Donjon Mystère - Dream Team

En cette belle matinée d’Avril, alors que les arbres se recouvraient de feuilles, que la verdure s’étincelait et que le climat revigorait les habitants de ce paisible village ; le professeur Canarticho s’exprima face à sa classe, enjouée à l’approche des vacances scolaires.

- (Canarticho) Mes chers élèves, j’ai corrigé vos devoirs de mathématiques et je dois dire que… comment dire… les résultats sont excellents ! Vraiment excellents !

Il rendit à Germignon et Riolu un devoir parfait, à Carapuce et Arcko une très bonne note, à Chenipan et Rattata un bon travail ainsi qu’à Salamèche et Pikachu…

- (Canarticho) Vous deux… avez-vous triché ?

- (Pikachu) Hein ?! On vaut mieux qu’ça, quand même !

- (Canarticho) Je crois aux miracles, mais vous avez quand même fait aussi bien qu’Arcko et Carapuce !

- (Carapuce) Quoi… ?

Grommela la tortue dans son coin.

- (Germignon) Monsieur, si je puis me permettre, je les ai plusieurs fois surpris à la bibliothèque.

- (Canarticho) Vraiment ? Voilà donc la raison de vos cernes !

- (Salamèche) Nous nous sommes adaptés, monsieur, voilà tout.

Silencieux, le professeur les dévisagea un court instant. Puis, il soupira en leur rendant leur devoir. Pikachu s’extasia.

- (Pikachu) Ah ah, ouais ! On a assuré, mon p… !

Mais il se fit interrompre d’un coup de poireau sur le crâne, de même pour Salamèche.

- (Canarticho) Bande de buses à la Pépingraine à la place du cerveau ! On ne met pas sa santé en péril pour résoudre un problème de mathématiques !!

- (Salamèche) P… pardon, monsieur…

Ceci-dit, ce fut quand même une belle victoire pour la jeune équipe qui, aux retentissements de la cloche, se pressa de partir explorer.

Chapitre 12 – L’équipe Chaotique

Voilà quatre mois que le monde Pokémon était entré dans son deux cent trente et unième âge. Dans le monde entier, les secousses frappaient ; plus encore à Bourg-Tranquille où elles devinrent hebdomadaires. Bienheureusement, la Dream Team secourait à chaque fois ceux qui manquaient de s’engouffrer dans les multiples crevasses engendrées par les tremblements de terre.

En quatre mois, ils s’étaient enfin adaptés à leur rude programme. Ils ne séchaient plus et travaillaient efficacement grâce aux conseils de Germignon et même de Riolu, leur montrant de plus en plus de respect suite à l’incident au Mont Cristal.

Désormais, presque tout Bourg-Tranquille reconnaissait Salamèche et Pikachu comme de braves secouristes, et jamais ils ne furent à court de missions. Jamais, jusqu’en cette belle soirée du mois d’Avril, alors qu’ils rentraient impatiemment de l’école, en direction de la boîte aux lettres du garçon à la flamme étincelante.

Ce soir-là, elle était vide.

- (Pikachu) Comment c’est possible ? J’suis quasi sûr qu’elle débordait, hier encore !

- (Salamèche) Attends, je vais regarder à l’intérieur.

Alors que Salamèche fouillait la maison en espérant que Pifeuil les aurait déposées sur la table du salon ou dans sa chambre, Pikachu tapota la trappe de la boîte, qui céda comme un couvercle abîmé.

- (Salamèche) Non, rien du tout.

Annonça-t-il en fermant la porte derrière lui.

- (Pikachu) Bizarre, peut-être que c’était pour Pifeuil… ? Bon, il me semblait que m’sieur Hippodocus voulait qu’on récupère un truc pour lui, on peut aller lui demander direct !

- (Hippodocus) Du lapis-lazuli !

Exclama-t-il, alors en train de siroter un jus de baie sur un coussin couvert de sable, au bar du village.

- (Hippodocus) J’ai cru comprendre qu’on en trouvait, pas trop loin d’ici. J’aimerai repeindre les murs de mon salon en bleu !

- (Salamèche) Vous peignez… ?

- (Hippodocus) Avec ma mâchoire, pardi ! Tu n’as pas idée de la difficulté à trouver un jeu de pinceaux adapté à mon espèce ! Le peuplier cède toujours sous mes dents…

- (Pikachu) J’connais la Grotte Lapis, au sud du Mont Acier. Si elle porte bien son nom, on devrait trouver ce qu’il lui faut.

- (Salamèche) Très bien, on vous en rapporte tout de suite !

Sacs remplis, ceintures resserrées et destination mémorisée, la jeune équipe entama une nouvelle exploration dans les contrées sauvages du territoire. Sur le trajet, Pikachu passa en revue toutes les missions accomplies depuis le début de l’année.

- (Pikachu) Déjà quatre-vingts points, tu t’rends compte ?! On a tellement charbonné, sans compter cette mission qui devrait nous en rapporter trois ou quatre de plus ! Dans une semaine ou deux, on pourra postuler à la Guilde d’Exploration !

S’esclaffa-t-il, en hurlant à gorge déployée dans cette vaste plaine verte. Arrivant face à ladite Grotte Lapis, les deux garçons se cognèrent le poing avant d’y pénétrer sans crainte. Mais à la première intersection, Salamèche se bouscula avec un autre Pokémon. Tous deux tombèrent sur le derrière, se dévisageant l’un les yeux écarquillés.

- (Salamèche) Oups, je suis désolé !

L’autre, d’un regard froncé.

- R’garde ou tu mets les pattes, idiot !

Grogna une épaisse boule violette d’un mètre soixante, aux oreilles, doigts et mèches pointues. Imbibés de rouge, ses grands yeux aux irises fines fixaient d’un air assassin tout ce qui se trouvait sur son chemin.

- Qu’est-ce que deux sales mioches fichent ici ?

Rumina-t-il, en balayant sa tunique poussiéreuse et resserrant son sac rempli à ras bord de pierres bleutées.

- (Pikachu) Nous ? On est secouristes !

S’enjailla Pikachu, en relevant son ami. Il dégaina fièrement son badge. Leur interlocuteur leva un sourcil.

- Ectoplasma, qu’est-ce que tu fiches ?!

- T’as trouvé la sortie ?

Intervinrent des voix cachées par les murs du donjon, avant que deux grands Pokémon le rejoignent. L’un se déplaçait en glissant, du fait de son long corps écailleux. Sous sa tête gausseuse, aux nombreux crocs et à la langue évasive se trouvait une grande poche aux motifs dessinant une sorte de visage hypnotisant.

- Tiens, tu t’es fait de nouveaux amis ?

- (Ectoplasma) Très amusant, Arbok.

L’autre, le plus fin des trois, accoutrait par-dessus ses longues jambes un pantalon rouge maintenu par une ceinture dorée en forme de « V ». D’une peau gris clair et d’une chevelure rouge à trois mèches, il se maintenait dans une position souple qui rappelait au jeune garçon ses plus rudes entraînements auprès de Makuhita.

- Vous nous dérangez, les mômes.

- (Pikachu) Euh… vous êtes ?

- (Ectoplasma) Mon nom est Ectoplasma et on forme aussi une équipe de secours, avec Arbok et Charmina.

À son tour il dégaina son badge, poussiéreux.

- (Ectoplasma) Nous sommes l’équipe Chaotique !

Salamèche fronça les sourcils.

- (Pikachu) Chaotique… ? C’est pas très envoûtant…

- (Arbok) Envoûtant ? On n’est pas là pour faire des papouilles, imbécile !

- (Pikachu) Ah, euh… ok ? Nous c’est… euh… la Dream Team…

Les trois hommes écarquillèrent les yeux, avant d’éclater de rire. Les deux du fond se gaussèrent à gorges déployées, tandis qu’Ectoplasma esquissa un sourire jusqu’aux oreilles.

- (Ectoplasma) Mais bien sûr, la Dream Team ! Vous faites tant parler de vous, depuis peu, comment passer à côté du phénomène ?! Disons juste qu’on ne s’attendait pas à… ça.

- (Pikachu) Ouais, on… euh…

- (Ectoplasma) Et vous visez quoi, les bébés ? Devenir les plus grands explorateurs au monde, hein ?

- (Pikachu) Pas les plus grands, non, mais on espère vraiment être accepté à la Guilde le plus tôt possible.

Le rire des trois plaisantins se coupa net.

- (Arbok) … Hein ?

- (Pikachu) Oui, en fait, on est sur le point d’être éligible pour postuler.

- (Charmina) C’est… une blague ?

- (Pikachu) Non non, on est à quatre-vingts points sur cent !

Les trois adultes s’échangèrent un regard noyé d’inquiétude.

- (Ectoplasma) Nan… nan nan nan, vous ne pouvez pas rejoindre la Guilde cette année !

- (Pikachu) Bah pourquoi pas ?

- (Arbok) Vous êtes trop jeunes, jamais ils ne vous accepteront !

- (Pikachu) Je m’suis renseigné, y a pas d’restriction d’âge.

- (Charmina) Non, Arbok a raison ! Ils préfèreront sûrement choisir une équipe plus expérimentée comme la nôtre, plutôt que des enfants qu’ils prendraient le risque de mettre en danger !

- (Pikachu) Ouais, sûrement. Ça vaut l’coup d’essayer, donc !

L’expression d’Ectoplasma changea du tout au tout. Il soupira en épaulant les deux garçons.

- (Ectoplasma) Écoutez, vous deux, vous n’avez pas la moindre idée de ce dans quoi vous vous embarquez. J’ai eu des dires de la Guilde, ils ne forment pas des p’tits rigolos et encore moins des enfants ! Sans parler d’la compétition entre apprentis… nan, vraiment, vous devriez renoncer !

- (Salamèche) … Pikachu, on y va.

Intervint Salamèche en dégageant le bras de son interlocuteur. Il tira son ami vers les profondeurs de la grotte.

- (Salamèche) Désolé, mais on est pressé. Aurevoir.

Tout cela, sous le regard de moins en moins amical de l’équipe Chaotique.

- (Pikachu) On est si pressé que ça… ?

- (Salamèche) Pikachu, ils se moquaient de nous !

- (Pikachu) Oui, je sais, c’est pour ça que j’voulais les impressionner avec nos points.

- (Salamèche) J’ai déjà entendu parler d’eux, ou plutôt de leurs absences. S’ils faisaient vraiment l’effort d’aider les autres, ils ne nous craindraient pas. Bref, ils ne valent pas la peine qu’on s’arrête pour eux.

- (Pikachu) Ok ok, bien reçu.

Ainsi, l’exploration reprit son cours. Ils sympathisèrent et nourrirent les quelques sauvages qui croisèrent leur route, déblayèrent les débris rocheux causés par les secousses et récupérèrent un tas de petites pierres au teint d’un bleu azur, au pieds de plusieurs murs qui semblaient avoir été fracassés.

- (Salamèche) J’ai l’impression qu’on ne trouve que des résidus de lapis-lazuli. Peut-être que si on s’enfonce un peu plus…

- (Pikachu) Attends… !

Sursauta le garçon au pelage jaune, immobile, les oreilles remuantes. Le glissement de quelques cailloux se fit entendre. Puis, plus rien… avant que le donjon entier commence à trembler. Salamèche renfila son sac dans la précipitation.

- (Salamèche) Non, pas maintenant… !

- (Pikachu) Vite, on doit sortir tous les sauvages d’ici !!

Le mur face à eux s’effondrait, alors que le sol se fissurait et que du plafond s’écroulait plusieurs grosses roches. La jeune équipe se précipita vers la sortie, embarquant le plus de sauvages possible avec eux. Tout du moins pour Salamèche, qui s’arrêta une fois en sécurité, devant l’entrée, à bout de souffle. Mais lorsque Pikachu aperçut un dernier Pokémon au loin, coincé entre plusieurs roches, il bondit à son secours.

- (Salamèche) Pikachu ?!

Ce dernier accourut de toutes ses forces, esquivant l’éboulement pour arriver jusqu’à celui à qu’il tendit la patte.

- (Pikachu) Allez, viens !

Le sauvage recula.

- (Pikachu) Non, hé, fais-moi confiance ! Fais-moi confiance…

Malgré la secousse, il resta immobile. Le sauvage le dévisagea, avançant peu à peu jusqu’à lui. Il lui renifla les doigts, avant de se laisser caresser, puis emporter dans les bras du secouriste, rassuré.

- (Pikachu) Ok, on y a !

Assura-t-il, en rebroussant chemin. Hélas, face à la sortie s’effondra une roche qui lui bloqua tant la route que la vue, en l’aveuglant d’un nuage de poussière. Il recula en toussant, sans solution pour s’échapper, en maintenant le sauvage contre sa poitrine pour le protéger du moindre débris. Aussitôt, la lumière du soleil lui réchauffa le pelage : face à lui, Salamèche soutenait à bout de bras la grosse roche qui les séparait. Il crispait les dents à se les briser, tandis qu’il retenait un souffle à en devenir bleu. Pikachu se faufila jusqu’à la sortie et son ami relâcha le débris, les séparant de la Grotte Lapis, ou plutôt de ce qu’il en restait. Le garçon à la flamme étincelante s’affaissa, les pattes tremblantes, le regard fixé sur l’entrée bouchée et le bruit étouffé de l’éboulement qui continuait de ravager un énième territoire sauvage. Pikachu, lui, était recouvert de poussière et continuait d’en cracher. Mais il souriait, car face à lui se débarbouillaient tous les sauvages du donjon.

De retour à Bourg-Tranquille, alors que le soleil se couchait, la Dream Team passa chez Pifeuil avant de valider leur mission. Car se débarbouiller, Pikachu en avait tout autant besoin.

- (Pikachu) Merci encore d’m’avoir laissé utiliser votre douche !

Exclama-t-il, tout propre, en renfilant ses vêtements que le boulanger avait dépoussiéré pendant qu’il se nettoyait le pelage.

- (Pikachu) Si mes parents m’avaient vu dans cet état…

- (Pifeuil) T’inquiète, mon gars, t’es chez toi ici ! Bon, et toi ?

Il se tourna vers son petit.

- (Pifeuil) T’as pas une peau tout crade à bichonner ?

- (Salamèche) Plus tard, on doit d’abord remettre tout ce qu’on a récolté à Hippodocus.

- (Pikachu) D’ailleurs, est-ce que ça a été, ici, la secousse ?

- (Pifeuil) Ouais, ça allait par rapport à d’habitude. Mais bon, j’ai l’impression que tout l’monde craint l’effondrement d’sa piaule. Rapasdepic aussi, commence à péter un câble. J’m’attendais pas à c’que ça s’empire à s’point…

- (Pikachu) Bon… quoiqu’il arrive, on sera là pour aider !

- (Salamèche) Ouais…

Soupira Salamèche, épuisé par cette journée. Ils retrouvèrent Hippodocus directement chez lui, un pinceau entre les dents.

- (Pikachu) Qu’est-ce que… où avez-vous trouvé tout ça ?!

Surprit le jeune garçon, en fixant un tas de pierres bleutées éparpillées tout autour de l’épais peintre.

- (Hippodocus) Vous vous êtes fait devancer, faut croire ! Pas grave, les mômes, j’vous tiens en estime quand même, ah ah !

Salamèche et Pikachu s’échangèrent un regard dubitatif, en déposant leur récolte aux côtés de celui qui n’en avait plus besoin.

- (Salamèche) Juste pour être sûr, à qui avez-vous envoyé votre demande ?

- (Hippodocus) À vous seulement, mes p’tits gaillards ! Cela-dit, ma voix porte tellement que ça ne m’étonnerait pas que d’autres aient voulu me faire taire en me rapportant un tas de lapis-lazuli au plus vite ! Ah, quel privilège d’avoir un tel charisme !

- (Salamèche) Et… est-ce qu’on peut savoir à quoi ressemblaient vos serviteurs ?

Ectoplasma bailla à gorge déployée, avant d’engloutir une pomme de terre desséchée.

Allongé sur son canapé troué, alors qu’Arbok, qui avait fixé son regard sur un Piafabec sauvage qui se grattait l’aile avec son bec, après avoir enroulé son corps autour d’une poutre délabrée qui maintenait un toit en décomposition et que Charmina, affalé sur un fauteuil humide dont les ressorts s’extirpaient du tissu, les pieds sur une table faite d’un bois rongé par des sauvages qu’ils devaient chasser chaque matin, terminait de fumer une énième cigarette dont l’odeur écœurante s’échappait des vitres brisées et des trous dans les murs à la moisissure fétide ; il eut un sursaut de lucidité.

- (Ectoplasma) Bordel ! On n’peut pas s’laisser devancer par ces sales mioches !

Cria-t-il, en postillonnant des pelures de patate. Apeuré, le Piafabec s’envola loin d’ici.

- (Arbok) Hé ! Préviens, avant d’hurler comme une fillette ! J’ai pas bouffé, moi !

- (Ectoplasma) De quoi tu t’plains ? De la bouffe, je vous en ai récolté tout un tas !

Rétorqua-t-il, en pointant derrière lui un sac rempli de légumes probablement périmés, à en croire les Mimitoss sauvages qui traînaient autour.

- (Arbok) De la VRAIE bouffe ! Quelle torture, de vivre dans ton dépotoir !

- (Ectoplasma) Hé, sans moi, vous n’avez pas de maison, alors un peu de respect !

- (Arbok) J’te demande pardon ?

Le gros serpent glissa jusqu’au canapé, duquel Ectoplasma se redressa au plus vite. Mais Arbok s’enroula autour de lui en un rien de temps.

- (Ectoplasma) Lâche-moi… !

- (Arbok) Qu’on soit bien clair : sans nous, tu n’as pas d’équipe.

Il serrait de plus en plus, de quoi faire étouffer sa victime.

- (Ectoplasma) A… Arbok… !

- (Arbok) Sans nous, tu n’es rien.

- (Charmina) Hé, les gars…

L’attention se tourna vers le grand mince du groupe, recrachant un dernier nuage de fumée.

- (Charmina) Quand est-ce qu’on se rachète ce bon pain, là, à la boulangerie du coin ?

Arbok soupira, avant de lâcher Ectoplasma et de retourner vaquer à ses occupations. L’autre reprit peu à peu son souffle, les mains sur le ventre.

- (Ectoplasma) On… ne l’avait pas acheté, j’te signale. Pour ça, il faudrait déjà qu’on se remplisse un peu les poches. Si seulement ce gros tas nous avait récompensé, avec ses lapis à deux balles… !

- (Charmina) Ouais, quel intérêt d’être secouriste si c’est pour pas récolter un rond ?

Geint-il, en jetant sa cigarette par terre.

- (Charmina) On aurait dû le forcer…

- (Ectoplasma) T’inquiète. Le prochain, on ne commettra pas l’erreur d’oublier.

Clama-t-il en fixant un tas de lettres éparpillées à côté de la porte d’entrée. Elles se destinaient toutes à la Dream Team.

Le lendemain, à l’école, le professeur distribua des documents administratifs.

- (Canarticho) Mes chers élèves, il est temps de parler de votre avenir ! Bientôt, vous quitterez le système scolaire pour rentrer dans un cadre tout autre, que ce soient les études supérieures ou le monde du travail !

- (Chenipan) Déjà ?!

- (Rattata) Pas nous, andouille, on est trop jeune…

- (Canarticho) Justement, vous deux, profitez-en pour y réfléchir tout de suite ! Vous avez la chance d’avoir trois ans d’avance sur vos camarades, alors servez-vous des années à venir pour vous améliorer dans les domaines qui constitueront votre futur professionnel ! Je ne suis pas conseiller d’orientation, mais je peux toujours vous apporter mon aide.

- (Rattata) Merci m’sieur, mais du coup on n’est pas vraiment prioritaire.

- (Canarticho) Oh, je pense que les autres semblent déjà savoir quoi faire l’année prochaine, je me trompe ?

Les autres élèves laissèrent un lourd silence peser dans la pièce.

- (Canarticho) Quoi, vraiment ?! Et Germignon, alors, cette école de musique à Loliloville ?!

- (Germignon) Euh… oui, bien sûr que ce sera mon premier vœu. C’est juste que…

Elle jeta un bref regard vers Salamèche et Pikachu.

- (Germignon) … Non, rien.

- (Canarticho) Et Riolu, il me semble que tu souhaitais rejoindre la fac Nucléos ?

- (Riolu) Oui, évidemment, mais je continue à me demander s’ils accepteront un pauvre villageois comme moi ? Je veux dire… Loliloville ! On parle quand même de la plus grande ville au monde, ce ne sont pas les talents qui manquent.

- (Arcko) La vraie galère, c’est si t’es effectivement accepté là-bas. Bonne chance pour trouver un appart d’ici Septembre, ah ah !

- (Riolu) C’est pas drôle !

- (Arcko) Oh, c’est bon, tu sais très bien qu’tu peux compter sur moi !

Rigola-t-il en lui tapotant l’épaule.

- (Canarticho) Qu’as-tu prévu, Arcko ?

- (Arcko) De rester avec lui, quoiqu’il arrive ! Je vais postuler dans la même fac, et en vœux secondaires des trucs à côtés, histoire qu’on puisse se prendre une colocation pour ne pas se perdre de vue.

- (Canarticho) Tu bases ton avenir sur Riolu ? Mais… qu’est-ce qui t’intéresse vraiment ? Que veux-tu faire de ta vie ?

- (Arcko) Ça m’importe peu, tant qu’on est ensemble.

- (Riolu) … Merci, Arcko.

- (Canarticho) … Bon, pourquoi pas ? Tu as un très bon dossier, donc tu ne devrais pas trop avoir de soucis non plus. Et toi, Carapuce, je ne me souviens pas qu’on en ait déjà discuté.

- (Carapuce) J’ai mon plan perso.

- (Canarticho) Tu ne souhaites pas nous le communiquer ?

- (Carapuce) Nan.

- (Canarticho) Hm… soit.

Enfin, il se tourna vers les deux du fonds.

- (Canarticho) Et vous, comment ça se présente ?

- (Pikachu) Super bien ! On devrait pouvoir postuler à la Guilde dans deux semaines max !

- (Canarticho) Tant mieux. Et… d’un point de vue familiale ?

- (Salamèche) Aucun souci de mon côté.

- (Pikachu) Ouais, du miens non plus…

Marmonna-t-il, avant que tous les regards ne se posent sur lui.

- (Pikachu) Quoi ? C’est mon avenir, je fais ce que je veux !

- (Riolu) Comment tes parents peuvent ne toujours pas être au courant ? Tout le village sait que vous formez une équipe de secours !

- (Pikachu) Ouais, bah merci à vous d’avoir gardé le silence !

- (Canarticho) Ils finiront par le savoir, Pikachu. Mieux vaut ne pas les prendre de court.

- (Pikachu) Je sais, je sais. C’est juste… compliqué.

- (Canarticho) En tout cas, vous avez tous un bel avenir qui vous attend. Je n’ai jamais eu l’occasion de vous le dire, mais je suis fier de ce que vous êtes devenus. Cela fait plus ou moins dix ans que je m’occupe de votre scolarité et le village paraîtra… silencieux, lorsque vous partirez. Mais tout le monde ici vous souhaite le meilleur avenir possible, alors rejoignez Loliloville et faites-nous honneur !

La cloche sonna et une nouvelle journée d’école s’acheva. Pour la première fois, les élèves peinaient à quitter les lieux. En cette fin d’après-midi du mois d’Avril, l’allée qu’ils empruntaient pour redescendre au village était d’une verdure scintillante, alors que les feuilles orangées se mouvementaient au gré d’un vent agréable et reposant. Pikachu fixait le ciel, pensif.

- (Pikachu) Et dire que je ne passerai bientôt plus par-là…

- (Salamèche) Ce doit être difficile, de se séparer d’un lieu après treize ans.

- (Pikachu) Ouais. Pour le coup, là, j’t’envie un peu. Quitter Bourg-Tranquille pour rejoindre la Guilde, pour toi, c’est juste l’étape suivante. Pour moi… au moins, je n’aurai plus à me cacher.

- (Chenipan) Eh, les gars !

Intervint Chenipan, en glissant jusqu’à eux.

- (Chenipan) J’ai oublié d’vous demander, mais vous l’avez reçu ou pas ?

Les deux secouristes s’échangèrent un regard perplexe.

- (Chenipan) Ma mère vous a écrit, y a deux-trois jours, elle a besoin qu’la Dream Team lui récolte des trucs ! J’lui ai dit que j’pouvais vous demander directement, mais elle tenait à se prendre au jeu des lettres pour ne pas griller tout l’monde sur la liste d’attente !

- (Salamèche) Quelle liste d’attente ? Personne ne nous écrit, en ce moment.

- (Chenipan) Hein… ? Mais si, j’vous assure, elle espère vraiment avoir votre aide !

- (Pikachu) Bon, ça ne coûte rien d’aller lui demander direct ?

Chenipan les guida donc jusqu’à sa maison, passant par la place du village dans laquelle les deux secouristes saluèrent presque tous les passants. Salamèche l’avait remarqué, plus personne ne fronçait les sourcils en apercevant Pikachu. Arrivant chez lui, la chenille passa le portail de sa clôture, déjà ouvert.

- (Chenipan) Maman… ?

S’inquiéta-t-il, en constant la porte d’entrée entrouverte.

- (Pikachu) Euh… ça arrive souvent, ça ?

- (Chenipan) Maman ?!

Il fonça à l’intérieur, suivi de près par la Dream Team. Déboulant dans la salle à manger, les trois garçons surprirent la femme à la peau violette et aux grandes ailes se coller à un mur, alors que trois imposantes figures lui faisaient face. Les deux secouristes les reconnurent immédiatement.

- (Pikachu) Vous ?!

Ectoplasma se retourna, le sourire aux lèvres.

- (Ectoplasma) Tiens tiens tiens, mais regardez qui voilà !

- (Chenipan) Éloignez-vous d’ma mère !!

Cria le petit garçon, en bousculant les deux autres membres de l’équipe Chaotique.

- (Papilusion) Mon bébé, tout va bien, ne t’en fais pas…

Marmonna la dame d’une voix tremblante, en enlaçant son enfant.

- (Arbok) Mais oui, bien sûr que tout va bien ! Nous échangions tels des adultes !

- (Charmina) Et vous nous dérangez, les mômes !

- (Ectoplasma) Je dirai même plus, vous interférez dans notre mission !

Ricana-t-il en dégainant son badge.

- (Ectoplasma) Allez-vous-en ou on vous fait coffrer !

- (Pikachu) Quoi… ?

Grommela Pikachu, en reculant d’un pas.

- (Salamèche) Attendez, de quelle mission s’agit-il ?

- (Ectoplasma) Ça ne vous regarde pas.

- (Salamèche) Madame Papilusion !

Exclama-t-il à celle qui séchait ses larmes.

- (Papilusion) Je… je pensais vous avoir écrit à vous seulement, Dream Team…

- (Charmina) Ouais, sauf que votre demande s’est retrouvée chez nous et que nous avons fait l’effort de la réaliser à leur place ! Alors soyez gentille et récompensez les bonnes personnes !

- (Papilusion) Récompenser… ? Mais… je croyais que…

- (Arbok) Enfin, ma chère dame, vous devriez savoir que tout travail mérite salaire !

- (Salamèche) Hé, c’est une blague ?!

S’énerva Salamèche en approchant, mais Ectoplasma lui barra la route.

- (Ectoplasma) Tsss tsss tsss… ce n’est pas raisonnable, crois-moi.

- (Salamèche) Vous êtes secouristes ! Vous n’êtes pas censés réclamer autre chose que des points, auprès de la poste Bekipan !

- (Ectoplasma) Les points, c’est fait mais ça ne nous suffit pas ! Voyons, ça ne t’arrangerait pas de gagner un peu de sous, toi aussi ?

- (Salamèche) Non, pas comme ça !

Charmina tapota l’épaule de Papilusion, l’air souriant.

- (Charmina) Allez, il est temps de nous payer !

- (Papilusion) Ne me touchez pas !

Elle tenta de s’éloigner avec son fils, mais Arbok se glissa en travers de leur route.

- (Arbok) Ma chère dame, nous sommes à votre service et nous vous conseillons d’en profiter. Ce serait dommage que nous devenions ennemis, pas vrai ?

- (Salamèche) Ça suffit !!

Craqua le jeune amnésique en dégainant, à son tour, son badge de secouriste.

- (Salamèche) Je vous arrête tous les trois !

Les membres de l’équipe adverse s’échangèrent des regards dubitatifs, avant d’éclater de rire. Un rire qui dura, pendant que la petite famille tremblait et que Pikachu était paralysé d’inquiétudes. Charmina balaya sa patte en direction de Salamèche.

- (Charmina) Allez, hors de ma vue, sale môme.

- (Arbok) On te laisse faire le sale boulot, Ectoplasma !

- (Ectoplasma) Avec grand plaisir ! Moi qui comptais vous coffrer, au final, je vais pouvoir m’amuser un peu !

S’enjoua-t-il, en approchant Salamèche d’un air malsain. Ce dernier se mit en garde.

- (Salamèche) Pikachu, il faut absolument sortir Chenipan et sa mère d’ici !

- (Pikachu) Ouais, ok, je m’en… !

Soudain, la porte d’entrée claqua brusquement. Pikachu sursauta, fouillant du regard les alentours.

- (Pikachu) Qui… ?

- (Ectoplasma) Ouais, je sais, ça surprend toujours la première fois !

Plaisanta le secouriste à la main griffue, entourée d’une espèce d’aura violette.

- (Salamèche) C’est lui… ! Il a le pouvoir de faire ça !

- (Ectoplasma) Oh, pas seulement !

Rétorqua-t-il en tentant d’agripper Salamèche. Ce dernier l’esquiva, lui attrapa le bras et l’envoya paître à l’autre bout de la pièce, sous le regard surpris de tous les autres. Arbok et Charmina s’en gaussèrent.

- (Charmina) Eh, pas mal pour un mioche !

- (Arbok) Bah alors, Ectoplasma, on se fait humilier ?

Ce dernier se releva, le regard froncé.

- (Ectoplasma) Saloperie, tu caches bien ton jeu… !

Pikachu en profita pour approcher Chenipan et Papilusion, mais Charmina l’intercepta.

- (Charmina) Oh que non, tu ne passeras pas !

- (Pikachu) Va-t’en !

Il tira un éclair pour le paralyser, mais sa cible l’esquiva en bondissant jusqu’au plafond. Alors qu’il s’apprêtait à l’attaquer de nouveau, Arbok l’interrompit d’un coup de dard dans le dos. Pikachu s’écroula, empoisonné.

- (Salamèche) Non !!

Se déconcentra son ami, soudainement chargé par Ectoplasma. Il le bloqua au dernier moment, maintenant de toutes ses forces les deux pattes gesticulantes qui, peu à peu, nagèrent dans une nouvelle aura violette, une aura qui s’étendait jusqu’au corps du jeune secouriste.

- (Ectoplasma) Tu veux savoir jusqu’où s’étant mon pouvoir ?!

Salamèche crispait les dents, se sentant de plus en plus lourd.

- (Ectoplasma) Je suis un type Spectre, les gens ont peur de m’approcher !

Ses yeux se fermaient, alors qu’il peinait à maintenir la tête levée.

- (Ectoplasma) Et ils ont raison ! Pendant un temps, tout ce que je touche… est soumis à ma volonté.

Salamèche s’effondra, inconscient. L’aura violette se dissipa pendant qu’Ectoplasma reprit son souffle.

- (Papilusion) M… monstres ! Vous ne vous en sortirez pas comme ça, j’irai vous dénoncer aux… !

Soudain, Arbok planta un dard dans les frêles corps des deux insectes qui avaient été pris pour cible. Chenipan et Papilusion s’écroulèrent à leur tour, alors que Pikachu venait de tomber dans les pommes.

- (Arbok) … Aux autorités ? Nous sommes les autorités !

- (Charmina) Et bah voilà !

S’exclama Charmina, en trouvant la tirelire de la maison.

- (Charmina) Là, on parle ! Dommage qu’il ait fallu qu’on en arrive là.

- (Ectoplasma) Ouais, bon, c’est super, maintenant on s’grouille ! Assurez-vous de ne rien laisser traîner !

Paniqua le secouriste, pendant que les deux autres fouillaient tranquillement les tiroirs en piquant, ci et là, objets et nourritures.

- (Ectoplasma) Hé !! Ne volez pas trop d’trucs, ça va s’voir !

- (Arbok) Veux-tu bien faire ton taf, au lieu de geindre comme une fillette ?

S’agaça le serpent, en faisant sursauter d’un simple regard la boule violette.

- (Ectoplasma) Je… oui, ok…

Il approcha Pikachu, posa une patte sur son front, ferma les yeux et laissa son aura violette l’envahir. Le silence pesa pendant plusieurs longues secondes, avant qu’Ectoplasma se relève, essoufflé.

- (Ectoplasma) Et d’un…

- (Charmina) C’est bon ? Sa mémoire est effacée ?

- (Ectoplasma) Seulement de quelques jours. J’en ai trois autres à amnésier, je ne peux pas me permettre d’en faire plus.

- (Arbok) Tsss… quel faiblard. Allez, grouille-toi !

Ainsi, il fit oublier cet événement aux seuls témoins de la scène. Lorsqu’il approcha Salamèche, le dernier à amnésier, Ectoplasma transpirait à s’en tremper la tunique. Il titubait et peinait à reprendre son souffle. Il lui agrippa le front, se concentra une dernière fois et laissa son pouvoir faire le reste.

- (Ectoplasma) … Ok, je crois que c’est bon… hein… ? AH !!

Hurla-t-il en prenant du recul. Les deux autres approchèrent, prêts à se battre.

- (Charmina) Quoi ?! Il se relève ?!

- (Ectoplasma) Nan, c’est pas ça… !

Il dévisagea ses mains tremblantes.

- (Ectoplasma) J’ai eu l’impression de… de voir…

Arbok le gifla soudainement.

- (Arbok) Espèce d’amateur ! T’es pas foutu d’faire le seul truc qu’on te demande ?!

- (Ectoplasma) Si, si ! C’est bon, il est amnésié !

- (Arbok) T’es sûr ?!

Le menaça-t-il d’un regard perçant.

- (Ectoplasma) Oui, j’en suis sûr !

- (Charmina) Ectoplasma, t’as dû voir où ils vivent en fouillant leur mémoire, je m’trompe ? Dépêchons d’les ramener chez eux, avant que leurs parents ne débarquent.

- (Ectoplasma) Ouais, allons-y.

Et ainsi, pour les membres de la Dream Team, cette journée n’eut jamais lieu.