Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 67 : L'effroyable tempête - Première partie

12239 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/05/2022 18:36

      Les lueurs orangées du soleil couchant rendaient la forêt dans laquelle Macronium et Carabaffe marchaient sublime à leurs yeux. Quand ils cherchaient leurs mots, ce furent vers les éblouissantes verdures qu’ils tournèrent leur regard, et l’atmosphère aidait à les détendre. Cela faisait maintenant dix minutes, qu’ils discutaient et se remémoraient de bons souvenirs. Ils s’étaient arrêtés en face d’un précipice, leur affichant une magnifique vue du reste de la forêt.

- (Carabaffe) Et donc cette lame feuille… ? Tu t’es inspiré de Massko, n’est-ce pas ?

- (Macronium) J’ai essayé. Lui arrivait à rendre les lames vraiment tranchantes, moi j’ai encore un peu de mal.

- (Carabaffe) Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Je veux dire, lui faisait ça pour attaquer sans forcément penser aux conséquences, mais ce n’est pas ton cas. Toi, tu te bats pour protéger autrui.

- (Macronium) Oui, c’est vrai que je ne cherche pas à blesser mortellement qui que ce soit. La vérité, c’est que je ne comptais jamais apprendre à me battre à l’épée. Une lame comme celle de Massko, je me disais que ça effraierait n’importe qui.

- (Carabaffe) Ce n’est pas le cas ?

- (Macronium) Certains ne reculent devant rien. Aujourd’hui encore, je m’entraîne auprès d’un épéiste renommé pour apprendre à affronter et vaincre des hors-la-loi à l’épée sans mortellement les blesser.

- (Carabaffe) C’est vrai… ? Bordel, t’as dû faire tellement de progrès. Et dire que… que je me suis éloigné parce que je pensais que tu n’étais plus digne d’être exploratrice.

- (Macronium) … J’ai mis du temps à comprendre ton point de vue.

- (Carabaffe) Tu n’avais pas à le comprendre. Aujourd’hui, c’est une décision que je regrette. J’ai été tellement égoïste, quel… putain d’idiot je suis ! On vit dans un monde où même les plus grands héros, prennent des décisions douteuses. Mais toi, tu es différente ! Tu es juste, droite dans tes bottes, incorruptible et à la motivation inébranlable ! Et au lieu de t’encourager à changer le monde à mes côtés… je me suis éloigné parce que je craignais que tu te blesses. Résultat, tu es devenue une bien meilleure exploratrice que moi, alors que ce n’est pas ton métier.

- (Macronium) … Merci, c’est gentil. Mais… je ne pense pas que tu sois devenu un mauvais explorateur. Tout ce que tu as vécu depuis notre séparation, ce n’était pas de ton ressort. Et surtout, tu peux encore changer… ! L’équipe RS est là, nous sommes tous là pour toi !

Carabaffe recula d’un pas.

- (Carabaffe) L’équipe RS… je ne souhaite qu’une chose, m’éloigner d’eux à jamais.

- (Macronium) Quoi… ?

- (Carabaffe) Macronium…

Commença-t-il, en serrant les poings.

- (Carabaffe) Je les déteste.

Avant d’affirmer cela en crispant les dents. Son interlocutrice écarquilla les yeux : cette expression, ce ton de voix, elle savait qu’il était sincère, qu’il était sûr de lui.

- (Carabaffe) Je déteste Pharamp, je déteste Mysdibule. Le premier m’a abandonné, la seconde n’a fait que me rabaisser chaque jour à ses côtés ! Tu parles de la meilleure équipe du monde, ils me regrettent tous les deux et sont incapables d’assumer leurs responsabilités !

- (Macronium) Je… je ne le savais pas.

- (Carabaffe) Et parce que j’aurai commis des délits dont je n’ai aucun souvenir, je me retrouve enfermé avec eux ! Je ne peux plus voir ma sœur, ils m’ont séparé de ma famille !

- (Macronium) Carabaffe… ta sœur est une meurtrière.

- (Carabaffe) Selon qui, à ton avis ?

- (Macronium) Tu… tu remets en doute de telles affirmations ?

- (Carabaffe) Tu voudrais que je les écoute sans rechigner ? Ils ont détruit ma vie d’explorateur, pourquoi n’essaieraient-ils pas aussi de s’en prendre à ma famille ? Je ne peux plus leur faire confiance, en fait, je ne pouvais me confier qu’à une personne, depuis que vous n’étiez plus là. Et c’était Carapuce.

- (Macronium) Vous… vous communiquiez ? Comment ?

- (Carabaffe) Je… euh…

Il recula d’un autre pas.

- (Carabaffe) … Tu comptes le dire à Mysdibule ?

- (Macronium) Carabaffe, dis-le moi tout de suite !

Le type eau hésita. Quel camp devait-il choisir, à qui devait-il faire le plus confiance, entre Macronium et Carapuce ? Il s’apprêtait à faire un choix, lorsqu’une explosion retentie à une cinquantaine de mètres. Une explosion de flammes, comme si un Pokémon feu avait contrattaqué à quelqu’un. Tous deux se tournèrent vers la source de l’impact, inquiets vis-à-vis de ce qui pourrait être la source.

- (Macronium) … (Est-ce que c’était Grotichon !? Peut-être qu’un Pokémon sauvage l’a attaqué !)

- (Carabaffe) … (Est-ce que c’était… un ami de Carapuce ? Non, ne me dis pas qu’ils viennent me récupérer ce soir !)

Aucun des deux ne virent juste. Hélas, Carabaffe était plus proche que Macronium de la vérité, et les buissons qui se mouvementèrent autour d’eux confirma sa théorie. Carapuce en sortit brusquement, surprenant et frappant dans le dos la type plante avant qu’elle ne puisse réagir.

- (Macronium) AAAH !!!

Hurla-t-elle, en tombant dans le précipice.

- (Carabaffe) N… non !!

Carabaffe tenta de la rattraper, mais sa grande sœur lui agrippa le bras pour le tirer vers la direction opposée.

- (Carapuce) Suis-moi, il faut faire vite !!

- (Carabaffe) Mais… !

- (Carapuce) CARABAFFE, FERME-LÀ ET SUIS-MOI !!!

Lui ordonna-t-elle férocement. Il écarquilla les yeux, resta immobile quelques secondes à l’idée qu’effectivement, il ne pouvait pas tout décider. C’est donc impuissant, qu’il se laissa tirer par sa sœur vers le point de rendez-vous que Roitiflam avait donné à son escouade.

Quelques secondes plus tard, une lame feuille se planta sur le rebord du précipice. Macronium en ressortit, l’air plus déterminé que jamais. Elle reprit son souffle en se redressant, décrochant sa lame du sol en divaguant son regard dans deux directions différentes. Que devait-elle faire ? Retourner au campement chercher de l’aide ? Approcher l’explosion de flames de tout à l’heure ou poursuivre Carapuce ?

- (Macronium) *souffle* (Mysdibule, je compte sur vous pour ne pas commettre l’erreur du siècle !)

Pensa-t-elle, avant de foncer en direction de la criminelle de type eau. Elle prit ce que Carabaffe lui avait dit en considération et, désormais, elle ne pouvait plus voir Mysdibule de la même manière. Et sachant qu’elle avait impliqué des enfants dans ce qui s’apprêtait à être un désastre total, elle n’espéra qu’une chose : que l’équipe RS avait un plan pour tous les sortir de là.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 67 : L’effroyable tempête – Première partie

 

Grotichon sursauta à l’entente de l’explosion. Lui qui se demandait pourquoi Nidoran ne l’avait toujours pas rejoint, il s’approcha en vitesse du bord de la plateforme sur laquelle il était resté toute la journée, au premier étage du Mont Terrociel. Le silence semblait être revenu, mais désormais, il n’était plus apaisant du tout.

- (Grotichon) … (Il faut que je retourne au campement !)

Se répétait-il en boucle, avant d’enfin prendre la décision de partir. Il rangea ses affaires, enfila son sac et se prépara à décamper. Mais à l’instant où il approcha le mur à longer pour arriver de l’autre côté du Mont, une lumière attira son regard. Une lumière chaude, si ce n’est brûlante qui lui fonça dessus à toute vitesse.

*BOUM*

Il fut douloureusement projeté en arrière, de retour sur la plateforme. Ses vêtement se mirent à brûler, tandis que sa peau se retrouva égratigné de ce qui s’avéra être une puissante boule de feu.

- (Grotichon) B… bordel, c’était quoi ça !?

Cria-t-il en se redressant, les larmes aux yeux. Il avait beau avoir une résistance naturelle à la chaleur, celle-ci l’avait férocement rongé.

- Déjà une grossièreté ?

Demanda une voix bien plus grave. Il se retourna en sursautant, levant la tête pour faire face à une imposante, très imposante figure le fixant de haut, depuis le deuxième étage du donjon. En voyant les robustes flammes qui entouraient son cou, l’adolescent comprit tout de suite qu’il était en face de son agresseur.

- (Grotichon) Qui… qui êtes-vous !?

La réponse qu’il eut le fit trembler, puisque son interlocuteur rétorqua en tombant jusqu’à son niveau. Le sol explosa à son impact, mais lui se redressa sans la moindre égratignure.

- Je suis Roitiflam, mais tu peux m’appeler papa.

Grotichon écarquilla les yeux. Tremblotant comme une feuille, il recula lentement.

- (Roitiflam) Voilà donc ce que tu es devenu ? Un grossier tas de gras, incapable de s’affirmer face à l’adversité ?

- (Grotichon) C’est quoi ce délire… ? Laissez-moi tranquille !!

- (Roitiflam) Je suis sincèrement navré, j’aurai aimé m’occuper de ton éducation. Tu es dans cet état par ma faute.

Arrivant au bord du précipice, le petit ferma les poings et crispa les dents.

- (Grotichon) Arrêtez, fermez-là !! Mon… mon père vit à Loliloville !

- (Roitiflam) C’est tout ce que tu sais de moi ? À vrai dire, c’est tout ce que Leuphorie savait.

- (Grotichon) Vous… vous connaissez ma mère !?

- (Roitiflam) Ta… mère ?

Il ferma les yeux un instant…

C’est après avoir entré le code, que la porte blindée s’ouvrit. Elle fut si lourde, épaisse, mécaniquement et électriquement sécurisée qu’elle mit bien une minute à leur laisser la voie libre. Une voie… vers le boss de la DDR. Déjà que le petit Machoc ne fut pas à l’aise, à traverser tous ces sombres couloirs aux murs tâchés de sangs séchés, alors à ce stade, il tremblotait carrément.

- (Roitiflam) Tu as froid ?

- (Machoc) Non, je… je n’ai juste pas envie.

- (Roitiflam) Hé…

Le chef s’abaissa à son niveau, posant sa main droite sur son épaule.

- (Roitiflam) Tout ira bien. Je te l’ai déjà dit, ton père ne te fera aucun mal.

- (Machoc) Il m’en a déjà trop fait, tonton. Je sais même pas pourquoi je continue de l’appeler « papa ». Le seul qui mérite ce titre, c’est t…

- (Roitiflam) Non, arrête !

Clama-t-il, en lui coupant la parole.

- (Roitiflam) Ne termine pas cette phrase, je ne veux plus jamais t’entendre dire une chose pareille ! Ton père est le boss de la DDR et personne d’autre, tu m’entends ? La famille biologique avant tout, n’oublie jamais ça.

- (Machoc) Mais… !

- (Roitiflam) Est-ce que c’est compris ?

- (Machoc) … Oui, tonton.

Marmonna-t-il, en baissant la tête. Il ne semblait pas convaincu, mais la porte termina de s’ouvrir. Et Roitiflam n’avait pas de temps à perdre, il avait une mission à mener à bien.

Avant de les rouvrir en soupirant.

- (Roitiflam) Je vois. Je suppose que je ne dois avoir aucun regret.

Il tendit la paume de sa main droite.

- (Roitiflam) Ma descendance a échoué, mais celle du boss persistera. Adieu, fils.

Soudainement, sa main entière s’enveloppa dans un torrent de flamme qui effraya sa cible. Mais il était bloqué et, de toute façon, paralysé par la peur. Terrorisé du fait qu’un criminel se trouvait face à lui, angoissé à l’idée qu’il puisse être son père et bouleversé face à une mort soudaine et inévitable, il ferma les yeux et se couvrit le visage en pleurant. Roitiflam le regarda une dernière fois… avant d’élancer sa puissante boule de feu.

Hélas, une roche s’interféra avant qu’elle n’atteigne sa cible. Cela la fit exploser en plein chemin, bousculant Grotichon dans le vide. Bienheureusement, il se rattrapa au bord en y plantant ses griffes. De son côté, le chef de la DDR tourna son regard vers là d’où fut lancée la roche. Mais personne ne s’y trouvait.

C’est alors qu’une figure apparut derrière lui et le frappa d’un coup de pied en pleine mâchoire, alors qu’il se retourna par réflexe pour tenter d’intercepter le mouvement. Il tomba mais se rattrapa d’une main, couvrant sa bouche ensanglantée de l’autre d’un air surpris. Agréablement surpris.

- (Roitiflam) Tu n’avais pas prévu ça, hein… ?

Il se releva, se retournant le sourire aux lèvres face à l’adversaire qu’il espérait affronter ici et maintenant.

- (Roitiflam) Un chef doit savoir mettre ses sentiments de côté, tu le sais mieux que quiconque. Alors pourquoi avoir voulu jouer la carte de la famille avec moi, Mysdibule ?

Cette dernière se mit en garde, l’air frustré.

- (Mysdibule) Cette éventualité me convient parfaitement, Roitiflam !

- (Roitiflam) Tant mieux, dans ce cas !

Exclama-t-il, en se préparant à son tour au combat.

Pendant ce temps dans la forêt, là où était survenue la redoutable explosion enflammée, Métamorph alors changé en Rhinoféros chargea brutalement sa cible. Mais l’éclair rouge le bloqua en l’agrippant par les épaules, le bloquant net en activant ses pouvoirs.

- (Rhinoféros) *gémissements* Comment… !? Comment un si petit gabarit peut résister à une telle puissance de frappe !?

- (Reptincel) … Métamorph, je présume ?

S’entourant de flammes, le type feu le souleva et l’envoya valser contre un arbre. Son adversaire était choqué.

- (Reptincel) M’attaquer en usurpant l’identité d’un Pokémon que j’ai déjà affronté, c’est culoté de ta part ! À moins que tu ne sois limité ?

Le criminel se redressa en crispant les dents.

- (Rhinoféros) Merde… ! Père, que dois-je faire !?

De son côté, l’ingénieur dans son Colosse Clairvoyant hésitait à attaquer.

- (Capidextre) Je ne comprends pas, comment peut-il être devenu aussi fort ?

- (Reptincel) Je ne suis pas plus fort, seulement préparé et calme. Votre folie ne m’emportera plus.

- (Capidextre) Hum… Roitiflam avait raison de ne pas te sous-estimer… !

À l’entente de ce nom, Crocorible tilta. Lui qui se faisait discret depuis l’arrivée de son sauveur, il approcha le champ de bataille et prit une dangereuse décision. Reptincel s’entoura de flammes, se préparant à encaisser une nouvelle charge de Métamorph. Celui-ci s’élança, mais avant qu’il n’atteigne sa cible, le catcheur entra en scène et le cogna d’une droite en pleine mâchoire.

- (Reptincel) Crocorible !?

- (Crocorible) Ne t’épuise pas à affronter ces guignols !

- (Rhinoféros) Comment oses-tu, espèce de sale… !

Se redressant sur le coup, Métamorph s’apprêtait à cogner son adversaire de plein fouet. Mais Reptincel cracha une boule de feu qui explosa sur son poing et le fit reculer, permettant à Crocorible de prendre de la distance en toute sécurité.

- (Crocorible) Merci, mais les vraies victimes de cet assaut ont besoin de toi ! Il y a des enfants ici, et Roitiflam compte s’en prendre à l’un d’entre eux ! Trouve-le et arrête-le avant qu’il ne détruise une vie de plus !

- (Reptincel) Des enfants… ? Si c’est le cas, Pharamp fera d’eux une priorité absolue.

- (Crocorible) Pharamp… ? Mais enfin, il n’est pas là !!

Le type feu écarquilla les yeux.

- (Reptincel) C’est… c’est une blague !?

- (Crocorible) Bien sûr que non, et c’est bien pour ça que la DDR a décidé d’attaquer ! Tout le monde est en danger, ce fameux gosse plus que les autres ! Voilà pourquoi tu dois l’aider !!

- (Reptincel) … Ok, mais vous devez venir avec moi ou ils vous tueront.

- (Crocorible) Désolé, mais ton attitude m’a convaincue !

Sur ses mots, il enfonça ses mains dans le sol.

- (Crocorible) Si j’ai le pouvoir de n’en retenir n’en serait-ce qu’un, alors il est de mon devoir de tout risquer pour y parvenir !!

Et violemment, le sol se mit à trembler.

- (Capidextre) Non… ! Mon grand, recule !!

Trop tard, le séisme avait déjà commencé. Métamorph fut emporté dans les gravats et s’enfonça dans les crevasses qui l’entourèrent et s’agrandirent de seconde en seconde. Le Colosse Clairvoyant bondit en arrière, empêchant à tout prix son armure de subir cette violente attaque qui marqua Reptincel. Si Crocorible l’avait utilisé face à lui, lorsqu’ils s’étaient affrontés, peut-être ne l’aurait-il pas emporté aussi facilement ? Sa puissance l’impressionna, mais il n’avait pas de temps à perdre. Il activa ses pouvoirs et fonça à toute allure à la recherche d’autres Pokémon en danger.

Il allait vite, mais les traînées enflammées qu’il laissait échapper à chaque mouvements annihilèrent toute tentative de discrétion. Peu importe, il ne craignait pas d’être vu. Le fait est que trois minutes après avoir quitté Crocorible, il sentit quelque chose lui foncer dessus. Il se retourna et esquiva de peu un caillou. Par réflexe, il cracha une boule de feu vers le buisson qui, le pensait-il, cachait l’auteur de cette attaque. Et il frappa dans le mille.

*BOUM*

- (Nidoran) Aïe !!

Cria le petit Nidoran. Pour Reptincel, sa voix n’était que celle d’un enfant, mais c’est exactement ce qu’il cherchait. Alors il approcha le buisson brûlé et le trouva à terre, en train de pleurer la douleur que lui infligeaient les brûlures de sa contrattaque.

- (Reptincel) Je suis désolé, je pensais que tu étais un ennemi…

- (Nidoran) M’approchez pas, espèce de gros nul ! *snif*

- (Sabelette) Nidoran !!

Sabelette accourut en panique, protégeant son ami en s’imposant face au jeune adulte.

- (Sabelette) Ne lui faite pas de mal !

- (Nidoran) Sabelette… ! *snif* Non, va-t’en !

- (Reptincel) Nidoran et… Sabelette ?

Leur tête couplée à l’apprentissage de leur nom l’immobilisa un instant. Le vieux souvenir de la lecture d’un journal lui revint, ça et tout ce que la présence de ces enfants-là impliquait vis-à-vis de Roitiflam.

- (Reptincel) Ne me dites pas… que vous êtes de l’orphelinat de Leuphorie ?

Le silence régna quelques secondes. Les deux petits s’échangèrent un regard indécis.

- (Sabelette) Euh… comment connaissez-vous… ?

- (Nidoran) Et qu’est-ce que ça change, hein !?

Cria le garçon, en se redressant d’un air enragé. Il bondit sur le type feu et tenta de lui mordre les jambes.

- (Nidoran) J’vais vous apprendre à nous attaquer… ! *mord*

Sa cible le fixa d’un air perplexe, il ne sentait rien.

- (Sabelette) Nido, arrête un peu…

Rétorqua son amie plus mature, en l’éloignant de leur interlocuteur.

- (Sabelette) Tu vois bien qu’il n’est pas méchant… !

- (Nidoran) Il m’a attaqué !

- (Sabelette) Non, tu l’as attaqué et il s’est défendu. En plus je t’avais dit de ne pas bouger…

- (Reptincel) Les enfants, s’il vous plaît.

Reptincel s’abaissa à leur niveau.

- (Reptincel) Des gens mal intentionnés sont ici, et mon rôle est de les arrêter. Le problème est qu’ils sont trop nombreux, alors je dois faire un choix. Est-ce que vous pouvez me dire si Gruikui est ici ?

- (Sabelette) Gruikui… ?

- (Nidoran) Ça fait des années qu’il s’appelle Grotichon ! Mets-toi à jour, gros naze !

- (Sabelette) Vous l’avez connu avant qu’il évolue ?

- (Reptincel) Oui, j’ai été gérant du temps où l’orphelinat se situait à Bourg-Trésor.

Là, les deux enfants se regardèrent bouche bée.

- (Nidoran) Hein… ?

- (Sabelette) Wow… alors vous aussi, vous avez connu Bourg-Trésor ? Nous, on nous en parle comme d’une légende !

- (Reptincel) Peut-on en revenir à ma question… ?

- (Sabelette) Pardon, euh… oui, il est ici !

- (Reptincel) Où ça ?

- (Sabelette) Ça, je n’en ai aucune idée. Je l’ai vu pour la dernière fois au campement.

- (Nidoran) Moi je sais où il est !

L’attention se porta sur Nidoran, lui et sa veine au front.

- (Nidoran) Mais je n’vous l’dirai pas !

- (Sabelette) Nido… !

- (Nidoran) Pour nous, c’est un inconnu ! Qui nous dit qu’il ne va pas s’en prendre à Grui !?

- (Sabelette) Parce qu’il s’en serait déjà pris à nous, idiot ! Réfléchit, il connaissait l’orphelinat avant nous !

- (Nidoran) Et s’il mentait !?

- (Reptincel) *soupir* Bon, je ferai sans.

- AAAAAH !!!

Hurla une voix féminine. Les deux petits sursautèrent, Reptincel se releva et fit face à la source du bruit. Une épaisse vague de vent les transperça ensuite, elle semblait s’être étendue dans toute la forêt. L’ancien gérant de l’orphelinat théorisa, mais pour les deux petits, cela ne faisait aucun doute.

- (Sabelette) Tarsal !!

- (Nidoran) Non, elle est en danger !!

Tous les deux se mirent à courir vers elle, même Sabelette fonça sans hésiter.

- (Reptincel) Les enfants !!

Embêté, le type feu tourna son regard dans de multiples directions. Si les enfants dont Crocorible lui avait parlé étaient ceux de l’orphelinat, alors le plus susceptible d’être ciblé par Roitiflam était évidemment Gruikui, enfin Grotichon. Il devait le retrouver sans attendre, mais d’un autre côté… il ne pouvait pas laisser ces jeunes seuls face à un membre de la DDR. Alors il prit la décision de les suivre.

Sage, très sage décision.

Car du côté de Tarsal et Vivaldaim, elles croisèrent la route du pire adversaire possible pour elles. Pas seulement un criminel, mais bien celui qui pendant toutes ces années, accumula une haine profonde pour ceux qui démasquèrent sa secte. Et cette haine, Flagadoss savait la transformer en puissance psychique.

- (Vivaldaim) Attention !!

Exclama la grande sœur, en bousculant sa protégée pour encaisser une vague psychique à sa place. Elle fut violemment projetée contre un arbre et s’en brisa les côtes, en même temps que le tronc s’abattit sur elle.

- (Tarsal) N… non, Vivaldaim !

Elle tenta de se relever, mais sa douleur crânienne s’accentua sévèrement. Crispée de douleur, elle ne pouvait qu’observer son adversaire approcher, un sourire narquois et terrifiant aux lèvres.

- (Flagadoss) Si vous saviez à quel point je suis content de vous revoir ! Ah ah ah !! Et dire que je n’aurais pas même le temps d’exprimer ma gratitude envers Mysdibule ! Dis-moi, tu m’as senti arriver, pas vrai ?

Demanda-t-il rhétoriquement, en utilisant ses pouvoirs pour renforcer sa douleur. Elle hurla, alors que sa propre puissance jaillissait de son corps telles de redoutables vagues de vents.

- (Flagadoss) Depuis hier, ton esprit doit te démanger ! Tu savais que j’étais là, tu ne voulais juste pas te l’avouer à toi-même ! Sombre idiote, il fallait être crédule pour penser que jamais nos chemins ne se croiseraient de nouveau ! Et maintenant, TOUTE ta pitoyable famille va y passer !!

Se moquait-il dans sa bulle. Il fut tant enfoncé dans son délire et sa vengeance personnelle, qu’à cet instant précis, il ne vit que la pauvre enfant qu’il torturait tant qu’il en avait le pouvoir. Autrement dit, les flammes de l’éclair rouge, il ne les aperçut que lorsque le poing de Reptincel était dans sa mâchoire.

- (Reptincel) DÉGAGE !!!

Hurla le type feu, en l’envoyant valser à une dizaine de mètres. Flagadoss mangea le sol et se racla le visage sur toute la longueur. Cela le déconcentra suffisamment pour que Tarsal soit libérée de son emprise psychique. Elle put reprendre son souffle, se tenant la corne rouge qui ne cessait de s’illuminer. Elle pleurait, ses larmes coulaient à flot. Mais ce n’était pas que de peur et d’angoisse, non, un autre sentiment s’accentuait de plus en plus en elle.

- (Nidoran) Tarsal !!

Nidoran et Sabelette arrivèrent, l’entourant pour s’occuper d’elle pendant que l’explorateur faisait face au membre de la DDR. Ce dernier se releva, la moitié du visage ensanglantée. Il semblait terriblement frustré.

- (Flagadoss) Salopard… ! POUR QUI TE PRENDS-TU !?

- (Sabelette) M… monsieur le maire… !?

Sous le choc de le revoir, la petite tomba en arrière. Nidoran écarquilla les yeux et se mit à trembler. Mais le type feu…

- (Reptincel) C’est donc toi, Flagadoss ? Les torturer à Bourg-Lavaley ne t’a pas suffi, espèce de psychopathe !?

- (Nidoran) … (Wow… ! Il… il n’a pas peur !)

- (Flagadoss) La DDR m’offre une chance de me venger… alors HORS DE MON CHEMIN, idéaliste de pacotille !!

Il tenta de le repousser avec ses pouvoirs psy, mais seules de futiles vagues de vents entourèrent Reptincel.

- (Flagadoss) Hein… !?

- (Tarsal) Non… !

Les regards se tournèrent vers Tarsal, qui lentement se releva. Sa tête était baissée, sa corne, en revanche, s’illuminait plus puissamment que jamais. Elle crispait les dents et serrait les poings… avant d’avancer lentement vers son adversaire.

- (Tarsal) Je ne te laisserai pas…

- (Reptincel) Tarsal… !

- (Tarsal) DÉTRUIRE MA VIE !!!

Hurla-t-elle de toutes ses forces, avant d’afficher un regard assassin à Flagadoss qui, soudainement, fut projeté très violemment en arrière. Les arbres l’entourant valdinguèrent, tandis que l’herbe et les feuilles des environs se mouvementèrent comme lors d’une terrible tempête. Nidoran et Sabelette s’envolèrent presque, tout du moins jusqu’à ce que Reptincel les rattrape. Il ne pouvait pas bouger, devant supporter une pression phénoménale sans même ne pouvoir respirer.

Puis… tout se calma lentement. Les feuilles retombèrent, le vent reprit son cours normal. Tarsal tomba à genoux, essoufflée et tremblante. Flagadoss n’était plus dans le champ de vision de personne, elle l’avait fait disparaître de rage. Sabelette approcha la première.

- (Sabelette) Tarsal… ? Est-ce que tout va bien… ?

Elle lui tapota le dos et reçut un hochement de tête.

- (Tarsal) Oui… *souffle* merci d’avoir été là.

- (Nidoran) C’est… c’est normal !

Nidoran approcha à son tour.

- (Nidoran) On se l’est promis, on sera tous là les uns pour les autres !

- (Tarsal) Oui, mais… c’était dangereux. Vivaldaim m’a protégé, et c’est elle qui… oh non, VIVALDAIM !!

Elle se tourna vers là où le criminel avait envoyé valser sa sœur, toujours inconsciente sous un tronc détruit. Reptincel le dégagea d’un vif mouvement, alors que les trois enfants entourèrent leur grande sœur d’un air inquiet.

- (Tarsal) Non non non… ! *snif* Vivaldaim, tu dois t’en sortir… !

- (Reptincel) Elle survivra, pas de panique.

Affirma-t-il en vérifiant ses points vitaux, avant de la prendre dans ses bras.

- (Reptincel) Allez, je vous ramène au campement. Quelqu’un peut m’indiquer sa direction ?

Sabelette le fit, et tous s’y dirigèrent d’un rythme plutôt calme. L’explorateur était pressé, mais il comprenait que Tarsal ait besoin de reprendre ses esprits.

- (Tarsal) … Merci, monsieur Reptincel. Je me disais bien que l’esprit que j’ai senti approcher plus vite que les autres, tout à l’heure, était amical. Pendant un instant, j’ai… j’ai craint que vous soyez de leur côté.

- (Reptincel) Pas moyen, tu n’as pas à t’en faire.

- (Tarsal) Hum… j’en serai à jamais certaine, désormais.

- (Nidoran) Alors vous vous connaissez vraiment !?

- (Tarsal) Bien sûr, Reptincel est le héros dont Bulbizarre te parle tout le temps.

- (Nidoran) QUOI !?

Là, le petit gars se mit à bondir dans tous les sens.

- (Nidoran) TROP BIEN !!! VOUS ÊTES UN SUPER GROS NAZE, EN FAIT !!!

- (Sabelette) Silence, Nido, d’autres méchants pourraient nous remarquer… !

- (Nidoran) Il s’en occuperait en un rien de temps !

- (Reptincel) Nidoran, est-ce que tu accepterais de me dire où Grotichon se trouve, maintenant ?

- (Nidoran) Ouais, bien sûr ! Il est au premier étage du Mont Terrociel, derrière un mur qu’il faut longer ! J’étais censé le rejoindre, mais on s’est mis à parler pendant des heures, avec Sabelette…

- (Reptincel) Merci. Je vous dépose au campement et j’y fonce !

- (Sabelette) Quoi… ? Et si d’autres gens malveillants arrivaient ?

- (Reptincel) L’équipe RS vous protègera.

Les enfants s’échangèrent un regard indécis.

- (Tarsal) L’équipe RS… ? Ceux qui nous ont emmené ici, face à des monstres pour ne pas être là quand on a besoin d’eux ?

- (Reptincel) Eux aussi sont victimes de la DDR, ne les blâmez pas. Mais ils sont plus fort qu’eux, alors pas de panique.

- (Tarsal) Bien… Tout ce que je souhaite, c’est que cela se finisse rapidement… !

Elle se tint douloureusement le crâne.

- (Tarsal) Je n’en peux plus, des douleurs du passé… !

- (Reptincel) Je suis désolé, Tarsal…

Mais il ne pouvait rien y faire. Il ne leur fallut que quelques minutes, pour regagner le campement. Les lieux étaient en parfait état, et à vrai dire, les Pokémon l’habitant ne semblaient même pas être au courant de ce qui était en train d’arriver. En tout cas, Arkéapti les attendait pour le diner. En apercevant Reptincel, il fronça les sourcils. Puis, il plaça son regard sur la blessée qu’il tenait. Et là, son inquiétude évolua en terreur. Lui qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, ceux qu’il se jura de protéger s’étaient fait attaquer par, comme il s’en doutait, la DDR.

- (Arkéapti) D… Dedenne ! Appelle les secours tout de suite !!

Lui ordonna-t-il d’une voix tremblante, en s’occupant de stabiliser l’état de la pauvre Vivaldaim. L’ingénieure de l’équipe fonça dans sa tente, là où tout le matériel électrique fut mis en place. Elle brancha une antenne lui permettant d’obtenir le réseau nécessaire pour communiquer avec Loliloville, il fallait juste attendre que la connexion s’établisse. Bulbizarre enlaça le reste de sa famille, horrifié à l’idée qu’il ne fut pas là pour les aider à confronter l’adversité.

Reptincel remarqua cette bienveillance familiale, puis tourna le regard vers le Mont Terrociel. Il restait un orphelin à sauver.

- (Bulbizarre) Flagadoss, sérieux !? Heureusement que vous avez réussi à lui échapper !

- (Tarsal) Sans monsieur Reptincel, jamais nous n’y serons parvenus…

Arkéapti crispa les dents, à l’entente de cette réponse. À quoi servait l’équipe RS ? À quoi lui servait ?

- (Bulbizarre) Monsieur Reptincel… ? Mais oui, c’était bien lui !!

Exclama certainement son plus grand admirateur, n’ayant même pas pris la peine de le dévisager après avoir vu l’état de sa grande sœur. Il pensa se tourner vers lui, mais il n’y avait plus personne.

- (Bulbizarre) Il… il est déjà parti !?

- (Nidoran) Il va chercher Grui, au Mont Terrociel !

- (Bulbizarre) Quoi, c’est Grui qui est là-bas !?

- (Nidoran) Bah oui, pourquoi ?

- (Bulbizarre) D’ici, on entend parfois des bruits sourds provenir de la montagne. J’espère qu’il va bien…

- (Sabelette) Euh… monsieur Arkéapti ?

Les regards se tournèrent vers Sabelette, qui regardait d’un air inquiet l’entrée vers la forêt. Une figure imposante s’en démarqua, alors que le bruit des mécanismes permettant au Colosse Clairvoyant de se déplacer attirèrent même l’attention de Dedenne.

- (Dedenne) Oh non, c’est Capidextre !!

- (Capidextre) Tiens donc, mais c’est qu’on m’accueille au grand nombre !

Clama-t-il, en tendant les bras dans sa machine qui répéta ses mouvements. Ses gigantesques poings métalliques bousculèrent deux arbres qui s’écroulèrent sous sa puissance de frappe. Dedenne était sous le choc de voir une telle arme, tandis qu’Arkéapti bondit jusqu’à s’interposer entre tous les enfants et le criminel.

- (Arkéapti) À l’intérieur, les petits !!

- (Capidextre) Tu veux m’affronter seul ? Je ne donne pas cher de ton plumage coloré, vieux piaf épuisé !

Comment était-il arrivé jusqu’ici et pourquoi était-il seul ? Revenons-en à Crocorible, qui en envoyant Reptincel sauver les enfants, se retrouva seul face à l’ingénieur et sa créature. Il provoqua une attaque séisme, qui enfonça Métamorph dans une crevasse tandis que Capidextre l’esquiva de peu de bondissant en arrière.

- (Capidextre) Mon grand !! Est-ce que ça va !?

- (Rhinoféros) *gémissements* Évidemment !

Exclama-t-il, avant de se retirer un débris du bras.

- (Rhinoféros) GUHHH… !!! (Bordel ! C’est donc ça, ce que ressentent les faibles !?)

- (Capidextre) Hé !!

Son père approcha la crevasse, tentant de le repérer dans la pénombre du cratère.

- (Rhinoféros) P… *souffle* Père, allez-y !! Ne vous occupez pas de moi, je vais me sortir de là !

- (Capidextre) Tu rigoles !? Je n’ai pas consacré des années de ma vie pour perdre dès le premier assaut ma plus grande création !

- (Rhinoféros) Je vous en supplie, laissez-moi une chance de vous prouver ce que je vaux !

- (Capidextre) Tu le prouveras quand on attaquera le campement !

- (Rhinoféros) Je vous le prouverai quand je vous rejoindrai le détruire !

L’ingénieur se tut un instant, sa réponse l’impressionna.

- (Capidextre) … Je… euh… je ne veux pas prendre trop de risques, mon grand.

- (Rhinoféros) Père, je sais à quel point cet événement compte pour vous ! Vous voulez montrer à la DDR vos talents et ma performance en fait partie, j’en suis parfaitement conscient ! Alors justement… ! Faites-moi confiance et chargez-vous d’une autre cible !

Il hésita.

- (Rhinoféros) Je vous promets qu’il ne m’arrivera rien !

Puis céda finalement.

- (Capidextre) Ok. Très bien, mais tu as intérêt à faire de ton mieux !

- (Rhinoféros) Ah ah ah, évidemment !!

- (Capidextre) Bonne chance, mon grand.

Et sur ces mots, l’ingénieur fonça en direction du campement. Crocorible était encore un peu paralysé par sa propre attaque et, de toute façon, de grands nuages de poussières lui cachaient la vue. Il savait que Capidextre lui échappait mais ne pouvait rien y faire. M’enfin, il avait déjà un sacré adversaire à affronter.

- (Crocorible) … *souffle* (Bon, c’est quoi ce bordel ? Un Pokémon capable de prendre plusieurs apparences ? Pour avoir tenté de m’attaquer sous celle d’un type roche, c’est qu’il ne doit pas avoir grand-chose de mieux sous la main. Ceci-dit… !)

Le cratère face à lui trembla de plus en plus, avant d’exploser sous la pression titanesque de la créature.

- (Rhinoféros) Crève !!

Hurla-t-il, la corne en avant. Crocorible l’esquiva de peu, s’abaissant pour passer entre ses jambes.

- (Crocorible) … (Je ne dois pas le sous-estimer !)

- (Rhinoféros) Où crois-tu aller !?

La créature tourna sur lui-même, attrapant et balayant d’un mouvement de queue sa cible qui se la prit de plein fouet. Il valsa sur plusieurs mètres et tenta de se relever, mais fut chargé, agrippé par la taille et plaqué au sol avant d’agir.

- (Crocorible) … (Merde, il est trop rapide… !)

- (Rhinoféros) T’es fini, c’est moi qui vais gagner !!

Il tenta de lui cogner le visage, mais le catcheur l’esquiva d’un mouvement de tête avant de dévisager son expression : naïve.

- (Crocorible) « C’est moi qui vais gagner » ? Mais t’as quel âge !?

- (Rhinoféros) Hein… ?

Déconcentré, son adversaire lui frappa la mâchoire et le déstabilisa suffisamment pour le bousculer avec ses jambes et se libérer.

- (Rhinoféros) M… merde !

- (Crocorible) Maintenant que j’y pense, Capidextre te parle comme un vrai bébé !

- (Rhinoféros) F… ferme-là !

- (Crocorible) … (Ça l’énerve vraiment ? Peut-être est-ce ma chance !)

- (Rhinoféros) Je dois impressionner mon père, alors tu vas crever sous mes coups et gentiment la fermer à jamais !!

- (Crocorible) Impressionner ton père ? C’est pour ça que tu fais tout ça !? TU PENSES QUE TUER DES ENFANTS TE GLORIFIERA !?

- (Rhinoféros) TA GUEULE !!!

La créature le chargea de nouveau, mais le Prédateur Carnassier l’esquiva dans une chorégraphie impressionnante, comme si il était sur le ring. Il prit ce risque en se doutant que son adversaire exécuterait les mêmes mouvements en boucle. Cela fonctionna et, qu’il le veuille ou non, le criminel s’en intimida.

- (Crocorible) Tu ne sais faire que ça !? Pointer ta corne en espérant qu’elle empale le premier qui te déplaît !? Navré de te l’apprendre, mais la plupart des gens que tu affronteras seront mobile, imbécile !!

- (Rhinoféros) Ça suffit, arrête ça !!

Fou de rage, il agrippa un arbre et le décrocha de ses racines. Il le lança sur Crocorible, qui courut vers lui et glissa au dernier moment pour esquiver le projectile, avant de se redresser, bondir et le cogner d’un uppercut dans le ventre. La créature tomba sur le dos, se retourna et vomit ses tripes. Puis, sa peau redevint visqueuse.

- (Rhinoféros) Quoi… ? Non !!

Sa voix plus aigüe, sa taille plus petite et sa carrure nettement moins impressionnante. Autrement dit, il redevint Métamorph.

- (Métamorph) N… non ! Je… je ne peux pas perdre comme ça… !

Mais avant qu’il ne puisse bouger, le catcheur le plaqua d’une patte contre le sol.

- (Crocorible) C’est terminé. Qu’importe quel Pokémon tu recopieras, sans l’expérience qui va avec, tu ne vaudras jamais rien.

- (Métamorph) Je… non ! Je vaux quelque chose, c’est mon père qui me l’a dit !

- (Crocorible) Quoi, Capidextre ? Ça suffit, sors de ta putain de bulle ! Il n’est pas ton père, mais ton créateur ! Il ne te considère pas comme un Pokémon, mais comme une arme !! PARCE QUE C’EST-CE QUE TU ES !!! UN PAUVRE OUTIL MANIPULÉ POUR DÉTRUIRE LA VIE DES AUTRES !!!

Métamorph baissa le regard et crispa les dents.

- (Métamorph) Non, c’est faux !!

- (Crocorible) QUELLE CAUSE CROIS-TU DÉFENDRE !? ON TE DEMANDE DE BUTER DES PUTAINS DE GOSSES, ET TU ACCEPTES SANS HÉSITER !!!

- (Métamorph) ET TOI, ALORS !? T’ÉTAIS ICI POUR NOUS AIDER, ESPÈCE DE TRAITRE !!!

- (Crocorible) JE FAIS ÇA POUR PROTÉGER MA FAMILLE !!!

- (Métamorph) ET MOI, POUR IMPRESSIONNER LA MIENNE !!!

- (Crocorible) TU N’AS PAS DE FAMILLE !!!

- Qu’est-ce que tu en sais !?

Exclama une voix extérieure à la confrontation, en y plongeant sans hésiter. Crocorible n’eut qu’à peine le temps de se tourner vers lui, que Flagadoss le frappa à l’arrière du crâne non pas avec ses pouvoirs psychiques, mais avec une épaisse branche qu’il avait récupéré de l’arbre que Métamorph avait décroché du sol. Il n’était pas habitué, cela se voyait. Mais l’effet de surprise l’aida à y parvenir : il assomma le catcheur sur le coup.

Le silence régna ensuite, seuls les souffles prononcés des deux criminels animaient le champ de bataille.

- (Flagadoss) Allez, debout… !

Clama l’adulte, en tendant une main au jeune qui n’en avait pas.

- (Flagadoss) Ah, euh… bon… !

Il le porta et le remit sur patte ainsi.

- (Métamorph) M… merci.

Gêné d’avoir été secouru, la flaque de morve garda la tête baissée un long moment, avant de lentement comprendre que Flagadoss aussi, avait échoué.

- (Métamorph) Wow… tout ce sang… ! Est-ce que ça va ?

- (Flagadoss) Oui oui, je me suis fait envoyer paître lamentablement. C’est moche à voir, mais… *soupir* il faut croire qu’on n’était pas si bien préparé que ça.

- (Métamorph) Alors on a perdu ?

- (Flagadoss) Pas forcément. Ça m’embête d’avoir à le faire, mais on doit aller aider les autres à accomplir leurs tâches. Paraîtrait-il que le travail d’équipe permettrait de tout accomplir ? En tout cas, c’est la moindre des choses qu’on puisse faire, si on ne veut pas être trop ridicule…

- (Métamorph) Hum… entendu.

Marmonna-t-il en baissant les yeux. Flagadoss tendit les paumes de ses mains aux alentours, tentant de discerner l’esprit d’un de leurs alliés par rapport à leurs ennemis. En cherchant vers Métamorph, il aperçut son expression simple, mais dévastée.

- (Flagadoss) … Ça va ?

- (Métamorph) Vous pensez que mon père me considère comme une arme ?

- (Flagadoss) Tu as été conçu pour servir la DDR, évidemment que tu es une arme.

Il ferma les yeux de honte.

- (Flagadoss) Mais ça ne veut pas dire qu’il ne t’aime pas.

Puis les rouvrit, l’air surpris.

- (Flagadoss) En fait, ton père est tellement mégalo que je suis certain qu’il te considère comme la prunelle de ses yeux. Au début, je le trouvais stupide parce que… bah déjà il l’est, ce troufion, mais surtout parce que l’attachement, c’est digne d’une équipe d’exploration. Mais nous, nous sommes des terroristes. On n’a pas à devenir amis, parce que c’est normal de ne faire que ce qu’on nous demande et de ne pas s’occuper des autres. Enfin c’est ce que je pensais.

Il dévisagea le corps inconscient de Crocorible.

- (Flagadoss) Si je n’étais pas intervenu, qui sait ce qu’il aurait fait ensuite ? Aidé les explorateurs ? Quelle ordure de traitre… !

- (Métamorph) Il m’a dit que mon objectif n’avait pas de sens.

- (Flagadoss) Oui, j’ai entendu. Vous hurliez, c’est comme ça que je vous ai repéré, d’ailleurs.

- (Métamorph) Hum…

- (Flagadoss) Hé, ne l’écoute pas ! Tu t’en fous de ce qu’il raconte, il n’a jamais cherché à te connaître !

- (Métamorph) C’est vrai…

- (Flagadoss) Et je sais de quoi je parle, c’est moi qui t’ai fait enfiler ton premier caleçon.

Blagua-t-il, et cela fonctionna. Métamorph rigola sincèrement, trouvant le lui du jour où il sortit de la cuve complètement idiot.

- (Métamorph) C’est vrai, ah ah ! Dites, maintenant que père n’est pas là pour l’entendre, je peux vous le demander ; pourquoi vous détestez-vous ?

- (Flagadoss) C’est un idiot fini.

- (Métamorph) Il m’a dit exactement la même chose de vous.

- (Flagadoss) Quoi !? Pfff… ! Il verra, mes pouvoirs psychiques l’impressionneront bien avant qu’il ne me montre quoique ce soit d’inimaginable, avec sa science à deux balles !

- (Métamorph) Euh… pareil, enfin en inversant « pouvoirs psychiques » et « science » dans la phrase.

- (Flagadoss) Non mais j’hallucine !!

À nouveau, ils rigolèrent ensemble. Ce fut bien la première fois, depuis qu’ils se côtoyèrent. Leur échec les avait rapprochés, ça et le fait que Flagadoss, qu’il l’assume ou non, était impressionné par la plus grande création de Capidextre, que lui était incapable de reproduire avec ses pouvoirs. Cette création était sous ses yeux. Il avait réussi à lui redonner le sourire et comprit, ce soir-là, qu’il s’agissait avant tout de quelqu’un dont il fallait s’occuper. Pas seulement Capidextre, mais bien toute la DDR. Pour vaincre une équipe, il fallait en concevoir une meilleure. Et cela ne signifiait pas seulement regrouper les plus puissants, Flagadoss avait commencé à le comprendre.

- (Flagadoss) Ok, j’ai trouvé Léopardus. On y va !

- (Métamorph) Attendez… où est Crocorible !?

Ils tournèrent leur regard dans tous les sens : le catcheur avait disparu.

- (Métamorph) Je comptais le tuer avant de partir !

- (Flagadoss) Hum… c’étaient donc ça, les deux esprits qui nous tournaient autour ? Plutôt discret, bien joué à eux.

- (Métamorph) Quoi !? Il faut les rattraper !!

- (Flagadoss) Non, Métamorph, on ne doit pas s’éparpiller. Vraiment, se séparer était une mauvaise idée, il faut qu’on se regroupe ! Tu auras ta vengeance plus tard, ne t’en fais pas. Quand ce monde sera notre, Crocorible ne pourra plus se cacher.

- (Métamorph) … Si vous le dites. Je vous suis, dans ce cas, allons retrouver Léopardus.

Ils quittèrent les lieux, faisant diminuer à chacun de leurs pas l’adrénaline qui coulait en Laporeille et Lucario. Tous les deux étaient cachés derrière des arbres non loin de là où la bataille eut lieu, l’exploratrice protégeant à ses bottes le catcheur inconscient. Ils purent reprendre correctement leurs souffles, transpirants à l’idée d’avoir fait face à pire que des hors-la-loi.

- (Lucario) Ça va aller, Laporeille… ?

- (Laporeille) Ouais… ! *souffle* J’aurai dû être plus discrète… !

- (Lucario) Non, non non, c’était super !

Il approcha et posa ses mains sur ses épaules.

- (Lucario) Tu as sauvé une vie, félicitation… !

- (Laporeille) Je… *souffle* je suis désolée de trembler comme ça, ça ne fait pas très héroïne. Le truc, c’est que… *souffle* j’ai rarement été confronté à des criminels, ça change de la concurrence à la guilde.

- (Lucario) Ouais, c’est clair, ah ah… ! Allez, il faut qu’on trace un chemin vers le campement. Les autres doivent nous attendre là-bas !

- (Laporeille) Ok, on fait ça vite !

Discrètement, ils rentrèrent à leur tour. Pour en revenir à celle que Flagadoss et Métamorph étaient partis rejoindre, l’espionne de l’escouade, elle était actuellement indétectable par ses cibles.

- (Sapereau) Allez, dépêche-toi !!

- (Mustéflott) Vas-y, je te rejoindrai !

Sapereau fonça, lui aussi, en direction du campement. Les deux membres de l’équipe RS se reposaient dans le lac, lorsqu’une explosion de flammes, un hurlement suivit de plusieurs vagues de vents mouvementées atteignirent leurs oreilles de plus en plus attentives. Ils sortirent et n’attendirent pas de sécher, le lapin s’en était même allé avec une serviette autour de la taille comme seul accoutrement.

Mustéflott, de son côté, prit un peu plus de temps pour quitter la zone. Il se sentait observé et ne voulait pas prendre le risque d’amener une menace vers les enfants. Il repensa à la paranoïa d’Arkéapti, se demandant pour l’espace d’un instant… si il n’avait pas vu juste depuis le début.

C’est alors que Léopardus bondit des buissons, le manche de son poignard dans la bouche. L’explorateur se retourna en pensant bloquer un corps : sa main gauche se retrouva transpercée par la lame. Il crispa les dents, mais se ressaisit rapidement et frappa de son autre poing l’assassin, qui retira son arme avant de prendre du recul.

- (Léopardus) … (Bon sang, quelle poigne… !)

- (Mustéflott) Bordel… !

Il serra sa main blessée et la recula, désormais inapte au combat. Malgré tout, il se mit en garde.

- (Mustéflott) Peu importe combien vous êtes ou quel est votre plan, vous allez regretter de vous en être pris à l’équipe RS !!

- (Léopardus) C’est marrant, on dirait que tu cherches à transformer la douleur en colère. Ce n’est pas la peine de cacher tes craintes, mon beau, on sait que votre précieux chef d’équipe n’est pas avec vous !

- (Mustéflott) Comment !?

Elle lui répondit en fonçant à la charge, prête à le poignarder de tous les côtés. Mustéflott l’esquiva, il anticipa chacun de ses coups mais n’osa contrattaquer. Au risque de rater, il donnerait à son adversaire une ouverture fatale. Tant qu’elle avait l’arme, il la joua défensif, alors elle avait l’avantage.

Et n’arrivant pas à le toucher, elle se servit pour la première fois du duel de sa longue queue en l’enroulant autour de son bras gauche. Cela le surprit et, par réflexe, il tira pour tenter de la dégager. Elle profita de sa force pour lui bondir dessus et prendre appuie sur sa main ensanglantée.

- (Mustéflott) AAAH !!!

- (Léopardus) Oh, mon pauvre…

Il tenta de la frapper pour la dégager, mais elle bloqua son coup en sortant les griffes. À nouveau, elle l’empala, cette fois de l’autre main et heureusement moins profondément. Mustéflott voulut hurler de douleur, mais profita du fait que la paume de sa main droite se trouvait face à la criminelle, pour y faire jaillir un puissant jet d’eau. La propulsion qui s’en dégagea envoya valser Léopardus suffisamment loin pour que sa queue lâche son bras. De plus, elle s’écrasa dans le lac.

- (Mustéflott) Tu vas payer, ordure !!

Exclama fou de rage l’explorateur, en plongeant à son tour dans ce qui était son terrain de prédilection. Là, il gagna un furieux avantage. Alors que la criminelle voyait ses mouvements ralentir, Mustéflott gagna une vitesse bien trois fois supérieure à celle qu’il pouvait atteindre hors de l’eau. Et il n’eut aucun répit. Coup de poing, coup de pied, coup de boule, retourné acrobatique, il utilisa tout son corps et se mouvementa dans tous les sens pour l’attaquer. Il prit appuie sur un mur et glissa à toute vitesse d’un bout à l’autre du lac, en la frappant à chaque fois qu’il arrivait à son niveau. Elle tenta de sortir de l’eau, ou au moins la tête pour reprendre un souffle, mais son adversaire la tira par la queue et la força à faire face à l’un des plus puissants Pokémon aquatique du monde.

Il la noya presque, avant de la cogner si fort qu’elle valsa hors du lac. Son pelage était aussi mouillé qu’ensanglanté. Elle tremblait, dans l’incapacité de se relever tandis que Mustéflott sortit en titubant, certes, mais il était debout.

- (Mustéflott) *souffle* Voilà… ! *souffle* Voilà ce qui arrive… quand on s’en prend à l’équipe RS !

Il s’approcha, la dévisageant de haut après avoir frappé dans sa dague pour l’éloigner aux cas-où. Mais la menace n’était plus de ce côté-ci. Soudainement, la gravité s’alourdie. Il tenta de résister, mais se retrouva rapidement à genoux.

- (Mustéflott) Merde… ! Qui… !?

- (Flagadoss) Qui ?

Flagadoss et Métamorph approchèrent.

- (Flagadoss) La DDR, voilà qui t’a vaincu.

Alors que le type psy immobilisait l’explorateur, la créature vérifia l’état de leur coéquipière.

- (Métamorph) Elle est en vie, mais en très mauvais état !

- (Flagadoss) Oui, c’est une habitude, chez ces prétendus héros. Ils ne font que se défendre, bien sûr, mais ils ne se privent pas de défouler toute leur haine sur nous. Ils savent qu’on ne pourra pas se plaindre.

- (Métamorph) Bande de salopards… !

Il s’approcha de lui. Mustéflott crispait les dents, il ne pouvait que le suivre du regard.

- (Métamorph) Vous me répugnez tous. Sérieux, t’es censé être un modèle pour les explorateurs ? Toi qui agis seul ? Toi qui blesses mortellement mes partenaires !? Flagadoss, je veux le tuer !!

- (Flagadoss) Va, mon grand, ton père sera fier de toi !

Il ne lui en fallut pas plus pour le faire se métamorphoser en Rhinoféros. Il n’avait pas beaucoup de forces, mais suffisamment pour planter sa corne dans le ventre de sa victime. Il le fit hurler, hurler de toutes ses forces, alors que son sang giclait sur leurs deux corps. Flagadoss annula la pression qu’il exerçait sur lui, et la créature le gifla si fort qu’il le renvoya dans son lac. Un lac qui lentement devint rouge. Et comme son deuxième mentor lui avait appris, il se lécha les babines, rapidement mouillées du sang qui coulait depuis sa corne.

- (Rhinoféros) Hum… celui-là est encore plus sucré.

- (Flagadoss) Oui, c’est normal, j’imagine que l’ancien Rhinoféros ne devait pas être nourrit aux gourmandises. Par contre, tu as visé l’estomac, pas le cœur.

- (Rhinoféros) Vous ne voulez pas qu’il souffre ?

- (Flagadoss) Hein… ? Ah… ah ah ah !! Ok, je l’avoue, celle-là je ne m’y attendais pas ! Là, c’est moi qui suis fier de toi !

- (Rhinoféros) Merci, Flagadoss. Vraiment, merci beaucoup.

Répétait-il en s’inclinant.

- (Flagadoss) Bah enfin, qu’est-ce que tu fais ?

- (Rhinoféros) Je… j’exprime simplement mon affection. Ça ne vous plaît pas ?

- (Flagadoss) Euh… tu le feras en me faisant à manger, d’accord ? Allez, lève-toi, on va aller rejoindre notre point de rendez-vous !

- (Rhinoféros) Entendu !

La créature se servit de sa forme musclée pour porter Léopardus dans ses bras, et suivit Flagadoss en direction de leur fameux point de rendez-vous, celui dans lequel ce dernier devra téléporter tout le monde hors d’ici. Ah, et avant de partir, Métamorph se souvint que la criminelle avait une dague. Il la trouva quelques mètres plus loin au sol. Il pensa à la récupérer, puis reprit la route.

Mustéflott continuait de se vider de son sang, seul dans l’échec.

Au même moment, Arkéapti se fit violemment encastrer dans le sol par le Colosse Clairvoyant. Les enfants étaient horrifiés, Dedenne angoissée. Elle frappa l’antenne à plusieurs reprises.

- (Dedenne) Allez !! Foutu réseau, pourquoi tu déconnes !?

Puis, un éclair de lucidité lui vint. Elle se tourna vers l’ingénieur d’en face et comprit le problème.

- (Dedenne) Hé, Bulbizarre !

Exclama-t-elle à l’enfant surexcité, tremblant à l’idée d’observer impuissant le vieil oiseau se faire massacrer.

- (Dedenne) Quand je t’en donnerai le signal, tu relanceras la machine en levant ce levier, compris ?

- (Bulbizarre) Quoi !? Qu’est-ce que vous comptez faire ?

Elle répondit en bondissant de l’engin, sortant de la tente alors que Bulbizarre y entrait pour se diriger droit vers Capidextre. Lui frappait sa cible à terre à répétition, il hurlait de rire alors que le sol craquelait sous l’impact de ses poings d’aciers. Arkéapti, de son côté, se refusait ni de pleurer, ni de perdre connaissance. Il encaissa tout en crispant les dents, se persuadant d’un côté qu’il le méritait et de l’autre, qu’abandonner les enfants qu’il avait emmené dans cet enfer serait la pire chose qu’il puisse faire.

Et cette persévérance amusa grandement le criminel.

- (Capidextre) C’est trop mignon, ah ah ah !! Tu penses que souffrir plus longtemps les épargnera !?

Il était dans son délire, complètement euphorique de la force que lui offrait sa machine. Autrement-dit, il fut tellement dans sa bulle que Dedenne grimpa dans son dos sans qu’il ne s’en aperçoive.

- (Sabelette) Qu’est-ce qu’elle fait… ? Elle va se faire tuer !

- (Tarsal) Du calme, ne prends pas le risque d’avertir notre ennemi…

Marmonna la petite type psy, en cachant dans son dos une main tremblante mais entourée d’une aura psychique. Comme elle le fit comprendre à Reptincel, elle n’avait plus confiance dans les compétences de l’équipe RS. Et donc, elle se prépara elle-même à intervenir.

Mais avant cela, Capidextre sentit de multiples décharges.

- (Capidextre) Aïe !! Mais enfin… !

Il consulta la base de données de sa machine, qui indiquait : Système endommagé, le réseau doit fermer pour regain de performances. Embêté, il leva la tête vers la tente qu’il avait repéré avant de se montrer, et qui recelait tout le matériel électrique de l’équipe RS. Dedenne n’y était plus.

- (Capidextre) *soupir* Je vois… ! Activation du système de défense électrique !!

Ordonna-t-il, avant que sa machine ne se mette à briller de multiples éclairs bleus. Dedenne se les prit de plein fouet, cria douloureusement et s’écroula dans les vapes. Tarsal, Sabelette, Nidoran et Bulbizarre s’en terrifièrent, alors que l’ingénieur la rattrapa avec l’une de ses mains mécaniques, qui de par sa taille avait la capacité de l’écrabouiller. Mais il récidiva la même erreur et la fixa d’un air hautin.

- (Capidextre) Pensais-tu sérieusement que ma machine avait une aussi ridicule faiblesse ? La dérégler avec de l’électricité ? On dirait que c’est toi, qui ne supporte pas les éclairs bleus qu’elle est capable de produire, hein ? Normal, j’ai réussi à créer le contre parfait aux pénibles comme vous !

Il commença à serrer le poing.

- (Capidextre) Merci de m’avoir montré que le Colosse Clairvoyant pourra résister aux attaques de votre Pharamp préféré !

- (Nidoran) M… madame Dedenne !!

Il allait l’écraser, lorsque Tarsal élança son poing vers lui. Une onde de choc psychique s’en dégagea et le bouscula, suffisamment pour lui faire lâcher sa victime. Dedenne tomba quelques mètres plus loin, alors qu’Arkéapti tourna difficilement un regard choqué vers les enfants.

- (Arkéapti) … (C’est elle qui… ? Bon sang, mais à quel point sommes-nous faibles !?)

- (Tarsal) Bulbizarre, lève le levier !!

- (Bulbizarre) Euh… ok… !

Paniqué, il écouta sa petite sœur et s’exécuta. Rien ne semblait se passer, tout du moins jusqu’à ce que la grande machine à côté de lui, celle sur laquelle l’antenne était posée, s’alluma en surbrillance par rapport au reste. L’écran installé dessus n’afficha qu’un message : position envoyée.

- (Capidextre) Quoi !? Non !!

Rapidement, le criminel visa la machine. Son poing se transforma en canon et sans hésiter, il tira un missile que le petit type plante esquiva en bondissant le plus loin possible de la tente. Cette dernière explosa, elle et tout le matériel électrique qu’elle recelait avec. Nidoran fonça aider son frère à s’éloigner des flammes, alors que le membre de la DDR se tint le visage de honte.

- (Capidextre) Ça ne sert à rien, le message a quand-même été envoyé… ! Merde… ! MERDE !!!

Il se tourna vers les enfants.

- (Capidextre) VOUS ALLEZ ME LE PAYER !!!

Il tenta de leur foncer dessus, mais Arkéapti s’agrippa à l’une de ses jambes dès qu’il passa près de lui. Il l’encombra un instant, un court instant avant de se faire agripper par la nuque.

- (Capidextre) Tu essaies encore de les protéger !?

- (Arkéapti) Ne leur fais pas de mal… !

- (Capidextre) Ouais, t’as raison, j’vais d’abord te briser la nuque pour leur montrer un avant-goût de… !

Soudainement, le sol sous ses pieds explosa. Sapereau en sortit, ses deux solides oreilles tournoyantes en forme de foreuses en avant. Il transperça un bras mécanique, celui qui tenait le vieil oiseau et que l’explorateur récupéra dans son saut.

- (Capidextre) QUOI !?

- (Sapereau) On a de la chance que tu sois aussi bavard…

Marmonna-t-il en déposant son ami aux côtés des enfants, avant de se renfoncer dans un tunnel. Brusquement stressé, Capidextre regarda tout autour de lui. La terre explosa un peu plus loin, là où Dedenne se trouvait. Mais l’ayant vu trop tard, il tenta d’anticiper son prochain mouvement et pensa qu’il reviendrait du côté des enfants pour y déposer le corps inconscient de sa coéquipière. Alors il se tourna vers eux et se prépara à y tirer un missile.

Mais Sapereau l’avait devancé, et sortit juste en-dessous du canon, le détruisant comme le premier avec ses oreilles.

- (Nidoran) Ouais !! Il a réussi !

- (Sapereau) Nidoran, attrape !

Exclama-t-il, en lui lançant Dedenne en plein dans son saut. C’était le risque à prendre, en attaquant avec elle dans ses bras. Mais bienheureusement, Bulbizarre l’aida à la réception avec ses lianes. De son côté, le lapin fit plusieurs saltos avant et prit de plus en plus de vitesse, avant d’écraser violemment ses oreilles dans la vitre qui le séparait de l’ingénieur. Bien évidemment, elle explosa sur le coup. Le bout de ses membres s’enfonça dans le siège adverse, pile entre les jambes de sa cible qui, désormais en détresse, le bouscula bêtement avant d’hurler :

- (Capidextre) ACTIVATION DU MODE RETRAITE !!!

Son siège éjectable décolla, hélas avant que l’explorateur ne puisse l’intercepter. Peu importe : il avait sauvé tous ceux qui se trouvaient au campement, et devint bien trop débordé par les blessures de ses amis pour s’occuper de poursuivre la DDR.

Après avoir vu tout cela, Bulbizarre ne pensait qu’à une chose : l’état de son grand frère.

Grotichon qui, de son côté, ne pouvait qu’observer impuissant le terrible combat qui se déroulait sous ses yeux. Cela faisait bien dix minutes, que Mysdibule et Roitiflam s’affrontaient de toutes leurs forces. Et malheureusement, l’exploratrice fut en bien plus mauvais état que le monstre dont les flammes jaillissaient plus vivement que jamais. L’adrénaline l’avait manqué, et il le prouva en déchaînant ses pouvoirs sur tout le terrain. Un pouvoir que la type acier ne pouvait supporter et qui, malgré ses multiples tentatives pour approcher et l’attaquer de front, lui imposa un désavantage furieux.

Les trois dernières minutes ressemblaient à une scène de chasse.

- (Roitiflam) C’est ça, cours pour ta vie !!

Rigolait-il, en projetant une énième boule de feu qu’elle esquiva en bondissant, yeux fermés et dents crispées. Elle s’écrasa quelques mètres plus loin, se prenant des résidus de flammes sur le dos et la chevelure. Essoufflée, elle tourna son regard dans tous les sens à la recherche d’un dernier recours. Elle attrapa une roche pointue, alors que le chef de la DDR approcha à grand pas. Il l’agrippa par la nuque et la souleva à son niveau.

- (Roitiflam) J’ai attendu ce moment pendant tant d’années. Pas seulement te tuer, mais te prouver que ta misérable arrogance méritait d’être corrigée. Tu m’as vaincu en m’handicapant la première fois, et tu espérais recommencer en utilisant mon fils contre moi ? Mets-toi à jour…

Il serra les poings, commença à l’étouffer d’une main pendant qu’il prépara la seconde à frapper.

- (Roitiflam) Je n’ai qu’une volonté à servir, et ce n’est pas la mienne.

Puis, il élança son coup. Un coup de poing visé en pleine tête et qui aurait dû la décapiter. Hélas pour lui, Mysdibule y planta la roche pointu au dernier moment, et Roitiflam hurla de douleur. Il la lâcha par pression, alors qu’il se tint sa main transpercée par le débris. Mais l’exploratrice, elle, ne comptait pas le lâcher.

Elle sauta et tourna sur elle-même, le frappant si fort avec sa chevelure aussi dure qu’une mâchoire de Crocorible qu’elle le renversa sur le dos. En atterrissant et alors que sa cible cherchait à se relever, elle attrapa une autre roche et sauta sur lui. Il tenta de la dégager avant qu’elle ne lui tombe dessus, mais elle esquiva son coup, agrippa son bras et y planta le second débris.

- (Roitiflam) *gémissements* Espèce de salle… !!

Elle ne le laissa terminer, en tirant son bras dans sa chute pour, une fois pieds contre terre, le soulever d’une force phénoménale pour l’envoyer valser contre un mur. Oui, un si petit corps parvint à porter un géant de cent-cinquante kilos. Grotichon écarquilla les yeux, Roitiflam était bouche bée. Mais il la referma rapidement, histoire d’encaisser le mur dans lequel il s’encastra de plein fouet.

Il en sortit et tenta de disperser, à nouveau, ses flammes sur tout le terrain. Mysdibule l’avait compris, et c’est bien ce qu’elle devait empêcher. Voilà pourquoi elle ne lui laissa pas le temps de respirer, en venant au contact en lui infligeant un sévère coup bas. Il cracha du sang, s’enrageant d’incompréhension.

- (Roitiflam) Comment… !?

Il tenta de l’attraper, mais elle s’abaissa et fit lever l’imposante mâchoire qui lui servait de chevelure pour encercler les deux mains de son ennemi. Pour rappel, cette mâchoire est faite de dents aussi grandes et tranchantes que des griffes des plus grands prédateurs Pokémon. Autrement dit, elle n’avait qu’à forcer, et Roitiflam perdrait ses deux mains d’un coup.

Malheureusement…

- (Roitiflam) Ça… SUFFIT !!!

Il hurla de toutes ses forces, et son corps s’enveloppa dans un torrent de flammes qui brûla même ses accoutrements. La lumière fut si aveuglante que même en fermant les yeux, Mysdibule et Grotichon se les égratignèrent. La puissance fut si redoutable, que même le fils du monstre, ayant une résistance naturelle au feu, cria de douleur en se sentant brûler, alors même qu’il ne faisait qu’observer à dix mètres du champ de bataille. Alors pour Mysdibule, qui à cause de son type acier ne résistait pas aux rudes chaleurs…

La fumée se dispersa lentement, après que le membre de l’orphelinat retrouva la vue.

- (Grotichon) M… Madame Mysdibule !?

Criait-il à répétition, en espérant qu’elle eut une dernière stratégie pour résister à ce qui s’avéra être un carnage total. Car face à lui, la roche et la terre étaient brûlées. Sévèrement brûlées, il entendait des morceaux de la montagne s’effondrer, certainement car leurs piliers continuaient de fondre.

Puis, une figure commença à se distinguer dans ce mélange de poussières et de cendres. L’adolescent écarquilla les yeux, en constatant que le monstre était encore debout. Sa peau rouge se démarqua du reste, une peau rouge qu’il voyait de la tête au nombril, des genoux aux pieds. Une peau couvertes de cicatrices, une peau qui avait annihilée presque tous ses vêtements. Une peau elle-même égratignée par sa propre attaque, mais une peau qui continuait de contenir toute la détermination de l’esprit qu’elle recelait. Roitiflam était là, certes essoufflé et blessé, mais toujours debout.

À ses pieds se trouvait l’exploratrice. Son corps entier était brûlé au second degré, certaines parties encore plus. Elle était inconsciente, à la désagréable surprise de son ennemi.

- (Roitiflam) Bordel, mais comment fait-elle… ?

Il posa un pied sur sa tête, s’apprêtant à l’écraser sur le coup.

- (Grotichon) N… NON !!! NE FAITES PAS ÇA !!!

Hurla l’adolescent de toutes ses forces. Sous ce ton, on aurait dit son père. Ce dernier se fit cette réflexion, en levant un regard perdu vers celui qu’il avait engendré. Grotichon le regardait avec terreur, tremblant à l’idée non pas qu’il se trouvait en face d’un terroriste, mais bien de son père biologique. Il avait les larmes aux yeux.

- (Grotichon) P… pourquoi !? *snif* Pourquoi vous faites ça, pourquoi vous… VOUS N’ÊTES PAS CAPABLE D’ÊTRE JUSTE UN PÈRE !?

- (Roitiflam) … Je suis désolé.

Marmonna-t-il, avant d’enrouler douloureusement son bras droit dans un torrent de flammes. Voilà sa plus grosse erreur : laisser ses émotions parler avant la volonté du boss. Car en cherchant à tuer son fils avant Mysdibule, certainement pour lui épargner cette vision d’horreur, il laisse à l’adversité une dernière chance de se relever.

Pas Mysdibule, non, mais il le découvrit bien assez vite.

Il jeta donc le torrent sur Grotichon qui, impuissant, se recroquevilla en pleure. L’attaque explosa, et le chef ferma les yeux en pensant avoir accompli le nécessaire. Hélas, c’est une autre figure qui se releva du torrent, une figure nettement plus confiante qui absorba lesdites flammes.

Roitiflam rouvrit les yeux en sentant le courant d’air sur sa peau blessée. Puis il écarquilla les yeux. Puis il crispa les dents.

- (Roitiflam) J’hallucine, quand vas-tu arrêter DE ME LES BRISER, BORDEL !?

Et de son côté, l’explorateur arrivé au dernier moment soupira, en éteignant ses bras enflammés qui avaient servis à encaisser l’attaque. Un Pokémon que Grotichon reconnu immédiatement, malgré le fait de l’avoir vu pour la dernière fois sur le Continent Sud, à l’époque où il ne se posait pas la moindre question sur ses origines. Aujourd’hui, tout avait changé. Pourtant, Reptincel était toujours là pour lui.

- (Reptincel) Désolé, j’ai failli arriver en retard… !

Chuchota-t-il à son protégé, en ignorant allègrement le monstre. Grotichon le regarda droit dans les yeux, pleurant à chaudes larmes en souriant timidement. Roitiflam ferma les poings, regroupant la force qui lui restait pour se battre une dernière fois.

Et l’assaut de la DDR sur l’équipe RS entama sa seconde partie.

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