Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 29 : L'orphelinat

17474 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/06/2021 18:48

Le Chemin Lisière, aussi rocheux qu’il fut, se faisait assurément calme ; lorsque qu’une robuste explosion vint alerter les Pokémon sauvages qui y habitaient. Un civilisé, vêtu tel un contrebandier, bondit vers la sortie en urgence. Il semblait vouloir fuir, portant sur son dos une imposante arme métallique.

Alors qu’il arriva à une intersection, sur la dernière ligne droite, Poussifeu lui bondit dessus et le bouscula d’un coup de boule qui lui fit arrêter sa course. Il tenta de se relever, mais un petit éclair le frappa brusquement dans le dos, et sa vitesse diminua à vue d’œil. Pikachu et Branette arrivèrent de l’autre côté, essoufflés.

- (Pikachu) *souffle* C’est terminé, Ratentif ! Rends-toi immédiatement !!

- (Ratentif) Et puis quoi, encore !? Cette arme m’a coûté une blinde, j’préfère me faire ensevelir sous un tas de roches plutôt que de vous donner tout ce qui m’reste !!

- (Poussifeu) Quoi ? Qui a parlé de t’abattre, nous sommes des apprentis explorateurs !

- (Ratentif) Je parlais de moi !

D’un mouvement lent, mais heureusement pour lui rapide à exécuter, il déclencha le levier de l’arme métallique, attachée dans son dos et duquel l’embout visait le plafond. Le réacteur s’enclencha, et l’équivalent d’une violente boule de feu fut projetée par cette redoutable arme surpuissante. Les trois adolescents ne purent rien y faire, et constatèrent avec horreur les environs s’effondrer sur eux.

- (Branette) Baissez-vous !!

Hurla le type spectre, en tentant le tout pour le tout. Il s’avança en crispant les dents, avant de baisser la tête, contracter tous ses muscles, et de relâcher de toutes ses forces ses puissants pouvoirs spéciaux.

Branette était le membre de la Dream Team, et même de l’équipe Renaissance à avoir les pouvoirs les plus redoutables. Contrairement à Salamèche, son corps ne se détruisait pas à leur utilisation, et contrairement à Carabaffe, il n’avait pas à s’entraîner physiquement pour maintenir le niveau. Ses pouvoirs se traduisaient par la création de deux immenses mains spectrales, sortant de son dos et capables de produire une force exagérément élevée. Par exemple, il fut capable de déplacer des conteneurs remplis de matériaux servant à la construction de l’orphelinat de Bourg-Tranquille à lui seul.

Et ce jour-là, Branette fut capable de contenir l’éboulement d’une partie du Chemin Lisière. Cela lui demandait une concentration intense, il en avait des difficultés respiratoires. Mais il y parvint, il parvint à sauver ses amis en déplaçant toutes les roches d’un coup sur le côté. Tout le monde fut sauvé… du moins, pensa-t-il.

Pikachu était à terre, toussant de douleur. Son pelage était légèrement noirci. Branette fonça à son secours.

- (Branette) Pikachu !? Que s’est-il passé, des roches t’ont touché !?

- (Pikachu) Quoi… ? Branette, c’est… c’est toi, qui m’a attaqué… !

Le type spectre écarquilla les yeux. Il entendit Poussifeu tousser à son tour, et tourna son regard vers elle. Blessées autant, si ce n’est plus que le type électrique, Branette comprit qu’il ne les avait pas sauvés. De l’éboulement peut-être, mais certainement pas de ses propres capacités. Ratentif, lui, était carrément inconscient.

C’est dans l’incompréhension la plus totale, que la petite équipe rentra à la guilde.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 29 : L’orphelinat

 

Branette tourna en rond, devant l’infirmerie. Il semblait ne pas y avoir bougé depuis le retour de cette mission certes réussie, mais aux circonstances étrangement catastrophiques. Eoko sortit enfin de la pièce, l’air surpris face à l’adolescent qui agrippa immédiatement son attention.

- (Branette) Comment vont-ils !?

- (Eoko) Wow, calme-toi. Ils ont juste reçu un méchant coup sur la tête. Il semblerait aussi qu’une sorte de rayon leur ait parcouru le corps, au vu du noircissement d’une partie de leur pelage. Mais tout sera comme neuf d’ici quelques jours, pas de panique.

- (Branette) Je peux les voir ?

- (Eoko) Bien sûr.

Il se dépêcha d’entrer. Pikachu et Poussifeu étaient tous deux conscients, avec quelques bandages mais visiblement déjà prêts à reprendre du service. Quand ils virent Branette, surtout dans son état d’inquiétude, ils lui apparurent tous deux conciliants.

- (Pikachu) Yo, mon pote ! Comment ça va ?

Son ami lui afficha un regard troublé par les sentiments.

- (Branette) Ne… ne m’affiche pas cette tête, Pikachu.

- (Poussifeu) Ne t’en fais pas, Branette. Tout va bien…

- (Branette) Mais que s’est-il passé, bon sang !? J’ai… c’est moi qui… ?

- (Poussifeu) Tu as fait de ton mieux pour nous protéger, ce n’est pas grave.

- (Pikachu) On n’aurait pas vécu bien longtemps, si tu n’avais pas été là.

- (Branette) Et alors ? Je ne comprends pas ce qui est arrivé, c’est la première fois que je… blesse mes alliés avec mes propres pouvoirs.

La porte de l’infirmerie s’ouvrit, et Argouste se précipita à l’intérieur.

- (Argouste) Poussifeu !! Merde, alors c’est vrai !

Il s’avança jusqu’à son lit pour vérifier son état. Cette dernière descendit et l’embrassa, lui affichant un grand sourire sincère.

- (Poussifeu) Ne t’inquiète pas, je suis en forme !

- (Argouste) Que s’est-il passé !? Pijako m’a dit que vous aviez été confronté à un bandit recherché pour avoir acheté une arme aussi dangereuse qu’illégale. C’est lui qui vous a fait ça !?

Branette baissa la tête de honte. Mais ses amis intervinrent avant lui.

- (Poussifeu) Oui. On aurait pu l’arrêter avant qu’il ne l’utilise, on n’a pas été très malin sur ce coup.

- (Pikachu) La prochaine fois, je ne viserais pas le dos.

- (Argouste) Bon sang… En tout cas, vous l’avez eu, félicitation.

Il se tourna vers Branette.

- (Argouste) Et toi, tu n’es même pas blessé.

- (Branette) … Je n’ai pas fait grand-chose.

- (Argouste) T’es modeste, tout le monde le sait.

- (Branette) Oui, je… je dois y aller.

Il quitta l’infirmerie sur ces mots, tête baissée, l’air perdu. Pikachu et Poussifeu s’échangèrent un regard d’inquiétude pour leur ami qui, certes faisait tout son possible pour être le meilleur des alliés, mais restait tout de même dangereux.

La journée toucha à sa fin, et l’heure des douches arriva. Branette y alla avec Salamèche, qui lui fit une demande lui vidant un instant l’esprit de cette mauvaise aventure.

- (Branette) Tu veux que je t’accompagne à l’orphelinat ?

- (Salamèche) Je n’y suis encore jamais allé.

- (Branette) … Comment est-ce possible ? Tout le monde est supposé avoir fait le tour de toutes les activités. Cela fait trois semaines que nous y sommes, quand même.

- (Salamèche) Je sais, c’est pour ça que j’ai besoin de toi. Je m’en veux un peu d’avoir fait tarder la chose, surtout que j’avais promis à un des enfants de bientôt revenir le voir. Mais j’étais tant motivé à apprendre les bases de toutes les autres activités, que j’ai finalement totalement oublié de me diversifier. J’ai perdu cinquante points pour ça, d’ailleurs…

- (Branette) Rude… mais mérité.

- (Salamèche) Hum… toujours aussi franc.

- (Branette) Mais j’accepte. Si je peux pratiquer une activité qui ne me demande pas d’utiliser mes pouvoirs, alors ça me va.

- (Salamèche) Pourquoi ? Il y a un problème ?

- (Moufflair) Poussez-vous, les merdes !

L’équipe Crâne arriva dans les douches, empêchant Branette de se confier à son chef. N’ayant pas envie de se faire entendre par ces collègues-ci, il se contenta de changer de sujet, le temps de terminer rapidement cette partie-là de la journée. Salamèche trouva cela étrange, mais comprit la volonté de son ami à ne pas vouloir en parler tout de suite.

En parlant de l’équipe Crâne, c’est elle qui fut chargée par Pijako d’emmener Ratentif sur la plage du continent, là où un bateau d’explorateurs avait été appelé pour l’emmener à Loliloville, le temps de son jugement. Cela se faisait régulièrement, en fait, à chaque fois qu’un hors-la-loi était arrêté par les apprentis de la guilde. Eux se plaisaient à cette tâche, notamment pour l’aspect domination qui y découlait.

- (Smogo) Allez, avanze, imbézile !

- (Ratentif) Me donne pas d’ordres, espèce de boule puante à la… !

Moufflair le bouscula.

- (Moufflair) Tu ferais mieux de nous écouter.

Il intimidait de par sa taille et sa voix. Ratentif se plia finalement aux ordres de l’équipe, qui ne manqua pas de lui rappeler ses faiblesses sur le trajet vers la plage.

- (Nosferapti) Sérieusement, défoncé par trois gosses, ah ah ! Tu pensais aller loin dans ta carrière, parce que là c’est mal barré !

- (Ratentif) Si je n’avais pas été surpris, j’me serais barré en deux deux, même avec un poids d’vingt kilos sur le dos !

- (Smogo) Pourquoi un minable comme toi avait une arme auzzi cool en sa pozzezzion ?

- (Ratentif) Parce que je ne suis pas aussi « cool » que cette arme, justement ! Je suis de type normal, je n’ai aucune capacité spéciale ! Avec un réacteur à boules de feu sur le dos, j’allais gagner en charisme à coup sûr !

- (Moufflair) Laisse tomber, tous les types normaux sont des merdes.

- (Nosferapti) Faut voir ceux qui sont à la guilde, déjà.

L’équipe entière rigola, en se moquant de Ramboum et d’Argouste.

- (Ratentif) Moquez-vous, mais si ce type spectre n’avait pas fait n’importe quoi avec ses pouvoirs, je les aurai tous massacré !

- (Nosferapti) Branette ? C’est cet associable qui a sauvé la situation ? J’ai encore plus envie de rire…

- (Ratentif) Il a « sauvé » la situation, ouais. Il a surtout blessé tous ceux qui l’entouraient en essayant de les sauver, moi compris. J’ai beau avoir fait un somme de plusieurs heures, je m’souviens parfaitement de ce qui est arrivé !

- (Moufflair) Attends… il a même blessé son équipe ?

- (Ratentif) Ouais, c’est dire s’ils pissaient le sang !

- (Moufflair) Intéressant… dis-nous tout ce qui est arrivé, exactement.

- (Ratentif) En échange de quoi ?

Moufflair le bouscula à nouveau.

- (Moufflair) D’un dentier en moins.

Et Ratentif parla. Il fut ensuite livré aux explorateurs, puis l’équipe Crâne retourna à la fondation se remplir la panse. Ils connaissaient la faiblesse de ce Pokémon si mystérieux, et ils comptaient en profiter, toujours dans l’objectif de se montrer plus fort que le reste des apprentis.

Le lendemain, Branette et Salamèche sortirent en direction de l’orphelinat. Le type spectre y était déjà allé une fois, mais il faisait peur aux enfants. Compréhensif mais démotivé, il ne s’y était plus dirigé depuis. Mais avec Salamèche qui, le savait-il, était aussi sociable que rapidement apprécié, il se sentit prêt à y remettre les pieds.

Ils arrivèrent devant l’entrée, entourée d’un petit jardin qui l’entourait entièrement. L’espace était grand et se concentrait sur deux étages. L’architecture en pierre et carrée de Bourg-Trésor fit le reste du charme.

- (Salamèche) Wow ! C’est le plus beau bâtiment du village !

- (Branette) … Tu trouves ?

La porte s’ouvrit dès lors, comme si quelqu’un les avait vu arriver depuis l’intérieur. Et effectivement, le petit Bulbizarre fonça, puis sauta dans les bras de Salamèche. Ce dernier l’attrapa sans hésiter, aussi heureux que lui de le retrouver en une si belle journée.

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche, vous êtes revenu !!

- (Salamèche) Tu as l’air en forme, mon grand !

Il lui afficha un grand sourire, presque les larmes aux yeux. Il tourna ensuite son regard vers Branette, puis sursauta et recula de quelques pas.

- (Branette) … Ravi de te revoir également.

- (Bulbizarre) B… bonjour, monsieur Branette.

Marmonna-t-il, en baissant la tête. Le type spectre semblait habitué.

- (Branette) Comment vous connaissez-vous ?

- (Salamèche) Il est venu à mon secours, après le naufrage du navire d’Octillery.

- (Branette) Vraiment ?

- (Salamèche) Oui, Bulbizarre est un héros !

- (Bulbizarre) Ah ah, mais non…

Il se remit à rougir.

- (Bulbizarre) B… bref ! Pourquoi vous avez mis autant de temps à venir, punaise !? J’ai vu toutes les têtes de la guilde, avant de vous revoir !

- (Salamèche) Je suis désolé, j’étais vraiment obsédé à l’idée d’apprendre parfaitement les activités qui me semblaient vraiment difficiles, comme l’agriculture, la gestion d’un bar, d’une infirmerie…

- (Branette) Tu parles en méconnaissance de cause.

- (Salamèche) Cet orphelinat ne peut pas être pire que celui dans lequel Mangriff a résidé.

- (Branette) … Bien vu. Mais aujourd’hui, tu seras à la place des gérants.

- (Bulbizarre) Ça va être trop bien !! J’ai tout plein de trucs à vous montrer !

- (Salamèche) Bien sûr. Mais avant ça, il faut que j’aille voir le ou la gérante de la fondation.

- (Bulbizarre) Maman ?

- (Salamèche) … Elle te laisse l’appeler comme ça ?

- (Bulbizarre) Tout le monde l’appelle maman. Venez, j’vais vous amener à elle !

- (Salamèche) Merci, Bulbizarre !

- (Branette) Je t’attendrais dans le salon.

Le trio entra, puis se sépara dès la première porte passée. L’intérieur semblait plus grand qu’il n’y paraissait, les couloirs étaient immenses. Salamèche suivit Bulbizarre en passant à droite. Il vit la grande salle à manger, les cuisines, puis s’arrêta devant la troisième pièce, juste à côté des escaliers menants au premier. Le type feu toqua par politesse, mais le petit cria « maman », puis entra avant même d’entendre la moindre réponse.

L’adolescent écarquilla les yeux, quelque peu gêné. Mais la porte était ouverte, et le Pokémon, la gérante de l’orphelinat lui apparut enfin en face de lui. Elle était assise derrière son bureau, elle et son air épuisé. Elle en imposait, mesurant le mètre cinquante mais d’une largeur respectueuse, sa peau rose et son visage simple laissait physiquement penser qu’elle avait une vie au même niveau.

- (Bulbizarre) Maman, y a un nouveau gérant !

- Hein… ? Oh, Bulbizarre, n’entre pas comme cela, voyons…

Elle ferma rapidement un dossier, puis tourna son regard vers le nouveau venu.

- Bien le bonjour. Mon nom est Leuphorie, et je suis la gérante de cet orphelinat.

Elle parlait d’une faible voix, aussi fatiguée que tremblante. Le type feu s’inclina.

- (Salamèche) B… bonjour, madame. Mon nom est Salamèche.

- (Leuphorie) Non, il n’est pas nécessaire d’être aussi poli, voyons. Salamèche, donc…

Elle sortit un nouveau dossier, qu’elle annota en son nom.

- (Leuphorie) C’est la première fois que j’entends ce nom.

- (Salamèche) Oui, c’est la première fois que je… navré, mais est-ce que tout va bien ?

Demanda-t-il en s’auto coupant la parole, perturbé par l’état de son interlocutrice. Cette dernière rigola doucement, tout en lui affichant un sourire forcé.

- (Leuphorie) Bien sûr, ah ah ! C’est chou de s’inquiéter, mais je t’assure que je suis naturellement comme cela.

- (Bulbizarre) Bah oui, je ne vois pas ce qui est anormal.

- (Leuphorie) Donc tu viens pratiquer pour la première fois l’activité de gestion de l’orphelinat. Oui, je me souviens, Pijako était furax que tu ne te sois pas pointé une seule fois en deux semaines.

- (Salamèche) Oui, c’est ce que j’avais cru comprendre…

- (Leuphorie) Bref, je vais te faire la visite du bâtiment et du règlement à suivre.

- (Salamèche) Branette peut le faire, je n’ai pas envie de vous fatiguer.

- (Leuphorie) Il est ici aussi ? Je dois le noter dans son dossier.

- Je peux m’en occuper, moi !

Exclama une voix aigüe, en entrant dans le bureau. Bulbizarre baissa la tête, Salamèche fronça le regard, connaissant parfaitement ce ton fourbe. Il s’agissait de Nosferapti.

- (Nosferapti) Ici, je suis bien plus qu’un apprentis explorateur, après tout.

- (Leuphorie) Oui, c’est vrai que tu t’es inscrit avant d’aller à la guilde. Ce fut très généreux de ta part !

- (Nosferapti) Enfin, vous le méritez ! Je me suis inscrit en sachant que des égoïstes d’apprentis ne viendraient pas vers vous avant un long moment.

Il bouscula légèrement le type feu sur ces mots.

- (Nosferapti) Bref, je me charge d’établir les règles.

- (Leuphorie) Entendue.

- (Nosferapti) Allez, bouge-toi un peu, l’nouveau !

Salamèche salua une dernière fois la gérante, puis quitta son bureau avec Bulbizarre, qui le talonna en ne faisant plus tant le malin. Nosferapti l’intimidait, et le type feu le savait.

- (Nosferapti) On va commencer par l’étage. Bulbizarre, va nous attendre dans le salon, veux-tu ?

- (Bulbizarre) Quoi… ? Non… !

Il ne voulait pas laisser l’adolescent seul, mais ce dernier lui afficha un grand sourire.

- (Salamèche) Ne t’en fais pas, je reviens vers toi tout de suite !

- (Bulbizarre) Hum… d’accord…

Ils se séparèrent, et les deux apprentis grimpèrent les escaliers. Un grand couloir carré les retrouva, entouré par de nombreuses pièces, dont une salle de bain, des toilettes et beaucoup de chambres. Mais Nosferapti s’en moqua. Dès qu’ils furent seuls, il bouscula et plaqua contre un mur son adversaire, s’imposant immédiatement dans ce domaine. Salamèche fut surprit, mais il se laissa tout d’abord faire.

- (Nosferapti) Tu veux connaître LA règle de cet établissement ? L’équipe Crâne est maître !

- (Salamèche) Pour qui vous prenez-vous ?

- (Nosferapti) La ferme !

L’adulte appuya de son aile sur le ventre adverse, ce qui énerva le type feu. Il l’attrapa brusquement par le cou, avant de retourner la situation à son avantage et de le plaquer au sol.

- (Nosferapti) Ah… ! Espèce d’ordure !!

- (Salamèche) Tu crois que je ne suis pas au courant de ce que vous faites à Bulbizarre !?

- (Nosferapti) Comme si son cas t’intéressait !

- (Salamèche) Tu ne me connais pas !

- (Nosferapti) J’en ai assez vu comme ça. En fait, c’est justement ça le truc : je ne t’ai pas vu du tout. Où étais-tu, ces deux dernières semaines, quand il pleurait presque tous les soirs en attendant ton arrivée ?

- (Salamèche) … !!

- (Nosferapti) Quel héros tu auras été, pour lui ! Mais ne t’en fais pas, je m’assurerais qu’il ne l’oublie pas, même quand tu dégageras de l’orphelinat !

L’adolescent fut déstabilisé un temps, et son adversaire en profita. Il projeta soudainement une rafale de vent, en intérieur, oui. Mais comme Salamèche était entièrement sur lui, l’attaque la heurta seulement. Il s’envola jusqu’au plafond, se cogna, puis s’écrasa sur le dos quelques mètres plus loin. Depuis son bureau, Leuphorie entendit un bruit brusque.

- (Leuphorie) Tout va bien, là-haut… ?

- (Salamèche) O… oui !! Ne vous en faites pas, je… je suis juste tombé !

Se pressa-t-il de répondre, en cherchant à tout prix à ne pas déranger cette femme si épuisée. Nosferapti en rigola.

- (Nosferapti) Ta compassion me répugne, tellement elle déborde d’une volonté de vouloir tout régler soi-même !

- (Salamèche) C’est ce qu’un explorateur devrait faire !

Exclama-t-il assurément, tout en se relevant.

- (Nosferapti) C’est ce qui te mènera à ta perte.

Et l’apprenti de type vol s’en alla sur ces mots. Salamèche le suivit, descendant rejoindre le reste des Pokémon présents dans cet orphelinat, dans le grand salon de la fondation. Ils étaient six, huit avec l’arrivée de Nosferapti et Salamèche. Deux d’entre eux étaient des gérants, évidemment Branette et Smogo, tandis que les quatre autres étaient les fameux enfants de l’orphelinat.

Le premier était Bulbizarre, le même que celui qui avait aidé le chef de la Dream Team, lorsqu’il mit pour la première fois les pieds sur le continent Sud. Depuis sa rencontre, il avait gagné en énergie, il semblait tellement plus enjoué au quotidien. Cependant, il baissait toujours autant le regard face à Smogo, Nosferapti voire aux autres enfants. Il était assis par terre, regardant d’un air attristé son « grand frère », debout sur le canapé et criant à tout bout de chant ses récents exploits. Le type feu s’approcha.

- Il a essayé de me sauter dessus, mais à peine bougea-t-il le petit doigt, que mon groin s’est enflammé ! J’l’ai pulvérisé !! Ce sauvage de chiotte est parti pleurer dans les jupes de sa mère, ah ah !

Il aperçut l’adolescent, et le dévisagea de bas en haut.

- T’es qui, toi ?

- (Salamèche) Je m’appelle Salamèche, et je suis un apprentis de la guilde.

Disait-il, en faisant de même. C’était un Pokémon cochon, rouge, noir et jaune de peau. Son aspect lui rappelait un autre Pokémon, mais il se força à ne pas y penser.

- C’est seulement maintenant que tu t’amènes ? Salamèche ? C’est nul. J’vais t’appeler le retardé, tiens. Moi, c’est Gruikui ! Et j’te préviens, faut pas m’faire chier !

- (Salamèche) J’imagine.

Il tourna son regard vers un autre enfant, une jeune fille qui le regardait discrètement depuis son arrivée dans la pièce. Ses yeux étaient cachés par une chevelure au bol verte, tandis qu’une sorte de corne arrondie rose brillait parfois d’un étrange éclat. Elle devait être de type psy. Le type feu lui afficha un grand sourire, et mit un genou à terre pour la saluer.

- (Salamèche) Salut, toi. Comment t’appelles-tu ?

- Euh… je…

Elle se couvrit soudainement le visage de honte. C’est alors que le dernier des enfants, la plus grande du lot, bondit presque en bousculant l’adolescent pour l’empêcher de s’approcher encore plus.

- Bas les pattes !! Elle est timide !

- (Salamèche) Ah… ? Bonjour… !

Ce dernier Pokémon était une jeune fille quadrupède, au teint saisonnier rouge et à la fleure crânienne jaune. Elle semblait beaucoup plus assurée que sa « petite sœur », qu’elle protégeait assurément.

- Elle s’appelle Tarsal, et moi, c’est Vivaldaim !

- (Salamèche) Je vois. C’est une famille très diversifiée, dites-moi !

- (Gruikui) Une famille, faut l’dire bien vite.

Le cochon de feu s’affala sur le canapé.

- (Gruikui) M’associe pas à ces minables, le retardé !

- (Vivaldaim) La ferme, sale porc !

- (Gruikui) T’as dit quoi !?

- (Salamèche) On se calme.

- (Vivaldaim) Ouais, désolée de t’avoir contredit. C’est vrai qu’on n’est pas de la même famille, avec ta sous-espèce plus utile dans une assiette qu’autre part !

Le type feu écarquilla les yeux, choqué par la vulgarité de ces jeunes. Gruikui s’énerva, et descendit du canapé.

- (Gruikui) Tu fais la fière devant l’nouveau gérant !? Espèce de pouffe, j’vais encore devoir t’apprendre qui est le grand frère !

- (Tarsal) Non… arrêtez…

Marmonna d’une voix très basse la plus petite. Bulbizarre remarqua que sa corne s’illumina d’un léger brin peu perceptible.

- (Vivaldaim) Je suis plus grande que toi !

- (Gruikui) Et moi plus fort !

Les deux petits se sautèrent dessus, mais Salamèche les bloqua net avant le premier contact.

- (Salamèche) Ok, ça suffit.

Sa sérénité et sa force furent immédiatement remarqué par les enfants. Tarsal releva la tête vers lui, et la lumière de sa corne s’éteignit petit à petit.

- (Gruikui) Lâche-moi, l’retardé !

- (Vivaldaim) Tu te crois où, ne t’mêles pas de nos affaires !

Salamèche soupira.

- (Branette) Je t’avais prévenu.

- (Salamèche) Tu crois que Carabaffe s’est montré patient ?

- (Branette) Ils sont encore sur pied, alors je suppose que oui.

- (Gruikui) Wow, arrête de m’ignorer !!

Exclama le cochon de feu, en cognant de plusieurs coups de boule son interlocuteur.

- (Gruikui) On en a vu passer, des apprentis obligés de nous garder ! Crois-moi, on a tous appris à les dominer !

- (Vivaldaim) Tous ceux qui ont tenté de régler nos problèmes à notre place se font tous plantés, alors on préfère te prévenir tout de suite : n’essaie même pas.

- (Salamèche) Je ne vous protège pas l’un de l’autre, j’empêche simplement votre mère de souffrir par votre faute.

Un silence se créa, les deux rivaux écarquillèrent chacun leurs yeux, s’étant attendu à toutes les réparties du monde, sauf à celle-là. Salamèche semblait avoir mis instantanément le point sur ce qui devait plus que tout les rassembler.

- (Vivaldaim) Quoi ? De quoi tu parles ?

- (Gruikui) Hé, le retardé, j’la trouve bien grande, ta gueule !

- (Branette) Bon, ça suffit.

Pris d’un brin soudain d’adrénaline, Branette s’approcha du groupe. Les regards se tournèrent vers lui, lorsqu’il afficha à tous un air effrayant, aussi froid et stricte qu’il pouvait être.

- (Branette) ARRÊTEZ IMMÉDIATEMENT !!!

Et son physique fit le reste. Tous les enfants crièrent de peur, et se réfugièrent derrière Salamèche.

- (Salamèche) … !?

- (Gruikui) Pourquoi il est encore là, lui !?

- (Vivaldaim) Qu’il parte, il nous veut du mal !!

- (Bulbizarre) … (C’est vrai qu’il est effrayant. Pourquoi être venu avec lui, monsieur Salamèche ?)

- (Tarsal) J’ai… j’ai peur…

- (Salamèche) Calmez-vous, les enfants, Branette est mon ami.

Il se releva sur ces mots, approchant le type spectre qui ne montrait étrangement aucune patience. Pendant ce temps, Nosferapti et Smogo rirent aux éclats.

- (Nosferapti) Superbe pédagogie, ah ah !

- (Smogo) J’l’aurais vu plus héroïque, ze prétendu héros, ah ah !

- (Salamèche) Branette, qu’est-ce qui te prend… ?

- (Branette) Je… *soupir* désolé, je suis un peu sur les nerfs, en ce moment.

- (Salamèche) Que se passe-t-il ? Depuis hier, je sens bien que quelque chose cloche.

- (Branette) …

- (Salamèche) Parle-moi, Branette.

- (Nosferapti) Je pense que ton ami a besoin de prendre l’air, Salamèche. Les enfants, que diriez-vous d’aller vous balader sur la plage, aujourd’hui ?

- (Gruikui) Oh ouais, carrément !

- (Vivaldaim) J’ai effectivement besoin de prendre le soleil.

Tarsal hocha la tête, Bulbizarre ne répondit pas.

- (Salamèche) Attendez, madame Leuphorie est-elle au courant de… ?

- (Smogo) Bah évidemment, gros naze !

La moitié des petits rigolèrent.

- (Gruikui) Ah ah, gros naze !

- (Nosferapti) Allez, on y va !

- (Salamèche) Attendez !!

Mais personne ne l’écouta, pas même Bulbizarre, qui se sentait obligé de suivre le troupeau pour ne pas être réprimandé. L’adolescent était complètement débordé, cette activité lui parut bien plus difficile qu’il ne l’aurait imaginé.

Branette, lui, resta un instant dans ses pensées. Il était effectivement plus sanguin que d’habitude, et ce à cause du problème d’hier. Aller à l’orphelinat n’était pas une bonne idée, et il le savait. Il prit ses affaires en soupirant.

- (Branette) Je rentre à la guilde, Salamèche.

- (Salamèche) Quoi… ? Branette !

- (Branette) Désolé, mais je… je dois réfléchir.

Il s’en alla sur ces mots, laissant son chef seul et inquiet de son état. Mais il avait autre chose à faire, surtout qu’il n’avait pas confiance en Smogo et Nosferapti. Et effectivement, en direction de la plage, les deux membres de l’équipe Crâne se regroupèrent dans leur coin.

- (Smogo) Bon, qu’est-ce qu’on fait ?

- (Nosferapti) J’sais pas, Branette n’était pas sensé partir. Merde, ça aurait été un coup de maître énorme ! Moufflair ne va pas aimer…

- (Smogo) Au pire, ça nous fera toujours une bonne image, de défendre ces mioches face à une invasion de sauvages.

- (Nosferapti) Ouais, enfin si on y arrive…

Au même moment, Moufflair brutalisait les Pokémon sauvages des zones proches. Il voulait les attirer sur la plage, et les faire prendre pour cible les enfants de l’orphelinat, afin de forcer Branette à utiliser à nouveau ses pouvoirs. Il avait effectivement entendu la conversation de Salamèche avec ce dernier dans les douches. Il savait que ces deux-là allaient se diriger vers l’orphelinat le lendemain, et s’était donc arrangé, avec les membres de son équipe qui faisaient partis des gérants de la fondation, pour mettre leurs coéquipiers, mais surtout leurs adversaires dans une merde infâme.

De son côté, Branette rentra démoralisé. Pijako le sut en entendant la machine l’identifier, et sortit de son bureau pour l’accueillir.

- (Pijako) Que fais-tu ici ? Tu as oublié quelque chose ?

- (Branette) Non, je… suis juste venu me reposer.

- (Pijako) Te… reposer ?

L’adolescent partit dans sa chambre, laissant le chef dans un instant de doute. Se moquait-il de lui ? Dans tous les cas, il le rattrapa et chercha par tous les moyens, de sa voix stridente, à le faire parler.

- (Pijako) Que crois-tu faire, Branette ? On n’abandonne pas une activité comme cela, pense un peu aux problèmes que vont rencontrer les gérants !

- (Branette) Salamèche est sur place…

- (Pijako) Et alors !? Tu laisses ton chef d’équipe faire ton sale boulot !?

Il le suivit jusqu’à sa chambre, tout en continuant de lui crier dessus.

- (Pijako) Motive-toi un peu ! Agir malgré ses problèmes personnels, c’est l’essence même de… !

- (Branette) C’est bon, j’ai compris, laissez-moi tranquille !

Exclama l’adolescent, en se tenant le crâne de douleur.

- (Pijako) COMMENT ME PARLES-TU, JEUNE HOMME !? TU VAS TOUT DE SUITE Y RETOURNER !!!

- (Branette) STOP !!!

Et soudainement, ses pouvoirs s’enclenchèrent. Depuis l’étage supérieur, Eoko et Argouste, qui s’était aujourd’hui dédié aux activités médicales aux côtés de la gérante, n’entendirent pas plus le terrible cri de leur chef, qu’ils ressentirent le puissant tremblement de terre qui s’en suivit. Ils foncèrent, paniqués, vers la source du problème.

- (Argouste) Bordel, qu’est-ce que c’était que ça !?

- (Eoko) Il fallait que le maître ne soit pas là aujourd’hui, sérieux… !

Ils arrivèrent dans le couloir des dortoirs, mais ne furent que plus surpris de ce qui s’y trouva : les corps blessés des deux personnages. Branette tremblait et transpirait d’angoisse, Pijako était inconscient, violemment blessé par une attaque qui lui avait noirci une partie de son plumage. Ils se dépêchèrent de les aider, mais Branette ne voulut être touché.

- (Argouste) Quoi ? Que s’est-il passé !?

- (Branette) Je… ! *souffle* Je ne voulais pas… !

- (Eoko) J’emmène Pijako à l’infirmerie, fais-en de même !

- (Argouste) Ouais, je m’occupe de Bra…

En lui parlant, Argouste fit l’erreur de tourner son regard vers celui qu’elle emmenait. Il vit la noirceur de son plumage, la même que celle que Pikachu et Poussifeu avaient sur le leur, le jour dernier.

- (Argouste) … Quoi ?

Il revint lentement vers Branette, et comprit que si ce dernier était à ce point essoufflé, cela était dû à une utilisation trop brusque de ses pouvoirs.

- (Argouste) … C’était toi… ?

- (Branette) … ?

- (Argouste) C’est toi qui as blessé Poussifeu, espèce de malade !?

- (Branette) Je… *souffle* je n’y suis pour rien, mes pouvoirs ont débordé… !

- (Argouste) Débordé !? TU APPELLES ÇA DÉBORDER !?

Il lui sauta dessus, enragé.

- (Eoko) Argouste !!

Eoko se précipita pour empêcher la dispute qui démarra, mais Branette était trop faible pour résister aux coups adverses. Il tomba immédiatement inconscient.

- (Eoko) Ça suffit !!

- (Argouste) C’est un danger public ! Je l’emmène dans les cachots, ouais !!

Il le tira par les pieds, toujours aussi fou de rage de savoir sa bienaimée blessée par sa faute. Eoko fut débordée par la situation, mais elle devait s’occuper de son chef avant tout. Elle laissa donc Argouste faire, espérant simplement qu’il n’aille pas trop loin.

De leur côté, les gérants et enfants de l’orphelinat arrivèrent sur la plage du continent. Salamèche gardait un œil peu aiguisé sur eux, encore troublé par l’état inquiétant de son ami. Il avait hésité tout le long à rentrer, il ne voulait vraiment pas le laisser seul après ce qui était arrivé. Mais la situation l’empêcha de prendre une décision finale.

Alors que les enfants jouaient plus ou moins chacun de leur côté sur l’étendu ensablé qui s’offrait à eux, un autre léger tremblement survint. Mais lui ne cessa pas immédiatement, en fait, il s’accentua de plus en plus.

- (Bulbizarre) Euh… c’est normal, ça ?

Tarsal tourna alors brusquement le regard vers les bois les plus proche, sa corne s’était légèrement illuminée.

- (Tarsal) … Ça arrive… !

Nosferapti et Smogo s’échangèrent un regard plus qu’incertain. Le plan se passait comme prévu du côté de Moufflair, mais Branette n’était pas présent. Et ainsi, le puissant barrage qu’il aurait dû faire en déployant ses pouvoirs, protégeant ainsi les enfants de nombreux Pokémon sauvages enragés et leur fonçant droit dessus, ne put se réaliser. Car oui, c’était le plan qu’avait conçu l’équipe Crâne, en espérant que les pouvoirs de l’adolescent fassent à nouveau dégénérer la situation, et blessent potentiellement plus les enfants que ce qu’auraient faits les sauvages.

Mais à l’heure actuelle, sans la présence du type spectre… eux aussi, étaient en danger.

La première partie du troupeau sortit de la forêt, déballant à toute vitesse la plate et large plage qui les faisaient voir de loin par tous. Les enfants crièrent de peur, Nosferapti et Smogo également. Salamèche, lui, courut vers ses nouveaux adversaires, s’adaptant du mieux qu’il put à cette menace improbable.

- (Salamèche) Allez vous abriter au village, je m’occupe d’eux !!

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche !?

Voyant que Bulbizarre et Tarsal ne bougeaient pas, Vivaldaim se tourna vers les deux membres de l’équipe Crâne, espérant qu’ils fassent quelque chose. Mais ces deux-là étaient déjà bien loin.

- (Vivaldaim) Qu’est-ce que… !? Bande de lâches !!

- (Gruikui) Reste pas là, imbécile !!

- (Vivaldaim) Tarsal, cours !!

- (Tarsal) N… non… !

- (Vivaldaim) … (Quoi !?)

- (Bulbizarre) Je ne vous abandonnerai pas, monsieur Salamèche !!

Sans le savoir, ces enfants rendirent la tâche de leur gérant bien plus difficile. Mais ce dernier ne perdit pas sa concentration une moindre seconde, il ne pouvait pas se le permettre.

Alors que les premiers sauvages arrivèrent, il cracha une boule de feu à leurs pieds, ce qui sépara la première ligne. Les deux suivantes furent gênées par la fumée et les résidus de sable qui s’envolèrent à cause de l’explosion, tandis que la quatrième fut surprise par l’arrivée soudaine du type feu au combat rapproché. Seul, il dégagea d’un coup de poing et pied deux d’entre eux. Il retomba sur le troisième, puis attrapa le quatrième, toujours dans sa course, avec sa queue qu’il enroula autour d’une de ses pattes. Il fut tout d’abord tiré vers l’arrière, mais planta très brusquement ses griffes dans le sol, le maintint un instant immobile, avant de carrément le faire changer de trajectoire et de le faire foncer sur d’autres qui arrivaient en meutes.

Certains passèrent tout de même, ils allaient atteindre Bulbizarre et Tarsal. Salamèche se releva en bondissant, crachant une boule de feu qui, en explosant devant eux, incendia les alentours. Cela créa une sorte de mur de flamme, faisant réagir leur instinct primaire et les stoppant donc brutalement dans leur course.

- (Salamèche) … (Mes attaques spéciales sont très peu puissantes, en dehors de celles qui me détruisent le corps ! Ce mur s’éteindra dans quelques secondes. À cette vitesse, ils seraient passés sans la moindre brûlure, je devais jouer sur leurs instincts de sauvages… !)

Pensa-t-il, en retombant de son saut. Il attrapa les cornes d’un sauvage en plein vol, s’écrasa sur son dos et le força à prendre une autre direction en le tirant de cette manière. Il le fit foncer sur une autre ligne comme cela, fit un salto arrière avant l’impact, et l’esquiva ainsi. Essoufflé mais toujours aussi concentré, il fit face à la dernière ligne. Il frappa d’un puissant coup de poing le museau du premier qui tenta de le charger, mais fut pris de court par le second et le bloqua simplement. Sa vitesse le fit reculer sur plusieurs mètres, mais le type feu reprit le dessus, et d’un coup de boule qui blessa autant son crâne que celui de l’adversaire, il le déstabilisa suffisamment pour l’envoyer au tapis.

Un des sauvages s’apprêtait à lui tirer une roche pointue, et il le vit. Mais un autre, de type vol, le dépassa et s’apprêta à atteindre les enfants depuis les airs. Il se retourna, le visa à vue d’œil puis cracha une boule de feu. Elle toucha dans l’abdomen, mais fut suffisamment troublante, notamment grâce à l’explosion qui s’en découla, pour dévier la trajectoire du sauvage. Salamèche le regarda partir en reprenant son souffle, lorsque la roche pointue s’empala très violemment dans son épaule. Il cria de douleur et de surprise, se retournant rapidement pour envoyer une autre boule de feu, cette fois en pleine tête.

Le dernier des sauvages enragés s’effondra, et ainsi, Salamèche sauva la situation. Il enleva la roche de son épaule, essuya le sang qui coulait de son front, et reprit son souffle tout en toussant et crachant de la fumée, n’ayant pas l’habitude d’utiliser autant de fois en si peu de temps ses capacités spéciales. Le mur de flamme s’éteignit effectivement à ce moment-là, et les enfants purent s’approcher. Ils avaient tous beaucoup trop d’étoiles dans leurs yeux.

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche, vous… ! VOUS L’AVEZ FAIT !!

- (Gruikui) Il vient vraiment de… massacrer tout un troupeau de sauvages !? Il est trop cool !!

- (Salamèche) Non, Gruikui, je ne suis pas « cool » !

Lui cria-t-il presque dessus.

- (Salamèche) On ne tabasse pas les Pokémon sauvages, ce sont des êtres vivants, ÇA N’A RIEN DE COOL !!

Cette fois, il l’engueula assurément. Il faisait référence à la précédente histoire qu’il avait entendu de lui, dans laquelle il semblait avoir fait du tort à un pauvre Pokémon sauvage. Comme il venait de l’impressionner, il en profita pour essayer de lui faire passer un message, tout en essayant de faire évacuer l’adrénaline qui l’avait envahie.

C’est alors que la corne de Tarsal brilla à nouveau.

- (Tarsal) Ce… ce n’est pas terminé. Il y a encore quelqu’un… !

- (Salamèche) Quoi ?

Un autre objet piquant sortit alors brusquement des bois, comme s’il avait été lancé à une vitesse pharamineuse. Salamèche ne fut pas assez rapide pour l’esquiver, il se le prit en plein cœur et s’écroula au sol dans un dernier cri de douleur.

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche !!

Tous les enfants s’approchèrent d’urgence. Tarsal tourna son regard vers l’auteur de cette attaque, qui sortit lentement des bois d’un air insatisfait. Il s’agissait de Moufflair, mais aucun des petits ne le connaissaient.

- (Tarsal) Il est là…

- (Vivaldaim) Punaise, il en reste un… !

- (Gruikui) Attaquer d’aussi loin, quel lâche !

- (Bulbizarre) N’approchez pas !!

- (Moufflair) Bordel… et Branette n’est même pas là ! QU’AVEZ-VOUS FOUTU, BANDE D’INCAPABLES !?

Depuis l’entrée de Bourg-Trésor, Smogo et Nosferapti entendirent la voix grave et menaçante de leur chef d’équipe. Ils sursautèrent à nouveau, et reculèrent encore plus. Moufflair soupira, puis s’approcha du groupe.

- (Moufflair) Tant pis, je vais faire avec.

- (Gruikui) … ? Ce n’est pas un sauvage… !

- (Moufflair) Vous allez me suivre, les enfants.

- (Vivaldaim) Quoi !?

- (Bulbizarre) Qu’avez-vous fait à monsieur Salamèche !?

- (Moufflair) Endormi sur le coup avec une pique plongée dans un somnifère. J’aurai préféré lui éclater le crâne contre un arbre, mais il vaut mieux être vigilant, avec lui. Mais n’essayez pas de gagner du temps.

Il frappa d’une patte le sol, le faisant trembler sous son effrayante présence.

- (Moufflair) Je ne me répèterai pas. Suivez-moi immédiatement.

Les enfants s’échangèrent un regard incertain. Bulbizarre et Tarsal regardèrent Gruikui et Vivaldaim. Gruikui hésita, avant de lui-même regarder Vivaldaim. Tous les regards furent placés sur elle, tandis qu’elle tremblait face à cette menace qui, par-dessus tout, pouvait faire du mal à ses petits frères et sa petite sœur. Elle reprit son souffle, puis hocha la tête en s’avançant.

- (Vivaldaim) Bien, on… va vous suivre. Est-ce que l’on peut prendre Salamèche avec nous ?

- (Moufflair) Il est inconscient, il ne vous servira à rien.

- (Vivaldaim) …

- (Moufflair) … En fait, ça me fera un argument de plus. Prenez-le.

Et les petits s’exécutèrent. Bulbizarre et Gruikui portèrent leur gérant, tandis que tout le groupe fut emmené à l’autre bout de la plage du continent, vers une petite grotte sombre et instable.

Le soleil se coucha lentement, quand les esprits commencèrent à s’embrouiller, à la guilde. Ce qui était arrivé à Branette et Pijako se fit rapidement savoir de tous, et alors que le maître fut à peine mis au courant, Germignon se précipita dans les cachots de la fondation.

- (Germignon) ARGOUSTE !!!

Hurla-t-elle, en arrivant dans la pièce sous-terraine, qui séparait par des barreaux le concerné avec le type spectre, seul, assis, tête baissé et complètement dévasté. Le chef de l’équipe Renaissance, de son côté, le regardait de haut d’un air dominant et énervé. Quand il aperçut Germignon, tout aussi en colère que lui, il se prépara à hausser à nouveau le ton.

- (Germignon) Pour qui tu te prends !? Enfermer Branette dans les cachots !!

- (Argouste) Il est dangereux.

- (Germignon) C’est ton ami, bordel !! REGARDE-LE !!! Dans quelles conditions est-il, quelle angoisse doit-il vivre !?

- (Argouste) Il a attaqué Pijako, il n’y a aucun débat à…

- (Germignon) Ça n’est pas un argument valable, pas venant de toi !! On sait tous les deux pourquoi tu lui en veux !

- (Argouste) Hein… ?

- (Germignon) Je dors dans la même chambre que Poussifeu, imbécile !

- (Argouste) Et alors !? Qu’importe ce qu’elle a pu te dire, ça ne change rien à ce qu’il a fait ! Il a blessé un membre de ton équipe, il a blessé un membre de la mienne, et maintenant il blesse le chef de notre guilde ! Ce type est… !

- (Germignon) Ce type… ? CE TYPE !?

- (Argouste) NE TE MÊLE PAS DE MES RELATIONS, BRANETTE N’EST PERSONNE POUR MOI !!!

- (Germignon) Très bien, alors écarte-toi de lui !!

Elle vit les clés de la cellule sur une table proche du type normal, et tenta de s’en emparer. Mais Argouste lui bloqua la route.

- (Argouste) Non.

- (Germignon) Pardon !?

- (Argouste) J’ai dit non ! On le libèrera quand le chef aura donné sa version des f… !

Il ne put finir sa phrase, Germignon le gifla bien assez tôt.

- (Germignon) MÊLE-TOI DE TA PUTAIN D’ÉQUIPE !!!

Lui hurla-t-elle de toutes ses forces. Branette releva le regard, l’air bouche bée.

- (Germignon) Tu ne le connais pas, tu ne sais pas ce qu’il a vécu !! Enfermer un Pokémon qui souffre d’un pouvoir qui déborde, un Pokémon qui a échappé de justesse au Spectrix ; bordel, mais pour qui tu te putain de prends !?

Argouste resta immobile. Elle attrapa les clés et ouvrit la cellule de son ami, qu’elle fonça enlacer une fois atteignable.

- (Germignon) Ne t’en fais pas, tout va bien… !

- (Branette) Non, ne détruisez pas tout pour moi… ! J’ai merdé… !

- (Germignon) Ce qui est arrivé n’est pas de ton ressort.

- (Branette) Si, je suis censé savoir me contrôler, j’ai surpassé le Spectrix, je… Germignon, je… *snif*

Le type spectre se mit à pleurer.

- (Branette) Je ne comprends pas ce qui m’arrive… !

- Tu grandis !

Exclama une voix bien trop joyeuse, pour venir de cette scène déchirante. Les regards se tournèrent vers le seul qui pouvait parler ainsi : Grodoudou.

- (Branette) Maître… !

Exclama-t-il en sanglot.

- (Grodoudou) Les copains, calmez-vous un peu. J’avais averti Pijako des dangers qui pouvaient venir de tes pouvoirs, il a agi en connaissance de cause.

- (Argouste) Quoi… ? Vous saviez ?

- (Grodoudou) Bah oui, ça se voit qu’il ne maîtrise pas ses pouvoirs !

Il s’approcha des deux jeunes à terre, qu’il releva tout en les enlaçant.

- (Grodoudou) Tu es un petit puissant, Branette. Tu as hérité d’un pouvoir dépassant les limites de ton espèce, et j’en suis navré. Mais d’un autre côté, tu n’aurais pas pu trouver meilleur voie qu’explorateur. Je pense qu’il faut t’apprendre à vivre avec, plutôt que de te faire refouler ces capacités qui, assurément, auraient dépassé ta volonté un jour.

- (Germignon) Vous pensez que c’est comme Salamèche ? Puisque vous êtes au courant de tout, je suppose que vous avez connaissance de l’immense pouvoir qu’il renferme en lui.

- (Grodoudou) Bien sûr, cela influe directement sur son comportement. Mais pour Salamèche, c’est différent. On ne peut rien pour lui tant qu’il n’aura pas atteint le stade final de sa lignée évolutive. Branette n’a pas d’évolution, et le monde est bien fait.

Il lui tapota le dos.

- (Grodoudou) Pas de panique, je vais t’entraîner personnellement !

- (Branette) C’est vrai… ?

- (Grodoudou) Ah ah, ça te fait peur à ce point ?

- (Branette) N… non, mais… je ne le mérite pas, maître, j’ai… blessé le chef, je devrais quitter la guilde, quitter le domaine entier.

- (Grodoudou) On verra ce qu’en pensera Pijako, quand il sortira de son gros dodo. En attendant, il est en parfaite santé, selon Eoko. Et pourtant, dieu sait qu’il est tout cassé, l’oiseau multicolore. Allez, allons se remplir la panse, je pense qu’on le mérite tous, après cette looooongue journée !

Et les trois personnages quittèrent les cachots, laissant Argouste seul, lui et sa blessure à la joue. Peut-être avait-il agi égoïstement, ne pensant qu’à Poussifeu lorsqu’il s’exécutait au nom des maux faits même à Pijako, mais il ne pouvait oublier ce genre de chose. Il remonta silencieusement, l’air rancunier.

Le diner arriva, et l’ambiance fut bien calme, au réfectoire. Sans Pijako, et avec tout le monde qui savait que le coupable de sa non-présence était avec eux, les regards étaient tous plus ou moins fixés.

- (Grodoudou) Bah enfin, mangez !

- (Keunotor) Euh… on ne va pas parler de ce qui est arrivé ?

- (Grodoudou) Le chef s’exprimera en temps voulu, passez à autre chose.

- (Poussifeu) … Oui, c’est vrai. On devrait plutôt penser au contrôle de demain.

Les apprentis râlèrent tous soudainement.

- (Ramboum) Superbe ambiance. Merci du rappel, Poussifeu !

- (Rocabot) J’ai révisé que dalle, aaah !

- (Argouste) … (Elle ne lui en veut pas ? Pourquoi vous le pardonnez tous aussi facilement !?)

- (Pikachu) Quitte à parler d’autre chose… quelqu’un sait où est Salamèche ?

Un silence se créa, différents regards s’échangèrent sans grande inquiétude.

- (Ramboum) Probablement pas encore rentré de mission.

- (Keunotor) C’est vrai que vous débordez souvent, Dream Team.

- (Ptyranidur) Attendez, avec qui est-il parti en mission ?

Un autre silence régna. Un silence que brisa la machine d’identification à l’entrée de la fondation.

« Pokémon détecté ! Pokémon détecté ! C’est l’empreinte d’une… Leuphorie ! »

- (Grodoudou) Tiens donc, madame Leuphorie !

Le maître partit l’accueillir. Lorsque les autres apprentis l’entendirent en pleure, quelques secondes plus tard, ils foncèrent presque tous voir ce qui n’allait pas. Mais le maître était déjà en train de la consoler.

- (Grodoudou) Ne vous en faites pas, on va les retrouver !

- (Ramboum) Maître ?

- (Grodoudou) Les enfants de l’orphelinat ont disparu.

- Quoi !?

S’exclamèrent les apprentis en même temps.

- (Leuphorie) Je… *snif* je les avais confiés à Smogo, Nosferapti, Salamèche et Branette, ils étaient simplement censés partir jouer sur la plage !

Les regards se centrèrent sur Branette.

- (Branette) Je suis rentré plutôt parce que je ne me sentais pas bien.

- (Argouste) Tiens donc ! Quelques secondes de plus, et ce n’est pas Pijako que t’aurais agressé !

- (Rocabot) Wow, calme-toi… !

- (Keunotor) Qu’est-ce qu’on fait, maître ?

- (Grodoudou) Vous, vous retournez vous remplir la panse. Madame Leuphorie, je vous invite !

- (Leuphorie) Quoi… ?

- (Grodoudou) La Dream Team, allez enquêter sur la plage.

- (Riolu) … Sérieusement ? Pourquoi nous, spécifiquement ?

- (Grodoudou) Parce que votre chef a besoin de vous, enfin !

- (Pikachu) Hein ? Salamèche est avec eux, vous pensez ?

- (Germignon) Et pourquoi la plage ? Que pensez-vous que nous y trouverons ?

- (Grodoudou) Oh, croyez-moi, mon expérience dans l’domaine ne me surprend plus de rien !

Exclama-t-il, en se tapotant le bidon.

- (Grodoudou) Quelque chose me dit que Pijako va devoir signer quelques papiers d’exclusion, à son réveil. Allez, foncez !!

- (Pikachu) Ok… ! Germignon, Riolu, Carabaffe, Branette…

- (Grodoudou) Non, Branette vous rejoindra après.

- (Pikachu) Ah, euh… très bien ? Dans ce cas, les autres… En avant !!

- (Riolu) Entendu…

- (Germignon) Je te suis !

- (Carabaffe) Minute, pourquoi ce serait lui, le sous-chef ?

- (Germignon) Oh, ne commence pas !

Et l’équipe fonça enquêter sur la plage du continent, sans le type spectre qui les regarda partir d’un air inquiet.

- (Branette) Maître ?

- (Grodoudou) Suis-moi, mon ami ! Ramboum, je te laisse t’occuper de madame Leuphorie !

- (Ramboum) Oui, maître !

Et les groupes se séparèrent. L’adolescent ne savait pas si le maître lui interdisait de repartir en mission, mais une chose est sûre, il s’inquiétait pour le reste de son équipe. Grodoudou l’avait bien compris, cela le rassura définitivement quant à ses motivations. Ils sortirent et s’arrêtèrent devant les grands escaliers, observant une lune qui doucement commençait à grimper dans les nuages. L’adulte mit les mains dans les poches.

- (Grodoudou) Il fait bon, n’est-ce pas ?

- (Branette) Je n’en ai pas l’impression. L’atmosphère s’irrite, telles les soirées où les plus calmes ruelles ensablées de Bourg-Palissade s’animaient.

- (Grodoudou) Je crois ne pas y avoir mis les pieds depuis mes vingt ans. Ça remonte, beaucoup de choses ont dû changer.

- (Branette) Je n’ai pas le tier de votre âge, je ne saurai vous décrire ses changements, s’il en connu. En revanche, j’ai tout essayé pour… ne serait-ce que rendre cette partie du monde meilleure.

- (Grodoudou) Depuis quand ?

- (Branette) … Une année. Halloween approche, je fête bientôt ma reconversion « héroïque ». Bon sang, ce mot m’apparait si hypocrite, aujourd’hui.

- (Grodoudou) Tu le penses ? Si j’ai bien compris, tu as surmonté le Spectrix. Pour qu’on le dise de cette manière, c’est que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

- (Branette) Oui, aucun médecin ne m’a épaulé.

- (Grodoudou) Vraiment ? Peu de Pokémon y arrivent seuls, c’est bien pour cela que les types spectre se font rares, et ce depuis la nuit des temps.

- (Branette) Et ce doit être pour cela que j’ai ces problèmes, pas vrai ?

- (Grodoudou) Je ne pense pas que ce soit lié à quoique ce soit de génétique.

Il s’approcha, et lui tapota le crâne.

- (Grodoudou) Tout peut être réglé juste en rangeant ce qu’il y a là-dedans.

Branette le regarda silencieusement. Il baissa ensuite la tête, l’air peu enjoué face à son interlocuteur.

- (Branette) Je ne sais pas si j’aimerai vivre dans un monde aussi simple. Parce que je n’ai pas fait le point sur ma personne à temps, ma colère a blessé mes amis et le chef de la guilde ? C’est pire, en fait.

- (Grodoudou) Il va falloir faire bien plus que réviser sa pensée, mais c’est une base essentielle à acquérir. Ton stresse… tu dois le dissiper.

- (Branette) Je ne stresse pas.

- (Grodoudou) Alors pourquoi te bats-tu ?

Il le regarda droit dans les yeux, réfléchissant à une réponse un minimum développée, et ce toujours sans comprendre où le maître voulait en venir.

Pendant ce temps, le reste de l’équipe arriva sur la plage. Riolu remarqua tout de suite les traces de brûlures que Salamèche avait fait avec son mur enflammé, pour empêcher les sauvages d’atteindre les petits.

- (Riolu) Ils se sont battus.

- (Pikachu) Qui ça ?

- (Riolu) Salamèche et son… non, ses agresseurs. Ils étaient plusieurs, forcément. Pourquoi aurait-il étendu ses flammes sur une grande ligne, comme cela ?

- (Germignon) L’un des gamins est aussi de type feu, ça pourrait être lui.

- (Carabaffe) Nan, faut un minimum d’entraînement pour pouvoir étendre son pouvoir sur une ligne parfaitement droite. Surtout qu’il est à chier dans ce domaine, créer autant de flammes d’un coup devaient les rendre sans danger. Il a sans doute voulu intimider ses adversaires, ou les menacer d’atteindre quelque chose.

- (Pikachu) Ou quelqu’un. Donc il a protégé les petits…

C’est alors que du mouvement se créa, dans une herbe proche des bois collants la plage. Tous les regards se tournèrent vers ce point, et les adolescents se mirent en garde.

- (Germignon) … On vous a entendu. Sortez immédiatement d’ici !

Peut-être était-ce un Pokémon sauvage. Mais cette technique servait surtout à identifier l’état du concerné, car les civilisés étaient habitués à répondre aux ordres des explorateurs, supposément plus qualifiés que quiconque sur le terrain. Le buisson ne bougea plus, et Germignon pensa qu’il s’agissait effectivement d’un sauvage. Mais Carabaffe visa, et tira un brusque et puissant jet d’eau droit dessus. Le Pokémon fut projeté en arrière, en lâchant un cri d’une voix que tous connaissaient.

- (Germignon) Carabaffe !!

- (Carabaffe) Quoi ? Ce n’était pas un sauvage.

- (Pikachu) … Nosferapti ?

Ce dernier se releva, trempé et essoufflé.

- (Nosferapti) Merde… ! Smogo, à toi !!

La boule puante sortit alors du sable, tentant de surprendre l’équipe adverse avec un jet de poison dévastateur. Mais à nouveau, Carabaffe tira un simple jet d’eau qui le mit instantanément à terre. Le Pokémon évolué était beaucoup trop puissant pour eux, mais par sécurité, Pikachu les paralysa avec un petit éclair chacun.

- (Riolu) L’équipe Crâne. C’était prévisible, aucun d’entre eux n’étaient présents au diner.

- (Germignon) Ah oui ? Je ne l’avais même pas remarqué.

- (Pikachu) Tu arrives à ne pas sentir l’odeur infecte de Smogo !?

- (Germignon) C’est plutôt celle de Moufflair, qui me gêne.

- (Pikachu) Heureusement que t’es pas un gars, dans c’cas.

- (Carabaffe) Bon, je n’ai pas de temps à perdre.

Le type eau s’approcha de Nosferapti, l’attrapa par l’aile la plus trempée, et le balança droit sur son coéquipier, les regroupant tout en les blessants mutuellement. Il s’agenouilla ensuite juste au-dessus de leur corps paralysés, mais clairement conscients.

- (Carabaffe) Il est l’heure de passer à table !

- (Nosferapti) Va crever, on… on n’te dira rien !!

- (Smogo) Ouais, on… n’va pas trahir l’zef, quand même !

- (Riolu) Le chef d’une équipe morte ? Soyons franc, vous n’avez plus aucune chance de rester à la guilde, après ce que vous avez fait.

- (Nosferapti) VOUS N’AVEZ AUCUNE PREUVE DE CE QU’ON AURAIT SUPPOSÉMENT FAIT !!!

- (Germignon) Dans ce cas, peut-être pouvez-vous nous expliquer ce que vous faisiez, lorsque les enfants de l’orphelinat ont disparu ?

- (Smogo) Fazile, ze… !

- (Nosferapti) Ta gueule, Smogo, c’est moi qui parle !!

- (Smogo) Ah, euh… ok…

- (Nosferapti) On les a perdus de vu, voilà tout !

- (Pikachu) Bah vous allez quand même vous faire virer de l’orphelinat pour ça, bande d’imbéciles.

- (Nosferapti) Ah ouais… !? Bah, euh… c’est votre chef ! Ouais, voilà, c’est Salamèche qui a détourné notre regard d’eux ! Donc c’est lui qu’il faut blâ… !

- (Carabaffe) ÇA SUFFIT !!!

Hurla le type eau, en faisant très brusquement exploser une attaque aquatique contre le sol, provoquant une sorte de tremblement de terre tout autour des deux paralysés. Il approcha son visage du leur, l’air menaçant.

- (Carabaffe) J’n’ai pas pu péter la gueule à qui que ce soit, aujourd’hui ! Si tu m’fais perdre encore trois secondes, j’te jure que c’est bien plus que ta sale gueule, que t’iras déterrer du sable !

Exclamait-il, en frottant Smogo contre le sol.

- (Smogo) Ah… non, pitié !!

- (Carabaffe) Deux secondes !!

- (Nosferapti) C’est bon, j’vais tout te dire !!

- (Carabaffe) UNE SECONDE !!!

- (Smogo) C’ÉTAIT UN PLAN DE MOUFFLAIR !!!

- (Nosferapti) … (Merde, Smogo… !)

Un silence régna, à la suite de cette réplique qui raisonna dans toute la zone. Les membres de la Dream Team s’échangèrent un regard peu surpris, avant d’encourager le type eau dans ses méthodes. Ils n’agissaient jamais comme cela d’habitude, mais face à des ordures pareils, face à des rivaux se battants selon une éthique discutable et retenant potentiellement leur chef en otage, ils n’en avaient plus rien à faire. Ils le laissèrent donc faire déballer tout ce que les deux membres de l’équipe Crâne savait.

Au même moment, Branette trouva les mots à la question du maître.

- (Branette) … Parce que j’ai le pouvoir de faire changer les choses. Mes amis, mes seuls amis m’ont montré le chemin vers un monde d’espoir, et je l’ai suivi juste par curiosité. Sauf qu’il fut bon, ce chemin. Je suis devenu une sorte de justicier, et cela me plaisait. Les ruelles anormalement animées, vous savez que je les observais bien avant ce jour ? Depuis, je participe autant à leur animation qu’à leur extinction. Je les anime une fois en tabassant ceux qui abusent bien plus que des lois. Je les éteins en menaçant les autres de s’y essayer. Et le simple fait de… d’entendre ce remercîment, si sincère, de toutes ces victimes si désespérées… ça change un Pokémon à jamais, ça le fait grandir.

- (Grodoudou) Et la Dream Team ?

- (Branette) Je suis solitaire de nature, mais c’est une contrainte. J’avais enfin des amis, alors pourquoi pas une équipe ? Je savais que cela pouvait mal tourner, mais à ce point…

- (Grodoudou) Qu’entends-tu par mal tourner ?

- (Branette) … Pourquoi voulez-vous que je le répète à haute voix ?

- (Grodoudou) Pourquoi cela te dérange-t-il autant ?

- (Branette) Parce que… parce que je les ai déçus !

Exclama-t-il sincèrement, sans réfléchir à ses mots avant de parler. Il se surprit lui-même à se l’être dit. Celui pour qu’il se faisait passer n’était pas celui qui, actuellement, souffrait d’un manque de confiance certain.

- (Grodoudou) Déçus… ?

Attaqua le maître. Au même moment, Salamèche reprit connaissance. Il se sentait épuisé, mais surtout dans une mauvaise posture. Il avait mal aux bras, étirés dans son dos d’une manière peu naturelle. Et effectivement, il se retrouva attaché par des cordes à une grosse roche, dans un espace clos, naturel et sombre.

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche !!

- (Vivaldaim) Arrête de crier, c’est bon !

- (Bulbizarre) Je veux être sûr que ça va, alors par pitié, répondez-moi… !!

- (Salamèche) Je vais bien, Bulbizarre…

Marmonna-t-il en gémissant, avant de bailler.

- (Gruikui) Hé, ne t’rendors pas !

- (Salamèche) Non… non, pas moyen.

Sa vue lui revint entièrement. Il comprit que les quatre autres enfants étaient également attachés.

- (Salamèche) Vous allez bien… ?

- (Vivaldaim) Oui, il ne nous a fait aucun mal.

- (Salamèche) Qui ça… ?

- (Gruikui) Un salopard à quatre pattes !

- (Bulbizarre) Hé, le langage !

- (Gruikui) Je dis juste les mots. Attaquer comme ça, quelle enflure… !

- (Salamèche) Je… j’aimerai en savoir un peu plus que ça.

- (Tarsal) Quadrupède, grand, musclé, pelage violet, traces blanches, puanteur excessive.

- (Salamèche) … Je vois, donc c’était bien Moufflair. *tousse*

- (Bulbizarre) Ça va aller !?

- (Salamèche) Arrête de t’inquiéter, Bulbizarre. Je vais bien.

- (Gruikui) Ouais, faut vraiment que t’arrête de chialer pour rien, t’es insupportable !

- (Bulbizarre) Chialer pour rien ? Hé, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ON EST ATTACHÉ DANS UNE GROTTE !!

- (Vivaldaim) Wow, calme-toi… !

- (Bulbizarre) J’en ai ma claque, que tu retrouves toujours quelque chose à dire à mon comportement !! Mets-toi une minute à ma place, moi, je ne fugue pas la nuit pour aller tabasser des Pokémon sauvages sans défense !!

Les regards se tournèrent vers Salamèche.

- (Gruikui) Pourquoi tu m’balances !?

- (Salamèche) Tu l’as littéralement dit ce matin.

- (Gruikui) J’mentais, pour cette fois. En fait, je n’sais pas cracher du feu par le groin… Mais ouais, ça m’est déjà arrivé une ou deux fois.

- (Salamèche) Gruikui…

- (Gruikui) Quoi, tu veux me faire la morale après ce que t’as fait ? C’était super impressionnant, et sur le coup, quand tu m’as engueulé, je n’ai rien dit. Mais après réflexion, pourquoi je devrais écouter quelqu’un qui m’impressionne pour me dire : « fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais » ?

L’adolescent ferma les yeux, puis baissa un instant la tête.

- (Salamèche) Je m’en veux. Je m’en voulais avant même de commencer à le faire, mais c’est aussi ça, être un explorateur, du moins je suppose. Prendre des décisions au dernier moment, ne plus avoir le choix. Faire ce que l’on apprend à éviter par nécessité, ou respecter ses valeurs et… laisser ce troupeau de Pokémon sauvage vous piétiner. En ce qui me concerne, j’ai fait un choix. Et s’il le fallait je recommencerai, et j’en suis navré.

- (Vivaldaim) Pourquoi ? Tu nous as sauvé.

- (Salamèche) Parce qu’un explorateur est supposé avoir toujours le choix de ne pas sortir les griffes. Enfin c’est ce que je pense. Ce qui est sûr est que nous ne nous sommes jamais entraînés sur des sauvages.

- (Gruikui) Hum, je sais, désolé… je voulais juste devenir plus fort.

- (Salamèche) Ce n’est pas grave, Gruikui, mais il faut que ça cesse.

- (Gruikui) Je veux bien, mais… comment je peux progresser ?

- (Salamèche) Je pourrai t’aider.

Un silence se créa. Les deux types feu se regardèrent droit dans les yeux : l’enfant d’un air surpris, l’ado plus calme et certain.

- (Gruikui) Vraiment ?

- (Salamèche) Je suis prêt à te faire aller de l’avant. Mais il va falloir qu’on parle.

- (Gruikui) O… ouais, c’est noté !

Il semblait excité, tout à coup. Mais le type feu changea de sujet, car après tout, il n’y avait pas qu’un Pokémon à rassurer.

- (Salamèche) Quels sont vos âges, les enfants ? Je ne suis pas même renseigné là-dessus, tellement les choses sont allées vite.

- (Bulbizarre) J’ai eu neuf ans en Juin !

- (Gruikui) Dix ans dans quelques semaines.

- (Vivaldaim) J’ai dix ans depuis un mois.

- (Tarsal) …

- (Vivaldaim) Et Tarsal a le même âge que Bulbizarre, plus jeune d’un mois.

- (Salamèche) D’accord, vous êtes encore plus jeunes que je ne l’imaginais. Moufflair est vraiment une ordure…

Il tourna son regard vers la plus petite des enfants, qui n’avait quasiment pas décroché le moindre mot. Elle gardait la tête baissée, l’air pensif.

- (Salamèche) Tout va bien, ma grande ?

- (Tarsal) Hum… je ne savais pas que vous étiez si tourmenté que ça.

- (Salamèche) … Comment ça ?

Elle lui afficha enfin un regard, plutôt attristé.

- (Tarsal) Vous n’auriez rien pu faire, vous n’avez pas à vous en vouloir.

Le type feu resta immobile un instant, comprenant petit à petit que ce Pokémon psy, certes très jeune, arrivait déjà à lire les rêves d’autrui. Parce qu’effectivement, Salamèche avait encore rêvé d’Arcko.

- (Tarsal) Je suis désolée.

- (Vivaldaim) Quoi ?

- (Salamèche) Rien, ce… ce n’est rien.

Soudainement, une explosion retentie à l’entrée de la grotte dans laquelle ils avaient été enfermés. Les petits sursautèrent, l’adolescent resta calme.

- (Gruikui) C’était quoi, ça !?

- (Bulbizarre) On fait quoi, monsieur Salamèche !?

- (Salamèche) On ne peut rien faire, Bulbizarre. Laissons les renforts arriver, nous avons été dépassés par la situation depuis bien longtemps.

- (Bulbizarre) Je… j’ai peur. Pourquoi il a fallu que ça tombe sur nous ? Pourquoi maintenant, alors que j’avais enfin rencontré quelqu’un qui… ne se moquait pas de moi.

- (Gruikui) Oh, ça y est, il recommence !

- (Salamèche) Pourquoi ne l’écouteriez-vous pas un peu, pour une fois ?

- (Vivaldaim) Pourquoi on le ferait, il chiale tout le temps !

- (Salamèche) Tu surprotèges bien Tarsal.

- (Vivaldaim) Ils ne sont pas pareils !

- (Salamèche) Parce que Bulbizarre n’a personne, justement.

Les regards se tournent à nouveau vers le cochon de feu.

- (Gruikui) Quoi ? Pourquoi on en revient toujours à moi ?

- (Vivaldaim) T’es un mec. Les idiots vont avec les idiots.

- (Gruikui) Je n’ai pas à être son « grand frère » !

- (Salamèche) Pourtant tu l’es.

- (Gruikui) Nous n’avons aucun lien biologique en commun !

- (Salamèche) Et alors, les familles de ce monde sont en majorités des reconstruites. L’adoption est quasiment aussi courante que les descendances biologiques.

- (Vivaldaim) C’est vrai ?

Il lui hocha la tête.

- (Salamèche) Vous voulez savoir comment je vois votre orphelinat ? Comme une grande maison, une grande maison qui n’évolue plus depuis des années. Une nouvelle famille s’est construite, et je ne pense pas qu’il soit encore question de vous faire adopter par qui que ce soit.

- (Bulbizarre) De nous faire adopter ? Vous voulez dire que l’on peut nous faire quitter la maison, le village, la… famille ?

- (Salamèche) Ce n’est pas ce qui te passionnait ? Explorer le reste du monde ?

Les enfants s’échangèrent tous un regard plus inquiet qu’autre chose.

- (Bulbizarre) N… non !

- (Gruikui) C’est hors de question qu’on m’emmène où que ce soit maintenant !

- (Vivaldaim) Même si je veux partir, je le ferai seule. Aller vivre dans une autre famille, chez des gens que je devrai considérer comme mes parents, ce serait… trop bizarre !

- (Tarsal) Mais comment est-ce possible d’y songer ? N’avons-nous pas une… mère ?

- (Salamèche) C’est bien ce qui me semblait. Ce n’est plus tant un orphelinat qu’une famille.

Les deux plus grands étaient bouches bée.

- (Salamèche) Vivaldaim, pourquoi cherches-tu à fuir tes responsabilités de grande sœur ? Bulbizarre a autant besoin de Gruikui que de toi.

- (Vivaldaim) Mais, nous… nous n’avons pas tant de points communs, c’est pour ça que… je m’étais instinctivement rapprochée de Tarsal.

- (Tarsal) Il a raison.

- (Vivaldaim) … ?

- (Tarsal) Je me suis toujours sentie mal pour Bulbizarre…

Elle tourna son regard vers lui.

- (Tarsal) Je me sentais privilégiée, mais surtout chanceuse de l’être. Désolée de ne jamais être venu te parler, même quand ça n’allait pas. Je ne voulais pas… que ça s’arrête.

- (Bulbizarre) Ah, euh… non, ne t’en fais pas, ah ah… ! Qui te dit que ça n’allait pas ?

- (Tarsal) Je te sens, je vous sens tous. Quand vous pleurez, quand vous êtes excités, quand vous vous sentez seuls… j’ai l’impression que mon esprit est constamment avec vous. Et… j’aimerai que mon corps le soit également. Pareil pour toi, Gruikui. Je t’admire, je tiens à toi.

- (Gruikui) Ah ouais… ? Euh… tu n’as peut-être pas entendu que des vérités, tu sais…

- (Tarsal) Ce n’est pas grave, je veux passer du temps avec toi, avec Bulbizarre. Vivaldaim, je peux ?

- (Vivaldaim) Bah oui, évidemment…

- (Tarsal) Et tu peux m’accompagner ?

- (Vivaldaim) Je… je veux bien essayer d’aider Bulbizarre. Je m’en veux aussi, en fait, je ne savais pas que tu pleurais vraiment, quand tu étais seul.

- (Bulbizarre) Je ne pleure pas !

- (Tarsal) Au moins deux soirs par semaine.

- (Bulbizarre) Mais arrête, c’est faux… *snif*

Le cochon de feu ferma un instant les yeux, crispant les dents de honte. Il repensait à la phrase de Salamèche :

« - (Salamèche) Je ne vous protège pas l’un de l’autre, j’empêche simplement votre mère de souffrir par votre faute. »

Il faisait bien plus de dégâts que ça, et il s’en rendait enfin compte.

- (Gruikui) Dis, Bulbizarre, euh… ça te dirait que je te prête mes comics ? Je sais que voulais les lire, et… de toute façon, je les connais par cœur ! En fait, je te les donne volontiers.

- (Bulbizarre) C’est vrai… ?

- (Gruikui) Hum, ils sont à toi.

- (Bulbizarre) M… *snif* Merci, Gruikui. Et je… *snif* je suis désolé de pleurer tout le temps, je sais que ça t’énerve.

- (Gruikui) Nan, c’est bon, c’est… normal, je suppose.

- (Tarsal) Tant que nous y sommes, j’ai une demande à faire. Vivaldaim et Gruikui… est-ce que vous pourriez m’apprendre à jouer aux cartes ?

- (Bulbizarre) Ah ! Ouais, à… *snif* à moi aussi ! Ça a l’air trop bien, mais j’comprends rien…

- (Vivaldaim) Je veux bien, mais je n’ai jamais joué contre Gruikui.

- (Gruikui) C’est vrai qu’on s’entraînait seulement avec maman…

Et les deux plus grands, ceux qui s’aimaient le moins, se regardèrent enfin droit dans les yeux.

- (Gruikui) Je… euh…

- (Vivaldaim) … Disons que si c’est pour Tarsal et Bulbizarre, alors je veux bien essayer.

- (Gruikui) Ouais, pareil. J’espère que tu ne triches pas.

- (Vivaldaim) C’est toi qui dis ça !?

- (Gruikui) Je ne triche pas aux cartes ! Enfin je n’ai jamais réussi…

Les enfants rigolèrent, lui également.

- (Bulbizarre) Super, merci beaucoup !!

- (Tarsal) Oui, merci énormément.

- (Gruikui) C’est normal. Oui… c’est normal !

Salamèche les regardait silencieusement, l’air réjouis. Il était certain qu’en leur ouvrant simplement les yeux, ces enfants qui finalement ne se connaissaient pas tant que ça, arriveraient à bien s’entendre. Ils le voulaient tous, mais la crainte, l’égo et les regrets les enfermaient dans une bulle contreproductive. Maintenant que les rouages de leurs relations furent débloqués, tout commença enfin à tourner.

En attendant, il fallait se sortir de là. Alors Salamèche se releva simplement, sortant les mains du dos, détachées depuis un bon bout de temps maintenant.

- (Gruikui) Quoi !?

- (Bulbizarre) Wow, vous êtes trop fort ! Comment avez-vous fait ?

- (Salamèche) Disons que ce n’était pas très malin d’attacher un type feu avec des cordes classiques.

Disait-il, en étirant sa queue à l’embout enflammé. Il détacha tous les autres, s’assura de l’état de chacun, puis les guida vers la sortie.

- (Salamèche) Nous allons y aller doucement, je n’ai encore jamais exploré ce donjon.

- (Vivaldaim) Et si le type qui nous a capturé revient ?

- (Salamèche) Alors je l’affronterai.

- (Vivaldaim) Tu es à la hauteur ?

- (Salamèche) … Probablement pas.

- (Vivaldaim) Et tu ne stresses pas !?

- (Salamèche) Je confronte rarement moins fort que moi. C’est pour ça que la Dream Team existe.

Et en parlant d’eux, ils se précipitèrent vers la Grotte Littorale, là où Moufflair avait emmené ses victimes. Ce dernier, en voyant ses adversaires foncer en sa direction, s’enragea en se doutant que le reste de son équipe l’avait dénoncé. Il fonça prendre en otage ceux qui pouvaient lui permettre de ne pas mal finir, désespéré à l’idée d’achever un plan qui avait définitivement tourné au vinaigre. Mais lorsqu’il arriva au fond de la grotte, là où ils les avaient attachés, il n’y avait plus rien.

- (Moufflair) Bordel… ! BORDEL DE MERDE !!!

Sa grosse voix raisonna à travers toute la caverne. Salamèche se retourna, se doutant qu’il allait les trouver rapidement s’il ne prenait pas immédiatement une décision.

- (Salamèche) Avancez vers la sortie, les enfants.

- (Bulbizarre) Hein !? Et vous ?

- (Salamèche) Je vais le retenir.

- (Gruikui) … Encore ?

- (Salamèche) Allez, dépêchez-vous ! Suivez la lumière et attendez les renforts !

Mais à sa grande surprise, Gruikui vint se mettre en garde à ses côtés, l’air déterminé.

- (Gruikui) Non.

- (Salamèche) … !?

- (Gruikui) T’as pas à en faire autant pour nous, je le refuse. Et puis tu ne seras pas toujours là ! Si quelqu’un ici doit protéger l’orphelinat… c’est bien moi !

- (Vivaldaim) Tu t’prends pour qui !?

Vivaldaim arriva à son tour, tout aussi déterminée.

- (Vivaldaim) Je suis la plus grande, c’est à moi de vous protéger !

- (Gruikui) Pas moyen que tu me voles le beau rôle, dégage !

- (Vivaldaim) Je suis déjà en train de le faire ! Plus gracieuse que toi !

- (Gruikui) Plus musclé que toi !

- (Vivaldaim) C’est de la graisse !

- (Gruikui) Salamèche va la transformer en muscle !!

- (Salamèche) Et si vous jouiez le beau rôle ensemble ? Les duos, ça existe aussi, vous savez. En fait, c’est toujours plus fort que d’être seul.

- (Tarsal) Vous n’êtes pas supposé les dissuader de combattre à vos côtés ?

- (Salamèche) Navré, l’occasion de leur trouver un autre point commun était trop belle.

Le mur de roches explosa alors devant eux, et Moufflair en sortit, l’air enragé.

- (Moufflair) Vous… ! *souffle* Vous n’irez nulle part !!

- (Salamèche) Tu as perdu, Moufflair, ton équipe est fichue !

- (Moufflair) Je m’fiche de savoir comment, mais une chose est sûre… tu es le seul sac de sable que j’ai sous la main ! Et tu n’as aucune chance contre moi !!

- (Salamèche) C’est vrai…

- C’est pour ça qu’il n’est pas seul !!

Exclama une voix que les deux adversaires ne connaissaient que trop bien. Pikachu bondit de loin, depuis l’entrée de la grotte. Le bras droit en avant, le gauche le tenant pour mieux viser, l’index tendu, l’œil gauche fermé, il tira une puissant éclair que le chef de l’équipe Crâne esquiva de peu en bondissant en arrière.

- (Salamèche) Pikachu !

- Dégage, l’aveugle !!

Hurla une autre voix, qui se rapprocha à toute vitesse. Ce fut évidemment Carabaffe, fonçant en se propulsant avec ses jets d’eaux droit sur sa cible, qui cette fois ne put esquiver la charge adverse. Il le bouscula très violemment, et l’emmena droit dans le mur le plus proche, qui explosa à leur impact.

- (Bulbizarre) Wow, c’est lui ! Le gérant horrible !

- (Salamèche) Ah oui ? Ça me surprend.

- (Germignon) Salamèche !!

Germignon, accompagnée par Pikachu, descendit enfin jusqu’à son niveau. La type plante enlaça son ami.

- (Germignon) J’ai eu si peur pour toi !

- (Salamèche) Ne t’en fais pas, je vais bien.

- (Germignon) Tu as manqué beaucoup de choses, beaucoup de choses qui se seraient probablement déroulées différemment sans ton absence…

- (Salamèche) Vraiment… ? Mince, je sens qu’il a eu embrouille.

- (Pikachu) Je le regrette aussi, je n’étais pas là au moment des faits.

- (Germignon) Tu étais encore en mission, c’est normal.

Les regards se tournèrent ensuite vers les quatre enfants de l’orphelinat.

- (Pikachu) Yo, les mioches !

- (Tarsal) Monsieur Pikachu !

- (Vivaldaim) Madame Germignon, vous… faites partie de la même équipe que Salamèche !?

- (Bulbizarre) Et surtout de la même équipe que LUI !?

Exclamait-il en pointant du regard le type eau, se redressant d’un air angoissant.

- (Carabaffe) Allez, relève-toi, la sous-merde !!

- (Germignon) Effectivement, ça peut surprendre.

- (Pikachu) On va vous faire sortir de là, pas de panique. Riolu examine les environs, il va vous faire escorter en toute sécurité.

- (Gruikui) On est déjà en sécurité, on le sait.

- (Moufflair) Ah oui !?

Les regards se tournèrent vers le nuage de fumée, qui petit à petit se dissipa pour y laisser entrevoir la figure imposante, si ce n’est terrifiante du chef de l’équipe Crâne. Du sang commençait à couler de son front, son visage n’en devenait que plus menaçant.

- (Moufflair) Je ne vous laisserai pas vous en tirer aussi facilement !

- (Pikachu) Et que crois-tu faire de plus !? Tu as détruit psychologiquement plusieurs de mes amis, je peux t’assurer que je ne vais pas te lâcher !

Le type électrique resserra fermement les poings, les lui affichant avec détermination.

- (Pikachu) Les hors-la-loi dans ton genre n’ont rien à faire à la guilde !!

- (Moufflair) LES GOSSES NON PLUS !!!

Hurla-t-il, en fonçant à la charge de la Dream Team. Carabaffe le bloqua tout d’abord, mais sa force exemplaire le fit prendre l’avantage, et le monstre au pelage violet l’envoya brutalement s’encastrer contre un mur.

Il bondit ensuite, et écrasa puissamment le sol sous ses pieds. Des roches s’envolèrent, avant qu’il ne les frappe une à une en direction de ses autres cibles. Chaque roche explosée créait des dizaines d’embouts pointus, et tous se précipitèrent vers Salamèche, Germignon, Pikachu ainsi que les autres enfants. Mais Salamèche cracha une boule de feu sur la roche la plus centrale, et toutes les autres se dispersèrent dans l’explosion de l’attaque.

- (Moufflair) Quoi !?

Moufflair ne vit plus rien, la fumée de l’attaque le séparant des autres. Mais Germignon en sortit soudainement, bondissant à toute vitesse sur lui. Par reflexe, il l’esquiva en se projetant le plus loin possible à terre. S’il avait compris qu’elle seule chargeait, il ne l’aurait pas fait, mais il était trop tard. La fumée n’eut qu’à peine le temps de se dissiper, qu’un puissant éclair l’atteignit à sa vitesse inégalable. Il hurla de douleur, tout en voyant ses mouvements se ralentir.

- (Pikachu) Ça a touché !!

- (Salamèche) Je m’occupe du reste !

Le chef de la Dream Team fonça à l’attaque, se préparant à achever leur adversaire. Ce dernier se prépara à le contrer par surprise, notamment en lui projetant un nuage de poison qui, malgré sa perte de vitesse, l’affecterait quand même. Personne ne semblait se rendre compte qu’il était sur le point de relâcher son attaque, et le type feu fonça tête baissée… lorsque Carabaffe se propulsa sur lui, le bousculant d’un coup de pied en pleine tête.

- (Salamèche) Aïe !! Carabaffe… !

- (Carabaffe) Esquive, ducon !!

Moufflair relâcha son gaz à cet instant, mais l’intervention du type eau parvint à faire esquiver tout le monde de cette dernière tentative ennemie.

- (Salamèche) … (Quoi !? Il prévoyait une attaque !)

- (Moufflair) … (Merde !! Pourquoi il a fallu que ce connard intervienne !?)

- (Carabaffe) BOUFFE ÇA !!!

Hurla-t-il, en se vengeant d’un coup de poing surpuissant, car boosté d’un jet d’eau. Il toucha en plein ventre, écrasa Moufflair contre le sol, lui brisa probablement quelques os, mais fit assurément exploser la roche sous ses pieds. Il fut dans l’incapacité de se battre, la Dream Team l’emporta.

- (Bulbizarre) Trop… trop fort !!

- (Gruikui) Vous êtes tous… hyper impressionnant… !

- (Tarsal) C’est donc ça… la force du travail d’équipe ?

- (Moufflair) Bordel… !

Marmonna le blessé, en tentant désespérément de se relever. Les adolescents s’approchèrent.

- (Germignon) C’est terminé, Moufflair.

- (Moufflair) Non… ! Tout ne peut pas s’arrêter maintenant, pas juste sur un simple échec… ! Par pitié, laissez-moi une dernière chance à la guilde !

- (Pikachu) « Laissez-moi » … ? Et le reste de ton équipe, alors ?

- (Moufflair) Je m’en branle, d’eux ! Ce ne sont que des incapables, des bons à rien qui ne deviendront jamais intéressant aux yeux de qui que ce soit !

- (Pikachu) … C’est ça, ton problème. Il est hors de question d’avoir de la pitié pour une ordure pareille.

- (Salamèche) Ce n’était pas prévu.

- (Moufflair) … Tant pis… ! Je n’irai pas en prison, je préfère encore crever… !

- (Carabaffe) On peut s’arranger.

- (Moufflair) Ouais, exactement ! VOUS PARTEZ AVEC MOI !!!

Hurla-t-il une dernière fois, avant de relever le regard vers le plafond, et de tirer sa plus puissante attaque poison. Tout le monde l’esquiva assurément, mais sa cible étaient les roches les plus instables de la grotte. L’acidité de l’attaque les fit fondre en quelques secondes à peine, et dès qu’une roche s’écroula, le reste suivit.

- (Germignon) Non !!

- (Pikachu) Les enfants, vite, barrez-vous !!

- (Bulbizarre) Aaah !!

Tout allait beaucoup trop vite, et une partie entière de la Grotte Littorale allait s’effondrer sur ces pauvres enfants… lorsque deux immenses, puissantes et vivaces mains spectrales vinrent les protéger de cet éboulement. Salamèche rouvrit les yeux, se rassurant que, tous ensemble… la Dream Team était invincible.

- (Salamèche) Branette !!

Ce dernier se tenait plié, l’air affreusement concentré au milieu de tous les personnages. Il transpirait, mais plus par peur de blesser ses amis qu’autre chose.

- (Branette) … (Calme-toi, Branette, calme-toi !)

Il repensa à la conclusion de sa conversation avec le maître de la guilde :

 

- (Branette) Ce… n’est pas ce que je voulais dire.

- (Grodoudou) Pas les bons mots ? Reformule donc.

- (Branette) Ce que je veux dire, c’est que… Salamèche était prêt à mourir, pour me permettre de surpasser le Spectrix. Lui-même qui, sans hésiter, fonça tête baisser sauver ses camarades de classe de celui que j’étais à l’époque.

- (Grodoudou) Tu l’admires ?

- (Branette) C’est un euphémisme, je ne serais rien sans lui. De même pour Pikachu, jamais je n’aurais accepté de participer à la guilde sans lui. Germignon m’a ouvert les yeux sur tellement de sujets, c’est si agréable de parler avec elle. Riolu aussi, même s’il devenait de plus en plus radical. Je l’ai vu haïr de plus en plus de choses, je ne pouvais pas me permettre de le juger, mais seulement… de rester à la hauteur. À la hauteur de ses attentes, de leurs attentes à tous. Parce que je les admire, je les envie, je les aime.

- (Grodoudou) Et je crois que c’est réciproque.

- (Branette) Je ne leur ai toujours pas rendu la monnaie de leur pièce.

- (Grodoudou) Ils n’attendent pas à ce que tu le fasses.

- (Branette) … Si, bien sûr que si. Même s’ils ne le disent pas, tout Pokémon doit savoir… !

- (Grodoudou) Pourquoi Salamèche aurait risqué sa vie, alors ? Et ce après déjà t’avoir donné une deuxième chance ? Pourquoi Pikachu aurait-il fait tant d’efforts pour t’intégrer dans l’équipe ? Pourquoi Germignon aurait-elle fait tant d’efforts pour débattre à tes côtés ? Pourquoi Riolu aurait-il fait l’effort de te supporter, surtout dans un moment pareil ?

- (Branette) Parce que ce sont des héros !

- (Grodoudou) Non, ce n’étaient que des enfants passionnés. Toi, tu étais un héros.

Un silence régna, Branette baissa le regard, l’air pensif.

- (Grodoudou) Et ce soir, tu as un rôle central à jouer, au sein de l’équipe.

- (Branette) Vous voulez que je retourne sur le terrain ? Après le fiasco que j’ai commis ? Je croyais qu’une remise en question ne suffirait pas.

- (Grodoudou) Pas sur le long terme. Mais d’ici là, ce sont eux qui t’aideront. Ce soir, c’est de toi que la Dream Team a besoin.

- (Branette) … !

- (Grodoudou) Alors fonce, Branette, fonce !

 

Il fonça alors, motivé par ce sentiment de vouloir faire de son mieux pour autrui. Il avait affreusement peur de blesser ses amis, il sentait que ses pouvoirs étaient instables. Mais il devait assurer, il n’avait pas le choix, car la Dream Team comptait sur lui. Et alors que Moufflair riait assurément, pensant que le schéma allait se répéter et que, par incompétence, le type spectre allait tuer de lui-même le reste de son équipe ; ce dernier releva un regard plus que certain vers lui.

- (Moufflair) Hein… !?

- (Branette) Laisse… mes amis tranquille !!

Cria-t-il, en envoyant tout cet éboulement de son côté. La plupart d’entre eux s’écrasèrent derrière lui, mais quelques roches vinrent tout de même l’érafler, voir le blesser. Moufflair hurla de douleur, cracha du sang, tomba inconscient à cause des dégâts de sa propre attaque… ce furent les sacrifices que Branette se devait de faire, pour ne pas blesser les innocents de cette histoire. Ce soir-là, et malgré son manque de maîtrise, il sauva la vie de son équipe, il fut un héros.

Ces jeunes Pokémon sortirent enfin de la Grotte Littorale, essoufflés, égratignés, poussiéreux, mais satisfaits. Carabaffe se tourna vers Branette.

- (Carabaffe) Toi, là, le cinglé.

- (Branette) …

- (Carabaffe) Ce n’était pas trop mal, pour une fois.

- (Pikachu) Pas trop mal !? Tu rigoles, c’était énorme !! Mon pote, je… je n’ai pas pensé un seul instant à ce qui est arrivé hier, pas un seul ! Ce soir-là, tu étais quelqu’un d’autre, tu as assuré !

- (Branette) … Merci.

De son côté, Salamèche s’abaissa vers les enfants de l’orphelinat, essuyant les quelques traces de poussière les recouvrant.

- (Salamèche) Je suis désolé, je n’ai pas assuré à la fin…

- (Bulbizarre) Ce n’est pas grave, vous ne pouvez pas tout faire tout seul !

- (Tarsal) Vous l’avez dit vous-même, c’est pour cela que la Dream Team existe.

- (Gruikui) Ouais, et puis… j’aurais eu le temps de les amener en sécurité, si je n’avais pas été paralysé de peur par ce type, là…

Marmonna-t-il en pointant du regard Moufflair, inconscient et porté par une des mains spectrales de Branette.

- (Gruikui) Ne t’en veux pas pour Bulbizarre et Tarsal, c’est ma faute.

- (Vivaldaim) La mienne aussi. Ils sont sous notre responsabilité, après tout.

Gruikui et Vivaldaim s’échangèrent à nouveau un regard à la fois compréhensif et navré l’un pour l’autre.

- (Vivaldaim) La prochaine fois, on les sauvera ensemble.

- (Gruikui) Ouais, pas moyen que je les laisse à nouveau dans cette situation.

- (Salamèche) Chaque chose en son temps, les enfants. Mais il est certain que je ne serai pas toujours là.

Il leur caressa le crâne, le sourire aux lèvres.

- (Salamèche) Ce jour-là, vous ferez mieux que moi !

Et les enfants lui sourirent mutuellement. Ils rentrèrent finalement à Bourg-Trésor, tous épuisés de cette longue journée. Ils en avaient tant appris sur eux-mêmes, sur leurs propres capacités ainsi que leurs limites. Leuphorie fut ramenée à l’orphelinat par Branette, là où Salamèche surveillait tous les enfants en attendant son retour.

En les voyants tous saint et sauf, elle explosa en sanglot. Et tous ses petits vinrent l’enlacer, tous ensemble, tous agissant telle une grande famille. Gruikui et Vivaldaim semblaient avoir pris la critique de Salamèche au sérieux : leurs problèmes affectaient plus leur mère que n’importe qui d’autre, et ils s’en rendirent compte à cet instant précis. Les deux adolescents regardèrent la scène d’un air admiratif, puis Branette soupira.

- (Branette) Tu es un bien meilleur gérant que moi, Salamèche.

- (Salamèche) Branette, ce n’est pas grave de ne pas être tout le temps être à la hauteur. Mais s’il te plaît, quand ça ne va pas, viens me parler. Tu sais que je ne te jugerai jamais.

- (Branette) Je sais, tu es tout le temps à l’écoute. C’est bien ce qui m’angoissait.

Il baissa la tête.

- (Branette) Qui suis-je, pour te faire perdre un temps qui, à tes côtés, est toujours précieux ?

Sur ces mots, son chef enlaça un bras autour de ses épaules, l’air heureux.

- (Salamèche) Un héros, notre héros.

Branette le regarda silencieusement pendant quelques secondes, avant de sourire à son tour, et de reposer calmement sa tête sur l’épaule de son ami. Il repensait à ces deux longues journées, il repensait à ce vers quoi il allait évoluer, désormais. Finalement, il se sentait vraiment bien, à la guilde.

- (Bulbizarre) Monsieur Branette ?

Approcha le petit bonhomme vert.

- (Bulbizarre) Euh… merci. J’ai été vilain, je n’aurai pas dû avoir peur de vous. Le physique, on s’en fiche, vous êtes quelqu’un de bien ! Alors, euh… vous pourrez revenir, s’il vous plaît ?

Le type spectre échangea un regard avec son chef puis rigola, s’abaissa, et chouchouta gentiment son interlocuteur.

- (Branette) Bien sûr, mon grand !

Il s’y plaisait vraiment, en effet.

Quelques minutes plus tard, alors que Salamèche resta s’occuper de Leuphorie, le type spectre rentra à la guilde. Pijako s’était réveillé, il devait s’excuser. Du moins il le pensa, et se sentit vraiment mal à l’idée d’entrer dans l’infirmerie. Il avait peur de revoir les dégâts qu’il avait causé, il en tremblait carrément.

Mais Pijako ouvrit la porte de lui-même, se doutant que l’adolescent attendait avec doutes de l’autre côté. Ce dernier sursauta, détournant le regard de honte. Le chef, couverts de bandages sur son aile droite et avec quelques pansements au crâne, lui afficha surprenamment un grand sourire, avant de s’avancer et de l’enlacer de lui-même.

- (Branette) C… chef !?

- (Pijako) Je sais, Branette, ne t’en fais pas.

Il le regarda ensuite droit dans les yeux, l’air calme et compréhensif.

- (Pijako) Tu dois être épuisé.

- (Branette) N… non ! Ça suffit, ne faites pas comme s’il ne s’était rien passé, ça me dérange !

- (Pijako) Il n’y a rien à faire, je sais que le maître va te prendre en charge.

- (Branette) Et ça ne vous embête pas ? Vous… ne voulez pas me virer de la guilde ?

- (Pijako) Dans les formalités, j’aurai dû demander à ton chef d’équipe de prendre une décision, mais l’on sait tous deux ce qu’il choisira de faire.

- (Branette) Salamèche n’est pas objectif…

- (Pijako) Moi non plus, probablement. Je savais que tu avais des problèmes avec tes pouvoirs, le maître m’avait averti. Mais pousser à bout mes élèves, jusqu’à leurs limites, jusqu’à leurs retranchements, jusqu’aux larmes, en fait… c’est mon rôle avant tout.

Il lui tapota le dos avec le sourire.

- (Pijako) Au moins, je sais de quoi tu es capable, ah ah !

- (Branette) Ça n’est pas drôle, j’aurai pu vous…

- (Pijako) La vie est faite de risques, Branette. Si tu commences à voir les choses négativement, alors tu peux déjà ajouter un dixième point dans la catégorie « je suis mort », ou « j’ai laissé les autres y passer ». Mais chaque jour, vous vous surpassez. Chaque jour, vous devenez explorateur. Et le risque, c’est la norme, là-bas.

Il se mit à bailler, puis se retourna vers l’infirmerie.

- (Pijako) Bon, je suis fatigué. À vrai dire, si tu tiens vraiment à m’aider… alors viens dans mon bureau demain à cinq heure. J’ai une tonne de dossiers à classer et… disons qu’un assistant pourrait m’aider à mieux organiser les choses.

Le type spectre lui afficha un grand sourire, il n’était pas question d’hésiter.

- (Branette) Avec plaisir, chef !!

Sa journée se termina ainsi. Branette se sentait définitivement bien, à la guilde. Il partit se doucher, du moins essaya. Ramboum, Keunotor, Pikachu, Ptyranidur et Rocabot l’accueillirent un à un, pour l’enlacer, s’excuser, et lui offrir bien plus que du soutien.

À l’orphelinat, Salamèche aida Leuphorie à se coucher.

- (Leuphorie) Merci, mon grand. Tu dégages une atmosphère si paisible, cela change de Smogo et Nosferapti. J’ai toujours eu des aprioris sur eux, mais le manque de temps et… la fatigue m’empêchaient de m’investir plus que ça, pour mes petits. Je me sens mal de les avoir mis dans une telle situation.

- (Salamèche) Je pense qu’ils vont rapidement passer à autre chose, ils sont forts. Sinon, étant donné que vous les avez virés, il n’y a plus de gérants à l’orphelinat ?

- (Leuphorie) Mise à part les activités quotidiennes de la guilde, non, il n’y en a plus pour garder les petits aux heures les moins sûres.

- (Salamèche) … Puis-je m’inscrire ?

- (Leuphorie) Pardon… ? Tu… es sûr de toi ?

- (Salamèche) Et certain. Je veux les protéger, le temps de cette année scolaire. Dès que la guilde me libèrera, je serai à leurs côtés.

- (Leuphorie) … Merci, Salamèche. Reviens demain, nous en parlerons dans un cadre un peu plus professionnel.

- (Salamèche) Pas de soucis. Bonne nuit !

Sa journée à lui, se termina tout aussi bien. Il avait vraiment hâte d’annoncer la nouvelle aux petits, il voulait les rendre heureux. Il retourna à la fondation, se doucha, puis s’affala sur son lit de paille, exténué par cette nouvelle aventure.

L’équipe Crâne, elle, dormit dans les cachots de la fondation. Le lendemain, Pijako et Grodoudou signèrent officiellement leur exclusion de l’examen à la guilde. Ils furent emmenés dans la même journée par des explorateurs professionnels hors du continent, désormais considérés comme des hors-la-loi, et destinés à être jugés pour kidnapping de mineurs, de trahison et même de tentative de meurtre, pour Moufflair. Le reste des apprentis firent une minute de silence, le lendemain à table, pour ces Pokémon qui jusque-là étaient leurs collègues. Ils ne savaient pas s’ils devaient se sentir trahis, ou plutôt incertain, quant à la difficulté que cet examen pouvait représenter. Ils comprirent ce jour-là que l’on pouvait dérailler, et entrer facilement dans l’illégalité pour s’ajuster à la concurrence. Et ils se jurèrent tous, personnellement, de ne jamais franchir de telles barrières.

Salamèche présenta ses excuses à Pijako, tout en lui annonçant son nouveau poste de gérant à l’orphelinat. Ce dernier semblait vraiment heureux, notamment car beaucoup moins fatigué que d’habitude. Branette, qui ne ressentait pas la fatigue liée au fait de ne pas dormir, l’aidait ardument dans ses travaux nocturnes pour se faire pardonner. Ce même Pokémon fut chaque jour pris en charge par le maître lui-même, lors des activités de l’après-midi. Il commença à s’entraîner plus efficacement, à renforcer son corps et son esprit, pour ensuite apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Et cela se ressentait lors des missions d’explorations. Il progressait à une vitesse pharamineuse.

Halloween arriva, et la guilde considéra que ce fut plus sa fête qu’autre chose. Ce soir-là, Branette pleura de joie. Il le cacha aux autres, bien sûr, mais son point de vue sur cet examen avait entièrement changé. Lui qui doutait toujours, lui qui ne s’était jamais arrêté de se demander où il en serait, s’il avait continué d’agir tel un justicier à Bourg-Palissade, ce soir-là, il fut convaincu. Il voulait l’obtenir, cet examen, il voulait devenir explorateur avec ses amis. Et malgré les quelques conflits qui ne s’étaient toujours pas résolus, notamment auprès d’Argouste, le type spectre était prêt à aller de l’avant, et à progresser toujours plus.

Le mois d’Octobre toucha à sa fin, et la routine suivit son cours.

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