Pris au piège

Chapitre 1 : Pris au piège

Chapitre final

4499 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/01/2021 12:03

Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions.fr : Houston, on a un tas de neige (décembre 2020 - janvier 2021).


PRIS AU PIÈGE


Les nuages s’amoncelaient dans le ciel flamboyant de ce crépuscule d’hiver. Le froid, mordant, bleuissait les chairs et figeait les souffles. Au loin, on n’entendait que le fredonnement du vent, encore calme. Mais dans ces montagnes d’Écosse, les anciens avaient l’habitude de dire : Vent qui fredonne, Tempête qui tonne.

Pour le moment, les nuages et le vent étaient les derniers des soucis de Ron et Hermione. Ils couraient. Ils fuyaient pour sauver leurs vies. Des éclairs verts, rouges, bleus et de multiples couleurs claquaient près d’eux.

Ils étaient poursuivis depuis des semaines. Des semaines qu’ils jouaient au chat et à la souris avec les mangemorts et les rafleurs. Jusque-là, ils avaient toujours réussi à éviter la confrontation. Mais aujourd’hui, ils étaient tombés pour ainsi dire nez à nez avec leurs ennemis.

Ils s’étaient battus, en envoyant plusieurs au tapis. Mais ils étaient trop nombreux. Hermione avait été touchée au bras par un sortilège cuisant. Elle avait perdu sa baguette en le subissant, celle-ci tombant dans les buissons. Ron avait crié à Harry de fuir. Trop de choses dépendaient de lui. Il n’avait pas entendu sa réponse. Se voyant submergé, le rouquin avait pris la main d’Hermione et l’avait entraînée à sa suite dans une tentative de fuite.

Depuis combien de temps couraient-ils ? Ron l’ignorait. Il n’avait conscience que des mangemorts derrière eux, de la main d’Hermione dans la sienne et de sa respiration saccadée.

Et alors qu’un éclair d’un vert maladif frôlait ses oreilles, Ron vit une cabane faite de rondins de bois se dresser dans une clairière. Il accéléra, provoquant un râle mécontent de son amie. D’un moulinet de sa baguette, il força la porte à s’ouvrir et sans ménagement, il jeta Hermione à l’intérieur avant de se retourner pour faire face aux agresseurs.

Il lança plusieurs maléfices, se protégeant de ceux le prenant pour cible derrière le chambranle de la porte. Il prit vite conscience qu’il ne pourrait tenir longtemps ainsi. Il leva sa baguette haut vers le ciel et clama :

— Protego Maxima !

Et alors que la bulle de protection se mettait en place autour du chalet, un éclair frappa la baguette de Ron, la brisant. Le rouquin ramena son bras contre lui alors qu’une douleur lancinante lui transperçait l’abdomen. L’adrénaline aidant, il en fit abstraction. Il claqua la porte. Par une fenêtre à croisillon, il vit les derniers sorts des mangemorts venir s’éteindre contre la barrière qu’il avait mise en place.

Les mangemorts, remarquant l’inutilité de leurs actions, cessèrent rapidement. Ron vit leurs silhouettes drapées de noir, leurs cagoules recouvrant leurs têtes et voilant leurs visages, sortir lentement du couvert des arbres. Il n’entendait pas ce qu’ils disaient. Il vit juste l’un d’eux, probablement leur chef, faire des signes en vociférant des ordres.

Plusieurs mangemorts s’éloignèrent pour faire le tour de la cabane. Ron se déplaça jusqu’aux autres fenêtres pour les surveiller. Allaient-ils tenter une nouvelle attaque ? Non, ils se contentèrent d’encercler la cabane. Puis ils levèrent leurs baguettes et lancèrent un enchantement. Ron se doutait lequel. Il essaya de transplaner, se concentrant sur un point vide dans la cabane. Mais rien ne se produisit. Il resta là où il était.

Ils étaient protégés, mais piégés.

Le vent qui mugissait de plus en plus fort dans le conduit de la cheminée rappela Ron hors de ses réflexions. Il s’approcha d’Hermione qui était assise là où il l’avait jetée en entrant dans le chalet.

— Ton bras ? demanda-t-il.

— Ça fait mal, mais je survivrai, répondit-elle. Où sommes-nous ?

— Dans une cabane au milieu des montagnes. Et on est pris au piège. Ils ont dressé un champ antitransplanage. Ils ne peuvent pas entrer et nous ne pouvons pas sortir. Et ma baguette…

Ron regarda le bout de bois qu’il tenait toujours dans sa main. Il avait une impression de déjà-vu. Son état lui rappelait étrangement sa deuxième année à Poudlard. Un fugace sourire passa sur ses lèvres à se souvenir. Finalement, ce ne fut pas une si mauvaise année en comparaison de ce qu’il vivait maintenant.

— Où est la tienne ? questionna-t-il.

— Je l’ai lâchée, répondit-elle. Quand j’ai reçu ce maléfice… Laisse-moi voir la tienne.

Hermione examina l’artefact brisé. Ron la voyait froncer des sourcils, toujours de la même façon quand elle réfléchissait. Il aimait la voir se creuser la tête.

— On peut encore s’en servir, décréta Hermione. Mais juste pour des sorts mineurs sans trop de puissance. Elle sera inutile dans un combat.

— De toute façon, ils sont trop nomb…

La tête lui tournait. Ron sentit ses jambes vaciller sous son poids et il tomba sur son séant.

— Ron ! Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Rien, souffla-t-il. Je dois juste être essoufflé. On a beaucoup couru.

— Tu saignes !

Hermione venait de remarquer la tache rouge qui imprégnait le tee-shirt de son ami. Elle fit un tour rapide de l’unique pièce de la cabane et repéra un lit dans un coin. Elle obligea Ron à se lever en le prenant sous son bras et l’y traina.

Une seule couverture – pas très épaisse, trouée d’un rouge sale et couverte d’une fine couche de poussière grisâtre – le recouvrait. Ron grimaça quand Hermione retira son vêtement ensanglanté pour l’examiner.

Il avait été touché par un sortilège perforant. Elle devait trouver un moyen d’arrêter l’hémorragie. Elle se mit à fouiller la cabane, en profitant aussi pour faire l’inventaire de ce qu’ils avaient à leur disposition, ne remarquant pas qu’à l’extérieur, le vent continuait à forcir.

La cabane devait servir de refuge occasionnel pour les randonneurs. Et visiblement, cela faisait un moment qu’elle n’avait pas servi. Elle repéra très vite une boite à pharmacie et s’y précipita. Il n’y avait pas grand-chose, mais elle y trouva quelques antalgiques, des compresses et un flacon largement entamé d’alcool.

Près de l’évier, elle trouva quelques ustensiles de cuisine, dont des verres. Elle s’en saisit d’un et actionna le robinet pour tirer de l’eau. Mais rien ne se produisit, pas même un gargouillis dans les tuyauteries. Elle ouvrit les placards de la kitchenette et trouva quelques bouteilles d’eau. À peine quelques-unes… Il y avait aussi des vivres, mais elle décida de finir son inventaire plus tard et de pallier au plus pressé.

Revenant vers Ron avec un verre d’eau, elle le somma d’avaler le cachet qu’elle lui tendait. Elle se pencha sur sa blessure et la désinfecta, arrachant un gémissement douloureux au rouquin.

— Désolé, fit-elle contrite.

Hermione recouvrit la plaie d’une compresse et la fixa avec du sparadrap.

— Ça devrait aller… pour le moment, dit-elle.

— Bien. Maintenant à toi.

— Non ça va.

— Ne sois pas idiote, ça ne te va pas ! Il faut s’occuper de ton bras. Enlève ton gilet !

Hermione fit la moue, mais obéit. Sans son gilet, elle se rendit compte qu’il faisait froid dans la cabane. Alors que Ron entourait son bras blessé d’un bandage, elle regarda vers une fenêtre et vit de gros flocons de neige tourbillonner dans le vent. Cette vision lui arracha un frisson.

Elle parcourut des yeux le torse de joueur de Quidditch de son ami. Elle voyait sa peau bleuir à cause du froid qui s’installait. Dès que le rouquin eut fini, elle l’obligea à s’allonger et le recouvrit de la fine couverture miteuse. Elle resta quelques instants la main sur son épaule, appréciant sa peau froide, mais douce. Elle lui sourit et alla continuer son tour de la cabane.

Hermione commença par la cheminée. Elle trouva quelques bûches posées à côté. Utilisant la baguette de Ron avec précaution, elle réussit à allumer une petite flambée qui répandit très vite un semblant de chaleur dans la pièce.

Dehors, la nuit était tombée. Ce feu permettait de mieux se rendre compte du dénuement dans lequel ils étaient. Le mobilier se limitait au lit dans lequel se trouvait Ron, à une table carrée et deux chaises en bois. Une kitchenette occupait le mur du fond. Elle était équipée d’une gazinière d’un autre âge, d’un évier qu’elle savait inutile et de quelques placards.

Hermione essaya sans trop d’espoir de faire fonctionner la gazinière. Elle ne fut pas surprise de ne pas trouver de bouteille de gaz pour l’alimenter.

Un tiroir et un placard contenaient juste des ustensiles comme des couverts, des assiettes, des casseroles et des poêles. Les autres se révélèrent tristement peu garnis. Au niveau des provisions, elle ne trouva que quelques boites de conserve diverses et un paquet de pâtes.

Ils pourraient tenir quelques jours en se rationnant. Mais après…

Les ronflements de Ron la tirèrent de ses réflexions alarmistes. Elle sourit en le regardant. Qu’il avait l’air paisible en dormant !

Elle le vit frissonner et décida aussi de se coucher après s’être servi un verre d’eau. Sans hésiter, elle se déshabilla, ne gardant que son soutien-gorge et son pantalon : elle avait lu que le meilleur moyen de lutter contre le froid était de se coller peau contre peau. Elle vint se blottir contre le torse du rouquin. Ce dernier ne se réveilla pas, mais l’entoura de ses bras. Elle savait que c’était la chaleur qu’il cherchait ainsi et rien d’autre, mais ne put s’empêcher de soupirer d’aise en s’endormant dans cette étreinte.

À l’extérieur, le vent et la neige se déchaînaient, faisant vibrer les fenêtres. Pas assez fort pour aller contre la fatigue qui venait d’emporter les deux jeunes gens dans un sommeil profond…

Lorsqu’il se réveilla, Ron sentit d’abord la douleur lui lacérer le ventre. L’effet de l’antalgique était passé. Tant qu’il ne bougeait pas, c’était supportable.

La lumière qui filtrait par la fenêtre à l’Est était faible et bleutée, mais il ne s’en souciait guère. Il venait de se rendre compte de la présence d’Hermione blottie contre lui. Elle dormait encore, son souffle chaud et doux lui caressant la poitrine. Il n’osait pas bouger, de peur de l’éveiller.

Au bout d’un moment qui parut trop court au rouquin, la jeune fille s’agita et ouvrit les yeux. Elle demeura pourtant sans bouger, appréciant la peau de son ami contre la sienne, et le rythme lent et apaisant de sa respiration.

Lorsqu’elle décida enfin de se relever, elle planta un regard doux et inquiet dans celui de Ron.

— Tu vas mieux ? demanda-t-elle. Ta blessure…

— La douleur est revenue, répondit-il, conscient qu’il était inutile de lui mentir. Mais j’ai moins mal qu’hier. Tu penses que les mangemorts sont encore là ?

— Je vais regarder par les fenêtres si je les vois.

— Oui, mais avant, tu devrais te couvrir.

Hermione se souvint qu’elle était presque à moitié nue tout près de son ami. Elle rougit soudainement et se jeta sur ses vêtements pour les enfiler.

— J’ai lu une fois que pour survivre au froid, le mieux était de partager la chaleur humaine, dit-elle pour se justifier de sa tenue. Et pour cela, il vaut mieux ne pas avoir de vêtement.

— Ah… Je comprends…

Elle n’osa jeter qu’une œillade discrète au jeune homme avant de se diriger vers la fenêtre par laquelle elle voyait le jour poindre. La neige avait recouvert la lande alentour. Elle montait jusqu’au dernier quart de la fenêtre et Hermione dut prendre une chaise pour pouvoir voir au travers. Elle estima qu’il était tombé entre un mètre cinquante et deux mètres.

Elle ne vit nulle trace des mangemorts. La tempête de neige qui avait soufflé durant la nuit avait dû les forcer à se retirer. Mais ils pouvaient tout aussi bien se trouver à proximité, à l’affût, attendant la moindre erreur des deux souris prises au piège.

Hermione tenta de transplaner, sans résultat. Elle alla vérifier si elle pouvait ouvrir la porte, mais la neige la bloquait totalement.

— Nous sommes totalement bloqués, indiqua-t-elle. Le champ antitransplanage est toujours présent et la neige bloque la porte. On ne peut rien faire à part attendre.

— Ça peut durer longtemps tu penses ?

Hermione lui fit l’état de leurs provisions, sans oublier le nombre de bûches dont ils disposaient pour faire du feu, nécessaire pour cuire les aliments.

— Même ça il va falloir les économiser ! On va avoir très froid.

— On peut partager notre… chaleur humaine, avança Ron.

Hermione rougit d’un coup et allait traiter Ron d’idiot. Mais elle savait que c’était effectivement la chose la plus logique à faire.

— Pour le moment, il faut qu’on mange quelque chose, décréta-t-elle. Et avant ça, je voudrais examiner ta blessure.

Ron grimaça quand Hermione enleva la compresse pour regarder l’état de sa plaie. Elle parut assez satisfaite. Elle la nettoya de nouveau et mit une compresse neuve.

— Maintenant, je vais faire à manger. Mais je te préviens, ce ne sera pas la grande cuisine de ta mère.

— Je suis sûr que tu vas nous faire des merveilles, dit-il. Je vais t’aider.

— Non, il ne faut pas que tu bouges. Je m’en occupe.

Hermione piocha dans le paquet de pâtes. Le souci c’était l’eau. Elle ne voulait pas utiliser le peu d’eau potable qu’ils avaient. Elle retira son gilet et en entoura son poing. D’un coup sec, elle brisa le carreau bas d’une des fenêtres. Elle retira avec précautions les morceaux de verre et remplit une casserole avec de la neige qu’elle mit sur le feu.

Les pâtes n’avaient pas beaucoup de goût et elle n’en avait pas cuit beaucoup, mais les deux jeunes gens apprécièrent d’avoir quelque chose de chaud dans l’estomac.

Après manger, Hermione refit un tour de la cabane, comme pour vérifier si quelque chose qu’elle n’aurait pas remarqué la première fois pourrait leur être utile. Mais c’était surtout pour cacher sa gêne de devoir se coucher près du garçon. Non pas qu’elle ne le voulait pas. Mais qu’elle le voulait… trop.

— Hermione, appela Ron. Tu as déjà fait le tour deux fois. Il n’y a rien d’autre et rien que nous ne puissions faire pour le moment. Le feu se meurt déjà. Viens avant d’avoir trop froid.

N’ayant pas d’argument contre, la jeune fille s’approcha, commençant à retirer son haut. Elle s’arrêta en plein mouvement.

— Tu peux… te tourner s’il te plait, quémanda-t-elle.

— Bien sûr, fit-il. Je vais enlever mon pantalon comme ça. Mieux vaut partager le maximum de chaleur, n’est-ce pas ?

Hermione rougit encore plus violemment, mais Ron, se retournant et déboutonnant son jeans ne la vit pas. Elle retira elle aussi son pantalon et avant que le rouquin ne se retourne, elle se glissa sous la couverture, tout contre son flanc chaud.

Durant de longues minutes, ils gardèrent le silence, aucun des deux n’osant briser la quiétude de ces instants.

— Tu crois qu’ils ont eu Harry ? interrogea-t-elle.

— Je ne sais pas. J’espère qu’il s’en est sorti. Si c’est le cas, il doit nous chercher en ce moment même. Il nous trouvera, je suis sûr.

— Mais si les mangemorts l’ont capturé ?

— Je ne veux pas l’imaginer…

Ils se turent. Ils savaient ce qui se passerait si leur ami était pris et ne voulaient pas y penser. Et finalement, l’un contre l’autre, ils s’endormirent de nouveau.

Deux jours passèrent. Hermione avait essayé de bricoler la baguette de Ron, sans grand succès. Au moins ne risquait-elle pas de se briser plus. Elle s’était habituée à demeurer des heures contre la peau du jeune Weasley. Ron parvenait à se redresser, toujours en grimaçant cependant.

Il restait égal à lui-même. Hermione soupirait parfois quand il disait une énormité. Mais elle se rendait compte qu’il faisait quand même beaucoup d’effort pour ne pas envenimer la situation en gâchant l’ambiance déjà maussade.

Hermione gérait le stock de vivres. Elle le voyait diminuer dangereusement. Ils ne tiendraient que deux jours de plus à ce rythme. Et après ? Que feraient-ils ?

Il n’y avait plus eu de chutes de neige, mais le soleil et le vent avait verglacé le manteau qui recouvrait la lande. Celui-ci ne désépaississait pas, maintenu par le froid intense. Aucun signe de vie, mis à part le vol de quelques oiseaux, ne troublait le paysage. Peut-être qu’ils étaient vraiment seuls. Cela ne changeait pas grand-chose au final.

— Qu’est-ce que tu vois ? demanda Ron. Les mangemorts ?

— Rien, répondit-elle. De la neige et des arbres.

Et alors qu’elle descendait de la chaise sur laquelle elle était juchée, elle perdit l’équilibre et tomba de tout son long.

— Hermione !

Ron se précipita jusqu’à elle, oubliant sa douleur. Il l’aida à se relever.

— Tu vas bien ?

Hermione sentit une douleur quand elle tenta de poser son pied sur le sol.

— Je crois que je me suis foulé la cheville, dit-elle.

Ron la porta jusqu’au lit où il la déposa.

— On va rester tranquille jusqu’au prochain repas, décréta-t-il.

Hermione acquiesça et essaya de se déshabiller comme ils en avaient pris l’habitude. Mais en plus de sa cheville, le choc contre le sol l’avait contusionnée et elle avait du mal.

— Attends, je vais t’aider, proposa Ron.

Avec des gestes lents et précautionneux, il lui retira son tee-shirt et son pantalon. Elle se sentait étrangement fébrile sous les doigts de son ami. Elle ressentit même une chaleur imprégner son être alors qu’il n’était pas encore contre elle.

— Tu n’as pas froid ? demanda-t-il d’une voix légèrement trouble.

— Non, ça va, balbutia-t-elle.

— Pourtant tu trembles.

Elle rit intérieurement. Comment Ron pourrait-il s’imaginer que ce n’était pas de froid qu’elle frissonnait, mais à cause de sa présence tout près d’elle ?

— Tu n’as pas de fièvre ? continua-t-il. Tu es toute rouge.

Il posa sa main sur son front et la fit glisser sur sa joue. Hermione sentait son cœur s’emballer. Rien d’autre n’existait à part les yeux noisette de Ron.

— Ron… souffla-t-elle.

— Oui ?

— Tais-toi…

Elle referma ses bras autour de son cou et l’attira contre elle, l’embrassant avec passion. Ron parut surpris un instant, mais il se laissa aller, se glissant près de la belle sans rompre le contact, lui rendant son baiser.

Il était temps de retirer les derniers vêtements…

Quand Hermione se réveilla quelques heures plus tard, ce fut parce qu’elle ne sentait plus la présence réconfortante et chaleureuse de son amant près d’elle. Ce dernier se trouvait devant la cheminée et s’affairait.

Elle s’habilla et vint le rejoindre.

Dehors, le niveau de la neige avait enfin commencé à baisser. Peut-être allaient-ils s’en sortir finalement. Bien sûr, ce serait pour continuer le combat contre Voldemort. Mais après, ils pourraient enfin vivre. Ensemble…

— Tu n’aurais pas dû te lever, dit-elle.

— Ça va, fit-il. C’est toi qui as tout fait depuis qu’on est ici. Je voulais faire ma part.

Il avait ouvert une boite de haricots à la tomate. Une boite de moins dans leurs maigres réserves.

— Ce sera bientôt prêt, annonça-t-il en se relevant.

Ron vacilla, se rattrapant au linteau de la cheminée.

— Ron ! cria Hermione. Qu’est-ce qui t’arrive ?

Aussitôt, elle releva le tee-shirt du jeune homme. Sa plaie saignait de nouveau et suppurait. Le supportant pour le ramener vers le lit, elle remarqua qu’il était bouillant. Il poussa un râle maladif quand elle parvint à l’allonger.

— Ça va aller Hermione, dit-il. Je vais bien.

— Non tu ne vas pas bien ! s’écria-t-elle. Ta plaie s’est infectée. Elle devait être plus profonde. Je crois que les médecins appellent ça une septicémie.

Hermione alla jusqu’à la boite à pharmacie, espérant y trouver quelque chose alors qu’elle savait pertinemment qu’il n’y avait rien. Elle se mit à réfléchir, mais elle ignorait quoi faire. Baisser sa température, c’était peut-être la seule chose qu’elle pouvait faire.

Ron était ruisselant de fièvre. Elle prit le tee-shirt du jeune homme et le trempa dans de la neige fondue avant de l’appliquer sur son front et son torse. Ron haletait de plus en plus.

Hermione le força à boire et à manger. Elle le voyait dépérir. Ses yeux s’emplirent de larmes.

— Hermione… souffla-t-il. Hermione…

— Je suis là, dit-elle en lui prenant la main.

— Je…

— Chut… Garde tes forces. Tu vas t’en sortir. Je vais te faire sortir.

Hermione tenta une nouvelle fois d’ouvrir la porte, sans succès. Elle brisa le reste de la fenêtre qu’elle avait déjà entamé pour récupérer de la neige. Le fracas du verre se répandant fit à peine tressaillir Ron qui avait sombré dans l’inconscience.

S’armant de la baguette du jeune homme, Hermione généra un courant d’air chaud pour faire fondre la neige. Elle se concentrait, faisant abstraction de tout ce qui pourrait la perturber. Elle devait se dépêcher et en même temps, elle ne devait pas trop forcer au risque de voir la baguette éclater dans sa main. Elle évitait de penser à la possibilité que les mangemorts les attendaient dehors. Il fallait qu’elle tente sa chance. Sinon Ron risquait de ne pas passer la journée.

Hermione ne s’arrêta pas avant que l’absence de lumière ne l’empêche de continuer. La nuit venait de tomber une fois de plus. Elle se sentait à bout de force. Sans même réfléchir, elle se mit nue, vint se blottir contre Ron et s’endormit presque aussitôt.

La jeune femme avait l’impression d’avoir à peine fermé l’œil. Elle examina rapidement Ron. Il respirait faiblement. Elle n’avait pas de temps à perdre. Elle retourna à la fenêtre continuer de dégager un chemin de sortie. Elle avait un plan : elle ne dégagerait entièrement la voie qu’au dernier moment, elle tirerait Ron à l’extérieur pour ramper jusqu’à l’extérieur du champ antitransplanage et alors, ils transplaneraient loin. Après, il suffirait de trouver un médecin ou un hôpital pour le soigner.

Les heures passaient, trop longues au goût d’Hermione. Chaque instant de perdu était précieux. Depuis la veille, Ron n’avait plus ouvert les yeux. Elle n’entendait plus le sifflement de sa respiration.

Lorsqu’elle estima qu’elle avait assez dégagé la neige sans pour autant trahir ses actions aux mangemorts, elle prit une minute pour récupérer son souffle. Elle but la dernière gorgée d’eau potable.

Il était temps de partir. De tenter le tout pour le tout.

— Ron, réveille-toi, on s’en va, dit-elle en s’approchant. Ron, s’il te plait, je te demande de faire un effort, juste un petit effort.

Elle posa la main sur son épaule pour le secouer. Elle la retira aussitôt, comme si elle s’était brûlée. Il n’était pas chaud. Il était glacé. Sa peau avait pris une pâleur mortuaire.

— Ron… non…

Elle approcha le visage du sien, espérant sentir son souffle.

— Ron… NON ! RON !

Hermione hurla de désespoir en tenant le cadavre de Ron. Elle ne pouvait y croire. Elle se laissa tomber sur le sol, s’adossant au lit, les genoux ramenés contre elle. Ses sanglots emplirent la pièce. Le froid mordant, elle ne le sentait plus. Sa peine seule l’avait envahie et rien d’autre n’avait d’importance.

Elle n’entendit même pas la voix d’Harry les appelant à l’extérieur. Elle ne remarqua pas ce dernier en train de faire fondre la neige qui bloquait la porte. Elle leva à peine ses yeux gonflés de larmes lorsqu’il surgit dans la cabane. Elle ne l’entendait pas, un bourdonnement incessant la coupait du monde. Elle devina à peine Harry se pencher sur Ron.

Elle ouvrit ses bras à son ami lorsque celui-ci l’étreignit pour qu’ils partagent leurs peines. Combien de temps restèrent-ils ainsi ? Quelle importance !

Puis finalement, comme après un long cauchemar, elle s’éveilla.

— Les mangemorts ?

— Ils sont partis, répondit Harry. Ça fait quatre jours que je vous cherche. J’aurais dû arriver plus tôt, plus vite. J’aurais dû… Viens, allons-nous-en. Je reviendrai plus tard m’occuper de Ron.

Harry se releva, aidant son amie. Elle se tourna vers le corps de Ron. Harry la laissa faire ses adieux en allant l’attendre dehors. Elle se sentait si seule.

Et pourtant, elle n’était pas seule quand elle passa le pas de porte…


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