L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Le temps passait si lentement qu'Hermione avait l'impression que cette journée n'en finirait jamais. Ses larmes séchées avaient laissé sur ses joues rougies une sensation de tiraillement. Comment avait-t-il pu lui mentir ainsi ? Pourquoi ne lui avait-il pas expliqué la situation ? Hermione était en colère, déçue, mais surtout, elle se sentait trahie. Elle avait décidé de lui faire confiance, de s'abandonner complètement à lui, pour qu'au final, il lui mente depuis le début. Elle ne pouvait pas revenir en arrière. Il l'avait blessé profondément, probablement plus que Ron, se dit-elle, ce qui la troubla. Elle ne referait plus cette erreur. C'était terminé. Elle ne voulait plus souffrir. Il était bien trop difficile d'avancer et de se réparer. Son unique but serait l'École, à partir de maintenant. Elle ne se laisserait plus déconcentrer.

Dès le lendemain, Hermione s'attacha à sa résolution et se plongea dans ses livres. Elle travailla des heures durant, oubliant le monde autour d'elle. Elle décida de ne pas en parler à Ginny, ne voulant plus rien entendre sur l'ancien Serpentard.

Le jour de l'an, Hermione mentit à Ginny et lui dit qu'elle allait chez ses parents. De peur que la rousse ne vienne vérifier sa présence, la jeune femme réserva une chambre d'hôtel à quelques rues de là et étudia toute la soirée.

Les jours passèrent, et elle ne reçut aucune nouvelle de Malefoy. Elle n'osait se l'avouer, mais elle s'était imaginée qu'il viendrait s'excuser et lui expliquer. Mais elle ne voulait plus y penser. Pourtant, elle avait besoin de ses avancées sur le projet de recherches. Le dernier soir, elle reconnut le hibou de son voisin, qui vint gratter à sa fenêtre. Elle regarda vers chez lui mais ne vit rien. Elle retint ses larmes une fois de plus, voyant qu'il avait envoyé ses notes, comme prévu au début des vacances, ainsi que ses axes de recherches, mais rien d'autre. Elle fit de même, sans écrire un mot personnel non plus. Elle ne s'y abaisserait pas, tout était de sa faute !

La rentrée arriva et Hermione avait réussi à trouver des excuses à chaque invitation des Potter. Elle avait de toute façon énormément de travail. Elle prit plaisir à retrouver son École, mais craignait de le revoir. Elle s'installa aux premiers rangs dans chaque classe et pour chaque examen, se forçant à ne pas regarder derrière elle pour l'apercevoir. Elle s'y refusait. Elle craignait cependant qu'il soit à la Bibliothèque lorsqu'elle s'y rendit le soir même, mais pas de trace du blond dans sa salle de travail, ce qui la rassura tout en la rendant triste à la fois.

Les semaines passèrent et leurs regards se croisèrent quelques fois, mais Hermione tint sa résolution de ne plus lui parler, tandis que lui semblait se fermer chaque fois qu'il l'apercevait. Ils n'échangeaient plus que leurs notes par courrier pour le projet. Ils n'avaient plus aucun contact.

Un week-end du mois de janvier, alors qu'Hermione prenait des notes à partir d'un ouvrage très ancien, elle entendit toquer. Son cœur rata un battement car elle n'attendait personne, mais elle ne put résister à souhaiter qu'il s'agisse de lui. Lorsqu'elle ouvrit la porte, c'est une Ginny visiblement très remontée qui déboula dans son appartement.

- Tu vas m'expliquer !? Tu évites chacune de mes invitations et tu ne me parles plus, tu t'enterres dans le boulot, et tu ne vas rien me dire ? Sérieusement Hermione ? !

- Bonjour à toi aussi, répondit la jeune femme, lasse.

- J'attends des explications ! s'exclama la rousse, en s'asseyant, bras croisés, sur le canapé.

- A quoi ? répondit innocemment Hermione.

- Oh ne fais pas l'idiote, ça ne te va pas ! Qu'est ce qu'il se passe ? Qu'a encore fait Malefoy ?

A son nom, Hermione se ferma et alla faire chauffer de l'eau pour se donner une contenance. Mais Ginny ne sembla pas vouloir parler, attendant que son amie se lance.

- Bon très bien. Il m'a menti, voilà. Il est fiancé à Astoria Greengrass, et il ne me l'a pas dit, récita Hermione, agacée.

- Je ne comprends pas … J'ai besoin de précisions là.

- Il n'y a rien d'autre à comprendre. Il est fiancé ! Sa mère est venue le voir un matin, en lui parlant de son mariage, qu'il devait s'y faire, lui était plutôt énervé, et Narcissa Malefoy m'a vu, en serviette, dans l'appartement de son fils. Autant te dire qu'elle a fait une scène, mais heureusement qu'elle est venue ce jour là, sinon, il ne m'aurait jamais dit qu'il était fiancé !

- Il est fiancé depuis combien de temps à Greengrass précisément Hermione ? demanda Ginny, suspicieuse.

- … des années je crois, mais là n'est pas la question ! Il aurait du m'en parler !

- Hermione, tu es entrain de me dire qu'il a omis de te signaler que sa famille avait un arrangement avec les Greengrass depuis des années, ça n'a pas de sens … !

- Peut être, mais il n'a pas jugé bon de me le dire, alors que … alors que je lui ai fait totalement confiance ! Je lui ai donné ma confiance, pour quoi ? Un mensonge, se retint de pleurer Hermione.

- Mais vous n'étiez pourtant pas en couple, enfin je veux dire, vous avez couché ensemble quelques jours seulement non ? Ne me regarde pas comme si je disais une énormité, j'essaye d'être pragmatique Hermione ! Quelle obligation avait-il de te dire ça ? Je comprends que tu n'aies pas apprécié, je le comprends très bien, mais de là à être dans cet état ? Comment tu te sens ? s'adoucit Ginny, devant l'air triste de son amie.

- Pas très bien, mais c'est décidé, je vais me concentrer uniquement que mes études, j'ai perdu trop de temps avec toute cette histoire, ça ne se reproduira plus. Rend toi compte Ginny, j'ai accordé ma confiance à Drago Malefoy... Tout ça pour ça...

- Je ne veux pas que tu le prennes mal, mais... si tu te sens si trahie et en colère, c'est peut être parce que pour toi... ce n'était pas que du sexe, tu étais, ou tu es peut être très attachée à lui, voire peut être bien plus que ça … ?

Le regard noir que lui lança Hermione fit taire Ginny.

- Je ne veux pas insister, mais... je vois que tu te fermes complètement, il y a aussi une autre façon de gérer les choses, de justement élargir tes horizons ? Plutôt que de les fermer ?

Hermione ne répondit pas, blessée que son amie ne voit pas les choses comme elle. Ginny l'enlaça doucement et lui conseilla de prendre soin d'elle, et la laissa tranquille.

Drago rechigna quelques instants mais Blaise sourit, voyant que son ami le suivrait dans les bars ce samedi encore.

- Oh ne fait pas cette tête, tu adores sortir, et puis ça ne te va pas de te morfondre chez toi, oublie Granger !

- Je ne veux pas parler de Granger, répondit-il sèchement en serrant les dents. C'est une gamine.

- Alors très bien, ne parlons pas du fait que tu sois dingue de cette nana, tu as raison, ça ne servirait à rien ! se moqua Blaise tout en avançant fièrement dans les rues animées de Londres.

Drago ne répondit rien et le suivit. Depuis quelques semaines, Blaise le traînait régulièrement dans les bars pour lui changer les idées. Pour le faire boire, et ensuite le faire parler de Granger, pour qu'il avoue enfin ce qu'il en pensait sans omettre quoique ce soit. L'alcool permettait effectivement à Drago de ne plus se mettre de barrières quant à ce qu'il ressentait. C'est ainsi qu'aviné, accoudé au comptoir d'un bar moldu, il entendit Blaise lui rabâcher les oreilles avec Granger.

- Ne fais pas l'innocent, je ne t'ai jamais vu dans cet état pour une nana, c'est donc que tu devais beaucoup l'apprécier, ça ne sert à rien de le nier vieux.

- Tu ne comprends pas... C'était... flippant. C'était trop naturel, trop normal. Alors oui peut être que c'était une des meilleures choses qu'il me soit arrivé depuis la fin de la guerre. Mais quoi ? Je n'irai pas m'excuser, je n'ai pas à le faire, je n'ai rien fait de mal !

- Oui, certes, sa réaction me paraît tout à fait immature, mais on parle de Granger, elle est extrêmement fière, si tu n'y vas pas, elle ne viendra pas non plus à mon avis, répondit Blaise, lucide.

- Et donc ? De toute façon, tu as bien vu la réaction de ma mère. Qui continue de me tanner avec Astoria. Ca ne mènerait à rien de bon, pour personne. Tu sais qu'elle continue à me pousser vers elle. Elle n'a pas reparlé de l'incident avec Granger, pas une seule fois, raconta Drago en buvant une grande gorgée de sa vodka.

- Comprend là. Elle essaye de retrouver une place dans la communauté sorcière, et donc forcément dans la communauté Sang Pur, puisqu'elle est plutôt mal vu par les autres...

- Je ne sais pas quoi faire Blaise. Si je refuse de me marier, je vais perdre toutes les relations que j'ai avec ma mère, et les autres familles de sorciers de l'aristocratie... Mais me marier avec Astoria... Elle est tellement froide, je te jure...

- Je ne peux pas te dire quoi faire. Je ne suis pas à ta place, crois moi, ma mère m'a dégoûté du mariage, s'esclaffa-t-il. Mais ne te précipite pas, demande un peu de temps à ta mère, attend au moins de voir si tu valides cette année d'études. Elle devrait au moins t'accorder ça.

Drago acquiesça, et finit par rentrer chez lui complètement saoul, accompagné de Blaise et de deux jolies jeunes femmes.

Il convia sa mère à un déjeuner quelques jours plus tard, ne voulant plus la recevoir dans son appartement. Le femme jeta un oeil fier dans le restaurant chic afin d'apercevoir son fils. Elle le rejoint rapidement, gardant la tête haute.

- Drago, mon fils, tu as l'air fatigué, comment vas-tu ? Puis-je croire que tu as retrouvé un peu de bon sens ? demanda-t-elle en s'installant à ses cotés.

- Je vais être bref. Donnez moi du temps. Laissez moi valider mon année, et ensuite je prendrai ma décision. Pas avant. Je ne demande que 6 mois, déclara-t-il, calmement.

Narcissa parut au comble du bonheur qu'il fasse un pas vers elle.

- Les Greengrass ne seront pas ravis, mais ils n'auront pas le choix. Je suis fière de toi, mon fils.

- J'espère au moins que vous y trouverez votre compte, mère. Ce ne sera pas la première fois que je dois me sacrifier pour un de mes parents... répliqua-t-il, acerbe.

Narcissa ne répondit rien mais se ferma légèrement à cette mention.

Drago se contenta uniquement d'acquiescer ou non à tout ce que lui demandait Narcissa le reste du bref repas , dépité de devoir en arriver là, après tout le temps passé en prison et à faire fructifier seul son argent.