Chapitre 9 : la bonne rencontre
Nous avions donc pris le risque de regagner une petite route menant vers des espaces habités. Nous n'y avions fait que peu de rencontres : un marchand conduisant une charrette pleine de légumes, un petit groupe de paysans aussi trempés que nous et un cavalier solitaire à l'air pressé. Qui ne le serait pas par un temps pareil ?
Nous arrivions enfin à un village et, comble du bonheur, l'auberge était juste à l'entrée. Elle portait le nom aguicheur d'"Auberge de la bonne rencontre" et je priai intérieurement pour que ce soit effectivement le cas. Nous descendîmes de nos montures et les confiâmes au garçon d'écurie à qui Geralt glissa quelques orins pour qu'il les soigne consciencieusement.
Nous pénétrâmes alors dans l'auberge animée. Le silence se fit à notre arrivée. Geralt devait être habitué à ce type de réaction puisqu'il embrassa la pièce d'un regard en se dirigeant tout naturellement vers l'aubergiste. Nous étions en train de dégouliner sur le sol. Je détaillai les personnes présentes, qui avaient rapidement repris là où elles en étaient, pendant que Geralt faisait part de nos souhaits.
Il y avait plusieurs tablées : un groupes d'hommes passablement avinés avait repris une conversation houleuse. L'un d'entre eux envoya une bonne claque sur les fesses de la serveuse qui serra les dents mais ne dit rien. En retrait, une famille était en train de manger, des paysans apparemment, la femme mangeait d'une main tout en allaitant un bambin de l'autre côté, un garçon d'une douzaine d'années était en train de batailler avec son borsch, y cherchant probablement le lard parmis le chou. Dans un recoin sombre, une femme gardait sa tête dissimulée par une longue capuche. Je cru néanmoins apercevoir une mèche de cheveux châtain-roux bouclée. Une autre table était occupée par une bande de nains qui discutaient de manière très animée de la qualité de la bière qu'ils buvaient.
Geralt mit fin à mon observation en me saisissant par la main pour m'entraîner à la suite de l'aubergiste qui nous menait vers notre chambre. La pièce était assez spacieuse, dotée d'un grand lit, un coffre, deux chaises et surtout, oh merveille, d'une grande baignoire en bois! Une femme arrivait d'ailleurs chargée d'un palans de deux grands seaux d'eau chaude qu'elle versa dans le bac. Elle fit ainsi plusieurs allés et retours, emplissant la baignoire d'une eau chaude et parfumée. Nous avions déjà ôté la plupart de nos vêtements afin que la femme puisse les emporter pour un nettoyage et un séchage. J'étais impatiente de me baigner. Dès la porte refermée je quittai mes sous-vêtements et plongeai avec délice dans l'eau. Geralt rit de me voir si empressée.
Un soupir d'extase s'échappa de mes lèvres en sentant l'eau presque brûlante m'envelopper toute entière. Je me laissai flotter paresseusement, disparaissant dans l'eau à l'exception de mon visage et de mes seins qui émergeaient comme deux îles accueillantes. Je fermai les yeux un instant, savourant les sensations.
Des remous dans l'eau m'indiquèrent que Geralt venait de me rejoindre. Le niveau de l'eau monta nettement sous l'effet de sa masse imposante. De le savoir nu près de moi m'échauffa soudain les sens. J'ouvris mes grands yeux verts, cherchant son regard. Ses yeux étaient fermés, son corps relâché, détendu. Si je tenais toute entière allongée, lui avait la nuque et les bras calés contre un bord et les chevilles posées sur l'autre. Un pain de savon et un gant de crin nous avaient été fourni. Je murmurai d'une voix suave à l'oreille de Geralt :
-De te voir ainsi alangui me donne envie de prendre soin de toi...
Il ouvrit un oeil un bref instant, m'offrit un sourire et attendit avec un soupir d'aise. J'enduis généreusement le gant de savon puis décidai de commencer par ses pieds, les massant longuement, alternant entre le gant de crin rugueux et mes mains douces. Je ne pu résister à l'envie de glisser ma langue gourmande entre ses orteils, les suçant un à un. Il gémit sous ce traitement. Je remontai à présent le long de ses chevilles et de ses mollets, les frottant en douceur avec le gant. Arrivée aux genoux, je retrouvai la suture dont je ne m'étais pas encore occupée. Je décidai de la nettoyer en douceur, insistant avec le gant sur le pourtour et préférant mes main sur cette zone encore sensible. Pour cela, j'avais glissé mes genoux sous les fesses fermes et musclées de Geralt afin que ses cuisses et son bassin sortent de l'eau.
-Je t'enleverai ces fils quand j'aurai fini de te savonner si cela te convient, lui proposai-je en glissant mon doigt le long de la suture depuis le genou jusqu'au creux de l'aîne.
Il se contenta d'un hochement de tête tranquille tandis que son sexe commençait à prendre du volume. Je le regardai un instant avec gourmandise avant de le laisser glisser à nouveau dans l'eau parfumée. Je me mis à califourchon sur lui pour lui laver le peu de peau qui restait encore hors de l'eau depuis ses pectoraux jusqu'à ses mains. Je sentais son sexe frotter délicieusement contre le mien. J'avais envie de m'empaler sur lui. Je saisis une de ses mains pour la poser sur mon sein après avoir porté ses doigts à mes lèvres. Je sentais son bassin onduler sous moi. Il ouvrit les yeux alors que j'étais en train de me mordre les lèvres, harponnée par un élan de désir et de plaisir anticipé.
-Tu as l'art de me rendre fou, dit il d'une voix rauque tandis que ses mains commençaient à explorer délicieusement mon corps, finissons de nous savonner et je prendrai le temps de m'occuper de toi comme il se doit.
Il me chipa le gant de crin et commença à me savonner vigoureusement les épaules et les seins, me laissant la peau rougie et sensible. Je lui tournai le dos afin qu'il puisse le frotter également, c'était si bon. Je me levai pour le laisser me savonner de la même façon mes fesses et mes cuisses. Comme j'étais toujours à califourchon sur lui, le ciseau de mes jambes était ouvert, lui laissant le champ libre. Je laissai échapper un petit cri de plaisir quand je sentis le gant rugueux me frotter sans ménagement l'entrejambe et le sillon de mes fesses. Cela me laissa une sensation délicieusement cuisante, augmentant mon excitation et mon désir. Ses doigts caressèrent mes nymphes dégoulinantes et je me tendis en gémissant sous cette caresse exquise.
-Là c'est toi qui me rend folle! Allez, lève-toi que je puisse faire ton dos!
Je fis le pas de côté lui permettant de se mettre debout. Dieux qu'il était grand ! J'aurais presque pu le prendre en bouche sans même me baisser !
-Finalement agenouille-toi, ce sera plus pratique pour moi.
Il obtempera et je m'appliquai à savonner son dos musculeux, observant du bout des doigts le chemin de ses cicatrices impressionnantes. Tout en cet homme montrait de la puissance et de la détermination à survivre à tout. Je repensai à ce qu'il m'avait raconté, à tout ce qu'il avait affronté et pourtant il était toujours là, pareillement résistant et résilient. Il finit par s'impatienter, me saisissant le poignet pour me ramener face à lui. Il eut alors tout le loisir d'enfouir son visage entre mes seins confortables, me les taquinant des mains, des lèvres et de la langue. Je basculai la tête en arrière, savourant les sensations. Il se réfreina et m'invita :
-Allonge-toi dans l'eau pour mouiller tes cheveux, je vais te les laver.
Ses doigts sur mon cuir chevelu me faisaient frissonner. Il me semblait que par son massage il arrivait à faire résonner tout le reste de mon corps où la crispation du désir se faisait presque douloureuse. Je me rinçai et lui offrit le même traitement, prenant plaisir à faire retrouver sa blancheur originelle à sa chevelure ternie par la poussière de la route. Il me surprit en me soulevant soudainement pour m'asseoir sur le bord de la baignoire :
-Tends-moi tes pieds.
Je lui tendis le premier qu'il savonna consciencieusement avant de remonter le long du mollet puis de m'effleurer jusqu'en haut de la cuisse. J'ouvris plus grand dans une invitation muette. Il me laissa frustrée, reportant son attention sur l'autre pied avant de reproduire le même chemin vers mon sexe offert. Ma peau s'était couverte de chair de poule, j'avais un peu froid ainsi hors de l'eau mais pour rien au monde je n'aurais stoppé ce qui était en train de se jouer. Il me laissa en suspens ce qui me sembla durer une éternité, se repaissant de la vue de mon corps frissonnant.
C'est alors qu'on frappa à la porte. Je m'empressai de me laisser glisser dans l'eau chaude, étouffant un cri de frustration. Une femme, visiblement embarrassée de nous déranger, informa Geralt que quelqu'un mandait sa présence nous invitant, lui et moi, à partager le souper. Elle refusa de nous donner son identité. Nous n'avions à priori pas vraiment le choix… Celà déplut fortement à Geralt qui laissa échapper un chapelet de jurons dès la porte fermée.
Je poussai un soupir résigné. A défaut de reprendre là où nous en étions, notre excitation ayant été bien douchée par cette intrusion, je lui proposai de faire le nécessaire pour sa suture à la cuisse. Nous nous séchâmes et il s'installa sur le lit pour que je puisse opérer à mon aise, agenouillée devant lui. Je fis au plus vite tandis qu'il semblait perdu dans ses réflexions quand à l'identité de notre hôte du soir.
Je trouvai dans mes sacoches une tunique verte joliment décolletée et fendue sur les côtés que j'associai avec des braies sombres, pas question d'être entravée par une jupe. C'était agréable de porter des vêtements à ma taille. Par précaution je dissimulai ma serpe dans la ceinture de mes braies, sous ma tunique et mon poignard dans ma botte gauche. Geralt s'était fait prêter des vêtements le temps que les siens soient à nouveau portables. Il se retrouvait donc affublé d'une chemise moulante à l'aspect satiné et de braies noires. Cela mettait en valeur ses muscles qui apparaissaient clairement à l'étroit dans cette tenue pour le moins différente de son style habituel.
Nous suivîmes l'aubergiste jusqu'à une table à l'écart. Les hommes avinés semblaient avoir dépassé le stade de l'ivresse, certains somnolant sur place tandis que d'autres parlaient d'une voix pâteuse sans plus savoir coordonner leurs gestes. Croiser le regard de l'un d'entre-eux me provoqua un frisson de peur et de dégoût incompréhensible. Les nains chantaient à présent les aventures d'un de leurs ancêtres, battant le rythme du refrain à coup de chope sur la table. La famille était partie, probablement pour prendre du repos avant de commencer une nouvelle journée.
Geralt me fit une pression sur la main pour me ramener à l'instant présent. Un homme, d'apparence tout à fait ordinaire était installé à table, visiblement en train d'attendre impatiemment mais il feignit l'indifférence et nous invita à nous asseoir. Geralt l'apostropha sèchement d'une voix où la colère était à peine voilée.
-Nous préférons rester debout. Viens-en aux faits. Qui es-tu et qu'est-ce que tu me veux ?
-Je vous en prie, partagez mon repas, je vous expliquerai en mangeant. Vous êtes bien Geralt de Riv, dit le Loup Blanc, n'est-ce pas ? Me présenterez-vous votre compagne?
-L'identité de qui m'accompagne ne vous regarde pas. Par contre j'aimerais savoir qui vous êtes.
-Qui je suis n'a pas d'importance non plus, contrairement à pour qui je travaille. Je vous invite à nouveau, asseyez-vous.
-En toute franchise, peu m'importe pour qui vous travaillez. Je ne cherche pas de travail actuellement. Merci de votre invitation mais je me dois de la décliner définitivement.
Geralt s'inclina sèchement et fit demi-tour se dirigeant vers le comptoir où était l'aubergiste. Déconcertée je suivais le mouvement quand une main me saisit par la taille. Je poussai un cri de surprise. Et Geralt fit volte-face en jurant, il porta la main au dessus de son épaule et jura de nouveau : il avait omis de prendre son glaive. Il secoua la tête effaré par cette constatation.
C'était le moins saoul des avinés qui m'avait mis la main dessus, me coinçant violemment les bras dans le dos d'une main, me serrant le cou de l'autre de sa grosse main poilue. Son haleine était puante de relents d'alcool et de chou. Il me rota au visage, dévoilant ses dents pourries.
-En voilà une belle prise !
Mon cœur battait à tout rompre tandis que j'essayais de contrôler ma respiration pour optimiser le filet d'air qu'il me restait. J'étouffais. J'avais mal aux épaules et à la gorge. Je voyais Geralt lèvres pincées, réfléchissant à toute vitesse pour nous sortir de là. La voix de notre "hôte" retentit :
-Laisse-la respirer pour le moment.
La main qui m'enserrait la gorge se relâcha et je pris une grande bouffée d'air avec un soulagement qui ne dura pas quand je sentis que l'Aviné Puant en profitait pour me peloter sans la moindre vergogne, me malaxant douloureusement le sein gauche avant de plonger sa main entre mes jambes que je serrai le plus fort possible pour faire barrage. Il en força l'ouverture avec son genou, me tirant plus fort les bras en arrière, mes épaules craquèrent, me faisant glappir de douleur. Il plaqua alors brutalement sa main contre mon sexe, heureusement protégé par mes vêtements, le triturant et le pinçant avec force. Je protestai bruyamment, me tortillai, essayai de lui donner des coups de tête et de le mordre. Il cessa ses attouchements pour me frapper au visage, puis à l'abdomen me coupant le souffle. Il allait me frapper encore quand notre "hôte" intervint de nouveau, lui demandant de patienter un peu.
-Tu auras tout le temps de jouer avec elle après. Se tournant vers Geralt blème de rage, il lui demanda : Ai-je à présent toute ton attention, Sorceleur ?
-Tu l'auras vraiment quand tu auras dit à ton sbire de la lâcher.
-A dire vrai tu n'es pas en position de négocier. Et, bien que ta parole soit connue pour être digne de confiance, je serais idiot de me priver de mon moyen de pression. Donc ton attention ?
-Je t'écoute.
La douleur était lancinante, du sang coulait devant mon oeil droit, troublant ma vision. Le sang battait violemment dans mon crâne. J'avais envie de vomir. Je réalisai soudainement, en percevant l'immobilité ambiante, que toute la salle était à l'écoute de ce qu'il se passait. On aurait pu entendre une mouche voler. La table des nains était désertée. Je perçu un mouvement derrière Geralt, un éclat métallique.
D'un coup tout s'anima. Geralt lança vers l'Aviné Puant une lame qui lui arriva vraisemblablement entre les deux yeux puisqu'il me lâcha subitement, et il bondit sur notre "Hôte" le paralysant sur sa chaise. Le groupe de nains s'était rassemblé entre les autres avinés et moi pour prévenir toute réaction de leur part. Ils m'incitèrent à m'asseoir.
Tout s'était passé si vite. Geralt tenait l'homme au cou, menaçant de lui briser la nuque. Notre "hôte" était vert de peur, une tâche sombre et humide s'étendait au niveau de son entrejambe. Geralt tonna :
-Tu as de la chance qu'il me répugne de faire couler le sang inutilement. Je ne veux pas savoir qui tu sers mais tu peux lui dire de m'oublier. Jamais je ne travaillerai pour lui.
Il souleva l'homme par la gorge, lui fit traverser la pièce et le jeta dehors sous la pluie.
-Dépêche-toi de déguerpir avant que je ne change d'avis !
Il offrit une généreuse poignée de main au nain qui lui avait fourni la lame ainsi qu'à tout son groupe. Le nain était visiblement jeune. Sa barbe était encore courte, rousse et drue. Il se présenta comme Gurdil, un cousin de Yarpen Zingrin.
-Ils nous a tellement parlé de toi et de votre chasse au dragon. Je t'ai reconnu immédiatement. Les amis de Yarpen sont mes amis, impossible pour moi de rester les bras croisés.
Il présenta alors sa bande mais je n'eus pas l'occasion de mémoriser leurs noms : je m'effondrai subitement, terrassée par une douleur à l'abdomen.