok, ça devrait être bon.

Il retira sa main de sa plaie, méchamment refermée, mais refermée malgré tout.

- (Macronium) *soupir* Merci. Allez, on se taille !

Exclama la star, en se tournant vers les cachots d’un air satisfait, pensant que Carabaffe s’y trouverait. Hélas, il n’y avait personne.

- (Macronium) Il… il est encore en bas ?

- (Dracaufeu) Il ne viendra pas.

Les deux femmes écarquillèrent les yeux.

- (Laporeille) C… comment ça, qu’est-ce que ça veut dire ?

- (Macronium) C’est… une blague ?

- (Dracaufeu) Tu m’as demandé de lui laisser le choix. C’est ce que j’ai fait.

Les deux personnages s’échangèrent un regard navré. Macronium avait les larmes aux yeux, le grand dragon au nom de Dracaufeu se montra compréhensif et posa sa main sur son épaule. Quelques secondes de silence passèrent, avant que la type plante ne se décide à tourner le dos aux cachots.

- (Macronium) Allons-y…

- (Laporeille) Et que fait-on d’eux ?

Demanda-t-elle, en pointant du regard les corps inconscients des membres de la DDR.

- (Macronium) Pas assez de place pour les emmener avec nous. Attachons-les et donnons l’emplacement de la base aux explorateurs.

- Oh, ne vous en faites pas pour ça…

Commença la voix. Celle d’un Pokémon qu’aucun des trois explorateurs n’avait auparavant entendu. Une voix différente des autres, gravissime et au ton tout aussi narquois que confiant. Une voix qui transperça leur esprit, une voix qui les fit tous se mettre en garde.

- (Dracaufeu) Qui est là !?

Demanda-t-il en direction du long couloir sombre qu’ils devaient emprunter pour sortir. Il venait de là, le Pokémon à la carrure improbable. Plus de deux mètres de hauteur, aussi corpulent que Roitiflam, aussi terrifiant d’apparence que Noctunoir. Pourtant, il était en costard. Un long costard noir qui couvrait ses jambes musclées, son torse bombé naturellement et par-dessus tout ses bras. Ses QUATRE bras.

- Le maître des lieux, voyons !

Exclamait-il en rigolant, tout en continuant d’avancer pas à pas. Lentement, la lumière le fit dévisager des autres. Lentement, Dracaufeu écarquilla les yeux.

- Encore une fois, les explorateurs agissent et réfléchissent ensuite. Dommage que le plus gros défaut des plus grands héros soit leur impulsivité.

- (Laporeille) C’est qui, putain… ? Il n’était pas là lors de l’assaut… !

- (Macronium) Je ne sais pas, mais il nous attendait… ! Préparez-vous à vous battre… !

- Oh, vous voudriez ? Pitié, donnez-moi le meilleur avant-goût possible, avant l’arrivée du plat de la décennie !

Enfin, il sortit entièrement de l’ombre. Une de ses mains était grise, une autre rouge, une autre jaune et une dernière rose. Son visage était marqué par des cicatrices, il portait un cache œil droit tandis que ses lèvres semblaient rongées par les rancœurs du passé.

Mais ce qui terrifia l’explorateur n’avait rien à voir avec cela. Son visage… il se le remémora sur le coup.

- (Dracaufeu) … Machoc… ?

Demanda-t-il d’une voix tremblotante. Le personnage leva la main rouge, lui souriant d’un air narquois…

- Presque.

Avant de calquer des doigts.

Puis… tout explosa.

Lucario, qui venait d’attacher Flagadoss à un arbre, frôla la crise cardiaque à l’entente du boucan qui l’assourdit violemment. La cabane entière explosa dans un rayon enflammé qui s’envola jusqu’aux cieux. La force de projection de ce carnage décrocha et fit envoler toutes les herbes, pire, tous les troncs d’arbres à des centaines de mètres. Le scientifique planta son canon dans le sol et s’accrocha à lui. Flagadoss était maintenu par les cordes.

Puis, le boucan se calma. Les résidus de flammes tombèrent tels des flocons de neige sur tout le territoire, alors que le monde entier venait d’être informé de la position de la base de la DDR. Enfin de ce qu’il en restait, c’est-à-dire des tas de cendres s’enfonçant jusqu’aux profondeurs de la planète.

Le calme ne dura qu’une petite seconde, avant qu’un bout de terre explose non loin du terrifiant cratère. Un torrent de flammes en sortit, bienheureusement moins impressionnant que ce qui venait d’arriver. Les flammes se dissipèrent alors qu’il était encore dans les airs, puis Dracaufeu s’écrasa lamentablement avec Macronium entre le bras et Laporeille sur le dos.

- (Lucario) Les amis !!

Lucario fonça les aider à se relever. Il commença par les femmes, qui peinèrent à regagner l’audition et titubèrent plusieurs secondes. Puis, ce fut au tour du dragon que le scientifique avait hésité à approcher. Mais Macronium et Laporeille se mirent à deux pour le porter sous l’épaule. Son corps entier était égratigné par les flammes, alors que ses nouvelles ailes pissaient déjà le sang.

- (Macronium) Tiens bon, Dracaufeu, reste avec nous !

- (Lucario) Qu… quoi !? Reptincel, tu as évolué ! A… attendez, quel membre de la DDR a été capable de faire un truc pareil !? Et Carabaffe !? Où est Carabaffe !?

Soudain, le type eau apparut en face d’eux. À une dizaine de mètres, il s’écrasa lamentablement et semblait lui-même sous le choc. Tous les regards se tournèrent vers lui, Lucario se relevant même pour aller l’accueillir. Mais Dracaufeu lui agrippa la cheville avant qu’il ne s’approche, et il eut raison.

Quelques secondes plus tard, les corps inconscients de Capidextre, Métamorph et Léopardus apparurent tout autour du type eau, puis ce fut au tour de lui. L’auteur de ce massacre, ce personnage si confiant qui, d’un claquement de doigt, ravagea les alentours. Il se fit apparaître dans les airs directement, parce que oui, il savait voler. Il n’avait pas d’ailes, il savait juste le faire. Carabaffe leva la tête et, en constatant sa présence, l’abaissa immédiatement de terreur.

- Voilà… il ne devrait plus tarder, désormais.

Les membres de la Dream Team le dévisagèrent chacun d’un air différent : Lucario d’incompréhension, Laporeille d’angoisse, Macronium d’enragement tandis que Dracaufeu était perplexe. L’existence même de ce personnage lui grattait le crâne, il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas.

- (Lucario) … Il faut qu’on parte… !

- (Macronium) Pas sans Carabaffe… !

- (Lucario) Oui, bien sûr… !

- (Laporeille) Non, Macronium, il a fait son choix… !

- (Lucario) Quoi… !?

- (Macronium) Et j’étais prête à l’accepter, mais ce type… non, je refuse de le laisser avec un monstre pareil… ! Il va se faire tuer !

- (Laporeille) Il vient de le sauver… ! T’as bien vu ce qu’il a fait, on n’a aucune chance… !

- (Macronium) Je… ! Carabaffe !!

Cria-t-elle les larmes aux yeux. Le type eau tremblait de peur, mais il trouva la force de lever suffisamment la tête pour la regarder droit dans les yeux. Il écarquilla les siens, sous le choc de la voir dans de tels états. Cela n’était pas arrivé depuis l’époque de la guilde d’exploration.

- (Macronium) Je… je suis désolée !! *snif* Je sais que tu me détestes, je voulais juste que tu saches que plus jamais… au grand jamais, je ne te traiterai comme quelqu’un de perdu à qui il faut ordonner quoique ce soit ! J’avais juste… *snif* peur de te perdre à nouveau !!

Le type eau était bouche bée. Il voulait lui répondre et il allait trouver la force de prononcer une phrase. Une simple phrase qui exprimerait beaucoup en si peu. Hélas, le terrifiant personnage se laissa doucement atterrir juste en face de lui. Il cachait à Carabaffe la vue de sa sauveuse. Il cachait à Macronium la vue de son protégé.

- Que c’est touchant. Je prendrai bien quelques larmes, pour accompagner tout le sang qui coulera ce soir.

À nouveau, Carabaffe baissa la tête. Mais Macronium…

- (Macronium) FERMEZ-LÀ !!!

L’affronta sans hésiter. Le cœur du type eau se mit à battre la chamade, il n’arrivait pas à croire ce qui était en train d’arriver, et ressentait autant d’admiration que de crainte envers ses amis.

- (Macronium) JE N’AI AUCUNE IDÉE DE QUI VOUS ÊTES ET JE M’EN COGNE, BARREZ-VOUS DE MON CHEMIN OU VOUS AUREZ À FAIRE À LA DREAM TEAM !!!

- J’ai tout intérêt à rester, donc.

- (Dracaufeu) Macronium… *tousse* n’approche pas… !

Les regards se tournèrent vers le dragon blessé, qui lentement usait de ses dernières forces pour se relever.

- Toi. J’ai tant souhaité te féliciter en main propre, pour le miracle que tu as créé. Abattre le pion le plus important de mon échiquier et réussir à devenir le Pokémon le plus détesté du monde dans la foulée… même ça, je ne l’avais pas anticipé ! Je saurais me souvenir que tu as participé à l’éradication totale des explorateurs !

- (Dracaufeu) … C’est bien ce que je pensais.

Disait-il, en se remémorant une vieille discussion avec Roitiflam.

« - (Roitiflam) Je te confie un petit secret, quelque chose que même Simiabraz ne sait pas, quelque chose qui restera entre nous… je ne suis pas le véritable chef de la DDR. Quelqu’un tire les ficelles en cachette, si je peux reprendre l’expression. On l’appelle le boss, et personne ne semble réellement le connaître. Lui a déjà confronté Pharamp, mais il n’a pas eu de chance. Heureusement il s’est enfui, et c’est aujourd’hui grâce à lui que j’ai ce travail, ces responsabilités, cette influence, ces pouvoirs, ce poste. Et aujourd’hui… je te laisse l’opportunité de saisir une telle chance. »

Il n’avait plus aucun doute, désormais.

- (Dracaufeu) Vous êtes le boss de la DDR !

- Oh… ! Il t’a parlé de moi, n’est-ce pas ?

- (Lucario) Le… le boss… ? Roitiflam n’était pas à la tête de l’organisation ?

- (Macronium) Ça ne change rien, puisque l’organisation est foutue !!

Soudainement, de robustes lianes sortirent du sol et s’enroulèrent autour le boss. Tout le monde regarda la star avec de grands yeux.

- (Macronium) Allez, on s’bouge !!

Puis tous se mirent à agir comme elle. Alors que Dracaufeu chargea une boule de feu, Laporeille se propulsa et frappa de toutes ses forces son adversaire avec ses bottes, avant de prendre du recul pour laisser Lucario tirer avec son canon à explograine. La première explosion renversa Carabaffe, alors la seconde, lancée par un cracha surpuissant du dragon de feu l’envoya valser sur plusieurs mètres. Et le boss se prit tout de plein fouet.

Hélas…

- Il suffit.

Il n’attendit pas même que le nuage de poussières engendré par l’explosion se disperse, pour contrattaquer sans se retenir. Premièrement, il se détacha des lianes de la type plante aussi facilement que si il s’étirait. Ensuite, il s’envola et prit de la hauteur sur ses cibles, qu’il visa d’un doigt de sa main jaune.

Et soudainement, le tonnerre s’abattit sur la Dream Team. Personne ne put l’esquiver, et tout le monde fut mis à terre dès ce premier coup. Il n’y avait aucun nuage, c’était comme si l’orage s’était téléporté. Cela semblait l’amuser, en tout cas un furieux orage domina le territoire. Le boucan était monstre, pourtant, le rire du boss transperçait l’esprit de tous ses adversaires. Lucario et Laporeille étaient inconscients, Dracaufeu paralysé par la douleur, semi-conscient et à moitié sourd tandis que Macronium…

- (Macronium) Ce… ce n’est pas terminé… !

Macronium se releva. Elle souffrait encore de ses précédentes blessures et le tonnerre l’avait presque achevé. Mais elle refusait de rester à terre, même si elle attira l’attention du boss qui arrêta de rire.

- Comment… ?

- (Macronium) Je… je ne baisserai jamais les bras !

Le boss descendit à son niveau, la pointant de sa main rouge.

- Qu’il en soit ainsi.

Elle ferma les yeux et crispa les dents, se préparant à encaisser une dernière attaque. Dracaufeu voyait flou, mais il reconnaissait cette figure verte parmi tout ce chaos. Il lui tendit la main, tremblant aux portes de la mort.

- (Dracaufeu) M… Macronium… !

Il ne pouvait pas la sauver.

Plus personne ne le pouvait.

Du moins c’est qu’il pensa, lui qui s’apprêtait à claquer des doigts pour éradiquer les insectes qui lui bloquaient le chemin. Hélas, quelqu’un s’interféra. Quelqu’un qui mit du temps à arriver, quelqu’un qui marchait tout aussi lentement que silencieusement. Il avait la tête baissée, le regard incertain, la boule au ventre. Il titubait presque, en même temps, il venait de perdre un combat.

Pourtant, il était debout et il continua d’avancer. Macronium le fixa avec de grands yeux globuleux, incapable d’exprimer le mélange de crainte, d’angoisse et pourtant d’euphorie qui la traversait. Parce qu’il avait fait son choix. Qu’il soit bon ou non, Carabaffe avait fait son choix.

Un choix… qui fut celui de faire face au boss de la DDR, tel le dernier mur protecteur de la Dream Team. Comme depuis qu’il fut embarqué dans toute cette histoire, il paraissait perdu. Pourtant…

- (Carabaffe) Non…

Il était bel et bien sûr de lui. Juste effrayé.

- Vraiment ? Veux-tu vraiment que cela se finisse ainsi, toi qui auras fait tant d’efforts pour survivre jusqu’à présent ?

Il tremblait, et le boss en rigola.

- De belles promesses, hein ? C’est ainsi qu’il t’a convaincu, enfin… si l’on peut appeler ça convaincre. Mes méthodes sont plus efficaces.

Il écarta tous les bras pour ne mettre en avant que celui qui supportait la poigne rouge.

- Et si je te tuais de la main d’un type feu ? Ne serait-ce pas déshonorant, pour celui qui jurait devenir le meilleur des explorateurs ?

Carabaffe le dévisagea une dernière fois, avant de simplement fermer les yeux. Il leva la tête vers les cieux, prit une grande aspiration, laissa le vent le rafraichir et détendit les épaules. Autrement dit, il fit le vide absolu dans son esprit. Tout était noir, comme si il flottait dans le vide intersidéral. Et pour la première fois de l’Histoire, sans même que lui ou celui qui le confronta le sachent, c’est lui qui provoqua le changement.

C’est lui, qui jugea cet instant être le bon. C’est lui…

- Soit…

… Qui provoqua la lumière.

*BOUM*

Comme prévu, l’explosion fut dévastatrice. Macronium s’était allongée, se couvrant le crâne avec les pattes en espérant de ne pas fondre sur place. La vérité, c’est qu’elle ne sentit rien du tout. Cela la choqua, à un point où elle rouvrit les yeux alors même que l’explosion n’était pas terminée. Elle tourna lentement le regard vers le type eau, dont la lumière laissa sa figure se déterminer en s’éteignant. Une figure qui avait changé en tout point.

Une véritable montagne de muscles, à la carapace plus imposante que le Pokémon lui-même. Deux mètres de hauteur, pour deux bras et jambes aussi robustes qu’un guerrier en armure. Mais lui était presque nu, maintenant que sa chemise d’hôpital s’était déchirée sous la pression de cette nouvelle apparence. Une apparence qui laissa, aux abords de la carapace, pousser deux identiques et gigantesques canons en acier. La tête, elle, semblait être devenue aussi solide que de la roche. Son regard s’était naturellement froncé, il ne pouvait plus être le jeune Carabaffe perdu. Non, il était devenu une bien meilleure version de lui-même. La meilleure de toute.

- (Macronium) Carabaffe… ! Tu… tu as évolué !

- Je ne suis plus Carabaffe…

Commença-t-il d’une voix nettement plus grave et confiante qu’autrefois. Il s’abaissa en fixant du regard le boss.

- ET IL VA FALLOIR FAIRE MIEUX QUE ÇA !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces, avant d’essayer ses canons en tirant deux surpuissants jets d’eaux. Des jets plus concentrés, plus rapides et précis qui frappèrent de plein fouet sa cible. S’était-elle laissée touchée, ou n’avait-elle vraiment pas pu l’esquiver ? En tout cas, elle arrêta de sourire après ça.

- Je vois…

Il ferma les poings et s’envola à une dizaine de mètres de hauteur.

- Très bien, tu as fait ton choix. Je suppose que tu me forces à offrir une seconde chance aux autres, dans ce cas… !

Il pointa de sa main rose Capidextre et, la seconde d’après, il ouvrit les yeux.

- (Capidextre) Hein… ? Qu’est-ce que… !?

Pendant qu’il se relevait, Métamorph et Léopardus reprirent également conscience.

- (Macronium) Il est capable de les soigner… !? Bordel, mais d’où sort ce type… ?

Puis il visa Flagadoss, toujours attaché à un tronc et qui, en prenant conscience de la situation, découpa psychiquement les cordes. Il approcha le reste de son escouade, choquée par l’ampleur des dégâts.

- (Flagadoss) Hé, est-ce que ça va !?

Demanda sincèrement le type psy, en approchant la créature qui le dévisagea avec le même air apeuré.

- (Métamorph) Et… et vous, que… que s’est-il passé !?

- (Léopardus) On… on a tout perdu… !? Ma dague… où est… !?

- (Capidextre) Tous les bouquins, toutes les recherches du boss… ! Ce n’est pas vrai… !

- Ne t’en fais pas, Capidextre, tout est en sécurité.

- (Capidextre) V… vraiment !?

- Oh que oui, et je t’offre… que dis-je, je vous offre à tous une chance à tous de pouvoir me suivre ! La condition… ? Réduisez à néant la Dream Team.

Les regards se tournèrent vers ce nouveau Pokémon, le dernier rempart de l’équipe.

- (Métamorph) C’est qui… ?

- (Flagadoss) … Carabaffe !? Oui, c’est lui, c’est le même esprit !

- (Capidextre) Hein… ? Il a évolué !? COMMENT !?

- (Léopardus) On s’en fiche !! Tuons-le maintenant !!

- (Capidextre) O… oui, tu as raison ! Allons-y !!

- Vous êtes désespérés à ce point… ?

Demanda les poings fermés le type eau, toujours aussi stoïque face à l’adversité.

- Il était sur le point de vous abandonner. Si je ne m’étais pas retourné contre lui, vous n’en seriez même pas à essayer de vous coordonner.

- (Flagadoss) On… ! Euh…

Le type psy essaya de répondre, mais se retrouva rapidement face à la réalité.

- (Flagadoss) Il… il a raison. On ne peut pas lui faire confiance…

- (Léopardus) Flagadoss, ça a TOUJOURS été comme ça !! Il est notre dieu, nous sommes ses serviteurs ! C’est rude, mais nous survivons ! C’est ça, notre bénédiction !!

- (Flagadoss) Je sais, je sais… ! C’est juste que, pour l’espace d’un instant, je… j’avais l’impression de…

Il cherchait ses mots, en dévisageant les survivants de l’escouade Anti-RS.

- Ce ne sera jamais le cas.

Hélas, le type eau l’anticipa avant tout le monde. Au regard que les autres lui firent, il semblait être le seul à avoir compris.

- Vous ne serez jamais la Dream Team.

Flagadoss crispa les dents.

- (Capidextre) Pour qui tu te prends… ?

Et Capidextre s’énerva, le pointant d’un doigt tremblant de rage.

- (Capidextre) Tu n’es plus personne, alors arrête de te prendre pour un héros !!

- Je ne suis pas un héros.

Sur ces mots, il se mit lui aussi à avancer. Mais lui ne s’arrêta pas, il comptait bien affronter la DDR à lui seul. Macronium, qui de seconde en seconde perdait l’adrénaline qui la maintenait éveillée, eut malgré tout la force d’écouter le discours de cette carrure assurée.

- Je ne vaux pas mieux que vous non plus, parce que ce qui nous différencie n’est pas de notre ressort. J’ai eu de la chance, pas vous. Maintenant, vous faites le choix de vous enfoncer… pas moi. Carabaffe était un Pokémon impulsif et perdu, il a failli commettre l’erreur de sa vie. Voilà pourquoi je ne suis plus Carabaffe. Qui suis-je donc ? Tortank, de Bourg-Tranquille. Ma famille… ? Elle est derrière moi, et elle a besoin de moi. Alors je la protègerai et… même si je ne suis pas à la hauteur…

Il s’arrêta, seul au milieu du champ de bataille entre DDR et Dream Team. La nature était ravagée. Les résidus de flammes continuaient de tomber telle une soirée enneigée, alors que la lune éclairait l’immense cratère à côté des personnages. L’atmosphère était animée par l’orage, qui continuait de tomber et provoquer un boucan atroce tout autour d’eux, et ce alors même qu’il n’y avait pas de nuages. Malgré tout, l’explorateur était confiant. Et le boss le fixa les poings fermés.

- (Tortank) Je n’hésiterai plus. Plus jamais.

Voilà un discours qui paralysa ses quatre adversaires, peut-être même les cinq. Ils n’avaient plus de répondant, si ce ne sont les griffes qu’ils sortirent tout de même par obligation. Le temps leur était compté.

En réalité… ils n’en avaient déjà plus.

Et ça, ils s’en rendirent compte lorsqu’un tonnerre s’abattit proche d’eux. La première fois, personne n’y accorda la moindre attention. Puis il se répéta au même endroit une, puis deux, puis une troisième fois beaucoup plus assourdissante que les précédentes. D’abord, seul Flagadoss y plaça son regard. Il semblait perturbé par quelque chose que seul lui pouvait sentir. Puis ce fut au tour de Capidextre, Métamorph, Léopardus et même de Tortank.

Lorsque le boss y plaça le sien, il écarquilla les yeux.

- Déjà… ?

Il fut le seul, à percevoir le regard qui l’assassinait dans la foudre. Un regard qui disparut la fraction de seconde suivante, pour apparaître face à lui, le poing en pleine figure. Cela créa un autre tonnerre, mais pas celui du boss. Une foudre bien plus naturelle, d’un jaune étincelant et qui contrasta violemment avec les autres couleurs installées par le terrifiant Pokémon. Il fut envoyé valser à une centaine de mètres, s’écrasant dans la forêt la plus proche dans une chute qui créa un impact monstre. Et tout le monde était sous le choc.

L’autre Pokémon ne savait pas voler, alors il se laissa retomber sur un nuage d’électricité. Il se trouvait derrière la DDR, qui lui bloquait le chemin vers la Dream Team. Tous se reculèrent, en constatant cette redoutable figure qu’ils n’espéraient jamais rencontrer dans ces conditions. Une figure qui se redressa les poings fermés et qui leur afficha un regard avide de vengeance. Sa combinaison noire et sa cape rouge volant au vent augmentaient sa corpulence héroïque. Les éclairs qui tournaient autour de ses gants et bottes le rendaient terrifiant à approcher.

Autrement dit, la DDR craignait le plus grand héros de tous les temps.

- (Capidextre) Ph… Pharamp… !!

- (Flagadoss) Non… pas lui… !

- (Métamorph) C’est… c’est celui que j’ai vu dans la vision, au sommet de tout le reste… ! Il… il est vraiment là !?

Tortank, de son côté, le fixa d’un air perplexe. Il voulait sourire mais n’y arrivait pas. Et Pharamp le constatait bien, car c’est lui qu’il regardait.

- (Pharamp) Carabaffe…

- (Léopardus) Les gars, on se ressaisit !!

Les regards se tournèrent vers l’assassin, qui s’avança pour donner de l’espoir aux autres, telle une cheffe d’équipe.

- (Léopardus) Il est fort, mais il est seul !! C’est forcément voulu par le boss, en fait, c’est à notre avantage ! Débarrassons-nous du plus gros morceau tout de suite !!

- (Flagadoss) … C’est vrai que l’âge d’or de Pharamp est loin derrière lui ! On a peut-être une chance… !

- (Capidextre) De toute façon, on n’a pas le choix ! Si on veut prendre le contrôle de cette société, il faudra bien se l’faire !

- (Métamorph) Oui, et puis on a compris ce qui ne marchait pas lors de l’assaut !

La créature se changea en Rhinoféros, se cognant les poings pour effrayer son adversaire.

- (Rhinoféros) On est une équipe, maintenant !!

- (Léopardus) ALLEZ, ON Y VA !!!

Ordonna-t-elle à ses coéquipiers, qui tous foncèrent vers leur adversaire avec la sincère conviction de gagner. Pharamp crispa les dents.

- (Pharamp) Hors…

Avant de se changer en éclair, se déplaçant à la vitesse de la lumière jusqu’à Tortank.

- (Pharamp) … DE MON CHEMIN !!!

Hurla-t-il, le poing en avant. Quand il posa les pieds à terre, il se trouvait bel et bien devant son ancien élève. Un élève bouche bée en constatant tous les criminels qui, dans le dos de son ancien maître… s’écrasèrent lamentablement sur le sol. Tous furent inconscients et paralysés, immédiatement maîtrisés par celui qui se montra à la hauteur de son titre.

Pharamp posa les mains sur sa carapace, l’air attristé.

- (Pharamp) Carabaffe, je suis désolé !

- (Tortank) Qu… quoi… ?

- (Pharamp) Tout… absolument TOUT est ma faute !! Jamais je n’aurai dû te délaisser, jamais je n’aurai dû choisir quelqu’un d’autre que toi et, d’une manière générale… jamais je n’aurai dû relancer le Test RS ! C’est ce qui a tout déclenché, et jamais je ne me le pardonnerai ! Alors je comprendrais que tu ne veuilles pas me pardonner non plus. Je te comprendrais totalement…

- (Tortank) Pharamp…

Il posa ses mains sur les siennes.

- (Tortank) Première chose, appelez-moi Tortank.

Et les retira doucement.

- (Tortank) Deuxième chose, ne soyez pas là pour moi.

Il tourna son regard en direction de la forêt vers laquelle l’explorateur avait envoyé valser le boss.

- (Tortank) Pour eux, je n’étais qu’un moyen de vous atteindre. Et bordel… quelle pression c’était, de supporter un poids aussi lourd. Alors être le numéro un, j’en viens à m’demander si…

Il hésita… puis nia d’un mouvement de tête, avant de le regarder droit dans les yeux.

- (Tortank) Je m’en fous. Qu’importent nos différents, si je m’en fous, alors ne vous tracassez pas avec ça. Nous sommes explorateurs, et on a un monde à sauver. Alors cassez lui la gueule, Pharamp, vous êtes le seul à qui j’peux demander ça.

En face, le numéro un avait les larmes aux yeux. Mais il se retint d’en faire plus et hocha simplement la tête.

- (Pharamp) Entendu, Tortank.

C’est alors qu’un brusque mouvement se fit entendre au loin, avant que la figure du boss se perçoive dans les cieux. L’explorateur s’avança.

- (Pharamp) La Dream Team a fait un travail formidable. Maintenant partez, je me charge du reste.

- (Tortank) Pharamp…

Ils s’échangèrent un dernier regard.

- (Tortank) … Ne mourrez pas.

Le silence régna quelques instants, avant que le numéro un ne lui lance quelque chose. Le type eau le rattrapa d’un air perplexe : il s’agissait de son badge d’explorateur.

- (Pharamp) Si tu savais tout ce qu’il te restait à découvrir… ! Ah, et ordonne à ton chef d’équipe de rester fort, tu veux ? Vous êtes tous les deux capables d’accomplir votre rêve, en fait, vous devez l’accomplir à deux. Alors restez fort, ce sera mon dernier conseil.

Exprimait-il sincèrement, avant de s’éloigner pour mener le combat de sa vie.

Tortank le fixa quelques instants, avant de soupirer et de s’éloigner à son tour. Il retourna auprès de son équipe… que dis-je, de sa famille. Macronium lui indiqua faiblement les poches de Lucario, dans lesquelles il trouva un dernier portail. Il les reconnut immédiatement et n’avait pas besoin d’explication. Il appuya sur le bouton et le jeta, laissant apparaître un grand nuage de fumée consistant qui, il le savait, ne durerait qu’une minute.

Il porta et jeta Laporeille, Lucario et Macronium de l’autre côté, puis se concentra sur le grand dragon qu’il devait porter sur sa carapace. Sentant le mouvement, Dracaufeu rouvrit doucement les yeux. Il fut trop en mauvais état pour avoir suivi le reste de la bataille. Ceci-dit, il le vit, et ce fut bien la dernière chose qu’il aurait aimé voir. Pharamp seul face au boss, alors qu’il était en train de se faire téléporter à une centaine de kilomètres des lieux.

- (Dracaufeu) N… non… !

Il tendit sa faible main tremblante.

- (Dracaufeu) Pharamp… !!

Le numéro un s’entoura d’éclairs et se prépara à combattre. Il tourna un dernier regard vers le portail, s’assurant que tout le monde était reparti. Il aperçut l’éclair rouge, son deuxième élève, son associé secret sans qui les quartiers pauvres n’auraient pas pu être protégés.

Et il lui sourit.

Puis… tout devint noir pour le chef de la Dream Team. Tortank avait traversé le portail avec lui, un portail qui se referma quelques secondes après leur passage. Pharamp était resté seul, et Dracaufeu… baissa honteusement le bras.

Il n’avait pas été à la hauteur.

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