Oniromancie

Chapitre 2 : Crise d'identité

4565 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/11/2020 11:00

  Une jeune fille de mon âge me regardait en fronçant les sourcils. Elle était très belle mais avait un air très méprisant que je lui rendis. Ses cheveux blonds et ondulés lui arrivaient en dessous des épaules et des deux côtés de son petit nez mutin, ses yeux d'un bleu limpide, presque fades, clignaient en même temps que les miens. Son teint porcelaine dépourvu de la moindre imperfection la faisait ressembler à une poupée, ce que renforçaient ses lèvres en pétales de rose.

  - C'est bon, vous pouvez vous détourner du miroir, Lacerta, dit l'homme roux à la barbe que Madame Whisp m'avait amené après mon réveil.

  - Ce n'est pas un rêve ? Je suis vraiment cette sorcière.

  Dumbledore acquiesça.

  - Vous êtes elle, comme si vous l'aviez toujours été. En tant normal, j'aurais confié un cas aussi exceptionnel que le vôtre au Ministère de la Magie, mais des temps sombres courent et Grindelwald s'intéresse beaucoup aux formes de magie qu'il ne comprend pas.

  Dumbledore se leva de sa chaise.

  - Venez avec moi, nous pourrons discuter avec plus de discrétion dans mon bureau.

  Je ne me sentais pas très bien Je m'étais tellement attendu à me réveiller chez moi que j'étais devenue aphone lorsque je m'étais réveillée sur le lit de l'infirmerie. Dumbledore – qui ne ressemblait pas du tout à Jude Law – m'avait montré un miroir qui détecterait mon imposture. Et qui n'avait rien détecté...

  Était-ce scientifiquement possible ? Ou même magiquement ?

  Un rêve ne pouvait pas être si vrai...

  Je sentis les cheveux de Lacerta me chatouiller la nuque. Mes cheveux. Mes mains pâles. Mon air méprisant. Mes yeux bleus.

  Comment m'étais-je retrouvé là ? Quelle était l'explication sensée qu'on pouvait donner à la situation ? Ce Dumbledore paraissait d'une infinie sagesse, mais s'il n'était qu'une invention de mon cerveau, pourquoi ne ressemblait-il pas au Dumbledore des films ?

  Sans que je ne m'en sois rendue compte, nous étions arrivés devant une porte dérobée, à côté d'un tableau représentant une femme enrobée d'un âge mûr. La Grosse Dame, le bureau de Dumbledore. Aussi étrange que cela soit pour un directeur de maison (car en 1943, Dumbledore dirigeait la maison Gryffondor) son bureau était minuscule et très encombré. Je m'attendais à un endroit plus vaste. D'un sortilège, il dégagea des parchemins et autres reliques magiques – dont ce qui ressemblait fortement à la Pensine – d'une vieille table très simple et me proposa une chaise.

  Je me sentais comme dans la peau de Harry – même si j'étais dans celle de Lacerta – lors de ses longues conversations avec le vieux directeur. Il me regarda par-dessus ses lunettes en croissant de lune et parla en premier.

  - Présentez-vous, s'il vous plaît.

  Je pris une grande bouffée d'air.

  - Je m'appelle Edith Xavier, j'ai seize ans et j'habite à Glasgow en Écosse. Je suis une Moldue et...

  - Une Moldue ? me coupa Dumbledore. Pourtant la magie vous semble familière... Savez-vous ce que c'est ?

  - Une baguette magique, répondis-je du tac au tac en fixant la baguette de Dumbledore – qui n'était pas la baguette de Sureau.

  - Et ceci ?

  - Le dessin d'un Botruc. Essayez-vous de me faire dire que je mens ?

  - Que feriez vous si vous étiez à ma place ?

  Voilà qu'il me faisait ce fameux regard qui vous donne l'impression de passer au rayon X. Je compris soudain le malaise que décrivait Harry.

  - Écoutez, de là d'où je viens vous... vous... n'êtes pas réel... balbutiai-je. Vous êtes un personnage de livre. Un très bon personnage, ajoutai-je précipitamment.

  Il ne dit rien, l'air... relativement calme...

  - Je peux le prouver, j'ai appris beaucoup de chose sur vous dans ses livres. Notamment des choses que vous essayez de cacher.

  La lueur dans ses yeux bleus changea.

  - Euh... Votre soeur, Ariana, par exemple, vous n'en parlez jamais. Je sais que quand elle était petite, des Moldus lui ont fait du mal parce qu'ils l'avaient vu faire de la magie et qu'elle n'a plus jamais été la même depuis. Je sais aussi que vous avez été très ami avec Grindelwald dans votre jeunesse, et que c'est pour ça que vous ne voulez pas qu'on vous confie le pouvoir.

  Silence.

  - Oh ! Et vous avez fait brûler l'armoire de Jedusor pour qu'il rende aux orphelins les objets qu'il avait volé.

  J'aurais pu en rajouter mais il me sembla que certaines informations pouvaient être un peu déplacées. Lentement, Dumbledore joignit ses mains et entrecroisa ses doigts.

  - Comment s'appelle ce livre ?

  - Harry Pot... Euh... Je ne sais pas si je peux le dire... Ça se passe dans les années 90, donc dans le futur pour vous. Et rien que le titre vous spoil l'avenir...

  - Spoil ?

  - Oui, enfin, ça vous dit ce qui va se passer avant que vous ne le voyiez par vous-même. C'est un mot qu'on emploie couramment en 2018.

  - Si je comprends bien, non seulement vous ne venez pas du monde magique mais vous ne venez pas non plus de cette époque ?

  Je hochai la tête.

  - C'est étrange à croire, mais avec tout ce que vous savez, il est indéniable qu'il faut que je vous apporte mon aide. Lacerta Kenneth n'a pas l'air connue par vous, que voulez-vous donc connaître à son sujet ?

  Waouh ! Dumbledore m'accordait sa confiance et proposait de m'aider ! Si ça n'avait pas été impossible, je m'en serais vanté partout ! Je lui posais plusieurs questions auxquelles j'obtins les réponses :

  -Lacerta est une Sang-Pur

  -Elle est la Préfète de Serdaigle

  -Elle est fiancée à Connor Rosier (Rosier étant le nom d'un Mangemort) qui lui est à Serpentard

  -Du coup elle a une idéologie un peu Malfoyenne

  -Elle prend beaucoup soin d'elle-même

  -Elle est intelligente (très douée en sortilège et métamorphose), raisonnable mais très peureuse

  -Et enfin (et à mon grand dam) elle déteste les Gryffondors, et particulièrement Hagrid qu'elle qualifie de « monstre »

  Super. Je suis tombée sur Pansy Parkinson...

  Avant de sortir de son bureau, Dumbledore me posa une dernière question.

  - Vous avez cité Tom Jedusor. A-t-il un impact important dans le livre auquel nous sommes censés appartenir ?

  Oui, c'est le boss de fin...

  - C'est un grand sorcier, répondis-je en faisant attention à mes mots. Très puissant. Il apprend au héros que l'amour peut sauver plusieurs fois la vie.

  Mais pas volontairement...

  Sur ce, je refermai la porte sur un Dumbledore en pleine réflexion.

  Je décidai de faire le tour de Poudlard. Le château semblait beaucoup plus fantastique et mal entretenu que dans les films. Bien que cela paraisse incroyable, il semblait beaucoup plus magique... Du lichen dévorait les façades extérieures, se battant pour la place avec le lierre. Les vitres hautes étaient, quant à elles d'une teinte jaunâtre qui donnait à l'intérieur une lumière brumeuse. Les courants d'air violents firent s'envoler mes cheveux. Pour une habituée de la fraîcheur d'Ecosse, je faisais pâle figure dans ces couloirs glacés. Rôdant au hasard, je finis par me retrouver dans un hall gigantesque juste en face de... la Grande Salle. C'est alors, qu'avançant dans cet endroit à l'atmosphère beaucoup plus agréable, je me rendis compte que j'avais faim. Je repérai Amy et Sharon qui discutait à la table juste à gauche quand une voix m'interpella.

Je fis volte face et un garçon de haute taille s'avança vers moi, fulminant. Son visage, agréablement hâlé, était déformé par une expression de pur ras-le-bol. Je remarquai un insigne de préfet sur sa robe noir. 

 - Kenneth ! s'exclama-t-il une seconde fois. Je te l'ai rappelé toute la semaine mais tu n'es quand même pas venue ! Une troisième fois et je demande à Dippet de te retirer ton insigne ! Ces réunions sont importantes pour la bonne communication entre les maisons alors donne moi une excuse valable.

 Alors là... Je n'avais aucune idée de qui il était et ce dont il parlait. J'évitai de lui poser la question , pour ne pas le mettre encore plus en rogne. Il me semblait plus judicieux d'en parler à Amy Blackthorn et Sharon Ackney juste après. Donc je me montrai la moins suspecte possible.

 -J'étais l'infirmerie toute la journée, expliquai-je docilement, battant des cils pour me donner un air ingénu. Madame... Whisp peut le prouver.

 Malgré mon excuse, il ne défonça pas les sourcils. Oups.

 -Tu as dit ça la dernière fois. (Oups...)Mais je te laisse une seconde chance. Tu sais ce qui se passera si tu n'es pas là à la prochaine réunion des Préfets.

 Il s'apprêta à tourner les talons mais ajouta : "Et ne t'avise pas d'aller te plaindre auprès de ton petit ami. Je suis de Sang-Pur et ces jeux là ne m'intéressent pas." avant d'aller s'assoir plus loin.

  D'accord... À ma vue, Amy se leva et secoua la main. Même en apportant l'attention sur elle de cette manière, elle avait de la distinction. Sharon, elle, ne me regardait même pas, plongée dans la dégustation de ses saucisses grillées. Le temps ne m'avait pas manqué pour cerner la personnalité de Amy : la fille de bonne famille (surement Sang-Pur), gentille mais autoritaire sur les bords, destinée à devenir une bonne petite épouse. Ce que devait être Lacerta (en moins gentille). Sharon, en revanche, avait une mentalité beaucoup plus... XXIe siècle... Sarcastique, franche, et certainement Sang-mêlée, Lacerta n'était peut-être pas sa meilleure amie mais elle me plaisait bien à moi.

 -Tu as vu le professeur Dumbledore ? demanda Amy tandis que je m'asseyais en face d'elle.

 -Ce n'était rien, la rassurai-je. Un rêve magique, qui s'est mélangé avec la réalité (voilà la version que j'avais mis au point avec Dumbledore). Ça arrive très rarement mais ça arrive.

 Le visage de la jeune fille se détendit.

 -Ah ! Ce n'était pas grave ! Je m'étais fait du soucis !

 -Elle l'a raconté à tout Poudlard, traduisit Sharon qui se servait à présent des pommes de terre en grande quantité.

 -Pas à tout Poudlard, corrigea Amy en caressant quelques mèches rebelles qui s'échappaient de son chignon pourtant parfait. Juste à ceux qui avait besoin de savoir, comme le professeur Slughorn, Walburga, Connor, Druella...

 -Mais pas mon homologue Préfet, remarquai-fit 

Amy posa la main sur sa bouche, cachant ainsi le "o" qu'elle formait.

 -Nom d'une harpie ! Shacklebot ! J'ai oublié de le prévenir pour la réunion d'aujourd'hui... Désolé, Lacerta ! Vraiment désolé !

 -Et puis, ce n'est pas comme si tu n'avais jamais séché de réunion, marmonna Sharon. Passe moi la soupe... s'il te plaît...

 Je lui fis passer le gros bol qu'elle me désigna. Son appétit me surpris grandement ainsi que la quantité de nourriture sur la table par temps de guerre. Me servant une bonne portion de ragout fumant, je profitais de ce moment pour contempler la Grande Salle. Le plafond ressemblait vraiment au ciel crépusculaire et non pas au ciel crépusculaire avec le plafond derrière, comme dans les films. Et aucuns fils ne retenaient les milliers de bougies qui flottaient au dessus de nos têtes. Jusque dans nos couverts, tout était fantastique. Nos verres en or étaient, je le sentais à leur poids, vraiment en or ! À la table des professeurs (par ailleurs, je ne voyais aucun hibou en or qui devait ouvrir ses ailes lorsque le directeur faisait un discours) ce n'était pas Dumbledore, simple professeur de métamorphose, qui occupait la place principale, mais un petit homme frêle et dégarni à l'allure fière : Armando Dippet, le prédécesseur de Dumbledore, qui avait refusé la première fois à Lord Voldemort le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal. Voldemort ! Maintenant que j'y pensais, il devait être à la table juste en face de moi ! Il fallait que je repère un garçon de mon âge, brun aux yeux noirs, grand et anormalement beau, portant un insigne de préfet semblable à celui de Shacklebolt sur la poitrine. Je fus déçue (mais un peu soulagée au fond) de ne pas apercevoir de profil de ce type. Je restai alors contemplative de ces grandes fenêtres, des chevaliers de marbres, des fantômes, qui surgirent en plein milieu du repas ! Soudain, une question horrible me traversa. Pouvais-je pratiquer la magie ? La terreur s'empara de moi. Pourquoi n'avais-je pas vu ça avec Dumbledore. S'il y avait une moindre forme de logique à ma situation, si je possédais le corps de Lacerta, sa voix, ses expressions, ne devais-je pas posséder également ses dons pour la magie ?

-Lacerta, ça va ? s'inquiéta Amy, me tirant de mes pensées effrayantes.

Je hochai distraitement la tête, me promettant de tester la baguette magique de Lacerta dès ce soir. Parallèlement, je n'avais remarqué que nous en étions passés au dessert. Mon petit (traduction : énorme) tracas sur mes pouvoirs magique fondit, provisoirement, en même temps que la glace à la menthe sur ma langue.

Des étoiles scintillaient dans le ciel artificiel lorsque le repas prit fin. Le professeur Dippet se leva alors et entama un discours très longs, très peu Dumbledorien, un peu pompeux sur les bords, pour finalement dire que le lendemain, le Poudlard Express arrivait à dix heures pour les élèves qui rentraient chez eux pour les vacances de Noël, qu'il était interdit aux mineurs de pratiquer la magie en dehors de l'école et qu'il nous souhaitait de bonne vacances et d'être « encore plus assidus l'année prochaine ». La fin de son discours fut accueilli par des applaudissement polis mais pas vraiment enjoués.

-Prête à vivre ton premier Noël à Poudlard ? demanda Amy en me prenant la main, l'air excité.

Whaou. Elle répondait à une question que je ne m'était même pas encore posé. Très forte, cette Amelia. Je lui rendis son sourire. Noël à Poudlard, le rêve. Au moins, je n'aurais pas eu à rencontrer la famille Kenneth, qui aurait détecté le certain niveau d'imposture qu'il y avait chez moi. Dippet frappa deux fois dans ses mains et les élèves se levèrent en chur, dont Amy qui m'emporta avec elle, et nous prîmes chacun la direction de nos maisons.

-Les derniers mots de William le Bossu avant d'être tué par Jehan de Villehardouin ? demanda la voix mélodieuse de l'aigle qui gardait l'entrée du dortoir.

La mâchoire m'en tomba. Et moi qui croyais que l'aigle ne posait que des questions très philosophiques auxquelles toutes les réponses étaient possibles, et voilà qu'il me testait sur des cours d'Histoire de la Magie. Sharon lâcha un soupir agacé et me poussa sans violence sur le côté. L'aigle de bronze réitéra sa question.

-La mort n'est pas une fin en soi, récita-t-elle, mais je préférerais rester en vie.

-Très bonne mémoire, complimenta l'aigle.

Un flot de Serdaigle surgit dans la salle commune avant de disparaître aussi soudainement dans les dortoirs. Dans celui de Lacerta, Sharon et deux autres filles (l'une d'elle était Olive Hornby, mais elle ne m'avait pas fait de réflexion à propos de son Rapeltout) remplissaient leurs valises respectives de tonnes de vêtements. Ayant dormit toute la journée, je me sentais en pleine forme. J'avais toute la nuit pour m'exercer à la magie. En tant que Potterhead, je connaissais un nombre incalculable de sorts et enchantements, mais je me rendis compte que, pour une sorcière, je craignais pas mal... Sans aucuns scrupules, je fouillai dans la petite commode de Lacerta. La première chose que je trouvai fut un emploi du temps, posé là en feuille volante. C'était une copie, écrite à la main d'une écriture ronde parfaite. Les majuscules avaient même été travaillées. Je comptais au total dix matières. Dix ! Lacerta était folle d'avoir autant de matières en sixième année ! En fouillant un peu plus, je dénichai quelques livres, cachés par des tonnes de bijoux dont la valeur aurait servit à s'acheter un duplexe dans le centre historique de Londres... Je trouvai la baguette de Lacerta dans le tiroir du milieu, entre une boîte à musique et des rouleaux de parchemins. Plus courte que ce à quoi je m'attendais, d'un brun clair tirant sur l'ocre, sa poignée était torsadée et l'extrémité affichait de fines ornementations. Un peu nerveuse, je la secouai de haut en bas. Elle était plus facile à manipuler que le bout de plastique fabriqué en Chine que mes parents m'avaient achetés à cinquante livres sterling pour mon anniversaire, mais, tout comme mon vieux bout de plastique, rien ne se produisit. Au moins, elle ne me rejetait pas, comme une baguette le faisait lorsqu'elle était manipulée par un Moldu. Peut-être se passerait-il quelque chose si je lançais un sort ? Sur toute ma playlist de sortilège, je choisi celui qui me parut le plus facile.

Lumos ! murmurai-je en secouant à nouveau la baguette, assez bas pour ne pas attirer l'attention de Amy, qui me lançait déjà quelques regards en coin en se limant les ongles des pieds ( qui étaient déjà parfaits, pas comme les miens (ceux d'Édith, pas Lacerta)).

Ce fut très bref, mais je crus vraiment apercevoir une lumière au bout de cette mince tige de bois. Mais cela ne devait pas être aussi anormalement bref... J'enfilai rapidement le pyjama le plus confortable (et le plus laid, en parallèle) que je trouvai dans les affaires de Lacerta et filai sans demander mon reste à la salle commune, ou le calme et le silence régnaient. Je m'assis sur une banquette bleu roi, près de la statue paisible de Rowena Serdaigle et de la bibliothèque qu'elle gardait. Grâce à la version magique de la détection de mouvement, les lucarnes dispersées dans la pièce s'allumèrent, plongeant la pièce dans une atmosphère relaxante. Je comptais bien m'amuser toute la nuit avec mon petit bijou en bois ( je ne savais d'ailleurs ni quel bois, ni quelle taille, ni même ce qu'il y avait dedans).

Lumos, dis-je.

Rien.

Lumos.

Rien.

Lumos !

Une lumière blanche plus forte que les lucarnes emplie la pièce et m'éblouis comme la foudre. Je ne pus contenir un « YES ! » de joie. Je compris alors que la puissance des sorts ne dépendaient pas seulement de la puissance du sorcier mais de sa conviction à le lancer. Voilà pourquoi Hermione était si forte. Surexcitée, je pris de l'assurance et tentai un autre sort. Je pointai ma baguette magique, la langue entre les dents, sur une pile de gros volumes (ce qui ne manquait pas dans la tour de Serdaigle) et prononçai distinctement, tout en remerciant intérieurement cette brave Miss Je-sais-tout pour son conseil dont on faisait maintenant des tee-shirts et des coques pour téléphones :

-WinGARdum LeviOsa !

Aussitôt, la pile s'éleva dans les airs. Je me retins de pousser une exclamation victorieuse et poussai un peu plus loin.

-Accio livres ! m'exclamai-je.

Les livres arrivèrent sur moi à une vitesse si étourdissante que j'eus à peine le temps de me baisser pour éviter de les recevoir sur la figure. Ils s'écrasèrent sur le sol constellé d'étoiles, derrière moi. Ravie de constater que, du premier coups, j'avais réussi à maîtriser un sortilège que Harry n'avais réussi qu'au bout de plusieurs jours , je sentis la magie hérisser mes poils. Comment, comment Harry et Ron pouvaient-ils se plaindre de leurs devoirs ? Leurs devoirs magiques qu'ils faisaient avec leurs amis magiques dans leur école magiques et qu'ils devaient rendre à leurs enseignants tout aussi magiques ? S'ils avaient voulu échanger leur potion avec ma chimie, leur méthamorphose avec mon anglais ou leur astronomie avec mes maths, j'aurais accepté volontier et je les aurais peut-être même payés pour ça...

Après avoir lancé tout les sorts testables dans ces conditions ( c'est-à-dire sans cobaye humains...) que je connaissais, je ramassai un des livres que j'avais fait tomber. Une grande partie était en rune, mais quelques traductions en anglais me permirent de comprendre à quel points je ne m'y connaissais pas en sortilège. Pendant une heure au moins, je m'exerçai avec passion sur tout ce qui se trouvait dans la salle, des livres aux objets oubliés par les élèves, en passant par les rideaux vaporeux et les lucarnes, quand j'entendis un léger froissement de tissus. Amy apparut des escalier, ses cheveux noirs volants dans son sillage.

-Je n'arrive pas à dormir, se justifia-t-elle avec un petit sourire d'excuse.

-Moi non plus (je lui adressai un signe de la main négligeant) je suis une vrai pile électrique.

-Pardon ?

Oups, la boulette, expression trop moldue...

-A mon avis, je ne dormirai pas de la nuit, me corrigeai-je.

Amy acquiesça en haussant les sourcils et descendit quelques marches.

-Que fais-tu ?

Elle suivit du regard des morceaux de parchemins qui volaient à travers la salle en battant des ailes comme des papillons décolorés.

-Je m'entraîne, répondis-je.

-Aux sortilèges informulés ?

Euh... Non...

-Euh... Non...

Sans dire un mot, elle pointa sa baguette noir comme l'ébène sur mes papillons qui retombèrent au sol comme des feuilles mortes. Je me souvins alors qu'elle n'avais pas dit mot non plus en transformant ma robe de chambre en robe de sorcière toute simple, le matin même.

-Moi si, dit-elle fièrement.

Soudain, la folle de Potterhead en moi resurgit et s'exclama :

-Des Patronus ! Tu sais faire des Patronus corporels ?

Amy rougit.

-Tu as gagné, Lacerta. Je cesse de me vanter. Te voilà contente ? Tu es peut-être la seule de notre année à maîtriser ce sort mais tu devrais te concentrer également sur...

J'avais cessé de l'écouter à partir du moment ou elle m'appris que Lacerta savais déjà comment lancer un Patronus.

-Spero Patronum, murmurai-je, me concentrant toute mes forces sur le souvenir de ma rencontre avec Dumbledore ( ce qui, pour une Potterhead, n'avait pas de prix et pouvait repousser tous les Détraqueurs du monde entier).

Un lézard gigantesque, un vrai lézard ocellé de la taille d'un varan de Komodo, composé d'une sorte de fumée argentée surgit de l'extrémité de ma baguette magique et fit le tour de la pièce en rampant très vite. Surprise, je constatai l'animal. Était-ce mon Patronus à moi, Édith, ou à Lacerta ? Je sentis le regard envieux de Amy dans mon dos.

-Tu veux que je t'apprennes ? demandai-je, l'air engageant.

Amy me regarda comme si je venais de lui annoncer que Rogue avait tué Dumbledore avant qu'elle n'ai lu Le Prince de Sang-Mêlé.

-Tu me proposes vraiment de... m'apprendre à faire un Patronus ?

Je secouai la tête de haut en bas avec ardeur, tout sourire.

-D'accord... Quelle est la formule ?

-Spero Patronum, répondis-je aussitôt. Mais c'est mieux s'il est formulé.

Je lui adressai un clin d'il auquel elle répondit en levant les yeux au ciel gentillement.

-Tu dois te concentrer sur un souvenir particulièrement heureux, continuai-je. Tu canalises cette positivité sur ta baguette magique et tu dis la formule.

-Un souvenir heureux... Comme celui ou on a gagné la coupe de Quidditch et des quatre maisons la même année ?

-Par exemple.

-Très bien, dit-elle en fermant les yeux. Spero Patronum !

Un mince filet d'argent surgit de sa baguette. Amy eut l'air déçue.

-C'est très bien pour une première fois, déclarai-je précipitamment. C'est rarissime de produire un Patronus digne de ce nom du premier coup... Mais si tu as un souvenir encore plus heureux, peut-être plus personnel...

-Je peux penser à une personne ?

Je hochai la tête, me remémorant une scène du Prisonnier d'Azkaban, dans lequel Harry forma un très puissant Patronus incorporel en songeant à son père.

-Spero Patronum, répéta Amelia.

Le mince filet devint une sorte de bouclier lumineux, comme un protego argenté. La personne à qui elle pensait devait la rendre vraiment heureuse, j'espérais juste pour elle qu'il ne s'agissait pas de Tom Jedusor. Je sentis qu'il ne faudrait pas beaucoup de temps pour qu'elle produise un vrai Patronus. Au bout de quelques instant de silence, Amy prit la parole :

-Tu sais Lacerta, dit-elle, j'ai toujours cru que tu ne me fréquentais que parce que j'étais la seule Sang-Pur dans la même année et maison que toi. De... Depuis que tu es allée à l'infirmerie ce matin, tu parais plus amicale, et tu n'as pas fait une seule réflexion sur le Sang-Mêlé de Sharon. Est-ce que ce "rêve magique" a eu des effets sur ta personnalité ?

Par Merlin ! Lacerta était vraiment une horrible petite peste. Je souris à Amy, qui était un amour de fournir une excuse à ce changement de comportement.

-Oui, c'est Dumbledore qui l'a dit, mentis-je.

-Tu vas rester comme ça pour toujours ?

Ah surement pas ! Malheureusement, la réponse que je donnai à Amy était la pure vérité :

-Je ne sais pas...

-J'aimerais que tu reste comme ça, avoua Amy en rougissant.

Elle se racla la gorge, l'air gêné.

-Je vais me coucher... Merci pour... le Patronus...

Nous nous saluâmes d'un geste de la main, murmurant un bref "bonne nuit" discret. Je ne le savais pas encore, mais mon histoire n'avais pas commencé. Elle ne commença d'ailleurs pas avant le lendemain, vers onze heures.

Dans un Poudlard désert, Amy et moi nous promenions, sans but précis, lorsque surgirent, du couloir qui menait au cachots, deux garçons de Serpentard. Sans que nous ne les ayons aperçut avant. C'est alors que, pour la première fois de ma vie, je vis Voldemort trébucher.

Comble du comble : il trébucha sur moi et m'emporta avec lui dans sa chute.

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