Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 25 : Une nouvelle aventure

8220 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/04/2021 15:54

« Cher journal ; premier récit

Mon nom est Riolu. Je ne sais pas si c’est bizarre de le préciser mais je vais quand même le faire, au cas où ces notes se retrouveraient dans les mains d’un inconnu. On ne sait plus ce qui peut arriver, aujourd’hui…

Bref, en ce jour du 15 Septembre 231, je prends le large pour le continent Sud.

La guilde va m’épuiser, je le sais déjà. Mais j’ai besoin d’y aller, c’est du moins ce que continuent de me dire mes parents. Eux aussi ont pleurés sa disparition, mais eux semblent s’être relevés de cette défaite… comme tous les autres, d’ailleurs.

Il est évident que j’ai besoin de me dégourdir, de retrouver du contact social, mais surtout de quitter Bourg-Tranquille. Je n’en peux plus, je veux partir à jamais de ce lieu maudit ! J’ai déjà candidaté pour la fac Nucléos pour l’année prochaine, et au vu de mon dossier, il est évident que je serai accepté. La vraie question est plutôt : aurais-je le courage de retourner dans ce trou paumé avant mon départ définitif à Loliloville ? En un an, il peut se passer beaucoup de choses. Peut-être que ma mentalité va évoluer d’ici là, et je l’espère. Mais pour l’instant, je suis simplement dégoûté.

De plus, j’ai déjà récupéré toutes les infos qu’il me fallait. La bibliothèque du village est grande, mais rien n’échappe à ma détermination. Tout ce qui concerne une quelconque secte, organisation criminelle ou je ne sais quoi d’autre capable de kidnapper aussi délibérément un pauvre enfant est en ma possession, désormais, et je pense que je pourrai en apprendre plus à la guilde d’exploration. Un grand scientifique vit dans le village qui l’entoure, c’est également une belle opportunité pour moi de faire connaître mon projet.

Bon, je vais arrêter d’occulter mes phantasmes idiots et improbables… Arcko, c’est toi l’inconnu qui, je l’espère, tombera un jour sur ce carnet. Je n’imagine pas un monde sans toi, pas maintenant, pas après avoir vécu tant d’obstacles qui semblerait-il nous menait vers un avenir radieux. Que s’est-il passé, ce soir-là ? Le 10 Août 231, que t’est-il arrivé ? Le simple fait de me poser cette question me répugne, parce que j’étais là. Mais je n’ai rien vu, c’est pire que ne rien pouvoir faire. Ma théorie est que nous avons été victime de l’utilisation d’une technologie bien trop avancée sur notre temps, mais personne ne me prend au sérieux. C’est trop improbable, me dit-on. Ces mêmes gens vivent dans un monde où l’avancée technologique ne fut jamais aussi rapide qu’aujourd’hui. Bon sang, les premiers téléphones portables sont déjà en vente, qu’est-ce qu’il leur faut de plus ! Nous hallucinions sur l’invention de la télévision il y a moins d’une décennie, et dans moins d’un an seront qualifiés les premiers moniteurs d’autoécole de normaux dans le monde entier ! La technologie devient omniprésente, et tu en fus une victime, j’en reste persuadé. Moi qui bosserai dans l’ingénierie après la guilde, je serai plongé dedans. Je l’exclame haut et fort aujourd’hui, je serai le créateur de LA machine capable de tous nous sauver, sois-en certain ! Plus jamais aucun Pokémon ne souffrira comme nous avons soufferts, je me battrai à jamais pour… faire bien plus que réparer les erreurs du passé. »

 

Son regard resta fixé sur cette dernière phrase. Il avait passé la nuit à l’écrire, car comme tous les autres membres des deux équipes qui allaient quitter le village, le sommeil fut difficile à trouver en cette veille d’un grand jour. Le lendemain, la sonnerie de l’école s’enclencha, car en ce mois de Septembre de l’âge 231, une nouvelle année scolaire avait commencé. Mais ce jour-là, aucun des membres de la Dream Team ne s’y rendit. Non, eux avaient obtenu leur diplôme, eux s’engageaient sur la voie des études supérieures, et eux s’apprêtaient à partir dans la direction opposée à l’école de Bourg-Tranquille.

Cette année scolaire, l’équipe de secours débuta une nouvelle étape de sa carrière. Les adolescents qui la composaient allaient devenir des apprentis explorateurs, et ce à travers l’examen annuel de la grande et reconnue guilde d’exploration !

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 25 : Une nouvelle aventure

 

Elle sautilla tranquillement entre les marches. Couverte aujourd’hui d’une robe d’un rouge étincelant, son sincère sourire retransmettait la vision avec laquelle cette brillante étudiante de quatorze ans vivait, et ce malgré tous les obstacles qui allaient se présenter à elle. Elle en était consciente, mais semblait plus que tout s’en moquer. Elle était prête à les passer la tête haute, car tout ce qui comptait actuellement était l’état de celui vers qui elle se dirigeait. C’est en empruntant la ruelle aux dalles plus poussiéreuses que sales, qu’elle arriva devant le grand dojo Makuhita. De grandes rénovations avaient été entamés, ce qui s’accoupla avec la promesse de multiplication du nombre d’inscriptions.

En effet, depuis l’élection du nouveau maire, Bourg-Tranquille semblait être devenu un paradis pour les touristes. Tout le monde était bien accueilli, et chaque nouvel habitant fut grandement aidé autant par les villageois que par les différentes aides mises en place. Tout le monde était heureux, ou alors ils se forçaient à l’être, mais l’ambiance globale pouvait facilement être définie d’agréable.

La petite cloche sonna à l’ouverture de la porte du dojo. Elle passa le comptoir, salua le maître des arts martiaux du village, puis se tourna vers celui qu’elle était venue chercher. Sa carapace était légèrement égratignée, tandis qu’un jet de sueur se dégagea du coup de poing qu’il infligea au vide le plus calme. Il resta immobile un instant, reprit son souffle en repensant à son entraînement matinal, à toutes les erreurs qu’il aurait pu commettre, puis se redressa en soupirant.

- (Carapuce) Je dois retravailler mes ouvertures.

- (Germignon) J’ai entendu dire qu’ils adoraient travailler ça, là, les… « ouvertures », à la guilde. Et si tu te préparais pour aller vérifier le plus vite possible ?

Les deux personnages s’échangèrent un bref regard, le type eau souffla du nez tout en essayant de cacher un léger sourire. Mais la type plante prit l’avantage, s’avança et enlaça dans un silence apaisant son partenaire.

- (Germignon) Il faut qu’on soit sur la colline au grand arbre dans un quart d’heure. Qu’est-ce que tu fais encore en kimono, banane ?

- (Carapuce) Je me préparais à ma manière.

- (Germignon) Tu t’es surtout lancé un sacré défi. Avec cette odeur, hors de question de te laisser accoster parmi le reste de la Dream Team ! Allez, va prendre une douche, je t’attendrai pour rejoindre les autres.

- (Carapuce) Pff…

Il se retourna et fit mine de bouder, tout en embarquant ses affaires vers les vestiaires et les douches du dojo. Germignon soupira à son tour, puis vint s’installer au comptoir du maître des lieux.

- (Germignon) Vous êtes conscient qu’il va avoir une sacrée avance, par rapport au reste des apprentis ?

- (Makuhita) Déjà qu’ils vous sous-estimeront en vous voyant, mieux vaut faire en sorte que leur humiliation soit fatale, ah ah !

- (Germignon) De ce point de vue… ah ah, c’est dingue de se dire qu’on sera entouré d’adultes plus compétents.

- (Makuhita) Tout cela parce que vous avez fait des progrès et efforts monstre, et c’est par ailleurs une opportunité d’en faire encore plus. L’examen sera difficile, mais plus vite vous en aurez terminé, plus vite la vie de rêve vous ouvrira ses portes.

- (Germignon) Hé, j’ai l’intention d’en profiter, moi ! On m’a beaucoup trop vendu le côté île paradisiaque du continent Sud, pour que je souhaite en finir rapidement. De plus, j’ai quelques projets à réaliser, là-bas.

- (Makuhita) Carapuce m’a dit que tu n’étais pas une fanatique de l’exploration.

- (Germignon) Oui, j’ai déjà postulé pour l’école privée Melœtta, c’est mon plan d’avenir direct après l’obtention du diplôme d’explorateur. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas faire du tout de musique cette année. Non seulement j’ai pris ma guitare, mais je souhaiterai aussi rencontrer un guitariste reconnu qui peut-être pourrait m’orienter ou me donner quelques conseils.

- (Makuhita) Je vois. La guilde te préparera plus que tout pour ton école.

- (Germignon) Je n’y vais pas pour ça, mais on peut le voir ainsi.

- (Makuhita) Tu n’y vas pas pour les opportunités ? Mais alors pourquoi gaspiller une année ?

- (Germignon) Pourquoi… ?

D’un air certain, elle lui afficha un regard plus déterminé que jamais.

- (Germignon) Pour obtenir le droit de faire changer les choses, évidemment !

Cette réplique en disait long sur ce pourquoi les membres de la Dream Team se comprenaient tant. S’ils avaient tous plus ou moins une vision optimiste de la situation, ils pensaient tous à cet objectif : faire changer les choses. Et grâce à leurs exploits passés, ils étaient tous certains de pouvoir plus ou moins y parvenir.

 

Niveau optimisme, un des adolescents à l’orphelinat en était comblé. Le bâtiment avait beau avoir été construit rapidement pour pouvoir immédiatement accueillir les cinq jeunes Pokémon amnésiques, le maire s’assura tout de même de leur bienêtre. Une chambre et salle de bain pour les garçons, une pour les… ou plutôt l’actuelle seule fille de l’orphelinat, et deux salles communes avec un grand jardin pour nouer assurément leurs liens sociaux. Et au vu de l’utilité des pièces communes, notamment avec la venue presque quotidienne de certains des membres de la Dream Team, les anciens prisonniers apprirent à avoir leur propre espace privé, à se sentir respecté à ce sujet ; bref, à être traité tel des Pokémon civilisés.

Argouste, aujourd’hui couvert d’une casquette et d’une chemise rouge, enchaînait les allers-retours, la brosse à dent à la bouche, dans le but de s’assurer non seulement de n’avoir rien oublié, mais en plus que les autres membres de son équipe n’aient rien oublié non plus.

Rocabot, habillé d’un t-shirt à l’effigie de son nouvel idole, le grand explorateur Gravalanch, se laissait glisser sur les rampes de tous les escaliers et à répétition, par excitation et impatience de ce voyage.

Mangriff, toujours en caleçon sur son lit, restait pensif quant à tout ce qu’il pourrait faire de graveleux une fois à la guilde.

Poussifeu, terminant de sécher son plumage après une intense séance d’entraînement dans l’art du combat, enfila tranquillement de lourds vêtements pour le voyage. Elle ne ressentait pas la chaleur normalement, alors elle pouvait se le permettre malgré le climat presque caniculaire des environs. Quelqu’un toqua à la porte de sa grande chambre.

- (Poussifeu) Oui ?

- (Ptyranidur) On y va dans trois minutes !

- (Poussifeu) Je serai prête dans deux !

- (Ptyranidur) Parfait, ah ah !

Exclama en rigolant le dernier des adolescents amnésiques, Ptyranidur. C’était lui l’optimiste, le Pokémon qui depuis sa nouvelle vie semblait ne jamais s’être arrêté de sourire. Le « chouchou » des gérants, comme l’appelaient ses amis. Mais à vrai dire, il s’agissait plutôt du plus sage, poli, calme et aimable d’entre eux. Il se sentait constamment redevable pour ce que Bourg-Tranquille et ses habitants lui avaient offert. C’en était à se demander s’il ne concentrait pas également la redevance de Mangriff en lui, car il est vrai que les deux personnages avaient un comportement totalement opposé.

Actuellement, le je-m’en-foutisme du personnage était à son paroxysme, et il fallut attendre la seconde de départ, et un bon coup de gueule d’Argouste pour que le Pokémon poilu se décide enfin à enfiler un t-shirt tâché et beaucoup trop grand pour lui. Ptyranidur, de son côté, enfila sa veste marron fétiche, qu’il laissa ouvert à cause de la chaleur. Il portait un marcel blanc en-dessous, relié à une ceinture et un jean faussement troué, tel un vrai Écrémeuh-boy.

D’une manière générale, tous ces Pokémon, anciens prisonniers d’une prison d’enfants soldats, avaient su retrouver le sourire depuis leur libération. Ils s’étaient trouvé une passion, une vocation, et surtout des amis pour les soutenir. Beaucoup de mystères entouraient encore leur identité, mais chacun d’entre eux semblaient avoir une vision différente de ce qu’apporta cette amnésie à leur vie. Alors par respect pour eux, ils seront désormais appelés « les habitants de Bourg-Tranquille », tout comme les membres de la Dream Team.

Ses fondateurs arrivèrent en dernier sur la colline au grand arbre, mais personne ne semblait réellement s’être pointé à l’heure exacte de départ.

- (Alakazam) Les adieux sont toujours difficiles. Que dis-je, ce n’est qu’un aurevoir, mais ce premier départ signifie bien plus que cela, pour vous.

Exprima le maire, tout en regardant avec tous les parents le groupe d’adolescents, tous beaux, tous propres, tous grandis de leurs précédents exploits et tous prêts à faire un pas en avant. Certains parents pleuraient, mais tous étaient heureux pour leurs petits, car tous avaient acceptés leur départ.

- (Alakazam) Il n’y a qu’un conseil que je puisse vous donner : détendez-vous. Ce n’est pas parce que l’examen dure toute l’année qu’il faut être à la hauteur pendant toute cette période. L’année à la guilde reste à jamais une étape importante pour n’importe quel explorateur, et même pour ceux qui ne souhaitent pas suivre cette voix. C’est bien plus que se créer du contact, c’est apprendre à vivre en communauté avec des gens qui doivent apprendre à nous faire confiance, à qui l’on doit faire confiance et pour qui l’on serait prêt à tout en cas de besoin. Aux côtés du chef et du maître, jamais vous ne trouverez meilleur endroit de sérénité, alors pensez plus que tout à vous détendre, à profiter du voyage, et à donner le meilleur de vous-même quand il le faudra. De toute évidence, quand il s’agit d’une passion, le meilleur est donné à chaque instant.

- (Pikachu) Ne vous en faites pas, m’sieur l’maire !

Exclama d’un air certain le premier des deux fondateurs. Malgré sa faible corpulence, ainsi que les produits qu’il prenait depuis qu’il commençait à sérieusement soigner son anorexie, Pikachu semblait plus heureux, déterminé et (surtout) responsable que jamais. Il ferma assurément le poing, souriant d’un air narquois face à l’adversité.

- (Pikachu) Non seulement on fera attention, non seulement on obtiendra ce diplôme les doigts dans le nez, mais en plus on vous rapportera un carnet photo de nos péripéties, parce qu’on pensera avant tout à vivre la meilleure des aventures entre amis !

Un silence se créa. Les parents hésitaient à l’applaudir, quand la mère de Pikachu chuchota doucement à son meilleur ami, le deuxième fondateur de la Dream Team.

- Hum… Salamèche, tu pourrais vérifier qu’il prend bien son traitement tous les soirs, s’il te plaît ?

- (Salamèche) Aucun problème.

- (Pikachu) Mais… ? Et mon discours motivant !?

- (Branette) Oui, il est évident que nous allons devoir apprendre à travailler en équipe, même avec des inconnus et au périls de nombreux dangers, risques et angoisses. Mais nous serons là les uns pour les autres, c’est promis.

- Bien dit, Branette !

Là, les parents applaudirent. Branette était toujours aussi calme, serein, et parfois assez écarté socialement vis-à-vis des autres adolescents. Il faisait peur à certains adultes, mais était toujours aussi mignon aux yeux de ses amis, qui voyaient toujours en lui le formidable héros qu’il commençait à devenir. Comparé à n’importe qui d’autre, Branette était naturellement franc. Il disait ce qu’il pensait sans jamais réfléchir aux conséquences, mais comme il ne parlait presque jamais, aucune embrouille ne fut encore entamée. Il ne lançait jamais les conversations, n’approchait jamais personne, bref, il était assez associable. Mais c’était un ami formidable et en qui Ptyranidur, Germignon, Pikachu ou Salamèche pouvaient entièrement avoir confiance.

En parlant de lui, le jeune type feu fêtait bientôt sa première année d’amnésie. Il n’y pensait absolument pas, et donc ne se doutait pas de la fête qu’on lui préparait. En revanche, il était certain de connaître l’état de tous les membres de son équipe. Lui qui négligea l’entraînement après l’obtention de son diplôme scolaire pour passer du temps avec ses amis, il apprit à nouveau à vivre aux côtés de gens tout aussi sincères qu’inspirants. Et il se sentait bien, à leur côté, il se sentait entouré d’une vraie famille. Seul Carapuce lui fut inaccessible, c’est à peine s’il put lui adresser la parole. Ce dernier avait arrêté de lui afficher un regard de tueur à chaque fois qu’ils se croisaient dans la rue, mais il ne pouvait pas vraiment penser que tout était réglé avec lui.

Leur admiration commune envers Pharamp, le numéro un des explorateurs, créait toujours des tensions dans leur relation. C’est ce qui fit d’eux des rivaux, et Carapuce semblait la prendre extrêmement au sérieux.

Bref, en ce jour du 15 Septembre 231, la Dream Team quitta Bourg-Tranquille. Elle et l’autre équipe, celle d’Argouste, Ptyranidur, Rocabot, Poussifeu et Mangriff, une équipe qui n’avait toujours pas de nom officiel. Elle ainsi que Salamèche, Pikachu, Germignon, Riolu, Carapuce et Branette partirent à pied vers l’Ouest du continent, tous attendus par un marin prêt à embarquer pour le continent Sud. Ils partirent avec chacun une valise, un sac, et quelques affaires personnelles en plus. Salamèche avait son fameux rappelle-tout, un carnet surchargé de toutes ses stratégies, analyses et théories sur de grands explorateurs et même ses amis, lui servant à améliorer ses propres capacités et techniques en combat. Riolu aussi avait son carnet. Mais lui l’appelait « journal de bord », et il ne regroupait pas une quelconque stratégie, non. Personne n’était au courant de l’existence de ce carnet, à vrai dire, le jeune Pokémon sérieux ne parlait que très peu, depuis la disparition de son ami. Il semblait par-dessus tout écœuré de voir la facilité avec laquelle son équipe pouvait passer à autre chose. Et cela, il s’empressa de l’exprimer à l’écrit.

 

« Cher journal ; deuxième récit

Le bateau vient de débarquer, nous sommes en route pour le continent Sud. Est-ce que… je devrais tout écrire en ta destination, Arcko ? Après tout, j’ai écrit le premier chapitre pour toi, alors je suppose que si ce livre tombe entre tes mains, tu ne te priveras pas pour tout lire. Ça tombe bien, il fallait que je parle de toi. En fait, je suis le seul à le faire… voilà, tout est dit.

On parle tellement de toi qu’une statue en or massif a été déposée sur la place du village en ton nom, et au cas-où ce n’est pas assez évident à l’écrit, JE SUIS SARCASTIQUE ! Bon sang, c’est vraiment le concours de celui qui fait exprès de ne pas comprendre, en ce moment ! Je ne sais pas si c’est moi, mais tout le monde est énervant. Non… ça ne peut pas être moi, ils t’ont oublié ! Vivre une belle aventure à la guilde les obsède tellement qu’ils se permettent de faire comme s’il ne s’était rien passé. Tout aurait dû être annulé, absolument tout le village aurait dû se concentrer sur ta recherche, mais non, personne ne fait rien. On se contente de me dire que mes théories sont trop improbables, et on ne fait rien derrière.

Je ne vais plus à l’orphelinat depuis plusieurs jours, je n’ai plus envie de faire l’effort de sociabiliser. En fait, je veux juste qu’on me laisse tranquille. J’ai besoin de réfléchir, de comprendre quoi faire, et je pense encore que… qu’ils ont raison, que mes parents ont eu raison de me convaincre de quand même aller à la guilde. C’est assez ironique, quand on sait qu’ils étaient les plus catégoriquement contre, au départ. Pour en revenir aux autres, ils m’énervent. J’esquive Pikachu et Rocabot ; je ne traînais même pas avec Poussifeu, Argouste, Mangriff ou Carapuce, alors ça ne me dérange pas de ne pas chercher à les voir ; Germignon semble heureuse dans son coin, je ne sais pas si elle s’est mise en couple avec un des nouveaux arrivants et honnêtement je m’en moque, je n’arrive même plus à être content pour elle. En fait, les seuls que je peux encore supporter sont Branette, Ptyranidur et Salamèche. Et encore, pour quelqu’un qui s’est battu plus que jamais pour son identité, pour quelqu’un qui est retourné au combat, quitte à en mourir pour ne serait-ce qu’essayer de sauver son ami ; je trouve Salamèche bien silencieux sur cette histoire également. Je sais que vous ne vous appréciez pas tant que ça, mais tu t’es battu pour lui et… c’est censé être un héros, il aurait dû renoncer à la guilde le lendemain de ta disparition.

En bref, je ne sais plus en qui je devrais avoir confiance. Je commence à douter de mes propres capacités, je me sens fatigué et je n’ai plus envie de faire un quelconque effort. Imagine je suis dépressif, ah ah… Non, c’est impossible, enfin je ne veux pas que tu croies ça en lisant ces notes, je m’en voudrais que tu te sentes responsable. J’ai hâte de te revoir, Arcko, parce que je sais que ça arrivera un jour. C’est la seule chose pour laquelle je suis réellement déterminé, aujourd’hui. »

 

- (Branette) Excuse-moi, Riolu ?

L’adolescent leva la tête, l’air fatigué et peut-être un peu ennuyé.

- (Branette) Navré du dérangement, je voulais juste te prévenir que nous allions bientôt fêter l’anniversaire de Salamèche. On t’attend dans la cale centrale.

- (Riolu) Hum…

Semblait-il acquiescer, en détournant le regard. Branette connaissait cette intonation, il savait qu’il était inutile d’insister davantage. Étant donné que ce dernier était associable et que Riolu perdait petit à petit tout effort de sociabiliser, comment ces deux-là pouvaient-ils bien se connaître ? Comme il est simple de s’en douter, les nuits qui suivirent la disparition d’Arcko furent affreusement compliquées pour le jeune Pokémon. Il en fit de nombreuses nuit blanches, et se sentant asphyxié chez lui, Riolu fugua à de nombreuses reprises sur la colline au grand arbre pour essayer de penser à autre chose. Il n’y parvint jamais seul, et fondit en larmes à chaque fois. Mais au bout de la cinquième nuit, Branette l’attendit à son lieu de rendez-vous quotidien. Il lui expliqua qu’il n’avait pas besoin de dormir, et qu’il préférait justement les ambiances nocturnes pour se sentir à l’aise. Il sortait parfois la nuit pour se détendre également, et qu’un soir, il vit Riolu se morfondre dans une détresse palpable. Alors ce soir-là, il l’accompagna et l’aida, pour la première fois depuis la disparition d’Arcko, à le faire penser à autre chose. Cela se poursuivit les nuits suivantes, et les deux personnages devinrent amis comme cela. Mais une semaine avant le départ, Riolu affirma à Branette sa volonté de ne plus vouloir faire de rendez-vous nocturnes. Ce dernier le comprit évidemment, espérant par ailleurs qu’il ait retrouvé un sommeil lourd. Ce n’était pas le cas, Riolu voulait juste être seul, et Branette le comprit ce jour-là.

Bref, il ferma et rangea son journal de bord. Et enfin, Riolu leva la tête vers le monde qui l’entourait. Malgré la fatigue, il ressentait parfaitement l’atmosphère marine qui l’embarquait dans une autre ambiance que celle de Bourg-Tranquille. Il se leva, marcha lentement sur les solides planches de bois qui composaient le navire qu’Alakazam avait loué rien que pour eux, et regarda en s’appuyant sur la barrière l’horizon océanique du monde extérieur. Il s’y sentait libéré, encore plus que sur la colline au grand arbre. Il en souriait presque.

- Alors, minot, on découvre les étendues maritimes ?

Demanda en rigolant le marin qui leur servait de chauffeur. Sa peau était rouge, la texture parfois plus gluante selon l’endroit. Ses grands yeux ronds pouvaient voir au loin, son accoutrement de pirate lui allait à merveille et ses nombreux tentacules lui permettaient d’accéder facilement à n’importe quel outil de sa ceinture, comme la longue vue qu’il tendit à son interlocuteur.

- (Riolu) Merci. C’est vrai que c’est la première fois que je quitte véritablement mon village. C’est une opportunité dingue de pouvoir voyager aux côtés d’un marin.

Disait-il, en se servant de la longue vue pour fouiller les plus lointains horizons.

- (Riolu) Comment dois-je vous appeler ?

- Octillery, mon brave ! T’as d’la chance, le soleil bat son plein pour au moins le reste de la journée !

- (Riolu) Il est dangereux de pratiquer lorsqu’il pleut ?

- (Octillery) En mer, soit il fait beau, soit c’est la tempête ! On risque de s’faire tremper demain à l’aube, mais n’vous en faites pas, vous ne craignez rien à mes côtés.

- (Riolu) Je vous fais confiance, monsieur Octillery… (C’est bien l’un des seuls.)

- (Octillery) Allez, j’crois que l’reste de tes camarades t’attendent dans la cale ! C’n’est pas pour forcer, mais on m’a promis une part de gâteau aussi, alors hop hop hop !

Il fut l’avant dernier à s’y diriger. Salamèche arriva ensuite, envoyé dans une fausse mission par Octillery. Dès qu’il ouvrit la porte, (presque) tout le monde hurla « Joyeux anniversaire ! ». Il sursauta, puis rigola et se laissa enlacer par les plus tactiles. Salamèche fêtait ses quatorze ans, et au niveau de vie dans ce monde, il atteignait sa première année. Bon, techniquement, il est né le 17 Septembre et non le 15, mais les adolescents s’y prirent à l’avance pour profiter en même temps du navire à leur disposition. Dans tous les cas, il était le plus jeune membre de la Dream Team et même de l’autre équipe sans nom. Ils s’amusèrent à le lui rappeler sans cesse, mais tous dégustèrent le grand gâteau qu’ils avaient achetés en cotisant. Tout le monde souriait, même Carapuce. Et même s’il ne semblait s’intéresser qu’au gâteau, il souriait aussi. Riolu restait un peu à l’écart, écœuré par la bonne humeur générale de tous ces gens qui, semblait-il, avait vécu le même événement traumatisant que lui.

Les heures passèrent, et alors que le soleil se couchait lentement, chaque Pokémon vaqua à ses occupations. Le navire était grand, tout le monde pouvait être dans son coin, et cela arrangea bien évidemment Riolu. Alors que Salamèche se chamaillait avec Argouste et Rocabot, qui jouaient les grands frères, Germignon et Poussifeu apprenaient ensemble à jouer au billard, car oui, c’était un sacré navire de luxe. Pikachu était aux côtés d’Octillery, à goûter ses premières boissons alcoolisées et à entendre et raconter quelques anecdotes de voyage. Branette et Ptyranidur discutaient tranquillement ensemble sur le bord du navire, Mangriff dormait et Carapuce s’entraînait dans la cale. Il y resta après l’anniversaire, ayant vu dans un recoin des sacs de sable. Et cela dura jusqu’au coucher du soleil, où après un dernier regroupement, chacun emprunta une cabine. La nuit fut longue pour certain, mais terriblement rapide, et spécialement à cause de l’alcool pour d’autres.

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..

… Une secousse le bouscula tendrement. Rien d’anormal…

Mais la seconde fut plus frappante. Ptyranidur tomba de son lit, se réveillant assez brusquement par la même occasion. Il se redressa et s’empressa de regarder par le hublot de sa chambre. Il n’y avait rien d’autre que le bruit fort de la tempête qui commençait doucement à se déchaîner. Quelques orages animaient la scène, mais ce n’était pas suffisant pour être la source d’une telle secousse. Que s’était-il passé, un mauvais rêve ? Non, impossible, l’impact fut si fort qu’il ne put être le seul à s’en être réveillé, pensa-t-il. Et il en fut certain lorsqu’une deuxième puissante secousse retentie. Il enfila rapidement ses accoutrements, et sortit en bondissant de sa cabine. Étant le plus proche du pont principal, il fonça sans attendre les autres. En sortant, il esquiva de peu et sans le vouloir un puissant boulet de canon, et ainsi, il comprit ce qu’il se passait. Le boulet transperça très violemment le bois sur plusieurs étages, engendrant la plus redoutable des secousses. Il tituba, mais parvint à se rattraper à la rambarde, tournant en même temps le regard vers les auteurs de cette agression.

Un bateau faisait face au navire. Il était trois fois moins grand, mais trois fois plus armé. Les Pokémon à son bord étaient deux, deux adultes couverts tels des malfrats, prêts à embarquer avec leur grapin.

- (Ptyranidur) B… bon sang, qui êtes-vous !?

Ils l’ignorèrent, et commencèrent à faire tourner la corde du grapin. Le dinosaure s’énerva.

- (Ptyranidur) Répondez-moi immédiatement ! Vous faites face à une équipe de s… !

Mais soudainement, Octillery lui bondit dessus. Il le lui fit esquiver de justesse l’arrivée des grapins, qui empalèrent la coque du bateau pour s’accrocher. S’il n’avait pas bougé, Ptyranidur aurait probablement été décapité, et il le comprit. Bouche bée et tremblant d’angoisse, il peina à se relever aux côté du marin qui l’accompagnait, lui-même peu serein face à l’adversité qui arrivait à grand pas.

- (Octillery) Fais chier… !

- (Ptyranidur) Qui sont ces gens !?

- (Octillery) Des bandits, que crois-tu !? Beaucoup arpentent les mers car elles sont peu protégées ! Ils n’ont pas dû hésiter à nous attaquer, lorsqu’ils ont vu qu’mon navire n’avait presque aucun moyen offensif !

- (Ptyranidur) Et… les autres ! Où sont-ils !?

Mais le marin n’eut le temps de répondre, car les malfrats posèrent enfin le pied sur le territoire adverse. À cette distance, il pouvait plus facilement les distinguer. Le premier était principalement bleu, sûrement de type eau, avec ses mèches et son air désintéressé. Le second était également un Pokémon poulpe, mais son regard, sa façon de se tenir et son aspect légèrement plus musclé lui assura un type combat, comparé à Octillery. Ce dernier tremblait, mais c’est en baissant légèrement la tête qu’il parvint à parler sans en faire de même avec sa voix.

- (Octillery) Qui êtes-vous, que voulez-vous ?

- Mon nom est Arrozard !

Affirma le premier.

- (Arrozard) Et nous venons vous piller !

- Mais tu t’en doutais déjà, pauvre tâche. Alors arrête de nous faire perdre du temps, et dis-nous où s’trouve toutes tes ressources !

- (Arrozard) Bien dit, Krakos ! Vous devez être nombreux, sur ce tas d’merde ! Ce serait con qu’on ait à fouiller à ta place, vielle peau !

- (Krakos) Ouais, mes tentacules risqueraient d’étouffer ce que les tiens caressent !

Octillery était complètement dominé, il n’avait rien d’autre à faire que de les obéir. Ptyranidur, lui, crispait les dents de rage. Il voulait faire quelque chose, il le devait, mais l’un des tentacules du marin le maintenait au sol, comme pour lui interdire de tenter quoique ce soit.

- (Octillery) Très bien… je vais vous obéir.

- (Arrozard) Parfait, tu nous fais gagner du t… !

- ET PUIS QUOI, ENCORE !?

Hurla une voix de toutes ses forces, une voix qui semblait se rapprocher à toute vitesse depuis le couloir des cabines. Et effectivement, les regards n’eurent à peine le temps de se retourner, que les puissants jets d’eaux dont se servait Carapuce pour se propulser les éclaboussèrent en même temps qu’il arriva sur eux pour frapper d’un coup de boule celui qui l’avait ouvert en dernier, c’est-à-dire Arrozard. Il s’écrasa au sol, pendant que l’adolescent se servit de son attaque pour bondir, faire un magnifique salto et retomber sur ses deux jambes. Il fit face à Krakos, un sourire narquois aux lèvres.

- (Carapuce) À ton tour, fils de Ponchien !

Aux yeux d’un inconnu, oui, Carapuce était carrément effrayant. Mais le malfrat ne se laissa pas intimider.

- (Krakos) Qu’est-ce que tu crois faire, sale gosse !?

Il fonça à la charge sur ces mots, et essaya à tout prix et sans hésitation d’étouffer son adversaire. Mais ce dernier l’esquiva en bondissant en arrière, riant aux éclats à chacune de ses actions. Il semblait adorer l’idée de se battre face à un malfrat, car après tout, c’est ce qui passionnait le plus Carapuce dans l’exploration. Mais il avait un gros défaut, et Arrozard s’en rendit immédiatement compte.

Dès qu’il se releva, il fonça sur Octillery. Ce dernier était trop paralysé par la peur pour esquiver, mais Ptyranidur le bouscula au dernier moment, et se prit la violente charge adverse de plein fouet pour le protéger. Il se fit encastrer dans le plancher, hurlant de douleur et attirant l’attention de celui qui était censé l’aider.

- (Carapuce) Quoi… ?

Ce moment de distraction permit à Krakos de prendre l’avantage. Il enlaça une jambe adverse, et par sa redoutable puissance l’envoya valser de l’autre côté du navire. Carapuce allait passer par-dessus le bord, quand une soudaine liane se jeta vers lui. Il l’attrapa sans hésitation, et se fit rattraper de peu par Germignon. Elle mit presque une minute pour le remonter, mais finalement, il regagna le bord grâce à elle.

- (Germignon) Fiou… ! Ça va aller !?

- (Carapuce) Ouais, mais jamais j’me serai fait avoir, si cet abrutit de Ptyranidur n’était pas aussi faible !

- (Germignon) Doucement, il a fait de son mieux ! De mon côté, heureusement que j’ai appris à créer mes propres lianes.

- (Carapuce) Ouais, c’est ça… merci…

Lâcha-t-il très doucement. Les deux personnages regagnèrent ensuite le pont principal, où la bataille avait largement eut le temps de tourner court, pendant cette minute de sauvetage.

En effet, à la seconde où Carapuce se fit envoyer valser, un éclair se propulsa droit sur Arrozard. Il tomba à genoux en s’écriant de douleur, et vit lentement ses mouvements ralentir.

- (Krakos) Arrozard !!

- (Arrozard) On… on a cherché à m’paralyser, fais gaffe !

Krakos se mit en garde, et vit au loin le Pokémon à l’origine de cette attaque : Pikachu, se tenant contre un mur car épuisé après seulement une attaque. Cela était lié à son anorexie, qui avait fortement vidée ses batteries.

- (Krakos) Espèce d’enfoiré !

Le bandit lui envoya un puissant jet d’eau à distance, mais Argouste s’interposa soudainement entre l’attaque et l’attaqué. Il encaissa ce jet qui, sous la pluie, fut assez sévèrement amplifiée.

- (Argouste) … C’est tout ce que tu sais faire… !?

Demanda-t-il rhétoriquement, en relevant doucement un regard trempé mais féroce. Il répondit en dégageant ses bras de sa bouche, et en hurlant de toutes ses forces droit vers sa cible. Une puissante onde de choc se dégagea de sa gueule, il exécuta une attaque Hurlement si puissante qu’elle valsa la pluie et dégomma le plancher. Mais à la distance à laquelle Krakos était, il put l’esquiver à temps en bondissant en arrière.

- (Argouste) Merde… !

- (Pikachu) Merci pour… *souffle* l’aide.

- (Argouste) Ça n’est pas suffisant !

- (Rocabot) On s’charge du reste !!

Exclama Rocabot, en bondissant du couloir des cabines avec Poussifeu et Salamèche.

- (Salamèche) Vous avez un plan, au moins ?

- (Poussifeu) Non, pourquoi ?

- (Salamèche) *souffle* J’en étais sûr… Je m’occupe d’aller aider les victimes, vous, occupez-vous du dernier hors-la-loi en état de combattre !

- (Rocabot) Bah voilà, c’n’était pas compliqué de trouver un plan !

Ils s’exécutèrent à leurs tâches, et Salamèche fonça aider Octillery.

- (Salamèche) Monsieur, ça va aller !?

- (Octillery) Oui, je… je suis désolé… !

- (Salamèche) Quoi ?

- (Arrozard) Désolé d’être un marin aussi minable ! Vous coulerez tous sous notre puissance !

Et soudainement, le navire trembla à nouveau. Arrozard était semi-paralysé, ses mouvements étaient grandement ralentis. Mais il avait pris le temps de poser ses mains sur le plancher, et fit exploser tous ses pouvoirs aquatiques au moment où Salamèche arriva. Ce dernier emporta Octillery dans son esquive, mais la violence de l’attaque détruisit les planches déjà cassées qui maintenaient avec incertitudes Ptyranidur. Le dinosaure presque inconscient tomba deux étages plus bas, tandis que le navire se fendis lentement en deux.

- (Carapuce) Merde, qu’est-ce qu’ils foutent !?

- (Germignon) Accroches-toi !!

- (Argouste) Tiens-toi à moi, Pikachu !

Tout le monde se fit affecter par la violence du tremblement. Mais Rocabot et Poussifeu n’en démordirent pas, et alors qu’ils esquivèrent chacun de peu les attaques de Krakos, la secouriste exclama :

- (Poussifeu) Roca, on le fait maintenant !!

- (Rocabot) Bien reçu !!

Poussifeu fit mine de foncer tête baisser vers sa cible, pendant que Rocabot s’abaissa. Mais au dernier moment, elle trompa son adversaire et bondit en arrière, atterrissant avec précision en se servant de ses petites ailes sur le dos de son allié, qui sauta et l’envoya valser d’un coup de cul très puissant. La vitesse de projection de la type feu se multiplia, et avec la tromperie précédente, Krakos fut complètement déstabilisé. Il se prit un coup de boule vif, qui l’envoya directement hors-piste. Il s’écrasa contre le plancher, et peina à se relever.

- (Rocabot) Bien vu, ça a marché !

- (Poussifeu) Aïe… j’préférai quand on s’entraînait sur des coussins… !

Au même moment, Salamèche passa la tête au-dessus du trou dans lequel Ptyranidur s’était enfoncé.

- (Salamèche) Ptyra !!

Il répéta plusieurs fois son nom, mais rien. Le dinosaure devait être inconscient. Alors qu’il hésita à foncer, Arrozard se releva lentement dans son dos. Il s’apprêta à lui assigner une puissante attaque aquatique, lorsque une géante main spectrale le bouscula si violemment, qu’il en tomba immédiatement inconscient. Salamèche se retourna, l’air surpris : il s’agissait de Branette, capable de métamorphoser ses pouvoirs de type spectre en matière capable de lui servir de nouveaux membres ou d’en améliorer certains. Branette pouvait facilement être qualifié de l’adolescent aux pouvoirs les plus impressionnants et redoutables de l’équipe.

- (Branette) Fais attention !

- (Salamèche) Branette, j’ai besoin de toi !!

Maintenant qu’il n’était plus seul, il n’hésita plus une seule seconde.

- (Salamèche) Je vais descendre de deux étages, il faudrait que tu m’aides à remonter Ptyranidur !

- (Branette) Quoi !? Attends, c’est trop dangereux, laisse-moi y aller à ta pl…

Il n’attendit pas qu’il finisse, et fonça tête baissée dans la cale en fuite du navire. Branette grogna, puis s’exécuta finalement à la tâche confiée et attendit, ses mains spectrales prêtes à rattraper ses amis depuis le pont extérieur.

Riolu sortit enfin de sa cabine. Il avait mis beaucoup plus de temps à se motiver, même en sachant qu’il était potentiellement en danger de mort. Il s’avança lentement vers les silhouettes qu’il voyait au loin, lorsqu’il aperçut Mangriff, tranquillement installé dans un coin, des confiseries à la main.

- (Riolu) Que se passe-t-il !?

- (Mangriff) On s’fait attaquer… *mange*

Un silence se créa.

- (Riolu) … Et donc ? Qu’est-ce que tu fais ?

- (Mangriff) Bah j’regarde, imbécile. T’imagines si on pouvait devenir pote avec un hors-la-loi, genre le temps de quelques minutes pour se détendre… ?

- (Riolu) … ?

- (Mangriff) Tu peux pas comprendre, laisse tomber.

- (Riolu) Probablement pas.

Il abandonna l’idée d’en apprendre plus auprès de lui, et continua d’avancer jusqu’à arriver sur le pont principal. Tout le monde se regroupait à l’abri, Poussifeu et Rocabot ayant aidé Octillery à se déplacer.

- (Octillery) Il faut… *souffle* m’amener au gouvernail ! Cela est censé faire trois heures que l’soleil s’est levé, nous sommes déjà supposés avoir accosté !

- (Germignon) Les bandits ont dû ralentir notre vitesse de pointe, je ne vois même pas le continent avec tout ce brouillard et cette tempête !

- (Octillery) Quelqu’un doit monter sur le mât d’misaine et m’indiquer la direction exacte d’la plage. Le sable amortira notre chute, et ce sera notre seul moyen d’y arriver en un seul morceau !

- (Pikachu) Je… j’m’en occupe… !

- (Carapuce) T’as vu ton état, ducon !? C’est moi qui vais l’faire !

- (Octillery) Bien, prends ma longue vue. Enfin, il me faudra trois autres personnes, dont deux pour hisser la voile aux ordres de votre camarade, et un pour jeter l’ancre à mon signal !

- (Pikachu) J’veux bien m’occuper de la v… !

- (Germignon) Poussifeu, occupons-nous de la voile !

- (Poussifeu) Compris !

- (Pikachu) Bon… alors je jetterai l’an… !

- (Riolu) J’attendrais votre signal, monsieur Octillery !

- (Pikachu) Mais… !?

- (Octillery) Parfait ! Allez, on s’bouge !!

Et tout le monde s’exécuta. Argouste et Rocabot aidèrent le marin à atteindre son espace de pilotage, tandis que Carapuce se propulsa à toute vitesse au sommet du mât. Il pointa la longue vue dans plusieurs direction, et ce jusqu’à finalement voir au loin, et malgré tout le brouillard, le bout du chemin.

- (Carapuce) Décalez-vous légèrement à tribord, l’alcoolo !!

- (Octillery) Entendu, moussaillon !

- (Carapuce) On accostera dans environ quarante secondes, dépêchez-vous de hisser ces putains d’voiles !

- (Poussifeu) Allez, c’est à nous !!

Germignon et Poussifeu poussèrent de toutes leurs forces, pour finalement parvenir changer le sens de la voile. Le vent ne l’aida plus à faire prendre au navire de la vitesse, et ainsi sa décélération s’entama à vue d’œil.

- (Octillery) Parfait ! À mon signal, tu jetteras l’ancre, minot !

- (Riolu) Je suis prêt !

- (Branette) Quoi… !? Attendez, Salamèche n’est pas encore remonté !

- (Octillery) On ne peut plus attendre, mon gars, il a intérêt à remonter rapidement !!

Au même moment, Salamèche trouva le corps semi-conscient de Ptyranidur.

- (Salamèche) Ptyra !!

Il dégagea les planches et poutres qui le séparaient de lui, puis fonça à son secours et l’aida à se redresser.

- (Salamèche) Hé, réponds-moi, est-ce que ça va !?

- (Ptyranidur) Je suis désolé, je suis… tellement faible…

- (Salamèche) Ne dis pas ça…

Disait-il, en cherchant désespérément un moyen de remonter.

- (Salamèche) Ok… monte sur mon dos !

Il le porta, puis commença à esquiver les secousses les plus fatales. L’eau montait à toute vitesse là où il était, et la moindre erreur le plongerait, à la vue du courant, dans une noyade sans fin. Il bondit de planches en planches, fit de son mieux malgré le poids important de son ami dans chacune de ses actions, et se surpassa à nouveau pour la vie d’un de ses proches. D’autres planches lui tombèrent dessus tel un éboulement, et c’est en les esquivant qu’il vit le trou dans lequel il avait plongé, désormais grandement étendu. Branette le voyait donc également.

- (Branette) Salamèche !! Dépêche-toi !

- (Salamèche) Attrape Ptyra en premier, il est blessé !

Le type spectre s’exécuta, et attrapa avec le plus de tendresse possible le dinosaure avec ses deux grandes mains spectrales. Il le sortit de la cale, et le déposa aux côtés de Pikachu, c’est-à-dire assurément à l’abri. Il ne vit qu’à cet instant que les deux hors-la-loi prenaient la fuite : Krakos porta son coéquipier et bondit sur son bateau, prêt à prendre le large.

- (Branette) Bande de lâches… !

Il les oublia immédiatement, et se reconcentra sur Salamèche. Il allait l’attraper, lorsqu’Octillery hurla :

- (Octillery) JETEZ L’ANCRE !!!

Et Riolu s’exécuta sans aucune once d’hésitation. Le déploiement de la voile n’aidait qu’à amortir les dégâts, mais le marin le savait avant d’hurler : son navire était fichu. Et effectivement, il se brisa définitivement en deux à l’instant où l’ancre le bloqua aux portes du continent Sud. Tout le monde fut bousculé, Branette également. Il loupa Salamèche une première fois, mais il se releva trop tard : la seconde d’après, toutes les cales inférieures explosèrent dans un torrent aquatique monstrueux, et le jeune type feu disparut dans la pénombre océanique.

- (Branette) SALAMÈCHE !!!

Ce dernier tomba immédiatement inconscient, et fut emporté par le courant des vagues. Ce qui restait du navire, en revanche, s’écrasa très brutalement sur du sable, comme prévu.

Ça y est, ils y étaient enfin, la Dream Team avait accosté pour la première fois le continent Sud, le même continent qui allait leur permettre de participer à la guilde d’exploration. Mais à quel prix… ?

Quand Riolu se redressa, il fut tout d’abord quelque peu déboussolé. Il marcha lentement vers la fraicheur du monde extérieur, se tint contre les morceaux de poutres qui maintenaient désormais la carcasse d’un ancien navire, puis vit un à un ses amis descendre sur la plage qui s’offrait à eux, l’air tétanisé. Ils venaient à nouveau de vivre une expérience traumatisante, et la disparition de Salamèche semblait tous lentement les angoisser. Mais Riolu, à cet instant précis, ne vit qu’hypocrisie dans leur regard.

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