Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 7 : Halloween

6218 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/01/2021 20:28

     Les vacances d’Halloween ! Voilà un repos bien mérité, pour les élèves de l’école de Bourg-Tranquille. Cela faisait une semaine, que Salamèche dormait jusqu’au lever du soleil. Il profita du reste de ses journées pour explorer avec Pikachu, se permettant d’entreprendre des missions plus longues et épuisantes. Ceci-dit, rien d’aussi dangereux que l’autre fois, à la Grotte Éclair. Ils ne se sentaient pas encore prêts à affronter un hors-la-loi seuls.

M’enfin ! Ils n’en avaient pas besoin, pour cumuler tout un tas de points au nom de la Dream Team. Déjà une vingtaine, soit un cinquième de ce qui leur était demandé, pour postuler à la Guilde d’Exploration.

Le matin du dernier jour d’Octobre, le jeune amnésique se réveilla face à une grande citrouille au regard terrifiant.

- (Salamèche) Wow… !

Sursauta-t-il dans son lit.

- (Pifeuil) Ah ah ah ! J’le savais !

S’esclaffa Pifeuil, en entrant dans sa chambre pour récupérer sa sculpture.

- (Pifeuil) Si elle t’a fait peur, c’est qu’elle est éligible au grand concours des citrouilles du village !

- (Salamèche) Bonjour, Pifeuil…

Bailla-t-il en s’étirant.

- (Salamèche) Vous avez toutes vos chances, oui…

- (Pifeuil) Merci, ah ah ! J’adore le sculptage, j’m’éclatais avec ça quand j’étais môme !

Racontait-il en rangeant son bien dans un grand sac.

- (Salamèche) C’est vrai ? Je ne savais pas, en fait… je ne sais pas vraiment ce que vous aimez.

- (Pifeuil) Oh, je n’suis pas compliqué, tu sais. Nous n’avions pas grand-chose, à mon époque.

- (Salamèche) Que faisiez vos parents ?

- (Pifeuil) Tu m’crois, si j’te dis qu’mon père était explorateur ?

Il en imposa le silence. Salamèche sortit de son lit, l’air bluffé.

- (Salamèche) J’hallucine… ! C’est génial, vous auriez pu me le dire plutôt !

- (Pifeuil) T’es fou, je n’voulais pas te décourager !

- (Salamèche) Pourquoi je l’aurai été ?

- (Pifeuil) C’était un lâche. Un père absent qui fuyait sa famille, quand il avait le courage de ne pas fuir ses responsabilités de héros.

- (Salamèche) Ah…

Et il en imposa un nouveau, cette fois un peu plus gênant.

- (Salamèche) Et… euh… votre mère, du coup ?

- (Pifeuil) Décédée peu après ma naissance.

Ok, ce troisième silence enterra définitivement l’ambiance.

- (Salamèche) Je suis désolé, Pifeuil…

- (Pifeuil) Pourquoi ? J’suis passé à autre chose, boudiou, alors te tracasse pas avec ça !

Assura-t-il en posant ses pattes sur les épaules de son petit.

- (Pifeuil) La vraie famille, c’est celle qu’on construit !

Et finalement, Salamèche lui sourit.

- (Pifeuil) Bon allez, ma citrouille ne va pas concourir toute seule ! J’vais sur la place du village, tu m’accompagnes ?

- (Salamèche) Je dois retrouver Pikachu là-bas, de toute façon.

- (Pifeuil) Alors habille-toi, mon p’tit gars ! Aujourd’hui est un grand jour !


Chapitre 7 – Halloween


Le soleil illuminait la place du village. Pourtant, tout le monde était chaudement couvert. Comme d’habitude, quelques villageois discutaillaient de leur quotidien coloré. Ce jour-là, c’est sur le dos de Canarticho que l’on tapota.

- (Lombre) Alors mon gars, on veille à l’école, ce soir ?

- (Canarticho) Ça va pas, la tête ? Je refuse de revivre cette expérience !

- (Lombre) Comment ça ? Vous n’deviez pas y retourner avec des secouristes ?

- (Canarticho) Aucun d’entre eux ne semblent vouloir passer la nuit d’Halloween à travailler, tant pis ! Je rangerai l’établissement demain…

- (Lombre) Quel aveux d’échec…

- (Canarticho) Oh, ça va !

- (Hippodocus) Mais quelle bande de fainéants, ces secouristes, quand on y pense !

S’imposa le villageois à l’épaisse mâchoire.

- (Hippodocus) Quand prendront-ils la peine d’aider Bourg-Tranquille, ces soi-disant héros ?!

- (Canarticho) Ne soyez pas si rude, Hippodocus. On ne peut pas reprocher à qui que ce soit de ne pas travailler lors d’une fête.

- (Hippodocus) C’est vous, qui êtes trop gentil ! La maire a raison, il faut les sanctionner !

De l’autre côté de la place, Pifeuil remplissait un sac de différents légumes frais en rigolant avec le marchand. Salamèche zyeutait son professeur d’un air un peu perdu. Il se tourna et chuchota à Pifeuil.

- (Salamèche) Dites, qu’est-ce qui se passe à l’école, le soir d’Halloween ?

- (Pifeuil) Hm ? Oh, il semblerait qu’un p’tit malin ait pris la désagréable tradition d’la saccager l’soir du dernier jour d’Octobre, rien d’bien méchant.

- (Salamèche) Hein… ? Quelqu’un du village ?

- (Pifeuil) Non, je n’pense pas. Les mômes du village ont d’l’énergie à r’vendre, mais pas d’la mauvaise, ça non !

- (Salamèche) Donc il s’agirait d’un… d’un hors-la-loi… ?

- (Pifeuil) Dans les faits, oui, après faut pas paniquer non plus. T’sais, y a pas vraiment de mauvais Pokémon. Personne n’est excusé, mais tout l’monde a une raison, toujours.

Salamèche hocha la tête, l’air perplexe.

Il retrouva Pikachu peu après et fonça, comme à leur habitude, au tableau d’affichage de la poste Bekipan. Une fois les coordonnées d’une mission de récolte annotées, c’est sur la colline au grand arbre qu’ils partirent se préparer. Après tout, cet endroit était en quelque sorte devenue la base de la Dream Team.

Pourtant, ce jour-là, ce n’est pas le calme apaisant du lieu qui les attendit.

- (Chenipan) Oh, vous êtes venus aussi !

Exclama le petit Chenipan, attirant l’attention de tous les autres enfants qui s’étaient réunis sur la colline du village.

- (Arcko) Qui les a invités, sérieux ?

- (Rattata) Tant mieux, non ? Plus on est nombreux, plus on s’amusera !

- (Riolu) Sans doute…

Soupira le jeune homme à la fourrure bleue, en détournant le regard. En fait, toute la classe était là. Les deux rejetés s’échangèrent un regard quelque peu gêné.

- (Pikachu) Qu’est-ce que vous faites ici ?

- (Chenipan) On prépare Halloween, voyons ! Arcko nous a proposé d’infiltrer l’école, ce soir !

- (Salamèche) Quoi… ?

Sursauta le jeune amnésique. Arcko le dévisagea, un sourire narquois aux lèvres.

- (Arcko) Tiens, en voilà un autre qui a les frousses !

- (Salamèche) Vous n’avez pas entendu la rumeur ? Quelqu’un saccagerait l’école !

- (Arcko) Et c’est pour ça qu’on y va, abruti ! C’est l’occasion de prouver aux adultes qu’on vaut mieux qu’eux !

- (Carapuce) … C’est ridicule.

Marmonna le garçon à la carapace, adossé contre l’arbre les bras croisés.

- (Carapuce) Ne m’dérangez plus pour un truc aussi stupide.

Il s’en alla dans un silence qui cassa un peu l’ambiance.

- (Arcko) Vous avez tous les frousses, finalement !

- (Riolu) Moi, je t’accompagne.

- (Chenipan) Ouais, moi aussi, moi aussi !

- (Rattata) Pareil, j’veux savoir qui saccage l’école, moi !

- (Arcko) Parfait ! Rendez-vous ici à vingt-trois heure, dans ce cas !

Chacun rentra chez lui, et la Dream Team eut le champ libre pour se préparer. Ses deux membres discutèrent de leur initiative durant toute leur mission.

- (Pikachu) Ça va aller, je pense.

Exprima Pikachu, pendant qu’il cueillait des baies.

- (Pikachu) Y a jamais rien eu de vraiment dangereux, à Bourg-Tranquille. Au pire des cas, ils se font cramer et punir pour leur bêtise.

- (Salamèche) Pikachu, le saccageur est probablement un hors-la-loi !

Rétorqua son ami avec plus d’entrain, pendant qu’il nourrissait un groupe de sauvages affamés.

- (Salamèche) Rappelle-toi d’Abo. Et s’ils tombaient sur quelqu’un d’aussi dangereux ?

- (Pikachu) Ils fuiront, Salamèche. Ce que je veux dire, c’est que tu n’arriveras jamais à les convaincre de ne pas le faire.

- (Salamèche) Et si on les dénonce aux adultes ?

- (Pikachu) Hm… j’ai pas envie d’avoir des problèmes.

- (Salamèche) Bon, et si JE les dénonce ?

- (Pikachu) Mec, on est dans le même sac. On me le reprochera aussi, tu le sais.

Finalement, Salamèche soupira. Il baissa les épaules, que son ami vint tapoter.

- (Pikachu) T’inquiète, je suis sûr que ça ira. Ne nous mêlons pas à cette histoire, ça nous évitera les ennuis.

- (Salamèche) Si tu le dis…

Ils retournèrent au village, validèrent leur mission accomplie à la poste puis rentrèrent se reposer jusqu’au lever de la lune.

Salamèche dîna avec Pifeuil, qui lui raconta sa rude journée à essayer de convaincre les autres habitants de voter pour sa citrouille. Les votes ouvraient le lendemain et le jeune amnésique comptait bien soutenir le bonhomme vert.

Vingt-deux heure passé, Pifeuil s’endormait dans le salon. Mais dans sa chambre, Salamèche tournait en rond. La situation dans laquelle se mettaient les autres élèves le tracassait. Comment les protéger sans mettre en danger Pikachu ? Il n’avait plus beaucoup de temps pour y réfléchir, alors il fit un choix qui – il le savait – se retournerait probablement contre lui. Peu importe, car en se joignant à eux, il garderait un œil avisé sur ses camarades de classe.

Il quitta donc la maison en se faufilant par la fenêtre, puis gagna dans le silence le plus total la colline au grand arbre.

- (Chenipan) Oh ! Tu es venu, finalement !

S’enjailla le jeune Chenipan. Il était bien le seul, personne d’autre ne lui prêtait la moindre attention. Ni Arcko, chef du groupe qui racontait comment ils allaient entrer dans l’école, ni Riolu qui semblait l’accompagner partout, ni Germignon qui… répondait surprenamment présente. La meilleure élève de la classe, toujours calme et raisonnée, assise au premier rang et seule écolière à ne pas se moquer des membres de la Dream Team. Que faisait-elle ici ?

Sur le trajet, elle marchait un peu à l’écart des autres. Alors Salamèche l’approcha, l’air inquiet.

- (Salamèche) Salut, euh… est-ce que tout va bien ?

Mais elle le dévisagea d’un regard assassin.

- (Germignon) Qu’est-ce que tu veux ?

- (Salamèche) Rien, je… je suis juste surpris que tu fasses partie du groupe.

- (Germignon) Pourquoi ? Parce que je suis une fille ?

- (Salamèche) Non, pas du tout…

- (Germignon) Fais gaffe à ce que tu vas dire, Salamèche. Je suis un peu à cran, en ce moment.

- (Salamèche) Alors pourquoi es-tu ici ?

- (Germignon) Ça ne te regarde pas.

Le jeune amnésique soupira.

- (Germignon) Quoi ?

- (Salamèche) Vous avez décidé d’être tous insupportable, c’est ça ?

- (Germignon) C’est toi, qui es venu me parler. Ah, et je ne pense pas avoir de remarque à me prendre de la part d’un voyou !

- (Salamèche) Un voyou ?

- (Germignon) Ça t’amuse, de désobéir aux règles du village ? Les enfants n’ont pas le droit de le quitter, espèce de médiocre secouriste !

Salamèche écarquilla les yeux.

- (Salamèche) Tu… tu es au courant ?

- (Germignon) Vous vous pensiez discrets, à en discuter pendant les récréations ? Personne ne vous calcule, mais moi, j’entends tout. Tu n’as pas honte de faire subir ça à monsieur Pifeuil ?

- (Salamèche) Pifeuil m’encourage à devenir explorateur.

- (Germignon) Vraiment ? C’est encore pire que ce que je pensais. Quand madame Rapasdepic l’apprendra…

- (Salamèche) Quoi… ? Non… !

- (Germignon) Qu’est-ce qu’il y a, tu as peur ? Ça veut dire que tu agissais en sachant pertinemment que tu étais en tort.

- (Salamèche) Et toi, alors ? Comment crois-tu que tes parents réagiront, quand ils apprendront que tu as fugué de chez toi pour t’infiltrer dans l’école le soir d’Halloween ?

- (Germignon) Ce n’est pas moi qu’ils engueuleront. Si je fais quelque-chose de mal, c’est que j’ai dû être mal influencée, pas vrai ?

- (Salamèche) Quoi… ? N’importe quoi !

- (Arcko) On est arrivé !

Exclama le chef du groupe, face à leur grande école silencieuse. Il sortit une épingle de sa poche et crocheta la porte d’entrée.

- (Rattata) Wow, t’es trop fort !!

- (Chenipan) Tu pourras m’apprendre, un jour ?!

- (Arcko) Tu rigoles ? T’as même pas de bras, espèce de larve !

- (Rattata) Ah ah ah ! C’est bien vrai, ça !

- (Chenipan) Mais…

- (Arcko) Allez, on entre ! Je meurs d’envie de savoir qui saccage l’école !

Ils s’exécutèrent, empruntant le couloir principal jusqu’à leur salle de classe. Immédiatement, les enfants s’amusèrent de la situation : ils sautèrent sur les tables, gribouillèrent au tableau et imitèrent leur professeur avec une règle en guise de poireau.

- (Rattata) « Bah alors, Salamèche, on arrive en retard ? » Ah ah ah !

- (Chenipan) Tu le fais bien, ah ah !

- (Salamèche) Non, tu es ridicule.

Intervint le jeune amnésique, en effaçant les gribouilles sur le tableau.

- (Rattata) Oh, t’es qu’un rabat-joie !

- (Salamèche) Je ne comprends pas. Êtes-vous venus pour débusquer le saccageur ou pour le remplacer ?

- (Rattata) Ça va, on ne fait que s’amuser un peu !

- (Arcko) Les gens comme toi sont tellement ennuyeux, sérieux…

Marmonna le garçon vert. Salamèche fronça les sourcils.

- (Germignon) Riolu, qu’est-ce qu’on sait de ce saccageur ?

Demanda au même moment la jeune fille à son camarade, assis à une table en train de feuilleter un livre.

- (Riolu) Il agirait vers minuit, selon les précédentes expériences de monsieur Canarticho. Si je me souviens bien, il parlait d’une ombre gigantesque qui lui jouait des tours. Je me suis renseigné ce matin, il est plus que probable qu’il s’agisse…

Il leur montra son livre à la bonne page.

- (Riolu) D’un fantôme !

Une page imageant une figure terrifiante, griffue, aux yeux froncés et entièrement obscurcie par les ténèbres.

- (Chenipan) Un… un fantôme ?!

- (Rattata) Sérieux ?! Vous auriez pu nous le dire plutôt… !

Tremblaient les deux bambins.

- (Arcko) Quoi ? On a les frousses ?

- (Rattata) N… non ! J’ai pas peur, moi !

- (Arcko) Alors on va le traquer, ce fantôme ! Ne lui laissons aucune chance de s’échapper et séparons-nous !

- (Chenipan) Quoi, tu veux qu’on se sépare ?!

- (Arcko) Bah ouais, comme ça il n’aura nulle part où se cacher ! Riolu et moi, on va inspecter le couloir. Rattata et toi, allez voir l’infirmerie. Germignon, ça te dirait d’aller fouiller le bureau de la directrice ?

- (Germignon) Ça me va.

- (Arcko) Bon, et toi…

Commença-t-il en dévisageant Salamèche.

- (Arcko) Vu que tu ne sais pas t’amuser, tu devrais rester ici.

Cette fois, le jeune amnésique serra les poings. Mais Arcko reprit la parole avant qu’il n’en place une.

- (Arcko) Allez, on y a !

Et les élèves se séparèrent aux quatre coins de l’école.

Salamèche s’installa à son bureau, croisa les bras et attendit simplement. Une dizaine de minutes s’écoula, il commençait à regretter d’être venu. Ses camarades de classe méritaient-ils vraiment protection ? Riolu l’avait méprisé à la bibliothèque, Germignon sur le trajet et Arcko semblait naturellement désagréable. Ce groupe d’amis, il n’en faisait clairement pas partie.

- AAAH !!!

Hurlèrent soudain Chenipan et Rattata. Salamèche bondit de sa chaise et fonça à leur secours. Plus il approchait et plus il entendait des rires, ceux d’Arcko. Débarquant dans l’infirmerie, il trouva les deux enfants à terre, aussi apeurés qu’essoufflés. Arcko riait à gorge déployée, se tenant le ventre tant l’état de ses deux camarades l’amusait. À ses côtés, Riolu souriait simplement.

- (Arcko) J’hallucine, vous êtes trop bêtes ! Ah ah ah !

- (Chenipan) Mais qu’est-ce qui t’a pris ?! J’ai failli faire une crise cardiaque !

- (Arcko) Sans blague ! T’es qu’une flippette, en fin de compte !

Germignon débarqua à son tour, bousculant Salamèche pour s’imposer au centre de la pièce.

- (Germignon) Alors ?!

Quelle fut sa surprise, quand elle n’aperçut personne d’autre que ses camarades de classe.

- (Germignon) Le fantôme… ? Où est le fantôme ?

- (Arcko) Hein… ? Tu l’as toujours pas ? Y a PAS de fantôme !

Continuait de rire le garçon vert, avant de pointer la chenille et le rat du doigt.

- (Arcko) Par contre, on a eu droit à des froussards sur pattes ! Regardez-ça, ils se sont pissés dessus, ah ah !

- (Rattata) Arrête, c’est pas drôle !

- (Arcko) Moi, je trouve ça hilarant ! J’ai tellement de nouveaux surnoms qui me viennent en tête, c’est dingue !

- (Germignon) Ok, d’accord, c’est marrant cinq minutes. On peut se reconcentrer, s’il vous plaît ?

- (Riolu) Germignon, je ne pense pas que qui que ce soit viendra, ce soir.

- (Germignon) Quoi… ?

- (Arcko) T’y croyais vraiment ? Cette histoire d’école saccagée, c’est du grand n’importe quoi ! Les adultes voulaient juste nous faire peur, tout ça n’a jamais existé ! C’est fou comme vous êtes tous naïfs !

- (Germignon) V… vraiment… ?

Marmonna la jeune fille, en baissant honteusement la tête.

- (Germignon) Je… je me suis inquiétée pour rien… ?

- (Arcko) T’es aussi bête qu’eux, faut croire !

Salamèche crispa les dents. Il s’était trompé. Ce n’était pas un groupe d’amis, mais juste des enfants un peu perdu, qui se tournaient autour par simple dépit. Eux aussi, étaient seuls.

Il s’avança jusqu’à Chenipan et Rattata, à qu’il tendit une main.

- (Salamèche) Debout, vous deux.

- (Rattata) Merci…

- (Arcko) Oh, c’est vrai qu’il est là, le rabat-joie ! Dis, t’as eu les frousses, toi aussi ?

- (Salamèche) On va passer aux toilettes avant de rentrer, d’accord ?

Dit-il, toujours aux deux enfants moqués. Ils hochèrent la tête, tandis qu’Arcko se sentit ignoré.

- (Arcko) Hé, j’te parle !

Salamèche se retourna, l’air ennuyé.

- (Salamèche) Qu’est-ce que tu fais encore là ? T’as fait ta blague, maintenant va-t’en.

- (Arcko) Hein… ? Tu m’donnes un ordre, là ?

Demanda-t-il sur un ton tout de suite plus menaçant. Il approcha les poings serrés, tandis que Salamèche se redressa pour lui faire face. Mais Germignon s’interposa soudainement. Tout le monde écarquilla les yeux.

- (Germignon) Arrête.

Clama-t-elle à Arcko. Ce dernier rigola de nouveau.

- (Arcko) Qu’est-ce qui te prend, toi ? Retourne à ta place, sous le bureau du prof !

La jeune fille recula d’un pas, l’air choqué. Mais ce sont à ses côtés, que Rattata et Chenipan se dressèrent.

- (Chenipan) Tais-toi, espèce de monstre !

- (Rattata) Tout le monde en a marre de toi !!

- (Arcko) Vous m’voulez quoi, les minables ?

Rigola-t-il, cette fois avec un peu plus de nervosité. Enfin, Riolu posa une patte sur son épaule.

- (Riolu) Allons-y, Arcko…

Lui marmonna-t-il, l’air navré. Le garçon vert grogna, puis se retourna et quitta les lieux avec son ami, les mains dans les poches. Le silence revint et Germignon baissa la tête en soupirant tristement.

- (Salamèche) Est-ce que ça va ?

- (Germignon) Oui, c’est bon, j’ai l’habitude.

- (Salamèche) Tu… tu veux qu’on en parle… ?

- (Rattata) Euh… ! Faut vraiment qu’on aille aux toilettes, pitié… !

Germignon hésita, puis sourit pour la première fois au jeune amnésique.

- (Germignon) Ne les faisons pas attendre.

Et Salamèche lui sourit en retour. Ils accompagnèrent donc les deux jeunes garçons jusqu’aux toilettes de l’école, dans lesquelles ils s’enfermèrent chacun dans un coin pour se débarbouiller. Face à l’entrée, dos contre le mur, Germignon s’essaya à la discussion.

- (Germignon) Je suis venue parce que je m’inquiétais pour monsieur Canarticho. On le retrouvait toujours avec le plumage hérissé, tremblant comme une feuille et incapable de nous donner correctement cours, à la rentrée de Novembre. J’espérais débusquer le saccageur et…

S’arrêta-t-elle, rougissant à l’idée d’autant se livrer.

- (Salamèche) Finalement, l’exploration t’intéresse aussi, hein ?

- (Germignon) N… non, pas vraiment.

- (Salamèche) Pourtant, tu es prête à aider les autres au péril de ta sécurité.

- (Germignon) Ce n’est pas comme ça que je décrirais les explorateurs… enfin les secouristes du coin. Ils sont tous lâches, on ne peut compter que sur soi-même.

- (Salamèche) Peut-être… ont-ils peur de ne pas être à la hauteur ?

- (Germignon) C’est leur travail, de protéger autrui.

- (Salamèche) Je sais, mais…

Il baissa à son tour la tête, repensant à l’une de ses pires craintes.

- (Salamèche) J’ai déjà été mis à mal par un hors-la-loi. Si nous n’avions pas reçu d’aide, Pikachu aurait été blessé par ma faute, par mon incompétence. Je souhaite vraiment devenir explorateur, mais ce genre d’événements…

Il se frotta les bras, l’air gêné. Germignon le regarda, les sourcils levés. Puis, elle ferma les yeux.

- (Germignon) Vous êtes des Pokémon aussi, après tout…

Soudain, Chenipan et Rattata hurlèrent. Encore, oui, à la différence que leurs voix s’effacèrent dès que Salamèche ouvrit la porte des toilettes. La lumière était éteinte et rien n’y faisait. Alors que Germignon l’observait depuis l’extérieur, lui s’enfonça dans la pénombre, proche d’un robinet qui continuait de couler.

- (Salamèche) Les garçons ?

Répéta-t-il en coupant l’eau. Le silence était total.

- (Salamèche) Vous me faites une mauvaise blague ?

Demanda-t-il en levant son regard vers le miroir. Dans toute cette pénombre, deux yeux rouges aux irises en fentes le fixaient. Il sursauta tout d’abord, puis se retourna vers le Pokémon… tout du moins de ce qu’il pensa. Il n’y avait plus rien.

- (Germignon) Qu’est-ce que tu vois ?!

- (Salamèche) Rien, je… je crois que j’hallucine…

Alors qu’il détourna le regard, la lueur rouge de ces yeux méconnus apparurent de nouveau. Cette fois, accompagnée d’un sourire en forme de fermeture éclair, l’air furieusement narquois.

- (Germignon) Salamèche, attention !!

Hurla la jeune fille, lorsqu’une gigantesque ombre en forme d’une main griffue agrippa la queue du garçon. Elle le tira en arrière, dans la pénombre totale.

- (Germignon) Salamèche !!

Ce dernier se cogna contre plusieurs murs étroits, forcé à traverser ce qui semblait être une bouche d’aération. Arrivé de l’autre côté, dans une petite pièce remplie d’étagères et de balais, la main griffue le jeta contre un mur sur lequel il s’appuya pour se relever.

- (Salamèche) Qui… ? Qui est-là ?!

- Tu as peur, n’est-ce pas ?

S’introduit une voix faussement grave avec un puissant écho.

- Mais c’est pour cela que tu es venu, pour me tenir compagnie !

Immédiatement, le jeune amnésique attrapa sa queue et s’en servit de torche pour éclairer les alentours.

- Ne cherche pas, je ne suis pas à ta portée.

- (Salamèche) Ce n’est pas toi que je cherche ! Où sont Chenipan et Rattata ?!

- Les deux froussards ? Je crois qu’ils se sont évanouis de peur, c’est dommage. M’enfin, tu es là pour les remplacer !

- (Salamèche) Qu’est-ce qui te prend, au juste ?! Pourquoi tu saccages l’école, pourquoi tu t’en prends à nous ?!

- Je n’ai encore rien saccagé. D’habitude, c’est un canard effrayé qui me divertit et faire tomber la moindre chaise hérisse son plumage trempé d’angoisse ! Mais bon, puisque vous êtes venus de votre propre initiative, j’imagine que je n’ai pas besoin d’en arriver là ! Alors, voyons voir…

Soudain, une force bouscula Salamèche dans le dos. Il s’écrasa au sol, mais se redressa en crispant les dents.

- (Salamèche) Où… où es-tu ?!

- Là.

Il se retourna au dernier moment, encaissant de plein fouet une gifle de cette grande main griffue. Elle faisait bien deux fois sa taille et l’envoya valser à l’autre bout du placard à balai. Il se releva, cette fois avec plus de difficulté.

- Encore conscient ?

- (Salamèche) Qu’est-ce que ça peut te faire… ?

- Eh bien… je suis capable de pénétrer le rêve d’autrui. Si tu n’es plus capable de me divertir, je m’assurerai que notre jeu continue dans ta tête.

- (Salamèche) T’as l’air puissant.

- Je le suis.

- (Salamèche) Pourquoi est-ce que tu perds ton temps ici ?

Il n’eut aucune réponse.

- (Salamèche) Hé ! Je te parle !!

Du grabuge se mouvementa à sa droite. Il se retourna tout juste à temps pour bloquer la grande main qui le bouscula à nouveau. Mais cette fois, il aperçut une traînée violette attirer ladite main dans la pénombre.

- (Salamèche) Tu te rends compte de ce que tu es en train de faire ?

Lui demanda-t-il en se relevant, toujours plus douloureusement.

- (Salamèche) Harceler une école, d’abord notre professeur et maintenant de pauvres enfants apeurés !

- Et que voudrais-tu que je fasse, des papouilles ?

La main griffue bondit de la pénombre pour le bousculer, encore et encore.

- À quoi t’attendais-tu, rencontrer une boule rose qui chante ?! Nous ne naissons pas tous avec la même chance, idiot !

- (Salamèche) Justement, tu devrais utiliser la tienne au profit des autres !

- Qu’est-ce que tu racontes ?!

La main l’agrippa et le plaqua au sol. Alors immobilisé, le jeune amnésique fixa le coin de la pièce pointé par la traînée violette.

- (Salamèche) Te rends-tu compte du nombre de gens que tu pourrais aider au quotidien, avec un pouvoir pareil ? Avec des mains comme celles-ci… j’aurai pu arrêter Abo sans impliquer Pikachu…

Le silence régna un court instant.

- Abo… ? Pikachu… ?

- (Salamèche) C’est… une longue histoire.

- Je… non. Non, je ne comprends pas ! Qu’est-ce que tu essaies de faire ? Tu veux me convaincre d’arrêter ce que je fais ? Tu veux rendre ma vie définitivement ennuyeuse ?!

Soudain, la main griffue se resserra autour de Salamèche. Il crispa le visage entier en se retenant de crier.

- Je ne veux pas arrêter ! Je me sens bien, à faire parler de moi !!

- (Salamèche) S’il te plaît… !

- Je ne veux plus t’entendre !!

- (Germignon) Ça suffit !!

Hurla bel et bien Germignon, debout face à la scène. Elle sortait tout juste de la bouche d’aération et tremblait comme une feuille.

- (Salamèche) Non… !

Souffla-t-il en la fixant, les yeux écarquillés.

- Qui es-tu… ?

- (Germignon) Ça… ça n’a pas d’importance. S’il te plaît, laisse-le tranquille.

- Pourquoi… ?

- (Germignon) Parce qu’il n’a rien fait de mal !

- Non, pas ça ! Pourquoi vous vous entraidez, d’où… d’où vous sortez, bon sang ?!

- (Germignon) Eh bien… je me sens redevable, c’est tout.

- (Salamèche) Redevable… ? C’est… c’est toi, qui m’a défendue d’Arcko.

- (Germignon) Ça ne vaut pas toutes les fois où je ne suis pas intervenue, Salamèche.

Le jeune amnésique la fixa, l’air perdu. Il en avait les larmes aux yeux.

- Et toi, le lézard, tu t’es mis en danger alors que tout ce que tu sais faire, c’est prendre des coups sans être capable de riposter ?

- (Salamèche) C’est un peu l’histoire de ma vie, depuis que je suis devenu secouriste.

- Pourquoi ?

- (Salamèche) Parce que c’est la bonne chose à faire, c’est tout.

Dit-il en tournant son regard vers lui. Il commençait à discerner une figure encore plus petite que la sienne.

- (Salamèche) J’ai… treize ans, et toi ?

- Moi… moi aussi.

Se sachant repéré, il s’avança finalement. Il ressemblait à une poupée. Son corps était fait d’un tissu noir, sur sa tête régnaient trois cornes et un long bout de tissu déchiré lui servait de chevelure. Il était couvert d’une cape encore plus noire. Ses yeux, rouges aux irises en fentes, laissaient transparaître de l’incertitude.

- Mon nom est Branette, j’habite à Bourg-Palissade.

- (Salamèche) Bourg-Palissade… ?

- (Branette) Oui, je sais, c’est à une trotte d’ici, dans le désert à l’Est. Mais je suis capable de décupler ma vitesse en me faufilant dans l’ombre. La nuit, le monde entier est mon terrain de jeu.

- (Salamèche) C’est… vraiment très impressionnant !

- (Germignon) Cette main est vraiment tienne ?

- (Branette) Hein… ? Oh, euh… désolé.

Soudain, la grande main griffue se dispersa dans la pénombre. La traînée violette se rangea dans la cape du bonhomme à la voix moins grave et dont l’écho s’était dissipé. Pendant que Germignon releva Salamèche, lui fixa simplement le sol.

- (Branette) Je vous présente toutes mes excuses, pour… euh… tout.

- (Germignon) Je… je ne sais pas quoi en penser.

- (Salamèche) Moi, je te pardonne !

Exclama-t-il tout de suite. Les deux autres le regardèrent d’un air surpris.

- (Salamèche) Elle a beau être griffue, cette main était plutôt douce.

- (Branette) Tu… tu trouves ?

- (Salamèche) Ouais, je suis sûr que tu pourrais aider et rassurer des tas de gens avec.

Le jeune Branette resta silencieux, l’air un peu perdu.

- (Salamèche) J’ai besoin de savoir où sont Chenipan et Rattata, s’il te plaît.

Leur ravisseur pointa une direction du doigt et Salamèche s’y dirigea sans crainte. Il ouvrit un placard et retrouva les deux jeunes garçons, tranquillement endormis l’un sur l’autre.

- (Branette) Ils n’ont aucune égratignure, je le promets.

- (Germignon) Il n’empêche que tu as mis nos vies en danger, les nôtres et celles de monsieur Canarticho.

- (Branette) Je sais, je voulais juste… me divertir. Ma mère et moi sommes les seuls spectres de Bourg-Palissade, les autres s’en prendraient à elle si j’osais leur faire des farces. Alors j’ai décidé de venir ici, chaque soir d’Halloween, pour attirer l’attention et m’amuser un peu. Je pensais que j’aimais bien voir les gens me craindre. Mais là… je me sens juste mal à l’aise.

- (Salamèche) Y a aucun problème, vraiment.

Intervint Salamèche, en revenant avec les deux petits dans ses bras.

- (Germignon) À t’entendre parler, on dirait que tu veux le laisser rentrer chez lui comme si de rien n’était.

- (Salamèche) C’est ce qu’on va faire, oui.

- (Branette) Vraiment… ?

- (Germignon) Salamèche, il doit assumer les conséquences de ses actes !

- (Salamèche) Il le fera à sa manière. En tout cas, je ne laisserai pas Rapasdepic martyriser une autre famille.

Germignon baissa la tête, l’air perplexe.

- (Branette) Salamèche, c’est ça ? Je… je ne sais pas quoi dire à part merci.

- (Salamèche) … Dis, t’es-tu déjà servi de ta main pour porter quelqu’un qui en avait besoin ?

- (Branette) Non, jamais.

- (Salamèche) C’est l’occasion d’essayer ! Tiens, aide-moi à les ramener chez eux !

Lui sourit-il, en lui tendant les deux garçons.

Le quart d’heure d’après, l’école était entièrement rangée et fermée. C’est dans un silence apaisant, que Germignon observa Salamèche et Branette travailler ensemble, pour escorter Rattata directement jusqu’à son lit, en faufilant la main… disons spectrale du saccageur à travers la fenêtre entrouverte de sa chambre. Il en fit de même avec Chenipan, reprenant ensuite un souffle presque paniqué.

- (Salamèche) Ça va aller ?

- (Branette) Oui, je… je n’avais jamais été aussi délicat avec mon pouvoir. J’avais peur de leur faire du mal, en les tenant.

- (Salamèche) Mais tout s’est bien passé.

- (Branette) Et c’était satisfaisant.

Lui sourit-il sincèrement. Germignon approcha.

- (Germignon) Allez, tu devrais rentrer chez toi.

- (Branette) Ça ne te dérange plus ?

- (Germignon) Non, je… je te pardonne aussi.

- (Branette) … Merci. Du fond du cœur, merci… euh…

- (Germignon) Germignon.

- (Branette) Germignon, c’est noté. Aurevoir, Salamèche et Germignon.

Et soudainement, Branette disparut dans la pénombre.

- (Salamèche) Wow, il est si rapide que ça… ?

- (Germignon) … Il aurait pu s’enfuir facilement et pourtant, il a attendu que je le pardonne. Il faut croire que tu avais raison, ce n’est pas une mauvaise personne…

- (Salamèche) Hm. Je me demande ce qui serait arrivé, si j’avais su négocier avec Abo.

- (Germignon) Tout le monde ne peut pas être raisonné, Salamèche.

- (Salamèche) Qui sait ? J’imagine qu’on n’excuse pas toujours, mais tout le monde a une raison.

- (Germignon) Peut-être bien. Bon… je vais rentrer, moi aussi. Je te dois beaucoup, pour cette soirée.

- (Salamèche) Moi aussi, Germignon. Si tu as besoin de quoique ce soit…

- (Germignon) Hm… essaie de ne plus arriver en retard en cours, ok ?

- (Salamèche) Ah ah ! Ok ok, je vais essayer.

- (Germignon) Et toi ? Tu voudrais que fasse quelque-chose, pour me faire pardonner ?

- (Salamèche) Eh bien… en ce qui concerne la Dream Team et ce que tu comptais révéler à Rapasdepic…

- (Germignon) N’en parlons plus, ma vision des explorateurs a changé.

- (Salamèche) Oh. Alors, euh… dis, t’as déjà voté, pour le concours des citrouilles du village ?

Et finalement, la soirée d’Halloween s’acheva sur une jolie promesse.

Le lendemain, c’est Pifeuil qui s’en exclama.

- (Pifeuil) Boudiou, j’ai gagné !!

Exclama-t-il en rentrant à la maison avec un joli trophée.

- (Salamèche) Félicitation, Pifeuil ! Vous avez géré !

- (Pifeuil) Sept votes, tu t’rends compte ?! Qui a bien pu voter pour un pauvre type comme moi ?

Son petit lui tapota le dos, l’air souriant. Et finalement, la petite famille passa une formidable journée.

Ainsi commença le mois de Novembre.

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