Inversement proportionnel

Chapitre 5 : Suite des enquêtes et complication familiale

8306 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/07/2024 16:25

Jim Clancy est perplexe et rapporte au détective les propos de l'esprit errant, laissant Carl Neely et Mélinda Gordon-Clancy inquiets. Le détective de Grandview et le couple se promènent dans l'école, mais, après plusieurs minutes, Carl Neely s'arrête, toujours suivi par le psychiatre qui ne cesse de le manipuler, et sollicite le couple :

— C'est bizarre, mais j'ai une impression de déjà-vu, d'avoir déjà traversé ses corridors, il y a fort longtemps... mais je n'ai jamais mis le pied dans cette école avant... Suis-je devenu fou ?

Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith lui répond amicalement :

— Vous n'êtes pas fou, c'est une histoire plus compliquée... Vous êtes capable de comprendre la vérité.

Jim Clancy, intrigué par la remarque de la patiente, s'enquiert auprès de l'esprit errant féminin de sa compréhension :

— Vous voulez dire que Carl Neely est la réincarnation de l'un des patients de cet asile.

L'esprit hoche la tête et s'en va, ayant vu le psychiatre.

Carl Neely se moque de Jim Clancy :

— Ne me dites pas que vous pensez que je suis une âme réincarnée ? C'est farfelu, mon Dieu... Ne me dites pas que vous êtes devenu hindouiste ou néo-païen ?

— Carl Neely, je ne fais que vous aider, répond Jim Clancy, piqué de l'incrédulité de son ami, et je ne fais que reformuler les propos d'un esprit errant qui était une patiente, à savoir Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith.

— D'accord... continuons notre enquête alors.

Sur ces mots, les trois vivants continuent leur promenade dans l'école.

Dans une classe, Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith apparaît à la droite de Carl Neely et lui somme d'une voix forte :

— S'il vous plait, ne traversez pas la porte à votre droite... C'était une salle de torture et d'expérimentation...

Simultanément aux mots de l'esprit errant, Mélinda Gordon-Clancy, retenant le bras droit du détective, le supplie :

— Carl Neely, ne traversez pas la porte à votre droite, si vous ne voulez pas devenir fou, s'il vous plaît.

Le détective de Grandview hésite, partagé entre les manipulations du psychiatre et l'aide de sa défunte épouse. Et il ne met pas les pieds dans la salle de droite. Lorsqu'ils arrivent au sous-sol, le même esprit errant féminin les avise :

— Si vous êtes curieux de connaître toutes les pratiques inhumaines, c'est le bon endroit... À vos risques et périls... Surtout pour votre ami détective.

Jim Clancy informe au détective :

— Nous ferons mieux de ne pas explorer ce sinistre sous-sol, faisons demi-tour.

Carl Neely soupire, exaspéré, et crie au couple :

— Si les asiles vous font peurs, c'est correct! Restez ici! Moi, je vais continuer mon enquête, puisque les archives seront nécessairement au sous-sol.

Les yeux de l'épouse de l'ambulancier se sont agrandis de peur et bredouille de vagues propos et commence à pleurer, suppliant le détective de ne pas y aller, parce qu'il deviendra fou. Le détective est très gêné de la réaction émotive de Mélinda Gordon-Clancy, mais ne se laisse pas émouvoir et descend, seul au sous-sol. Jim Clancy décide de le suivre, pour sa sécurité, surtout lorsqu'il a vu Calvin Byrd éclater d'un rire diabolique avant d'emboîter le pas au détective. Le psychiatre, à la gauche du détective, lui murmure en détails, des traitements atroces qu'il faisait. Et Carl Neely, qui ressent un sentiment de déjà-vu et de déjà-vécu de plus en plus oppressant, s'arrête devant une porte. Il s'appuie contre elle, fatigué, et murmure pour lui-même en serbe :

— Je deviens fou ou quoi ? Dieu m'ôte la raison ... C'est bizarre, mais je suis certain que j'ai déjà parcouru cet endroit, mais attaché à un lit... J'hallucine, mes nerfs sont partis... Sauf si c'est le delirium tremens des alcooliques qui arrive bientôt... Bizarre, je n'ai pas remarqué les autres symptômes...

Jim Clancy, qui est arrivé à ses côtés entre-temps, lui recommande :

— Carl Neely, vous ferez mieux d'abandonner maintenant de fouiller le sous-sol, vous êtes fatigué.

Le détective décide de l'ignorer. Lorsqu'il ouvre la porte, la main trémulante, il sursaute et la referme immédiatement, courre jusqu'à la porte en face et, tremblant comme une feuille, vomit tout son repas. Le chuchoteur d'esprits demande à son ami ce qui l'a mis dans un tel état.

Carl Neely lui rétorque :

— Horreur... Je deviens fou... J'hallucine... J'ai vu un docteur du siècle passé et j'ai l'impression qu'il m'a castré, une sensation de douleur dans le bas-ventre, et qu'il avait l'intention de me tuer... Et j'ai l'impression qu'il y eut plusieurs cobayes et plusieurs morts... L'odeur de décomposition... les corps mutilés...

Le psychiatre Calvin Byrd rit, d'un rire diabolique, et murmure ironiquement au détective

— Pouvez-vous vous rappeler de votre nom ?

Le détective s'effondre sur le sol, incapable de comprendre ses hallucinations, qui sont en réalité des visions. Ces dernières deviennent de plus en plus dangereuses, oppressantes, et le laisse très fatigué et sans force.

Jim Clancy le retient avant qu'il ne frappe la tête contre le sol. Lorsque Carl Neely revient à lui, il s'excuse auprès de son ami, se relève et continue son exploration. Jim Clancy est aussi inquiet que son ami en voyant les esprits des patients et des aliénistes qui continuent à se comporter comme s'ils étaient vivants.

Puis Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith se présente à la droite de Jim Clancy et lui murmure :

— Les archives tant recherchés sont dans le couloir à votre droite dans la salle au fond à votre gauche. La porte est barrée.

Le chuchoteur d'esprits hoche la tête pour toute réponse. Il rapporte au détective l'information, Carl Neely lui répond brièvement :

— Nous irons maintenant, avant que je devienne fou.

Les deux hommes se rendent aux archives et forcent la porte. L'esprit errant féminin se confie à Jim :

— Votre ami détective était mon voisin de chambre, ou plutôt devrais-je dire voisine de chambre.

Jim Clancy pense :

« Donc Carl Neely (ou plutôt son âme) était, lors cette vie antérieure, une femme. Intéressant. »

Il rapporte à son ami les propos de l'esprit errant. Celui-ci fouille dans les archives et trouve les documents concernant l'esprit errant de la patiente de l'asile et son regard s'arrête sur les documents d'Emma Baumann qu'il feuillette. Il ramasse les deux documents et donne les informations sur l'Ouzbèke à Jim Clancy et lui annonce fièrement :

— C'est fini pour aujourd'hui. Demain nous terminerons notre exploration du sous-sol.

Les vivants rejoignent Mélinda Gordon-Clancy qui les attend, angoissée, au bord de la crise de panique, pour le détective.

Carl Neely et le couple partent dans leur appartement respectif. Carl Neely, lisant les documents sur Emma Baumann, a l'impression d'être observé, il se retourne, mais ne voit personne. L'esprit errant qu'est Calvin Byrd l'observait, intrigué que son patient ait retrouvé inconsciemment les documents sur sa vie antérieure, mais le détective ne le voit pas. Carl Neely pense :

« Je deviens paranoïaque en plus... Bon, je reviens à ma lecture... »

Après une heure à lire les documents et à sentir le regard du psychiatre sur lui, le détective ne pouvait plus supporter ce sentiment d'être observé. Il range les documents et part dans son lit dormir, mais il est sérieusement perturbé par les visions qui sont ce qu'Emma Baumann avait vu lorsqu'elle était vivante et son dernier moment. Après une heure, toujours éveillé, il se lève, s'habille et fait une promenade dans les rues de la ville, secondé par le docteur Byrd et Milan Jovanović à sa gauche et Myriam Cohen-Neely et François Tricot à sa droite. Il revient après une demie heure de marche dans son appartement, pour aller dans son lit. Il s'endort de fatigue.


Le lendemain matin, Jim Clancy cherche sur le fils de John Smith et de Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith et trouve que le fils du couple, Marc Smith, né en 1917, s'est marié en 1937 avec Anne Bentahar, et le couple a trois enfants, deux filles, Mary et Charlotte, et un garçon, Louis, nés respectivement en 1940, 1942 et 1943. Son fils est encore vivant, bien qu'âgé. Ses petits-enfants ont eux-mêmes des enfants et certains, même des petits-enfants. L'esprit errant, qui suivait les recherches du chuchoteur d'esprits, se réjouit.

Pendant ce temps, Carl Neely, plus fatigué que rien d'autre, lit les documents sur Emma Baumann, née en 1902 et morte en 1926, et sursaute de peur lorsqu'il comprend que le docteur de sa vision, le docteur sadique et psychopathe, est le docteur Calvin Byrd, docteur qui s'occupait d'Emma Baumann. Le détective se retourne à intervalles réguliers, ayant l'impression d'être observé et suivi. Les documents permettent à Neely de comprendre la raison de l'internement de la femme, elle était internée à 17 ans par ses parents et meurt sept ans plus tard. Elle souffrait d'hystérie et de délire. Le psychiatre Calvin Byrd a essayé divers traitements, parmi lesquels l'hypnose, l'électrothérapie, la suggestion posthypnotique, mais rien n'améliorait la situation de la patiente. Le journal de la patiente mentionne un traitement particulièrement traumatisant. Un mois avant sa mort, la patiente mentionne son doute concernant une castration à son insu. Trois mois avant sa mort, la patiente présente une colère, une rage, une haine envers le psychiatre qui étonne Carl Neely, l'accusant de l'avoir rendue folle et de la tuer à petit feu. Plus le détective lisait le journal de la patiente, plus un sentiment de familiarité apparaissait.

Le détective constate à voix haut :

— Je deviens fou... J'ai l'impression de me reconnaître dans cette femme... pourtant elle vient d'une autre époque, bien avant ma naissance, je suis un homme rationnel et père de deux enfants... rien à voir avec cette pauvre jeune femme... Je pense sérieusement que le delirium tremens est devenu mon affaire, en plus que j'ai l'impression d'être observé... Sérieux Carl, t'es devenu dingue et parano, tu devras plutôt aller te soigner de ton alcoolisme... Wow !... Je ne pensais jamais reconnaître que j'ai ce problème... Ah ! Quel père...

Sur ce triste constat, la mine du détective s'assombrit et il commence à pleurer sur lui-même. Une fois qu'il a séché ses larmes, il déambule dans les rues de la ville, toujours suivi du psychiatre qui l'influence négativement, le déprimant. Milan Jovanović, impatient, interroge le psychiatre :

— Docteur Byrd, pensez-vous que je peux le posséder ? Il ne me présentera aucune résistance, puisque son passage dans le sous-sol l'a divisé.

Calvin Byrd ne fait qu'hocher la tête.

Alors l'ancêtre démoniaque possède Carl Neely. Son âme suit son corps possédé et se fâche lorsqu'il constate où son corps est dirigé. Il passe devant le bar Joli Coin, ralentissant le pas, et rentre dans le bar, commandant de la vodka et sirote son verre dans son coin. Lorsque le propriétaire le voit en uniforme, il a peur, mais il devient vite très intrigué de ce policier en uniforme qui vient boire à midi. Après quelques verres, le corps possédé du détective paie les consommations et sort d'une démarche titubante du bar. Carl Neely (âme), lorsqu'il voit Calvin Byrd, reconnaît le psychiatre de sa vision, sauf plus vieux, et se rend devant Jim Clancy et lui explique la situation, honteux de l'état peu responsable de son corps et de son manque de caractère à résister aux méchants esprits. Le chuchoteur d'esprits rapporte à sa femme la discussion avec Carl Neely. Ce dernier retrouve son corps pour le suivre.

Après deux heures à posséder le corps du détective, Milan Jovanović cesse son action. Carl Neely revient dans son appartement pour se reposer des consommations d'alcool. Vers 15 h 55, il se rend devant l'école primaire, rejoignant le couple qui l'attendait depuis cinq minutes. Le détective s'excuse de son retard et demande à Jim Clancy s'il veut bien le seconder au sous-sol. Il accepte.

En s'arrêtant devant une salle fermée, François Tricot et Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith intiment à l'unisson, le premier en français et la seconde en anglais :

— Ne rentrez pas dans cette salle, si vous ne voulez pas devenir fou... Pour le bien de vos âmes, n'entrez pas.

Jim Clancy retenant son ami par le bras lui rapporte ce que lui ont dit les deux esprits. Mais bien sûr, Calvin Byrd essaie d'influencer sur le détective pour qu'il rentre dans la pièce. Heureusement, Carl Neely écoute le conseil que son ami lui a transmis. En se promenant dans diverses salles, Jim Clancy comprend mieux certains détails de la vie dans l'asile; Carl Neely, lui, a, parfois, des visions, visions horribles, le laissant terrifié. Jim Clancy s'inquiète sérieusement pour son ami, alors que Calvin Byrd ne cesse de lui murmurer à l'oreille du détective qu'il ne peut lui échapper, qu'il est condamné à répéter la même histoire.

Le psychiatre ne cesse de lui ressasser :

— Ma chère Emma,... ou plutôt Carl..., vous ne m'échapperez pas maintenant. Vous n'êtes qu'une garce... qui joue la sainte... mais vous êtes toujours très belle, même en homme... voire même plus belle, au moins vous avez grandi... Mais je vous préfère mieux en femme... Reconnaissez plutôt que vous n'êtes pas si bon que vous le croyez, que vous n'êtes que quelqu'un de très négligent et irresponsable.

Ces propos ont pour effet de déprimer le détective et de le laisser fatigué, abattu.

Jim Clancy intervient sévèrement :

— Calvin Byrd, pourquoi racontez-vous de telles inepties à mon ami alors qu'il est quelqu'un de très responsable ? Qui vous donne le droit de traiter cette Emma de mauvaise femme, elle ne mérite pas une telle réputation ?

— Que savez-vous de Carl Neely et de ma patiente, Emma ? Rien. Je les connais mieux que vous, puisqu'une même âme est présente et je sais d'Emma qu'au tréfonds de son âme, ce n'est qu'une jeune femme irresponsable, une belle garce, mais qui n'a pas le courage de passer à l'acte, il faut l'aider pour mettre à nu ses déviances et sa négligence. Comme quoi, Sigmund Freud avait raison...

— Même si que vos propos sont vrais, de quel droit vous voulez jouer avec l'inspecteur ? Il n'est jamais tard pour s'améliorer, alors laissez-le tranquille.

— Vous l'ignorez, mais il est divisé... Ah ! Ah ! Ah ! Emma est divisée depuis un certain évènement... Et je pense que votre ami l'a vu, ce qui l'affecte beaucoup. D'ailleurs, il l'a revu... Ah ! Ah ! Ah !

— Lequel ?

Sur ces mots, Calvin Byrd disparaît de sa vue pour réapparaître devant Carl Neely et lui murmure perfidement :

— Emma, ma chère patiente, maintenant vous serez meilleure ? Au lieu de jouer la sainte et de vous diviser... Reconnaissez plutôt que vous l'avez trouvé intéressant, voire excitant... Assumez votre réelle nature déviante, au lieu de vous voiler le visage sur votre réelle nature.

Le psychiatre se déplace à la gauche du détective.

Carl Neely s'arrête et s'assoit, et éclate en sanglots. Après quelques minutes, il sèche ses larmes, s'excuse auprès de son ami et balbutie pour lui-même :

— Je deviens fou... Pourquoi m'émouvoir autant pour un jeune homme ? Certes sa mort est cruelle, mais je ne suis pas homosexuel pour l'aimer et le pleurer comme lorsque j'ai pleuré ma chère Myriam... Sauf si je le suis ? Non, je suis certain que je suis hétérosexuel, sans l'ombre d'un doute... Donc ces visions sont soit le produit de mon delirium tremens, soit des scènes de la vie de cette pauvre Emma Baumann. Personnellement, je ne pense pas que ce soit les visions de la demoiselle, je n'ai aucune capacité surnaturelle qui me permettrait de croire que Dieu m'accorde des visions, alors, c'est mon délire alcoolique... Je dois sérieusement aller me soigner...

Jim Clancy, qui n'a pas entendu le discours confus de son ami, lui demande :

— Carl Neely, pouvez-vous me répéter ce que vous vous êtes murmuré à vous-même et ce que vous avez vu de si troublant ?

— Je me disais que je deviens fou et que mon délire alcoolique est sérieusement bizarre.

— Pourquoi ?

— Disons...

Le détective regarde ses pieds, n'ayant pas le courage de regarder son ami en face.

— ... que j'ai vu un jeune homme tenu par des infirmiers, alors que j'ai l'impression d'être moi-même tenu de force par les mains et les pieds... et je vois le psychiatre Calvin Byrd tuer froidement, sous mes yeux ce jeune homme, je ressens une haine envers ce psychiatre, mais aussi une tristesse et une honte de n'avoir pas agi pour aider l'être aimé. Je pleurais, je sanglotais, en mon cœur, en mon âme, j'avais la même tristesse envers ce jeune homme que ce que j'ai envers ma Myriam... C'est très bizarre, que j'ai des sentiments amoureux pour un homme... moi qui n'aime que les femmes,... et pas n'importe quelle femme, mais uniquement ma Myriam.

— Vous n'avez pas pensé que ces visions puissent être rattachées à cette patiente, Emma Baumann ?

— Oui, mais je me dis que c'est impossible!, s'emporte le détective, C'est vous qui avez de telles visions, pas moi! Moi, je suis trop rationnel pour qu'un esprit ou Dieu daigne bien me montrer des visions de sa vie!

— Carl Neely, calmez-vous. Je pense très sérieusement que ces visions sont rattachées à cette Emma Baumann, que je n'ai pas vu comme esprit errant. Donc il est clair que c'est à vous de comprendre le rapport entre cette femme et vous. Je vous suggère l'hypothèse de la réincarnation...

Voyant son ami ouvrir la bouche pour répliquer, Jim continue :

— Et prenez cette hypothèse au sérieux, très au sérieux même... Cette Emma Baumann était vous dans votre vie antérieure, mais j'ignore par quel mystère vous avez des visions de cette vie, c'est à vous de le découvrir et je vous seconderai. Ainsi, il y a une explication de vos visions et de l'absence de l'esprit errant nommé Emma Baumann dans mon champ de vision, puisqu'Emma Baumann et vous, Carl Neely, êtes une même âme. »

Le détective, muet, resté sans mot, se relève et termine l'exploration du sous-sol. Devant une salle, Carl Neely s'arrête et a envie de vomir, se laisse descendre contre le mur et ferme les yeux. Une fois qu'il reprend ses esprits, il éructe à son ami :

— Ce Calvin Byrd est un vrai manipulateur sadique! Il essaie de me convaincre que je suis, ou plutôt Emma Baumann, est une jeune femme de bien mauvaise vie, à se donner au premier venu. Et qu'en tant que telle, je n'ai pas à refuser d'autres propositions de même nature à d'autres hommes... Je dois vous avouer que je rougis à sa critique, comme quoi, elle est partiellement vraie... Mais après, l'audace de cet homme est incroyable...

— Pardonnez ma curiosité, mais qu'est-ce que c'est ?

— Disons... qu'il voulait me forcer à un certain acte... mais je me suis défendu du mieux que je pouvais, malgré mes bras entravés, probablement dans une camisole de force...

— Allez ! commente sarcastiquement Calvin Byrd, Ne jouez pas la sainte Emma... reconnaissez plutôt que même en tant qu'homme, Carl, vous aimerez bien qu'une femme vous satisfait ainsi... et ne proteste pas, mais obéit sagement et donne ce qui est recherché...

— Sérieusement, se scandalise Jim Clancy ayant compris l'allusion du psychiatre, Calvin Byrd, vous n'êtes qu'un vieux pervers! Et pauvre Carl Neely, vous n'avez pas besoin de m'expliquer plus en détail votre vision, j'ai compris ce que vous voulez dire.

Le détective rougit encore plus, se relève et avise Jim Clancy :

— Terminons notre tournée pour aujourd'hui.

Les deux hommes terminent leur tournée assez rapidement et rejoignent l'épouse de l'ambulancier. Jim Clancy explique à sa femme leur trouvaille provisoire. Carl Neely remercie ses amis et revient dans son appartement. Une fois seul dans l'appartement, Carl Neely réfléchit à ses visions, surtout celle sur la mort du jeune homme et sur le docteur Calvin Byrd, hésitant à considérer l'option de la réincarnation, étant bizarre à concilier avec ses convictions orthodoxes, alors que Calvin Byrd essaie de l'influencer pour qu'il refuse cette option et doute plutôt de lui-même, de sa santé psychique et de son orientation sexuelle, mais n'y parvient pas, surtout pas pour créer un doute chez le détective concernant son orientation sexuelle.

Carl Neely, en spéculant sur les visions, ses pensée sont sans cesser ramenées sur la mort de sa femme, sa chère Myriam. Il pleure, brisé, désespéré, désemparé. À ce moment Milan Jovanović suggère au psychiatre :

— Vous pensez que je peux le posséder, pour l'envoyer se consoler chez les filles du Joli Coin ?

Calvin Byrd lui fait signe d'attendre encore un peu.

Le détective continue à remâcher ses sombres pensées, allongé dans le lit, les yeux ouverts. Le psychiatre continue à influencer le détective, le déprimant encore plus. Le détective finit par s'endormir.

Dans son rêve, Carl Neely comprend la rencontre d'Emma Baumann avec le jeune homme, prénommé Jean. Les jeunes gens se sont rencontrés dans l'asile, les deux étaient des patients. Il était un nouvel arrivé. La jeune femme, une brunette aux yeux noirs, grande d'à peine un mètre et demi, s'est rapidement donnée au jeune homme, un grand homme d'un mètre quatre-vingt aux cheveux bruns et aux yeux de même couleur, ils se fréquentaient lors des pauses du midi, dans la salle de bain réservée aux patients ou dans le lit de l'homme. Ils étaient particulièrement soucieux que le personnel ne les surprenne pas... Mais, ils ne doutèrent jamais qu'une infirmière les ait surpris, une fois, dans le feu de l'action de l'acte sexuel dans le lit du jeune homme. Et cette infirmière a informé le psychiatre Calvin Byrd qui, plus tard, a tué sous les yeux de la jeune femme son amant. Cet acte homicide a laissé la jeune femme très brisée, attristée et mélancolique, tellement déprimée qu'elle n'a pas remarqué qu'elle était enceinte. Elle accoucha d'une fille, mais ne s'occupa jamais d'elle. Le docteur Byrd la lui a pris de force et l'a donné à une famille d'accueil. Ce second coup du psychiatre laisse la femme très dépressive et mélancolique. Peu de temps après, il se rapproche de sa patiente, voulant bien qu'elle lui satisfait son fantasme pervers, ne cesse de la culpabiliser sur son comportement, à savoir de s'être donné au premier venu et d'avoir un enfant de cette aventure, qu'elle n'est qu'une femme irresponsable et de bien mauvaise vie, etc. Bref, il la dévalorise, mais il la dévore des yeux, s'excitant à son fantasme.

Carl Neely se réveille et prend en note son rêve, perplexe et dégoûté. Il pense :

« Cette pauvre Emma Baumann n'a pas eu beaucoup de chance. C'est triste... Ma Myriam, tu me manques beaucoup... »

Le détective attend, déprimé, le lever du soleil, mais, cinq heures avant le lever du soleil, le docteur Byrd donne le signal à Milan Jovanović qu'il peut posséder son descendant. Celui-ci ne rate pas l'occasion, et dirige le corps de Carl Neely vers le bar Joli Coin pour voir les dernières filles encore présentes. L'une des femmes a remarqué le détective, elle s'avance langoureusement avec un sourire séducteur aux lèvres et lui murmure à l'oreille des doux mots, s'assoit sur ses genoux, lui donnant une belle vue sur ses seins, se colle à lui, l'excitant sexuellement, alors le détective, possédé, lui demande le prix des services, elle s'éclipse, effrayée du regard possédé qu'elle vient de remarquer, se lève et s'éloigne.

Mais le détective la retient et l'entraîne dans un coin sombre du bar et la force à le regarder et lui enjoint avec une pointe d'amertume :

— C'est vous qui êtes venu à moi et vous ne m'informez pas des prix ! Franchement, vous êtes comique ! Vous n'allez pas me refuser un certain service maintenant.... Allez, avant que le bar ferme...

La femme hésite, vexée. Carl Neely (âme), dégoûté, a essayé d'influencer la prostituée pour qu'elle refuse ses services à son corps possédé, mais, malheureusement, elle finit par obtempérer. Milan Jovanović cesse de posséder le détective lorsqu'il termine la petite aventure avec la prostituée. Le propriétaire l'a repéré, étonné de le trouver avec l'une des filles de joie à ses côtés, mais ne dit rien et, une fois que le détective est parti, informe les espions et leur envoie les preuves vidéos des caméras de surveillance. L'ancêtre de Carl Neely rit diaboliquement en voyant la mine démoralisée de son descendant. Ce dernier, présent corps et âme, à 15 h 00, se rend devant l'appartement des Clancy, les attendant pour leur expliquer son rêve. Jim Clancy, pendant ce temps, a retrouvé les descendants de Svetlana Pavlovna Diniyevna-Smith.

Cette dernière est contente de voir son fils, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. La femme esprit errant remercie Jim Clancy de son aide et lui conseille :

— Dites à votre ami la Казачья Колыбельная Песня [Berceuse cosaque], tout particulièrement les vers suivants :

Дам тебе я на дорогу

      Образок святой:

Ты его, моляся богу,

      Ставь перед собой;

Да, готовясь в бой опасный,

      Помни мать свою...

Je te donnerai une petite icône sainte

Pour ton chemin

Et quand tu prieras Dieu, 

Tu la mettras bien devant toi.

Quand tu te prépareras pour un dangereux combat

Je te prie de te rappeler ta mère...

Rappelez-lui de prier devant son icône en cas de doute et Dieu l'aidera. Qu'Allah vous bénisse, vous et votre descendance. Je peux enfin partir la paix dans l'âme.

Sur ces mots, elle est partie dans la Lumière. Le chuchoteur d'esprits attend avec impatience 15 h 00 pour informer son ami du message de l'esprit errant. Carl Neely, une fois que Jim Clancy lui a transmis le message de l'esprit errant, relate au couple son rêve qui lui permet de conclure certains éléments sur la vie d'Emma Baumann. Malgré les explications de son ami, il n'est guère convaincu en la thèse d'une réincarnation, mais la considère comme la plus plausible.

À 15 h 50, l'inspecteur et le couple se rende une dernière fois au sous-sol, Carl Neely veut absolument retrouver les documents d'archives sur le mystérieux jeune homme prénommé Jean. Les deux hommes y vont. Le détective trouve dix documents correspondants avec le prénom recherché, mais il élimine sept, puisque les dates ou l'âge ne coïncident pas avec le jeune homme. Ainsi, il ne prend que trois documents et les feuillette rapidement pour déterminer lequel est le bon. Son choix s'arrête sur le dossier de Jean Blumenfeld, puisque sa venue à l'asile et l'âge de sa mort coïncide avec l'âge du jeune homme de son rêve et de sa vision.

François Tricot s'impatiente et exige à Jim Clancy :

— Il ne manque plus qu'il comprend ma raison à le protéger, la réponse est tellement évidente...

Il dit et il disparaît de la vue du chuchoteur d'esprits. Ce dernier rapporte les propos du militaire français à son ami.

Carl Neely et Jim Clancy rejoignent Mélinda Gordon-Clancy devant l'entrée de l'école et le détective annonce de son ton le plus professionnel :

— Ainsi, Emma Baumann, jeune femme internée dans cet asile, a connu comme amant Jean Blumenfeld et de cette relation, elle a une fille. Le docteur Byrd tue le jeune homme sous les yeux de la pauvre femme et donne le bébé dans une famille d'accueil. Ces deux coups bas du sadique psychiatre ont engendré une mélancolie et une détresse chez cette femme... Deux mois plus tard, le docteur Byrd la fait castrer, pour être certain qu'elle ne puisse plus avoir d'enfants de ses aventures... Mais, j'ai l'impression qu'elle n'avait pas trouvé d'autres amants entre-temps, sauf si je me trompe. Sinon, ce même docteur a essayé de se rapprocher de la jeune femme, désirant l'avoir pour soi, qu'elle soit sa maîtresse, mais, même malgré une camisole de force, il n'y parvient pas. Comme la jeune femme a refusé de lui faire un certain service sexuel... le psychiatre la menace de viol, mais ne passe jamais à l'acte. Il finit par la tuer lors d'un traitement thérapeutique, parce que, toute folle qu'elle est devenue, elle refuse d'être la maîtresse du meurtrier de son amant. Alors que la fillette née de l'union de ces deux internés, a vécu sans jamais connaître ses parents, elle a été prénommée Thalia, et porte le nom de sa mère. Ainsi Thalia Baumann grandit d'une famille d'accueil à une autre et finit par se marier à 24 ans à un certain John Smith.

Le psychiatre, étonné des propos du détective, lui susurre :

— Mon cher Carl, ma chère Emma, ne vous prenez pas pour une sainte, vous en avez connu des hommes, autant parmi les patients que parmi les membres du personnel... Je le sais de certaines infirmières de confiance.

Le chuchoteur d'esprits réplique sévèrement au psychiatre, faisant sursauter Carl Neely :

— Calvin Byrd, laissez Carl Neely et Emma Baumann tranquilles, pour ses actions, le détective répondra devant Dieu et Emma Baumann a déjà été jugé. Vous m'ennuyez avec vos tentatives de manipulation.

Le psychiatre lui répond d'un air méchamment triomphant :

— Je vous rappelle que ce n'est pas moi qui a visité une fille de joie ce matin, mais votre ami... et ...

— Taisez-vous Calvin Byrd ! Je ne m'intéresse aucunement à sa vie privée, épargnez-moi les détails, voyeur.

— Bon très bien alors.

Le psychiatre murmure des propos incompréhensibles à l'oreille gauche du détective et s'en va.

Carl Neely demande timidement à son ami ce qui l'a énervé et rougit de la réponse évasive de son ami, ayant compris l'allusion. Après quelques minutes de silence gênant, il lui dit :

— Laissons ma misérable vie... et revenons à l'enquête... Vous me dites qu'il ne me manque qu'à trouver pour le cas de Monsieur Tricot. Concernant Emma Baumann, affirmons, comme hypothèse, que je suis sa réincarnation... Ça expliquerait le sentiment fou de familiarité et les visions... La jeune femme est morte en 1926 et je suis né en 1971, soit 45 ans nous sépare. Si ce n'est pas l'hypothèse de la réincarnation, alors mes visions et mon sentiment de familiarité sont mon delirium tremens et je devrais aller me soigner de mon problème d'alcool... Même si que je m'illusionne sur mon alcoolisme, je dois reconnaître que c'est moins déprimant de postuler la réincarnation, même si que je me demande comment elle est possible, mon Dieu... Arh ! ... Mes problèmes peuvent attendre plus tard... Le psychiatre Calvin Byrd est un vrai psychopathe sadique, un monstre... Il faut régler le cas de Monsieur Tricot... Les documents sont dans l'appartement, voulez-vous venir avec moi ?

Jim Clancy hoche la tête pour toute réponse. Ainsi, le couple et le détective se rende dans l'appartement du détective. Carl Neely présente les documents à son ami et ce dernier remarque un curieux détail, à savoir que François Tricot avait un frère aîné, Robert, né trois ans plus tôt, mais il meurt en 1900.

Jim Clancy suggère à son ami :

— Avez-vous pensé que vous pourrez être Robert Tricot dans votre vie passée, et que François Tricot, votre frère lors de cette vie, par-delà la mort, veut vous protéger ?

— A vrai dire, je n'y avais pas pensé... Mais attendez un peu... Robert Tricot est né en 1882 et est mort en 1900, tué par un homme dans des circonstances plutôt étranges. Emma Baumann est née en 1902, deux ans après la mort de Robert Tricot, et est morte en 1926. Chacun a vécu respectivement dix-huit et vingt-quatre ans, c'est-à-dire six ans de différence. J'ai trente-et-un ans aujourd'hui, cinq fois six plus un. »

François Tricot lance cette énigme :

— 18,24.

Et il disparaît. Jim Clancy hoche la tête et informe le détective de la devinette.

Carl Neely est perplexe et se récrie :

— L'énigme est simple! C'est une référence de la Bible!

Il fouille fébrilement dans sa Bible pour trouver les citations correspondants au chapitre 18, verset 24, et trouve les citations suivantes :

Gn 18, 24 « Peut-être y a-t-il cinquante justes au milieu de la ville: les feras-tu périr aussi, et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui sont au milieu d'elle? »

Lv 18, 24 « Ne vous souillez par aucune de ces choses, car c'est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous. »

1R 18,24 « Puis invoquez le nom de votre dieu; et moi, j'invoquerai le nom de l'Eternel. Le dieu qui répondra par le feu, c'est celui-là qui sera Dieu. Et tout le peuple répondit, en disant: C'est bien! »

Ps 18,24 « Aussi l'Eternel m'a rendu selon ma droiture, Selon la pureté de mes mains devant ses yeux. »

Pr 18,24 « Celui qui a beaucoup d'amis les a pour son malheur, Mais il est tel ami plus attaché qu'un frère. »

Éz 18,24 « Si le juste se détourne de sa justice et commet l'iniquité, s'il imite toutes les abominations du méchant, vivra-t-il? Toute sa justice sera oubliée, parce qu'il s'est livré à l'iniquité et au péché; à cause de cela, il mourra. »

Lc 18,24 « Jésus, voyant qu'il était devenu tout triste, dit: Qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu! »

Carl Neely pleure tout particulièrement en lisant la citation d'Ézéchiel, se lamentant sur lui-même. Jim Clancy, après quelques minutes, interroge son ami, dépassé par les effusions de larmes de ce dernier :

— Monsieur le détective Carl Neely, voulez-vous que nous vous laissons un peu seul ?

Jim Clancy est gêné de voir son ami si affecté sans qu'il ne puisse l'aider.

— Non... Non...C'est correct... Je me sens trop misérable... Mais ça ira... Restez.

— D'accord... Mais je pense que la bonne référence à laquelle pensait François Tricot est celle des Proverbes, pour vous faire savoir qu'il était votre frère et veille sur vous.

Le détective hoche la tête pour toute réponse et congédie ses amis, désirant être seul. En plus que dans deux heures, ils reviennent à Grandview et lui a Greatview récupérer ses enfants et revenir à Grandview, donc il faut être en forme et dormir. Le détective sort son icône portative et prie pour trouver la solution à ses enquêtes, mais aucune illumination n'arrive. Calvin Byrd ne cesse de déprimer Carl Neely et de lui suggérer une mauvaise piste de réflexion, alors que Myriam Cohen-Neely essaie de lui remonter le moral et lui suggérer la bonne piste de solution.


Deux heures plus tard, les trois vivants sont en route pour Grandview. Une fois que le détective a aidé le couple à sortir leur bagage, il les remercie de leur aide et part à Greatview pour revoir Daniel et Marianne. En arrivant devant la demeure de Paul Eastman, il salue son collègue, qui l'avertit de faire attention à son arrivée dans l'appartement, et sourit à ses enfants. Les enfants, à l'arrière de la voiture, parlent entre eux, Carl Neely conduit en essayant de ne pas se déconcentrer par ses pensées qui vont dans toutes les directions. Une fois arrivé devant l'immeuble, il demande aux enfants de le laisser en premier. Dès qu'il ouvre la porte, il s'étonne de tomber nez à nez avec cinq espions qui l'attendaient.

Le détective leur crie :

— Voulez-vous parler avec moi ?

Les cinq espions s'entr'observent et l'un d'eux lui répond affirmativement.

Myriam Cohen-Neely dirige ses enfants dans leur chambre, pour que les espions ne puissent les tuer si facilement.

Le détective, nerveux, invite les espions à s'assoir.

Une fois les cinq hommes masqués assis, Carl Neely aussi s'assoit et les interroge :

— Dites-moi, pourquoi vous êtes dans mon appartement ? Que me voulez-vous ?

— Nous voulons vous proposer une offre intéressante, puisque nous avons remarqué une rare capacité qui, si vous travaillez avec nous, sera très utile, non seulement à nous, mais à tout le monde.

— Quelle est cette offre ? Et quelle est cette capacité ?

— Vous travaillez pour nous, avec un salaire trois fois plus élevé que le présent salaire. Sans parler des assurances. La capacité, vous la connaissez... Ne me dites pas que vous l'ignorez...

— Effectivement, l'interrompt abruptement Carl Neely, je l'ignore...

Le détective est fatigué des devinettes des espions.

— ... Je refuse de travailler, j'ignore qui vous êtes, pour qui vous travaillez et j'ignore les conditions de travail.

— Si vous refusez, nous pouvons ruiner votre réputation. Votre fréquentation d'une prostituée... votre alcoolisme... Nous avons des vidéos... et nous pouvons amplifier par les rumeurs votre fréquentation de tel endroit. Et nous pouvons toujours vous libérez de vos enfants, pour qu'ils ne vous soient plus un fardeau...

Carl Neely est devenu blême, surtout à la menace de tuer ses enfants; pour sa réputation, il est totalement indifférent.

— Ça ne change pas.... Je refuse... Il faut bien que vous m'expliquez les conditions exactes de travail et la corporation exacte pour qui je travaillerai.

L'un des espions se lève, Carl Neely l'imite, lui cachant la sortie de la cuisine. Un autre espion fait de même et fonce vers le détective, sortant une arme à feu et lui tire dans les jambes, mais il ne bouge pas et frappe l'espion qui a tiré. L'autre en profite pour aller chercher les enfants, suivi de deux autres collègues. Lorsque les trois espions reviennent avec les deux enfants, les tenant solidement, Carl Neely, malgré la douleur, se relève et blêmit de peur pour ses enfants, accoure vers eux, mais deux espions l'entravent. Le détective s'immobilise lorsqu'il voit un poignard pointé sur le cœur de son fils. L'un des espions se penche vers un autre espion et lui murmure quelque chose, ce qui fait sourire le premier. Un autre espion attache les mains des enfants derrière le dos, Carl Neely se jette sur l'espion, le ruant de coup, mais l'un des espions lui a injecté dans le bras gauche une forte dose d'une fléchette tranquillisante, ayant pour effet quasi immédiat que le détective s'est effondré sous l'effet du sédatif. Les espions l'attachent les bras et les jambes et tiennent solidement les enfants, attendant que Carl Neely revienne de l'effet du sédatif. Lorsque Carl Neely reprend ses esprits, il s'étonne de se retrouver attaché, mais il essaie de se relever et s'arrête lorsqu'il voit les espions pointer une arme vers ses enfants.

L'un des espions annonce froidement à Carl Neely :

— Un travailleur social arrive maintenant. Nous ne tuerons pas vos enfants aujourd'hui...

Et un travailleur social, complice avec les espions, rentre dans l'appartement, enrageant le détective.

L'espion clame haut et fort au nouveau venu :

— Monsieur le détective Carl Neely, récemment veuf, est absolument incapable de s'occuper de ses deux enfants, il est très instable psychiquement, agressif, alcoolique, dépressif, fou. Il gaspille tout son argent entre l'alcool, dans des bars, et des prostituées, sans oublier qu'il néglige ses enfants.

Le travailleur leur demande la preuve à l'appui et les espions lui montre des vidéos du bar Joli Coin lorsque le détective, possédé, était venu boire de la vodka et a fréquenté la prostituée.

Carl Neely fulmine de rage et hurle au travailleur social :

— Il est certainement exact que je sois alcoolique, mais sachez que depuis le début du mois, je me suis donné comme défi de ne plus boire. Et j'ai tenu promesse, sauf une fois ou deux, d'où la vidéo de ma consommation de vodka à un bar. Concernant la prostituée, continue le détective en baissant les yeux de honte, ce n'était qu'une seule fois... Vous ne pouvez sur cette base me retirer mon rôle de père auprès de mes enfants... D'ailleurs, la présente conversation n'est guère appropriée pour les oreilles enfantines... un peu de considération de votre part... Il est honteux pour un père que ses enfants de dix et huit ans entendent ses déboires et ses mauvaises conduites.

Le travailleur social, feignant de réfléchir à son propos, dit au détective d'un air faussement compatissant et compréhensif :

— D'accord, je vous laisse aujourd'hui avec vos enfants et je reviens demain matin pour évaluer vos capacités parentales pendant trois jours, puis, selon l'évaluation d'une collègue et ma propre évaluation, nous déterminerons si vous êtes apte à vous occuper de vos enfants ou non. Si vous n'êtes pas capable, alors ils seront dans un centre d'adoption le temps qu'une famille d'accueil les veuille.

Le détective hoche la tête pour toute réponse. Le travailleur social quitte l'appartement et les espions libèrent le détective et lui murmurent à l'oreille :

— Nous avons plus d'un tour dans notre poche pour vous faire perdre vos droits sur vos enfants... À demain.

Les cinq espions quittent l'appartement, laissant les enfants étonnés, ne comprenant pas exactement la situation, et Carl Neely très fâché et déprimé. Milan Jovanović et le psychiatre Calvin Byrd l'influencent négativement, alors que François Tricot et Myriam Cohen-Neely encouragent Carl Neely à ne pas abandonner la lutte pour ses enfants.

En après-midi, dès que le détective a remis les pieds dans la station de police, il ne manque pas d'entendre les rumeurs sur son compte, à savoir qu'il est un alcoolique, fréquenteur de bars et de maisons de débauche, en plus d'être psychologiquement instable. Carl Neely avait envie de tomber six pieds sous terre de honte lorsque certains collègues, des coureurs de jupons notoires, voulaient, après le travail, l'entraîner avec eux dans un bar de Grandview pour boire ensemble et trouver quelques femmes pour une aventure. Il refuse leur offre et s'éclipse dans son appartement. Il prépare le souper aux enfants et, sans un mot, leur donne à manger. Le soir, lorsque les enfants sont partis dormir, Carl Neely, ne cessant de s'inquiéter pour demain, pour ses enfants, finit par s'endormir une heure plus tard.


Le lendemain matin, le travailleur social, avec une collègue, une belle blonde, arrive à la porte de l'appartement. Les deux travailleurs sociaux s'installent dans un coin et observent pendant trois jours les interactions de Carl Neely et de ses enfants et le comportement du détective. Carl Neely trouve fort désagréable de se sentir observé, mais ne dit rien. Le deuxième jour, la blonde se fait plus provocatrice envers le détective, lui permet de comprendre qu'il peut être son amant, mais il refuse. Il ignore qu'il vient de blesser une vipère. Le troisième jour, en après-midi, le détective est possédé par Milan Jovanović, puisqu'il a réussi à suffisamment le déprimer la veille pour ne présenter aucune résistance. Alors l'ancêtre profite de l'occasion pour diriger le corps, après son temps de travail, dans un bar pour qu'il boive jusqu'à être ivre et, titubant, revient dans l'appartement avec une prostituée. Les enfants, qui attendaient leur père, affamés, ont pris peur en le voyant possédé, sont partis se cacher dans leur chambre. Le corps possédé appelle les enfants, les ordonne de descendre immédiatement pour venir manger, alors que Carl Neely (âme) est sérieusement dégoûté de lui-même, de son manque de courage à résister à la possession de son ancêtre.

Il pense :

« Génial, je vais perdre la garde de mes enfants... Mes anges... Je dois avertir Jim Clancy et Paul Eastman de la situation de mes enfants, pour qu'ils les aient à l'œil, je mourrai de chagrin si j'ignore où ils sont. »

Il part aussitôt expliquer la situation de sa famille et ses craintes. Les deux chuchoteurs d'esprits sont sérieusement attristés pour lui. Ils lui promettent, sans garanti, qu'ils s'informeront de la localisation de ses enfants s'ils ne peuvent les adopter. Dès que les travailleurs sociaux sont partis, Milan Jovanović cesse de posséder son descendant, le laissant dans son lit avec une fille de joie à ses côtés et un mal de tête de ses consommations d'alcool excessives.


Le lendemain matin, Carl Neely chasse la prostituée de son lit, honteux de l'avoir connu, et prend son petit-déjeuner avec Daniel et Marianne, de fort mauvaise humeur. Il bredouille des vagues excuses à ses enfants sur son comportement d'hier et les accompagne à l'école avant d'aller à son travail. À son bureau, il lit et relit les dossiers sur le psychiatre Calvin Byrd, François Tricot et Emma Baumann, sur ses visions et réfléchit à sa actuelle situation. Carl Neely soupire et sursaute lorsque quelqu'un frappe à sa porte.

Il ordonne d'entrer et Jim Clancy se pointe dans l'embrasure de la porte. Le détective n'ose pas le regarder dans les yeux et lui demande :

— Bonjour, Jim Clancy, j'espère que vous allez bien ? Mieux que moi, c'est certain.

— Carl Neely, je veux discuter de choses sérieuses avec vous. Vos enfants. Aujourd'hui, les deux travailleurs sociaux rendront leur verdict. Si vous gardez vos enfants, ce que j'espère, tout est correct et rien ne change pour vous. S'ils décident de vous prendre vos enfants, je m'arrangerai avec ma femme pour être leur parent adoptif.

— ...

Carl Neely ne pouvait cacher son étonnement. Il est tellement étonné qu'il lui fallut quelques secondes avant de réagir.

— ... Vous n'êtes pas obligé... C'est de ma faute si je suis incapable de m'occuper de mes enfants. Si vous y tenez, notez scrupuleusement les dépenses et je vous débourserais... Je ne veux pas avoir l'air d'un parasite... et je suis leur père néanmoins... J'aimerai voir mes enfants grandir et non que je leur sois un étranger... Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Comme l'ambulancier n'a rien à ajouter, il raccompagne son ami à la porte et lui souhaite une bonne journée.

Lorsqu'il a terminé avec son travail, il récupère ses enfants de l'école et reçoit la visite des travailleurs sociaux.

Carl Neely les interroge, impatient :

— Et quel est votre verdict ?

— Notre verdict, qui ne peut être révoqué, à la condition que faites dans un mois ou dans deux mois une demande de réévaluation, est que, présentement, nous vous jugeons inapte à élever vos enfants, puisque vous êtes agressif, alcoolique et sans souci pour vos enfants. Sans parler de votre fréquentation d'endroits peu recommandables et des femmes qui ne sont guère un modèle pour vos enfants.

— ...

L'inspecteur explose et éructe :

— ... Vous n'êtes pas sérieux ? Ce doit être une mauvaise blague ? C'est un cauchemar! ...

Il se tait et continue sur un ton plus posé.

— ... Pourrai-je, au moins les voir une fois la semaine ?

— Non.

— Une fois le mois ?

— Non plus. Vous êtes formellement interdit de les voir.

— Serais-je informer de la famille d'accueil ?

— Non, c'est une information confidentielle.

— Bon...

Le détective s'est résigné.

— ... J'irai annoncer la nouvelle à mes enfants... Sinon, ce soir, ils peuvent rester ici... ils ne partiront pas ce soir dans le centre d'adoption, mais demain ?

— Nous viendrons récupérer les enfants demain matin, à 5 h 40.

— ... D'accord... À demain matin...

Sur ces mots, le détectives déambule, fâché et blessé en son âme, vers le salon où sont les enfants. Il ressemble à un mort-vivant.

Il se racle la gorge et d'une voix qu'il voulait neutre et sérieuse, mais qui finit par se briser les informe :

— Daniel, Marianne, j'ai quelque chose de très important à vous dire... Et vous êtes directement concernés... à savoir que les deux travailleurs qui nous ont observés pendant trois jours ont conclu que... je ne peux pas m'occuper de vous... que vous serez, mes anges, ... dans une famille d'accueil... et que je ... ne peux pas... vous rendre visite... sous aucune condition... Vous me manquerez beaucoup mes anges... Sachez que je vous aime beaucoup, mes chers enfants...

Sur ces mots, le détective s'est mis à genou et enlace paternellement ses enfants, tout en camouflant ses larmes et sa tristesse. Une fois ses larmes séchés, il aide à préparer les bagages de ses enfants, sans oublier de leur donner une photographie de toute la famille et une photographie de son mariage. La famille prend leur dîner dans un silence d'église. Le soir, lorsque les enfants sont partis dormir, le détective laisse libre cours à ses larmes et à son désespoir et ne ferme pas les yeux de la nuit.



À suivre

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