Pirates des Caraïbes - Le Commencement

Chapitre 8

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:17

CHAPITRE VIII :

 

Cinq ans ont passé à Nassau, Crystal y a enfin trouvé un travail, chez la corsetière, et a eu la possibilité de s'acheter sa petite maison sur la colline.

 

_ Miss Smith avez-vous terminé votre ouvrage ? La cliente doit arriver d'une minute à l'autre. Hurla Lady Châtelet depuis la pièce voisine.

 

_ Oui Madame, il sera prêt.

 

Crystal se sentait à sa place parmi les nombreux tissus, elle avait toujours était bonne couturière et le jour où elle s'était présentée à Lady Châtelet dans sa plus belle création, celle-ci avait été charmé et l'avait prise sous son aile. Les clientes payaient grassement leurs toilettes, et quand bien même la matrone ne lui en donnait que les trente cinq pour-cent, cela suffisait à assurer son bonheur. En trois ans, elle avait amassé assez d'argent et s'était acheté la maison de ses rêves. Les rares moments où Lady Châtelet n'avait pas besoin de ses mains, elle les passait à entretenir sa maisonnée et son petit jardin face à la mer.

 

La patronne entra dans l'atelier et vint observer en détail le corset posé sur le mannequin de bois. La nature avait figé Lady Châtelet dans un rictus déplaisant, les personnes qui ne la connaissaient pas la voyaient comme quelqu'un de constamment fâché. De plus, ses longs cheveux gris quotidiennement tirés en arrière dans un chignon élaboré durcissait ses traits et la rendait toujours plus antipathique. Une main sur le menton et l'autre sur la hanche, elle passait toute la pièce de tissu au peigne fin. Elle releva alors la tête satisfaite et sourit à sa jeune couturière, d'un sourire crispé sur une bouche sans lèvres. Crystal en avait cauchemardé dans ses débuts.

 

_ J'en suis satisfaite, comme chaque jours, vous êtes un cadeau du ciel ma Chère. Si Mon George était présent il serait de mon avis. Dit-elle les mains jointes.

 

Son George, elle avait conté maintes fois son ancienne vie auprès de son défunt époux. Ancien Commodore de la Royal Navy, elle s'était vu remettre une bourse bien remplie et avait pu garder sa villa pour compensation aux services rendus de son mari. Elle ne manquait donc de rien et avait ouvert cet atelier pour, comme elle s'évertuait à le dire, donner aux femmes d'ici des tenues descentes et digne des aristocrates Anglaises. Crystal n'appréciait pas tellement les corsets, cela la serrait trop, la gênait dans ses mouvements et l’empêchait de respirer normalement. Elle avait vu, un matin sur les quais de Nassau, un étrange navire au pavillon noir et une femme en était descendue. Elle portait son corset au dessus de sa chemise, des pantalons et un bandeau enserré son front, laissant ses longs cheveux blonds flottaient au vent. Crystal l'avait envié et elle avait été prête à lui venir en aide à la vue du sang qui s'écouler de son flanc. Malheureusement les gardes du gouverneur était arrivé avant elle, ils l'avaient arrêté, alors que son navire s'était empressé de repartir. Ses hommes l'avaient laissé pour morte ici et s'était sans compter sur le Gouverneur et son sens du devoir, elle avait été pendue sur la place du village en guise d'avertissement. Crystal revoyait souvent en songes ces longs cheveux blonds flottaient au vent et ce visage fermé pour toujours, son corps n'avait pas était retiré de la potence avant des semaines, plus personne n'avait osé s'aventurer sur la place où des rumeurs disaient que l'odeur y était resté malgré tout. Comme si la jeune pirate n'avait pas voulu partir. Elle revint à elle, la cliente venait d'arriver et il lui fallait à présent l'aider à l'essayage.

 

Le lendemain matin, la corsetterie fermée, Crystal en profita pour rejoindre le marché et se réapprovisionner. Devant son miroir, elle fit un arrêt, comme elle avait changé depuis ces quelques années. Elle ne ressemblait plus à la jeune Crystal accablait par la perte de sa mère et qui s'était enfuie d'Angleterre. Elle était une femme maintenant, ses longs cheveux sombres, qu'elle ne faisait plus couper, étaient réunis chaque jour en un chignon sur l'arrière de sa nuque. Elle s'habillait et se maquillait à la dernière mode anglaise et ses yeux émeraudes faisaient des émules.

 

Alors qu'elle descendait tranquillement vers le centre du village, un homme dans sa course effrénée la bouscula, elle en fit tomber son panier et pesta contre cet importun. Elle n'eut que le temps d'apercevoir une longue veste grisâtre avant qu'une troupe de soldat ne converge vers l'inconnu. Elle s'écarta d'eux vivement. Par curiosité, elle décida de prendre un chemin détourné et d'aller voir de plus près se qui se passerait. Marchant de ruelles en ruelles, elle arriva face aux remparts. L'inconnu ne tarda pas a arrivé, elle leva un sourcil surprise alors qu'il tenté d'escalader le mur, mais celui-ci encore humide de la dernière pluie l'en empêcha. Elle l'interpella alors narquoise :

 

_ Vous n'arriverez jamais à le franchir, quand bien même vous y parviendrez, les gardes postaient en haut vous attraperont. Suivez moi dont !

 

Lorsqu'elle avait pris la parole, il avait semblé vouloir se sauver, puis s'était repris et avait gardé son chapeau baissé. Peut-être ne voulait-il pas être reconnu, qu'importe, elle n'attendit pas une ni deux et lui prit la main avant de l'emmener sur la colline. Dans sa main, elle sentit que l'homme portait plusieurs bagues, elle douta donc de la personne qui le suivait. Était-ce un homme ou une femme ? Soit, ils arrivèrent bientôt devant chez elle et elle lui lâcha la main avant de se retourner. Il baissa aussitôt la tête, l'empêchant de voir son visage.

 

_ Si vous tentiez de quitter la ville, vous feriez mieux de passer par là-bas. Dit-elle en pointant l'arrière de l'île du doigt. Elle pencha la tête de coté pour tenter d'apercevoir le visage de l'inconnu, mais celui-ci tourna les talons et prit le chemin qu'elle lui avait indiqué.

 

Posant son panier sur le rebord d'une de ses fenêtres, elle ramassa son sceau et alla puisait de l'eau au puits, elle mit ses mains en bol et bu une gorgée de son eau. Relevant  la tête, elle avisa de la présence d'oiseaux de mauvais augures dans ses arbres en fruits. Elle releva ses jupons et courut les chasser de leur perchoir, agitant la main et poussant des cris pour les effrayer. Au final, elle cueillit une pomme et en mordit à pleine dent. Elle récupéra son sceau et se dirigea vers sa maison. Elle entra et referma aussitôt derrière elle, accrochant son châle à la patère et retirant ses chaussures, elle frissonna. Un étrange sentiment l'alarma, elle n'était pas seule et se sentait observer. Attrapant un tisonnier, elle se dirigea en silence vers sa chambre, la porte était entrouverte. Les deux mains sur son arme de fortune, elle ouvrit la porte du pied. Personne. Abaissant les bras, elle rit, ce n'était pas la première fois qu'il lui arrivait de telles frayeur. Elle se retourna alors et sursauta violemment en heurtant l'inconnu de tout à l'heure. Il avait drôle allure, de longs cheveux ébène coiffaient en dreadlocks où pendaient plusieurs breloques. Elle ne douta plus sur le fait que c'était bien un homme à la vue de sa moustache et de sa fine barbe, mais elle avait eut raison, il portait bien de nombreuses bagues. Elle prit peur en remarquant qu'il était armé.

 

_ Que voulez-vous ? Chevrota-t-elle le tisonnier bien en main.

 

Il la dévisagea un instant et il lui sembla avoir déjà vu ces yeux sombres. Alors qu'elle réfléchissait à leur propriétaire, l'homme parla d'une voix rauque qui la fit frémir.

 

_ Allons Trésor, m'auriez-vous oublié ? Il souleva un sourcil interrogateur. Vous m'en voyez navré, peut-être devrais-je y remédier.

 

Il s'approcha alors plus près d'elle. Il sentait la mer et les embruns, ainsi que l'alcool, mais elle ne sut dire de quoi il s'agissait. Ses yeux étaient auréolés de khôl noir, pourquoi diable un homme se maquillerait-il ? Elle ne put cogiter plus longtemps, il la prit de cours et écrasa ses lèvres sur les siennes. Elles avaient le goût du sel, happé par un tourbillonnement de sentiments contradictoires elle ferma les yeux. Pour les rouvrir aussitôt, elle repoussa l'homme et le regarda d'un œil nouveau.

 

_ Monsieur Sparrow ?

 

_ Allons vous savez que vous pouvez m’appeler Jack, Miss Smith. Nous nous connaissions bien vous et moi autrefois. Sourit-il charmeur.

 

Elle put remarquer que certaines de ses dents étaient recouvertes d'or. Elle recula d'un pas et le dévisagea de bas en haut.

 

_ Mais quel est cet accoutrement ? Vous qui portiez si bien l'uniforme. Attesta-t-elle.

 

_ Vous semblez avoir oubliez un point mon Ange. Et il remonta sa manche droite et lui montra sa marque en forme de P.

 

_ Ne me dites pas que vous êtes un pirate ?

 

_ Désolé de vous décevoir Trésor.

 

_ Ce n'est pas ça... c'est juste que... vous ne devriez pas vous montrer ! Le Gouverneur n'hésite pas à faire pendre tout homme, femme ou enfant ayant affaire de près ou de loin à la piraterie.

 

_ Oh, vous vous inquiétiez pour le bon vieux Jack. Elle s'empourpra alors. C'est donc ça. Il sourit ironique et tourna les talons. Il entreprit alors de faire la visite de la maisonnée, soulevant bibelots, détaillant les tableaux. Lorsqu'il eut finit il lui fit face, elle n'avait pas bougé.

 

_ Auriez-vous quelque chose à m'offrir, je meurs de soif. Demanda t-il avant de s'asseoir. Elle sembla alors reprendre le contrôle de son corps.

 

_ Que désirez-vous boire ? S'enquit-elle.

 

_ Par pur hasard du rhum. Lâcha t-il un bras en l'air. Elle le regarda un sourcil relevé.

 

_ Vous semblez changé Jack, que vous est-il arrivé. Murmura-t-elle.

 

_ Oh si vous saviez, il s'en est passé des choses depuis... depuis combien d'années maintenant ? Le temps semble s'être envolé. Je vous quitte jeune fille et vous retrouve en femme parfaite et maîtresse de maison. D'ailleurs, je ne vois aucune traces de votre époux, serait-il au travail en cette heure matinale ?

 

_ Je ne suis pas mariée. Souffla-t-elle.

 

_ La belle affaire. Lança t-il en se redressant sur sa chaise. Comment une femme aussi charmante que vous ne s'est-elle toujours pas vu remettre l'anneau au doigt.

 

_ A croire qu'il n'y ait que vous pour penser cela. Dit-elle la mine triste en lui tendant un verre. Il ne fut pas surpris de ne pas y reconnaître l'odeur du rhum.

 

Elle s'assit de l'autre coté de la table et but une gorgée le visage fermé. Il en fit donc de même et fut doublement surpris de remarquer qu'il s'agissait d'eau de vie. Elle releva la tête et lui dit :

 

_ Alors Jack, dites moi que vous est-il arrivé ces cinq dernières années ?

 

_ C'est une longue histoire Trésor. Elle balaya sa réplique d'une main. Bien, mais je passerais rapidement sur les détails les moins... intéressants dirons nous. Il finit son verre d'un trait et s'appuya au dossier de sa chaise. Après vous avoir quittait cette nuit là, vous souvenez-vous de cette nuit ?

 

_ Continuez Jack. Soupira-t-elle.

 

_ Soit. Après cela je suis monté à bord du navire d'un vieux loup de mer, quel sasser d'os celui là d'ailleurs, il a guidait son frêle esquif jusqu'à Tortuga. Vous connaissez cette Tortuga Trésor ? Elle fit non de la tête. Dommage, Tortuga est l'île des pirates, j'y suis restait quelques semaines. Quelques ravissantes semaines...

 

_ Jack ! S'offusqua t’elle.

 

_ Oh désolé ma Belle. Dans les tavernes de Tortuga j'ai eu vent d'une rumeur, un Capitaine assez... spécial, était soi-disant capable d’exaucer les vœux en échange d'une petite... transaction commerciale.

 

_ Vous me cachez des choses Jack !

 

_ Absolument très Chère et cessez de m'interrompre. Elle roula des yeux. J'ai donc... emprunté le navire d'une amie et me suis rendu auprès de ce Capitaine Spécial.

 

_ Que lui avez-vous demandé ? S'enquit-elle vivement. Il lui fit des yeux ronds.

 

_ Je lui ai demandé de me remettre à flots mon navire !

 

_ Mais Jack...

 

_ Il n'y a pas de mais ! La coupa t-il. Car il l'a fait, cet... homme, a remonté mon précieux navire des abysses ! Elle le regarda les yeux agrandis de stupeur. Soit dit en passant, je l’ai renommé pour éviter tous soupçons vis à vis de la marine marchande.

 

_ Et puis-je savoir comment il se prénomme à présent ? Il se pencha au dessus de la table les yeux plissés.

 

_ Le Black Pearl...

 

_ Original...

 

_ Attendez de le voir avant de dire. S'offusqua t-il. Après ça je suis retourné à Tortura, ai enrôlé tout un équipage de solides matelots et j'ai depuis vogué, pillé, volé et saccagé comme un forban sans âme et sans cœur. Finit-il théâtral.

 

_ Voilà donc votre longue histoire ? Je m'étais attendue à plus de... péripéties. Et qu'allez-vous faire maintenant si je ne suis pas trop indiscrète ? Elle se releva et leur resservit un verre.

 

_ J'ai eu vent de la présence d'un trésor Aztèque non loin d'ici, je suis venu en attesté par moi même. Il la remercia et avala d'un trait son verre. Bien, il me faut repartir, mes hommes ne sont pas très patients et je dois dire que si vous ne les divertissez pas quotidiennement ils en deviennent bougons.

 

Il se leva de sa chaise et, d'une démarche chaloupée, s'approcha de la porte. Elle le suivit et lui tint le bras.

 

_ Attendez Jack ! Vous ne devriez pas retourner sur les quais, on vous y reconnaîtrait.

 

_ Qu'est-ce qui vous dis que mon Pearl m'attend sagement à quai. Il est dans une crique voisine, je ne pouvais prendre le risque de me faire repéré dés mon arrivée.

 

Il baissa le regard sur sa main et elle la retira vivement, il tourna alors les talons.

 

_ Me permettez-vous de vous raccompagner ? Souffla-t-elle en faisant un pas au dehors.

 

Il ne dit rien mais attendit qu'elle le rejoigne, il lui tendit son bras auquel elle crocheta sa main et ils descendirent la colline par l'arrière de la maison. Le soleil déjà haut dans le ciel se reflétait sur la mer, créant des centaines de petits cristaux d'or sur la surface et le vent faisait plier les brins d'herbe folle répétant le mouvement des vagues. Crystal rompit le silence :

 

_ Où se trouve ce trésor Aztèque ?

 

_ Sur une île que seuls ceux qui savent déjà où elle se trouve sont à même de la trouver.

 

_ Et je suppose que vous en faite partit ?

 

_ On va dire que j'y suis relativement bien aidé. Sourit-il en effleurant un petit boitier pendu à sa ceinture. Elle avait suffit son geste.

 

_ Qu'est-ce donc ?

 

_ Un compas, qu'une charmante amie a bien voulu me céder et je dois dire...

 

_ N'y a t-il donc que des femmes là où vous vous rendez ? S'offusqua t’elle le rose aux joues. Il plissa les yeux le regard vissé au sien.

 

_ Seriez-vous jalouse Miss Smith ? Elle rougit alors jusqu'à la racine de ses cheveux et détourna le regard.

 

Ils débouchèrent au sommet d'une crique, le Black Pearl était là, majestueux. Jack n'avait pas mentit, son navire était magnifique. Sa coque semblait plus sombre et ses voiles autrefois immaculées, étaient à présent noires elles aussi. Alors qu'elle restait contemplative il se rapprocha et lui dit :

 

_ Il vaudrait mieux que vous restiez ici, la paroi est accidentée.

 

_ Votre navire est magnifique Jack, tout le monde le reconnaîtra et s'en souviendra, il restera dans toutes les mémoires... souffla t’elle les yeux fixé sur l'océan. Si Becket le voyait... elle sourit et se mordit la lèvre inférieure.

 

_ Ça n'est pas dans mes intentions mais peut-être qu'un jour... il lui prit la main et la baisa.

 

_ J'ai le sentiment que le Lord prépare quelque chose, sinon pourquoi aurait-il fait tout ce voyage depuis l'Angleterre alors qu'il y est censé diriger la Compagnie.

 

_ Vous avez raison et cela n'augure rien de bon.

 

_ JACK !!!

 

Ils tournèrent ensemble la tête vers la petite plage, un vieil homme possédant un ruban vert sur la tête leur faisait de grands signes. Jack soupira :

 

_ C'est Hector, mon second. Il est temps, je vous dis au revoir mon Ange. Il descendit aussitôt la paroi et rejoignit rapidement son homme de main et son navire. Le Black Pearl déploya ses voiles et fut emporté par le vent du sud. Emmenant une fois de plus le Capitaine Jack Sparrow, mais elle se doutait qu'ils se reverraient, surement au moment où elle s'y attendrait le moins, comme à son habitude. Elle repartit vers sa maisonnée la tête dans les nuages...

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