Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 28 : Le chef de la Dream Team

15660 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/06/2021 23:40

Deux bonnes minutes s’étaient écoulées. Les murs de l’infrastructure s’étaient enfin arrêtés de s’effondrer, sa stratégie avait murement payée. Pourtant, des décombres s’élevèrent, et le rouge non pas de sa peau mais bien de son sang se fit voir à ses yeux seulement. Il était encore debout, les poings fermés, les dents crispées, l’air enragé.

N’ayant aucune crainte, le type eau s’avança d’une attitude sereine. Le drapeau avait beau se trouver à ses côtés, le fait de le voir encore debout l’énervait secrètement. Il voulait en finir. L’air narquois qu’il affichait le rendait plus que confiant, mais avait par-dessus tout l’audace d’énerver encore plus sa cible, son rival. Ce dernier baissa un instant la tête, reprit autant son souffle que son esprit, puis s’approcha lentement à son tour. Chacun de ses pas lui procurait une douleur atroce, mais il s’exécuta sans rechigner.

- (Carapuce) Quoi ? Tu n’as toujours pas compris ?

Il ne se laissa pas intimider et continua de marcher, malgré la douleur.

- (Carapuce) Tu n’as pas l’étoffe d’un chef, pas même d’un explorateur de pacotille !

À la suite de ces mots, il passa de la marche à la course, l’air plus déterminé que jamais. Carapuce en fit alors de même, déjà certain de sa victoire.

- (Carapuce) Qu’importe ce que tu as accompli, je vais t’apprendre à ne plus jamais te mettre en travers de mon chemin !!

Il se propulsa avec ses puissants jets d’eaux, paré à la charge. Mais celui en qu’il avait une haine profonde depuis le début, l’autre élève de son maître, Salamèche… n’hésita plus à utiliser tout ce qu’il avait effectivement appris, pour en arriver jusqu’ici.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 28 : Le chef de la Dream Team

 

Deux semaines s’étaient écoulées, depuis le commencement de l’examen annuel de la guilde d’exploration. Le mois d’Octobre était arrivé, et avec lui le début d’une légère baisse de la température. Ceci-dit, cela arrangea presque tous les apprentis, désormais parfaitement habitués à leur emploi du temps chargé. Ils attendaient tous leur chef avec impatience de la nouvelle journée qui allait se présenter à eux.

Ce dernier arriva avec un sourire au bec, et comme toujours avec une pile de dossiers entre les ailes.

- (Pijako) Bien le bonjour, mes chers apprentis !

- Bonjour, chef !!

- (Pijako) Aujourd’hui est un jour spécial. Cela fait maintenant quinze jours que le programme de l’examen est en marche. J’ai demandé à tous les gérants que vous étiez supposés aider des comptes-rendus de chacun d’entre vous, je vous ai personnellement analysé, et après la confection d’un barème très spécifique, j’ai noté votre implication en tant que futur explorateur !

- (Rocabot) Sérieux, on était noté aussi sur ça depuis le début… ?

- (Pijako) Le coefficient est assez élevé, du fait que le premier trimestre représente celui que vous étiez avant d’intégrer la guilde. Les notes seront rudes, mais prenez-le plus comme une manière de progresser qu’autre chose. M’enfin, ce n’est pas à moi de justifier vos erreurs…

Il distribua les notes, accompagnées d’une correction de ce qui n’allait pas à chacun de ses élèves. Rapidement, les grabuges recommencèrent.

- (Pijako) Le tout est sur cent points. La moyenne est à quarante-deux.

- (Pikachu) J’ai eu… soixante-huit !? J’suis trop fort !!

- (Argouste) … (Quarante-trois… ?)

- (Rocabot) … (Cinquante tout pile !)

- (Ptyranidur) … (Soixante-dix, super !)

- (Branette) … (Quarante-sept.)

- (Germignon) … (Cinquante-neuf, sérieux… ? Ma moyenne en prend un sacré coup.)

- (Carapuce) … (Soixante-cinq, il se fout d’moi !?)

- (Mangriff) … (Vingt-deux ? J’ai envie de dormir.)

- (Salamèche) … (J’ai eu… trente-quatre… ? Quoi ?)

- (Riolu) … (Quarante ? Surprenant.)

- (Poussifeu) … (Soixante-dix-huit !! Incroyable, je ne mérite pas cette note, ah ah !)

- (Pijako) Et je tiens à préciser que la moyenne de la Dream Team et de l’équipe Renaissance réunie est d’un peu plus de cinquante-deux points.

Les autres apprentis furent bouche bée, à la suite de cette nouvelle. Pijako s’était en partie adapté à la vision du maître de la guilde, il avait compris que la présence d’adolescents au sein de l’examen était surtout un prétexte pour abaisser l’égo des autres apprentis, car de toute évidence, les jeunes avaient réellement fourni un meilleur travail.

Certain, comme l’équipe Crâne, grogna de mauvaise foi. D’autre, comme l’équipe Contre-Coup, accepta leurs échecs et rigola de leurs erreurs. Mais d’une manière générale, les adultes comprirent qu’ils ne devraient peut-être plus sous-estimer ces gamins.

- (Moufflair) On sera encore noté en traitre, dans quinze jours ?

- (Pijako) Non, car comme je l’ai indiqué, cela servait surtout à vous donner un point de vue extérieur à celui que vous étiez avant d’intégrer la guilde. Nous allons vous faire progresser, croyez-moi, et d’ailleurs… les choses sérieuses commencent aujourd’hui ! Maître, à vous !

L’échelle se mit à trembler et soudainement, Grodoudou y sortit en bondissant tel un enfant surexcité.

- (Grodoudou) Coucou, les copains !

Exclama-t-il, en levant les bras de joie. Cet imposant personnage avait du coffre, malgré sa voix aigüe. À vrai dire, les apprentis ne le voyaient que durant le diner, alors ils ne savaient encore pas grand-chose de lui. Ceci-dit, ils avaient tous assimilés le fait de s’incliner pour le saluer.

- Bonjour, maître !!

- (Grodoudou) Wow, vous êtes tous trop beau, dans vos tenues quotidiennes !

Il est vrai qu’il ne les voyait qu’en peignoir.

- (Grodoudou) Bon alors, on le fait, cet entraînement en deux contre deux !?

Un silence se créa, les apprentis écarquillèrent les yeux.

- (Ramboum) Quoi… ?

- (Keunotor) Du deux contre deux ? Vous voulez dire qu’on va se battre !?

- (Pijako) Bon sang, maître, vous nous faite le coup chaque année ! Arrêtez de divulgâcher nos événements spéciaux !

- (Grodoudou) Oh, ça va le ronchon, c’est pas comme si j’avais dit qu’on allait au Lac des Brumes pour Noël !

Un énième silence régna. Pijako soupira simplement.

- (Pijako) Bref. Du temps s’est écoulé, depuis l’obligation de l’obtention de cet examen pour devenir explorateur. Nous avons gagné en popularité, en notoriété et donc en budget, pour parvenir à vous former comme il se devait. Et cette année est un pas important pour la guilde d’exploration, car le sous-terrain d’entraînement est enfin opérationnel et prêt à l’utilisation ! En d’autres termes, aujourd’hui, vous ne partez pas en mission.

Il regarda l’horloge de l’étage.

- (Pijako) Vous avez un quart d’heure pour vous préparer. Je veux la meilleure version de vous-même dans quinze minutes, alors ne traînez pas !

Et sur ces mots, les apprentis se dépêchèrent. Ils étaient tous un peu perdu, ne sachant pas ce qu’était ce fameux sous-terrain d’entraînement, ou encore ce qui allait réellement se passer une fois là-bas. Mais ils n’avaient le temps d’en discuter : il fallait prendre son petit déjeuner, faire sa toilette et terminer les préparatifs pour le premier événement spécial de la guilde.

Salamèche était déjà prêt. Alors qu’il avait rapidement engloutis son repas matinal, il profita du temps restant pour venir demander une justification auprès de son chef.

- (Pijako) Comment ça, tu ne comprends pas ta note ? Tout est marqué sur la feuille de correction.

- (Salamèche) J’ai perdu cinquante points pour ne pas avoir fait toutes les activités… ?

- (Pijako) Je vous avais demandé de vous diversifier le plus possible. Tu crois que l’explorateur idéal reste plongé dans sa zone de confort ?

- (Salamèche) Bon sang, c’est rude…

- (Pijako) Tu te plains ?

- (Salamèche) Non, chef… ! Je voulais juste… euh… avoir des précisions sur les autres points perdus. « Manque d’implication dans son rôle », qu’est-ce que cela signifie ?

- (Pijako) Tu le découvriras bien assez tôt, crois-moi.

Il s’en alla sur ces mots, laissant le pauvre adolescent sans réponse. Il comprit qu’il devait se débrouiller, ne serait-ce que pour trouver ce qui était à améliorer dans son comportement ou sa manière d’agir. Mais à vrai dire, il n’avait aucune idée de ce que ce message pourrait signifier. « Manque d’implication dans son rôle », il se trouvait pourtant très attentif aux regards de ses partenaires d’équipe, et même de l’équipe Renaissance.

Le quart d’heure s’écoula, et tous les apprentis revinrent devant le chef et le maître, tous deux également prêts à quitter Bourg-Trésor.

- (Pijako) EN AVANT, GUILDE D’EXPLORATION !!!

- OUAIS !!!

- (Eoko) Bonne chance !

Ils laissèrent Eoko gérer la fondation en leur absence. Ils passèrent par la plage du continent, et marchèrent tranquillement sur sa bordure. Le maître jouait à la marelle avec le mouvement des vagues. De loin, il semblait ridicule, c’est du moins la réflexion que se firent silencieusement quelques apprentis.

Même après deux semaines à vivre dans le même bâtiment, les différentes équipes restèrent chacune de leur côté, éloignées des autres et ne cherchant pas spécialement à s’ouvrir à la conversation. Argouste et Ramboum parlaient parfois beaucoup ensemble, mais ils étaient bien les seuls.

Finalement, la guilde arriva au lieu de rendez-vous. Ils étaient encore sur la plage, mais s’étaient arrêtés brusquement en sentant la matière sur laquelle ils marchaient se solidifier.

- (Germignon) C’est… de l’acier ?

Pijako projeta une rafale de vents en face de lui, dégageant d’un mouvement d’aile tout le sable qui recouvrait cette entrée bien cachée. Car en effet, devant eux s’afficha une trappe d’acier, ouvrant sur un sous-terrain sombre et profond. Salamèche écarquilla les yeux, cela lui rappela le centre de formation caché de la DDR. Mais tous les autres étaient bluffés, ils découvraient ce principe de gain d’espace, d’économie de pollution de la nature et éventuellement de parfaite cachette.

- (Pijako) Après vous, maître !

Exclama le chef, essoufflé après avoir ouvert la trappe. Si les escaliers crasseux menants à une profondeur plus sombre que jamais pouvait effrayer, Grodoudou se contenta de bondir les bras en arrière.

- (Grodoudou) Youpi !!

- (Keunotor) J’suis légèrement claustrophobe, chef… dites-moi qu’c’est pas un piège !

- (Pijako) Il fait sombre parce qu’on pense à faire des économies d’électricité, banane ! Je vais rallumer le courant, dépêchez-vous d’entrer !

- (Ptyranidur) Ça me fait penser au tome sept des aventures de Pharamp.

- (Salamèche) Hum… ? C’est vrai qu’il est confronté à ce genre d’espace sous-terrain.

- (Ptyranidur) Il s’en sort en moins de deux chapitres, je crois ?

- (Salamèche) Il aura tout de même essuyé une égratignure. Il faut le faire, pour blesser Pharamp.

- (Ptyranidur) Alors c’est une grande épreuve qui nous attend !

Exclama d’un sourire aux lèvres le dinosaure, empruntant sans hésiter la trappe. Salamèche le talonna d’un brin de motivation, et le reste suivit. Il faisait effectivement sombre quand ils arrivèrent au bout des escaliers, trop pour qu’ils ne puissent comprendre l’enjeu de cette journée. Mais déjà là, ils pouvaient ressentir le puissant écho qui pesait dans leurs paroles. Alors lorsque Pijako alluma les lumières, le choc fut monstre.

Ça n’était pas un simple sous-sol, mais l’équivalent d’une deuxième guilde en un seul espace. Le territoire mesurait bien le kilomètre carré, pour une centaine de mètres de hauteur. Une fontaine s’écoulait en fond, ils l’entendaient, mais la voyaient surtout désormais. Au premier plan se trouvait un grand lac, animé par une fontaine et quelques éléments civils, tels des bateaux et des ponts en bois. Au deuxième plan se trouvaient des bâtiments, des grandes maisons carrées et sur plusieurs niveaux comme à Bourg-Trésor. Et enfin, au troisième plan se trouvaient deux montagnes, la première enflammée, la seconde enneigée.

Bien entendu, tout ce décor n’était pas naturel, mais reconstruit à l’image de véritables zones dangereuses, et plus précisément à l’image des lieux dans lesquels les explorateurs avaient le plus à mener un combat, selon des études datant d’il y a un peu plus de cinq ans. Cela en disait long sur le temps de construction de cet espace, uniquement réservé à la guilde d’exploration.

- (Grodoudou) Bienvenue dans notre Zone de Victoire !!

- (Poussifeu) C’est… vraiment impressionnant !

- (Smogo) La plage cazait tout za !?

- (Keunotor) Vu la taille du sous-terrain, ça doit même s’étendre en-dessous d’la mer !

- (Grodoudou) Effectivement, c’est plutôt pas mal ! J’ai décidé de l’appeler « Zone de Victoire » parce que ce terrain représente à cent pourcent notre victoire, lors du grand débat autour de l’exploration ! Quand l’État nous a accordé un plus grand budget, nous avons immédiatement imaginé une zone d’entraînement pour les apprentis, un endroit sûr où votre pire ennemi seraient ceux en qui vous deviez apprendre à avoir confiance !

- (Ramboum) Les autres équipes ?

- (Grodoudou) Exactement ! Quel autre meilleure idée aurions-nous pu avoir, que celle de faire affronter des duos construits aléatoirement parmi tous les membres de la guilde ? Nous consacrerons une journée à ça toutes les deux semaines ! Ça m’permettra aussi de vous voir à l’œuvre, mes copains !

- (Carapuce) Vous voulez dire qu’on va enfin s’battre ?

Le type eau se cogna les poings, le sourire aux lèvres.

- (Carapuce) J’attendais qu’ça !

- (Ramboum) Attendez, je n’ai pas envie de me battre contre des adolescents ! C’est injuste pour eux, ils sont moins expérimentés… !

- (Grodoudou) Tu crois ?

Lui demanda-t-il rhétoriquement, toujours avec ce sourire d’apparence si naïve. Ramboum disait cela par inquiétude, mais les autres apprentis semblaient moins altruistes. L’équipe Crâne voulait en découdre. D’autres les sous-estimaient tant, qu’ils en rigolaient déjà, à l’annonce de ces affrontements en deux contre deux.

Pijako arriva, comprit que le maître avait déjà presque tout expliqué, puis prépara le tirage au sort. Il mit le nom de tous les apprentis dans une urne, puis tira quatre noms afin de former deux équipes seulement. Il ne voulait pas tout faire d’un coup, pour ne pas laisser un temps de préparation supérieur aux autres équipes. Voici comment étaient formées les deux premiers duos :

Première équipe : Carapuce et Ramboum

Deuxième équipe : Keunotor et Salamèche

Voici les deux premiers groupes à s’affronter, deux duos qui, en s’échangeant un regard respectivement confiant, troublé, inquiet et incertain, allaient devoir tout donner pour ce premier entraînement géré par la guilde d’exploration.

- (Pikachu) Ouh là, ça ne rigole plus, là !

- (Keunotor) On va devoir se taper dessus, sérieux ?

- (Ramboum) Quel sacré hasard…

Ramboum se tourna vers le chef.

- (Ramboum) Dois-je vraiment faire du mal à mon meilleur ami ?

- (Pijako) Du mal ? Enfin, tout est adaptable selon votre stratégie !

- (Carapuce) La mienne est déjà trouvée.

- (Ramboum) Hein… ?

- (Carapuce) Où on se bat ?

Pijako pointa d’une aile l’une des grandes maisons, au deuxième plan.

- (Pijako) Aujourd’hui, ce sera dans ce terrain-ci.

- (Carapuce) Parfait. Je me place où je veux ?

- (Pijako) Non, la première équipe doit se placer sur les marqueurs rouges, la seconde sur les bleus. Je vais vous y mener. Mais d’abord, laissez-moi vous expliquer les règles. La confrontation dure un quart d’heure maximum. Les deux duos démarrent à un endroit précis, et leur objectif est de capturer le drapeau en premier. Ce dernier se trouve au centre de la fondation, mais il ne sera pas simple d’y parvenir sans un plan et une organisation minimum. L’objet de cet entraînement n’est pas le combat, mais vous avez entièrement le droit d’y venir aux mains. La défaite est soulignée par l’abandon ou un état hors-jeu du concerné.

- (Germignon) Qu’entendez-vous par un état « hors-jeu » … ?

- (Pijako) Libre interprétation de ces mots, cela fait également partie de l’analyse que je tirerai de chacun d’entre vous. Vous avez trois minutes pour vous préparer, ensuite, je vous mènerai à vos postes. Nous, nous vous observerons depuis la salle des caméras, dans le bâtiment d’à côté.

- (Rocabot) Caméra… ? Qu’est-ce que c’est ?

- (Riolu) Vous avez installé des caméras !?

S’exclama assez surprenamment Riolu.

- (Pijako) Une bonne dizaine dans chaque zones, oui.

- (Riolu) Wow… impressionnant !

- (Rocabot) Mais c’est quoi, bon sang !?

- (Riolu) Une technologie récente qui permet d’avoir des prises de vues normalement inaccessible en temps réel à travers des outils extérieurs, comme des écrans. Leur modernité affecte logiquement leur prix. Aucun d’entre nous n’aurait les moyens d’en acheter une seule, alors des dizaines… (Je ne peux pas nier que la guilde a mit les moyens, pour l’expérience de ses apprentis.)

- (Grodoudou) Wow, je ne comprends rien à ce qu’il raconte, mais ça sonnait très « scientifique », c’est cool !

- (Pijako) C’est… tout juste, Riolu, bien expliqué. Tu t’y connais vraiment bien, dans ce domaine, c’est presque bizarre.

- (Riolu) Pourquoi ? Notre avenir est fait de technologies, il faut savoir les maîtriser pour ne pas être dépassé.

Disait-il sur un ton aussi froid qu’asséché. Un léger silence régna, avant que Carapuce ne se recogne les poings.

- (Carapuce) Bon, vous attendez quoi, bordel !?

- (Ramboum) Une minute, il faut qu’on discute de notre stratégie !

- (Carapuce) De quoi j’me mêle ? J’ai déjà un plan, et t’as pas intérêt à te mettre en travers de mon chemin.

- (Ramboum) Quoi… !? Mais… nous sommes en équipe, bon sang !

- (Carapuce) T’es plus une gêne qu’autre chose, lâche-moi la grappe.

Les regards étaient fixés sur cette conversation à sens unique, Pijako soupira en commençant déjà à prendre des notes.

- (Keunotor) Mon pauvre Ramboum, j’ai l’impression qu’il va en chier…

Marmonna son partenaire d’équipe, en arrivant vers Salamèche.

- (Keunotor) Ça va aller, tu te sens paré à l’affrontement ?

Lui semblait bien plus cool, détendu et moins stressé.

- (Salamèche) Je ne sais pas vraiment…

- (Keunotor) Pas la peine de s’prendre le chignon pour ça, mieux vaut voir cet entraînement comme une bataille amicale.

- (Salamèche) Justement. Avec Carapuce, il est difficile de voir les choses de cet œil.

- (Keunotor) Ouais, c’est ce que j’ai cru comprendre. Autant te le dire tout de suite, je suis moins fort que Ramboum.

- (Salamèche) Hum… on va s’adapter.

- (Pikachu) Salamèche !

Pikachu, Germignon, Ptyranidur et Branette s’approchèrent du duo, peu de temps avant que Pijako ne les écarte.

- (Pikachu) Ça va le faire, ne t’en fais pas !

- (Branette) Je n’ai guerre eu la malchance de parler avec ce personnage, mais Carapuce ne semble pas te porter dans ton cœur.

- (Pikachu) Ouais, je crois qu’il déteste Salamèche depuis qu’il est venu chambouler la vie tranquille qu’il menait avant son arrivée à Bourg-Tranquille.

Salamèche baissa la tête, il savait que ce n’était pas que ça.

- (Germignon) J’aimerai bien le soutenir, mais je sais jusqu’où ses excès peuvent aller. S’il te plaît, ne cherche pas à le provoquer.

- (Ptyranidur) Est-il si dangereux que ça ? Il apparait confiant, certes, mais tu as vécu des événements qu’il ne pourrait pas même imaginer subir.

- (Salamèche) Je ne l’ai jamais affronté. En fait, la dernière fois que je l’ai vu combattre était lors de notre confrontation face à Electhor, mais c’était il y a dix mois.

Disait-il, en ouvrant son rappelle-tout aux pages dédiées à son rival.

- (Salamèche) Dans tous les cas… je saurais jusqu’où aller, avant d’abandonner.

- (Keunotor) Abandonner !? Mon ami, enfin !

Keunotor tapota de son crâne le ventre de son interlocuteur.

- (Keunotor) On n’abandonne pas un entraînement ! Ne t’en fais pas, je te promets que ça va bien s’passer, qu’importe ce que ce môme pense de toi !

Salamèche lui lâcha finalement un léger sourire.

- (Salamèche) … D’accord.

Pijako remarqua cela également. Il annota d’un sourire au bec.

- (Pijako) On y va, les duos !

- (Keunotor) Allez, gardons la tête haute !

- (Pikachu) Bonne chance !!

- (Germignon) Faites attention, tout de même !

Et les duos s’écartèrent, suivant Pijako droit vers le bâtiment carré et en pierre. Sur le trajet, Keunotor et Salamèche remarquaient bien que Carapuce faisait comme si Ramboum n’existait pas, ils lui affichèrent un regard navré. Le type feu feuilleta ensuite son carnet, espérant trouver une stratégie là-dedans. Mais ils arrivèrent bien rapidement au lieu de confrontation. L’entrée du bâtiment était assez grande, avec comme indication, sur un grand panneau de bois et ficelé par deux petites cordes solides, les inscriptions « Bienvenue au bar géré par la By, le Rin et la Thique ». Salamèche le regarda un long moment, avec un léger brin d’idée naissant dans sa tête.

- (Pijako) Bien. Avant d’entrer vous placer, je dois vous transmettre une dernière information.

Au même moment, Grodoudou mena le reste de la guilde dans la salle des caméras. Une dizaine d’écrans leur fit face, tous déjà activés sur les différentes pièces de la maison dans laquelle allaient s’affronter les duos. Une caméra était placée à l’entrée, là où Pijako parlait aux autres.

- (Riolu) … (C’est vraiment très impressionnant.)

- (Rocabot) Wow… ! J’hallucine, on se croirait dans une des BD de SF de Ptyra !

- (Ptyranidur) À voir en vrai, c’est encore plus dingue !

- (Germignon) Suis-je la seule à avoir très chaud ?

- (Argouste) Non, cette sale a une atmosphère pesante.

- (Poussifeu) Ah oui ? Moi je ne ressens rien.

- (Riolu) Les machines chauffes, c’est logique.

C’est alors que la voix de Pijako se fit entendre à travers les haut-parleurs.

« - (Pijako) Bien. Avant d’entrer vous placer, je dois vous transmettre une dernière information. »

Tout le monde écouta alors attentivement.

- (Pijako) Je n’ai pas encore précisé ce que les vainqueurs remporteront.

- (Keunotor) Ah, y a un prix !?

- (Pijako) Un prix qui devrait motiver tout le monde. Ceux qui attraperont le drapeau en premier… deviendront le chef de leur équipe respective.

Un silence se créa. Les yeux des membres des duos, comme des autres apprentis dans la salle des caméras s’écarquillèrent de surprise.

- (Ramboum) P… pardon ?

- (Keunotor) Le… chef… d’équipe ?

- (Pijako) Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les équipes d’explorations étaient généralement représentées par un seul membre de l’équipe ? Comme avec Pharamp pour l’équipe RS, par exemple ?

- (Salamèche) … (L’équipe… RS !? C’est vrai que j’en ai déjà entendu parler, mais… si peu, par rapport à Pharamp qui… serait leur chef !? Ce n’est donc pas un choix personnel, chaque équipe doit forcément avoir un chef !?)

- (Pijako) Le chef donne les ordres, renforce du fait de sa présence et de son influence le reste de son équipe. Il motive, encourage et engueule quand il le faut ses alliés. C’est un Pokémon à la hauteur des espérances et objectifs de l’équipe, il la représente, elle et ses idéologies. Un chef connait du bout des doigts chaque membres de son équipe, ce sont bien plus que des coéquipiers pour lui. Bref, ce rôle est le plus important dans une équipe d’exploration, et il est obligatoire pour toutes et la change généralement drastiquement, une fois la décision prise. C’est à cet instant que l’équipe passe d’amateur à professionnel, c’est à cet instant qu’elle décolle du lot.

La pression fut maximale, à la suite de ce discours. Salamèche se mit à transpirer, n’ayant jamais anticipé ce jour, au sein de la Dream Team. Il tourna son regard vers Carapuce, et le vit plus satisfait que jamais, l’adrénaline semblait déjà parcourir tout son corps.

- (Keunotor) Mais… une minute, chef ! Les jeunes vont bien devoir obtenir à plusieurs reprises le drapeau, vu leur surnombre ! Comment déterminera-t-on le chef de la Dream Team et de l’équipe Renaissance ?

- (Pijako) C’est à eux de se construire, Keunotor. Tout ce que je veux, c’est qu’il y ait un chef par équipe d’ici ce soir.

- (Carapuce) Ce sera moi ! Ah ah ah, ouais, c’est sûr !!

Le type eau se mit à rire à gorge déployé, comme s’il avait déjà gagné.

- (Carapuce) Chef d’équipe ! Voilà une ligne de plus qui, sur mon CV, me permettra d’atteindre les plus hauts rangs de l’exploration ! Je deviendrai le meilleur grâce à ça, c’est obligé !

Pijako tourna son regard vers Salamèche, s’attendant à une rhétorique de sa part. Mais rien, ce dernier garda la tête baissée, l’air dominé. Il l’annota.

De l’autre côté, les voix s’élevèrent.

- (Rocabot) On doit s’battre maintenant pour avoir ce rôle !?

- (Argouste) Je ne savais même pas qu’il existait. Pourtant… c’était prévisible.

- (Poussifeu) Oui, une équipe sans chef, c’est forcément instable quand elle se professionnalise. Mais à vrai dire, dans l’équipe Renaissance, tout le monde est apte à devenir le chef… enfin presque.

Les regards se tournèrent vers Mangriff, baillant d’un air désintéressé, comme à son habitude.

- (Ptyranidur) Et vous, ça vous motive ?

Demanda Ptyranidur à la Dream Team.

- (Branette) Non. Je ne veux pas être le chef, je n’aime pas parler.

- (Pikachu) Disons qu’on attribuait indirectement ce rôle à Salamèche et moi, puisqu’on était les fondateurs de l’équipe. Mais là, on joue dans une autre cour. Et maintenant que j’y pense, si ce rôle s’obtient par la force… alors Carapuce a toute ses chances de devenir le vrai chef de la Dream Team.

- (Germignon) Ce serait une opportunité folle, pour son avenir.

Disait sa partenaire, pourtant d’un air incertain. Pikachu l’était aussi, ils ne semblaient pas vouloir de Carapuce en chef d’équipe, et ce malgré leur affection plus ou moins proche au personnage.

Pijako plaça les équipes, l’une à l’opposée de l’autre. Un décompte de deux minutes se lança, avant que l’épreuve ne commence. Salamèche tournait en rond, stressé par les conclusions inévitables de cet affrontement.

- (Salamèche) Chef de la Dream Team… ? Chef… ?

- (Keunotor) Hé, calme-toi un peu ! Tu ne veux vraiment pas que ton pote soit chef ?

- (Salamèche) Ce n’est pas ça, enfin pas que ! Si ce n’est pas lui, alors ce sera moi, et… je n’en ai pas la force. Merde, pourquoi doit-il forcément y avoir un chef, les autres nous aident toujours à ne pas faire d’erreurs !

- (Keunotor) Chef ne veut pas dire dictateur, Salamèche. D’après c’que j’ai vu depuis ces deux dernières semaines, si c’est toi qui deviens le chef… alors ça ne changera pas grand-chose à la Dream Team.

- (Salamèche) … Tu crois ?

- (Keunotor) Si, à la limite, elle se professionnalisera encore plus, comme Pijako l’a dit. Mais tu as le niveau de gérer ton équipe, ça se voit que tu es attentif à tout ce à quoi tes amis sont confrontés. Sérieux, j’me fais pas de soucis pour toi.

- (Salamèche) … Merci, Keunotor.

- (Keunotor) Allez, gagnons ce match haut la main !

- (Salamèche) Mais… et toi ? Tu veux devenir le chef de ton équipe ?

- (Keunotor) Nan, certainement pas. Ramboum est tellement plus sérieux que moi, ce serait une honte pour l’équipe Contre-Coup.

- (Salamèche) Mince ! On peut les laisser gagner, si tu veux.

- (Keunotor) Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes !? Il faut toujours se battre pour les vainqueurs. Et aujourd’hui, c’est toi le vainqueur ! Au pire, je deviens chef et ordonne à Ramboum de prendre ma place, ça ne changera pas grand-chose.

- (Salamèche) Tu penses que ça plaira à Pijako ?

- (Keunotor) Parce que tu crois qu’il veut vraiment nous imposer ce rôle ?

L’adolescent resta immobile un instant, à la suite de cette réplique. Mais il n’eut le temps d’y penser plus longtemps, qu’une forte sonnerie retentie. Les haut-parleurs accrochés avec les caméras dans le bâtiment retentirent alors :

« - (Pijako) Vous m’entendez ? »

- (Keunotor) Oui, chef !

« - (Pijako) Parfait ! »

Le chef de la guilde avait rejoint la salle des caméras, depuis laquelle il parlait à ses apprentis avec un puissant micro.

- (Pijako) Équipe de Carapuce et Ramboum, équipe de Keunotor et Salamèche, à vos marques ! Prêts… ! PARTEZ !!!

Et sur ces mots, l’épreuve commença. Les deux duos s’introduisirent dans le bâtiment. Salamèche et Keunotor se talonnaient, agissant par discrétion et stratégie. Le type feu feuilletait son rappelle-tout, il semblait avoir trouvé un plan risqué, mais intéressant. De l’autre côté, Ramboum se retrouva rapidement seul.

- (Ramboum) Carapuce ? Carapuce !?

Son coéquipier l’avait semé, en se propulsant rapidement avec ses jets d’eaux. Il voulait agir seul, déterminé à trouver, et seulement trouver le drapeau avant l’équipe adverse.

- (Keunotor) T’as entendu… ?

- (Salamèche) Oui, Ramboum semble avoir perdu la trace de Carapuce…

- (Keunotor) Ils se sont déjà séparés, tu avais raison… !

- (Salamèche) Ce n’est que le début du plan, préparons-nous à toutes les éventualités.

- (Keunotor) Décompresse un peu, j’ai entièrement confiance en toi… !

- (Salamèche) … Merci. (Il a une philosophie de vie si paisible, je devrais prendre exemple…)

Ils contournèrent discrètement le bâtiment de l’intérieur, entendant de plus en plus Ramboum. Keunotor savait que la discrétion n’était pas son point fort, il avait appris à le reconnaitre parmi tout un tas d’inconnu. Et les inconnus étaient ici représentées par tout le vacarme que Carapuce faisait, en cherchant le drapeau. Le duo adverse parvint à l’esquiver sans se faire remarquer, puis continua son chemin vers le Pokémon à la puissante voix. Après cinq bonnes minutes de recherche, ils le trouvèrent enfin. Mais il est vrai qu’en attendant, les autres trouvaient la scène lente.

- (Argouste) C’est long. Ont-ils l’intention de se faire invisible encore longtemps ?

- (Ptyranidur) Connaissant Salamèche, ça n’est pas étonnant de le voir jouer la carte de la discrétion. Mais il est vrai que Carapuce a une méthode de recherche plus efficace.

- (Grodoudou) … Ils ne cherchent pas le drapeau.

Les regards se tournèrent vers le maître.

- (Ptyranidur) Vous pensez ?

- (Grodoudou) Ils ont compris qu’il ne fallait pas se laisser intimider par la prétendue puissance de frappe de leurs adversaires. N’importe qui d’autre se serait précipité vers le drapeau le plus vite possible, n’imaginant pas une seule seconde affronter un ado surexcité et assurément compétant, ainsi qu’une montagne de muscle à la voix destructrice. Mais le gamin, là…

- (Pijako) Salamèche.

- (Grodoudou) Oui, voilà ! Lui a un plan, ça se voit ! Il doit connaître du bout des doigts son coéquipier de type eau pour agir ainsi, c’est obligé !

Pikachu et Germignon s’échangèrent un regard incertain.

- (Germignon) Je ne pense pas qu’ils se connaissent tant que ça, maître…

- (Grodoudou) Ah oui ? Dans ce cas, pourquoi commencent-ils par mettre hors-jeu Ramboum ?

Les apprentis regardèrent tous d’un air intrigué la scène qui allait suivre, autant grâce à l’analyse immédiate et exagérément juste du maître, que par ce fameux plan qu’avait préparé le type feu. Il l’avait fait en un rien de temps, se déplaçant avec son rappelle-tout encore ouvert.

- (Salamèche) … (Carapuce est écœuré à l’idée de travailler en équipe, je suis désolé que ce soit tombé sur toi, Ramboum. Son égo est surdimensionné, en fait, je pars du principe qu’il ne capturera pas le drapeau tout de suite. Il attendra que je vienne, il voudra le récupérer sous mes yeux, il voudra voir ma peine face à sa supériorité. Et je suis obligé de jouer de ça, pour avoir une chance de gagner. Voilà pourquoi on doit commencer par t’éloigner du boss final, et encore une fois… je suis désolé !)

Il rangea son carnet, fit un signe de tête à Keunotor, puis ils se placèrent selon leur stratégie. Ramboum, lui, fouillait en urgence chacune des pièces du bâtiment. Il avait énormément de mal à s’adapter au manque de travail d’équipe de son coéquipier, n’ayant travaillé dans sa carrière qu’avec Keunotor, soit un ami si proche pour qui il serait prêts à se sacrifier.

C’est alors qu’une petite boule de feu lui fonça dessus. Il la vit au dernier moment, et l’encaissa en se protégeant avec ses bras. L’explosion fut minuscule, mais la fumée qui s’en dégagea laissa apparaitre la figure de son auteur face à son adversaire.

- (Ramboum) Salamèche… !

Ce dernier était en garde, l’air sérieux. Sa bouche fumait un peu.

- (Ramboum) Vous venez m’affronter en deux contre un… ?

Demanda-il en fouillant du regard les alentours.

- (Ramboum) Je te préviens tout de suite, je n’ai pas envie de t’attaquer !

- (Salamèche) S’il te plaît, Ramboum.

- (Ramboum) … ?

- (Salamèche) Tu risques d’avoir une mauvaise note, fais-le par principe.

- (Ramboum) C’est une blague !?

- (Salamèche) J’ai ouïe dire que tu entraînais Argouste ?

Au même moment, dans la salle des machine :

- (Rocabot) Quoi ? C’est vrai !?

Le type normal hocha simplement la tête.

- (Argouste) Depuis plus d’une semaine.

- (Rocabot) Pourquoi on n’est pas au courant ?

- (Argouste) Parce que vous ne vous intéressez pas à l’ensemble de ma vie… ? Ce qui est normal, en fait. Salamèche a juste… beaucoup de temps à perdre, visiblement. En fait, c’est même grâce à lui que j’ai pu faire une telle demande à Ramboum.

Pijako le regarda, l’air surpris. Il l’annota.

- (Ramboum) Et alors !?

- (Salamèche) Et alors tu as dit que tu serais tous prêt à nous aider. Ce que je veux aujourd’hui, c’est t’affronter en combat singulier pour gagner en expérience.

- (Ramboum) … Putain !

Il se mit en garde à son tour.

- (Ramboum) Je n’oserai pas aller trop loin.

- (Salamèche) Tant pis pour moi.

Et sur ces mots, Salamèche fonça à l’attaque. Il courut droit vers sa cible, avant de bondir sur le côté gauche, esquivant une attaque directe de son adversaire. Il lui sauta ensuite dessus, et le bouscula d’un coup de boule à l’épaule. Le Pokémon au chapeau de paille le fit tomber, tout en reculant de quelques pas. Salamèche rattaqua sans hésiter, et déstabilisé, sa cible lui ouvrit sa bouche pour y laisser sortir sa puissante attaque Hurlement.

De grosses ondes de choc vinrent lui bloquer la route, avant de soudainement le projeter en arrière. Le sol explosa, une partie des murs s’envolèrent, et Salamèche s’écrasa dans les décombres. Le bruit était assourdissant. L’adolescent perdit l’ouïe pendant quelques secondes, pendant que tous les autres se bouchèrent les oreilles, par saturation des haut-parleurs.

- (Pikachu) Wow, sacrée puissance !

- (Poussifeu) C’est… l’attaque Hurlement ?

- (Grodoudou) Exactement ! Comment le sais-tu ?

- (Poussifeu) Disons que j’ai… entraîné un ami à l’apprendre.

Argouste baissa le regard. Poussifeu comprit que s’il n’avait pas parlé de ses entraînements avec Ramboum, c’était parce qu’il lui cachait le fait de vouloir améliorer cette fameuse attaque, qu’elle lui avait pourtant permis d’apprendre.

Ramboum reprit son souffle, tout en voyant sa cible peiner à se relever. Il se sentit mal.

- (Ramboum) Bon sang, j’en étais sûr… !

Il s’approcha d’urgence.

- (Ramboum) Salamèche, je suis désolé ! Je ne voulais pas te…

Mais soudainement, à l’intersection d’un mur qu’il avait démoli, Keunotor apparut et lui sauta dessus. Il le plaqua brutalement au sol, pendant que le type feu se redressa et sortit de sa poche des petites cordes. Il lui attacha rapidement les chevilles, jusqu’à ce que Keunotor se fit dégager d’un coup de poing dans la joue. Mais il était trop tard, le nœud était déjà fait.

- (Ramboum) J’hallucine, vous m’avez piégé !

Il essaya de le défaire, mais le type feu l’avait trop bien serré. Ce dernier releva son coéquipier, avant d’enfin récupérer son souffle.

- (Keunotor) Hé hé, qu’est-ce que tu dis de ça !? Un plan entièrement trouvé par le mioche que tu refusais d’affronter !

- (Ramboum) Où as-tu trouvé ces cordes !?

- (Salamèche) Le panneau à l’entrée. J’ai dû un peu le vandaliser…

- (Pijako) QUOI !?

- (Grodoudou) Tu n’avais pas remarqué ? Il est marrant, ah ah !

- (Pijako) Quel miséreux, qui lui a permis de s’aider du décor !?

- (Salamèche) *souffle* C’est moi qui suis désolé, Ramboum. Je me sens mal d’avoir dû te piéger, alors que tu avais déjà un malus dans ton équipe.

- (Ramboum) C’est vrai que devoir agir seul est un sacré handicap. Mais vous avez su en profiter, et je suppose que c’est ce qu’un explorateur ferait.

- (Keunotor) Non, un explorateur t’aurait cassé la gueule. Salamèche a fait encore mieux !

- (Ramboum) Tu n’as même pas été capable de me maintenir au sol plus de cinq secondes, Keunotor. Niveau implication, on repassera !

- (Keunotor) Hé, tu m’rappelles qui a les pieds attachés, là ? Si tu veux que tout le monde voie comment tu réagis aux chatouilles, tu n’as qu’à continuer la provocation !

- (Salamèche) Keunotor, il faut… *souffle* rattraper Carapuce !

- (Ramboum) Mon attaque t’a étourdi ? Fais une pause, tu pourrais complètement perdre l’équilibre.

- (Salamèche) Je ne peux pas, on ne peut pas se permettre de faire perdre plus de temps à Carapuce.

- (Ramboum) Comment sais-tu en combien de temps il trouvera le drapeau ?

- (Salamèche) Il l’a déjà trouvé.

- (Ramboum) Quoi ?

- (Salamèche) Allez, on y va !

- (Keunotor) Je te suis !

Et le duo fonça à l’étage supérieur, là où les derniers vacarmes s’étaient fait entendre. Ramboum resta immobile, bouche bée par les intuitions et stratégies du type feu. Pijako annonça alors par haut-parleurs :

« - (Pijako) Ramboum est hors-jeu ! ».

Cela servait principalement à alerter Carapuce. Mais ce dernier semblait s’en moquer, son plan était déjà tout trouvé. Pijako annota son manque définitif de travail d’équipe.

Salamèche et Keunotor arrivèrent à l’étage supérieur. Tout était ravagé, le type eau s’était déchaîné pour atteindre son objectif. De plus, une atmosphère pesante entourait l’étage, comme si quelque chose n’allait pas du tout. Le duo s’avança lentement, tous deux sur leur garde. L’adolescent était bien plus stressé, peut-être aussi parce qu’il en savait à la fois trop et pas assez sur Carapuce. Il savait que c’était un monstre à l’entraînement, prêt à se ruiner la santé pendant des semaines pour dépasser ses limites. Mais cela faisait également presque un an qu’il ne l’avait plus vu à l’action, peut-être sous-estimait-il sa progression ?

Ce qui est certain est que la haine que le type eau portait pour son rival n’avait pas changé. Alors qu’aucun bruit n’animait la scène, un puissant jet d’eau vint brutalement séparer le duo. Il était si rapide qu’il rafla ardument le pelage de Keunotor, qui bondit de peur sur le côté.

- (Keunotor) Aïe, ça brûle !!

- (Poussifeu) Il est rapide !

- (Ptyranidur) Une attaque eau qui brûle ?

- (Germignon) Ébullition, d’après les bouquins de stratégie. Il a mis des mois à l’apprendre mais n’utilise désormais plus que ça, hors projection.

- (Ptyranidur) Oh… d’accord.

- (Rocabot) Comment tu sais tout ça ? Toi aussi, t’as beaucoup de temps à perdre ?

- (Argouste) Oh, la ferme !

- (Germignon) Ce n’est pas du temps perdu, avec Carapuce. Il est juste… parfois un peu trop sanguin avec ce qui ne l’arrange pas.

- (Salamèche) Keunotor !

- (Keunotor) Attention !!

Le type feu se retourna, et vit la carapace excessivement rapide du type eau se projeter sur lui. Il l’esquiva de peu en bondissant de l’autre côté, se séparant encore plus de son coéquipier. Mais Carapuce n’en démordit pas. Il rebondit sur le mur, sortit de sa carapace, et se propulsa pour prendre encore plus de vitesse, la tête en avant droit sur son rival. Ce dernier se relevait à peine, toujours de dos.

Et comme vous vous en doutez, les deux corps s’entrechoquèrent d’une manière extrêmement violente. Le crâne de Carapuce heurta très brutalement le dos de Salamèche, qui hurla de douleur en même temps qu’un immonde bruit de craquement se fit entendre. Il s’écrasa au sol sous le regard inquiet des autres.

- (Keunotor) SALAMÈCHE !!!

- (Pikachu) Il est malade !?

- (Ptyranidur) Il veut le paralyser à vie !?

- (Pijako) … Je vois. Carapuce a une vision très spéciale d’un état de hors-jeu.

- (Branette) Je ne comprends pas, il était dans sa carapace ?

- (Germignon) Oui, sa carapace n’est qu’un vêtement de plus, pour lui. Voilà une autre technique qu’il prit le temps d’apprendre au dojo. En revanche, je ne pensais pas qu’il comptait l’utiliser de cette manière. Il pourrait infliger des blessures… mortelles, littéralement !

- (Branette) Impressionnant. Malgré l’utilisation qu’il en fait, on ne peut nier son esprit combattif. Il ne se contente pas simplement d’apprendre les mouvements et tactiques des plus forts, il les adapte également à son corps et sa morphologie.

- (Germignon) C’est clair, que c’est impressionnant. Monsieur Makuhita assurait ne jamais rien avoir vu de tel.

Argouste jeta un regard aux autres apprentis. Tous étaient bouche bée.

Keunotor tenta de s’approcher, mais le type eau l’envoya valser avec plusieurs jets très puissants. Cela l’épuisa rapidement, mais il se défoulait comme il le voulait.

- (Carapuce) Ah ah, et voilà, j’ai gagné !

Il regarda l’une des caméras le filmant, et pointa du doigt le drapeau qu’il aurait pu attraper des dizaines de fois.

- (Carapuce) Ce putain d’drapeau est à moi, tout comme le poste de chef d’équipe !

- (Pijako) … De toute évidence, Salamèche est hors-jeu.

Le chef de la guilde voulut prendre le micro, mais son maître l’en empêcha.

- (Pijako) Maître ?

- (Grodoudou) Laisse les choses se dérouler d’elles-mêmes.

De son côté, Salamèche frappa du poing sur le sol. Il souffrait, crispait fermement les dents et les yeux, alors que ses gémissements peinaient à se faire entendre par les micros. Mais Carapuce les entendait parfaitement, et cela l’enjaillait.

- (Carapuce) Tu sais quoi ? J’aurai imaginé que tu résistes un peu plus longtemps ! Mais que dalle, même en t’entraînant pendant des mois hors du village, tu n’arrives même pas à faire autre chose que de gémir bêtement au sol, quand tout est déjà terminé !

Le type feu rouvrit les yeux sur ces mots. Juger aussi aveuglément l’enfer qu’il avait vécu en tant que fugitif l’énerva tout naturellement. Surtout que la vérité était ailleurs.

- (Carapuce) Quoi, tu veux encore te battre !?

- (Salamèche) … (Non, Salamèche, contrôle-toi ! Je m’interdis d’utiliser les enseignements de Roitiflam, même face à Carapuce !)

- (Carapuce) ALORS BATS-TOI !!!

Il lui frappa alors brutalement le ventre d’un coup de pied à toute puissance. L’adolescent s’envola presque, crachant du sang tout en retombant sur son dos déjà bien endommagé.

- (Germignon) Carapuce… ? (Qu’est-ce que tu fais, calme-toi !)

- (Carapuce) C’est en jouant la mauviette, que t’as sauvé l’équipe Renaissance !?

Salamèche leva le regard vers son adversaire, l’air assassin.

- (Salamèche) Ferme-là… !

- (Carapuce) Est-ce que t’as vraiment été confronté à des trucs horribles, en fait ?

Il resserra, enragé, les poings. D’un mouvement douloureux, il se retourna sur le ventre. Puis avec toute la haine qui l’animait, commença à se relever malgré la douleur.

- (Salamèche) Tu ne sais pas… *souffle* de quoi tu parles, ferme-là !

- (Carapuce) Peut-être que ces imbéciles s’inventent une vie depuis le début, qui sait ? En ce qui m’concerne, j’en ai ma claque de les entendre se plaindre à longueur de temps de leur ancien état d’esclave !

- (Poussifeu) Mais… pour qui se prend-il !?

- (Argouste) Il n’a aucune idée de ce qu’on a vécu, qu’il aille se faire foutre !

- (Riolu) Il ne remet pas en question vos histoires, il provoque simplement Salamèche.

- (Rocabot) Tu le défends, là !?

- (Riolu) … Il est dans son droit.

- (Salamèche) Tu n’as aucun droit à t’exprimer là-dessus, Carapuce !

- (Carapuce) J’vais m’gêner, pauvre tache. Soit déjà capable de tenir debout, avant de m’donner des ordres.

Il commença à se craqueler les doigts.

- (Carapuce) De toute façon, JE serai le chef de la Dream Team. C’est moi qui donnerai les ordres, et je peux t’assurer que tu vas morfler !

Salamèche arriva à se mettre à genoux. Il y était presque, il allait se redresser et faire face à son adversaire. Mais ce dernier visa d’une main un pilier de l’étage. Le dernier des piliers.

- (Carapuce) Tu vois ça ? C’est tout ce qui retient le plafond entier de s’effondrer sur toi.

- (Salamèche) … !?

- (Pijako) Quoi… ? Il… il n’a pas osé !?

- (Grodoudou) Ouh là là, ça devient plus qu’intéressant, là !

- (Carapuce) Si tu survis à ça, alors peut-être que je ne te virerais pas tout de suite, une fois le poste de chef atteint. Ça m’intéresserait de voir jusqu’où tu peux tenir.

- (Salamèche) Keunotor… !

- (Keunotor) Je… j’suis là… !

Le type normal peinait à se relever des rafales aquatiques de son adversaire.

- (Keunotor) Je suis prêt à l’attaquer… !

- (Salamèche) Non, fuis !

- (Keunotor) Quoi ?

- (Salamèche) Descend de l’étage, dépêche-toi !!

- (Keunotor) Mais… !?

Ils n’eurent le temps d’en dire plus : Carapuce tira sur le pilier, et tout commença à s’effondrer. Il recula vers un trou qu’il s’était confectionné avant que le combat ne débute, et se sauva comme cela. Keunotor était proche des escaliers, mais hésita à descendre, il ne voulait pas abandonner Salamèche. Cependant, ce dernier se retourna et cracha brutalement une boule de feu à ses pieds. Keunotor tomba à cause de l’explosion, et fut sauvé de l’effondrement comme cela.

Salamèche fut donc le seul à subir.

..

.

 

.

..

Deux bonnes minutes s’étaient écoulées. Les murs de l’infrastructure s’étaient enfin arrêtés de s’effondrer, sa stratégie avait murement payée. Pourtant, des décombres s’élevèrent, et le rouge non pas de sa peau mais bien de son sang se fit voir à ses yeux seulement. Il était encore debout, les poings fermés, les dents crispées, l’air enragé.

N’ayant aucune crainte, le type eau s’avança d’une attitude sereine. Le drapeau avait beau se trouver à ses côtés, le fait de le voir encore debout l’énervait secrètement. Il voulait en finir. L’air narquois qu’il affichait le rendait plus que confiant, mais avait par-dessus tout l’audace d’énerver encore plus sa cible, son rival. Ce dernier baissa un instant la tête, reprit autant son souffle que son esprit, puis s’approcha lentement à son tour. Chacun de ses pas lui procurait une douleur atroce, mais il s’exécuta sans rechigner.

- (Carapuce) Quoi ? Tu n’as toujours pas compris ?

Il ne se laissa pas intimider et continua de marcher, malgré la douleur.

- (Carapuce) Tu n’as pas l’étoffe d’un chef, pas même d’un explorateur de pacotille !

À la suite de ces mots, il passa de la marche à la course, l’air plus déterminé que jamais. Carapuce en fit alors de même, déjà certain de sa victoire.

- (Carapuce) Qu’importe ce que tu as accompli, je vais t’apprendre à ne plus jamais te mettre en travers de mon chemin !!

Il se propulsa avec ses puissants jets d’eaux, paré à la charge. Mais celui en qu’il avait une haine profonde depuis le début, l’autre élève de son maître, Salamèche… n’hésita plus à utiliser tout ce qu’il avait effectivement appris, pour en arriver jusqu’ici.

- (Carapuce) J’AI GAGN… !!

Commença-t-il, en frappant tête baissée sa cible. Mais le type feu l’esquiva de justesse, avant d’attraper son bras, de le tirer d’une force exemplaire, et de plaquer le corps entier de son rival droit sur les décombres pointus qu’il avait créé dans son arrogance.

Le bout de sa carapace se brisa brutalement, et le décombre le plus élevé lui empala le dos. Carapuce hurla de douleur, mais plus personne ne pouvait l’entendre. En effet, la destruction du plafond avait engendré celle des caméras, des micros et des haut-parleurs. Autrement dit, le reste de la guilde n’avait plus le moindre contact avec les deux duos. Cela les affola.

- (Pijako) Bon sang, mais dans quel monde vit-on !? Comment Carapuce a-t-il pu faire autant de dégât, comment a-t-il pu y songer un moindre instant !?

- (Grodoudou) C’est bien pour ça qu’il est impressionnant, mon cher Pijako !

- (Ptyranidur) Vous ne paniquez pas !? Merde, Salamèche est peut-être mort !!

- (Grodoudou) Mais non, oh là là !

- (Pijako) Peu importe, le match s’arrête ici !

- (Grodoudou) Très bien, je m’occupe d’aller les chercher !

Et le maître fonça sur place, l’air réjouis.

- (Pikachu) Je… je crois que j’hallucine encore. Carapuce vient vraiment de faire ça ?

- (Argouste) Quelle enflure, et c’est lui qui va devenir le chef de la Dream Team ?

- (Riolu) C’était ingénieux, on ne peut pas le nier.

- (Ptyranidur) Ingénieux !?

Ptyranidur était enragé, il tournait en rond d’un air perturbé.

- (Ptyranidur) Bordel… bordel… !

- (Rocabot) Calme-toi, Ptyra, je suis sûr que Salamèche et Keunotor n’ont rien !

Hélas, la rage les consumait tous deux, à l’heure actuelle. Carapuce se releva, choqué par la précision inattendue de son adversaire. Mais ce dernier ne se retenait plus, et son rival le découvrit enfin. Il crispa les dents de rage.

- (Carapuce) Tu viens d’briser ma carapace, espèce de sale ordure de merde ! POUR QUI TU TE PRENDS !?

Il se propulsa sur lui, déterminer à lui arracher bien plus que la victoire. Mais Salamèche l’anticipa, et n’hésita plus un seul instant à frapper là où il aurait le plus mal. En fait, c’est comme si ses points faibles apparaissaient en fluorescent, dans son esprit. Malgré le fait de ne pas s’être entraîné des vacances, tous ses entraînements, tous les conseils, toutes les techniques que Roitiflam lui avait appris étaient ancrés en lui. Il esquiva donc rapidement les charges adverses, avant de les contrer en brisant toujours un peu plus, à chaque nouveaux coups, la carapace tant représentative de ce Pokémon au cœur d’acier.

Le type eau s’écrasa à plusieurs reprises sur le sol, toujours en crachant un peu plus de sang. Mais il n’abandonna pas. La rage le consumait entièrement, désormais. Il ne voulait qu’une chose : faire souffrir sa proie. Et plus les secondes avançaient, plus sa défaite sonnait à la porte de la conclusion.

- (Carapuce) P… POURQUOI !? COMMENT C’EST PUTAIN D’POSSIBLE !? JE SUIS PLUS FORT QUE TOI !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces, en tentant un dernier assaut désespéré. Mais Salamèche le bloqua net une fois de plus. Il tenta de se défendre, et projeta son plus puissant jet d’eau droit à la figure de ce dernier. Il avait tout donné plutôt, cette attaque spéciale était assurément la dernière. Mais malheureusement pour lui… elle mit seulement à genoux le type feu.

Ce dernier le tenait toujours par le poing et, dans un excès de rage intense, l’attaqua sans penser aux conséquences. Il attrapa un bout de roche pointu avec sa main qui avait été mise à terre à cause de l’attaque aquatique, puis se redressa, amena violemment Carapuce vers lui avec son autre main, et empala très brutalement la roche dans son ventre, droit sur sa peau blessée et dénuée de carapace. Il le transperça presque entièrement. Du sang gicla instantanément et s’écoula à flot sur son poing, poignet et bras assaillant.

Carapuce hurla une dernière fois de douleur, les yeux écarquillés, les larmes au sein de ses derniers, les mains sur la blessure désormais grande ouverte, le ventre plié de maux indescriptibles. De son côté, Salamèche cligna des yeux. Voir le sang d’un autre sur son bras le troubla immédiatement, et l’adrénaline qui le contrôlait diminua à vue d’œil. Il commençait à se rendre compte de ce qu’il venait de faire, et se mit à trembler d’angoisse.

- (Salamèche) C… Carapuce… ?

Ce dernier tomba à genoux, vomissant assez brusquement du sang. Il tremblait aussi, mais pour d’autres raisons. Salamèche recula d’un pas, terrorisé par ce qu’il venait de faire. Il tenta de s’en approcher de deux, lorsque le type eau lui hurla dessus.

- (Carapuce) N’APPROCHE PAS !!!

Il resta immobile, ressentant bien plus la haine que la peur, dans ses paroles.

- (Salamèche) Je ne voulais pas, je suis… !

- (Carapuce) Entraîné par un psychopathe… ! C’est donc vrai… !!

Il recommença à cracher du sang.

- (Carapuce) Pour qui tu te prends… ? Te faire passer pour un héros après ça, tu n’es qu’une sombre merde !

- (Salamèche) …

- (Carapuce) Et moi… ? Qu’est-ce que je suis censé devenir, avec ce niveau d’merde… ! Le prochain numéro un des explorateurs… ? Fais-moi rire, je… *tousse* j’fais putain d’pitié ! Je savais qu’il ne fallait pas te sous-estimer, je l’avais compris il y a bien longtemps. Mais justement, tu… *tousse* tu n’as rien foutu depuis ton retour, tu t’es contenté de jouer avec ces connards qui ont pris trop de place au village ! Moi, j’ai charbonné, j’ai détruit ma vie sociale pour te surpasser, je l’ai délaissé pour être certain de t’foutre une raclée !!

- (Salamèche) … (Il parle de… Germignon ?)

- (Carapuce) Elle ne m’a pas abandonné, j’ai eu cette chance-là, je devais en profiter ! Notre affrontement devait signer ma victoire décisive sur toi, je… *tousse* devait te prouver que tu n’étais qu’une merde, que tu n’étais qu’un ramassis de tout ce qui n’allait pas dans ma putain d’vie !! Un autre adopté qui rejoint l’village, comment ne pas être heureux !?

- (Salamèche) … Quoi… ?

- (Carapuce) Je pensais enfin trouver quelqu’un comme moi… ! Mais t’es si différent, à la fois de moi, à la fois des autres, et à la fois des normes de c’village de chiotte !! En agissant tel mon opposé, tu as su faire changer les choses, et tu m’as remplacé !! Tu as pris le respect qui m’était dû, tu as pris mon maître, ma place en tant que premier secouriste du village, tu es devenu un exemple dont même mon père adoptif en faisait les louanges ! La seule personne qui a eu les couilles de s’occuper de moi, de m’élever, qui sait tout de moi et qui me dit un soir que je devrais prendre exemple sur toi, TOI, LE SALOPARD QUI M’A TOUT VOLÉ !!!

Il pleurait de douleur, mais désormais, dans sa voix se ressentait le chagrin.

- (Carapuce) Tu as volé mon rêve… ! Pharamp, c’est… *snif* c’est toi qu’il a acclamé. C’est toi qu’il a récompensé, c’est à toi qu’il fit de belles promesses… ! Moi… il s’est contenté de dire que j’avais peut-être une chance de ne pas être un déchet collé à tes bottes ! Bordel, tu… *snif* tu débarques de nulle part et me vole la seule chose qui me faisait rêver en ce monde ? C’était trop, je t’ais haïs… !

Il ferma les poings malgré la douleur, il contracta tous ses muscules malgré la fatigue.

- (Carapuce) Je n’étais personne, rien qu’une pauvre merdre abandonné dès la naissance sans que je sache pourquoi, encore aujourd’hui ! Putain, mes parents biologiques étaient des héros, Mégapagos me le répète sans cesse ! ALORS POURQUOI !? Pourquoi ils n’ont pas voulu de moi, qu’est-ce que je n’avais pas à leurs yeux ?

- (Salamèche) …

Salamèche était sincèrement triste pour lui. Avec ce qu’il venait de lui infliger, il se sentait encore plus mal. Et Carapuce fit l’erreur, du moins pour Salamèche, de le regarder droit dans les yeux.

- (Carapuce) Ce regard… ! Arrête-ça !!

- (Salamèche) … ?

- (Carapuce) TU CROIS QUE JE VEUX DE TA PITIÉ !?

- (Salamèche) Non, je… !

- (Carapuce) C’EST LA DERNIÈRE CHOSE QUE JE VOUDRAI VOIR, BORDEL !!! JE N’AI PAS BESOIN DE CETTE HUMILIATION, CE N’EST PAS CE QUI ME FERA RETROUVER MES ORIGINES !!!

Et soudainement, une minuscule petite lumière commença à jaillir de son nombril, à découvert depuis que Salamèche avait fait exploser sa carapace. Le type feu ne la vit pas tout de suite.

- (Carapuce) QU’IMPORTE CE QUE TU ME VOLERAS D’ICI CE JOUR, JE PEUX TE JURER QUE RIEN NE M’EMPÊCHERA DE DEVENIR LE MEILLEUR DE TOUS LES EXPLORATEURS !!!

La lumière devenait de plus en plus grande. Elle engloutie l’abdomen du type eau, et donc sa plaie grande ouverte qui disparut dans cette lumière aveuglante. Le type feu écarquilla les yeux, n’ayant jamais vu ce phénomène de ses propres yeux.

- (Salamèche) Carapuce !?

- (Carapuce) RIEN NE M’ARRÊTERA, RIEN NE M’EMPÊCHERA D’ATTEINDRE CE RÔLE QUI, EN PLUS DE PROUVER MA VOLONTÉ AU RESTE DU MONDE, ME PERMETTRA DE LES RETROUVER, RIEN, TU M’ENTENDS !?

Et soudainement, la lumière que Carapuce ne semblait pas remarquer l’entoura entièrement. La pièce fut complètement illuminée par cette détermination sans faille, par cet objectif que seul ce Pokémon pouvait accomplir. Salamèche tomba en arrière, l’air bouche bée, le bras le couvrant de cet aveuglement. Et doucement, les lueurs s’éteignirent.

..

.

 

 

- Non.

- Tu es sûre ?

- Il ne vaut rien, j’en suis certaine.

Un léger silence régna.

- Bien. Présente-toi donc à nouveau.

- … Mon nom est Tortank, je suis une femme qui dédie sa vie, sa volonté et sa foi au seul et unique dieu de notre multivers. Je combattrai pour vous, je n’ai que vous à satisfaire.

- Qui t’entoure ?

- Personne.

- Qui t’entourait ?

- … Personne.

- N’avais-tu pas une famille, un époux, deux enfants ?

- Qu’importent qu’ils étaient, ils ne sont plus.

- Alors qui se trouve à mes pieds ?

- … Un mort-né.

Le bruit d’une violente explosion retentie, à la suite de cette réplique. Tout se brouilla, tout disparut.

 

 

.

..

Depuis l’extérieur, ce phénomène avait été également perçu.

- (Rocabot) La lumière ! Vous l’avez vu !?

- (Riolu) … !?

- (Poussifeu) Mais que se passe-t-il, à la fin !? Le maître est intervenu, vous pensez ?

- (Pijako) Forcément ! Il ne laisserait pas deux de ses apprentis se battre aussi violemment tout en étant hors-jeu ! Faites-lui confiance, bon sang, il n’est pas du genre à regarder les scènes, un paquet de popcorn à la main !

Pourtant, c’est exactement ce qu’il fit. Assis sur un des rebords du plafond détruit, il admirait une scène qu’il aurait difficilement pu imaginer. Il en était bouche bée, définitivement satisfait du spectacle.

Salamèche rouvrit les yeux, l’air inquiet. De la fumée entourait son rival, il ne voyait que sa figure qui, toujours debout, semblait plus imposante qu’en vrai.

- (Salamèche) Carapuce… ?

Demanda-t-il, incertain quant à ce qu’il venait d’arriver. Il avait lu de nombreux livres à ce sujet, et connaissait les phénomènes par cœur. Mais il les voyait pour la première fois en vrai, et cela le troubla. Il se rappela un passage précis :

« C’est un phénomène qui dépasse la rationalité, l’argument maître de ceux qui ne placent pas leur foi en la science. »

La fumée dégagea ses bras, ils étaient plus épais. Sa peau était d’un bleu légèrement plus clair, tandis que ses doigts étaient désormais assortis à des griffes.

« Jamais personne ne pourra l’expliquer clairement, car il dépend de trop d’inconnues liées à l’individu. »

Elle dégagea ensuite ses jambes, également plus épaisses, légèrement plus grandes et musclées. Son pantalon avait lourdement subi ce changement brusque.

« Le personnel, la vie antérieur où les récents événements vécus, qu’ils soient bons ou mauvais, un chamboulement ou une prise de conscience, que ce soient des rencontres amicales, amoureuses, rivales ou ennemies, voilà les déterminismes de ce phénomène tant inexplicable. »

Puis son ventre fut dégagé. Son haut ayant complètement été déchiré, Salamèche s’attendait à voir le bleu de sa peau. Mais il ne vit que le beige de sa carapace, surprenamment entièrement reconstruite. Elle semblait plus grande, et assurément plus solide.

« Le témoignage que rapporte tous les Pokémon qui ont vécu ce phénomène est considéré pour certain tel une tradition religieuse. Car avant le changement physique, il y a l’apport psychologique. Nous le vivons tous, et oui, cela se rapporte à un traumatisme pour tous. Mais le surpasser, s’élever au-delà de ça et avancer malgré tout est une étape qui aujourd’hui, dans l’éducation d’un Pokémon, est essentielle à passer, pour ne serait-ce que devenir adulte. Ces images du passé ne doivent pas vous encombrer… »

Enfin, sa tête fut dégagée. Plus grande qu’auparavant, comme tout le reste. Deux petites dents pointues couvraient les embouts de sa bouche, son crâne semblait plus solide et, par-dessus tout, deux petites ailes le comblaient et affirmait son air plus élevé, plus adulte. Son regard était naturellement plus froncé, mais définitivement plus déterminé.

« Parce qu’au fond, à cet instant précis où vous vous demandez si vous méritez tout ce qui vous est arrivé jusque-là, vous les déjà dépassé. Ces problèmes du passé ne méritent plus votre attention, ils ne mèneront qu’à un chagrin encore plus fort. Parce qu’à cet instant précis, vous êtes bien plus fort que celui ou ceux qui troublaient votre vie, à l’époque d’un mauvais souvenir. Voilà ce qu’il y a de magique, avec le phénomène de l’évolution. »

Oui, Carapuce venait d’évoluer.

Ce dernier bougea les doigts, regarda sa carapace, puis sentit sa queue plus imposante. En tournant la tête, il comprit pourquoi : elle était à l’image des ailes qu’il avait sur le crâne, ayant par ailleurs triplé de volume. Salamèche se redressa, sûr de lui.

- (Salamèche) Tu as… évolué ! Tu as évolué, tu as atteint le stade supérieur de ton espèce, c’est… incroyable, félicitation !

Ce nouveau Pokémon se toucha le ventre, là où sa blessure le mettait en danger de mort. Mais il n’y avait plus rien, et à vrai dire, toutes ses autres égratignures avaient disparu. De plus, il ne se sentait plus épuisé.

- (Salamèche) Carapuce, je suis… tellement désolé de t’avoir infligé une telle blessure ! Je ne te dis pas ça pour t’énerver, arrêter de croie que j’ai pitié de toi ! C’est juste que… j’ai affreusement mal agit, en fait, je…

Le Pokémon aquatique tourna un brusque regard vers celui qui était toujours son adversaire.

- (Salamèche) Je ne pensais pas que tu souffrais tant, et encore moins à cause de m…

Mais avant même qu’il ne puisse finir sa phrase, son adversaire lui tira un jet d’Ébullition. L’attaque fut bien plus rapide, bien plus précise, et infligea bien plus de dégâts. Salamèche se fit violemment envoyer propulser contre un mur, criant de douleur à la suite d’une attaque dont il n’aurait jamais pu imaginer la souffrance. Ce jet semblait si simple, et pourtant il fut si puissant, qu’il assomma presque d’un coup le pauvre Pokémon feu.

Il le regarda s’effondrer, essoufflé et gémissant de douleur. Devait-il l’achever et se venger de tout ce qu’il avait subi par sa faute ? Il le pouvait, il en avait le pouvoir. Mais son esprit le troublait. Il n’arrivait pas à décrocher un mot à cause de ça ; ceux de cette femme Tortank raisonnaient encore beaucoup trop dans sa tête. Et par-dessus tout, l’autre voix le terrorisait rien que d’y penser. Une voix si grave, si perçante, pénétrant toute trace d’espoir, de rêve, de vie…

Il crispa les dents, puis tourna rapidement son regard vers le drapeau, qu’il captura finalement. Le maître, toujours assis depuis les hauteurs du bâtiment, se mit à soupirer de joie.

- (Grodoudou) Et ce magnifique spectacle… touche à sa fin ! L’équipe de Carapuce… ou devrais-je dire Carabaffe et Ramboum l’emporte !!

Exclama-t-il en descendant rejoindre les deux rivaux.

- (Carabaffe) … C’est mon nom… ?

Demanda-t-il d’une voix tremblante. Grodoudou lui tapota le dos en rigolant.

- (Grodoudou) C’est bien plus que ça, mon ami ! Allez, descend rejoindre le reste de tes camarades !

Ce terrible affrontement entre deux rivaux, et accessoirement ce premier entraînement géré par la guilde d’exploration toucha à sa fin. Keunotor libéra Ramboum, Grodoudou les rejoignit en portant Salamèche sur son dos, puis tout le groupe, accompagné de loin par le récent évolué, rejoignirent le reste de la guilde, les attendant tous avec autant d’inquiétude que de colère.

- (Ptyranidur) Salamèche !

S’écria Ptyranidur, en fonçant retrouver son ami proche.

- (Grodoudou) Il commence doucement à reprendre conscience, je te laisse le gérer ?

- (Ptyranidur) Aucun problème, maître !

De son côté, Argouste apporta de quoi hydrater et soigner l’équipe Contre-Coup.

- (Argouste) Tenez, je ne pensais pas utiliser ces bandages de sitôt.

- (Ramboum) Merci, Argouste… *souffle* quel carnage.

- (Keunotor) Tu n’as pas été trop affecté par l’effondrement de l’étage ?

- (Ramboum) Quelques roches se sont écroulées jusqu’à moi, mais rien de bien grave.

- (Keunotor) Tu rigoles !? On aurait dû t’escorter du bâtiment, on a été stupide sur ce coup.

- (Poussifeu) Et toi, Keunotor, tout va bien ?

Demanda tranquillement le poussin de feu, en arrivant vers eux.

- (Keunotor) Ouais, heureusement que Salamèche était là, ah ah…

Un léger silence se créa, avant qu’il ne baisse la tête de honte.

- (Keunotor) Je l’ai laissé se débrouiller seul… c’est pitoyable de ma part, surtout que c’est lui qui m’a sauvé l’cul.

- (Poussifeu) Ne t’en veux pas pour ça, Carapuce n’avait de toute façon pas à faire ça.

- (Keunotor) Hum, j’suppose…

Au même moment, Pijako engueula fermement Carabaffe. Ce dernier était encore trop troublé par les flashs du passé, il se contenta de simplement baisser les yeux et de subir probablement ce qu’il méritait. Germignon, Pikachu et Riolu le regardaient au loin.

- (Germignon) …

- (Pikachu) Ça va aller, Germignon ?

- (Germignon) Oui, c’est juste que… je pensais qu’il aurait été un peu plus mature.

- (Riolu) C’est peut-être ce qui lui a permit d’évoluer. Les phénomènes de l’évolution diffèrent tant selon le Pokémon… c’est passionnant.

- (Pikachu) Passionnant ? T’es sûr que c’est le bon terme ?

- (Riolu) Absolument. Carapuce… enfin Carabaffe a agit selon celui qu’il était. Peu importe ce qui l’a mené jusqu’ici, le résultat est tout ce qui compte.

- (Pikachu) Comment… ? Comment peux-tu dire un truc pareil ? Sérieux, Salamèche a failli y passer !

- (Riolu) Et alors ? Selon Carabaffe, il le méritait.

- (Pikachu) … (Qu’est-ce que tu racontes, Riolu… ? Ça fait un moment, que tu dérailles.)

Pijako regroupa alors le reste des apprentis. Il était essoufflé, évidemment parce qu’il avait sermonné le type eau plus violemment que jamais.

- (Pijako) Bon… *souffle* nous allons nous y prendre autrement. Les prochains affrontements se feront dans la première zone, au lac. J’ajoute qu’il est désormais interdit de vandaliser le territoire, notamment parce qu’un explorateur NE DOIS PAS détruire ce qu’il protège ! Cela me semblait évident, m’enfin…

Il se tourna vers Salamèche.

- (Pijako) Tu as besoin de te reposer, rentre à la guilde.

- (Salamèche) N… non, chef, c’est bon. Je veux voir les autres en action.

- (Pijako) Tu discutes mes ordres ?

- (Salamèche) … Je préfère penser que ce qui est arrivé est l’œuvre d’une affaire personnelle.

- (Pijako) …

- (Salamèche) …

- (Pijako) Bien, fais ce que tu veux. De notre côté, nous allons passer au deuxième affrontement.

Et ainsi continua cette folle journée. Tous les autres affrontements se passèrent à merveille, et même si certains furent plus violents que d’autres, il n’eut aucun grave blessé après ce carnage matinal. Midi arriva, lorsque la grille de la guilde s’ouvrit. Eoko les reçue avec le déjeuner de servit. Elle fut surprise de n’avoir que Salamèche à gérer, un peu plus lorsqu’elle vit ses blessures. Elle examina par la même occasion Carabaffe qui, comme tout Pokémon récemment évolué, devait subir quelques radios et analyse sanguine. Mais au milieu de l’après-midi, ils furent tous deux libérés de l’infirmerie. Aucun des deux n’essaya d’échanger un mot avec l’autre, c’est à peine s’ils osaient se regarder.

La journée continua, les apprentis étaient en temps libre. Ils pouvaient partir explorer, réviser autant les cours que l’art du combat, qui ce jour-là prit une tout autre tournure dans leur esprit. Ils s’étaient tous battus et affronté ; ils s’étaient tous jaugés, que ce soit devants les écrans ou directement sur place. Carabaffe s’isola, toujours autant perturbé par ces souvenirs brusques. Il n’osait pas en parler à qui que ce soit, pas même à Germignon. Et peut-être était-ce mieux pour le moment…

Enfin, avant l’heure du diner arriva. Pijako regroupa tout le monde juste avant, il avait fait le point sur cette longue journée.

- (Pijako) Bien. Selon les victorieux de chaque duos, nous avons déterminé les chefs de chaque équipe.

Il cita deux des noms de Pokémon d’autres équipes, des noms que les membres de la Dream Team n’avaient pas encore prononcés. Enfin, il en vint aux connus.

- (Pijako) L’équipe Crâne, votre chef est Moufflair.

- (Moufflair) Sans grande surprise !

- (Smogo) Bien zoué, zef !

- (Nosferapti) Vous méritez d’être bien plus que le chef de notre équipe !

- (Moufflair) Ça suffit, fermez-là.

- (Nosferapti) Ok…

- (Pijako) L’équipe Renaissance, votre chef doit se décider entre Argouste et Poussifeu.

Les deux personnages s’échangèrent un bref regard.

- (Argouste) Je pense qu’on sait tous deux qui mérite ce poste.

- (Poussifeu) Oui, je le pense aussi.

- (Argouste) Tu y arriveras bien mieux que moi.

- (Poussifeu) C’est pour ça que tu es plus méritant.

- (Argouste) … Quoi ?

- (Pijako) En enfin, la Dream Team, votre chef doit se décider entre Carabaffe, Germignon et Branette.

- (Germignon) Bon sang…

- (Branette) Soyons clair, il est hors de question que je sois le chef de cette équipe.

- (Germignon) De même pour moi.

- (Pikachu) Branette j’comprends, il est associable, mais toi… ? Tu es optimiste, sociable, déterminée, tu connais parfaitement chaque membres de l’équipe et puis… tout le monde t’aime !

- (Branette) C’est vrai que je préfère voter pour toi.

- (Salamèche) Oui, moi aussi.

- (Germignon) Pikachu, les amis… l’exploration ne m’intéresse pas ! Une fois l’examen de la guilde passé, je partirai pour prendre une voie complètement différente ! Il est hors de question que je vous vole ce poste, et puis je n’ai aucune expérience dans la stratégie de groupe.

- (Branette) Moi non plus. Il nous faut un meneur, mais Carapuce… ?

Les regards se tournèrent vers lui.

- (Carabaffe) … Quoi ? Vous ne voulez pas que je sois chef ?

- (Branette) Non.

- (Carabaffe) J’apprécie l’honnêteté, sale con. Malheureusement pour toi, je vais devenir le chef de la Dream Team. Germignon l’a dit elle-même, il faut à la tête de cette équipe quelqu’un de passionné, quelqu’un qui poursuivra l’exploration après la guilde.

- (Pikachu) … Et pourquoi on voterait forcément pour toi ?

- (Carabaffe) T’es con, ou tu ne m’écoutes pas ?

- (Pikachu) Salamèche est plus méritant.

- (Salamèche) … !?

Un silence se créa. Pijako écouta attentivement, pendant que le ton monta au sein de l’équipe de rêve.

- (Carabaffe) On parle des vainqueurs, mets-toi à jour !

- (Pikachu) Rien à battre, de c’que t’as gagné aujourd’hui ! La Dream Team existe depuis plus d’un an, ce n’est pas un Pokémon qui ne connait rien de nos aventures passées qui va nous imposer le choix du chef !

- (Carabaffe) T’as pas l’choix, putain !!

Les regards se tournèrent vers Pijako.

- (Carabaffe) Pas vrai, qu’il n’a pas l’choix !?

- (Pijako) Je n’ai pas à intervenir dans vos conflits.

Le type eau écarquilla les yeux, à la suite de cette réplique. Le schéma commença à se répéter.

- (Branette) Donc… on peut élire quelqu’un d’autre ?

- (Pikachu) Choisir bêtement le plus fort d’entre nous mènera à la perte de l’équipe ! Tout ce que tu veux, c’est un bon CV, tu te fiches de savoir ce qu’on ressent, comment on vit les choses, que ce soient les événements passés comme futurs !

- (Carabaffe) J’suis pas votre putain d’daronne, ça m’regarde pas !

- (Argouste) … Sans Salamèche, je n’aurai toujours pas pu parler à Ramboum.

- (Carabaffe) De quoi j’me mêle, bouffon !? Retourne dans ton équipe de chiotte !

- (Pikachu) Sans Salamèche, aucun d’entre nous ne serait là, à la guilde d’exploration. Pas même toi, Carapuce !

- (Branette) Tu ne sais rien de moi, tu n’as jamais cherché à me parler. Et tu veux devenir mon chef ?

- (Mangriff) Tu crois qu’on n’a pas entendu ce que t’as dit sur nous, fils de pute ? Jamais j’vote pour toi.

- (Carabaffe) Fermez-là, vous êtes tous complètement stupides ! S’il suffisait d’être gentil pour avoir le meilleur poste, ça se saurait !! Salamèche est juste un lèche-cul, rien d’autre !!

- (Germignon) Non, Carapuce.

Un silence se créa. Carabaffe tourna lentement son regard vers la seule personne qui, pensait-il, allait la soutenir. Hélas, la réalité était tout autre.

- (Germignon) Navré, mais tu ne mérites pas ce poste. Je vote pour que Salamèche soit le chef de la Dream Team.

Disait-elle assez froidement, en levant la patte. Pikachu en fit de même.

- (Pikachu) Je vote pour Salamèche.

Branette en fit de même.

- (Branette) C’est un choix évident.

Et Riolu en fit de même.

- (Riolu) Que je donne mon avis ou pas, cela ne changera rien. Tu as déjà perdu.

Carabaffe les regardait un à un, l’air tétanisé. Tous autour de lui, tous votant pour quelqu’un d’autre, et pas n’importe qui. Son regard se fixa finalement sur celui qu’il avait accusé de tout lui avoir volé. Et le schéma se répétait encore une fois. De son côté, Salamèche était bouche bée. Il n’avait pas les mots, étant à la fois ému, choqué par la volonté de désobéir au chef de la guilde, et se sentant terriblement mal pour son rival. Il comprenait ce qu’il ressentait, il en était désolé. Mais à vrai dire, il partageait le même avis que ses amis sur le sujet. Alors il s’avança.

- (Salamèche) Très bien, je… j’accepte de devenir le…

- (Carabaffe) Bordel… !

Le type eau quitta la fondation avant qu’il ne puisse finir sa phrase, et tremblant de honte, le type feu s’écria.

- (Salamèche) Carapuce, attends !

Il courut le rattraper, laissant les autres le regarder d’un air perplexe.

- (Pikachu) Voilà pourquoi il mérite d’être le chef. Il est le seul à vouloir vraiment faire quelque chose de Carapuce.

- (Germignon) …

- (Pijako) Alors votre décision est prise ?

Demanda le chef en s’approchant.

- (Branette) Chef ? Vous avez tout entendu ?

- (Pijako) Jamais je ne vous aurais imposé un chef, c’est une décision qui vous revient de droit.

- (Germignon) C’est rude, pour Carapuce.

- (Pijako) Il doit apprendre à considérer les autres. Et cela passe par des épreuves de déception, malgré une récompense à priori méritée. Mais la vérité est que l’on n’obtient pas ce genre de rôle comme cela, et c’est à lui de le comprendre de lui-même.

Au même moment, Carabaffe commença à descendre les grands escaliers. La voix de Salamèche s’écria alors, le suppliant d’attendre. Et ne sachant plus où aller, il s’exécuta. Alors que le soleil se couchait, ses lueurs orangées vinrent illuminer la scène. Le Pokémon aquatique, de dos et face à la lumière, se laissa pendant un instant guidé par l’inverse de son instinct, et écouta peut-être pour la dernière fois son rival.

- (Salamèche) Carapuce… !

- (Carabaffe) … Ce n’est plus mon nom.

- (Salamèche) … Très bien, Carabaffe. Je t’appellerai comme il te conviendra, mais je t’en supplie, écoute-moi !

- (Carabaffe) Je te jure que si tu t’excuses encore une fois… !

- (Salamèche) Non, enfin… c’est noté, je ne le ferai pas. Je suis venu te rendre ce que tu penses mériter.

Il tourna légèrement le regard, intrigué. De son côté, le type feu posa une main sur le cœur.

- (Salamèche) Deviens le chef de la Dream Team à ma place !

- (Carabaffe) …

- (Salamèche) Et si tu oses me demander si c’est une blague, alors va te faire voir !

- (Carabaffe) À quoi tu joues ?

- (Salamèche) Tu crois que je ne t’écoute pas ? J’ai compris ce que tu ressentais, j’ai compris ce que je t’avais fait subir. Et crois-moi, je n’en savais rien. J’étais si égoïste, tellement recentré sur mes objectifs personnels… que je n’imaginais pas une seule seconde que derrière cette haine se cachait une raison plus que justifiable. Alors peut-être n’es-tu pas le chef que la Dream Team mérite, mais il est évident qu’elle ne me mérite pas non-plus.

Le type eau resta silencieux un instant. Il semblait vraiment hésiter, peut-être même remettait-il en question sa vision de Salamèche. Finalement, il se tourna complètement vers lui avec à ses lèvres un sourire toujours aussi narquois, mais peut-être avec une once de jalousie en son sein. À cet instant précis, Carabaffe avait l’air dévasté.

- (Carabaffe) C’est trop tard, ils ne m’ont pas accepté.

- (Salamèche) …

- (Carabaffe) Je me moquais il y a cinq minutes encore de leurs avis. Mais Germignon ne l’a pas voulu non plus. Pourquoi est-elle de leur côté, je sais qu’elle ne voudrait pas que je sois seul. Pourtant, c’est ce vers quoi je me dirigerais.

Il baissa la tête, l’air déçu.

- (Carabaffe) Pharamp devait avoir raison, après tout. Je n’irai pas bien loin sans changer deux trois trucs de mon côté, comme, par exemple…

Il releva le regard vers Salamèche, vers son rival, vers celui qu’il avait toujours méprisé. Pourtant, rien qu’en le regardant, il se sentait en sécurité. Il ressentait à nouveau cette main tendue, le jour-où ils s’étaient tous deux aventurés dans les marécages, l’un égoïstement, l’autre par altruisme. Il repensa ensuite à ses flashs du passé, qui encore maintenant n’arrivaient pas à quitter son esprit. Et lorsqu’il mêlait les deux, la bienveillance du potentiel chef de la Dream Team face à la pire chose à laquelle il pensait avoir été confronté, alors le tout donna… un avenir radieux.

- (Carabaffe) J’espère que ces visions ne me font pas halluciner.

- (Salamèche) Ces visions… ? Tu parles de ce que tu as vu en évoluant ?

- (Carabaffe) Tu peux crever la bouche ouverte pour que je te confie quoique ce soit.

- (Salamèche) …

- (Carabaffe) Ceci-dit… je renonce quand même au poste.

Il se retourna, puis s’en alla les mains dans les poches.

- (Carabaffe) Et tu n’as pas intérêt à me décevoir…

Marmonna-t-il, pour que le type feu ne l’entende pas. Ce dernier s’avança jusqu’au bord, où il vit son rival partir se détendre de cette très longue journée. Lui aussi, avait besoin de repos. En fait, tout le monde en avait besoin.

- (Salamèche) … (Je ferai de mon mieux, Carabaffe.)

Finalement, ils étaient tous deux sur la même longueur d’onde. La lune se leva, alors que tout le monde termina de se remplir l’estomac. Carabaffe n’était toujours pas rentré, ce qui inquiéta Germignon. Mais son ami le rassura, lui était sûr qu’il reviendrait.

L’heure des douches arriva. Argouste toqua à la porte de la chambre de Poussifeu avant qu’elle n’y aille. Cette dernière l’invita à entrer, rangeant tranquillement ses armoires.

- (Poussifeu) Que se passe-t-il ?

Il lui répondit en lui affichant un papier officiel de la guilde, affirmant que le chef de l’équipe Renaissance était Argouste.

- (Argouste) Qu’est-ce que j’ai loupé ?

- (Poussifeu) Le moment où l’on s’est mis d’accord, avec Ptyra et Roca.

- (Argouste) Et sans moi ! Vous… m’avez élu chef de l’équipe… pourquoi ?

- (Poussifeu) … Parce que tu le mérites, quelle question.

Elle termina de ranger ses affaires, puis se mit face à son ami proche. Les deux se regardaient droit dans les yeux, l’air admiratif l’un pour l’autre.

- (Argouste) Mais, tu… tu es tellement plus compétente que moi ! Tu réussis tout ce que tu entreprends, tu es tellement sympa avec tout le monde, tellement moins timide que moi, tellement… plus confiante. Je n’arrive même pas à me rendre compte de tes demandes, comme lorsque j’ai été bêtement impolis, à ne pas t’inviter faire les mêmes activités que moi.

Son interlocutrice rigola sincèrement.

- (Poussifeu) Je sais que tu t’en veux, Salamèche me l’a dit.

- (Argouste) Quoi !? Quelle ordure !

- (Poussifeu) Moi, je trouve ça chou. Mais ce n’est pas ce qui m’impressionne, chez toi. Tu complexes à cause de qui tu es. Un pauvre Argouste, de type normal et déjà au dernier stade de son évolution. La DDR t’a formé pour être de la chair à canon, je me souviens encore des paroles les plus rudes de Simiabraz à ce sujet.

- (Argouste) Oui, moi aussi.

- (Poussifeu) Je sais, c’est pour ça que tu m’impressionnes.

Elle caressa d’une aile l’une de ses joues.

- (Poussifeu) Tu n’as pas abandonné l’idée d’être bien plus qu’un ami. Ce sont Ptyranidur et Rocabot, les vrais fans d’exploration. Et pourtant, tu les accompagnes si bien que l’on pourrait presque confondre vos passions.

- (Argouste) Oui, je… je n’allais pas ne pas être enthousiaste pour eux, tout de même.

- (Poussifeu) Tu t’es donné à fond pour ce rôle, tu es devenu leur source de motivation principale tout en t’entraînant en cachette de ton côté, pour ne pas les décevoir. Résultat, ils s’inspirent de celui qui les accompagne par simple amitié.

- (Argouste) En parlant de ça. Avec Ramboum, tu le sais, et… je voulais te présenter mes excuses pour…

- (Poussifeu) N’en dis pas plus, Argouste. Tu sais très bien que je suis hyper heureuse pour toi. Qu’on le fasse ensemble ou pas, si apprendre à maîtriser cette fameuse attaque spéciale est si important pour toi, alors je te soutiendrai depuis là où je serais, quand tu t’entraîneras.

- (Argouste) C’est vrai… !? Poussifeu, je… merci… ! Sérieusement, je… je ne sais pas quoi dire, ah ah…

Son cœur battait la chamade, il se sentait si bien, à ses côtés. Et cette dernière lui transmit sa version des faits. Elle fit le premier pas, en le poussant à s’échanger un dernier regard important, avant de fermer les yeux, et de lentement l’embrasser pour la première fois de sa vie.

La journée fut longue pour eux aussi, mais comme pour beaucoup d’autres, elle déboucha finalement sur le début d’une nouvelle histoire. Une partie de la guilde s’était déjà bien liée d’amitié, mais il restait encore beaucoup de relations à développer. C’était un objectif important à atteindre, en plus de tous les autres.

Carapuce avait évolué, et commençait psychologiquement à en faire de même.

Argouste quitta la chambre de Poussifeu avec le sourire.

Germignon mit du temps à s’endormir, elle repensait au comportement intolérable de son partenaire.

Riolu regardait la pleine lune depuis son lit, seul dans sa chambre, une photo de lui et Arcko dans les mains.

Pikachu et Ptyranidur parlaient de leur passion commune.

L’équipe Crâne prépara son prochain coup fourré.

Et les autres apprentis faisaient leur vie, chacun se dédiant à ce à quoi ils étaient forts. Mais nous le découvriront bien assez tôt.

La routine recommença, et avec elle le début sérieux de la progression des apprentis de la guilde d’exploration. Tous savaient à quoi s’attendre, et tous s’étaient adaptés pour parvenir à leurs objectifs.

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