Donjon Mystère - Dream Team

- Il est là !

- Tu ne nous échapperas plus, sale bête !

Deux gros rats au pelage marron clair ébouriffé s’emballèrent, en cœur d’un bois en pleine nuit. Couverts de tuniques aux couleurs de la nature et portant d’épais sacs desquels ils dégainèrent fouets et filets, ils pourchassaient une petite créature au pelage beige, à la fine crinière rouge orangé, aux grandes oreilles arrondies couleur blanc crème et aux grands yeux enfantins. Ce soir-là, il était effrayé, égratigné, exténué. Il s’écroula dans sa fuite, laissant les deux autres l’encercler d’un sourire névrosé.

- Enfin… ! Tu nous en as fait baver, mais on t’a enfin retrouvé !

- On va devenir riche, frérot ! Ah ah ah, j’ai attendu ce moment si longtemps !

Soudain, un éclair surgit de l’ombre et paralysa le premier, lorsqu’une flamme étincelante bondit d’un arbre et envoya paître le second d’un coup de pied en pleine figure. Ce dernier se redressa à reculons, stupéfait.

- Que… qu’est-ce qui s’passe ?!

- Je… je suis paralysé… !

- (Pikachu) Allez-vous en, braconniers !

S’imposa Pikachu d’une voix menaçante.

- Mais… qui êtes-vous ?!

- J’hallucine, ce ne sont que des gamins !

Il se releva, le fouet entre les pattes.

- Je m’fiche de savoir c’que vous faites ici, éloignez-vous immédiatement ! Je n’ai aucune peine à châtier des enfants !

- (Pikachu) Et moi, je n’ai aucune peine à m’défendre !

S’énerva-t-il, en le foudroyant à pleine puissance. Son adversaire s’écroula, inconscient. Salamèche vérifia l’état du sauvage, puis le porta dans ses bras pendant que son ami dégageait à coups de pieds les outils des braconniers. Il agrippa l’un d’entre eux.

- (Pikachu) Un fouet, et puis quoi encore ?! T’aimerai que j’te fouette à mort ?!

- Sale gosse… ! Si je me libère… !

- (Pikachu) Pas avant quelques heures, en espérant que vous ne vous fassiez pas dévorer par d’autres sauvages !

- (Salamèche) Pikachu, il est blessé, on doit s’occuper de lui maintenant !

- (Pikachu) Ouais, ok, allons-y !

Se motiva-t-il, en rangeant le fouet dans son sac. Ils s’éloignèrent dans la pénombre, laissant les deux braconniers seuls et désarmés en pleine nature.

Chapitre 16 – Communauté

Le mois d’Avril touchait bientôt à sa fin. Cela faisait plus d’une semaine, que Salamèche et Pikachu avaient quittés Bourg-Tranquille. Les habitants reprenaient peu à peu leur quotidien, malgré tout plus silencieux et pudique qu’autrefois. Alors que le climat se réchauffait, l’atmosphère paraissait glacée. Sur la place du village, la maire expliquait la situation aux nouveaux venus à qui elle avait fait appel.

- (Magnézone) Je vois. Nous devons donc vous ramener le petit Pikachu, en commençant par explorer le Mont Cristal.

Résuma le plus imposant des trois, au corps fait d’acier et d’aimants électrifiés.

- (Rapasdepic) N’ayez aucune pitié envers l’humain. Notre équipe de secours a échoué parce qu’elle le sous-estimait.

- (Magnéti) « Notre équipe » ? Attendez, vous n’en avez plus qu’une seule, à Bourg-Tranquille ?

- (Magnéti) En même temps, la Dream Team n’agit plus pour des raisons évidentes. Bon sang, cette histoire m’embête un peu. Ces petits étaient si gentils et volontaires…

- (Magnézone) Ils sont fugitifs, désormais. Bien que cela s’avère injuste et austère, nous devons mettre nos sentiments de côté et agir de manière pragmatique. Salamèche est potentiellement une menace, il est de notre devoir de l’arrêter s’il se met en travers de notre route.

- (Magnéti) … Oui, chef.

- (Rapasdepic) Voilà une mentalité que j’apprécie ! J’ai bien fait de vous contacter, maintenant au travail !

Ainsi se prépara la Magné-Team, sous le regard perplexe des quelques habitants qui travaillaient ou passaient par-là.

- (Magnéti) S’ils sont allés au Mont Cristal, c’est qu’ils se dirigent vers le Nord. Et en se dirigeant vers le Nord, le village le plus proche du Mont Cristal est Bourg-Palissade. Peut-être devrions-nous y jeter un coup d’œil ?

- (Magnézone) Bonne idée, mais commençons par explorer les territoires sauvages entourant le Mont Cristal.

- (Germignon) Excusez-moi…

S’introduit Germignon, avant qu’ils ne quittent le village.

- (Magnézone) Jeune fille. Que pouvons-nous faire pour toi ?

- (Germignon) Je me suis permise d’écouter votre conversation avec madame la maire et je crois qu’elle a oublié de mentionner quelque-chose de plutôt important. Pikachu n’a pas été enlevé par Salamèche, il l’a suivi volontairement. Ce sont les faits rapportés par les membres de l’équipe Chaotique elle-même.

- (Magnéti) Vraiment ? Étrange, elle semblait nous faire comprendre l’inverse.

- (Magnézone) Cela ne change pas grand-chose, le jeune Pikachu n’est pas supposé quitter le village.

- (Germignon) Je sais, je veux juste que vous le sachiez. En cherchant à sauver Pikachu, vous pourriez lui faire bien plus de mal que vous ne le pensez. Quant à Salamèche, s’en prendre à lui ne serait… qu’une trahison de plus, parmi toutes celles qui l’ont enfoncé dans la solitude.

- (Magnéti) Oui, ce qui est arrivé sur la place semblait rude, très rude.

- (Germignon) Ça l’était. Ce n’est peut-être qu’une impression, mais madame la maire a l’air d’avoir une haine viscérale envers lui.

- (Magnéti) C’est aussi l’impression que t’as eue… ?

- (Magnézone) Tout ira bien. Nous sommes engagés pour notre professionnalisme, nos sentiments et aprioris ne percuteront pas notre objectif. Sur ce, je te souhaite une bonne journée. Allons-y.

À plus d’une trentaine de kilomètres d’ici, en pleine nature au cœur d’un bois apaisant, le silence était total. Puis, la voix de deux garçons qu’il n’avait jamais entendus lui gratouillèrent les tympans.

- (Pikachu) Oh, je crois qu’il se réveille !

Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard se plaça tout de suite sur cette flamme scintillante, crépitante au bout de la queue de ce lézard couvert de tissus. D’instinct, il bondit en arrière.

- (Pikachu) Non ! Non, ne t’inquiète pas, tout va bien… !

Rasséréna Pikachu, en approchant ses pattes d’une sage tendresse pendant que Salamèche cachait le bout de sa queue avec son baluchon. Le petit sauvage, tremblant comme une feuille, était recouvert de bandages. Collé contre la paroi de la tente, il préférait rester recroquevillé, plutôt que de renifler les doigts du garçon au pelage jaune.

- (Pikachu) Nous ne sommes pas comme eux, promis… ! T’as dû être séparé de tes parents, ce doit être terrifiant de vivre sans eux. Laisse-nous t’aider à les retrouver, ok… ? Tu verras, on mange tout, sauf des Pokémon ah ah !

Une bonne minute s’écoula, avant qu’il approche le bout de son museau pour finalement renifler celui qui lui tendait les pattes. Pikachu le caressa, le sourire aux lèvres.

- (Pikachu) Content que tu nous accordes ta confiance !

Salamèche en fit de même, lui tendant une patte qu’il renifla quelques instants, avant de bondir sur son baluchon.

- (Pikachu) Wow, ça va vite entre nous, ah ah !

Il le poussa avec son museau, lorgnant la flamme du jeune garçon d’un air inquiet.

- (Pikachu) Hé, pourquoi tu te fais du mal… ?

Il la fixa de longues secondes, avant d’éternuer lui-même une petite flammèche. Les deux anciens secouristes sursautèrent, se dépêchant d’éteindre ce pauvre morceau cramé de nylon qui n’avait rien demandé.

- (Pikachu) Et bah, sacrées réserves !

- (Salamèche) Je ne comprends pas. Pourquoi a-t-il craint ma flamme, s’il est lui-même de type Feu ?

- (Pikachu) Qui sait, ça lui rappelle peut-être de mauvais souvenirs ? D’ailleurs j’t’ai pas demandé si ça te dérangeait qu’on… euh… s’occupe de lui ? Au moins le temps qu’on retrouve un groupe de sa communauté.

- (Salamèche) Bien sûr que non. Nous n’avons rien d’autre à faire avant le onze Juillet, de toute façon.

- (Pikachu) Nickel, merci beaucoup !

S’enjouait-t-il, alors que leur nouveau petit protégé tournait en rond autour d’eux. Il leva une patte arrière et commença à uriner.

- (Pikachu) Hein ?! Non, pas ici !!

Et ainsi débuta un nouveau quotidien pour les deux fugitifs.

Le premier jour, Pikachu le laissa explorer les alentours de la forêt dans laquelle ils avaient installé leur tente, observant chacune de ses réactions. Il reniflait les herbes, mordait les pommes de pin, grimpait aux arbres et frappait l’eau puis se recroquevillait au bord du lac pour esquiver les éclaboussures. À l’approche d’un autre sauvage, Il fuyait systématiquement.

- (Pikachu) T’inquiète, ils ne sont pas méchants ! Au pire des cas, si t’as peur, rugis ! Regarde, comme ça… YAAAH !!!

Les deux sauvages sursautèrent et s’enfuirent en courant.

- (Pikachu) Non, hé, t’es pas censé fuir, toi !!

Il le rattrapa, le rassura et le prit dans ses bras. Il revint de leur balade essoufflé, alors que Salamèche, assis à côté de la tente, faisait le compte de ce qui leur restait à manger.

- (Salamèche) Alors, comment ça s’est passé ?

- (Pikachu) C’était… désordonné ! Il est super chaud, enfin littéralement ! Sa touffe est brûlante !

- (Salamèche) Ce doit être une particularité de son espèce. Tu n’en as vraiment jamais entendu parler ?

- (Pikachu) Non, j’les connais pas sur l’bout des doigts !

- (Salamèche) Hm… mince, comment va-t-on l’appeler ?

- (Pikachu) Boh, on peut bien lui trouver un p’tit surnom ! Que penses-tu de… Câlinfeu ?

- (Salamèche) Ah ouais, t’as réfléchi longtemps pour celle-là.

- (Pikachu) Ouais, bah au moins je cherche !

Le ventre du nouvellement nommé Câlinfeu gargouilla.

- (Pikachu) Ah, je crois qu’il a faim !

- (Salamèche) Je m’en occupe.

- (Pikachu) Nickel, donc va pour Câlinfeu !

- (Salamèche) Je n’ai pas dit ça…

Les tâches quotidiennes, justement. Alors que Pikachu s’occupait de le promener, de vaincre ses peurs auprès des autres sauvages, de le surveiller faire ses besoins et de s’assurer qu’il s’endorme correctement ; Salamèche était chargé de lui préparer à manger, de le nettoyer et d’analyser ses réactions, qu’il annotait dans son petit carnet rouge.

- (Pikachu) Alors, qu’est-ce que ça donne ?

- (Salamèche) Je pense qu’il va falloir se déplacer vers des territoires aux températures plus élevées. Il n’est clairement pas dans son habitat naturel.

Pikachu dégaina de son sac la carte du continent, qu’il déplia à même le sol.

- (Pikachu) Il y a un désert à l’Est, une grande zone appelée l’Erg Sans Fin. Je nous donne… hum… allez, quatre jours pour y arriver ! En fait, j’sais pas du tout à quel point les territoires sont dangereux, par-là bas.

- (Salamèche) Bourg-Palissade… ?

Notifia-t-il, en zyeutant les alentours du désert.

- (Salamèche) Ce nom me dit quelque-chose.

- (Pikachu) Ouais, je n’sais pas qui est le fou à avoir eu l’idée de construire un village dans un désert, mais ce serait l’occasion de s’y ressourcer un peu !

- (Salamèche) Et le Mont Ardent ? Ce n’est pas vraiment dans le désert, mais…

- (Pikachu) C’est surtout super éloigné de là où on l’a trouvé ! J’pense pas que Câlinfeu vienne d’aussi loin.

- (Salamèche) Très bien, alors dirigeons-nous vers l’Erg Sans Fin. On verra comment le petit s’y sent.

- (Pikachu) Câlinfeu…

- (Salamèche) Oui, pardon, comment Câlinfeu s’y sent…

La lune se leva et les trois garçons s’assoupirent dans leur tente. L’un sur son oreiller et sous son baluchon, l’autre dans son sac de couchage et le dernier sur son ventre. Le lendemain matin, ils remballèrent leurs affaires. Le petit sauvage les dévisagea, gémissant de plus en plus fort.

- (Pikachu) Hé, ne pleure pas, Câlinfeu. On reste ensemble, promis !

Le consola Pikachu, en lui essuyant ses larmes.

- (Salamèche) C’est bon, on peut y aller !

- (Pikachu) Allez, mon ami, en route !

Le motiva-t-il d’un sourire jusqu’aux oreilles. Câlinfeu était hésitant. Cinq minutes plus tard, alors qu’ils quittaient la forêt pour traverser de grandes plaines, ce même Câlinfeu sautait partout, surexcité face à tous ces nouveaux paysages. Le reste n’était que routine. Monter des collines, esquiver fissures et crevasses, emprunter des grottes lorsque la pluie s’abattait et grimper des voies rocheuses pour gagner du temps ; même si, justement, tout prenait plus de temps. Mais Pikachu semblait heureux de prendre soin d’un sauvage. Même Salamèche, qui restait lucide en analysant ses moindre faits et gestes pour déduire les terrains et donjons dans lesquels il se sentait le plus à l’aise, se laissait peu à peu séduire par les gestes naïfs, sincères et mignons de son protégé. Un soir, alors qu’il préparait une salade de fruits, Câlinfeu fit rouler, par la force de son museau, des baies Pêcha jusqu’à lui.

- (Salamèche) Oh… ! Enfin quelqu’un qui avoue apprécier mes baies grillées !

- (Pikachu) Oh non, pitié, pas encore des baies Oran !

- (Salamèche) Non, ce sont des Pêcha, cette fois ! Où les as-tu trouvés, Câlinfeu ?

Il pointa du museau un arbre dans lequel Salamèche y aperçut une multitude de baies Pêcha.

- (Salamèche) Je ne l’avais même pas remarqué ! Ça, tu vois, ce sont des prunus. Les baies Pêcha poussent là-dessus et ont la particularité d’être un peu plus sucrées que les autres baies. Elles soignent aussi de la paralysie infligée par les Pokémon de type Électrique, ne me demande pas pourquoi. Allez, j’en rajoute un peu dans la salade !

- (Pikachu) Câlinfeu, arrête de faire déblatérer notre apprenti cuisinier ! J’ai faim, moi !

- (Salamèche) Tu ne l’as pas vu, mais il a hoché la tête !

- (Pikachu) Ça ne m’étonne pas, ah ah ! Déjà qu’il nous comprend ; à force de rester avec nous, il va carrément finir par parler !

- (Salamèche) Allez, le dîner va être prêt !

Ce soir-là, ils se régalèrent. Durant la nuit, alors que le sauvage roupillait habituellement avec Pikachu, il s’était peu à peu rapproché de la flamme crépitante de Salamèche. Les deux amis s’en préoccupèrent.

- (Salamèche) Je crois que ses parents lui manquent…

- (Pikachu) On y est presque, Câlinfeu, courage… !

Finalement, une semaine s’écoula. Dans tous les villages du monde furent sonnées les cloches : le mois de Mai avait fait son entrée. Mais pour les trois garçons, seul le bruit du vent et les vagues ensablées qu’il transportait animait cette torride journée. L’Erg Sans Fin, un désert plongé dans des mirages de chaleur, parsemé de dunes et de quelques structures rocheuses. Une troupe de Sabelette couraient, esquivant les puits de sables dans lesquels des Kraknoix gardaient la gueule grande ouverte. Les Balbuto restaient immobiles, flottants au-dessus de ce qui s’apparentait à des ruines, peu à peu ensevelies par le temps.

Câlinfeu, de son côté, se roulait contre le sol. Il s’étira en ronronnant face au soleil.

- (Salamèche) Wow, il n’avait jamais fait ça ! Tu avais raison, il se sent bien plus à l’aise ici qu’ailleurs.

- (Pikachu) Ouais, alors c’est cool, hein…

Il interrompit le petit sauvage en le portant dans ses bras.

- (Pikachu) Mais les environs sont dangereux. Je n’veux pas qu’il se fasse croquer par ces trucs, là-bas.

- (Salamèche) Pikachu, si on ne le laisse pas découvrir lui-même le territoire…

- (Pikachu) Mec, c’est pour sa sécurité ! Bon, allez, plus qu’à trouver les siens ! Avançons, je crève de chaud !

Mieux valait ne pas crier « victoire » trop vite. La journée venait seulement de commencer, pour les deux anciens secouristes qui explorèrent un donjon si vaste qu’ils y perdirent rapidement le sens de l’orientation. Ils escaladèrent les dunes les plus hautes qu’ils trouvèrent, espérant apercevoir des sauvages ressemblant à leur petit protégé, en vain. Des Tarinor, des Nidoran, même des Simulabre ; mais aucun autre type Feu.

En début d’après-midi, Pikachu s’écroula sur le sable, essoufflé.

- (Pikachu) J’en peux plus… ! Pitié, un peu de fraicheur !

Câlinfeu, qui se reposait tout ce temps sur son dos, lui lécha le visage quelques instants.

- (Pikachu) Ouais, je sais, je sais, toi t’es en forme. Les types Feu trichent, de toute façon…

Puis, il se retourna, intrigué. Il renifla le sol et se laissa guider par son odora, vers un chemin que n’avaient pas encore empruntés les deux civilisés. Pikachu se redressa immédiatement.

- (Pikachu) Hé, tu vas où comme ça ?! Fais attention, c’est dangereux !

Mais Salamèche posa une patte sur son épaule avant qu’il ne le rattrape.

- (Salamèche) Suivons-le, Pikachu, suivons-le juste.

Il peinait à y parvenir. Dès que Câlinfeu bondissait par excitation, Pikachu en faisait tout autant, hélas pour d’autres raisons. Ils descendirent les dunes et traversèrent plusieurs ruines, esquivant de potentielles pierres pointues.

- (Pikachu) Attention, Câlinfeu, regarde où tu mets les pattes !

- (Salamèche) Pikachu, ouvre les yeux ! Il est chez lui !

Insista son ami, alors que le jeune sauvage enchaînait les bonds, esquivant toutes les roches froides pour retomber sur le chaleureux sable. Ils contournèrent une dernière dune, arrivant face à un arbre. Un prunus, pour être exact.

- (Pikachu) De la végétation… ? Ici… ?

Câlinfeu s’y enfonça, reniflant plusieurs prunus et mordant quelques herbes, faisant découvrir à ses deux protecteurs un véritable Oasis, lorsqu’il s’arrêta face à un point d’eau d’un bleu ciel éclatant.

- (Pikachu) Punaise… ! On est au paradis ou quoi… ?

- (Salamèche) C’est tout… ?

Approcha Salamèche, en observant le sauvage tourner autour du point d’eau. Il s’arrêta après de longues secondes, se tourna et dévisagea ses protecteurs d’un air dubitatif.

- (Salamèche) … Les siens étaient ici, ça ne fait aucun doute. Je pense qu’il s’attendait à tomber sur eux.

- (Pikachu) Installons notre tente ici, dans ce cas. Pour qu’il arrive à les sentir, c’est qu’ils doivent avoir l’habitude de venir par-là.

Le reste de la journée fut donc passée à l’abri d’un soleil frappant pour Pikachu, qui siesta dans leur tente à l’ombre des arbres. De leur côté, Salamèche et Câlinfeu jouaient dans l’eau. Alors que sa tunique trempée – nettoyée avec le bloc de savon à l’odeur d’agrumes et de plantes – séchait attachée à des branches, il se baignait sans pudeur en rigolant de vive voix avec son petit protégé. Lui qui voulait le nettoyer, il abandonna rapidement lorsque Câlinfeu sauta partout en s’excitant comme un fou.

Le soleil se couchait peu à peu, alors que les deux types Feu se reposaient au bord de l’eau. Sa serviette de bain enroulée autour de sa poitrine et couvrant le reste de son corps, Salamèche feuilletait son carnet pendant que Câlinfeu roupillait, allongé à côté de lui. Soudain, ses oreilles remuèrent. Il se redressa en fixant la direction opposée à celle de son protecteur, qui s’inquiéta en le voyant s’éloigner.

- (Salamèche) Câlinfeu… ? Hé, attends-moi !

Paniqua-t-il brusquement, après l’avoir vu sortir les crocs et grogner en bondissant vers quelque-chose. Contournant quelques arbres, le petit sauvage rugit sans s’arrêter. L’autre garçon zyeuta les alentours, sur ses gardes.

- (Salamèche) … Qui est là ?

Aucun bruit, seulement une atmosphère alourdit. Soudain, un jaillissement lumineux se propulsa sur lui. À peine eut-il le temps de se retourner, qu’un éclair le frappa de plein fouet. Il s’écroula dos à la végétation, sentant ses mouvements ralentir.

- Bien visé, chef !

- C’est bon, je pense qu’il est hors-jeu…

- (Salamèche) Qu… quoi… ?

Il peinait à relever la tête, lorsque trois silhouettes approchèrent. Toutes les trois flottaient à une vingtaine de centimètres du sol, étaient faites d’acier, d’aimants et d’électricité.

- (Salamèche) Vous… ?!

Beuglait-il en tremblant de toutes ses forces.

- (Magnézone) Inutile d’essayer de te libérer. La paralysie est partie pour durer plusieurs heures. Enfin, tu devrais savoir de quoi je parle, puisque ton ami a pris l’habitude de paralyser tous ceux qui vous font face.

- (Magnéti) Désolé, petit, ce n’est pas évident de se faire attaquer par surprise…

- (Magnéti) Promis, on va faire ça rapidement…

Déplorèrent les deux membres à l’œil unique, en détournant le regard. Salamèche écarquilla les yeux, les dévisageant comme des meurtriers. Câlinfeu rugissait, mais reculait autant qu’ils approchaient.

- (Salamèche) Alors… vous aussi ?!

- (Magnéti) Oui. La maire Rapasdepic nous a demandé de ramener le jeune Pikachu au village.

- (Magnéti) Ce n’était pas évident de vous trouver. On se doutait que vous approcheriez Bourg-Palissade, plus encore lorsque deux hommes nous ont parlé de vous il y a quelques jours, mais l’Erg Sans Fin est vaste et les recherches ont été fastidieuses…

- (Magnézone) Mais te voilà enfin face à nous ; et tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Elle t’avait demandé de partir et tu as embarqué un innocent dans tes problèmes. Nous agissons au nom du bien, rien de plus. Quant à cette histoire d’humain et d’équilibre du monde…

- (Salamèche) Non… ! Taisez-vous !

S’énerva-t-il, alors que ses griffes tremblaient à s’enfoncer dans le sol.

- (Salamèche) Je n’arrive pas à y croire… ! Vous non plus, n’avez aucune pitié… !

- (Magnézone) Pas contre un fugitif et un kidnappeur, non.

- (Salamèche) Alors quoi, des explorateurs vont tuer un enfant ?!

Il en imposa le silence. Les membres de la Mangé-Team s’échangèrent un regard perplexe.

- (Magnézone) Comment ça… ?

Soudain, une tige en cuir claqua brusquement l’un des Magnéti, percutant le sol de plein fouet. Une expression judicieuse, lorsque les regards se tournèrent vers Pikachu, un fouet à la main, le visage crispé de rage.

- (Magnéti) Magnéti, est-ce que ça va ?!

- (Magnéti) Je… je peux encore me battre… !

- (Magnézone) Toi… ? Pourquoi nous attaques-tu ?!

- (Pikachu) J’pensais que l’message était passé… ! Laissez-nous tranquille !!

- (Magnézone) Mais nous avons pour mission de te ramener !

- (Pikachu) Et alors ?! C’est une mission de sauvetage ou d’arrestation ?!

- (Magnézone) C’est… ! Euh… non, ça suffit ! La maire était catégorique !

- (Pikachu) Alors je le serai aussi !!

- (Magnéti) Lâche ton arme !

- (Magnézone) Attends, n’utilise pas tes pouvoirs !

Trop tard : il se précipita en l’électrifiant par reflexe. Mais le garçon au pelage jaune absorba la puissance de l’éclair. Alors que de son pelage jaillissait des étincelles, il répliqua d’un coup de fouet plus rapide, précis et douloureux. Sa cible s’écrasa contre la verdure, inconsciente. Il tenta de récidiver sur le chef d’équipe, mais Magnézone se propulsa à temps et le percuta d’un coup d’aimant en pleine figure.

- (Magnézone) Ne te relève pas !

- (Pikachu) J’vais m’gêner… !

S’exécuta-t-il, les dents crispées. Câlinfeu observait, impuissant. Il tremblait comme une feuille, larmoyant à la vue d’un combat en défaveur de ses protecteurs. Salamèche, toujours allongé sur le dos, tiqua en observant les alentours.

- (Salamèche) Câlinfeu ! Hé, mon grands, j’ai besoin de toi ! Regarde, tu te souviens de ça ?

Le questionna-t-il, en pointant du regard le sommet des prunus qui l’entouraient. Le sauvage approcha, bondissant à la vue des Baies Pêcha. Malgré la situation, Salamèche lui sourit.

- (Salamèche) Tu peux m’en apporter une, comme la dernière fois ?

Le petit hocha la tête, fonçant jusqu’à un tronc qu’il grimpa à toute vitesse. C’est alors qu’un Roucool sauvage se posa sur la branche qu’il s’apprêtait à atteindre. Il recula tout d’abord, mais les cris de Pikachu raisonnaient à lui faire trembler les oreilles. Il se recroquevilla quelques instants… avant de rugir de toutes ses forces. Effrayé, le Roucool s’envola et la voie fut libérée. Il agrippa une baie et visa, depuis le haut de l’arbre, la bouche grande ouverte de Salamèche.

De son côté, Pikachu fut envoyée valser contre un tronc. Il avait lâché son fouet depuis un moment et peinait à se relever.

- (Magnézone) Je suis navré. Si nous savions que tu te défendrais, nous aurions élaborés une autre stratégie. Mais tu affrontes un explorateur et il ne fallait pas s’attendre à ce que je retienne mes coups.

- (Pikachu) Ouais, super… ! J’vais arriver comme ça devant mes parents et leur dire que mes sauveurs ont été exemplaires, ils vont adorer !

- (Magnézone) Madame la maire nous racontait qu’ils étaient terrifiés à l’idée que tu survives en pleine nature. N’as-tu pas honte ? As-tu la moindre idée de tout le mal que tu as causé, depuis que tu t’es exilé ? Et tu souhaites devenir comme nous ?!

- (Pikachu) Tout… le mal ? Bande d’hypocrites, j’ai protégé des centaines de sauvages, depuis que je vis avec eux ! Je ne regrette rien, vous m’entendez ?! Rien du tout !!

- (Magnézone) Les sauvages ne valent rien, par rapport aux sentiments des vrais Pokémon !

- (Pikachu) Quoi… ? Mais comment vous pouvez dire ça… ? À quoi sert votre badge ?!

Soudain, Salamèche bondit dans le dos de l’explorateur, le forçant à atterrir au sol. À peine avait-il le temps de s’en outrer, que le fugitif le frappa sans relâche, un Magnéti à la patte. Les deux types Acier se heurtèrent de plus en plus fort, peinant à cacher leur douleur.

- (Magnézone) Vite… ! Décharge-toi !!

- (Magnéti) O… oui, chef !

Mais Salamèche l’envoya valser contre un tronc et Magnéti laissa jaillir ses réserves électriques dans le vent avant de s’écrouler, épuisé. Magnézone en profita pour se redresser, faisant trébucher son adversaire sur qui il prit rapidement de la hauteur. Il tenta de lui asséner un coup d’aimant, que Salamèche esquiva en exécutant une roulade arrière.

- (Magnézone) Tu ne m’échapperas pas !!

Cria-t-il, en chargeant un éclair. Salamèche cligna des yeux : il se rappelait. Charmina avait esquivé l’attaque de Pikachu en bondissant jusqu’au plafond du Mont Cristal. Une espèce de fumée s’était dégagée de son bras, lorsqu’il avait besoin d’une force soudaine, pour décrocher une roche du plafond. Il supposa alors que pour sauter aussi haut, de la fumée s’était également échappée de son pied. Il contracta alors ses deux jambes de toutes ses forces, espérant atteindre le même niveau d’intensité.

- (Salamèche) Je peux le faire… ! Je peux le faire !

Hélas, à force de contracter, de rudes picotements le parcoururent subitement. Il se paralysa, confondant le métal de Magnézone avec la peau froide d’Airmure, le soir où il déclencha ses pouvoirs par accident.

- (Magnézone) Prends ça !!

Immobile, le jeune garçon laissa l’attaque adverse lui foncer dessus. Mais cette fois, c’est Câlinfeu qui bondit. Le claquement de la foudre sur sa peau retentit, alors que Salamèche et Pikachu l’observèrent s’écrouler.

- (Salamèche) Non… !

- (Pikachu) C… Câlinfeu… !

- (Magnézone) Mais d’où sort cet Hélionceau, bon sang ?! Est-ce lui, que tu étais censé protéger ?!

- (Pikachu) CÂLINFEU !!!

Hurla-t-il, alors qu’une vague d’éclairs jaillit de son corps. Il en fit trembler toutes les feuilles environnantes. Ses yeux étaient rouge sang, ses poings crispés à s’en percer la peau. Magnézone se mit en garde, prêt à absorber la décharge adverse.

- (Magnézone) Allez, amène-toi !

- (Salamèche) Pikachu, non !! Il est juste paralysé !!

Assura son ami, en prenant le pouls de son protégé. Pikachu tremblait, il hésitait. Si son adversaire absorbait son attaque, il accumulerait suffisamment de puissance pour mettre hors-piste tout le monde. C’est alors qu’une ruée enflammée les sépara, si puissante qu’elle s’étendit sur une dizaine de mètres. Magnézone jeta un coup d’œil vers Salamèche, tout aussi surpris que lui. Puis, une boule de feu le percuta de plein fouet. Il s’écroula, le regard fixé sur la silhouette qui approchait.

Sa grande crinière rouge et jaune formait un soleil rayonnant. Un grand Pokémon quadrupède, à la longue et fine queue brune et beige, comme sur le reste de son imposant corps.

- (Magnézone) Un Némélios… !

Une autre bondit d’un buisson, les crocs enflammés. Sa crinière était plus fine, s’étendant comme une longue chevelure. Elle lui mordit l’antenne et l’envoya paître contre un arbre. Le temps qu’il s’en remette, trois autres sauvages de cette même espèce lui faisaient face. Tous rugissaient, prêts à le déchiqueter en morceaux.

- (Magnézone) N… non… ! Pitié… !

De son côté, Pikachu reprenait son souffle, alors que les étincèles s’éparpillèrent. En apercevant Câlinfeu se relever, il accourut sans hésiter.

- (Pikachu) Câlinfeu !! Tu vas bien ?!

- (Salamèche) Je viens de lui donner une baie Pêcha, mais il est toujours un peu sonné.

Le concerné se retourna, le sourire aux lèvres. Il bondit dans les bras du jeune garçon, en larmes.

- (Pikachu) Oh, j’ai eu tellement peur… !

S’agenouilla-t-il en le serrant contre sa poitrine. Salamèche, lui, se redressa en direction de Magnézone. Alors que les sauvages s’apprêtaient à l’attaquer, le jeune garçon s’interposa.

- (Salamèche) Arrêtez ! Il ne mérite pas la mort… même s’il veut l’infliger aux autres.

Ils ne semblaient pas se calmer, jusqu’à l’intervention de Câlinfeu lui-même, bondissant des bras de Pikachu pour ordonner du répit à coup d’imposants rugissements. Le Némélios à la crinière rayonnante avança, le renifla, puis le lécha en le serrant contre ses pattes. Les autres en firent de même et tous saluèrent le retour d’un des membres de la famille.

- (Pikachu) … Je crois qu’on l’a fait, mon pote. On a ramené Câlinfeu auprès des siens.

- (Salamèche) Je ne comprends pas, leur pelage n’est pas du tout de la même couleur. En même temps, ça me paraissait bizarre qu’un Pokémon blanc et beige soit de type Feu.

- (Pikachu) C’est… peut-être pour ça que les braconniers le chassaient lui et pas un autre ? Pour sa rareté ?

- (Magnézone) Il est… chromatique.

Déclara l’explorateur, peinant à flotter. Les deux garçons se retournèrent d’un air assassin, alors il abaissa les aimants.

- (Magnézone) Inutile de se méfier. Je m’avoue vaincu.

- (Pikachu) Vous allez rentrer à Bourg-Tranquille et dire à mes parents que plus ils s’acharneront, plus je m’éloignerai.

- (Magnézone) … Bien.

- (Salamèche) Maintenant, allez-vous-en. Qu’on ne vous revoit plus jamais.

- (Magnézone) Je… entendu.

Les yeux baissés, Magnézone avança vers ses deux coéquipiers, qu’il aimanta à lui avant de partir sans se retourner. L’atmosphère s’allégea et les deux amis s’affaissèrent en reprenant leur souffle.

- (Pikachu) Aïe… j’ai mal partout… ! Il n’y est pas allé mollo, avec ses aimants… !

- (Salamèche) S’ils s’étaient préparés à t’affronter, nous n’aurions eu aucune chance. Merci de m’avoir aidé…

- (Pikachu) Oh, en vrai, on aurait perdu aussi sans l’intervention d’la communauté Némélios… c’est comme ça qu’il les appelait, non ?

- (Salamèche) Exact. J’ai cru comprendre que Câlinfeu était un Hélionceau.

- (Pikachu) Hélionceau… ouais, c’est un peu moins chaleureux…

Marmonna-t-il d’une voix tremblante, en admirant l’enthousiasme ravissant de son petit protégé, entouré d’un peuple qui le correspondait enfin. Alors qu’ils commençaient à partir, Hélionceau… non, Câlinfeu approcha une dernière fois, dubitatif.

- (Pikachu) Non, désolé, mais c’est ici que nos chemins se séparent…

Le petit insistait, en mordant les accoutrements du type Électrique. Mais Pikachu lui caressa la touffe.

- (Pikachu) Tiens, elle n’est plus si brûlante que ça… ? En tout cas, t’as assuré, bonhomme ! Je suis fier de toi…

Mâcha-t-il d’une voix tremblante, en essuyant ses larmes. Inquiet, le sauvage se tourna vers l’autre civilisé.

- (Salamèche) Hé, mon grand, ne les fais pas attendre…

Il le caressa à son tour, d’un grand sourire sincère.

- (Salamèche) Va et deviens fort ! Qui sait ; peut-être qu’un jour, c’est toi qui nous sauveras inextrémiste… ?

Câlinfeu se colla à leurs jambes, pleurant à chaudes larmes. Puis, il recula et rejoignit le reste de sa communauté. Il se retourna une dernière fois, le sourire au museau, avant de s’éloigner pour de bon.

Le silence s’imposa peu à peu. Pas de vent, pas de ruissellement, seulement un vide.

- (Pikachu) Je… je m’sens perdu, tout à coup.

- (Salamèche) Moi aussi. On devrait trouver une autre cachette. Je ne me sens plus à l’aise, ici.

- (Pikachu) On va le faire, hein, mais honnêtement, ça m’saoule un peu. Qu’importe où on va, qu’importent tous nos efforts pour fuir Bourg-Tranquille, on finit toujours par nous retrouver. Quand j’ai compris qu’c’était la Magné-Team qui nous pourchassait, j’ai vraiment déjanté…

- (Salamèche) Même eux, étaient prêts à me tuer. On pensait que l’équipe Chaotique ne méritait pas sa place à la Guilde d’Exploration, mais il faut croire que tout le monde est comme ça…

Maugréa-t-il, en se redressant en direction de leur tente.

- (Salamèche) Je vais m’habiller, ensuite on remballe nos affaires.

- (Pikachu) Déjà… ? Attends, tu n’t’es même pas reposé, depuis qu’on est entré dans l’Erg Sans Fin !

- (Salamèche) Peu importe…

Il s’éloigna, les poings fermés. Maintenant qu’ils n’avaient plus personne à protéger, les deux fugitifs pouvaient reprendre un rythme soutenu. Mais depuis ce jour, Salamèche se montra plus pragmatique. Il ne mentionnait plus Bourg-Tranquille, l’exploration ou leurs proches amis. Il ne pensait qu’à la suite des événements et occupait la plus grande partie de ses journées à trouver des cachettes efficaces pour leur tente. La nuit, il ne dormait que très peu ; préférant remplir son carnet pour assurer une contrattaque face à tout type d’adversaire.

Presque une semaine s’écoula, avant que les membres de la Magné-Team débarquent à Bourg-Tranquille. Ils s’écroulèrent sur la place du village, l’acier égratigné, les aimants tremblants. Le temps que la médecin Nanméouïe et la maire Rapasdepic interviennent, une foule s’était créée tout autour d’eux.

- (Nanméouïe) Laissez-moi passer ! Bon sang, il faut les escorter à l’hôpital !

- (Rapasdepic) Une minute, que s’est-il passé… ?

- (Nanméouïe) Madame la maire, je pense que les questions peuvent attendre !

- (Rapasdepic) Non, j’exige des réponses ! Où est l’humain ?!

Les deux Magnéti, qui détournaient le regard d’un air embarrassé, ne semblaient pas même apte à communiquer. Magnézone, en revanche, marqua un temps d’arrêt. Il repensa à ce que Germignon lui avait dit.

- (Magnézone) … Je croyais que la mission consistait à sauver le jeune Pikachu.

- (Rapasdepic) Sans blague, j’ai bien compris que vous aviez échoués !

- Notre enfant… où est-il ?!

S’inquiétèrent les parents du fugitif, en déboulant sur la place.

- (Magnézone) … Pourquoi ne pas m’avoir informé de la volonté du garçon ?

- (Rapasdepic) Qu’est-ce que cela change ?!

- (Magnézone) Ce n’est pas celui que vous appelez « humain » qui nous a causé problème, mais bien ce jeune homme aux ambitions claires et humbles.

- Comment ça ? Que voulez-vous dire ?!

- (Magnézone) Je sais que ce n’est pas évident à assimiler, mais votre petit a l’étoffe d’un explorateur.

- Quoi ?!

- (Magnézone) Et je pense qu’il le deviendra, qu’importe le nombre d’obstacles que vous lui enverrez. Peut-être serait-il judicieux de réévaluer vos préjugés, vis-à-vis de ses passions et objectifs.

- Mais… pour qui vous prenez-vous ? Nous connaissons notre fils mieux que personne !

- (Magnézone) Dans ce cas, allez le chercher vous-même. Cette aventure m’a fait réfléchir : jamais plus je ne blesserai un sauvage pour satisfaire les sentiments névrosés de sombres hypocrites.

Les habitants s’en outrèrent, chuchotant autour d’une scène qui énerva de plus en plus Rapasdepic.

- (Rapasdepic) Il suffit ! Je ne vous permets pas d’injurier à l’intérieur de mes murs !

- (Magnézone) Quoi, vous n’en avez pas eu assez ?

Rétorqua-t-il froidement, en la toisant du regard.

- (Magnézone) Salamèche était persuadé que nous étions venus le tuer. Je ne sais pas ce que vous avez ordonné à vos secouristes, mais je doute que votre agressivité serve la cause commune.

- (Rapasdepic) Bien sûr qu’elle la sert ! Cet humain est un danger pour le monde entier !

- (Magnézone) Et donc quoi ? Vous organisez des mises à mort en cachette ?

- (Rapasdepic) Je… non, n’importe quoi !

Bégaya-t-elle, alors que les murmures de la foule semblaient la viser.

- (Lombre) C’est quoi cette histoire… ?

- (Kecleon) Il était juste censé s’éloigner pour nous préserver des secousses, non… ?

- (Canarticho) Pourquoi s’acharne-t-elle sur lui… ?

- (Rapasdepic) Tout ce que je veux, c’est retrouver ce fichu Pikachu !!

- (Magnézone) Alors je vous souhaite bonne chance. Maintenant qu’ils nous traitent comme des meurtriers, ils n’auront plus aucune pitié. Réfléchissez-y : le dialogue n’est plus envisageable.

Assura-t-il aux deux parents terrorisés, avant de suivre Nanméouïe jusqu’à l’hôpital. La maire fouilla du regard les alentours : tout le monde la fixait d’un air perplexe.

- (Rapasdepic) Un problème ?! Vaquez à vos occupations !!

Cria-t-elle, en dispersant la foule.

- (Rapasdepic) Quant à votre enfant, je n’ai pas dit mon dernier mot ! Il me reste une carte à jouer !

- Madame la maire, si c’est pour le mettre en danger…

- (Rapasdepic) Il l’aura mérité !!

Elle quitta la place en s’envolant à rudes battements d’ailes. Au loin, Germignon la fixait, un sourire au coin des lèvres.