L'Ankou

LES

SECRETS

DE

L’ANKOU

           PROLOGUE : NEMARIË SARLAF

           La lune brillait d’un éclat d’argent sur l’horizon. Les conditions étaient parfaites. L’homme qui observait ce spectacle n’en souriait pas malgré tout. Il ne souriait plus depuis des années. Les gens d’ici le nommait Némarië Sarlaf, ce qui dans l’ancienne langue d’un peuple magique signifiait : Messager du Cristal. Il faut dire qu’il était apparu des années auparavant dans une sphère de lumière cristalline. Les habitants de cette petite île l’avaient pensé envoyé des dieux. Il mit longtemps à leur prouver le contraire. Et malgré tout, ils continuaient à lui témoigner de la déférence.

           Il avait accepté le nom de Némarië Sarlaf. Après tout son véritable nom ne signifiait plus grand-chose pour lui. Son passé était devenu l’avenir d’un monde que les habitants de cette île ne pouvaient qu’imaginer avec difficulté. Mais ils avaient compris l’importance du but poursuivit par Némarië. Ils l’aidèrent sans lui faire défaut. Durant des années, ils obéirent à ses instructions alors même qu’ils n’entendaient rien à ses travaux.

           Les années avaient passé. Et malgré toute sa volonté, il manquait un élément primordiale à Némarië pour finaliser son projet. Il ne pouvait plus qu’attendre.

           Il avait attendu trente ans. Craigant la mort plus que tout autre car elle signifierait l’échec de sa mission. Et un jour, son attente fut enfin récompensée. Un bateau dans un état déplorable, transportant des gens souffrant de faim et de soif s’échoua sur l’île. Les marins mirent des semaines à se remettre totalement. Némarië en profita pour expliquer le but de sa vie à ces hommes. Ils l’écoutèrent, d’abord incrédule. Mais ils finirent par le croire. Cette histoire était trop extraordinaire pour être une invention. Némarië leur confia une mission des plus importante. Mais ce but ne serait atteind que dans plusieurs siècles. Le souvenir de cette quête devrait traverser le temps et les générations jusqu’à l’époque où elle pourrait se conclure.

           Il fallut attendre encore plusieurs mois pour que les conditions soient toutes réunies. Mais le jour, ou plutôt la nuit était enfin arrivée. La lune, véritable phare pour ceux qui suivaient cette quête, brillait de tout son éclat. Bientôt, Némarië pourrait aller vers la mort en sachant sa mission accomplie.

           Le capitaine des naufragés le rejoignit. Il regarda la lune un long moment.

« Alors il est temps, dit le capitaine.

-Oui, enfin, souffla Némarië.

-Vous êtes sûr que ça va marcher ?

-Il le faut. Sinon, l’Humanité est voué à disparaître. Ce ne sera que dans plusieurs générations, mais elle disparaîtra. Le temps est enfin venu pour moi de terminer ma mission. »

           Némarië se rendit dans une grotte à flanc de montagne. Le capitaine le suivit. Le chemin dans le boyau de pierre fut long, mais ils finirent par atteindre une paroi de cristal. Némarië se tourna vers le capitaine :

« Vous savez quoi faire, dit-il. »

Némarië leva une baguette magique. La paroi de cristal devint lumineuse, il la traversa comme si elle était devenu de l’air. Le capitaine s’approcha de la paroi redevenue terne. Il produisit une baguette et s’entailla la main. Il appliqua son sang sur la paroi qui s’illumina de nouveau pour le laisser passer.

           Il ne fallut que quelques minutes pour faire ce qui devait être fait. Un rayon de lumière argenté surgit de la grotte et vint envelopper le navire reconstruit au cours des semaines précédentes. Ça fait, Némarië et le capitaine sortirent de la grotte, posant leurs yeux sur le navire.

« Ma famille ne connaîtra plus la paix avant longtemps, dit le capitaine. Mais il le faut.

-Vous êtes un homme d’honneur capitaine Morbrez, dit Némarië. Maintenant allez de par le monde et au-delà. »

Le capitaine se tourna vers le vieil homme

« Vous ne m’avez jamais dit votre nom, votre vrai nom, fit le capitaine.

-Je m’appelle… »