Pirates des Caraïbes - Le Commencement

 

CHAPITRE II :

 

 

Crystal resta dans la chaumière quelques semaines avant de prendre sa décision, son idée de quitter le continent pour d'autres contrées lui paraissait assez alléchante. Après tout rester, ici sans travail, famille, amis ou mari ne lui était pas bénéfique, alors comme rien ne la retenait ici pourquoi ne pas en profiter pour voyager et qui sait trouver vie meilleure ailleurs.

 

 

Elle vendit donc la maison, n’emportant que le strict nécessaire avec elle. Elle traversa une dernière fois sa ruelle sombre, ne jeta pas un regard vers la maison de sa tante et marcha d'un bon pied jusqu'aux quais. Elle se renseigna auprès des marins si certains prenaient le large, malheureusement aucuns ne prévoyaient de partir pour le moment. Ne perdant pas espoir elle se rendit alors dans les bureaux de la compagnie des Indes. On l'envoya vers celui d'un certain Lord Cutler Becket. Devant ladite porte du Lord elle frappa deux légers coups, une petite voix guillerette lui répondit, elle ouvrit alors et salua avant de la refermer. L'homme semblait en pleine discussion avec l'un de ses officiers lui sembla t-elle, ne voulant pas les interrompre elle attendit patiemment dos à la porte.

 

 

Néanmoins, sans vraiment le vouloir elle écouta la conversation, l'officier lui tournant le dos semblait en désaccord avec le Lord assis à son bureau :

 

 

_ Il n'en est pas question ! Il n'était pas prévu dans mon contrat que je transporte ce genre de... Il se mit à chuchoter, marchandise !

 

 

Le Lord répondit alors de sa voix aiguë qui déjà agacée Crystal :

 

 

_ Capitaine seriez-vous contre les avis de la compagnie des Indes et part conséquent contre les avis de la Reine ? Car s'il en est ainsi je ne vois pas pourquoi l'on vous garde chez nous !

 

 

_ Non pas vraiment, c'est juste que...

 

 

_ Bon je me vois donc dans l'obligation de vous congédier. Le coupa t-il.

 

 

Le capitaine, que Crystal avait pris pour un officier sembla soudain changer d'avis :

 

 

_ C'est d'accord, je ferais ce qu'il a était ordonné.

 

 

_ Bien vous voyez quand vous voulez vous pouvez être tout à fait charmant. Répondit le Lord tout en lançant un sourire tout à fait... diabolique. Il se leva alors pencha la tête sur le côté et dit : Bonjour Mademoiselle, que puis-je pour vous ?

 

 

Crystal s’avança alors vers le bureau, le capitaine se décala pour la laisser passer et l'observa suspicieux. Elle déglutit, les mains moites et le cœur tambourinant dans sa poitrine.

 

 

_ Excusez moi de vous déranger Monsieur mais j'aurais voulu savoir si l'un de vos navires serait en partance pour les Caraïbes très prochainement ?

 

 

Le Lord se rassit, joignit les mains et la regarda droit dans les yeux.

 

 

_ Pourquoi faire un si long voyage ? Une jeune femme qui plus ait. Attesta t-il.

 

 

Crystal accusa le coup et s'empourpra.

 

 

_ N'ayant plus de famille ici j'avais l'intention de partir voir du pays, ma mère venant de mourir d'une longue maladie je pensais ainsi me ressourcer. Et je dois dire que les Caraïbes sont une destination tout à fait envoutante. Répondit-elle tout sourire.

 

 

_ Vous êtes mignonne, ria t-il en se calant au dossier du haut fauteuil. Mais il n'y a pas que de bon côté, il y a aussi des pirates en ces terres, des forbans ne pensant qu'à voler, détruire et tuer.

 

 

Il réussit à faire frissonner la jeune femme. Il continua :

 

 

_ De plus, nous ne sommes pas habilité à transporter des passagers sur nos vaisseaux.

 

 

Crystal releva la tête et lança :

 

 

_ Oh je vous en prie, je suis prête à en payer le prix s'il le faut !

 

 

Le capitaine à son côté prit alors la parole :

 

 

_ Lord je peux toujours prendre cette dame à mon bord, vous savez que je peux y prendre des... passagers. Finit-il le regard froid.

 

 

Le cœur de Crystal manqua un battement, voilà peut-être que s'entrevoyait une issue à son problème matériel, elle croisa les doigts discrètement et espéra. De plus, le capitaine semblait être un parfait gentilhomme. Il portait la tenue officielle des membres de la Compagnie des Indes, ainsi qu'une épée et il tenait son tricorne à la main. Lorsqu'il lui jeta un coup d’œil elle fut comme hypnotisée par son regard, il avait des yeux noisettes et de long cheveux ébène attachés en catogan. Voyant qu'elle le fixait, il lui fit un sourire à faire fondre toutes les femmes. Crystal s'empourpra alors et détourna le regard, le reposant sur Lord Becket, qui n'avait rien raté de la scène. Il sourit de façon mesquine avant de finalement lancer :

 

 

_ Très bien, vous embarquerez donc à bord de son navire, en revanche la Compagnie des Indes ne sera en aucun cas responsable de se qui pourrait vous arriver en mer. Vous seriez donc malavisé de vous y faire remarquez.

 

 

_ J'en conviens, passais cette porte vous n'entendrez plus parler de moi Monsieur. Elle abaissa légèrement la tête pour le remercier, puis se tourna vers le capitaine. Je vous attendrez sur les quais. Encore merci Lord. Puis elle tourna les talons et sortit du bureau. Ce n'est que dehors qu'elle se permis de souffler. Elle était heureuse, sa nouvelle vie commençait enfin et ses rêves se voyaient réalisé. Elle laissa tomber son sac et se mit à tourner sur elle même les bras tendus, elle voulait hurler son bonheur et espérait secrètement que sa mère l'observait de la haut. La jeune femme offrit son visage à la légère brise plaquant ses longs cheveux sur ses yeux, elle les repoussa derrière son oreille avant de faire demi-tour. Le capitaine était juste derrière à quelques mètres et contemplait l'océan lui faisant face, puis il reporta son regard vers Crystal :

 

 

_ Etes-vous prête à partir ? Lui demanda t-il.

 

 

_ Oui je le suis !

 

 

_ Très bien, dans ce cas suivez moi.

 

 

Puis il se mit en marche, traversant le marché, fendant la foule tendu comme un arc. Les marchands le reconnaissant lui lançait des « bond vent », des « que le ciel vous garde capitaine », les badauds paraissaient l’apprécier et Crystal se sentit encore plus en sécurité avec cet homme. Ils marchèrent d'un bon pas et passèrent devant l’étal d'un peintre, la jeune femme s'y arrêta car l'une des œuvres l'avait interpellé. Une plage de sable blanc, des palmiers, la mer turquoise et une fillette et sa mère au teint halé. Leurs regards tournaient vers un majestueux navire, Crystal se rapprocha pour y distinguer le pavillon et tenter d'en reconnaître son pays d'origine. Elle plissa les yeux avant de reculer vivement, bousculant au passage le capitaine qui s'était arrêté près d'elle.

 

 

_ Mon Dieu, c'est un navire de pirates ? S'enquit-elle au peintre.

 

 

Celui-ci répondit d'un simple hochement de tête, des frissons remontèrent le long de sa colonne vertébrale et la paralysèrent. Peut-être aurait-il mieux fallu qu'elle reste ici plutôt, que diable allait-elle affronter là-bas en mer, seule avec pour compagnie des marins. Peut-être aurait-elle du demander les services d'une servante ou d'un chaperon. Une main se posa sur son bras la faisant sursauter, c'était le capitaine, d'un regard il lui indiqua qu'ils devaient partir. Elle le suivit donc le cœur battant.

 

 

Quelques minutes plus tard il arrivèrent face à un magnifique vaisseau aux voiles blanches comme le sable des Caraïbes et à la coque au bois sombres, tout dans ce navire insuffler la puissance. Mais se qui arrêta Crystal, se fut la proue représentant un ange qui tenait dans sa main gauche une colombe prête à prendre son envol. Les hommes s'activaient sur le quai pour monter la marchandise à bord, d'immenses caisses furent acheminées sur le pont. Le capitaine lui tendit une main pour l'aider à monter à bord et un vieille homme au cheveux grisonnant vinrent à leur rencontre :

 

 

_ Capitaine encore quelques instants et nous serons prêts à prendre la mer !

 

 

_ Bien Maître Urian, prévenez moi lorsque nous pourrons appareiller.

 

 

Le second observa d'un mauvais œil la jeune femme, celle-ci baissa les yeux et suivit le capitaine. Il monta vers le poste de commandement et pris la barre, il semblait beaucoup plus à l'aise maintenant qu'il était sur son navire. Fier, il surveillait l'avancé du travail de ses marins mais froncé les sourcils chaque fois qu'une des caisses étaient hissées à bord puis descendues dans la cale. Curieuse, Crystal demanda alors :

 

 

_ Qu'y a t-il dans ces caisses ?

 

 

Il la regarda du coin de l’œil, sembla peser le pour ou le contre. Elle douta alors que cette marchandise n'était peut-être pas ce qui s’échangeait habituellement, qu'un trafic illégal avait surement lieu entre les Rois et Reines et la Compagnie des Indes. Ne voulant pas interférer elle préféra ajouter :

 

 

_ Ne me répondez pas, si cela doit rester secret alors je ne veux pas le savoir. Il se détendit alors. Où pourrais-je déposer mes affaires ?

 

 

_ Vous prendrez ma cabine durant ce voyage, il serez mal avisé que vous ne dormiez avec l'équipage. Et je ne voudrez pas que mes hommes soient distraits de leur travail.

 

 

_ Je vous en remercie, mais où dormirez-vous ? S'enquit-elle.

 

 

_ Ne vous inquiétez pas pour moi je peux me débrouiller seul jeune fille. En tout cas bienvenue à bord du Wicked Wench Mademoiselle. Termina t-il un sourire cynique au lèvres.

 

 

Se sentant rougir, elle pivota les talons et descendit sur le pont où un marin lui indiqua ladite cabine. Elle se sentait intruse, cette cabine était à près tout celle d'un homme, des cartes nautiques s'entassaient sur le bureau avec les instruments les plus diverses, des livres encombraient le passage et mis à part les meubles habituellement présent dans une cabine aucuns objets personnels ne composaient ce lieu, aucunes peintures, aucuns effets prétextant la présence d'une femme ou d'enfants dans la vie de cet homme. Alors soit celui-ci gardait tout en lui, soit il ne possédait pas de famille ou ne voulait pas en avoir, avoir un père ou un mari qui s'absentait constamment, ne pas voir ses enfants grandir. Qui serait assez fou pour vouloir ça. Elle déposa sa valise près du bureau et ressortit, tout le monde s'activaient sur le pont, on venait de relever l'ancre et le capitaine à la barre hurlait ses ordres.

 

 

Crystal s’appuya au bastingage et regarda une dernière fois vers sa ville natale. Vu de la mer elle ne paraissait pas si malsaine, seules les maisons des aristocrates étaient visibles, ainsi que les petites maisons d'artisans. Au fond on pouvait voir se profiler le clocher de l'église où reposer sa mère. L'imposant bâtiment de la Compagnie des Indes composait de drapeaux aux couleurs du Royaume d'Angleterre donnait un peu plus de cachet à l'ensemble et le marché au bord des quais égaillé le tout. Ce tableau où elle avait vécu une petite vingtaine d'années de sa vie lui serra le cœur, elle s'était fait des amies à l'école avait même un jour rencontré la fille du gouverneur. Mais lorsque sa mère fut tombée malade plus personne n'était venu lui rendre visite, délaissant ainsi la famille Smith. Un coup de vent projeta le drapeau Anglais situé à la poupe du navire, brouillant la vue de la jeune femme et la ramenant au présent.

 

 

Elle brava sa timidité et se dirigea vers le capitaine, elle voulait se renseigner sur le voyage et certaines questions lui trottaient dans la tête, mais se qu'elle voulait surtout connaître c'était le nom du chef de ce vaisseau.

 

 

_ Monsieur, nous avons pas été présenté dans les règles, je me nomme Crystal Smith. Et elle tendit la main vers lui.

 

 

Il l'observa un moment puis sa main avant de reporter son regard vers l'océan et de sourire.

 

 

_ Capitaine Jack Sparrow à votre service Mademoiselle Smith. Et il fit une sorte de révérence tout en maintenant la barre d'une main.

 

 

Crystal ne pu s'empêcher de sourire.

 

 

_ Combien de temps durera ce voyage Capitaine ?

 

 

_ Environ douze semaines, moins si le vent est avec nous. Pourquoi, seriez-vous déjà mal à l'aise ? Sourit-il.

 

 

_ Non pas du tout, enfin pour l'instant tout va bien. Rougit-elle. Ce n'était qu'une question. En quoi pourrais-je être utile ? En cuisine peut-être ?

 

 

_ En aucune façon, vous êtes ici en tant que passagère et rien de plus et j'ai déjà un cuisinier. D'ailleurs vous prendrez vos repas en cabine, inutile que vous descendiez en cale. Trancha t-il le regard toujours braqué sur l'océan.

 

 

_ Mais pourquoi, je peux tout à fait manger avec l'équipage cela ne me dérange absolument pas.

 

 

_ Les ordres sont les ordres vous mangerez dans votre cabine et ne ferez rien d'autre. Alors soyez gentille si vous voulez que ce voyage reste agréable pour vous.

 

 

_ Dites moi ne serais ce pas ce Lord Becket qui vous aurez ordonné ceci ? Cet homme m'est absolument antipathique ! Lâcha t-elle en croisant les bras. Elle l'entendit rire. Vous moqueriez-vous de moi ? Dit-elle les poings sur les hanches.

 

 

_ Non Mademoiselle et même si je n'ai pas le droit de dire cela, sachez que je suis du même avis que vous. Mais ne voulant pas perdre mon travail je préfère garder ça pour moi. Maintenant regagnez la cabine le repas devrait être prêt, vous m'en direz des nouvelles !