Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 4 : Celui qui changea la donne

4237 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/12/2020 13:20

Pifeuil bailla à s’en décrocher la mâchoire. Cela faisait deux semaines que lui et son protégé s’étaient intégrés à Bourg-Tranquille. D’habitude, il se levait en premier et quittait la maison avant même que Salamèche n’ouvre les yeux. Mais depuis quelques jours, c’est le petit garçon qui enfilait son sac-à-dos avant même que le bonhomme vert sorte du lit.

- (Pifeuil) P’tit gars… t’es déjà paré… ?

Lui demanda-t-il en se frottant les yeux.

- (Salamèche) J’ai tout ce qu’il me faut. À ce soir !

Lui répondit-il en le saluant et sortant, le sourire aux lèvres, pour une nouvelle journée.


Chapitre 4 – Celui qui changea la donne


Ce matin-là, en cette rafraichissante matinée du début du mois d’Octobre, le professeur Canarticho organisa des travaux de groupe. Évidemment, Salamèche et Pikachu s’associèrent. Malgré tout, le jeune arrivant zyeuta les autres équipes, cherchant chaque jour à toujours en savoir un peu plus sur son entourage.

Le garçon sage, bleu de fourrure et qui lisait constamment portait le nom de Riolu. Il semblait bien s’entendre avec le garçon vert, à la queue crochue et au regard dédaigneux. Lui se nommait Arcko. Deux opposés, qui pourtant n’avaient pas hésités un seul instant à travailler en équipe.

Les deux bambins, comme tout le monde les appelaient, se groupèrent également. Rattata et Chenipan de leur nom, plus jeunes que le reste de la classe et sans grandes personnalités, si ce n’est suivre le dicton des plus grands.

Enfin, les deux restants préféraient travailler seuls. La jeune fille au premier rang qui ressemblait à Pifeuil, du fait de sa peau verte et de la grande feuille qui lui servait de chevelure, s’appelait Germignon. L’autre était la tortue bleue, le garçon agressif qui se moqua ouvertement du nouvel arrivant, lors de son premier jour. Son nom était Carapuce. Ces deux-là préféraient travailler dans leur coin et le professeur n’y vit aucun problème.

Alors que chaque groupe avançait sur son projet, quelqu’un toqua à la porte de la classe. La directrice Flotoutan entra, l’air toujours aussi souriant. À sa vue, tous les élèves se levèrent pour l’accueillir.

- Bonjour, madame !

Exclamèrent-ils en harmonie.

- (Flotoutan) Bonjour, mes chers élèves ! Navrée de vous déranger, mais c’est à votre professeur que je suis venue parler.

- (Canarticho) Oh, vraiment… ?

- (Flotoutan) Oui, c’est à propos d’une affaire d’explorateur.

Les élèves s’en surprirent. Salamèche, de son côté, leva simplement un sourcil.

- (Canarticho) Oula… est-ce que c’est grave… ?

Marmonna-t-il en se grattant le plumage.

- Ne vous inquiétez pas, tout va bien !

Prononça une autre voix, que personne ici n’avait un jour entendue de si près. La directrice le laissa passer et une imposante figure entra dans la classe. Et encore, imposant est un euphémisme. Il mesurait deux mètres et accoutrait une combinaison moulant ses muscles, ainsi que des gants, bottes et une grande cape rouge. Son cou était entouré d’un foulard couleur or d’une beauté – et sans doute rareté – sans faille. Sa peau était jaune, ses yeux ronds d’un noir profond. Sur son front se tenait une luisante perle rouge qui reflétait le moindre rayon du soleil. Mais le plus impressionnant restait son sourire, aussi grand qu’amusant. D’ailleurs, son rire était communicatif.

- Je ne suis que de passage à Bourg-Tranquille, mais bon sang que ce village porte bien son nom, ah ah !

Rigolait-il les poings sur la taille, le museau levé vers les cieux. Salamèche cligna plusieurs fois des yeux, il n’avait jamais vu un Pokémon qui dégageait autant cette chose, ce sentiment sur lequel il n’arrivait pas à mettre la griffe dessus. Il tourna la tête vers Pikachu et l’aperçut trembler sur sa chaise.

- (Salamèche) Hé, ça va… ?

Il dévisagea le reste de la classe. Tout le monde était comme ça.

- (Canarticho) C’est… c’est un honneur de vous accueillir, numéro un… !

Tremblait également le professeur.

- Je vous en prie, appelez-moi Pharamp !

- (Salamèche) Pharamp…

- (Flotoutan) Ne lui faisons pas perdre de temps, Canarticho. Allons discuter dehors.

Les adultes quittèrent la pièce, laissant l’atmosphère redescendre en classe, loin de ce dénommé Pharamp.

- (Pikachu) J’y crois pas… C’est… C’est… ! INCROYABLE !!

Hurla Pikachu, les larmes aux yeux. Les autres aussi, reprirent leur souffle. La tortue bleue, elle, aborda carrément la fenêtre pour ne pas le perdre de vue.

- (Salamèche) Dis… c’était qui… ?

Murmura l’amnésique à son ami, en se doutant passer pour un idiot, s’il posait la question à qui que ce soit d’autre dans cette pièce.

- (Pikachu) Hein… ? Tu connais pas Pharamp ?!

Bon, c’est loupé, tout le monde le savait désormais.

- (Arcko) T’es sérieux, là ? Qui ne connait pas Pharamp ?!

- (Riolu) Il nous prend juste pour un idiot, ignore-le…

Pikachu les entendit, soupira puis baissa le ton de sa voix.

- (Pikachu) Désolé, euh… ouais, Pharamp, c’est pas n’importe qui. Ça fait méga longtemps qu’il est considéré comme le numéro un des explorateurs !

À nouveau, Salamèche leva un sourcil.

- (Salamèche) Explorateur… ?

Et à nouveau, Pikachu écarquilla les yeux.

- (Pikachu) … Bon, tu sais quoi, je t’expliquerai tout plus tard…

Le professeur rentra peu après en classe. Il était seul.

- (Canarticho) Bien, nous allons pouvoir reprendre…

- (Carapuce) Quoi, il s’est déjà barré ?!

S’offusqua la tortue agressive. Canarticho lui cogna le crâne d’un coup de poireau.

- (Canarticho) Il a autre chose à faire qu’être idolâtré par des sales mioches ! Allez, au boulot !

Et la journée reprit, comme si de rien n’était. Mais dès que la dernière cloche sonna, Carapuce bondit de sa chaise et quitta l’école. Le reste de la classe s’en alla un peu plus tranquillement et, comme d’habitude, Salamèche et Pikachu partirent en derniers. Sur le trajet, c’est l’enfant au pelage jaune qui déblatéra.

- (Pikachu) Un explorateur, c’est quelqu’un qui dédie sa vie au bien commun ! Il aide les civils, parcourt les territoires sauvages et combat les méchants ! Il y en a plein et de plus en plus, tout le monde sait qui ils sont parce que sans eux, qui sait à quoi notre monde ressemblerait ?

- (Salamèche) Ce sont… des héros ?

- (Pikachu) Exactement ! Et Pharamp, c’est le meilleur d’entre eux ! Il dégage des éclairs capables de vaincre n’importe qui en une fraction de seconde ! Faut trop que j’te montre les cassettes, à la maison, tu vas halluciner !

- (Salamèche) J’imagine. Il avait l’air cool…

- (Pikachu) Il l’est. C’est dommage qu’il vive loin d’ici…

- (Salamèche) Et à Bourg-Tranquille ? Est-ce qu’il y a des explorateurs ?

- (Pikachu) J’crois, enfin des secouristes, c’est à peu près la même chose. M’enfin ils se font plus discrets, ici, les gens ne les aiment pas.

- (Salamèche) Ah bon… ?

- (Pikachu) Ouaip… mes parents m’interdisent de faire ça plus tard, ils les trouvent trop violents, trop « sauvages » …

Soupira-t-il en prononçant ce dernier mot. Le voyant déprimer, Salamèche lui tapota le dos.

- (Salamèche) En parlant de sauvages, ça te dit de passer à la boulangerie de mon père, avant d’aller aux Petits Bois ?

Pikachu lui sourit, puis hocha la tête et détendit les épaules. Ainsi, les deux garçons arrivèrent sur la place du village. Mais l’allée Est, le droit chemin vers ladite boulangerie, se voyait bloquée par une foule d’habitants. Ils semblaient paniqués, alors les enfants approchèrent.

- (Pikachu) Yo, qu’est-ce qui s’passe ?

Personne ne lui répondit. La jeune Germignon, inquiète aux côtés des adultes, se tourna vers l’un d’entre eux.

- (Germignon) Monsieur Lombre, il faut faire quelque chose !

Ce monsieur vert et beige de peau, au grand chapeau nénuphar lui adressa un regard tout aussi inquiet.

- (Lombre) Navré, minette, mais on n’peut rien y faire ! C’est trop dangereux, de s’baguenauder hors du village !

- (Germignon) Raison de plus pour aller le chercher au plus vite ! Carapuce est en grand danger !

- (Salamèche) Carapuce… ?

- (Pikachu) Attends, attends attends attends… Carapuce a quitté le village ?!

- (Germignon) Oh, tais-toi, bon sang ! Évidemment qu’il a quitté le village, sinon pourquoi serions-nous tous réunis ici, à ton avis ?!

- (Lombre) Il est passé par-là à toute vitesse, et ce dès qu’on lui a indiqué la direction par laquelle le gars avec la cape est parti !

Raconta l’adulte, en pointant d’une griffe l’allée la plus petite des environs, la seule qui n’était pas entourée de panneaux et indications, la seule cachée par des arbres et l’absence de lumières. Pikachu écarquilla les yeux.

- (Pikachu) Il est allé dans les marécages… ? Il va pas bien, lui !

- (Salamèche) Le gars à la cape… ? C’est Pharamp, qu’il cherche ?

- (Pikachu) Il voulait sans doute lui demander un autographe, ou un truc du genre. Enfin de là à transgresser les règles…

- (Salamèche) Et… est-ce que les marécages sont dangereux… ?

- (Pikachu) Ouais, bien plus que les Petits Bois ! C’est pas si loin, mais même moi, je ne m’y tente pas.

À son tour, Salamèche écarquilla les yeux. Déjà que les Petits Bois lui faisaient peur, imaginer un territoire sauvage encore plus dangereux le terrifia. Bien qu’il n’appréciait pas Carapuce, il ne lui souhaitait au grand jamais de se confronter seul aux trois créatures qui l’avaient agressés à son réveil. Il ne souhaitait cela à personne, encore moins à un enfant qui voulait juste revoir son idole. Après tout, Pharamp semblait unique. Vraiment unique.

- (Germignon) Monsieur Lombre, s’il vous plaît !

Insista l’élève sérieuse.

- (Lombre) Aïe aïe aïe, pas moyen que j’aille là-bas, moi ! D’mandez aux secouristes, ils vous l’ramèneront en quelques minutes !

- (Germignon) Mais ils ne sont jamais là, bon sang ! Vous savez très bien qu’on ne peut pas compter sur eux !

- (Lombre) Je sais, mais… j’ai la frousse, moi… !

- (Germignon) Donc quoi, personne n’y va ?! Et s’il se fait tuer ?!

« Tuer », voilà un mot que Salamèche n’avait jamais entendu. Pourtant, il lui procura de lourds frissons.

- (Salamèche) Non…

Marmonna-t-il en fixant l’allée sombre. Il serra peu à peu les poings. Il crispa peu à peu les dents. Il fronça peu à peu le regard.

- (Lombre) Il faut prévenir l’père Mégapagos ! C’est son mioche, après tout !

- (Germignon) Arrêtez de contourner le problème ! Il faut quelqu’un, n’importe qui, pour venir à son secours !

Salamèche n’hésita pas une seconde de plus. Il bondit hors de la foule et accourut le plus vite possible le long de l’allée. Tout le monde s’en effraya.

- (Lombre) Non, minot, reviens !

- (Pikachu) Salamèche, tu fais quoi ?!

- (Germignon) Qu’est-ce que… ?

Marmonna-t-elle, bouche bée. Mais le jeune amnésique ne s’arrêtait pas. Il s’enfonça dans la pénombre et disparut aux yeux d’une foule encore plus inquiète. L’atmosphère changea du tout au tout. Finit la fraîche brise et la verdure étincelante, place aux couleurs ternes, aux ruminements lointains des sauvages et à l’odeur putride.

Salamèche entra dans les marécages en beauté : il se prit la patte dans une branche et trébucha dans une flaque de boue, la tête la première. Il se redressa et toussa à répétition en s’essuyant le visage. Son accoutrement aussi, était tâché. Il arrêta de courir et avança d’un pas plus méfiant.

- (Salamèche) C… Carapuce… ?

Marmonna-t-il en espérant se faire entendre. Pendant bien cinq minutes, il traversa un chemin entouré d’arbres morts, de lianes encombrantes et de nénuphars moisis. Il était seul mais se sentait observé. Le lac derrière lui rumina alors, et il en sursauta. Le regard fixé sur le mouvement de l’eau, il recula jusqu’à cogner une épaisse carapace. Il sursauta de nouveau, cette fois parce qu’on le bouscula sans gêne.

- (Carapuce) Dégage !

Cria la tortue bleue, en éloignant ce qu’il pensait probablement être un sauvage. Puis il comprit. Il dévisagea le lézard enflammé d’un air tout d’abord surpris, puis fronça peu à peu les sourcils.

- (Carapuce) Toi… ? Qu’est-ce que tu fiches ici ?!

De son côté, Salamèche se redressa d’un soupir soulagé.

- (Salamèche) Tu n’as rien, je suis rassuré… !

- (Carapuce) Quoi… ? De quoi j’me mêle ? Va-t’en !

- (Salamèche) Non, pas sans toi ! Cet endroit est dangereux, on doit rentrer !

- (Carapuce) Ne m’dit pas c’que j’dois faire, le muet ! Nan, t’es pire qu’un muet, t’es un lèche-cul !

- (Salamèche) Un… lèche-cul… ?

- (Carapuce) Ouais ! Un pouilleux d’lèche-cul, ignorant au possible et incapable de rester à sa place !

- (Salamèche) Mais…

Marmonna-t-il, en baissant les yeux.

- (Salamèche) Je voulais juste t’aider…

- (Carapuce) Personne ne veut de ton aide !

Hurla-t-il en l’intimidant plus que quiconque.

Soudain, le lac qui jusqu’à lors ruminait, gronda si fort que les deux enfants y consacrèrent leur attention la plus inquiète. En son centre se levait une figure bleue, ronde et très imposante. L’eau coulait de ses épais bras et transperçait les fibres de ses gants blancs, noircis par la crasse des marécages. Sur son ventre se dessinait une spirale qui attirait le regard. Il sortit du lac et dévisagea les deux enfants d’un rire effronté.

- Parfait, je mourrais de faim !

Clama-t-il d’une rude voix.

- (Salamèche) Qui… qui êtes-vous ?!

- Mon nom est Tartard et je suis le maître des lieux !

- (Salamèche) Le… maître des lieux… ? Je… je suis désolé, je ne pensais pas que ce genre d’endroit appartenait à quelqu’un… !

- (Tartard) Oh que si, mon grand, mais ne t’excuse pas ! Tu ne pouvais pas mieux tomber, ah ah ah… !

Ricana-t-il en se frottant les pattes. Salamèche recula, mais pas Carapuce.

- (Carapuce) Mon œil ! T’es qu’un hors-la-loi qui se réfugie dans les marécages pour fuir les explorateurs !

Osa-t-il d’un ton encore plus effronté. Le terrifiant Tartard écarquilla les yeux. Salamèche, lui, avait déjà les larmes aux siens, mais la situation n’arrangea pas son état. Il ressentait à nouveau ce sentiment, celui d’être en position de faiblesse totale. Mais ce qui l’angoissait encore plus…

- (Salamèche) Carapuce…

C’était d’encore mettre quelqu’un en danger.

- (Salamèche) On doit partir maintenant !

- (Carapuce) La ferme ! Je suis pas un trouillard comme toi, ce type me fait pas peur !

- (Tartard) Oh, vraiment ?

Le nargua-t-il en levant les poings vers les cieux.

- (Salamèche) Carapuce !

- (Tartard) Je vais t’apprendre à me craindre !

Le menaça-t-il, avant de les écraser dans la direction de la tortue bleue. Mais Salamèche s’était élancé juste avant : il bouscula Carapuce et tomba avec lui, esquivant de justesse les poings de celui qui fit trembler le territoire entier. Le choc terrifia Salamèche, tremblant ne serait-ce que pour se redresser face à lui. Quant à la tortue arrogante, même elle ne souriait plus.

- (Tartard) Vous êtes à moi !

S’énerva le monstre, en accourant vers ces enfants apeurés, paralysés par l’angoisse. Soudain, une étincelle traversa le territoire. Elle défila si vite, que Tartard ne perçut que la douleur qu’elle lui infligea. Salamèche cligna plusieurs fois des yeux, il était persuadé d’avoir vu une lueur d’or se faufiler entre Carapuce et lui, avant d’atteindre le monstre qui, toujours face à eux, s’effondra dans une flaque de boue.

Puis, le silence revint. Les deux enfants reprirent leur souffle, les yeux rivés sur le corps inconscient de celui qui tenta de les dévorer. Salamèche se retourna peu à peu, adressant toute son attention sur leur sauveur, au loin le poing tendu, la cape volant au gré du vent. Son sourire scintillait.

- (Pharamp) Tout va bien, les enfants, je suis là !

- (Salamèche) Pharamp… !

Souriait-il sans s’en rendre compte. Après tout, il était là. Le numéro un des explorateurs, le plus grand de tous les héros. C’est lui, qui lui tendit une patte pour l’aider à se relever.

- (Pharamp) Rien de cassé ?

Tout timide, le lézard enflammé nia d’un mouvement de tête.

- (Salamèche) Moi non, mais je crois que Carapuce…

- (Carapuce) Ça va, c’est bon, j’ai que dalle…

Geint-il en détournant le regard.

- (Salamèche) Tu es sûr… ? Ce type a failli te faire du mal…

- (Carapuce) C’est bon, j’t’ai dit ! Tu t’prends pour qui, un héros ?!

- (Pharamp) Il en est un, oui.

Intervint le numéro un, en croisant les bras.

- (Carapuce) Quoi… ?

- (Pharamp) J’ai agi dès que j’ai pu. Autrement dit, qui sait à quoi tu ressemblerais, si ce brave gaillard n’avait pas risqué sa vie pour te sauver ? Je l’ai vu. C’était un geste risqué et inconscient, mais bon sang, qu’il était sincère ! Ton corps a bougé tout seul, n’est-ce pas ?

- (Salamèche) Euh… oui, monsieur…

Beugla-t-il en gardant la tête baissée, pensant se faire enguirlander pour les risques encourus. Mais au lieu de cela, Pharamp s’agenouilla et couvrit de ses chaleureuses pattes ses tendus épaules.

- (Pharamp) C’est à cela, que l’on reconnaît un héros. Je suis fier de toi.

Ainsi, il osa le regarder. Yeux dans les yeux, Salamèche et Pharamp échangèrent un regard bien plus que communicatif. Des étoiles parurent dans les yeux du jeune garçon.

- (Salamèche) C’est… c’est ce que j’aime… !

- (Pharamp) Quoi donc ?

- (Salamèche) Aider les Pokémon ! Je veux faire ça, j’en suis sûr !

Cria-t-il de tout cœur. Pharamp soupira, le sourire aux lèvres.

- (Pharamp) Soit. Je ne peux qu’encourager une graine aussi pure, surtout par les temps qui courent.

Assura-t-il en décrochant le foulard qu’il avait autour du cou. Il l’accrocha autour de celui de Salamèche, bouche bée du geste. Carapuce l’était tout autant.

- (Pharamp) Il est à toi, désormais !

- (Salamèche) N… non, je ne peux pas accepter ça…

- (Pharamp) Bien sûr, que tu le peux ! Puisque tu désires tant aider autrui, pourquoi ne pas s’engager sur la voie de l’explorateur ?

- (Salamèche) Explorateur… ? Vous pensez que j’en suis capable… ?

- (Pharamp) Qui sait ? Peut-être qu’un jour, tu me rendras ce foulard…

L’intrigua-t-il en se redressant. Il se tourna vers Carapuce et échangea un regard moins communicatif.

- (Pharamp) Me suivais-tu ?

- (Carapuce) … Ouais.

- (Pharamp) Pourquoi ?

- (Carapuce) Je… j’voulais juste…

Hésita-t-il longuement. Sa voix ne sous-entendait plus aucune once de confiance en lui. Finalement, il détourna le regard.

- (Carapuce) Nan, rien…

- (Pharamp) Bon sang…

Marmonna le numéro un, avant de sortir un second foulard en or. Lui du fond de l’une de ses poches, caché et froissé par le temps.

- (Pharamp) Allez, c’est pour toi.

Lui tendit-il simplement. Carapuce le récupéra d’un air perplexe.

- (Pharamp) Tout le monde commet des erreurs, il n’y a rien de grave. Mais tu dois écouter les adultes, respecter les règles de ton village et ne jamais le quitter seul ! Le monde extérieur est dangereux, crois-en mon expérience.

- (Carapuce) Hm…

- (Pharamp) Désires-tu également devenir explorateur ?

Le garçon bleu hocha la tête.

- (Carapuce) Ouais, j’veux devenir comme vous. Je veux être le prochain numéro un des explorateurs !

- (Pharamp) Alors rentre-toi ça dans le crâne : tu n’y arriveras jamais seul. L’exploration, c’est avant tout un travail d’équipe.

Même si cela ne lui était pas adressé, Salamèche hocha la tête. Carapuce, de son côté, garda simplement la sienne baissée. Pharamp soupira, puis pointa un sourire inspirant en direction de Bourg-Tranquille.

- (Pharamp) Allez, je vous raccompagne ! Ne pressons pas trop, j’ai déjà perdu suffisamment de temps ici !

Ainsi, les trois garçons quittèrent les marécages en laissant l’imposant Tartard à terre, seul dans sa défaite.

De retour à Bourg-Tranquille, presque tous les adultes du village s’étaient regroupés, sans qu’aucun d’entre eux ne daignent traverser la limite qui les mènerait en territoire sauvage. Pifeuil en faisait partie, lui et un autre grand gaillard qui tous les deux se hâtèrent en apercevant leur enfant respectif revenir sain et sauf. C’était une vieille tortue à la peau plus foncée et à la carapace de pierre, ledit sage Mégapagos. Ceci-dit, l’âge ne l’empêcha pas de sermonner Carapuce à son juste mérite. De même pour Salamèche, qui se fit enguirlander par le bonhomme vert, les larmes aux yeux. Mais le jeune amnésique avait séché les siens. Il était navré d’avoir inquiété Pifeuil, pour sûr, mais il n’arrivait pas à oublier cet échange de regard.

D’ailleurs, il voulut remercier Pharamp et… trop tard, il était déjà loin.

La lune se leva et cette histoire ne devint qu’un vieux cauchemar. Rapasdepic, la maire du village, ne manqua pas d’intimider la nouvelle petite famille du coin en leur rappelant de ne pas trop faire parler d’eux. Mais à part cela, Pifeuil aussi, passa rapidement à autre chose.

- (Pifeuil) Explorateur, hein ?

Rigola-t-il en préparant le dîner, pendant que Salamèche ouvrait une boîte dans laquelle il rangea son nouveau foulard en or.

- (Salamèche) Je sais que les parents de Pikachu lui interdisent d’en devenir un. Après tout, c’est un métier dangereux. Mais aider les autres, je… je n’arrive pas à savoir pourquoi est-ce que ça me plaît tant que ça.

- (Pifeuil) Moi, je l’sais. Tu te penses redevable pour ce qu’on fait pour toi, hein ?

- (Salamèche) Et bien… c’est normal, non ?

- (Pifeuil) Ah ah ! Crois-moi, mon p’tit gars, c’est pas évident pour tout l’monde ! M’enfin ! Tu l’découvriras forcément un jour, futur explorateur !

- (Salamèche) Alors… vous n’y voyez aucun inconvénient ? Je… je peux devenir explorateur ?

- (Pifeuil) Si c’est c’qui t’plaît vraiment, alors j’t’encouragerai de tout mon cœur, boudiou !

Salamèche sourit. Il ne pouvait s’en empêcher, il se sentait mieux que jamais. Après tout, il avait un objectif, désormais, un objectif soutenue par la personne qui comptait le plus à ses yeux.

Il ferma la boîte contenant son foulard en or et la rangea sous son lit.

- (Pifeuil) Tu n’veux pas l’porter ?

- (Salamèche) Non, je risquerai de l’abimer. Je le rendrai à Pharamp quand je serai devenu un explorateur de renom. Je lui rendrai en parfait état !

Pifeuil acquiesça à sa volonté, puis termina de préparer le dîner. La petite famille se régala en cette rafraîchissante soirée de pleine lune, puis acheva cette longue, mais unique journée.

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