Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 8 : Le Mont Acier

7667 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/01/2021 01:12

     Voilà deux semaines, que la reprise des cours épuisait les deux jeunes membres de la Dream Team. La charge de devoirs les empêchait de dédier trop de temps à l’exploration, après l’école. Bienheureusement, Germignon se proposa de les aider à réviser, ce qu’ils acceptèrent sans hésiter. Et vu qu’ils passaient surtout du bon temps ensemble, ce n’est pas à la bibliothèque, mais bien chez Salamèche qu’ils se donnaient tous les trois rendez-vous après les cours.

- (Pikachu) Comment tu fais, pour tout retenir aussi facilement ?

- (Germignon) Question d’habitude. Il faut surtout penser à relire ses notes avant de dormir.

- (Salamèche) Merci pour aujourd’hui, en tout cas.

Intervint le jeune amnésique en se tenant l’avant-bras gauche d’une main droite, elle aussi tremblante.

- (Salamèche) Je me sens bien plus confiant, pour le contrôle de demain.

- (Pikachu) Ah ouais ? Y a tellement d’trucs à apprendre, j’ai peur de tout oublier une fois devant ma copie !

- (Germignon) Mais non, je suis sûre que ça ira !

- (Salamèche) Allez, il commence à se faire tard. Allons à la poste avant qu’elle ne ferme, Pikachu.

- (Pikachu) Yep !

- (Germignon) C’est sur le chemin de ma maison, je vous accompagne.

Leur souriait-elle en rangeant ses affaires. Elle l’était beaucoup plus, depuis le soir d’Halloween. Même les adultes du village se surprenaient à entendre sa douce voix. Une fois devant l’intersection qui les séparait, elle les salua, l’air enjoué.

- (Germignon) À demain, vous deux !

- (Pikachu) Salut !

- (Salamèche) Repose-toi bien.

- (Germignon) Et vous, ne faites pas trop de bêtises !

Elle rentra chez elle et les deux garçons continuèrent le chemin seuls.

- (Pikachu) Wow… si un jour je pensais devenir ami avec Germignon…

- (Salamèche) Est-ce que ça te dérange ?

- (Pikachu) Non, au contraire. Avant ton arrivée, j’étais seul. Aujourd’hui, je traine avec la première de la classe, c’est improbable ! Qui sait à quoi ressemblera ma vie dans quelques mois !? Sérieux… merci mec.

- (Salamèche) Pas de soucis, même si c’est elle qui a fait le plus gros du travail.

La jeune équipe arriva face au tableau d’affichage de la poste Bekipan. Seule une mission leur fit face.

- (Pikachu) Oula… c’est du balèze, là !

- (Salamèche) Attends, c’est tout ce qu’il reste ?

- (Pikachu) On a beaucoup tardé à cause des devoirs, aussi. Nan mais regarde-moi ça !

Exclama-t-il en agrippant le papier.

- (Pikachu) Avis de recherche du hors-la-loi Airmure, condamné pour des dizaines de délits dont un enlèvement, toujours irrésolu. Il aurait été aperçu au Mont Acier… quelle angoisse !

Clama-t-il en se tournant vers la seule montagne que l’on voyait au loin, depuis Bourg-Tranquille.

- (Pikachu) Tu m’étonnes que ce soit la seule mission à ne pas avoir été prise en charge. Le Mont Acier, ça ne rigole pas du tout !

- (Salamèche) D’autant que ce Airmure… il a l’air terrifiant.

Ajouta-t-il en dévisageant la photo d’un volatile fait d’une peau d’acier, aux ailes tranchantes, dents pointues et yeux d’assassin. Les deux enfants s’échangèrent un regard perplexe.

- (Pikachu) On passe ?

- (Salamèche) La question ne se pose même pas. Nous ne sommes pas encore prêts à affronter des hors-la-loi.

- (Pikachu) Ouais, je sais…

Marmonna-t-il, en rattachant l’affiche sur le tableau.

- (Pikachu) Tant pis, pas de mission pour aujourd’hui.

- (Salamèche) Rentrons nous reposer, avant le contrôle de demain.

Ils s’exécutèrent et ce pendant qu’au loin – dans son trou creusé de lui-même entre deux buissons – quelqu’un les observait s’éloigner de ce bout de papier que personne n’osait prendre avec lui.


Chapitre 8 : Le Mont Acier


Salamèche se réveilla en pleine nuit. Immédiatement, il dévisagea ses mains tremblantes, puis se tint les avant-bras en crispant les dents. Cela faisait quelques jours qu’il ressentait une sensation de brûlure injustifiée.

La douleur devenait trop grande, il réveilla Pifeuil pour l’en informer.

- (Pifeuil) Boudiou, c’est vrai qu’ils sont bouillants, tes deux soldats !

Clama-t-il, alors en pyjama dans la salle de bain, la lumière visant droit les membres tremblants du jeune garçon.

- (Pifeuil) C’est là que j’suis navré d’pas être un lézard enflammé comme toi ! La morphologie et l’état d’santé des Salamèche, j’y connais pas grand-chose…

- (Salamèche) Ça picote de plus en plus et… ça commence à me faire peur, Pifeuil…

- (Pifeuil) Mais nan, t’en fais pas, j’suis sûr qu’ce sont tes hormones qui s’excitent ! T’es dans ta période de découverte de la vie, c’est normal que ton corps en fasse des siennes. Là-dessus, on est tous pareils, c’est juste que ça doit s’exprimer chez toi par une augmentation d’la chaleur corporelle ou un truc du genre.

- (Salamèche) Ok, mais il n’y a rien qui pourrait calmer la douleur ?

- (Pifeuil) J’en sais rien, mon gars. On ira à l’hôpital demain après l’école, d’accord ?

Salamèche hocha la tête et Pifeuil la lui caressa.

- (Pifeuil) Allez, courage, ça va passer !

Soudain, le sol se mit à trembler. La petite famille sursauta et Pifeuil emmena son petit dans la salle à manger.

- (Pifeuil) Sous la table, vite !

Exclama-t-il en l’accompagnant.

- (Salamèche) Encore un tremblement de terre ?! J’espère que le reste du village est préparé… !

- (Pifeuil) Il est bizarre, celui-là…

Marmonna-t-il en dévisageant les murs de chez lui. Certains tremblaient plus que d’autres. De plus, le sol semblait se mouvementer plus férocement face à eux que dans n’importe quelle autre partie de la maison. Puis, un trou parfaitement cylindrique se creusa, à tout juste un mètre d’eux. Le tremblement cessa, et une petite bouille brune s’extirpa de ce même trou.

- Ah, enfin !

Exclama-t-il, pendant que son petit nez rose remuait. Il reprenait son souffle tout en admirant la demeure dans laquelle il avait fait surface.

- Super ! *souffle* Content de savoir que j’ai bien creusé au bon endroit !

Pifeuil et Salamèche s’échangèrent un regard perplexe.

- (Pifeuil) Tu… tu es le gamin de Triopikeur, je m’trompe ?

- Oui, exactement ! Mon nom est Taupiqueur, et je suis venu chercher l’aide d’une équipe d’exploration !

- (Salamèche) Quoi… ?

- (Pifeuil) Hé ! T’as pas l’impression qu’il est un peu tard ?!

S’énerva Pifeuil en sortant de sous la table. Il croisa les bras et dévisagea l’enfant couvert de crasse.

- (Pifeuil) Si t’as besoin d’une équipe, tu vas faire ta demande au poste Bekipan ! S’introduire chez elle, c’est illégal !

- (Taupiqueur) C’est des bêtises, ça ! Personne ne calcule ma demande, au poste, tout le monde fait comme s’il avait quelque-chose de mieux à faire !

Il se tourna vers Salamèche.

- (Taupiqueur) Genre se reposer avant le contrôle de demain !

Ce dernier écarquilla les yeux, avant de sortir à son tour.

- (Salamèche) J’ai dit ça… lorsque nous avons décidé de ne pas partir en mission, avec Pikachu. Tu nous écoutais ?

- (Taupiqueur) J’étais planqué derrière des buissons, j’ai tout vu ! Pas une équipe n’a eu le courage de jeter un œil à l’avis de recherche, pas une seule… sauf la vôtre.

- (Salamèche) Oui, parce que c’était la dernière mission disponible. Airmure, c’est ça ? Je suis désolé, mais nous n’affrontons pas les hors-la-loi.

- (Taupiqueur) Tu te souviens de ce qu’il a fait ?

- (Salamèche) Des tas de trucs. Je crois… qu’il a enlevé quelqu’un.

- (Taupiqueur) Oui, mes papas.

La petite famille écarquilla les yeux.

- (Pifeuil) Hein… ? Mais pourquoi ?! Qu’est-ce que ces bons vieux Triopikeur ont fait ?

- (Taupiqueur) J’en sais rien, punaise ! Tout c’que j’veux, c’est les retrouver ! Sauf que ça fait trois jours et PERSONNE ne veut me venir en aide !

- (Pifeuil) Attends, ça fait trois jours qu’tu vis sans tes parents… ? Mais que fait Rapasdepic ?!

- (Salamèche) Comment peut-on laisser un enfant seul pendant autant de temps… ?

- (Pifeuil) J’pense que les gens ne sont juste pas au courant. Le désintérêt des villageois pour la sécurité d’autrui est aberrant, ici. Ils sont tellement habitués à avoir une vie paisible…

- (Salamèche) Justement, ils devraient s’offusquer !

S’offusqua justement Salamèche.

- (Salamèche) Ok, je vais t’aider.

- (Taupiqueur) C’est vrai ?!

Exclama le petit garçon, alors que ses yeux s’illuminaient.

- (Salamèche) Oui, je vais te trouver une équipe qui saura faire face à Airmure.

Une illumination qui s’évapora tout de suite.

- (Taupiqueur) Hein… ? Mais… on n’a pas de temps à perdre ! Papas ont besoin d’aide !!

- (Salamèche) Et ils seront sauvés, je te le promets !

Le rassura-t-il en s’agenouillant à sa hauteur.

- (Salamèche) Mais je ne suis pas au niveau. Si j’y vais, je risque de faire empirer les choses. Ne t’en fais pas, on trouvera l’aide dont tu as besoin ! Le plus important est de ne pas se précipiter, d’accord ?

Lui sourit-il. Taupiqueur soupira, puis hocha finalement la tête. Dans son coin, à la vue de son grand garçon et de sa bravoure, Pifeuil sourit également.

C’est donc au beau milieu de la nuit, que les deux jeunes garçons traversèrent Bourg-Tranquille jusqu’à la poste du village, à laquelle Salamèche toqua plusieurs fois avec persistance.

- (Bekipan) QUOI ?!

Lui hurla le premier Bekipan à lui ouvrir.

- (Salamèche) On a besoin d’aide.

- (Bekipan) Dégage, j’essaie de dormir.

- (Salamèche) Vous n’habitez pas ici, je me trompe ? Si la poste ne ferme jamais, c’est bel et bien pour aider les habitants dans le b…

La porte se fit claquer avant qu’il ne termine sa phrase. Le court silence qui suivit embarrassa le jeune amnésique.

- (Salamèche) Wow…

- (Taupiqueur) Tu t’attendais à quoi, au juste ?

- (Salamèche) Tant pis, allons chercher les explorateurs directement à la source !

Se motiva-t-il en récupérant le livret jaune à la sortie de la poste, juste à côté du tableau d’affichage.

- (Taupiqueur) Bah alors, je croyais qu’il ne fallait pas faire ça…

Marmonna le petit garçon enfoncé dans le sol, pendant que Salamèche dévisagea la seule page du livret d’un air perplexe.

- (Salamèche) Il n’y a… aucune équipe d’exploration qui vit à Bourg-Tranquille ? Que des secouristes, le reste est seulement de passage.

- (Taupiqueur) Jamais compris la différence.

- (Salamèche) Les secouristes sont des amateurs, comme nous. J’espérais convaincre des pros, pour une mission d’une telle envergure. C’est dommage que la Magné-Team ne soit plus ici. Bon, peu importe, on va quand même essayer de trouver de l’aide, par exemple… l’équipe Chaotique !

- (Taupiqueur) C’est qui ?

- (Salamèche) Allons le découvrir, j’ai leur adresse !

S’enjoua-t-il. Hélas, une fois sur place, l’adrénaline redescendit complètement. Ils firent face à une maison délabrée, couverte de moisissures et dont la boîte aux lettres débordait de courriers. Les fleurs de son jardin étaient toutes fanées. Le jardin de qui ? Salamèche ne chercha plus à le découvrir.

Ils se rendirent plutôt à la seconde adresse, celle de l’équipe Rafale Verte. La maison devant laquelle ils arrivèrent dégageait tout de suite une atmosphère plus verdoyante. Des plantes aux feuilles gigantesques entouraient la porte d’entrée, couverte de lianes comme les murs et la cheminée, dont la fumée qui s’en échappait relâchait une odeur qui rappelait au jeune amnésique sa propre maison. Il toqua à la porte avec le sourire. Puis une deuxième fois, perplexe. Puis une troisième, ennuyé.

- (Salamèche) Excusez-moi, j’ai besoin de votre aide !

Taupiqueur, qui attendait dans la rue, bailla à gorge déployée. Après tout, la lune dominait les cieux depuis déjà belle lurette. Puis, il remarqua que les plantes autour de Salamèche se développaient de manière anormale en sa direction. Elles l’agrippèrent soudainement et l’envoyèrent paître hors de la clôture, juste à ses côtés. Une autre plante vint verrouiller la barrière.

- (Taupiqueur) Wow, celui qui fait ça est trop fort !

- (Salamèche) J’hallucine, pourquoi personne ne daigne bouger le petit doigt ?!

- Oh !! T’as vu l’heure ?! Ferme-là un peu !

S’énerva un villageois quelconque. Toujours à terre, Salamèche fronça les sourcils et dévisagea à nouveau ses mains. Les picotements s’étaient renforcés. Taupiqueur soupira.

- (Taupiqueur) Non, vraiment, je ne comprends pas à quoi tu t’attendais. Tout le monde sait que les explorateurs n’en font qu’à leur tête…

- (Salamèche) Ils sont secouristes, pas explorateurs. Et on n’est pas tous comme ça…

- (Taupiqueur) Je sais, j’avais bien remarqué que ça vous dérangeait de ne pas accepter ma mission. Vous êtes bien les seuls à en avoir quelque-chose à faire des autres. C’est pour ça que je suis venu chez toi, je me suis dit que… peut-être…

Il ne trouva les mots et le silence s’imposa. Salamèche repensa aux paroles de Germignon, le soir d’Halloween.

- (Salamèche) Elle a raison, ils sont tous lâches…

- (Taupiqueur) Hein ?

- (Salamèche) Taupiqueur, emmène-moi au Mont Acier.

- (Taupiqueur) Quoi, vraiment ?!

- (Salamèche) Oui…

Commença-t-il en se relevant, les poings serrés.

- (Salamèche) Je vais sauver Triopikeur moi-même !

Le quart d’heure d’après, c’est à l’autre bout du village qu’ils se trouvaient. Dans un recoin rocheux, à la sortie la moins empruntée et la plus renfoncée de Bourg-Tranquille se trouvait une grotte. Des rails comblaient son entrée, tandis qu’un chariot rouillé, crasseux et vide attendait que quelqu’un l’emprunte.

- (Taupiqueur) Voici l’entrée des Mines Minotaupe. L’un des chemins mène direct au Mont Acier, je vais t’aider à le trouver.

- (Salamèche) Non, tu restes ici.

Assura-t-il en grimpant dans le chariot.

- (Taupiqueur) Mais… c’est dangereux d’y aller à l’aveugle !

- (Salamèche) À partir de là, c’est dangereux tout court. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoique ce soit. Mais ne t’en fais pas…

Lui sourit-il.

- (Salamèche) Tout ira bien !

Puis, il propulsa le chariot jusqu’aux profondeurs de la mine et Taupiqueur le perdit vite de vue.

- (Taupiqueur) Je… croyais qu’il ne fallait pas se précipiter…

Sauf que la veine sur le front de Salamèche persistait. Pendant que le chariot roulait à toute vitesse, le jeune amnésique crispait les dents. Non pas pour empêcher la poussière de l’étouffer, mais bien par rage de constater qu’il était le seul à prendre au sérieux l’enlèvement d’un des habitants du village. Était-il assez fort pour vaincre Airmure ? Peu importe, il le devait.

Cela faisait plusieurs minutes que le chariot grinçait aux mouvements des rails. Plusieurs torches éclairaient la voie, tandis que certains cristaux naturels illuminaient d’un vert ou d’un violet fluorescent les longs couloirs de la mine creusée à la patte.

Soudain, le sol se mit à trembler. Pas comme tout à l’heure, lorsque Taupiqueur pénétra la maison de Pifeuil. Non, là, il s’agissait d’une vraie secousse. Le chariot trémoussa de plus en plus, jusqu’à dévier de la voie et projeter Salamèche dans une petite crevasse. Il se rattrapa de peu au rebord, qu’il grimpa non sans transpirer un peu. Alors qu’il reprenait son souffle en s’agrippant au sol, espérant que le tremblement cesse, une partie du plafond s’effondra et engendra un éboulement, droit en direction du jeune garçon. Hélas, il ne pouvait pas bouger. Il ferma alors les yeux, désespéré… lorsque soudain, le sol face à lui explosa. Un Pokémon déguerpit de la terre, ses six gigantesques griffes en avant. À l’instant où elles percutèrent les rochers, ce sont eux qui se brisèrent. Lorsque Salamèche rouvrit les yeux, un tas de débris l’entourait. Mais lui se releva sans la moindre égratignure.

Il dévisagea le garçon qui lui faisait face, un petit bonhomme aux yeux ronds, museau blanc allongé et sourire enfantin. Sa peau était noire, tandis qu’il accoutrait un casque de chantier et une épaisse combinaison de mineur.

- Ouf, c’était limite, ah ah !

Rigola-t-il, comme si de rien n’était. Sa voix était clairement celle d’un enfant. La secousse cessa enfin et le jeune mineur déblaya le passage jusqu’au chariot, qu’il agrippa et replaça sur les rails sans la moindre difficulté.

- Et voilà, comme neuf ! Papa va être content, ah ah !

Salamèche était bouche bée. Il approcha, l’air perdu.

- (Salamèche) Qui… qui es-tu ?

- Moi ? Rototaupe ! J’suis l’fils du chef des mineurs ! Les secousses nous embêtent, alors dès que ça a commencé, je m’suis précipité pour vérifier qu’aucun éboulement ne casserait quoique ce soit. Ces rails ont coûté cher, apparemment…

- (Salamèche) Il s’en est fallut de peu pour moi, merci beaucoup…

- (Rototaupe) J’savais pas que t’étais là, j’ai juste voulu protéger le chariot. Mais euh… de rien j’imagine, ah ah !

Sans attendre, le jeune amnésique regagna le chariot.

- (Rototaupe) Oula, attends, tu vas où avec ça ?

- (Salamèche) En direction du Mont Acier.

- (Rototaupe) Tu l’as déjà passé, mec.

Assura-t-il en pointant d’une griffe le tas de roches au bout du couloir. Surpris, Salamèche se précipita vers ce mur infranchissable. Effectivement, une lumière différente se dégageait du mieux qu’elle le pouvait de ce passage fermement bloqué.

- (Salamèche) Il faut que je passe ! Est-ce que tu pourrais me dégager le passage, comme tu l’as fait avec ces autres débris ?

- (Rototaupe) Pas possible. Papa a interdit l’accès depuis qu’un monstre rôde dans le donjon.

- (Salamèche) Un monstre ? Tu parles d’Airmure ?

- (Rototaupe) J’en sais rien, j’l’ai jamais vu. Je sais juste que plusieurs de ses collègues ont été blessé par ce monstre. C’est pour ça que je suis ici, d’ailleurs, j’ai insisté pour les remplacer au service de nuit.

- (Salamèche) Écoute, ce monstre a enlevé un habitant de Bourg-Tranquille. Je suis secouriste et il est de mon devoir de lui venir en aide !

- (Rototaupe) Mais t’es un enfant !

- (Salamèche) Toi aussi, ça ne t’a pas empêché de sauver une vie.

Clama-t-il en pointant le tas de roches qui l’aurait enseveli, en l’absence de celui qu’il tentait de convaincre.

- (Salamèche) S’il te plaît, Rototaupe…

Le jeune mineur se gratta l’arrière du crâne, l’air perplexe.

- (Rototaupe) Bon, d’accord. Papa ne voulait pas que je m’en approche, mais si j’arrive à faire fuir le monstre, on pourra recommencer à miner dans le Mont Acier !

Se convainc-t-il en approchant, les griffes en avant. Salamèche recula et le laissa percuter, dans un saut tourbillon, le tas de roches qui s’effondra sous la puissance du jeune mineur. Il en ressortit essoufflé, mais le sourire aux lèvres.

- (Rototaupe) En avant, euh… ! J’t’ai pas demandé ton nom, j’crois ?

- (Salamèche) Je suis Salamèche !

Lui sourit-il en bondissant dans le chariot.

- (Rototaupe) Ah ah ! Ok alors en avant, Salamèche !

Rototaupe se joignit à lui et les deux enfants traversèrent à vive allure le long tunnel menant au périlleux donjon.

Pendant ce temps, les derniers villageois terminaient de se réunir sur la place du village. En pyjama, aux yeux cernés, mais tous sains et saufs.

- (Rapasdepic) Bien, la secousse semble s’être calmée pour de bon. Assurez-vous que les murs de vos maisons soient intacts, avant de retrouver le sommeil.

- (Lombre) Bon sang, le l’vez du matin va être difficile !

- (Pikachu) Aaaaah…. Et dire que j’avais réussi à dormir malgré le stress…

Marmonna Pikachu, avant de chercher l’approbation de son ami.

- (Pikachu) Salamèche… ?

Il ne trouva que son père.

- (Pikachu) Hé, m’sieur Pifeuil, il est où Salamèche ?

- (Pifeuil) Hein ? Oh, euh… comment dire…

Le chariot faisait un bruit monstre, à dévaler les rails aussi rapidement. Mais ils s’y trouvaient enfin. Le Mont Acier, une petite montagne au teint grisâtre et à son sommet paraissant inatteignable. Les quelques sauvages qui habitaient le lieu étaient fait d’acier ou de roches. Mais les deux visiteurs n’eurent le temps d’en rencontrer un seul. Alors que le chemin prenait fin, Rototaupe accéléra à nouveau la cadence.

- (Rototaupe) Accroche-toi, on va prendre un raccourci !

Salamèche s’exécuta et s’agrippa fermement au chariot, qui défonça la clôture, renversa les plots de signalisation et s’envola à plusieurs mètres du sol. Il s’enfonça dans un mur, au deuxième étage du donjon.

- (Rototaupe) Terminus ! Rien de cassé ?

- (Salamèche) Rien pour l’instant… wow…

Tituba-t-il le temps de retrouver l’équilibre. Immédiatement, il fouilla du regard les alentours.

- (Rototaupe) On cherche qui, au juste ?

- (Salamèche) Triopikeur ! C’est un Pokémon brun, à moitié dans le sol… j’imagine.

- (Rototaupe) Comme ça ?

Pointa-t-il d’une griffe poussiéreuse. De l’autre côté de l’étage, entre deux crevasses, sur une petite plateforme rocheuse se trouvaient non pas un, mais trois grands Taupiqueur collés les uns aux autres. Ils fixaient tous les trois Salamèche du regard, ils semblaient meurtris. Ce dernier accourut de toutes ses forces en leur direction.

- (Rototaupe) Hé, attends-moi !

Sans hésiter, le jeune amnésique bondit de plateforme en plateforme jusqu’au Pokémon qui, le voyant approcher, crispa de plus en plus le visage.

- (Triopikeur) Non… non !

- (Salamèche) Ne vous inquiétez pas, je suis secouriste !

Assura-t-il en dégainant son badge.

- (Triopikeur) Bon sang, mais quitte cet endroit sur le champ !

Salamèche s’arrêta, l’air perplexe.

- (Salamèche) Quoi… ?

- (Triopikeur) Pars avant qu’il ne revienne !

- (Salamèche) Qui ça, Airmure ? C’est de lui que je suis venu vous libérer !

- (Triopikeur) Tu ne comprends pas, nous restons ici justement pour ne pas qu’il cause de problèmes à qui que ce soit !

Salamèche fronça les sourcils, paralysé par l’incompréhension. Soudain, une ombre aussi rapide que pointue couvrit le peu de lumière qui entourait le jeune garçon.

- (Rototaupe) Salamèche, attention !!

Hurla en vain Rototaupe.

À l’instant où il se retourna, une gigantesque aile le percuta. Une aile faite d’un acier tranchant, si lourde qu’elle le renversa de la petite plateforme sur laquelle il tenait en équilibre. Il s’écroula à l’étage d’en-dessous, le bras droit couvert de sang. Alors que ses côtes avaient craqué lors de l’atterrissage, alors que son sang s’écoulait lentement de son bras qu’il n’arrivait plus à bouger, Salamèche dévisagea l’imposante figure qui se dressa face à lui. Un volatile fait d’une peau d’acier, aux ailes tranchantes, dents pointues et yeux d’assassin ; exactement comme sur l’avis de recherche. Sauf que son regard était cerné, ses veines pleinement exposées.

- (Airmure) Qui ose pénétrer ma demeure… ?

Demanda-t-il d’une voix rongée par la rage.

- (Triopikeur) Non, laisse-le tranquille ! Ce n’est qu’un enfant !!

- (Airmure) Vous me mettez hors de moi, habitants de Bourg-Tranquille ! Je savais que je n’aurai dû épargner aucun d’entre vous ! Je vais massacrer ce fouineur, puis je m’occuperai de ton fils, Pokémon sol !

Criait-il non sans postillonner de son bec aussi pointu qu’écorché. Salamèche tremblait.

- (Airmure) Vos secousses m’enragent ! Je trouverai sommeil après vous avoir tous abattu !!

Non, il était tétanisé par la peur. C’est alors qu’un caillou percuta ledit bec du hors-la-loi. Les regards se tournèrent vers le jeune mineur qui, toujours aux côtés de son chariot, empêcha Airmure d’approcher Salamèche.

- (Rototaupe) Va-t’en… !

Marmonna-t-il en tremblant.

- (Airmure) Hein… ?

- (Rototaupe) Quitte cet endroit, ce n’est pas chez toi ! Tu n’es personne !!

Airmure déploya alors ses ailes.

- (Airmure) Je vais commencer par toi !!

Et soudain, il prit son envol en direction de sa nouvelle cible. Rototaupe s’éloigna et Salamèche les perdit de vue. Bouche bée, il se sentait toujours incapable de prononcer le moindre mot. Son esprit ruminait mille interrogations.

Il repensa à la lâcheté dont il fit preuve face au tableau d’affichage, il en avait honte.

Il repensa au rejet de la poste Bekipan, il en était répugné.

Il repensa à ces secouristes désintéressés, il en restait choqué.

Il repensa à la détresse de Taupiqueur, il en enrageait.

Enfin, il repensa aux paroles de Triopikeur. Un innocent qui se force à être l’otage d’un hors-la-loi pour protéger le village entier. Un village qui recèle des secouristes, protégés par quelqu’un qu’ils devraient protéger. Dans quel monde vivait-il, pour entendre une absurdité pareille ?

Tout cela – couplé à ses blessures qui lui procuraient une sévère dose d’adrénaline – le rendit fou de rage. Les picotements devinrent insupportables.

- (Salamèche) Lève-toi…

Marmonna-t-il petit à petit.

- (Salamèche) Lève-toi… !

Airmure réapparut, Rototaupe maintenu par le col de sa combinaison avec son bec. Il n’avait plus son casque, tandis que le haut de son crâne saignait autant que le bras du jeune amnésique. D’ailleurs, le hors-la-loi le cracha à ses côtés. Salamèche posa sa main gauche sur son dos. Il respirait mais était inconscient.

- (Salamèche) Rototaupe… !

- (Airmure) Que cela serve de leçon aux beaux-penseurs de votre village si tranquille !

Soudain, Triopikeur s’extirpa du sol, juste en face des deux enfants.

- (Triopikeur) Arrête, nous te le supplions ! Nous avons tenu notre promesse, nous sommes restés tes prisonniers comme tu le souhaitais ! Alors par pitié… !

- (Airmure) Les gueux de votre espèce sont responsables des tremblements de terre ! Je n’arrive plus à dormir par votre faute, vous me rendez fou !!

- (Triopikeur) Ce n’est pas vrai, les tunnels que nous creusons n’ont rien à voir avec les récentes secousses !

- (Airmure) Il suffit !! Peu m’importe que tu en sois l’instigateur ou non, vous éliminer tous les trois me fera craindre et respecter par le reste de votre village ! Si je n’obtiens pas repos, mon courroux s’abattra sur Bourg-Tranquille !

Sur ces mots, il se posa au sommet d’une grosse roche. Ses pattes se plantèrent en elle. Puis, il déploya les ailes et les mouvementa. De plus en plus fort, de plus en plus vite. Et petit à petit, la roche s’envola avec lui. L’ombre de ce danger submergea les trois victimes de ce hors-la-loi, sur le point de décrocher les griffes de ce tas de plusieurs tonnes. Triopikeur ferma les yeux et baissa la tête. Rototaupe était déjà inconscient.

Salamèche, de son côté, avait réussi à se mettre debout malgré la douleur. Il ne sentait plus son bras droit mais qu’importe, il était gaucher. Et à cet instant précis, son bras gauche lui procurait des brûlures plus intenses que jamais. Depuis plusieurs jours, il ressentait cette légère démangeaison. Depuis quelques heures, elle se renforçait à chaque fois qu’il perdait patiente en tentant d’aider Taupiqueur. Et à cet instant précis, il n’avait envie que d’une chose : tout relâcher.

Alors qu’Airmure laissa cette gigantesque roche s’écrouler au-dessus de leur tête, Salamèche élança simplement son poing vers les cieux, en direction de ladite roche, dans une tentative désespérée de bloquer plusieurs tonnes d’un seul bras.

- (Salamèche) Laisse… les… tranquille !!

Cracha-t-il de toutes ses forces, alors que de son poing s’extirpa une redoutable explosion enflammée emportant tout sur son passage. Son ouïe s’assourdit, la chaleur l’aveugla, la force exercée le repoussa au sol et la douleur l’assomma.

Une série de petits bruits stridents se faisait de plus en plus remarquer, telle une bombe qui décomptait seconde après seconde. Il sentait son cœur battre au même rythme que ces bruits. Mais l’atmosphère avait changé, tout était plus calme. Non, c’est absurde, pourquoi se réveillerait-il aux côtés d’une bombe ? Pourquoi était-il endormi, tout d’abord ?

Sa vue peinait à s’adapter aux lumières de la pièce. Il tenta de bouger, mais ne parvint qu’à déplacer ses jambes, enfouis sous de chaleureux draps. Il tourna le regard vers son bras droit, qu’il sentait happé par quelque-chose. En plus d’être recouvert de bandages, il se voyait relié à une machine, la même qui depuis son réveil le stridait de ces bruits agaçants. Il s’agissait d’un moniteur.

Salamèche écarquilla les yeux, reprenant pleinement conscience à la vue de ses battements par minute. Il était cloué dans un lit d’hôpital, couvert d’une chemise bleu ciel pendant que ses accoutrements reposaient sur une chaise à ses côtés, tout comme son badge de secouriste qui sentait encore le brûlé.

- (Nanméouïe) Ah, te voilà de retour parmi nous…

Intervint l’infirmière du village, en déposant un dossier sur l’atelier qui se trouvait dans la même pièce.

- (Salamèche) Où… où suis-je… ?

- (Nanméouïe) À l’hôpital de Bourg-Tranquille. Tu as la chance que l’une de nos deux chambres était disponible. Les enfants n’ont rien à faire ici…

- (Salamèche) À… l’hôpital… ?

Le silence s’imposa un court instant, avant que le jeune secouriste se redresse si soudainement qu’il se débrancha du moniteur.

- (Salamèche) Non !! Triopikeur, Rototaupe !

- (Nanméouïe) Calme-toi, tout le monde est en sécurité.

Intervint-elle en le rallongeant sur le lit. La porte de la chambre fut alors soudainement percutée.

- (Pifeuil) Boudiou ! Qu’est-ce qui s’passe ?!

S’inquiéta-t-il au bruit strident et continu du moniteur. Mais l’infirmière l’éteignit en soupirant.

- (Nanméouïe) Les garçons, vous êtes si impulsifs…

- (Salamèche) Pifeuil… !

- (Pifeuil) Mon p’tit gars !

La petite famille se prit dans les bras. Tout du moins, Salamèche l’enlaça du bras droit. Il comprit à cet instant que le gauche était complètement paralysé.

- (Pifeuil) Boudiou, j’ai eu si peur pour toi ! C’brave Taupiqueur m’a tout raconté ! Tu devais lui trouver d’l’aide, pas aller confronter c’piaf tout seul !

- (Salamèche) Je sais, je suis désolé de vous avoir inquiété. Mais… que s’est-il passé… ?

Demanda-t-il en dévisageant son bras gauche, recouvert d’un épais plâtre.

- (Pifeuil) Et bien… on espérait l’apprendre de toi.

- (Nanméouïe) Hier soir, le jeune Taupiqueur a profité de notre réunion sur la place du village pour nous informer de ta décision d’aller confronter seul un hors-la-loi. Ce fut à peu près au même moment, qu’une dangereuse explosion survint au Mont Acier.

- (Salamèche) Une explosion… ?

- (Nanméouïe) Les secouristes du village se sont alliés pour te venir en aide. Ils vous ont trouvé, Rototaupe, Triopikeur et toi, tous les trois inconscients et sévèrement brûlés. Certaines parties du donjon étaient encore en flammes.

Peu à peu, le regard du jeune garçon s’abaissa de nouveau vers son bras gauche.

- (Salamèche) Est-ce que… c’est moi qui… ?

- (Nanméouïe) Impossible. Soyons réalistes, tu es un Salamèche. Si cette explosion était naturelle, elle ne pouvait qu’être le fruit d’un puissant Pokémon expérimenté.

- (Pifeuil) Pendant un instant, les gens ont pensé qu’Pharamp était d’retour, c’est dire !

- (Salamèche) Et Airmure, qu’est-il advenu d’Airmure… ?

- (Pifeuil) Oh, t’en fais pas pour c’malfrat, il se repose dans l’une des cellules provisoires du village. Bientôt, il sera escorté loin d’ici !

- (Nanméouïe) Il fut également retrouvé inconscient. Mais lui n’était pas brûlé, non. Il semblerait que des débris rocheux l’aient percuté si fort qu’il n’a pu s’en relever. D’ailleurs, heureusement qu’il évita tout contact avec l’explosion. À cause de son type acier, il aurait pu ne pas s’en sortir du tout…

- (Salamèche) Bon sang…

S’inquiéta-t-il, en tremblant le regard fuyant.

- (Pifeuil) … Bon, m’dame Nanméouïe, est-ce qu’on pourrait laisser notre p’tit champion respirer un peu ? J’pense que ça fait beaucoup à encaisser d’un coup, là…

- (Nanméouïe) Et par « le laisser respirer », vous voulez dire parler seul à seul avec lui ?

- (Pifeuil) C’est pas comme ça qu’on l’dit poliment ?

- (Nanméouïe) Soit. Du souffle, il va en avoir besoin.

Clama-t-elle de manière sèche, avant de quitter la chambre en récupérant ses dossiers.

- (Pifeuil) Enfin… !

Soupira-t-il, en s’affaissant au bout du lit d’un air soulagé.

- (Pifeuil) Alors, mon gars, comment tu t’sens ?

- (Salamèche) Pifeuil, je pense vraiment que c’est moi, le responsable de ce désastre… !

Beugla-t-il les larmes aux yeux.

- (Pifeuil) Un désastre… ?

- (Salamèche) J’ai blessé tout le monde ! Je ne sais pas comment je l’ai fait, mais c’était dangereux et irresponsable ! Ces brûlures que je ressentais depuis des jours, tout est lié et… ça me terrifie ! Si je fais tout exploser à chaque fois que je pète un câble… je suis maudit !

- (Pifeuil) Hé, mon grand…

Chuchota l’adulte, en tapotant chaleureusement les épaules de son petit.

- (Pifeuil) Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une malédiction. Un jour viendra où ton pouvoir sauvera bien plus de vies que tu ne puisses l’imaginer. Tu dois juste apprendre à le maîtriser et tout ira pour le mieux, d’accord ?

Toujours en larmes, Salamèche hocha simplement la tête et Pifeuil l’enlaça de nouveau.

L’heure d’après, le soleil se couchait alors que les enfants du village sortaient tout juste de l’école. Pikachu était le premier à déguerpir, s’étirant tout en baillant à gorge déployée. C’est alors qu’il sursauta.

- (Pikachu) Salamèche ?!

Exclama-t-il, en approchant son ami qui semblait attendre depuis un moment devant l’établissement. Il se tenait à une béquille, tout juste apte à marcher. Pikachu le dévisagea d’un air effrayé, il ne trouvait pas les mots.

- (Salamèche) Je… je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu…

Commença alors le blessé. En guise de réponse, Pikachu lui bondit dans les bras.

- (Pikachu) Espèce… d’imbécile !

Puis, il lui cogna l’épaule.

- (Salamèche) Aïe… !

- (Pikachu) T’aurais pu te faire tuer !

- (Salamèche) Je sais, je sais, je… je n’ai pas d’excuses…

- (Pikachu) T’as intérêt à m’raconter tout c’qui s’est passé !

- (Salamèche) Non, je n’y tiens pas vraiment…

Marmonna-t-il, en avançant vers l’école. Pikachu le regarda partir, l’air perplexe.

- (Pikachu) Comment ça, non… ?

Il traversa le couloir en direction de sa salle de classe, croisant le chemin de Germignon, inquiète, de Carapuce, indifférent, ainsi que d’Arcko, moqueur à son encontre. Canarticho fermait tout juste la porte de la classe, lorsque son élève absentéiste se présenta à lui.

- (Salamèche) Monsieur Canarticho…

- (Canarticho) Oh ! Tiens tiens tiens, mais regardez qui v… !

Il s’interrompit à l’instant où son regard se posa sur lui.

- (Canarticho) Oh bon sang, alors c’était vrai ! Est-ce que tout va bien… ?

- (Salamèche) O… oui, je n’ai aucune blessure grave.

- (Canarticho) Hm, tant mieux. Tu as la chance d’être un Pokémon lézard, tes capacités régénératrices doivent être impressionnantes.

- (Salamèche) Certes, mais j’ai repris connaissance tout à l’heure. Je… je n’ai pas pu répondre présent au contrôle d’aujourd’hui…

- (Canarticho) Oui, et alors ?

Salamèche haussa les sourcils.

- (Canarticho) J’ai cru comprendre que ce fiasco aurait pu être évité. Tu as fait le choix d’enfreindre une énième fois le règlement du village, qui plus est la veille d’un examen. Je suis désolé, mais je ne prévoirai aucun rattrapage pour toi.

- (Salamèche) Mais… !

- (Canarticho) Tes actes ont des conséquences, Salamèche. J’espère que tu feras le bon choix, la prochaine fois.

Clama-t-il en partant sans se retourner. Salamèche resta seul un instant, le regard perdu.

- (Salamèche) Alors quoi, j’aurai dû ignorer Taupiqueur… ?

Finalement, il rentra chez lui.

La lune se levait, alors que Pifeuil chantonnait tout en cuisinant des baies grillées à la poêle. Salamèche lisait ses cours sur son lit, lorsque quelqu’un toqua à leur porte. Quel fut l’état de leur surprise, lorsqu’ils ouvrirent à Rapasdepic.

- (Pifeuil) Madame la maire ! Quel… bon vent vous amène ? Ah ah…

- (Rapasdepic) Pifeuil. Je n’ai guère de temps à perdre avec vous. J’imagine que vous êtes au courant des agissements de votre fils ?

Demanda-t-elle en dévisageant d’un regard sec le jeune secouriste, à l’autre bout de la pièce.

- (Rapasdepic) Il me semblait avoir été claire, je ne voulais plus entendre parler de vous.

- (Pifeuil) Ah ouais ? Même en bien… ?

- (Rapasdepic) En bien ? Votre enfant a mis des vies en danger, en plus de vandaliser un territoire sauvage et forcé tous les secouristes du village à rattraper ses erreurs. Si Airmure avait des complices, c’est le village entier qui aurait pu être pris en otage.

- (Pifeuil) Boudiou, les pauvres secouristes ! Ça a du leur faire les gambettes, de quitter l’village pour la première fois du mois !

- (Rapasdepic) Vous vous croyez en position de provoquer ?

S’irrita-t-elle en s’imposant dans la maison. Sa prestance intimida tant Salamèche qu’il recula jusqu’à se coller au mur.

- (Pifeuil) Hé, ce n’est pas chez vous ici !

- (Rapasdepic) Ce village est à moi ! C’est vous, qui n’êtes pas à votre place ! Moi qui attendais la moindre occasion pour vous déloger en toute légalité…

- Un instant !

Intervint une voix que Salamèche connaissait. Une, ou trois voix, qui parlaient en même temps comme si elles ne formaient qu’une seule et même pensée. Les regards se tournèrent vers le jardin, dans lequel quatre Pokémon avançaient en direction de la maire.

- (Triopikeur) Nous ne pouvons pas vous laisser dire que cet enfant a mis des vies en danger.

Commença le père Triopikeur, couvert de bandages.

- (Triopikeur) S’il n’avait pas été là, nous serions toujours l’otage d’Airmure.

À ses côtés se tenait le jeune mineur, au crâne également enroulé de bandages.

- (Rototaupe) Moi, il m’a motivé à aller au Mont Acier, ok, mais j’avais vraiment envie de le faire fuir, ce monstre ! Sauf que je ne faisais pas le poids. S’il n’avait pas été là, il m’aurait sans doute tué…

L’autre enfant s’imposa en bousculant tous les autres, l’air enragé.

- (Taupiqueur) C’est culoté de lui reprocher d’agir anormalement ! Peut-être que si les secouristes du village faisaient correctement leur travail, il n’aurait pas eu à prendre autant de risques !

- (Rapasdepic) Je vous demande pardon… ? Pour qui vous prenez-vous ?!

- Pour le chef des Mines Minotaupe.

Intervint le dernier arrivant, le père de Rototaupe. La même carrure que son fils, si ce n’est son regard nettement plus froncé, son museau plus allongé, sa bedaine et ses muscles très imposants ainsi que ses griffes, non, ses lames d’acier qui servaient de griffes.

- (Minotaupe) N’êtes-vous pas notre première cliente, madame la maire ? Maintenant que le Mont Acier n’est plus sous la domination de ce misérable hors-la-loi, vous devriez vous réjouir de la reprise de nos excursions. Moi qui comptais sceller à jamais l’accès à ce donjon, je dois une fière chandelle à ce brave secouriste, si l’on peut l’appeler ainsi. Autrement dit, il vient de grandement aider Bourg-Tranquille et ses habitants.

Rapasdepic crispa les dents.

- (Minotaupe) Les déloger en toute légalité, vous disiez ?

- (Rapasdepic) Vous jouez à un jeu dangereux, vous tous…

Elle se tourna une dernière fois vers Salamèche et Pifeuil.

- (Rapasdepic) Je n’en ai pas terminé avec vous, étrangers !

Avant de déguerpir d’un battement d’aile si féroce qu’il renversa les meubles du salon. Salamèche pouvait enfin reprendre son souffle, tandis que les deux autres enfants l’approchèrent, le sourire aux lèvres.

- (Taupiqueur) Hé ! Merci beaucoup, pour m’avoir aidé jusqu’au bout !

- (Rototaupe) Ouais, merci énormément ! Je m’suis fait enguirlander par papa, mais… ça valait l’coup, ah ah !

- (Salamèche) Pas… pas de soucis, les gars. En fait… merci à vous aussi. J’ai failli tout ruiner, j’ai failli…

- (Triopikeur) Hé, petit…

Approcha le père de Taupiqueur, l’air soulagé.

- (Triopikeur) Arrête de t’en vouloir, tu as agi en héros.

- (Salamèche) … Airmure ne vous a pas blessé, je me trompe ? Ces bandages…

- (Triopikeur) Oui, ils couvrent des brûlures.

- (Salamèche) Bon sang…

- (Triopikeur) Hé, qu’est-ce que nous venons de te dire ?! C’était un sacrifice nécessaire, sans quoi aucun d’entre nous ne serions là, à en rire un bon coup ! Tu as été notre héros, alors sois fier !

- (Salamèche) C’est… gentil à vous, merci. Merci beaucoup…

Marmonna-t-il le regard baissé. Pifeuil vint lui tapoter le dos.

- (Pifeuil) Ouaip, merci bien d’être passé lui clouer l’bec, à notre maire détestée ! Difficile d’faire comprendre à mon petiot qu’il a bien agi, quand tout le monde lui reproche d’avoir risqué sa vie pour en sauver une autre.

- (Minotaupe) Ne m’en parlez pas ! Éduquer un môme seul, c’est infernal.

- (Triopikeur) Surtout des têtes brûlées comme les nôtres, ah ah !

Finalement, les trois pères et les trois fils passèrent une partie de la soirée ensemble. Salamèche se coucha avec moins de regrets qu’il ne l’imagina. Maintenant, il devait apprendre à contrôler ce dangereux pouvoir, même s’il ne ressentait plus le moindre picotement.

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