Romance au championnat du monde de basket

Chapitre 8 : Premier match de championnat

6429 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/11/2020 20:00


           Cela faisait une semaine que nos joueurs japonais étaient aux Etats-Unis, et ce soir-là, c’était leur premier match de championnat. Ils affrontaient l’Espagne au Staples Center. Ce gymnase, qui pouvait accueillir jusqu’à vingt mille personnes, était considéré comme l’arène principale du basketball aux Etats-Unis. Jouer en ces lieux était le rêve de tous les amoureux de basket, et aucun des japonais ne dérogeait à la règle. Ils avaient tous des étoiles plein les yeux.

           A l’intérieur, il y avait une ambiance de folie. Dans les vestiaires, on pouvait entendre, de manière étouffée, la musique, les chants et les supporters qui faisaient retentir les klaxons de mini trompettes. Le public martelait de leurs pieds le plancher des tribunes, offrant ainsi un rythme assourdissant dans le sous-sol. Tout cela, rendaient l’atmosphère étouffante pour l’ensemble de nos basketteurs.

« Les gars… Vous entendez… ? demanda tétanisé Takao. Imaginez comment ça doit être sur le parquet.

—  Effectivement, c’est légèrement plus bruyant que ce qu’on a connu jusqu’à maintenant, dit calmement Midorima pas le moins du monde inquiet.

—  Allons Takao, fit remarquer Akashi tout aussi serein. Nous sommes aux championnats du monde de basketball, tu t’attendais à quoi franchement ?

—  Youhou ! Moi je suis carrément fan ! Je ne tiens plus en place ! cria Hayama survolté.

—  Tu ne veux pas te tenir tranquille un peu, souffla Mibuchi outré. On n’est pas à la fête foraine !

—  C’est tout comme ! Ha ha ! Ajouta-t-il tel un dément qui mimait sa façon de jouer au basket avec un ballon invisible. »

           Aomine trépignait de joie, à tel point que ses jambes ne tenaient plus en place. La tête baissée, fixant le sol avec son air de fauve, on l’avait rarement vu aussi concentré. Le coach, qui avait désormais rempli la feuille de match, apparut enfin dans les vestiaires pour leur annoncer que c’était le moment. A peine après avoir franchi l’entrée d’accès du sous-sol au terrain, les japonais sentirent comme une vague de chaleur les envahir. Les cris et les applaudissements de chaque supporter résonnaient comme un écho et rebondissaient de part et d’autre du gymnase, pour littéralement leur en mettre plein la figure.

           Certains de nos joueurs étaient exaltés, d’autre remontés à bloc, d'autres encore morts de peur, mais une chose était sûre : ils avaient tous la niaque pour remporter ce premier match et ainsi s’imposer dans le championnat, aux yeux de tous les spectateurs et téléspectateurs, comme une équipe prodigieuse. Les remplaçants se dirigèrent vers leur banc pour y déposer leurs affaires. Les titulaires, Midorima, Akashi, Aomine, Kise et Murasakibara, quant à eux, commencèrent leur échauffement. Chaque joueur regardait l’immensité de ce gymnase qui accueillait chaque année les plus célèbres basketteurs du pays.

« Woaw ! C’est vraiment impressionnant ! s’extasièrent en chœur Hayama et Takao.

—  Ça n’a rien à voir avec ce qu’on a connu jusqu’à maintenant, dit impressionné Imayoshi.

—  C’est vrai ! Mais ne nous laissons pas démonter pour si peu hein ! s’exclama Kiyoshi tout sourire. »

           Il accompagna sa parole d’une tape dans le dos de chacun des deux joueurs en face de lui, Takao et Hayama. Leur différence de gabarit et la force dont avait fait preuve Kiyoshi faillit disloquer leur corps tout entier à un tel point que le blond et le brun manquèrent de trébucher. Devant eux marchait Mibuchi qui se prit Takao dessus. Le grand brun efféminé, se retourna en grimaçant puis, en voyant qui était tombé sur lui, se mit à sourire tendrement.

« Ce n’est rien Kazu-chan*. Tu ne t’es pas fait mal au moins ? » demanda-t-il suavement.

           Reo Mibuchi se tenait face à Takao, les deux mains placées fermement sur ses épaules et le fixait d’un regard sincèrement inquiet. Le plus petit des deux jeunes hommes remarqua pour la première fois que son coéquipier avait des yeux aussi clairs et hypnotisant que les siens. Complètement décontenancé par cet élan d’attention, Takao se libéra immédiatement de l’emprise affective de Mibuchi et eut le réflexe de regarder en direction de Midorima, qui s’entrainait à marquer des trois points. Soulagé qu’il n’ait pas assisté à la scène, il remercia simplement le brun qui se tenait face à lui.

« Désolé les gars ! Je ne contrôle pas ma force ! rit Kiyoshi gêné. »

’Et moi bien-sûr on s’en fout ! râla silencieusement Kotaro Hayama.’’

           Durant toute la semaine, Momoi avait passé au crible chaque équipe qui, potentiellement, pouvait rencontrer les garçons. Et ce soir, celle de l’Espagne qu’ils allaient affronter, avait déjà obtenu deux titres de champion du monde, avait été trois fois championne d’Europe et avait obtenu trois médailles d’argent aux jeux Olympiques. L’équipe officielle du Japon faisait plutôt pâle figure face à un tel palmarès. Cependant, la « Génération des Miracles » et ses remplaçants, étaient la dernière corde qui restait à l’arc de la nation japonaise pour espérer devenir championne du monde. Après tout, malgré leur jeune âge, chaque joueur avait déjà montré un nombre incalculable de talents et de techniques, supérieur aux plus vieux des basketteurs.

           Assis sur le banc à côté de Kiyoshi, Himuro ne put s’empêcher de faire remarquer que les joueurs de l’équipe d’en face avaient tous une sacrée carrure, comparé à Akashi mais aussi à Aomine et Kise. Selon Momoi, parmi tous ces joueurs il n’y en avait qu’un seul qui, malgré sa carrure, était capable d’être aussi rapide qu’Aomine, le numéro 3.

« Plus grand et plus rapide qu’Aomine ? répéta Hayama étonné.

—  Sans compter qu’au vu de son âge il a dû accumuler beaucoup plus d’expérience. Il va falloir être vigilant, ajouta Himuro.

—  Il n’y a pas de souci à se faire ! répondit sûr de lui Takao. Rappelez-vous comment il a tenu tête à Silver des Jabberwock il y a quatre ans ! Aomine s’est en plus beaucoup entraîné depuis, donc il n’y aucune raison qu’il ne gère pas ce joueur !

—  Oui, mais ce que voulait dire Himuro, à propos de l’expérience, c’est que là, nous avons des basketteurs qui sont habitués à jouer dans une telle ambiance, ajouta Imayoshi. Sans compter qu’en plus de tout cet engouement, le public d’un match en coupe du monde peut parfois se révéler beaucoup plus dur avec les compétiteurs, surtout quand ces derniers sont loin d’être considéré comme les favoris.

—  Ah oui je n’y avais pas pensé, réfléchit alors Takao soudain moins sûr de lui.

—  Ne t’inquiète pas Kazu-chan*, Sei-chan* sait garder la tête froide et il aura vite fait de rassurer ses coéquipiers si jamais l’un d’eux devait céder à la panique. 

—  C’est vrai que pour ça, Akashi est le meneur idéal ! confirma Imayoshi. »

           Takao était gêné par le surnom affectif que lui donnait Reo Mibuchi. Cela montrait clairement l’intérêt sentimental que ce dernier lui portait et il trouvait cela plutôt flatteur, parce que Mibuchi était aussi un très beau garçon, mais vis-à-vis de Midorima cela était un peu contrariant. A dire vrai, il ne savait pas trop comment gérer la situation.

« Les gars, où est Tetsu ? » demanda soudain Momoi inquiète.

           Chacun s’interrogeait du regard quand Kiyoshi pointa un doigt dépité la place à côté d’Hayama, qui sursauta en remarquant Kuroko assis juste à côté de lui. Le jeune homme aux cheveux bleu clair avait la peau encore plus pâle que d’habitude, les yeux dans le vide et il tremblait de tout son être.

« Il est complètement tétanisé ! s’inquiéta alors le voisin blond.

—  Oh, ça lui passera. Hein Kuroko ? »

           Toujours avec sa délicatesse légendaire, il tapota de son énorme main la tête du petit basketteur, ce qui eut pour effet immédiat de le ramener à lui. Le speaker demanda aux deux équipes qui s’échauffaient, de retourner sur leur banc respectif car le match allait bientôt commencer. Chaque titulaire était chaud comme la braise. Aussitôt que Midorima arriva à hauteur du banc, Takao vint vers lui pour lui tendre une serviette et sa gourde.

« Alors Shin ? Comment tu le sens ?

—  Les astres sont favorables à ma réussite aujourd’hui, répondit-il posément et avec une certaine classe. Tous ce que je peux dire, c’est que tout mes paniers rentreront sans aucun doute, ajouta-t-il simplement en remettant ses lunettes de vue en place après s’être essuyé le visage.

—  Parfait ! répondit Takao.

—  Tiens ! Pose mon objet porte bonheur sur le banc s’il te plaît. »

           Il tendit ledit objet, une pipe, que le brun s’empressa de garder avec lui. Il le disposerait en sécurité à ses côtés une fois qu’il se serait rassis. C’était le moment de se réunir autour du coach et de Momoi pour l’annonce des directives.

           L’équipe était donc composée du capitaine Seijuro Akashi, de Daiki Aomine en tant qu’ailier fort, Kise au poste d’ailier, Shintaro Midorima au poste d’arrière et enfin d’Atsushi Murasakibara au poste de pivot. Ses deux mètres équivalaient à ceux du pivot de l’équipe d’Espagne, donc de ce côté ils n’avaient pas tellement d’avantage. Selon l’enquête de Momoi, le style de jeu de cette équipe était principalement basé sur la défense. Il était donc évident que la « Génération des Miracles », devait miser principalement sur l’attaque. Le duo Aomine/Kise serait suffisant pour ça. Cela dit, l’équipe devait quand même faire attention car les deux ailiers adverses étaient tout aussi imposant que le bronzé, dont un qui était beaucoup plus rapide, mais avec Murasakibara sous le panier, ça ne devrait pas causer beaucoup de soucis.

           D’un point de vue extérieur, il fallait admettre que la « Génération des Miracles » était plutôt désavantagée au niveau du physique face à l’équipe de l’Espagne, dont non seulement tous les joueurs mesuraient plus d’un mètre quatre-vingt-quinze, mais étaient aussi beaucoup plus vieux et expérimentés. Cela entraînait quelques moqueries de la plupart des supporters dans les tribunes. La seule crainte du coach Harasawa, de Momoi et d’Imayoshi, en tant que coach assistant, était que l’équipe cède à la pression qu’entraînait une telle ambiance.

           L’annonce au micro invita les deux équipes à se faire face et à se saluer. Les japonais allaient disputer leur premier match de championnat du monde et n’avaient pas le droit à l’erreur car, en cas de défaite, ils seraient bien évidements éliminés sur le champ. Chaque membre était concentré quand l’entre-deux fut lancé. Le premier ballon fut remporté par Midorima qui envoya la balle vers Akashi.

           Presque instantanément, l’ailier espagnol dont parlait Momoi, et qui portait le numéro 3, fut au contact du capitaine japonais. Avec ses 1m73, le jeune basketteur aux cheveux rouge flamboyant arrivait au torse de son adversaire mais peu importait : sa capacité à analyser chaque mouvements et attitudes lui permirent d’anticiper le moment exact où il tenta de lui prendre le ballon. Tout en fluidité, Akashi effectua un Cross Over* tout en le contournant pour envoyer la balle à Midorima, qui s’était tout de suite placé au marquage des trois points. Au moment où il allait tirer, un autre adversaire espagnol, le numéro 12, se lança dans les airs pour empêcher son tir. Kise arriva alors à ses côtés pour lui faire signe de lui passer le ballon.

           Le blond fut aussitôt suivi de près par le numéro 3 qui le rattrapa facilement pour l’empêcher de continuer. Ce fut Aomine, cette fois, qui vint en soutien mais l’espagnol, plus rapide, était déjà sur lui pour le garder à son tour, tandis que l’ailier fort, le numéro 15 avait pris la relève sur Kise. Heureusement, Akashi qui s’était libéré de son adversaire vint auprès du blond qui put ainsi lui passer le ballon. Le pivot, au maillot numéro 9, s’élança aussitôt sur le capitaine aux cheveux rouges qui fit une passe parfaite au bronzé, maintenant libre, et put ainsi facilement monter au panier pour son Lay-up*. Les japonais ouvrirent alors le score avec deux points.

           La remise en jeu fut aux espagnols. Le meneur, qui portait le numéro 11, passa à son pivot, aussi grand que Murasakibara, qui, malgré la rapidité d’Aomine pour arriver sur lui, s’imposa carrément pour le contourner tel un bulldozer. Il passa ensuite à son ailier fort, aussitôt poursuivi par Aomine. Le numéro 15 dribbla alors jusque dans la partie adverse du terrain pour la redonner à son meneur déjà là. Aucun doute sur le fait que les espagnols savaient distribuer le ballon efficacement. Chaque mouvement de chacun de leurs joueurs était remarquable, grâce à une parfaite maîtrise des techniques de bases du basketball. Leur jeu était fluide et en imposait mais encore une fois, Akashi, qui connaissait parfaitement toutes ces techniques, avait déjà cerné la façon de jouer de chacun de ses adversaires.

           Ce fut ainsi qu’il réussit à intercepter le ballon destiné à l’ailier espagnol, sous les yeux ébahit du meneur, et partit en dribblant jusque dans sa partie de terrain. Il aurait pu encore garder le ballon le temps qu’Aomine ou Kise se libèrent, mais décida de le passer à Midorima pour qu'il marque un panier à trois points. Dans toute sa splendeur, l’arrière japonais, dans une parfaite maîtrise de son geste, lança la balle qui partit à la verticale puis poursuivit sa trajectoire en courbe pour tomber dans le filet du panier. Le bruit du frôlement du ballon contre les parois de fils croisés fut comparable à celui d’une fusée. Ce tir cloua le public et les adversaires sur place avant de laisser place à un « Woaw » général. Takao leva un de ses bras au ciel en criant un « Yes » de joie. Il avait beau connaître par cœur les tirs de Midorima, il ne put s’empêcher de s’extasier devant tant de talent, d’autant plus que ce soir il marquait devant le monde entier.

           Nouvelle remise en jeu pour les espagnols. Cette fois, l’ailier, plus grand mais aussi rapide qu’Aomine, prit les choses en main pour monter seul jusque dans la raquette adverse. Sa vitesse de pointe s'avéra effectivement largement supérieure à celle du bronzé et les dribbles qui l’accompagnaient en suivaient parfaitement la cadence. C’est pourquoi Aomine ne réussit pas à le rattraper. Kise intervint pour faire barrage à ce numéro 3, mais il fit rapidement une passe à son meneur. Ce dernier, après avoir dribblé de quelques pas face à Akashi, feignit de redonner la balle à l’ailier pour finalement l’envoyer à son ailier fort, qui s’était libéré d’Aomine. Ce dernier entama finalement une course effrénée jusqu’au panier mais au moment où il allait passer la balle dans l’arceau, Murasakibara la dévia de sa main. Akashi l'intercepta au vol et partit immédiatement en contre.

           Frustré, l’espagnol repartit en sens inverse pour arrêter le capitaine japonais mais il avait déjà fait une passe à Midorima, qui avait à son tour passé à Kise, qui put ensuite atteindre le panier. Au moment où il effectua le Alley-oop*, un des joueurs espagnols, qu’il n’avait pas vu venir, l’en empêcha. Par réflexe il redescendit instantanément son bras pour donner le ballon à Aomine qui marqua un nouveau deux points.

           Dans les gradins, le public n’en revenait pas. Cela leur valait cependant des noms d’oiseaux au fur et à mesure que les japonais montaient le score en leur faveur. Dans une autre partie de tribune, se trouvaient Alicia, Kagami et tous ses coéquipiers qui jouaient le match d’après. La jeune fille subjuguée ne quittait pas des yeux les prouesses d’Aomine. Cela faisait une semaine qu’elle ne l’avait pas vu, et elle en avait presque oublié à quel point il était beau. Ce regard si déterminé était beaucoup trop craquant. Elle remarqua aussi, en regardant l’ensemble de l’équipe japonaise, la qualité de jeu de l’arrière aux cheveux verts et comprit à quoi faisait allusion Kagami quand il lui racontait à quel point ses tirs étaient sensationnels. Le jeu était juste excellent. Les insultes qui commençaient à jaillir de part et d’autre la mit donc instantanément en colère. Elle n’avait jamais compris l’intérêt qu’avait ce genre de personnes d’insulter les joueurs adverses de leur équipe favorite.

« Putain ! Le public est vraiment pas cool avec eux, constata Kagami. C’est pas bon pour ce crétin d’Aomine ! grogna-t-il ensuite.

—  Ne t’en fais pas, il ne pige rien à l’anglais ! se moqua Alicia.

—  Oui c’est vrai, sourit ensuite Kagami. En tout cas, ils n’ont rien perdu de leur panache.

—  Ils n’ont pas fait entrer Kuroko, remarqua soudain Alicia.

—  Le connaissant, il doit être tétanisé sur le banc !

—  J’ai hâte de le voir à l’œuvre. Il n’a pas joué contre nous lundi et je n’ai pas pu vous regarder pendant votre duel. Il est vraiment capable de se rendre invisible ?

—  Tu as bien vu combien de fois il nous a surpris aujourd’hui ? Alors imagine quand il fait pareil sur le parquet.

—  Oui j’avoue… Ah ? Attend c’est Virginie ! Allô ? s'interrompit-t-elle pour décrocher.

—  Alors ? Comment se passe le match ? Est-ce que Kiyoshi joue ? C’est quoi le score ?

—  Woaw ! Quel engouement ! rit la brune avant de répondre. Eh bien le match est juste incroyable ! Le premier quart temps est bientôt fini et le score est de 28 à 17 pour les japonais.

—  Super ! Kiyoshi doit être content ! Il joue ?

—  Non il est sur le banc pour le moment.

—  D’accord s’il y a du changement, tu m’envoies un message d’accord ? C’est la folie ici, je dois déjà y retourner ! A plus ! »

           Alicia raccrocha, un sourire en coin. Non seulement, son amie et coéquipière Virginie était un vrai bout en train de bonne humeur mais elle était aussi généreuse et attentionnée. C’était sans aucun doute le genre de fille sur qui on pouvait compter dans n’importe quelle circonstance. Elle était infirmière et s’occupait de sa grand-mère. Elle n’arrêtait pas de courir à droite et à gauche et arrivait, en plus de tout ça, à faire du basket, sa passion. Alicia l’admirait beaucoup même si elle se connaissaient seulement depuis quelques années. Alicia n’avait cependant jamais voulu lui parler de son enfance car elle n’aimait pas qu’on la voit vulnérable. Elle préférait inspirer du sourire et de la bonne humeur plutôt que de la tristesse, ou pire encore de la pitié.

           Finalement, il n’y avait que Kagami et Himuro qui étaient au courant de son triste passé. En effet, elle avait perdu ses parents très jeunes et son frère drogué qui s’occupait d’elle, avait décédé des années plus tard d’une overdose. Lorsqu’on est enfant on ne fait pas attention à ce qu’on dit, on est naturel puis c’est tout, alors raconter son histoire à ses deux amis avait été très simple. Passer ensuite du temps avec eux lui avait permis de rester forte et courageuse en toute circonstance, c’était même une vraie dure. Elle n’hésitait pas à tenir tête aux plus grands garçons qui venaient l’embêter, car être une fille et jouer au basket engendrait parfois des moqueries. Elle était d’ailleurs un peu déçue qu’Himuro ne fasse pas parti des titulaires ce soir, se souvenant qu’elle aimait beaucoup le voir jouer.

           Le premier quart temps était maintenant fini. Les distributions de balles entre Akashi, Kise et Aomine formaient une combinaison de passe qui marchait du tonnerre. Murasakibara quant à lui était aussi au top de sa forme dans ce qui est de protéger son panier. Regroupés autour du coach Harasawa, Imayoshi et Momoi, les joueurs attendaient les nouvelles directives. S’attendant à ce que le doyen prenne la parole, ils furent tous surpris de voir qu’il laissait finalement place à son coach assistant.

« Coach… Enfin… Mr Harasawa, vous êtes sûr ? s’étonna Imayoshi les yeux écarquillés.

—  Bien-sûr ! Il n’y a rien de mieux que de pratiquer pour apprendre ! Je te fais confiance !

—  Oui ! Merci ! s’exclama-t-il, tel un soldat à qui on confiait une mission sur le front. Bon les gars… ! »

           Sa phrase se stoppa quand il croisa le regard de chacun des joueurs. Il réalisa que les jeunes qu’il s’apprêtait à coacher aujourd’hui, avaient tous été ses adversaires durant sa dernière année de lycée. Sans compter, qu’il était le capitaine d’Aomine lorsqu’ils avaient joué à l’Académie Tōō.Cela le rendit très nerveux.

« Alors Imayoshi ! le pressa Aomine. Tu étais un très bon capitaine, fais-en autant en tant que coach, ajouta-t-il l’air de rien. »

           Le brun aux yeux cerclés de ses lunettes de vue n’en croyait pas ses oreilles. Daiki Aomine venait de l’encourager et cela le toucha au plus profond de son être. Du temps du lycée, la reconnaissance était aux antipodes de l’attitude du bronzé envers son équipe. Pourtant, Imayoshi qui était son capitaine, laissait passer chacun de ses caprices, réprimandant sans hésiter quiconque allait à l’encontre de l’idéal du joueur, qu’on appelait l’As de l’équipe, et ce dernier n’en était que plus exécrable au fil des jours. Cependant, il avait déjà commencé à changer lorsque Kagami l’avait battu lors du championnat de la Winter Cup, mais la gentillesse n’était toujours pas son fort. Finalement, le coach assistant pensa que c’était le fait d’avoir passé du temps avec Kise et Kuroko qui l’avait vraiment changé. Ne montrant cependant aucune émotion il acquiesça de la tête et reprit :

« On est devant avec 14 points c’est parfait ! On ralenti la cadence !

—  Quoi ? Sérieux ! s’exclama Aomine. On en est même pas aux un tiers de nos capacités !

—  Je le sais bien ! Mais ça ne sert à rien de dévoiler dès maintenant votre potentiel. Il faut la jouer intelligemment ! Continuez comme ça pour le deuxième quart temps.

—  Attends Imayoshi, intervint Momoi. Selon mes notes, les espagnols sont aussi capables de bien plus. Au début, je pensais qu’il ne mettrait à exécution leur attaque qu’à partir de la mi-temps, mais maintenant qu’ils ont vu comment notre équipe joue, ça se peut qu’il passe la vitesse supérieure dès maintenant !

—  Hmmm… Ok. Le but est de ne pas trop en dévoiler sur vos capacités. On va faire des changements. Midorima ! On est d’accord que tu ne vas pas au-delà de la ligne médiane pour tirer ?

—  Evidement. Pas besoin d’en arriver à cet extrême.

—  Très bien. Kise tu vas sortir. Je pense que ça sera bien pour toi d’analyser de plus loin les techniques de chaque joueur et surtout le numéro 3 qui est plus rapide qu’Aomine.

—  Ok pas de problème ! Tout est bon à prendre après tout, dit Kise.

—  Hayama tu rentres à la place de Kise et Murasakibara je te remplace par Kiyoshi. Sa polyvalence pourra également nous être utile !

—  Ah cool, dit mollement le géant aux cheveux violets. Ce match était beaucoup trop ennuyeux. Puis je sais pas vous, mais moi ce vacarme ça me fatigue ! dit-il mollement

—  C’est bon pour vous les gars ? demanda Imayoshi.

—  Oui ! » crièrent-ils tous en chœur.

           Satisfait de toutes ses décisions, qu’aucun des joueurs n’avait contesté, il jubilait intérieurement et les regards entendus de Momoi et d’Harasawa l’encouragèrent encore plus.

           Comme le premier entre deux avait été remporté par les japonais, c’était au tour des espagnols d’avoir le ballon. Le pivot tapa tellement fort dans l’objet circulaire qu’il fut envoyé au plus près de la raquette à l’ailier n°3 qui tenta de marquer. Kiyoshi était là pour empêcher la balle de rentrer. C’était rare que ça arrive, mais ce fut Midorima qui attrapa la balle en vol. Il fit des dribbles plus qu’acceptables et passa à Akashi.

« Hey ! Tu nous avais caché que tu avais appris à dribbler ! le taquina Akashi.

—  Tsss… Je savais… Seulement je n’avais jamais eu l’occasion de les faire en match, ajouta-t-il d’un air suffisant. »

           L’arrière espagnol vint alors en face du capitaine qui détenait toujours le ballon, pour faire barrage :

« Qu’est-ce que tu crois faire minus ? articula l’espagnol dans un anglais qui laissait à désirer.

—  Si seulement tu savais à qui tu avais affaire », répondit-il simplement dans la même langue avec un sourire sournois.

           Il effectua alors son super Anklebreaker* qui déséquilibra ainsi son adversaire. Il se fraya donc tranquillement un chemin et passa à Hayama toujours aussi exalté :

« Youhou ! C’est parti ! siffla-t-il entre ses dents. »

           Excité comme une puce, il commença ses dribbles à la puissance et au bruit tellement assourdissant, qu’ils firent se taire le public tout entier. L’ailier espagnol, le plus rapide, lui fit immédiatement barrage. Mais il n’arrivait pas à cibler le ballon. Il ricana sournoisement et passa le joueur pour partir en flèche vers le panier adverse, quand l’arrière cette fois, un adversaire au gabarit aussi grand que large, l’empêcha d’aller plus loin. Ne voulant pas ajouter son troisième doigt d’appui à ses dribbles, il passa à Aomine sur sa gauche. Cette fois les deux ailiers se mirent sur le bronzé.

’Vraiment pas mal ces deux-là. Comme Momoi l’a dit, ce numéro 3 est plus rapide que moi c’est vrai mais seulement en pointe. Quant à l’autre il ne compte que sur sa force de bourrin. Tiens ! Il me fait penser à cet abruti de Kagami d’ailleurs… Bref, même à eux deux ils ne peuvent rien contre moi.’’

           Après s’être fait ce petit monologue silencieux, il se faufila subrepticement, alliant force et agilité, entre ses deux adversaires. Arrivé devant le panier, il sauta en l’air pour mettre simplement le ballon dans l’arceau mais voyant la main du pivot espagnol arriver comme un boulet de canon, il passa la balle dans son autre main pour faire de même mais cette fois, un autre joueur qu’il n’avait pas vu arriver, sauta aussi pour dégager la balle. Les cris de consternation retentirent sur le banc des remplaçants quand Kiyoshi attrapa le ballon à la volée. D’une seule de ses grosses mains, il le ramena jusqu’à sa deuxième main pour enfin conclure sur un dunk magistral. De leur côté, Kagami riait jaune car il se disait qu’avec eux dans le championnat ça n’était pas gagné d’avance et Alicia, elle, exprima sa joie d’un « yes » un peu trop excité au goût de son voisin qui, en plus, ne comprenait pas pourquoi elle avait filmé la scène avec son téléphone.

« Qu’est-ce que tu fous ?

—  Quoi ? C’est pour Virginie ! Ce dunk de Kiyoshi est magnifique ! Elle va être ravie ! »

‘’Puis en plus j’ai aussi la superbe action d’Aomine, ricana-t-elle intérieurement. »

« Et pourquoi elle serait ravie ?

—  Ne me dis pas que tu n’as rien vu venir ?

—  De quoi tu parles ?

—  Kiyoshi et Virginie se plaisent mutuellement ! C’est une évidence !

—  Ah ouais ? Rha puis ça m’intéresse pas tout ça, conclut-il en se concentrant de nouveau sur le match.

—  C’est sûr que toi et le romantisme ça fait deux, critiqua Alicia.

—  Ouais je sais… Mais je suis pas à l’aise avec ça, dit-il en se grattant l’arrière de la tête.

—  D’ailleurs tu n’es jamais sorti avec une fille maintenant que j’y pense, le nargua son amie.

—  Hein ? C’est quoi cette réflexion ! Ça ne te regarde pas d’abord ! répliqua aussitôt le roux gêné.

—  Ok, ok, j’arrête de t’embêter avec ça, va ! »

           Elle lui donna un coup d’épaule amical avant de se reconcentrer sur le match. Le deuxième quart temps se finit avec un score de 42 à 36. De nouveau, Aomine, Akashi, Midorima, Kiyoshi et Hayama se réunir au niveau du banc pour se désaltérer et s’éponger un coup. Imayoshi donna aussitôt les prochaines directives.

« Tiens ? C’est Imayoshi qui s’improvise coach ? s’exclama Kagami.

—  Comment ?

—  Shoichi Imayoshi, le binoclard aux cheveux noirs. Il jouait avec Aomine au lycée.

—  Ah bon ? Il a l’air plus âgé non ?

—  Oui c’était un élève de troisième année et c’était le capitaine de l’équipe. Il était très doué pour jouer avec les nerfs et savait mettre la pression. Il nous en a donné du fil à retordre ! dit-il avec un sourire en coin. Je ne savais pas qu’il voulait devenir coach. »

           Du côté du terrain, Imayoshi était satisfait du résultat.

 « Super les gars ! Vous avez réussi à vous ménager, lorsque l’Espagne est passée à l’offensive, tout en restant devant eux ! s’exclama le coach. On continue comme ça !

—  Oui ça n’a pas été bien compliqué jusque-là, répondit Akashi en parlant au nom de toute l’équipe.

—  D’après mes statistiques, intervint Momoi, ils n’ont pas complètement tout donné non plus. Ils sont capables de bien plus.

—  On s’en fiche ! On n’est même pas au tiers de nos capacités, rétorqua Aomine serein.

—  On est d’accord ! confirma Imayoshi. On continue sur cette lancée. Prenez un peu plus d’avance si besoin, cependant, n’allez pas en dessous ( au dessus tu veux dire ? ) des 6 points d’écarts compris ?

—  Sérieusement ! On ne pourrait pas leur en mettre plein la vue à ce publique ! Je ne sais pas vous mais moi cette ambiance ça me donne envie de les clouer sur place ! s’exclama le bronzé.

—  Non Aomine. Nous n’allons pas montrer de quoi nous sommes entièrement capables tout de suite, intervint Akashi. Imayoshi a raison. Plus nous avancerons dans la compétition, plus nous aurons l’occasion de tout donner.

—  Tsss… Ok… »

           Sur ces derniers mots, Akashi, Aomine, Hayama, Midorima et Kiyoshi reprirent le match pour entamer la deuxième mi-temps. L’entre-deux fut lancé et cette fois, ce fut l’ailier espagnol qui prit la main en envoyant le ballon à son meneur. Voyant qu’il n’avancerait pas sans se faire prendre la balle, il passa à nouveau à l’ailier sur lequel se trouvait maintenant Hayama. Le petit blond aux yeux verts perçants ressemblait à un félin sur le qui-vive. Sans trop comprendre pourquoi, un de ses réflexes lui manqua et l’espagnol put alors passer sans se faire prendre le ballon. Ainsi, il fonça comme une fusée en ligne droite. Personne ne pouvait le contrer à une telle vitesse mais voyant Kiyoshi protéger la raquette et en étant à la recherche de points pour remonter au score, il passa à son arrière qui marqua un trois points.

           Ça n’était pas ça qui allait arrêter l’ascension fulgurante des japonais. Hayama fit la remise en jeu pour passer à Akashi. En commençant ses dribbles, il fit discrètement signe à Aomine et Kiyoshi de partir vers l’avant, laissant leur panier sans protection. Il estimait qu’à ce stade-là, les espagnols ne pourraient pas marquer. A partir de ce moment-là, les combinaisons de distribution de balles entre le pivot et le capitaine furent juste phénoménales. C’était comme s’il y avait deux meneurs sur le terrain. Les espagnols ne savaient plus où donner de la tête, jusqu’à ce qu’après quelques dribles, Kiyoshi envoie le ballon à Aomine, qui marqua d’un dunk. Encore une fois les japonais étaient survoltés face aux espagnols complètement dépassés.

           La victoire de la « Génération des Miracles » fut sans appel. Ils avaient pris le large au tableau d'affichage, avec 36 points d'écart, sous le regard surpris de l’ensemble du public. De quoi annoncer aux autres équipes qualifiées pour la coupe du monde, que cette année, les japonais étaient bels et bien présents, et bien décidés à gagner la coupe.



Vocabulaire :


*Suffixe -Chan : C'est une particule assez affective, qu'on emploie avec : une amie, une camarade de classe, une petite sœur, un bébé, une grand-mère, une petite fille, voire une femme pour lui indiquer qu'on la trouve mignonne.

*Cross Over : Variation du dribble, accompagnée d'un changement de main dans le but de passer un adversaire direct.

*Lay-up : Double-pas. Désigne le fait de marquer en portant la balle au panier après un saut.

*Alley-oop : C'est une variante du Slam-dunk qui consiste à reprendre une passe en vol pour aller Dunker, c'est-à-dire la mettre directement dans le panier.

*Anklebreaker : Un Cross Over qui casse les appuis du défenseur et qui fait tomber celui-ci, il est considéré par beaucoup comme la honte suprême pour un défenseur.

 

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