Mon aventure avec le Sorceleur

Chapitre 17 : Le même jour du côté de Rodric

Par EnSorceleurisee

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Chapitre 17 : Le même jour du côté de Rodric 


Assis sur un tronc d'arbre mort, j'observais la forêt tout autour de moi : les arbres immenses me surplombaient, laissant filtrer les rayons du soleil à travers leurs feuillages. La nature sauvage m'entourait, me baignant de bruissements et autres pépiements d'oiseaux. Les animaux ne craignaient pas les hommes ici. De là où j'étais je pouvais observer une harde composé d'un grand cerf et d'une demi-douzaine de biches accompagnées de leurs jeunes faons. J'entendais distinctement le son de leurs dents coupant l'herbe fraîche et leurs pas sur le sol de la forêt. Un peu plus haut, des écureuils jacassaient en se poursuivant dans les arbres. Personne n'aurait pu se douter qu'un village entier était là, à quelques mètres de mon banc de fortune.


Cela faisait presqu'un mois que Gaëlliane n'était plus à nos côtés et une bonne semaine que nous étions arrivés à Brokilone. Je repensais aux événements qui avaient chamboulé notre vie. L'inquiétude m'avait étreint quand je ne l'avais pas vu rentrer ce soir là. Notre fille avait été si difficile à rassurer qu'elle dormit blottie contre moi toute la nuit. C'était la première fois qu'elle était séparée aussi longtemps de sa mère. Elles étaient très proches toutes les deux. J'avais eu de la chance : exceptionnellement Mélusine avait choisi de rester avec moi plutôt que d'accompagner Gaëlliane pour sa récolte d'herbes médicinales… Il s'en était fallu de peu pour qu'elles mes soient arrachées toutes les deux d'un coup !


Dès le lendemain, confiant Mélusine à Jahlna, j'étais parti à la recherche de mon épouse, en vain. J'avais trouvé la clairière, où elle avait l'habitude de récolter certaines de ses racines, piétinée comme s'il y avait eu lutte. J'y lus clairement les empreintes de plusieurs chevaux et de leurs cavaliers. Des hommes si j'en croyais la taille des empreintes de bottes dans la boue. Jusqu'au bout j'espérai que cela ne la concernait en rien mais quand je vis ses empreintes minuscules au milieu, j'eus la confirmation qu'elle était partie avec ces hommes, peut-être enlevée. Rentrant chez nous j'avais décidé de n'en rien dire à Mélusine mais de commencer à préparer nos bagages pour un éventuel départ précipité. Notre fille dormit une nouvelle nuit agrippée à moi, appelant sa mère dans son sommeil.


Ce fut le matin suivant, en allant acheter du pain pour le petit déjeuner, que je vis les affiches avec la tête de Gaëlliane mise à prix. Je compris alors qu'il était temps de nous mettre en route vers Brokilone qui était notre lieu refuge convenu en cas de problème.


En observant les affiches, j'avais constaté qu'une autre personne était également recherchée avec Gaëlliane : un homme massif aux long cheveux blancs et à l'air féroce, un Sorceleur si j'en croyais le texte. Il était écrit que tous deux étaient considérés comme armés et dangereux. Je secouai la tête incrédule, ma Gaëlliane dangereuse? Je ne pouvais pas y croire... Pourtant il était indiqué qu'elle aurait mutilé et tué des soldats ! Mon coeur se serra. Inquiet je me demandais dans quel merdier elle avait réussi à se fourrer.


J'avais réagi promptement pour achever de préparer notre départ avec l'aide de Jahlna, l'apprentie de Gaëlliane. J'avais quand-même pris le temps de mettre Orage, la jument de ma femme, en pension à l'écurie du Village. Malheureusement, au moment où nous allions prendre la route, les services de l'ordre m'interceptèrent. Ils me questionnèrent, tout le jour durant, mais je n'avais aucune réponse à leur donner et combien même ils n'auraient rien su tirer de moi : je me devais de protéger ma famille. J'ignorais où était mon épouse et l'inquiétude que cela provoquait chez moi me faisait bien plus mal que leurs coups pour me faire parler. 


Je ne compris pas ce qui les incita à me laisser partir mais j'en fus soulagé : la douleur commençait à devenir difficile à gérer même si je faisais tout pour n'en rien montrer. Peut-être imaginaient-ils que je les conduirais jusqu'à elle? Je surveillerais nos arrières : hors de question d'être responsable de son arrestation, le pal et la corde étaient bien trop utilisés ces derniers temps, sans parler des autres techniques barbares de tortures... Imaginer ma femme ainsi maltraitée en cas de capture me glaça, si elle devait subir cela je doutais de pouvoir m'en relever. 


Je fus accueilli par les pleurs de Mélusine en rentrant chez moi. Jahlna avait veillé sur elle mais elle était terrorisée par la situation. Elle avait cru me perdre moi aussi. Voir l'état dans lequel je rentrai ne la rassura pas vraiment. Je consentis donc à laisser Jahlna me soigner même si j'essayais de lui faire croire que ce n'était rien. Elle banda mes côtes apparemment fêlées après m'avoir appliqué un baume et utilisa le même baume sur mes échymoses dont les plus impressionnantes étaient à l'oeil et à la mâchoire. Cela me soulagea plus que je ne voulus l'avouer. Je profitai de ce temps pour lui donner des instructions concernant l'aide à apporter à Gaëlliane, si elle venait à repasser par chez nous. J'espérais secrètement qu'elle ne prennent pas ce risque mais je la connaissais peu raisonnable, toujours à foncer tête baissée et à n'en faire qu'à sa tête. Mon coeur se serra à nouveau, je ne pouvais rien faire pour la protéger cette fois.


Saisissant nos derniers bagages, je m'empressai de prendre la route avec ma fille malgré la nuit tombante. La mettre en sécurité était devenu ma priorité absolue. Je ne pouvais rien de plus pour Gaëlliane. Je ne pouvais que compter sur ses ressources et sa bonne étoile pour qu'elle me revienne. Dieux que c'était insuportable de ne pas savoir où elle était ni si elle allait bien. Peut-être était-elle avec ce Sorceleur, certainement même, et cette idée ne me plaisait pas du tout. "Allez Rodric recentre toi, la priorité c'est la sécurité de Mélusine, Gaëlliane est adulte, elle saura prendre soin d'elle", essayai-je de me raisonner.


J'avais attelé mon cheval à ma dernière invention en date : un chariot amphibie, enfin je l'espérais étant donné qu'il nous faudrait certainement traverser des gués pour arriver à destination. Je l'avais conçu avec un fond plat enduit de résine de pin pour le rendre aussi étanche que la coque d'un bateau. Le but était de l'utiliser pour me rendre aux marchés des villes importantes pour y vendre mes inventions. Ça allait être l'occasion de l'essayer. J'y avais entreposé beaucoup de mes inventions qui pourraient nous servir dans la vie sauvage, des lampes à huile à friction, qui auraient l'avantage de me donner de la lumière dès cette nuit, des tuyaux de différentes longueurs et diamètres et tout un tas d'autres choses qui me tombèrent sous la main : il serait toujours temps de trier plus tard. J'avais là un puzzle géant que je serai en mesure d'assembler dans notre nouvel espace de vie et rien que l'idée de ce défi me réjouissait. Pour ce que Gaëlliane m'avait dit des Dryades, il ne me serait plus possible de travailler le bois et le feu était interdit. J'avais donc anticipé autrement.


Comme j'avais conçu mon chariot en prévision des foires et des marchés importants, j'avais prévu de quoi pouvoir y dormir confortablement et y cuisiner. C'est ce qui nous permis d'avancer vite vers notre objectif : pas de perte de temps pour chercher où dormir. Éclair, mon cheval, était un destrier solide et endurant. Il tirait l'attelage avec facilité. C'était sa couleur blanche qui avait incité Mélusine à l'appeler comme ça, elle avait toujours été fascinée par le spectacle du ciel en colère, elle avait baptisé notre jument Orage pour les mêmes raisons. 


Je conduisis toute la première nuit pendant que Mélusine dormait, bercée par le roulis. La fatigue était présente mais la douleur qui pulsait dans mes côtes à chaque respiration me tenait en éveil. J'avais hâte de mettre de la distance avec le village où nous avions vécu si heureux. C'était vraiment étrange de me dire que nous n'y reviendrions peut-être jamais. Abandonner ainsi la maison que j'avais construit et entièrement équipée de mes mains était un véritable crève-coeur. Je me raccrochais au fait que notre sécurité était prioritaire et que cela m'offrirait l'occasion de construire autre chose.


Mis à part une nuit d'orages épouvantable mais qui ravit Mélusine, nous ne fûmes inquiétés que deux fois sur notre route vers Brokilone. La première fois un homme en haillons, hirsute et puant surgit des fourrés en criant comme un forcené et attrapa Éclair par la bride pour nous arrêter. En un mot j'envoyai Mélusine se cacher dans la trappe que j'avais prévu pour elle. L'adrénaline devait me faire paraître plus impressionnant vu que l'homme fila sans demander son reste quand je lui tonnai de lâcher mon cheval tout en posant la main sur l'arbalète cachée sous mon siège. Je restai néanmoins sur le qui-vive un long moment par précaution.


La deuxième fois ils étaient quatre, armés de lames nilfgaardiennes, apparemment des bandits qui espéraient me détrousser. Rien n'est plus dangereux qu'un père qui protège sa progéniture. Je vis rouge : Mélusine était en sécurité dans sa cachette, je sortis, sans attendre, mon arbalète et envoyais un premier trait dans le genou de celui qui semblait mener la bande. Ma voix claqua menaçante en réponse à son glapissement de douleur et aux jurons de ses amis :


-Déguerpissez vite sinon la prochaine fois je vise la tête.


Celui qui fit mine d'avancer vers moi mordit la poussière, les autres mesurèrent enfin le danger que je représentais et filèrent, soutenant leur chef. L'envie me traversa de les achever pendant qu'ils s'enfuyaient. Je tremblais de rage. J'avais envie de les voir tous morts comme le pauvre bougre qui baignait dans son sang. C'est la voix de Mélusine me demandant si elle pouvait sortir qui me ramena à la raison. Je ne voulus pas qu'elle vît ça, j'avais son innocence d'enfant à préserver encore un peu de la violence de la vie. Je la laissai sortir uniquement quand nous nous fûmes suffisamment éloignés du lieu de l'escarmouche. 


La douleur de mes blessures secouées par les cahots du trajet m'accompagnait au quotidien mais je ne m'en plaignais pas : l'inquiétude était une compagne bien moins facile à gérer. Heureusement Mélusine m'en détournait régulièrement par sa fraîcheur, son enthousiasme et ses questionnements. C'était la première fois que je passais autant de temps avec elle et je réalisais avec regrets que j'avais dû louper beaucoup d'étapes importantes de sa jeune vie.


Bien-sûr sa mère lui manquait mais elle se montrait très adaptable comme tous les enfants de cinq ans. Elle était aussi très excitée à l'idée de rencontrer les Dryades, dont elle entendait parler depuis toujours, et vivait ce voyage comme une agréable aventure. Je fis de mon mieux pour la maintenir dans cette croyance, transformant en jeu les situations périlleuses. 


La vie sans Gaëlliane était étrange. Je me rendais compte à quel point j'avais pris l'habitude de m'appuyer sur elle au quotidien, oubliant trop souvent de profiter de sa présence. J'essayais de me rappeler de notre dernier moment de tendresse, en vain. Je réalisai alors que depuis la naissance de notre fille j'avais rarement pris le temps de nourrir notre relation, trop occupé à travailler d'arrache-pied pour nous assurer confort et sécurité au quotidien. Je me couchais souvent tard dans la nuit, me blotissant contre son corps profondément endormi, et, comme elle se levait tôt le matin, je m'éveillai chaque jour dans un lit vide et froid. Les moments où nous pouvions goûter la passion de nos corps étaient devenus anecdotiques. Je m'étonnais de n'en avoir pas tant senti de manque contrairement à elle, qui venait parfois me solliciter, mais j'étais malheureusement trop pris dans mes projets pour me rendre disponible. Comme je le regrettais à présent. Que de temps perdu, peut-être à jamais…


Toujours était-il que nous étions arrivés au moment de la pleine lune. J'avais attendu le levé du soleil pour demander à Éclair de traverser à gué le Ribbon. Le chariot avait réagi exactement comme je l'espérais, flottant derrière le cheval blanc sans le gêner, reprenant roue sur la berge sans encombres. 


L'ambiance dans la forêt de Brokilone était tout à fait particulière : les arbres pluri-centenaires, préservés de toute coupe, étaient aussi démesurés que majestueux, le sous bois était envahi de fougères géantes et de buissons de ronces et d'aubépines. Un silence inquiétant s'était fait dès lors que le cheval avait posé un sabot sur la berge. Même les oiseaux s'étaient arrêtés de chanter. J'avais invité Mélusine à descendre et nous avions dételé notre cheval pour l'attacher sur le côté du chariot où il se mit à brouter avec ardeur. 


Nous nous étions alors avancé prudemment sous le couvert des arbres. Je sentais un filet de sueur glacé glisser le long de ma colonne vertébrale et la peur me nouer les entrailles : nous étions sur un territoire interdit. Les Dryades sylvestres ne toléraient presque personne dans cette forêt sacrée qu'elles préservaient de toute influence humaine.


Conformément aux recommandations de Gaëlliane, qu'elle tenait elle-même de ses aïeules, j'avais incité Mélusine à marcher quelques pas devant moi. Son statut d'enfant, de fillette devait la protéger. Je voyais ses boucles brunes sautiller au rythme de ses pas. Cela me coûtait énormément de la laisser ainsi exposée. Elle me jetait par moment des petits coups d'oeil inquiets, vérifiant ma présence, j'essayais alors de lui sourire pour la rassurer. Je savais qu'elle savait ce qu'elle avait à faire.


Une flèche siffla dans l'air et se planta dans le tronc de l'arbre à côté de moi. Je me figeai : c'était un avertissement, un pas de plus et la suivante me serait fatale. Je levai lentement les mains pour montrer que je n'étais pas armé. Le moment était arrivé. Tout reposait à présent sur les épaules de Mélusine. Elle se tourna vers moi, ses yeux indigo écarquillés d'appréhension. Je me forçai une fois de plus à sourire, puis hochai la tête pour lui confirmer en silence que le moment était venu. 


Je la vis prendre une profonde inspiration puis sa voix s'éleva, fluette, fragile. Je ne comprenais pas les paroles dont la langue ancienne avait une musicalité toute particulière. Elle entonna le chant transmis par sa mère, gagnant progressivement en aplomb. Bientôt sa voix résonna claire, limpide comme le chant d'une source ou celui d'un petit oiseau. Des voix firent écho à la sienne, tout un choeur. Progressivement, les dryades qui nous entouraient se révélèrent. De petites tailles, fines, elles avaient une peau verdâtre qui, tout comme leurs vêtements dans des nuances de vert et de brun, les faisait se confondre avec la végétation environnante. Leurs chevelures avait des couleurs variables. La plupart d'entre-elles portait un arc et un carquois rempli de flèches aux empennages colorés. Toutes avaient un air sauvage, féroce. 


L'une d'entre elle, vêtue d'une longue robe vert pâle légère et traînante, s'avança vers Mélusine. Pour ce que j'en voyais, ses cheveux tout comme ses yeux avaient la couleur de l'argent liquide. Sa beauté contrastait avec son visage fermé, sévère voire menaçant. J'eus l'élan de rejoindre ma fille pour la protéger mais aussitôt une demi-douzaine d'arc bandés furent pointés sur moi. La peur de voir mon enfant blessée sous mes yeux me noua, me faisant blêmir.


La dryade fit un geste de la main, aussitôt les arcs furent baissés et je fus autorisé à m'approcher. Elle se présenta comme Eithné aux yeux argentés, reine de ce peuple. Elle indiqua se souvenir de l'humaine à qui ce chant avait été transmis et donc consentir, au nom de cette amitié ancienne, à nous accepter sur son territoire. En contrepartie nous devions promettre solennellement de nous garder de faire quoi que ce soit mettant en péril les arbres de la forêt : Interdiction de faire du feu, interdiction de ne couper ne serait-ce qu'une branche d'un arbre. Les arbres étaient sacrés et nous étions dans leur sanctuaire. Le moindre écart de ma part se solderait par la mort. Elle accepta néanmoins que je lui montre mes inventions concernant la lumière et la cuisine et les jugea suffisamment secures pour les tolérer. 


Soulagés que tout se soit bien passé et après avoir ré-atelé Éclair à notre chariot, nous suivîmes les Dryades à travers la forêt sauvage. Nous dûmes faire des détours compliqués pour trouver des passages accessibles avec l'atelage et il nous fallut plusieurs jours pour arriver au cœur de la forêt de Brokilone, dans l'espace où les Dryades avaient construit leur village. Les dernières heures s'étaient fait à l'aveugle pour nous, préservant ainsi le secret de sa localisation.


Leurs habitations étaient incroyables : guidés par la magies les arbres et les plantes avaient poussé pour constituer des maisons végétales à différentes hauteurs. Je commençais à comprendre le lien qui unissait les Dryades aux végétaux environnants. Je ne croisai que peu d'humains dans cette communauté, surtout des femmes, parfaitement intégrées à la communauté, différenciables uniquement par leur taille, la forme de leurs oreilles et la couleur de leurs peaux, et de rares hommes, convalescents, qui avaient visiblement un statut à part. Ils m'expliquèrent alors bénéficier des soins particulièrement puissants et de l'eau miraculeuse des Dryades. En contrepartie ils participaient au renouvellement de l'espèce en acceptant de procréer avec elles. Cela se faisait à leur initiative uniquement. Ils me déconseillèrent donc tout geste déplacé sous peine d'en payer les conséquences.


Procréer avec les dryades ? Maintenant qu'ils le disaient, cela me rappelait un vague souvenir. Gaëlliane devait connaître cette contrepartie, elle devait l'avoir acceptée. Cette perspective me mit néanmoins très mal à l'aise : je ne souhaitais pas lui être infidèle mais une part de moi se réjouissait de cette expérience exotique en perspective. J'essayais de me rassurer en me répétant que Gaëlliane savait.


Les jours passèrent sans nouvelles d'elle. Mélusine avait rapidement trouvé sa place dans la communauté et je la voyais de moins en moins. Elle semblait avoir été adoptée par ce peuple dont elle eut vite fait d'apprendre la langue et d'adopter les tenues et coutumes. Je la voyais épanouie même si elle me demandait souvent si sa mère allait nous rejoindre. Je n'en savais rien. Je l'espérais de tout cœur mais le temps passait et une part de moi craignait qu'il lui soit arrivé malheur. 


Je la supposais accompagnée par le colosse aux cheveux blancs de l'affiche, le Sorceleur, et cette perspective était à la fois rassurante et terrifiante. : tout laissait présumer qu'il était très à même de la protéger mais aussi de la séduire. Imaginer les mains de cet homme sur la peau douce de ma femme me fit monter une vague de rage et de détresse. Je serrais les poings jusqu'à les faire blanchir, mes ongles s'enfonçant profondément dans mes paumes. Une part de moi me disait qu'elle m'aimait et que je pouvais lui faire confiance mais l'autre rétorquait qu'elle m'aimait mais que je l'avais délaissée pendant cinq longues années et qu'elle savait ce qu'attendraient les dryades de moi… Malheureusement cette part là me paraissait plus crédible. J'allais devoir me préparer à vivre avec cette éventualité insuportable. Je ne savais pas comment je réagirais le cas échéant. En attendant, cela me donnait envie de hurler de rage.


L'attitude des cervidés relevant subitement la tête et un bruit de pas derrière moi me ramenèrent à l'instant présent. Je jetai un oeil derrière moi, mon émotion s'apaisa en la voyant. Je tapotai le tronc d'arbre moussu sur lequel j'étais assis, invitant la jeune et jolie dryade qui était sortie de derrière un arbre, à s'asseoir près de moi. Cela faisait plusieurs jours qu'elles étaient plusieurs à m'observer plus ou moins discrètement, pouffant parfois dans les buissons. Celle-ci était la première à m'approcher clairement. Je me souvins des conseils et la laissai prendre toutes les initiatives. Elle me dévisagea un instant en souriant puis baissa ses yeux , fermant ses paupières à longs cils sur ses prunelles dorées assorties à sa chevelure. Il me sembla voir rosir légèrement sa peau quand elle me saisit par la main, m'entraînant à sa suite dans une de leurs maisons végétales. Sa main était douce et fraîche, toute menue dans ma grande paluche. Elle ne prononça qu'un seul mot avec une voix chantante, désignant sa jolie poitrine : Taänië. Je répondis mon prénom en retour.


Elle me fit monter dans son perchoir qui était constitué de deux gros arbres principaux se rejoignant en une sphère végétale et d'un troisième, plus fin, montant en spirale tout autour. Cela offrait le moyen d'accéder au nid. Cette rampe naturelle ne faisait que quelques dizaines de centimètres de large, rendant l'ascension impressionnante, elle avait l'agilité de l'habitude et je la suivais avec un peu d'appréhension. Nous nous élevâmes ainsi sur plusieurs mètres avant d'arriver à l'ouverture ronde dans laquelle je me glissait tant bien que mal à sa suite. Mes épaules avaient en effet tout juste la largeur de passer.


L'endroit était étroit, je n'y tenais pas complétement debout, et assez sombre. Les branches des arbres s'étaient entrelacées très finement offrant un toit étanche à la pluie. De rares ouvertures rondes dans les "murs" laissaient passer un peu de lumière, complétée par la lueur verte d'une variété de champignons phosphorescents. 


Taänië me sourit. Elle avait un visage fin, des lèvres charnues, de minuscules dents très blanches et des oreilles légèrement pointues. Elle se déshabilla en un tour de main, enlevant sa robe légère. Je regardais son corps mince et souple sans réelle émotions. Oui, objectivement elle était belle avec ses petits seins ronds aux aréoles dont le vert plus sombre me laissa un peu songeur. Ses hanches étaient courbes et ses attaches fines. Sa peau avait l'air lisse et douce mais je n'étais pas là par choix. Gaëlliane et cet homme occupaient encore toutes mes pensées. La jalousie m'habitait sans que je sache la museler. Je n'avais pourtant aucune certitude, si ce n'était, je l'espérais, les sentiments de mon épouse à mon égard.


La dryade prononça des mots chantants que je ne compris pas. Son ton semblait interrogatif, elle avait incliné la tête de côté, laissant dégouliner sa chevelure. Je réalisai alors qu'elle attendait certainement de moi que je me dévêtisse à mon tour. Elle me le confirma en commençant à défaire un par un les boutons de ma chemise. Le spectre de ma femme s'invita à nouveau quand je constatai que Taänië faisait la même taille que Gaëlliane. De nouveau l'inquiétude et la jalousie me poignardèrent. Je serrai les mâchoires et les poings. La dryade eut un mouvement de recul inquiet. Je tentai de la rassurer d'un sourire, lui expliquant, sans savoir si elle comprenait, que mon attitude n'avait rien à voir avec elle. 


Elle me sourit et me surpris en s'agenouillant à mes pieds pour dénouer le ceinturon retenant mes braies. J'étais presque embarrassé du peu de réaction de mon corps face à cette situation. Je craignis un instant de la vexer quand elle se rendrait compte que je n'étais pas franchement dans une dynamique copulatoire. Loin de se laisser décontenancer, la demoiselle acheva de me dénuder et entrepris de me faire bander, saisissant délicatement ma queue au repos pour l'accueillir dans sa bouche chaude et délicieusement humide.


En un instant elle parvint à capter toute mon attention, me sortant de mes ruminations pour me précipiter dans l'instant présent. Elle me suçait avec expertise, laissant sa langue habile caresser toute la surface de mon sexe qui commença à grossir sous ce délicieux traitement. Je sentais le sang affluer de plus en plus et le plaisir augmenter en conséquence. Quand elle jugea mon érection satisfaisante, la belle me pris par la main pour me désigner sa couche. Je m'y allongeai docilement. 


Une part de moi continuait de lutter contre la situation mais une autre m'invitait à profiter. Gaëlliane et le Sorceleur traversèrent à nouveau mes pensées. Oui j'allais profiter. D'une part parce que je n'avais pas le choix et d'autre part pour évacuer mes émotions négatives. Je recentrai mon attention sur Taänië qui, accroupie sur moi, était en train de se caresser sur mon membre viril avant de s'empaler lentement dessus. La sensation de son fourreau brûlant enserrant ma queue me fit gémir de plaisir. Je vis le visage de mon amante s'illuminer d'un sourire. Elle s'empara de mes mains pour les placer d'autorité sur ses petit seins fermes. J'entrepris alors de les caresser délicatement, les faisant rouler sous mes paume dans un mouvement circulaire, sentant ses tétons dressés me caresser agréablement. Elle me montra son appréciation en entamant de lents vas et viens sur mon mât. La sensation était délicieuse. Si elle se mettait à accélérer je n'allais pas tenir longtemps. 


J'observai son visage. Elle me dévorait des yeux avec un sourire aux lèvres. Sa bouche laissait échapper de petits soupirs à chaque fois qu'elle m'emprisonnait au plus profond de son antre. Son sexe commençait à palpiter autour du mien et inconsciemment je sentais mon bassin entrer en mouvement, venant à la rencontre du sien pour accélérer la réunion de nos deux corps dans le plaisir. Son orgasme me comprima si voluptueusement que je jouis en elle dans un râle de plaisir. La belle me quitta, l'instant d'après, enfilant sa robe. Elle m'embrassa sur la joue et me tendis mes vêtements. Le message était clair : Merci et au-revoir.


Je n'avais plus qu'à rentrer chez-moi, c'est à dire au chariot aménagé, en attendant que Mélusine pense à me rendre visite entre deux parties de cache-cache avec les petites dryades. Repensant à ce que je venais de vivre, j'en arrivai à la conclusion que l'expérience n'était pas désagréable en soi et qu'il ne tenait qu'à moi d'en profiter vraiment. Pour cela il fallait que j'accepte de laisser Gaëlliane en retrait dans mes pensées tant qu'elle ne nous aurait pas rejoints. En attendant, je me donnais comme mot d'ordre Carpe Diem, avec la farouche intention de profiter de ce que ces demoiselles auraient à m'offrir en échange de mes gènes.





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