Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 13 : Le sage du village

6572 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/02/2021 14:20

- … Un humain ? Bon sang, mais c’est ici qu’ça s’passe !

- Votre union est notre dernier espoir. Si tout se passe comme prévu, alors faites de lui notre sauveur ultime…

Salamèche se réveilla en sursaut, essoufflé. Il était dans son lit, humide d’une sueur que son corps n’avait pas l’habitude de produire. Immédiatement, il s’agrippa le crâne, crispa les dents et retint son souffle. Une sévère migraine l’envahissait.


Chapitre 13 – Le sage du village


En cette belle matinée d’Avril, alors que les arbres s’étaient recouverts de feuilles, que la verdure s’était étincelée et que le climat continuait de revigorer les habitants de ce paisible village ; le professeur Canarticho s’exprima face à sa classe, enjouée à l’approche des vacances scolaires.

- (Canarticho) Aujourd’hui, on va entamer le dernier chapitre du programme de mathématiques de l’année ! J’aimerai qu’on le parcoure le plus vite possible, histoire que vous ne l’oubliez pas dans vos révisions des vacances qui approchent. Bien, ouvrez vos livres à la page…

- (Pikachu) Euh… m’sieur ?

Intervint comme rarement Pikachu, le regard perdu.

- (Pikachu) Vous n’deviez pas nous rendre nos devoirs de groupe ?

Il en imposa le silence.

- (Pikachu) Quoi ? Tout l’monde a oublié ?

- (Canarticho) Tu… parles du devoir que je vous ai rendu il y a deux jours ?

- (Pikachu) Euh… non ? Y a deux jours, on… n’avait pas cours, j’crois.

Les autres élèves se tournèrent vers lui, dubitatifs.

- (Canarticho) Oula, je crois surtout que tu as une très mauvaise notion du temps.

- (Germignon) Pikachu, vous avez eu une super note. Comment t’as pu l’oublier ?

- (Arcko) Il veut juste se refaire saucer, c’est tout…

Le garçon au pelage jaune tourna le regard vers son ami.

- (Pikachu) Tu t’en souviens, toi… ?

- (Salamèche) … Non.

Ajouta-t-il, toujours en se maintenant la tête.

- (Germignon) Salamèche, est-ce que tout va bien ?

- (Salamèche) Oui, oui… ce n’est rien.

Geint-il, en plaquant son front contre le bureau.

- (Germignon) Ça a l’air…

- (Canarticho) Hé, si tu ne te sens pas bien, reste chez toi, comme Chenipan.

- (Riolu) Lui aussi est malade ? J’espère que ce n’est pas un virus…

- (Salamèche) Ça va aller, ça va aller…

- (Canarticho) Bon, si tu grinches encore une fois, je t’envoie à l’infirmerie.

- (Salamèche) Non, j’ai déjà assez embêté madame Nanméouïe comme ça…

- (Canarticho) Alors du nerf !

Ainsi, les cours reprirent et la matinée parut interminable. Pikachu ressentait parfois une légère douleur, mais Salamèche semblait souffrir le martyre dès qu’il essayait de réfléchir. Durant les pauses, quand les autres prenaient l’air ou discutaient, lui s’affalait sur son bureau, la tête dans les bras.

Et peu à peu, il perdit connaissance.

Tout autour de lui, différentes voix échangeaient.

- Je suis désolé, mon traducteur s’est cassé pendant la bataille.

Révéla la première, d’une élocution familière. À ses côtés, d’étranges turbulences semblaient lui répondre.

- Il te demande si tout va bien.

S’introduisit une deuxième voix, féminine, douce, sage et déterminée.

- Ah, euh… oui, bien sûr que oui. Si j’suis vivant, c’est qu’tout va bien !

- Tu devrais t’habituer à les comprendre sans traducteur. De l’autre côté, tu n’en trouveras pas.

- Je sais, raison d’plus pour ne pas m’envoyer avec eux.

- C’est nécessaire. Si je pouvais venir avec vous…

- Oui, vous l’feriez, ça aussi je l’sais. Il n’empêche que j’trouve que ça craint, comme plan. J’devrais vous protéger, pas vous abandonner !

- Non, je vais mourir, je m’y suis résolue. Toi… enfin vous tous, en revanche, il vous reste encore la possibilité de vivre une belle vie.

- Pfff… ! Comme si je faisais tout ça pour vivre une belle vie… !

- Toi et les Neitram devront patienter, des années s’il le faut, le temps que notre ami acquiert toutes les capacités de son nouveau corps. Si le processus échoue, si un malheur venait à lui arriver avant qu’il ne devienne l’arme de guerre dont la Résistance a besoin…

- Ne parlez pas d’malheur ! Déjà qu’on doit placer tous nos espoirs sur… un humain ? Bon sang, mais c’est ici qu’ça s’passe !

- Votre union est notre dernier espoir. Si tout se passe comme prévu, alors faites de lui notre sauveur ultime. Sinon… profitez du temps qu’il vous reste ensemble pour découvrir le monde, avant l’apocalypse. C’est un humain, justement, tu serais le premier à avoir la chance de vivre aux côtés d’une telle espèce.

- Super, j’ai hâte de mimer l’père de famille avec un monstre ! Hé.

La voix se fixa vers lui.

- T’as intérêt à faire de ton mieux. J’sais pas c’que t’as d’différent des autres, mais si elle me demande de croire en toi, alors tu peux être sûr que j’ferai tout pour te garder en vie, compris ? Ah, et qu’importe ce en quoi tu te transformeras, pour moi, tu resteras à jamais un humain !

- (Salamèche) Un humain ?!

Cria soudainement le jeune amnésique, tremblant et transpirant, en sursautant sur sa chaise qui grinça contre le parquet de la salle. Toute la classe le dévisagea dans un silence pesant. Puis, la cloche sonna.

- (Canarticho) Bon… n’oubliez pas de faire vos exercices pour demain, les enfants.

Alors que les autres rangeaient leurs affaires, Germignon jeta un regard inquiet à son ami, qui lui fit signe que tout allait bien. Les élèves rentrèrent chez eux et Pikachu se pencha sur son bureau.

- (Pikachu) Est-ce qu’on peut faire une pause, aujourd’hui… ? J’crois qu’aucun d’entre nous n’a la force d’aller explorer…

- (Salamèche) Ouais… c’est peut-être mieux comme ça…

Bafouilla-t-il en se couvrant le visage avec ses pattes. Il avait beaucoup à comprendre, mais quand il essayait de se rappeler, la migraine revenait. Le professeur arriva face à eux.

- (Canarticho) Pour en faire des cauchemars, c’est probablement une grosse fièvre mais… un humain, tu as dit ?

- (Salamèche) Sans doute. Je ne sais même pas ce que c’est…

- (Canarticho) Une légende entoure ce nom, c’est tout ce que je peux te dire. Je ne sais même pas si le plus vieux des bouquins à la bibliothèque Altaria le mentionne. Mais… si tu désires en apprendre plus, peut-être peux-tu aller directement demander à monsieur Barbicha ?

- (Salamèche) Barbicha… ?

- (Pikachu) Oh, pas bête ! Tu sais, c’est le vieux qui vit dans un lac et qui sait énormément d’choses.

- (Canarticho) Le vieux dans un lac ?! Bon sang, si tu n’étais pas malade, mon poireau aurait déjà cogné ton crâne !

- (Pikachu) J’l’ai pas vu depuis des lustres, ce gars a toujours réponse à tout ! Viens, je t’y emmène !

- (Salamèche) Merci, mais ne te sens pas obligé si tu as mal à la tête…

- (Pikachu) Si ça peut t’aider, alors ça ne m’pose aucun problème !

- (Canarticho) Les enfants, pensez à vous reposer, quand même. Je sais que vous faites beaucoup d’efforts pour à la fois maintenir le niveau en classe et à la fois entretenir votre équipe de secours, mais vous m’avez l’air épuisés.

- (Pikachu) Ne vous inquiétez pas, m’sieur ! Dès qu’on se sera inscrit à la Guilde, on concentrera toute notre énergie sur les révisions des épreuves de fin d’année ! J’ai pas l’intention d’gâcher dix ans d’ma vie, moi ! Allez, en route, Salamèche !

- (Salamèche) Oui, allons-y…

Les deux enfants quittèrent l’école, sous le regard inquiet de leur professeur.

Au Sud de la place de Bourg-Tranquille, une allée que seul le mouvement du vent animait menait peu à peu vers un long lac s’étendant jusqu’aux falaises. Paraitrait-il qu’en été, les habitants s’y baigneraient. Mais ce jour-là, alors que les températures printanières réchauffaient lentement la fraiche atmosphère du village, un seul Pokémon nageait dans ces eaux silencieuses et relaxantes.

Bleu d’une peau écailleuse, il était reconnaissable à ses grands yeux ronds ouverts, sa large bouche souriante et ses deux fines moustaches jaunes. Il semblait se reposer, seul dans cet étendu d’eau duquel il ne semblait jamais sortir.

- (Pikachu) Yo, m’sieur Barbicha !

Intervint le jeune garçon, en brisant le silence du lieu.

- (Barbicha) Pikachu, est-ce que c’est toi… ?

À l’entente de cette voix grave et cassée, Salamèche comprit qu’il avait à faire au Pokémon le plus âgé du village. Ce dernier nagea jusqu’au rebord duquel Pikachu s’affaissa, plissant les yeux pour le dévisager.

- (Barbicha) Bon sang, que tu as grandi ! La dernière fois, tu mesurais trois pommes et une Résugraine !

- (Pikachu) À c’point ?! J’en mesure au moins huit, là, des pommes !

- (Barbicha) Dis-moi, que deviens-tu, mon enfant ?

- (Pikachu) Oh, je fais des bêtises ci et là, m’enfin, vous connaissez la chanson ! Nan, aujourd’hui, je suis venu parce que j’pensais que vous pourriez nous aider à en apprendre plus sur un truc en particulier.

Salamèche approcha, d’une posture parfaitement droite, le regard et la bouche tremblantes.

- (Salamèche) B… bonjour, monsieur, je suis enchanté… !

- (Barbicha) Bienvenue, mon cher Enchanté !

- (Salamèche) Quoi… ? Non, euh… je voulais dire… !

Le vieil homme éclata de rire.

- (Barbicha) Je rigole, ah ah ! Ne fais pas cette tête, enfin ! Je sais très bien qui tu es, jeune Salamèche, beaucoup m’ont vendu ton admirable bienveillance et ton courage sans faille à travers les exploits de la Dream Team, notamment la jeune Germignon !

- (Salamèche) Oh ?

- (Pikachu) Nan mais sérieux, même vous, vous êtes au courant ?!

Le garçon à la flamme étincelante s’installa à son tour, curieux.

- (Salamèche) Est-ce qu’elle vient souvent ici ?

- (Barbicha) Pour faire ses devoirs, parfois, je suppose que mes histoires lui sont plus pertinentes que certains récits qui peuvent la perdre, à la bibliothèque. Mais… c’est une très bonne chose que la culture devienne aussi accessible. Bientôt, je n’aurai plus rien d’original à raconter…

- (Pikachu) Ouais, enfin c’est toujours plus agréable de vous parler que d’lire cinq-cents pages à la recherche d’une petite information. Dites, est-ce que vous avez déjà entendu parler…

Chuchota-t-il en se rapprochant, les mains autours de la bouche.

- (Pikachu) … D’un humain… ?

Le vieil homme écarquilla les yeux.

- (Salamèche) Pourquoi tu chuchotes ?

- (Pikachu) Pour faire comme si c’était un truc de ouf, alors qu’on va s’en doute apprendre une anecdote naze…

- (Barbicha) Je… suis plutôt surpris. Humain, voilà un mot que je n’avais pas prononcé depuis belles lurettes.

- (Pikachu) Ah, nickel ! Tu vois qu’il sait tout !

- (Barbicha) Les enfants, je pense qu’il vaut mieux que vous extirpiez ce lexème de votre vocabulaire.

Clama le sage d’un ton soudainement brusque.

- (Pikachu) Hein… ?

- (Barbicha) Le savoir n’est pas toujours enrichissant.

- (Salamèche) Monsieur, pour vous expliquer, c’est un mot que j’ai en tête depuis un moment, sans connaître sa signification. Ce matin, ça m’a vraiment bourré le crâne, comme un cauchemar qui persiste. S’il signifie quelque-chose en particulier, je tiens vraiment à le savoir !

- (Barbicha) Notre cerveau n’invente rien, tu as forcément déjà entendu ce mot quelque part. Cela m’intrigue, la légende de l’Humain n’était plus racontée déjà à ma naissance.

- (Pikachu) M’sieur Canarticho nous a conseillé d’aller vous voir, lui aussi nous parlait d’une légende.

- (Barbicha) Vraiment ? Bon sang, que la culture de ce vieux volatile continue de me surprendre ! Soit, je vais essayer de lui faire honneur et vous apporter les informations les moins floues qui me restent à ce sujet. Mais… vous êtes prévenus.

Il commença à se mouvementer dans le lac, tournant en rond, le regard fixé vers les cieux.

- (Barbicha) Par où commencer… ? Au début, il n’y avait rien. Puis, Arceus naquit.

Les deux enfants s’échangèrent un regard perplexe.

- (Pikachu) J’suis déjà perdu.

- (Barbicha) Navré, je pense à haute voix. Le fait est que notre monde ne représente qu’une infime particule de tout ce qu’il créa. Des lieux, des êtres, des événements, probablement une infinité d’entre eux existent sans que jamais nous n’en apercevions la couleur. Il se peut que l’humain fasse partie de ce phénomène extérieur.

- (Pikachu) Attendez… humain, c’est quelqu’un ?

- (Barbicha) Plausiblement un peuple.

Salamèche écarquilla les yeux.

- (Pikachu) Oh, je vois ! Donc quand tu t’es réveillé en disant « un humain ! », tu devais parler d’un membre de ce peuple en particulier !

- (Barbicha) Sûrement l’humain au centre de la légende, puisqu’il est le seul sur qui nous savons quoique ce soit à leur sujet.

- (Pikachu) Et elle dit quoi, cette légende ? C’était un héros, ou un truc du genre ?

- (Barbicha) C’était un monstre.

- (Pikachu) Quoi… ?

- (Barbicha) Un être capable des pires atrocités. Un être qui se jouait des Pokémon, qui les réduisait en esclavage en les capturant, en les enfermant ; un être qui dominait de par son ingéniosité et sa capacité à manipuler l’empathie et la compassion d’autrui, un être qui n’hésitait pas à commettre les crimes les plus humiliants et intimes auprès de ceux qu’il aurait amadoué, ne serait-ce que pour obtenir la meilleure version des espèces qui l’intéressaient, en forçant la procréation avec des créatures synthétiques, ou pire, avec des congénères liés par le sang ; en abandonnant à la mort ceux qui n’avaient pas les chiffres les plus élevés, en gavant de substances nocives ceux qui avaient l’honneur de rester à ses côtés pour augmenter encore et toujours des chiffres aux significations obscures, selon des machines barbares desquelles il était obsédé ; tout cela pour en faire des monstres vidés de consciences et aux morphologies tératologiques.

Termina-t-il en se tournant vers les deux jeunes secouristes, répugnés à s’en décrocher la mâchoire.

- (Barbicha) Je savais que j’aurai dû vous préserver de ce savoir.

- (Salamèche) … Non. Non, j’ai besoin d’en savoir plus ! Qu’est-il arrivé à l’humain ?!

- (Barbicha) Qui sait ? Quand a-t-il vécu, combien de temps peut-il subsister ? Si la légende conte un récit proche de la réalité, il se peut que le « monde » dans lequel il aurait vécu ne déroge pas aux mêmes règles et coutumes que le nôtre. Peut-être que là où il est, une journée est égal à une décennie pour nous ? Peut-être trouvera-t-il un jour le moyen de voyager jusqu’à nous ? Peut-être que tous les Pokémon sont destinés à être dominés par ce monstre à la soif de pouvoir sans limite ?

- (Pikachu) Purée… c’est carrément glauque, en fait. Ça s’trouve, il existe un monde entier d’humains qui agissent comme ça !

- (Barbicha) M’enfin, ce n’est qu’une légende obscure que tout le monde aura bientôt oubliée ! Cela fait deux-cent-trente-et-un ans que nous vivons en paix, alors ne vous encombrez pas l’esprit avec de déprimantes histoires comme celles-ci.

- (Salamèche) Mais… et si un humain se trouvait parmi nous ?

Insista le jeune amnésique, frémissant d’inquiétudes.

- (Barbicha) Oh, je ne pense pas qu’il pourrait se cacher bien longtemps parmi les Pokémon.

- (Salamèche) Et si c’était le cas ?!

S’acharna-t-il, sous le regard préoccupé de son ami.

- (Pikachu) Salamèche…

- (Barbicha) Mon grand, ne panique pas. Si une force extérieure, aussi imposante soit-elle, s’incruste dans notre monde, tu peux être absolument sûr et certain que les plus grands esprits psychiques le remarqueront avant même qu’il ne frôle le moindre brin d’herbe. Vous êtes secouristes, non ? Le Grand Ravin, vous connaissez ?

- (Pikachu) Oula, ouais, c’est méga loin et dangereux, c’t’endroit !

- (Barbicha) À son sommet y vit l’ermite aux pouvoirs psychiques les plus grands que je connaisse. Son nom est Xatu, son rôle est de sentir. Les esprits, les sentiments, les volontés. Qui sait pourquoi il s’est exilé en terres sauvages et hostiles ? Il aurait fait fortune, avec ses prédictions…

- (Salamèche) Vous pensez que Xatu saurait différencier un Pokémon, d’un humain changé en Pokémon ?

- (Barbicha) Sans doute. Puisque tu sembles tracassé par ce que je t’ai dévoilé et que tu as les capacités d’aller lui rendre visite, pourquoi ne pas mettre un terme à tes craintes en le questionnant par toi-même ?

Salamèche se leva sur ces mots.

- (Salamèche) Merci beaucoup d’avoir pris de votre temps !

Il quitta les lieux en courant. Pikachu le regarda partir, bouche bée.

- (Pikachu) Ah ouais, chaud. J’l’avais jamais vu comme ça…

- (Barbicha) De quoi a-t-il peur, au juste ? Que l’humain de la légende envahisse notre monde ?

- (Pikachu) Tout ce que j’sais, c’est qu’il est très borné. Parfois un peu trop…

- (Barbicha) Je me demande bien qui est le pitre à lui avoir enfoncé ce mot dans le crâne.

De retour chez lui, le garçon à la flamme étincelante se précipita dans sa chambre, à la recherche de ses affaires de secouristes. Il vida son sac de ses cahiers et stylos, pour y fourrer une carte, sa gourde, des baies, du bandage, du désinfectant et son carnet personnel.

- (Pikachu) Mec !

Arriva Pikachu en passant la porte ouverte, soucieux. Il écarquilla les yeux en le voyant faire son sac.

- (Pikachu) Attends, tu comptes vraiment nous emmener au Grand Ravin maintenant ?

- (Salamèche) Je ne te demande pas de venir.

- (Pikachu) Hé, tu m’as entendu tout à l’heure ou pas ? C’est super dangereux, comme territoire, bien plus que tout ce qu’on a l’habitude de faire ! Renseignons-nous au moins un peu sur… j’sais pas, le trajet, le climat, les sauvages qu’on y trouve, non ?

Sans lui adresser le moindre regard, il lui passa devant, droit vers la sortie.

- (Pikachu) Salamèche, tu m’inquiètes ! Tu veux pas au moins en parler à Pifeuil ?!

- (Salamèche) Non, surtout pas !

S’énerva-t-il en se tenant le crâne, alors qu’il sortait de chez lui. Déconcentré, il bouscula quelqu’un qui venait de passer la clôture de son jardin. Une femme à la peau violette et aux grandes ailes tremblantes.

- (Papilusion) Oh, excusez-moi !

Salamèche la dévisagea, bouche bée. La migraine s’intensifia.

- (Pikachu) Yo, m’dame Papilusion !

S’approcha Pikachu, alors que la mère de famille les regarda d’un air préoccupé.

- (Papilusion) Est-ce que je vous dérange… ?

- (Pikachu) Non non, pas du tout ! Comment on peut vous aider ?

- (Papilusion) Je venais pour deux petites choses. Disons que depuis ce matin, mon fils et moi ne nous sentons pas très bien, à un point où je n’arrive plus à me rappeler de ce que j’ai fait hier. Le fait est que je vous avais envoyé une demande de récolte et que, ce matin, tout ce dont j’avais besoin se trouvait dans mon salon. J’imagine que vous m’avez tout apporté hier, alors je suis venue vous remercier parce que je ne peux plus être sûre de l’avoir fait en temps voulu.

Les deux garçons s’échangèrent un regard dubitatifs.

- (Pikachu) Euh… y a un problème, là.

- (Salamèche) Nous n’avons reçu aucun courrier de votre part, en fait, nous n’en avons reçu aucun tout court.

- (Papilusion) Pardon… ?

- (Pikachu) Elle est pas de nous, cette récolte.

- (Papilusion) Mais… c’est impossible, je suis persuadée de vous l’avoir envoyé à vous et vous seulement.

- (Lombre) Hé, les minots !

S’introduisit l’homme au chapeau nénuphar, alors qu’il suivait le chemin jusqu’à la résidence de Pifeuil.

- (Salamèche) Quoi encore… ?

Marmonna le jeune secouriste, en tapotant à répétition du pied. Lombre passa la clôture et les rejoignit.

- (Lombre) C’est quoi c’délire ?! Je m’suis fait extorquer !

- (Pikachu) Oula, euh… attendez, laissez-moi deviner ! Vous non plus, vous ne vous souvenez pas d’la journée d’hier ?

- (Lombre) Hein… ? Hé, calmos amigo, j’ai bu mais pas à c’point !

- (Pikachu) Dommage, ça aurait été trop beau.

- (Lombre) Nan, par contre j’aimerai bien avoir une explication ! Ça fait des jours que j’attends une réponse d’votre part, et voilà qu’trois bougs débarquent chez moi pour m’dire qu’ils ont fait l’travail à votre place !

Cette fois, même Papilusion parut perplexe.

- (Lombre) J’étais surpris parce que j’pensais avoir écrit à la Dream Team mais bon, pas d’soucis, ils ont taffé donc j’voyais pas l’inconvénient d’aller valider la mission à la poste Bekipan. Le truc, c’est qu’ils ne m’ont pas lâché la grappe ! Une fois isolé, j’me suis fait embrigader dans un charabiât et des menaces à n’en plus finir ! Ils voulaient d’l’argent, ces malandrins !!

- (Pikachu) Comment ça ? C’était une équipe d’exploration, de passage peut-être ?

- (Lombre) J’en sais que dalle, moi ! J’crois avoir déjà vu la bouille du gars en violet, là, avec des épines, des yeux rouges et un sourire terrifiant ! Il est du village, c’est sûr !

- (Salamèche) S’il vient d’ici, alors ce n’est pas un explorateur. Et si ce n’est pas un explorateur, alors il n’a pas à réclamer de l’argent après une mission, c’est n’importe quoi !

- (Papilusion) Je pense avoir compris le problème. Dream Team, j’étais venue vous dire deux choses. La seconde est que ma réserve d’or a été épuisée. J’y fais très attention et qu’importe l’état dans lequel j’étais hier, je sais que je ne dépenserai pas sur un coup de tête. Comme je pensais que vous étiez venus à la maison, en me rapportant vos récoltes, je voulais au moins connaître votre point de vue sur la situation. Mais elle me semble claire, désormais : des escrocs vous volent vos demandes et les réalisent à votre place.

- (Pikachu) Ça veut dire que non seulement ils nous empêchent de gagner des points, non seulement ils en raflent injustement, mais en plus ils forcent les villageois qui ont placé leur confiance en nous à leur donner de l’argent… ? Mais ça va pas la tête ?!

- (Salamèche) Hm… je pense savoir qui est derrière tout ça.

- (Pikachu) Ouais bah qu’on les retrouve, ces secouristes à deux balles !

Soudain, Papilusion s’écroula au sol. Les trois garçons la rattrapèrent de justesse.

- (Lombre) Wow ! Doucement, ma bonne dame !

- (Papilusion) Je suis désolée, la médecin m’avait demandé de ne pas me déplacer…

- (Pikachu) Purée, j’espère que Riolu avait tort quand il parlait d’un virus ! J’vous ramène chez vous, madame !

- (Papilusion) Merci beaucoup…

Pikachu se tourna vers son ami.

- (Pikachu) Hé, dis, est-ce que tu pourrais revoir l’ordre de tes priorités ? Si cette histoire d’humain compte vraiment pour toi, alors je t’aiderai à grimper le Grand Ravin, j’te l’promets ! Mais s’il te plaît, ne te précipite pas, c’est tout c’que j’veux !

Salamèche détourna le regard.

- (Pikachu) J’m’occupe de m’dame Papilusion ! Toi, va rendre visite à nos usurpateurs !

- (Salamèche) … Entendu.

Satisfait, Pikachu porta la mère de famille jusqu’à chez elle. Lombre se replaça le nénuphar.

- (Lombre) C’est quoi, ça, humain ?

- (Salamèche) Peu importe. Où je peux trouver vos trois agresseurs ?

- (Lombre) J’en sais rien, minot, ils ont décampé dès que j’leur ai donné mes pièces.

- (Salamèche) … Bon, ce n’est pas très grave. S’ils veulent des points, alors ils sont secouristes. Des équipes de secours, à Bourg-Tranquille, il n’y en a que trois et je sais où elles résident.

Ectoplasma dépoussiérait seul sa pitoyable habitation. Il revenait du bar du village, dans lequel il aurait aimé festoyer la prime récoltée avec son équipe. Arbok et Charmina s’y trouvaient encore, buvant des chopes de bières à n’en plus finir. Mais la boule violette à l’air penaud préférait ruminer seule chez elle.

- (Charmina) Ah ouais, pas mal le bar !

- (Arbok) Pourquoi a-t-on mis autant de temps à le découvrir ?

S’extasièrent ses deux coéquipiers, en passant l’entrée du bâtiment.

- (Ectoplasma) Même moi, je n’y ai jamais mis une patte. Vous m’direz, on avait autre chose à faire avec notre thune !

- (Charmina) Peut-être, mais aujourd’hui, on se régale !

- (Mégapagos) Excusez-moi, monsieur…

Approcha l’un des gérants, en fixant Ectoplasma.

- (Mégapagos) Je suis désolé, mais nous ne pouvons pas vous servir.

- (Ectoplasma) Quoi, juste moi ?

- (Mégapagos) Le règlement du bar interdit toute forme d’interaction commerciale avec les types Spectre.

- (Ectoplasma) Hein… ? Mais c’est injuste !

- (Mégapagos) Paraît-il que vous ayez la capacité de manipuler la mémoire d’autrui. Si cela ne tenait qu’à moi, je ne m’en préoccuperais pas. Mais ce bar est une entreprise privée à but récréatif et non un besoin dont les habitants ne peuvent se dispenser, alors il est dans notre droit de refuser ceux qui peuvent poser problème à notre marché.

- (Ectoplasma) C’est complètement stupide ! Y a des témoins partout, j’peux pas manipuler votre esprit comme ça, en claquant des doigts !

- (Arbok) C’est bon, calme-toi, Ectoplasma.

- (Ectoplasma) Ouais, tant pis, on s’casse !

- (Arbok) Non, toi tu te casses. On se retrouve à la maison.

- (Ectoplasma) Quoi… ?

- (Charmina) Profites-en pour faire un peu de ménage !

- (Ectoplasma) Mais… les gars, attendez !

Trop tard, ils s’installaient déjà à une table.

- (Ectoplasma) Bande de lâches égoïstes… !

Grogna-t-il, en passant le balais dans les recoins de sa maison. Il sortit de sa bulle lorsque quelqu’un toqua à sa porte. En ouvrant à Salamèche, il sursauta tout d’abord.

- (Ectoplasma) Wow ! Euh… salut ?

- (Salamèche) Bonsoir, je suis bien chez l’équipe Chaotique ?

Puis, il desserra les épaules.

- (Ectoplasma) Ah, ouf… ! Euh… ouais, ouais c’est bien nous. Enfin je suis seul, là.

Le jeune garçon dégaina son badge.

- (Salamèche) Mon nom est Salamèche et je suis secouriste, membre de la Dream Team. J’aimerai vous poser quelques questions.

- (Ectoplasma) … Sans doute. Vas-y, entre.

Il le laissa passer, refermant la porte tout en lui cachant un regard mélangeant excitation et crainte. Ce petit gars ne se souvenait pas de lui, mais il était sur ses gardes. Les pensées d’Ectoplasma s’embrouillèrent, il souhaitait faire s’effondrer la concurrence, sans paraître pour un monstre avant d’être certain d’y parvenir. Alors il se retourna, un sourire amical au coin des lèvres.

- (Ectoplasma) Alors ? Comment puis-je t’aider, mon grand ?

Salamèche dévisagea les alentours, bouche bée face à un dépotoir pire encore que ce dans quoi vivait Férosinge. Entre les meubles troués, rongés et humides, les murs couverts de moisissures et les anfractuosités qui parsemaient le plafond, le jeune garçon manqua de recracher son repas du jour.

- (Ectoplasma) Ouais, je sais, c’est pas beau à voir…

- (Salamèche) Euh… est-ce que vous avez besoin d’aide, pour le nettoyage ?

- (Ectoplasma) Hein… ? Mais nan, t’inquiète ! C’est mon bazar, c’est à moi d’m’en occuper !

- (Salamèche) Les secouristes peuvent très bien s’entraider aussi, même si je n’étais pas venu pour être sympa, à la base…

- (Ectoplasma) Ah… ? Mince, qu’est-ce qu’on a encore fait ?

Demanda-t-il d’un air faussement navré.

- (Salamèche) Monsieur Lombre, qui dirige en partie le bar du village, est venu se plaindre qu’une des missions qu’il nous a envoyé a été réalisé par une équipe de trois personnes, dont un gars violet avec un sourire terrifiant.

- (Ectoplasma) Ah ouais, c’est donc comme ça que les gens me voient ?

Plaisanta-t-il en croisant les bras.

- (Salamèche) Vous lui auriez demandé de l’argent, menacé selon ses dires.

Ectoplasma soupira, puis détourna le regard.

- (Ectoplasma) C’est vrai, on n’a pas été cool avec lui. Ni avec vous, d’ailleurs.

Salamèche écarquilla les yeux.

- (Salamèche) Vous… reconnaissez tout ?

- (Ectoplasma) Ouaip. Arbok, Charmina et moi avons volé toutes les missions qui vous ont été envoyées, il y a deux jours. Nous avons aidé une certaine Papilusion, puis ce fameux Lombre, à qui nous avons demandé un peu d’argent, en plus des points gagnés en validant les missions à la poste Bekipan. Dans les faits… ouais, c’est ce qu’il s’est passé.

Le jeune garçon semblait gêné plutôt qu’énervé par les révélations d’Ectoplasma, mais ce n’était que le début.

- (Ectoplasma) Je… je ne vais parler qu’en mon nom. Je suis arrivé à Bourg-Tranquille il y a deux ans, après avoir fui la grande ville en raison d’un manque de revenus. Je n’avais ni diplôme, ni compétence particulière. Ma maison se détériorait de jour en jour, je n’avais pas les moyens de la réparer. Lorsque des explorateurs étaient de passage, je les enviais. Je me disais que j’avais peut-être une chance de remonter à la surface. Sauf que j’étais seul… jusqu’à ce jour. Il y a un peu moins d’un an, alors que je me baladais en terre sauvage pour m’entraîner à la randonnée, enfin, surtout pour me vider l’esprit, j’ai rencontré Arbok et Charmina, déterminés à devenir explorateurs. Ils venaient de loin alors je les ai hébergés. Au final, nous avons formé une équipe de secours, l’équipe Chaotique. Sauf qu’on peine à gagner cent points, qu’importent tous nos efforts. Mais la vie est coûteuse, il faut bien manger…

Il se posa sur son canapé, le regard baissé.

- (Ectoplasma) On a fait des choses inappropriées, je l’sais. Je déteste filouter, je ne voulais surtout pas voler les autres habitants. C’est pour ça que j’insistais pour qu’ils nous récompensent avec un peu de sous, je comprends qu’ils se soient sentis menacés. Le truc, c’est que… on n’a plus rien, tout est parti dans des achats de première nécessité. Je… j’en suis sincèrement désolé.

Silencieux, Salamèche le dévisagea d’un air dépité. Pendant bien dix secondes, un lourd silence pesa.

- (Salamèche) Je… ne vous ai même pas demandé votre nom.

- (Ectoplasma) Je m’appelle Ectoplasma…

- (Salamèche) … Ectoplasma, je ne peux pas faire comme si rien ne s’était passé. Il va falloir rembourser tout le monde.

- (Ectoplasma) Bien sûr, cela va de soi…

Marmonna-t-il en serrant les poings.

- (Salamèche) Mais je vais vous aider.

Il les desserra, surpris. Il releva la tête et fixa la patte de Salamèche, tendue face à lui.

- (Salamèche) Personne ne mérite de vivre comme ça. Laissez-moi vous aider à rembourser vos dettes, à nettoyer cette maison et à faire grimper les points de l’équipe Chaotique jusqu’à cent !

- (Ectoplasma) Quoi… ? Où est l’embrouille ?

- (Salamèche) Il n’y en a pas. Si je veux devenir un aussi bon explorateur que Pharamp, je dois apprendre à travailler en équipe, que ce soit avec la mienne ou avec les autres. Postulons à la Guilde ensemble !

L’adulte calculateur resta immobile, complètement perdu. Il se lassa de chercher une explication et lui saisit la patte, lorsque Salamèche se crispa soudainement. Ectoplasma aussi, ressentit une légère douleur à leur contact. Ce fut exactement le même choc que lorsqu’il tenta de l’amnésier. Mais de son côté, Salamèche s’agenouilla en s’agrippant le crâne, les dents crispées.

- (Ectoplasma) Hé, est-ce que ça va ?!

S’inquiéta-t-il en lui choyant les épaules, détournant le regard en se questionnant sur ses propres pouvoirs.

- (Salamèche) Oui, oui, désolé… ! Depuis ce matin, ça n’arrête pas. Je dois me rendre au Grand Ravin.

- (Ectoplasma) Le Grand Ravin ? Ça sonne balèze.

Répliqua-t-il en le relevant.

- (Ectoplasma) Est-ce que c’est trop indiscret de demander pourquoi ?

- (Salamèche) C’est… juste un truc perso qui me chagrine. J’aimerai poser des questions à un certain Xatu qui vivrait là-bas. J’étais venu vous voir parce qu’on me l’a demandé, mais si ça ne tenait qu’à moi, je serais déjà en route.

- (Ectoplasma) Dans cet état, avec ces migraines ? J’suis pas médecin, mais j’pense pas que ce soit une très bonne idée.

- (Salamèche) Peu importe, j’ai besoin de savoir au plus vite !

Il avança vers la sortie, ouvrant la porte en inspirant un grand coup.

- (Salamèche) Merci pour votre honnêteté, je reviendrai.

- (Ectoplasma) Une minute, bonhomme !

Intervint l’adulte, en se dirigeant vers l’un de ses meubles troués. Il l’ouvrit et y sortit les dernières lettres volées à la Dream Team, le fixant d’un sourire jusqu’aux oreilles.

- (Ectoplasma) Déjà, tutoie-moi ! Ensuite, pars pas sans tes affaires ! Et enfin, j’suis secouriste aussi, j’te signale !

Salamèche se tourna vers lui, bouche bée.

- (Ectoplasma) Si tu m’aides, alors la plus grosse de mes dettes te serait destinée ! Laisse-moi t’accompagner au Grand Ravin, histoire de t’remercier par avance !

Exclamait-t-il, d’une arrière-pensée floue et incertaine. Était-il sincère ? Faisait-il cela pour endetter Salamèche avant lui ? Comptait-il le trahir pendant la mission ? Même lui n’en savait rien.

La lune se levait, alors que Pifeuil rentrait tout juste à la maison. Les lumières étaient éteintes, alors il ferma délicatement la porte au cas où son petit s’était endormi de bonne heure. Mais en jetant un coup d’œil dans sa chambre, vidée de son sac et de ses affaires de secouriste, il ne trouva qu’un lit rempli de lettres éparpillées, comme si elles avaient été déposées en vitesse. Dans la salle de bain, c’est sa brosse à dents qui avait disparu. Il ouvrit la fenêtre du salon et jeta un coup d’œil à la maison voisine, éclairée dans toutes les pièces.

- (Pifeuil) T’aurais pu prévenir, mon gars…

Il ferma la fenêtre, supposant que ce soir-là, son petit dormait chez son ami. Sauf que de l’autre côté du mur, Pikachu était seul dans sa chambre, allongé sur son lit. Il avait attendu Salamèche toute la soirée, sans la moindre nouvelle.

- (Pikachu) Pourquoi t’as fait ça… ?

Ronchonna-t-il, les bras croisés.

Au même moment, à plusieurs kilomètres du Sud de Bourg-Tranquille, s’était installée une tente en plein territoire sauvage. Après des heures de marche en pente, alors que la verdure avait laissé sa place à une roche rouge qui formait des collines de plus en plus hautes, laissant percevoir au loin de véritables montagnes désertiques, Ectoplasma avait convaincu Salamèche de se poser, le temps que le soleil revienne éclairer leur chemin.

- (Ectoplasma) Comment fait-il pour ne pas se les geler… ?

Grommela-t-il en tremblant dans plusieurs couvertures, alors qu’à côté de lui roupillait tranquillement le jeune garçon. La flamme au bout de sa queue réchauffait autant qu’elle éclairait les alentours. Ectoplasma le dévisagea, perplexe.

- (Ectoplasma) Sérieux, c’est qui ce gamin… ? Postuler à la Guilde ensemble… ?

Il repensa à cette patte tendue, à ce regard sincère.

- (Ectoplasma) … C’est triste d’être aussi naïf…

Pensa-t-il, en s’allongeant sans fermer les yeux. Il ne souriait pas.

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