Au-delà des Mers

Chapitre 23 : Jouer serré

7062 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/05/2021 13:24

Le Nazaré avait quitté l’étroit passage maritime pour à nouveau s’éloigner des côtes et rester discret. Jiménez avait repris la barre et le Capitaine de la caravelle avait gagné les cabines. Il était temps d’en savoir plus à propos des poursuivants de la Comtesse, il avait été suffisamment patient.

C’est la suivante la plus proche de la De Messy, Mary-Ann, qui vint lui ouvrir la porte. C’était une jeune femme au physique quelconque, ni jolie, ni laide, les traits du visage ressemblant à mille autres. Les cheveux châtains clairs, le teint un peu triste, d’un pâle un peu maladif, les yeux cernés, peut-être par trop d’inquiétudes et de nuits sans sommeil. Mendoza en était certain, elle était la seule à connaître les secrets de sa maîtresse. Mais elle ne s’était lié avec personne sur le bateau et demeurait aussi en retrait que la Comtesse. 

Mendoza pénétra dans la cabine exigüe, plongée dans une obscurité à peine altérée par une timide lampe à huile. La silhouette d’Elizabeth de Messy se dessinait en ombre chinoise, immobile, assise sur une chaise. Mary-Ann se retira. Le Navigateur attendit que la Lady l’invite à prendre un siège, mais le silence persista jusqu’à le mettre un peu mal à l’aise. Puis, enfin, elle brisa la lourde atmosphère.

– Don Mendoza. Le moment semble venu de nous entretenir.

Il se ménagea un temps de réponse, lui aussi, afin de ne pas se mettre en position d’infériorité dans cette périlleuse conversation. Il fallait qu’il imprime son rythme, lui aussi, et qu’il ne se laisse pas dicter les respirations. Sans quoi, il se ferait « bouffer tout cru ».

– Il est temps en effet. Nous allons bientôt toucher terre et il me faut savoir à quoi m’attendre.

La Comtesse ne broncha pas. Le temps semblait ne pas avoir de début ou de fin. Seule vibraient les ténèbres au faible son de leurs souffles.

– J’ai assassiné mon époux, lâcha-t-elle finalement d’une voix dépourvue d’émotion.

Mendoza en eut le souffle coupé une fraction de seconde mais il parvint à le dissimuler sans difficulté.

– C’était un homme violent et infidèle, ajouta-t-elle. Il me battait souvent. Je l’ai surpris au lit avec une petite intrigante de bas étages. Je les ai tués tous les deux.

Un petit vertige vint ébranler l’apparent calme de notre Espagnol. Ce qui le dérangeait le plus était de constater la froideur avec laquelle Elizabeth avait relaté les faits. Elle aurait pu lui annoncer de la même manière qu’elle avait bien dormi. Il ne sut pas trop ni quoi ni comment répondre. Il ne sut pas, s’il était prévu qu’il réponde à vrai dire. Il s’était attendu à pas mal de choses, mais pas à un tel détachement face à des événements aussi graves. Les pensées de la Comtesse étaient-elles à l’image de son apparence ? Ou n’était-ce qu’un masque qu’elle s’était composé pour fuir l’horreur de sa situation ? Il se tut. Longuement. Et son silence ne sembla pas poser de problème à son imperturbable interlocutrice. Puis, enfin, il parvint à articuler une idée.

– Et votre époux était le Conseiller du Vice-roi de Nouvelle Espagne, c’est bien ça ?

– Absolument.

– Et vous réalisez qu’à l’heure où nous parlons, les émissaires du Vice-roi ont certainement déjà gagné la Cours de Charles Quint et que tout le monde est au courant de votre méfait ?

– Oui.

– Et que nous allons avoir à nos trousses les hommes du Vice-roi et ceux de Charles Quint ?

– Cette situation vous effraye-t-elle ?

Mendoza resta aussi impassible que possible avant de se lever et de la saluer d’un geste rapide.

– Il se pourrait que mon prix soit à revoir à la hausse, accepta-t-il par lui concéder.

– Je suis très riche Don Mendoza, je vous l’ai dit, votre prix sera le mien, même s’il devait subir des hausses significatives à l’arrivée.

Un plissement très fugace vint animer les sourcils du Navigateur.

– Bien…

Puis il lui tourna les talons après un petit hochement de tête. Et sortit.

Dans la coursive sombre, assis sur la première marche de l’escalier menant au pont, Mendoza reconnu la stature de l’Olmèque. Qui attendait, de toutes évidences. Sans dire un mot, Mendoza s’avança dans sa direction avant de s’immobiliser, tout près, les yeux levés vers le ciel étoilé qu’on distinguait au dehors.

– A ce point-là ? s’inquiéta le petit homme.

– Pire…

Mendoza soupira profondément, pensif. Il croisa les bras, comme il le faisait souvent en pareille circonstance, et demeura immobile un long moment, les yeux toujours tournés vers les petites lumières scintillantes accrochées au firmament. Puis, il se mit lentement en branle et grimpa les quelques marches qui le séparaient du pont. Calmèque le regarda s’éloigner en direction du château arrière, avant de le suivre. Une fois au calme dans la cabine du Capitaine, les deux hommes observèrent un moment d’introspection. Et puis brusquement, Mendoza rompit le silence. Sa voix était calme mais on pouvait y percevoir une pointe d’inquiétude.

– On va avoir une armée entière à nos trousses.

Calmèque ne répondit rien du tout. Il était assis sur la table, une jambe repliée sous son menton et jouait distraitement avec son poignard, le faisant tenir en équilibre quelques secondes entre ses doigts avant de le rattraper par le manche et de recommencer, comme si ce geste répété suffisamment de fois finirait par lui apporter quelques chose.

– Et j’ai la sensation qu’on n’est pas au bout de nos surprises, ajouta Mendoza après quelques minutes de réflexion.

Calmèque rattrapa son arme pour la énième fois avant de s’interrompre.

– Je sais que cette expédition représente beaucoup d’argent, mais je ne sais pas si ça en vaut le coup, lâcha l’Olmèque. J’ai une drôle d’impression…

L’Espagnol fit quelques pas dans la cabine et se servit un fond de vin, les pensées toujours bien loin. Il porta la boisson à ses lèvres et la savoura lentement, mais il était évident que ce n’était pas le vin qu’il appréciait en cet instant précis. C’était la situation qu’il jaugeait.

– Qu’est-ce qu’elle vous a dit ?

– Qu’elle avait assassiné son mari et une de ses maîtresses…

Le petit homme fit la moue. Peu convaincu.

– Et vous la croyez ?

– Je crois qu’elle m’a lâché le minimum vital mais qu’elle nous cache le principal.

Mendoza se remémora le comportement anormalement froid de l’aristocrate et sentit ses poils se hérisser sur ses bras.

– Il nous faudra être très prudents.

Calmèque rengaina son couteau et attrapa une olive qui se battait en duel avec deux petits piments dans le fond d’une petite coupelle au milieu de la table. Il mâcha lentement.

– Ca a vraiment un goût bizarre…, dit-il tout haut, j’arrive toujours pas à savoir si j’adore ou si je déteste…

Puis il enchaîna avec le cours réel de ses pensées, comme s’il avait tenté une digression pour prendre du recul.

– Et,… juste pour que je sache, on a un super plan ou on est seulement complètement suicidaires ?

La formulation fit sourire Mendoza, qui s’approcha de la table et s’empara d’un des deux piments restant.

– Moi j’adore ça !

– Les piments ou les missions-suicides ?

– Les deux ! plaisanta l’Espagnol.

Ils partagèrent un petit rire de connivence avant de reprendre leur sérieux.

– Pourquoi vous faites ça Mendoza ?

– Quoi donc ?

– Bah ça ! s’exclama l’Olmèque. Je sais pas. Financièrement, vous ne semblez pas malheureux, vous allez retrouver votre chez-vous, vous avec une jolie femme, un peu casse-couilles, mais bon… ça n’a pas l’air de vous ennuyer plus que ça, vous allez peut-être retrouver votre fille et vous avez même un joli bateau si l’envie vous vient d’aller vous encanailler sur l’océan… alors pourquoi vous lancer dans cette… folie ?

Mendoza grimaça sensiblement, le piment était très fort.

– La vache !... geignit-il en répriment une petit larme. Pourquoi ? Tu le ferais pas, toi ?

– Moi ? ironisa-t-il. Manger un de ces brûle-gueule ?

Le Navigateur lui adressa une expression entendue en cherchant du regard autour de lui quelque chose de précis.

– Là ! fit placidement Calmèque en pointant du doigt l’emplacement d’une carafe d’eau.

L’Espagnol fit trois enjambées rapides, se saisit du récipient, et but la totalité du broc sans demander son reste.

– Ostia ! jura-t-il, le piquant du piment encore très présent sur la langue. Il se défend celui-là !

Calmèque avait croisé les bras et le regardait se remettre de ses émotions gustatives.

– Moi, je suis à des années-lumière de votre situation, Mendoza. Primo, je vous appartiens et je suis obligé d’aller là où vous allez… Deuxio, moi, je n’ai rien à perdre… et je ne manquerai à personne s’il devait m’arriver quelque chose. Donc je vous repose la question… Pourquoi ?

– Parce que vois-tu Calmèque, dit-il d’une voix encore un peu éteinte par le brulant, je ne me vois pas du tout mettre mes pantoufles et me poser au coin du feu. Je préfère aller défier la mort plutôt que d’attendre qu’elle vienne me chercher dans mon lit.

Le petit homme se fendit d’un sourire facétieux.

– Oh ! Nous avons un héro !

Mendoza revint vers la table, toisant son interlocuteur avec un petit air de défi.

– Non, Calmèque. Ce qui est vraiment héroïque, c’est de manger le second piment en sachant qu’il n’y a plus une seule goutte d’eau dans cette cabine !

Et sur ce, l’Espagnol prit entre ses doigts le deuxième petit piment rouge vif avant de le porter à ses lèvres sous le regard atterré de l’Olmèque.

« Il va pas faire ça… ? »

Il vit la mâchoire de l’Espagnol se suspendre avant d’entendre l’aliment croquer sous ses dents.

« C’est officiel, il cherche la merde… »

Mendoza plissa les yeux en se pinçant les lèvres exagérément, mais pas un son ne sortit de sa bouche. Son teint vira au rouge et des larmes se mirent à couler le long de ses joues, mais toujours dans un silence absolu. Face à lui, Calmèque était partagé entre la stupéfaction la plus totale et une profonde hilarité devant les efforts que Mendoza faisait pour ne pas craquer, il ne comprenait vraiment pas à quoi ça rimait - une coutume espagnole débile ? - mais ça avait l’avantage de décrisper considérablement l’atmosphère. Mendoza prenait à présent de très nombreuses et profondes inspirations la bouche grande ouverte, sans doute dans l’espoir de se rafraichir, mais il était presqu’aussi rouge que ce qu’il avait avalé et il était de moins en moins sûre qu’il s’en sorte vivant.

– Y’a un but à cette connerie ? interrogea Calmèque qui ne comprenait pas à quoi il assistait mais qui devait reconnaître que c’était plutôt drôle.

– Je vais crever, avoua Mendoza dans un hoquettement douloureux, presque mort de rire.

L’Espagnol empoigna une bouteille de vin pratiquement vide et la termina en deux malheureuses gorgées, à regret. Mais prenant pitié de lui, Calmèque avait prit la peine d’en ouvrir une autre et il la lui tendit. Il aurait pu aller chercher de l’eau, mais à vrai dire, il était aussi mort de rire que le croqueur de piment et il estima qu’il valait mieux gérer cette « crise » en interne. Le Navigateur, les larmes cramponnées à ses joues, but goulument presque les trois quart de la bouteille avant de souffler bruyamment et de s’assoir, l’air un peu hébété. Ca passait doucement…

Les deux hommes se regardèrent un long moment. Mendoza avait cette tête de gamin content de sa connerie et Calmèque celle du complice malgré lui. Ce qui venait de se passer n’avait aucun sens, c’était même complètement grotesque sur le plan rationnel, mais sur le plan humain, c’était très révélateur.

Calmèque prit une chaise et vint la placer en face du brulé vif. Il lui prit le vin des mains et se servit un godet avant de le lui rendre et de faire teinter le métal de son récipient contre le verre de la bouteille.

– Salud !

Mendoza se contenta de lever un peu sa bouteille en guise de réponse.

Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquelles nos deux personnages ne dirent pas un mot, se limitant à apprécier l’excellent vin qu’ils avaient dégoté. La bouteille était aveugle, aucune étiquette pour en déterminer la provenance… dommage.

– Au risque de me répéter, finit par dire Calmèque, ma question reste la même : Pourquoi ?

C’est un sourire franc et chaleureux qui lui répondit.

– Tu n’as jamais fait quelque chose de stupide juste pour voir si tu en étais capable ?

– On parle toujours du rapatriement de notre aristocrate ou de votre tentative désespérée pour prouver votre virilité en avalant ce piment ? plaisanta l’Olmèque.

– Les deux ! concéda l’Espagnol à qui l’alcool, trop rapidement ingurgité en quantité, commençait à jouer des tours, ses yeux brillant d’une lueur chaleureuse qu’ils arboraient rarement.

L’Olmèque but quelques gorgées de vin tout en réfléchissant.

– Non. En général quand je fais un truc stupide, je ne m’en rends compte qu’après coup et c’est pas pour me lancer un défi perso.

Une moue un peu dédaigneuse vint agrémenter le visage déjà comique de l’Espagnol.

– Admettons… alors dis-moi. Quelle est la chose la plus stupide que tu aie faite ?

Une mine de « dépassé par la quantité » vint arquer les sourcils du petit homme qui souffla en gonflant ses joues.

– Par ordre alphabétique ?

Mendoza rit volontiers. L’alcool combiné à la situation dangereuse qui les attendait rendait tout « sans importance », comme si on pouvait tout se permettre au vu de ce qui allait leur arriver dans les semaines à venir. Bat les masques ! Ils allaient quand-même très certainement crever d’ici peu.

– Je sais pas..., avoua Calmèque. J’en ai fait un paquet !

Il faisait dans sa tête l’inventaire de ses bourdes les plus mémorables et peinait à choisir, en toute sincérité.

– Moi je sais, annonça brusquement Mendoza, le regard inquisiteur.

Calmèque prit une mine très étonnée et pas franchement rassuré.

– Oh, dans notre passé commun… je sens que vais en prendre pour mon grade.

Mendoza s’approcha de lui et lui colla le cul de la bouteille sur la poitrine, en geste accusateur.

– Quand t’as refusé la proposition du Grand-Prêtre da la Cité d’Or et que tu l’as poignardé… ça c’était monstrueusement débile !

Le Navigateur affichait un air grave et sérieux, derrière un petit sourire indéchiffrablement pénétrant et Calmèque s’appuya plus fortement sur la bouteille pour s’approcher d’avantage de l’Espagnol et être sûre d’être bien compris. Ils se toisaient du regard, dans une atmosphère un peu étrange, flirtant entre la boutade et le règlement de compte.

– Vous avez été soldat Mendoza, vous savez ce que ça implique. Mes ordres étaient très clairs : Ramener le Grand-Héritage coûte que coûte ! Si j’avais fait ami-ami avec le Grand-Prêtre, vous pensez qu’il se serait passé quoi ? Que Menator aurait sabré le champagne et offert les petits fours ?

Calmèque s’approcha encore, la pression infligée sur son torse par la bouteille, que Mendoza ne relâchait pas d’un pouce, devenait douloureuse, mais il n’en avait que faire et Mendoza demeurait imperturbable.

– Menator aurait patienté, cinq minutes, peut-être dix… avant de péter les plombs et de transformer la cité en motte de beurre fondu à l’aide de son rayon plasma, tuant tout le monde au passage. Et ensuite, il serait descendu chercher son précieux réacteur solaire sans plus personne pour l’en empêcher. La vraie stupidité de cette histoire, c’est le Grand-Prêtre qui n’a pas jugé utile de nous prévenir que sans le vase, pas moyen de contrôler la réaction en chaîne de l’appareil…

– Si tu ne l’avais pas poignardé, je suis certain qu’il aurait justement pris le temps de vous expliquer tout ça ! rétorqua le Navigateur d’un ton acerbe.

Et Mendoza se pencha sensiblement, augmentant encore la pression de la bouteille.

– Tu sais ce qui m’a le plus révulsé quand je t’ai vu trahir cet homme ? C’est pas que tu l’aie fait, c’est que tu aie pris le temps de réfléchir avant, et que tu l’aie fait en tout état de cause, par pure cruauté.

– Pas par cruauté, opposa Calmèque. Par nécessité, nuance ! J’ai du choisir entre sa vie et la mienne. Menator n’aurait pas fait grand cas de mon existence si je n’avais pas fait ce qu’il attendait de moi ! Et il n’attendait pas de moi que je signe un traité de paix ! appuya-t-il encore.

Il s’approcha encore un peu, au seuil du supportable en terme de pression sur son sternum, et dégaina son couteau. Les yeux plantés dans ceux du Navigateur. Il effleura de la pointe de son arme l’intérieur de la cuisse de celui-ci, et imprima un mouvement précis à sa lame, faisant mine de trancher lentement sa chair, Mendoza tressaillit ostensiblement, mais laissa faire, pour le moment.

– La fémorale… facile d’accès à cet endroit. Une fois tranchée, on perd connaissance en moins de deux minutes et on se vide complètement de son sang en sept. Aucune chance de s’en sortir.

Mendoza ne le lâchait pas des yeux, concentré, et bien qu’il ne se sente pas en danger, il avait posé sa main droite sur le pommeau de son épée, prêt à dégainer au cas où. L’Olmèque remonta doucement son poignard le long du corps de l’Espagnol pour s’arrêter un peu plus haut, au niveau de l’abdomen, un peu à droite. Et appuya d’un petit mouvement sec et précis, mais il avait inversé l’orientation de son arme et ce n’est que le manche qui vint chatouiller innocemment les côtes flottantes du Navigateur. Pourtant… il y avait quelque chose de très « prédateur » dans le comportement de l’Olmèque à cet instant. Et Mendoza restait sur ses gardes.

– Les reins… des organes fragiles,… annonça Calmèque, la voix teintée d’un peu de sadisme. Habillement tranchés ils laissent quelques heures d’agonie à la victime tout au plus.

Mendoza sentit le manche de l’arme partir à la recherche d’un autre emplacement, plus au centre cette fois.

– Au choix, poumons, estomac, intestins, foie,…, poursuivit la voix atone. Tout dépend de l’inconfort et de la douleur qu’on veut infliger. Le foie est sans doute le pire. Un sang noir s’échappe de votre corps et la douleur est intolérable. La durée de l’agonie dépend de la profondeur de l’entaille, mais c’est dans tous les cas… fatal.

Il laissa un souffle se perdre de façon un peu étrange. Et il s’approcha encore, mimant le geste qu’il avait eu en poignardant le Grand-Prêtre, et d’un coup sec, il enfonça le manche de son couteau dans le côté gauche des chairs de Mendoza qui contracta instinctivement ses muscles pour parer l’intrusion. Calmèque était vraiment très très près à présent, et si la bouteille de vin ne les séparait pas, il aurait pu rejouer la scène vécue cinq and plus tôt, le Grand-Prêtre l’enlaçant avant de recevoir le coup meurtrier.

– Les poignées d’amour, taquina l’Olmèque d’une voix soudain moins sinistre, aucun organe vital dans les parages, blessure sans gravité.

Calmèque se redressa, le sourire aux lèvres, mettant fin à la pression de la bouteille sur son torse et découvrant l’expression sombre et sur la défensive de son interlocuteur. Content de son petit effet, il l’invita à se détendre en lui adressant un sourire amusé.

– Si les choses n’avaient pas mal tourné, et j’en suis le premier désolé, affirma-t-il, cet empêcheur de tourner en rond aurait été en mesure de gambader comme si de rien n’était moins de deux semaines plus tard. Mon but n’était pas de le tuer, mon but était de l’écarter de mon chemin.

Et sur ce, il rengaina son arme et posa sa main sur le culot de la bouteille pour que Mendoza cesse de la brandir contre lui. L’Espagnol tordit ses lèvres quelques secondes, pensif, avant d’obtempérer. L’alcool était toujours bien là, et c’est lui qui avait permis cette mise au point, mais Mendoza était loin d’être complètement soul. Il gardait une parfaite maitrise de ses dires et de ses gestes. Il accepta donc de baisser la bouteille et de débrayer un petit peu.

– Une fois de plus, je suis supposé croire ce qui t’arrange, remarqua-t-il.

– Croyez ce que vous voulez, mais soyez certain que si j’en avais vraiment voulu à la vie de cet homme, il serait mort.

– Mais il est mort Calmèque ! Et sans ton coup de poignard, il vous aurait expliqué pour le vase et il serait encore là !

– Mais vous écoutez ce que je vous dis ou vous restez cloisonné dans vos aprioris ? s’exclama-t-il un peu vexé. Si je ne l’avais pas fait, Menator aurait tué tout le monde et serait venu se servir lui-même ! Et la même catastrophe se serait produite mais sans plus personne pour l’enrailler et on ne serait plus là pour en parler, ni vous, ni moi ! Donc, je reconnais que je ne pensais pas que cet acte sauverait indirectement la planète, mais comme je vous l’ai dit, ça partait pas d’une irrépressible envie de massacrer un gars sans défense !

Calmèque n’avait plus du tout envie de rire et il reposa son godet vide sur la table avec humeur. Renfrogné.

Mendoza l’observa, un léger tournis caché derrière les yeux. Il avait conscience qu’il n’avait pas forcément tort, mais ça faisait longtemps que ce geste lui était resté en travers de la gorge et qu’il cherchait le bon moment pour en découdre avec l’ex-Commandant.

– Tu sais, Calmèque. Cet homme, c’était le père d’Esteban… et le gamin avait fait tout le chemin depuis l’Espagne dans le seul espoir de le retrouver.

La nouvelle consterna le petit homme qui parut revivre les événements en pensées, la mine brusquement accablée.

– Je suis désolé.

– C’est facile d’être désolé.

– Non ! Ce n’est pas si simple de porter sur la conscience une catastrophe aussi énorme ! Je suis vraiment désolé ! Quoi que vous en pensiez !

Il se leva, contrarié, et fit quelques pas dans la pièce.

– Si vous voulez tout remettre en perspective, remontons vingt minutes plus tôt, quand vous m’avez menacé de m’égorger. Vous auriez du le faire ! J’aurais poignardé personne ! lâcha-t-il avec ressentiment.

– Ca n’aurait rien changé.

– Je suis content de vous l’entendre dire ! Ca n’aurait strictement rien changé. Et vous savez pourquoi ? Parce que c’est pas moi qui donnait les ordres. Et que Menator m’aurait remplacé aussi sec.

– Tu ne peux pas te dédouaner de tout sous prétexte que tu ne faisais qu’exécuter les ordres ! objecta Mendoza.

Calmèque failli répondre avec morgue, mais les mots restèrent coincés à la lisière de ses lèvres. Il se contenta de foudroyer longuement un Mendoza au regard accusateur, puis, comme s’il ravalait progressivement sa colère, il ferma les yeux, expira profondément et se détourna. Il porta sa main à son visage et se massa l’arrête du nez puis le front avant de se diriger vers la petite fenêtre plongeant sur l’Océan et la nuit et de s’y appuyer de longues minutes en silence.

Mendoza ne le quittait pas des yeux.

Au seuil d’une très longue attente, la voix assourdie de l’Olmèque se refit entendre.

– Vous savez comment je suis devenu Commandant ?

Mendoza ne répondit pas, ce n’était pas vraiment une question. Et l’Olmèque poursuivit le fil de ses pensées.

– Un concours de circonstances. J’étais au mauvais endroit au mauvais moment, s’amusa-t-il tristement. Menator avait la réputation d’user ses seconds jusqu’à la trogne. « Commandant » était un poste qu’on quittait les pieds devant et qui n’excitait la convoitise de personne, croyez-moi.

Il fronça les sourcils et parut replonger dans un passer douloureux.

– A vrai dire, pour bien comprendre, poursuivit-il, il faut remonter plus loin.

Il se tut, cherchant visiblement ses mots, avant de se lancer, ne trouvant pas de façon de le dire qui soit meilleure qu’une autre.

– Je suis ce que mon peuple appelle un « impur », dit-il. Comprenez par-là : un métisse.

Mendoza cacha difficilement sa surprise et heureusement que le petit homme lui tournait le dos, sans quoi il aurait lu toute la stupéfaction dont le navigateur était capable. Il fouilla sa mémoire en vitesse et essaye de se remémorer à quoi ressemblait les « autres » Olmèques… mais il ne lui sembla pas que Calmèque fut si différent. A part les cheveux, mais il avait toujours pensé que tous les Olmèques auraient pu en avoir en les laissant pousser.

Depuis la fameuse soirée où l’Espagnol l’avait fait boire, Calmèque savait qu’il serait tôt ou tard contrait de faire la lumière sur certains événements. Le moment était-il arrivé ? Sa voix reprit lentement, un peu résigné.

– La particularité de ma naissance a fait de moi un objet de curiosité, de recherches et d’expériences durant de nombreuses années. Le fait est que c’est sur base de ma génétique que Menator a pu créer son retardateur de vieillissement.

Il se tut une nouvelle fois et ferma les yeux.

Voilà une phrase à laquelle l’Espagnol n’était pas certain d’avoir tout compris, le mot « génétique » lui étant complètement étranger. Mais il ne l’interrompit pas.

– Jusqu’à mes vingt-deux ans, je ne fus qu’un larbin au service de Menator, un domestique dont il ponctionnait  sang et moelle épinière régulièrement pour se faire transfusions et greffes, histoire de se rafistoler. J’étais juste une fontaine de jouvence sur pattes, à la fois nécessaire et vital tout en étant à ses yeux la manifestation de ses échecs, de ses remords, de ses rancœurs,… de ses frustrations… son égo a toujours eu beaucoup de mal à accepter que je ne sois pas le fruit de ses recherches à lui. Et que j’étais peut-être son seul espoir et le début d’une réponse qu’il n’avait, de son côté, jamais trouvée. Ah ! fit-il avec une triste ironie, Menator et son orgueil !

Calmèque ne fut pas plus claire à ce niveau et à part un silence indécis, il finit par ne pas en dire plus. Mendoza de son côté n’en loupait pas une miette et notait, patiemment dans un coin de sa mémoire les éléments sur lesquels il ne manquerait pas de demander des explications, plus tard. Cette histoire de fontaine de jouvence sur pattes avait de quoi interpeller, par exemple.

– En tant qu’impur, continua l’Olmèque, je n’avais aucun droit, je n’avais ni nom, ni existence légale et pas non plus la permission de parler ou d’avoir accès à l’instruction. Et Menator ne manquait pas une occasion pour passer ses nerfs sur moi. Je le haïssais à un point que vous auriez bien du mal à comprendre et en même temps, il était la seule personne que je connaissais et qui m’adressait parfois la parole. Ce que je ressentais à son égard à l’époque était très paradoxal. Comme une sorte de parent maltraitant, mais qu’on aime quand-même parce qu’il est tout ce qu’on a.

Il soupira.

– La seule chose qui m’ait sauvé, c’est que j’étais curieux, et que dès qu’il avait le dos tourné, je furetais dans ses livres, et à force, je suis parvenu à apprendre à lire tout seul. Ca m’a ouvert un autre monde, celui de la connaissance. Et ça m’a permis de m’évader un peu de mon quotidien triste et froid, enfermé dans ce sous-sol.

La flamme de lampe à huile se mit à danser dans un petit crépitement, le combustible commençait à manquer et bientôt la flamme allait s’éteindre. Quelques secondes plus tard, la lampe rendit l’âme, laissant à la lumière de la lune le soin d’éclairer timidement l’intérieur de la cabine de poupe. Une lueur blafarde faisant ressortir les volumes de façon inquiétante et offrant aux ombres plus d’importance qu’elles n’en avaient.

– Un jour, reprit le petit Olmèque, le ton un peu terne, Menator a échappé à un assassina perpétré par le Commandant en poste de l’époque. Après ça, il est devenu plutôt parano et il ne faisait plus confiance à personne. Parallèlement, il s’était aperçu que je savais lire et il en avait été à la fois furieux et impressionné, mais de ce fait, sur un coup de tête, c’est moi qu’il a nommé pour remplacer le Commandant déchu. Il pensait avoir un ascendant absolu sur moi et il a cru mettre en place une pièce qu’il maîtrisait parfaitement.

– Ce n’était pas le cas ? demanda brusquement Mendoza, sortant Calmèque de son récit de façon un peu abrupte. Il mit d’ailleurs un instant à reprendre pied. Il s’était retourné et dévisageait l’Espagnol au travers de l’obscurité. Cherchait-il sur le visage de ce dernier quelque chose qu’il peinait à trouver ?

– Comme je vous l’ai dit, répondit-il d’une voix douce, il était pour moi comme un père. Souvent injuste, parfois cruel, mais il était tout ce que j’avais. Il était tout mon univers alors que pour lui je n’étais que…

Il chercha le bon terme et s’amusa de sa métaphore.

– Qu’un caillou dans sa chaussure avec lequel il était contraint de marcher.

Et il termina son analogie dans un petit rire amer.

– Ca ne répond pas à ma question, remarqua gentiment l’Espagnol.

Calmèque mit quelques secondes avant de formuler une réponse plus directe.

– Je ne sais pas vous, Mendoza, mais je ne suis pas de ceux qui commettent des parricides. Quoi qu’il en coûte.

Voilà qui était plus clair, en effet.

Calmèque avait conscience que sa petite histoire n’excusait rien, mais c’était la première fois de sa vie qu’il mettait des mots sur tout ça, son vécu, sa nature, sa relation étrange avec son vieux Maître et l’ambigüité de l’affection qu’il lui portait. Il s’était souvent demandé si ce vieil homme borné et rongé par l’amertume avait, malgré tout, fini par l’apprécier un peu, secrètement. Il se souvenait qu’il l’avait espéré, tandis qu’il était encore enfant, et qu’à mesure que le temps passait, il avait dû accepter de n’être rien pour le scientifique, si ce n’était un instrument. Il en avait alors fait son deuil, nourrissant aussi discrètement que possible son attachement à sens unique. Cherchant dans chaque geste, chaque regard un infime signe qui trahirait les sentiments du vieil homme, mais rien ne vint, jamais.

Le regard bas, toujours loin dans ses pensées, Calmèque revint lentement s’assoir sur la chaise près de l’Espagnol.

– Le père d’Esteban, lâcha-t-il dans un souffle.

Il eut un petit sourire fade. Mendoza ne pipait mot. Il ne voulait pas interrompre ce long soliloque. Voilà que l’Olmèque revenait sur cette information, « le père d’Esteban ». Cette révélation avait-elle été l’étincelle qui avait induit son récit ? Peut-être.

– J’avais remarqué que le Grand-Prêtre avait un timbre de voix légèrement différent quand il s’adressait à Esteban, révéla-t-il, toujours songeur. C’était tout juste perceptible, une infime variation de ses harmoniques qui lui conférait quelque chose de plus… profond. Je l’avais remarqué, mais dans le tumulte des événements, je n’y avais pas prêté attention. C’était donc ça…, se dit-il dans un souffle.

Et c’était précisément ça, que Menator n’avait jamais eu à son égard. Il avait toujours stupidement espéré, même jusque-là, que Menator ait pu dissimuler son affection parce qu’il ne pouvait se permettre d’apprécier un impur, mais cette révélation était une sorte de coup de grâce. Une évidence qu’il avait refusé d’accepter. Si le vieil homme avait eu un temps soi peu d’affection à son égard, aussi minime soit-elle, il l’aurait forcément entendu, un jour… mais il n’en était rien. D’une certaine façon il l’avait toujours su, mais avait espéré. Mais ne dit-on pas que l’espoir est le dernier rempart de ceux qui n’en ont point d’autre ?

Il ferma les yeux. Rompu. Et se tut un long moment.

Face à face, les deux hommes se regardaient plus vraiment, chacun plongé dans leurs propres méandres. Des ombres leur avaient pris la main et les avaient emmenés, loin. L’alcool aidait, à n’en pas douter, à rendre l’atmosphère un peu intemporelle et cotonneuse. Propice aux souvenirs et aux remises en questions de tout et de rien. Ce genre de moments qui vous plongent dans une mélancolie à la fois annihilante et enveloppante. Une sorte de réconfort impalpable. Que seul le souffle d’une respiration peut suspendre.

Calmèque s’interrogeait sur tout ça, sur ce qu’il avait dit mais aussi pourquoi il l’avait fait et à qui. Qu’est ce qui le poussait à raconter ce genre de choses à cet Espagnol ? Espérait-il son absolution ? Un instant il se demanda s’il ne cherchait en Mendoza ce qu’il avait désespérément cherché en Menator sans jamais le trouver : un lien. Certes, il ne voyait pas en Mendoza une figure paternelle, mais cet homme était ce qui se rapprochait le plus d’un ami et à bien y réfléchir, c’était le premier qu’il avait.

– Vous me détestez ? demanda brusquement l’Olmèque.

Le Navigateur releva sa tête pour dévisager le personnage assis en face de lui. Il lui trouvait une expression étrange. Et il préféra être franc.

– Non, dit-il doucement. J’ai du ressentiment par rapport à certains événements, mais je sais que le contexte nous avait placés dans des camps opposés et que faire un procès d’intentions est aussi douloureux qu’inutile, on devrait éviter de remettre ces événements sur le tapis à l’avenir, conclut-il. Par contre, dit-il avant de conclure, en plantant ses yeux dans ceux de l’Olmèque. Toi, tu te détestes.

Calmèque fronça les sourcils. Et Mendoza poursuivit après une courte pause.

– Tu es quelqu’un de complexe Calmèque, tu as un côté très fière de ce que tu es, de tes capacités, de ton intellect et de tes connaissances et une autre partie donne l’impression qu’elle pourrait se vomir toute entière si elle le pouvait. C’est déroutant parfois.

Et comme l’expression de l’Olmèque devenait de plus en plus consternée, Mendoza cru bon de donner une preuve de ses dires.

– C’est comme ta relation avec Erin.

Calmèque roula brusquement des yeux vers le plafond.

– Mais il ne se passe rien entre Erin et moi !

– Oh si Calmèque ! Il n’y a peut-être rien de consommé, mais il se passe bel et bien « quelques chose » !

L’Olmèque soupira lourdement.

– Mais enfin Mendoza, vous l’avez regardée ? Et vous m’avez vu ? Il ne vous semble pas qu’il y a comme une sorte de « léger » décalage ? Soyons sérieux ! C’était marrant au début, mais ça ne va nulle part cette histoire. Je suis pas idiot.

– Sabotage ! rétorqua platement Mendoza.

Calmèque fit claquer sa langue comme il le faisait souvent en signe de mécontentement.

– C’est facile à dire pour vous du haut de votre mètre quatre vingt-quinze et de votre belle gueule, siffla amèrement Calmèque. Mais j’aimerais vous y voir si vous étiez moi ! On n’a pas vraiment la même marge de manœuvre !

Mendoza sourit, de ce petit sourire énigmatique qui a avait le chic d’énerver beaucoup de monde. Et il laissa planer un silence agaçant.

– Jusque hier encore, commença-t-il au bout d’un temps un peu trop long au goût de l’Olmèque, j’étais plutôt de ton avis Calmèque, jusqu’à ce que tu me racontes brièvement l’histoire d’Erin, et là j’ai compris. J’ai compris comment l’improbable était devenu possible.

La stupéfaction vient s’ajouter à la longue cohorte d’émotions contradictoires qui animaient l’Olmèque en cet instant précis. Et Mendoza se mit en devoir de s’expliquer.

– Erin est une jeune femme atypique qui s’est vue trahie par tout ce que l’Homme, au sens masculin du terme,  peut représenter en ce bas monde : père, frère, époux, et sans doute une ribambelle de prêtres et d’évêques qu’on a dû mettre dans la combine pour la mettre en disgrâce, obtenir son divorce et l’enfermer.

Il laissa un moment son explication trouver son chemin avant de poursuivre.

– Et elle a, en désespoir de cause, voulu rejoindre le Nouveau Continent en espérant y trouver un endroit où ce qu’elle était n’était plus une malédiction. Elle n’y est jamais arrivée, mais elle t’a trouvé toi. A ses yeux tu représentes ce « Nouveau Monde » qu’elle rêvait d’atteindre et tu es suffisamment différent que pour lui laisser espérer que tu n’es pas un homme à l’image de ceux qui ont essayé de la briser. En gros, conclut-il, c’est ta profonde différence qui fait que tu as toutes tes chances avec Erin… et si j’étais toi, je ne la laisserais pas filer…

Et de conclure après un bref instant de réflexion.

– Maintenant c’est toi qui vois. Si tu préfères rester enfermé dans ta peur et laisser les coudées libres à ton misérable petit saboteur…

Sur ce, il se releva en faisant mine de défroisser son pantalon, l’air de rien, et sentit que le moment était venu de mettre un terme à cette conversation un peu trop intimiste à son goût.

– Bon, je vais prendre l’air, conclut-il. Ce vin est occupé à me prendre en traitre.

Calmèque s’offusqua.

– Vous allez me planter là ? Comme ça ? Après les bombes que vous venez de me lâcher ?

– Bah oui ! C’est le moment où tu réfléchis à ce que je t’ai dit. Et puis, des bombes tu m’en as lâchée quelques unes aussi, remarqua le Navigateur.

– Mais…

Mendoza avait la main posé sur la poignée de la porte et consentit à dire une dernière chose avant de prendre le large.

– Calmèque, moi je crois que tu devrais considérer que la seconde partie de ton existence a commencé il y a trois mois et que… tu devrais te laisser une chance de vivre. Qui sait, tu pourrais être agréablement surpris !


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