Variante du sixième épisode de la quatrième saison (« L’Ennemi imaginaire »)

Chapitre 2 : Michael Strumpf

16757 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/08/2022 23:18

Deux semaines après la sortie de l'hôpital, le couple voit un esprit apparaître dans la cuisine au cours de leur repas du midi. L’esprit est un homme âgé entre 40 et 45 ans, vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon beige clair et de chaussures brunes. Jim et Mélinda tournent leurs têtes vers lui et disent à l’unisson : « Qu’attendez-vous de nous ? » Puis Mélinda, interloquée, jette rapidement un regard à son mari, qui lui sourit. L’esprit répond : « Je ne sais pas comment régler l’héritage de ma fille unique et de ma femme veuve, car je n’ai pas écris de testament ».

Jim lui répond : « Ma femme et moi nous vous aiderons à cela, ne vous inquiétez pas. »

Mélinda ajoute : « S’il vous plaît, quel est votre nom ? »

L’esprit : « Michael Strumpf ». Puis il disparaît de leur vue.

Mélinda s’adresse à son époux : « Sérieux, tu vois les esprits ? Maintenant, c’est moins bizarre que lorsque je t’ai demandé de t’adresser à Kenny, alors qu’il changeait de chaîne sur notre télévision ? »

Jim : — C’est vrai, c’est moins bizarre. Depuis que je peux les voir, j’ai l’impression de partager avec toi ton don. Comme ça, tu n’es plus seule, et en tout cas, plus assurée qu’avec Gabriel, sans avoir à constamment consulter le Professeur James. »

Mélinda se lève de sa chaise et s’assied sur les genoux de son mari, se blottit contre lui. Jim l’enlace.

Elle lui murmure : « Jim, tu te sens bien ? »

Il répond : « Oui. Seulement, je pense à Michael Strumpf. »

— C’est-à-dire ?

— Il me semble qu’il nous cache une partie de la vérité de sa situation. C’est pourquoi il a mauvaise conscience et qu’il est venu demander notre aide.

— Jim, attends deux secondes. Je vérifie quelles informations nous pouvons obtenir à son sujet et nous verrons ce que nous pouvons faire.



Après le repas, Mélinda débarrasse la table et court au salon, où elle prend son ordinateur et revient à sa place dans la cuisine. Elle fait une recherche au sujet de Michael Strumpf. Elle trouve un avis de décès, qu’elle lu à Jim. Le couple a ainsi trouvé l’adresse du salon funéraire dans lequel a eu lieu la cérémonie d’enterrement il y a cinq ans.



Le lendemain, Jim et Mélinda se présentent au salon funéraire en question. Ils voient l’esprit d’un ancien agent du salon funéraire. Jim lui demande ce qu’il sait à propos de Michael Strumpf. L’esprit lui répond qu’il a seulement vu que cet esprit n’est pas parti dans la Lumière et qu’il a suivi sa femme et sa fille qui étaient venues à l’enterrement. Ensuite, il se tait et l’agent (en chair et en os) arrive et répond à leur question, en plus de leur fournir l’adresse de la maison où il vivait. Avec cette information à la main, le couple de chuchoteurs d’esprits (ghost whisperers) le remercie et se rend à ladite adresse.

Jim Clancy conduit la voiture. Ils arrivent devant une grande maison avec un grand jardin. Jim frappe à la porte, et comme il voit que la fenêtre est un peu ouverte, il dit : « Madame Strumpf. Je m’appelle Jim Clancy et je voudrais vous aider. En fait, ma femme, Mélinda, et moi, voulons vous aider concernant votre défunt mari. »

La porte s’ouvre et une femme âgée entre 40 et 45 ans apparaît dans le cadre de porte. Elle est vêtue d’une robe jaune clair et des souliers bruns. Elle a des cheveux bruns clairs et des yeux bruns. Madame Strumpf dit en haussant la voix : « Vous venez me voir au sujet de mon mari ? Et bien ! Sachez qu’il n’est pas un mari exemplaire, puisqu’il nous à abandonné, ma fille et moi, et ce, sans rien nous laisser en héritage, hormis le droit d’habiter notre maison. » Après avoir observé pendant un court instant le couple, Madame Strumpf dit : « Monsieur et Madame, qui vous a informé de ma situation ? Depuis cinq ans que je suis veuve et vous n’êtes pas venus. D’où venez-vous ? Qui vous amène chez moi ? Répondez ou je ferme tout de suite la porte ! »

Jim répond : « Madame Strumpf, calmez-vous. Mais pour répondre à votre question, ma femme et moi avons appris votre situation hier, alors que l’esprit de votre mari est venu à nous au cours de notre repas. »

Mélinda ajoute : « Car nous voyons et pouvons parler avec les esprits errants afin de les mener vers la Lumière. Simplement, si votre mari n’est pas encore parti dans la Lumière, c’est que quelque chose lui pèse sur l’âme. À part être chuchoteurs d’esprits, mon mari est ambulancier, et moi, je suis propriétaire d’une boutique d’antiquités à Grandview, le Same As It Never Was. »

Madame Strumpf, convaincue de leur sincérité, fait signe au couple de chuchoteurs d’esprits d’entrer chez elle. Le trio se rend dans la cuisine. Jim et Mélinda s’asseyent sur des chaises en face de Madame Strumpf, l’un à côté de l’autre.

Madame Strumpf, une fois assise sur une chaise dit : « Monsieur Jim Clancy, pouvez-vous m’expliquer davantage comment mon mari est venu à vous, comment vous m’avez trouvé et qu’attendez-vous de moi et que dois-je espérer de vous ? »

Jim répond : — Madame Strumpf, nous avons appris votre cas au cours de la discussion d'hier avec l’âme de votre mari. Et aujourd'hui, nous avons discuter avec l’agent du salon funéraire. C'est au cours de cette discussion qu'il nous a fournit votre adresse. D’ailleurs, maintenant, votre mari est à côté de vous.

En effet, l’âme de Monsieur Michael Strumpf apparaît devant Jim et Mélinda, du côté droit de sa femme.

Monsieur Strumpf dit : — S’il vous plaît, dites à ma femme que je suis désolé pour le mal que j’ai fait. Veut-elle me pardonner ?

Jim dit à Madame Strumpf : — Madame, votre mari vous demande pardon pour tout ce qu’il vous a fait de mal. Il est vraiment désolé.

Madame Strumpf : — Non ! Il est hors de question que je lui pardonne !

Mélinda intervient : — Madame Strumpf, pouvez-vous préciser ce dont il est question ?

Madame Strumpf : — Il est un mari infidèle qui m’a déshérité, ma fille et moi, au profit de sa maîtresse et du fils qu’il a eu avec elle.

Jim et Mélinda se regardent et demandent à l’unisson à l’esprit : — Et alors, Monsieur Strumpf, est-ce que vous attendez que nous réparons légalement la situation ? Il aurait fallu le dire plus tôt et non attendre cinq ans !

Monsieur Strumpf, murmure : — Ça va, je suis vraiment désolé. Mais, s’il vous plaît, faites quelque chose !

Mélinda à Madame Strumpf : — Votre mari dit qu’il est vraiment désolé et nous supplie de faire quelque chose.

Jim ajoute : — Il voudrait rétablir la situation, mais Madame Strumpf, vous savez très bien que, légalement, seule vous pouvez agir, à titre d’épouse légitime du défunt. Nous ne savons pas de quelle manière nous pouvons vous être utiles.

Madame Strumpf, pensive, dit après quelques minutes de silence : — Monsieur Clancy, vous m’êtes utile, puisque vous pouvez communiquer avec l’âme de Michael. Si mon mari vous dit autres choses, pouvez-vous me les communiquer ?

Jim : — Bien sûr, Madame Strumpf. D’ailleurs, c’est notre obligation de communiquer les messages des esprits errants à leurs proches, et nous ne faillirons point à la tâche.

Madame Strumpf : — Merci d’être venus.

Madame Strumpf, Jim Clancy et Mélinda Gordon s’échangent leur numéro de téléphone respectif. Ensuite, Jim et Mélinda remercient Madame Strumpf d’avoir accepté de parler avec eux; ils serrent la main de Madame Strumpf et ils sortent de sa maison. Jim conduit jusqu’à la leur. Sur le trajet du retour, le couple de chuchoteurs d’esprits demeure silencieux.



De retour dans leur maison, Mélinda dit à son mari : — Jim, qu’est-ce que nous pouvons faire pour aider Madame Strumpf ?

— Je ne le sais pas. Nous pouvons seulement la renseigner sur ce qu’elle peut faire au point de vue légal, en plus de lui transmettre les informations que nous communique l’esprit errant qu’est devenu son mari.

— Après tout, tu as raison.

Mélinda s’approche de son mari, assis sur le canapé du salon; elle s’assied à ses côtés et il lui serre la main droite; elle l’embrasse tendrement sur les joues puis sur les lèvres.

Michael Strumpf apparaît devant eux, entre le canapé et la table du salon. Il dit : « S’il vous plaît, faites quelque chose pour rétablir la situation. »

Jim : — D’accord. Mais, dans ce cas, je vous prie de moins nous cacher la vérité sur votre situation. Autrement, nous serions mal informés et nous ne pourrions pas vous aider adéquatement.

Michael Strumpf : — Pourtant, vous saviez que je ne peux pas tout vous dire, car des ombres noires et un monsieur en noir m’espionnent et m’empêchent de tout dire.

Mélinda intervient : — Vous voulez dire les Ombres et Romano ?

Michael Strumpf, regarde autour de lui, puis disparaît de leur vue.

Jim commente : — Il semble que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire.

Mélinda : — Tu as raison.

Jim : — Mél, es-tu là ?

Mélinda se tourne vers son mari, lui serre la main, inquiète d’une vision imprévisible dans laquelle Jim est plongé.



Michael Strumpf a plongé Jim dans une vision. Jim se trouve en vision dans une salle avec une autre femme, mais il comprend que ce n’est pas son épouse. Cette femme semble être une mannequin âgée de vingt-cinq ans. Elle est habillée d’une jupe très courte et d’un chandail tricoté blanc avec un grand décolleté, laissant voir sa poitrine très généreuse. Elle est bien maquillée. Elle s’approche de lui, l’invite à table et lui verse du café dans une tasse qu’elle lui tend. Puis elle s’assied en face de lui, en se versant à son tour du café. Elle le fixe alors qu’il vide la tasse. Puis, fin de la vision.

Jim s’adresse à son épouse : « Mélinda, je pense que Monsieur Strumpf est mort empoisonné par son amante, qui est une mannequin plus jeune que lui, alors qu’ils ont bu du café. Pour ajouter un commentaire, il est facile d’ajouter du mercure d’un thermomètre et la victime meurt deux semaines après en avoir ingéré, avec des souffrances terribles.

Mélinda : — C’est horrible !

Jim : — J’ai une idée ! Puisque Michael Strumpf est un résident de Grandview, il me serait facile de trouver son dossier d’autopsie dans les archives de l’hôpital Mercy.

Mélinda : — Vas-y !


Et Jim se rend à l’hôpital Mercy. Il salue la réceptionniste qui lui demande la raison de sa venue. Il répond qu’il veut consulter le dossier d’un patient consigné dans les archives. Elle hoche de la tête et lui donne le numéro de la salle des archives, au sous-sol. Une fois rendu dans les archives, Jim se rend dans la section « S », car les documents sont classés selon l’ordre alphabétique des noms de famille. Après avoir vu le dossier « Michael Strumpf », il prend le dossier. À ce moment, l’esprit apparaît à ses côtés et pousse le dossier pour qu’il tombe derrière l’étagère. Jim lui dit sévèrement : — Monsieur Michael Strumpf ! Ôtez-vous de ma vue et ne me dérangez point ! Voulez-vous notre aide ou non ? Si vous ne savez ce que vous voulez, décampez !

Michael Strumpf : — Jim Clancy, vous pensez vraiment me faire peur. Je ne suis pas votre fils ! Pour qui vous vous prenez ? Pourquoi vous vous donnez le droit de crier sur moi ? Sachez que je peux toujours posséder l’un de vos collègues pour qu’il fasse irruption dans cette salle, et, voyant que vous parlez avec personne, il vous demandera de sortir de la salle. Pire encore, il pourra vous prendre pour fou et vouloir exiger à ce que vous passiez des tests psychologiques.

Jim complète la phrase : — Autrement dit, un internement dans l’hôpital psychiatrique de l’université Rockland.

— Exactement. Donc, soyez prudent.

Et l’esprit se concentre et pousse peu à peu son dossier, mais Jim le rattrape à temps et foudroie l’esprit du regard. Celui-ci disparaît. Au moment où le mari de Mélinda tourne la poignée de la salle des archives de l’hôpital, un esprit noir (Romano) apparaît à sa gauche, un peu en retrait. Ayant ressenti sa présence, Jim se retourne.

Romano rit et lui dit : « Vous pensez sérieusement aider Mélinda ! Pauvre vous ! On dirait un couple de fous qui parle à eux-mêmes en faisant croire aux autres qu’ils voient des esprits ! Pourtant, vous ne savez pas comment le monde des esprits fonctionne ! »

Il fonce sur Jim, passe à travers lui, lui coupant le souffle pendant quelques secondes. Mais Jim tient solidement de la main droite le dossier. Puis, il tourne la poignée de la porte, mais il ne peut point l’ouvrir. Il comprend aussitôt que Romano tient la poignée de l’autre côté. Il crie : « Est-ce que quelqu’un peut m’ouvrir la porte de la salle des archives ? » Comme personne ne l’entend, il essaie de forcer la porte, et réussit à l’ouvrir en forçant la poignée. Romano lui sourit au bout du corridor puis disparaît de sa vue. Jim, ayant le vertige, s’appuie contre le mur. Romano revient l’agacer : « C’est comme ça ! Vous êtes faible, et n’oubliez pas votre douleur du choc de la balle à l’épaule gauche ! » Puis il éclate d’un rire diabolique et disparaît de sa vue. Jim, en serrant les dents — car la douleur s’est ravivée au moment au l’esprit l’a rappelé — , marche le long du mur du corridor. Il demeure stoïque devant les répliques du mauvais esprit. Au bout du corridor, une infirmière le voit et lui demande : « Jim, tout va bien ? Tu es mal en point. Je t’aiderais pour t’asseoir sur une chaise dans la salle d’attente. » Il hoche lentement de la tête. Appuyé sur l’infirmière, il se rend jusqu’à la salle d’attente, où il se repose sur l’une des chaises. À peine assis, il s’endort, en serrant le dossier de Michael Strumpf entre ses bras. Il a un cauchemar. Il se retrouve dans un asile psychiatrique du siècle passé, sur une chaise électrique. À côté de lui se trouve un sismothère. Il ressent l’électricité passer dans sa tête. La sensation est vraiment terrible ! Il avait un chiffon dans la bouche, tandis que ses bras et ses jambes sont attachés au lit sur lequel il était allongé. Tout son tronc se secoue sous l’effet du passage de l’électricité dans son corps. Deux assistants du psychiatre le tiennent. Il sait que le psychiatre devrait bientôt venir le voir. Jim se réveille à ce moment, confus. Il pense : « Il est question d’un esprit mort à la suite de la thérapie par électrochocs. Peut-être Michael Strumpf ! » Il voit au coin de l’œil Romano, qui lui sourit méchamment. Jim ne réagit pas, mais le maudit en pensée, car il voit une infirmière passer à côté de lui. L’esprit malveillant disparaît, aspiré par le souterrain. Après quelques minutes, Jim Clancy se lève de la chaise, se dirige vers la sortie de l’hôpital et revient chez lui avec le dossier de Monsieur Strumpf.



Mélinda lui ouvre la porte, inquiète de son air un peu confus. Une fois rendu au salon, il lui explique sa mésaventure à l’hôpital. Elle lui dit : « Nous avons seulement à être plus prudents et nous devons régler au plus vite le cas de Michael Strumpf. » Il hoche de la tête et ouvre le dossier du patient. Il y trouve tous les documents qui lui sont nécessaires pour comprendre son cas. Le couple parcourt ainsi les documents. Jim et Mélinda apprennent que Monsieur Strumpf est né le 7 septembre 1958. Il était un patient dans l’Asile de Grandview de 1978 à 1980 à la suite d’une dépression qui s’est déclarée après une rupture avec une petite copine. Son dossier clinique indique qu’il connu une thérapie par électrochocs. Micheal Strumpf est mort le 22 mars 2003. Le dossier de l’autopsie révèle qu’il a été empoisonné au mercure le 8 mars 2003.

Jim commente : « Au moins, son triste dossier médical confirme mes visions. Mél, lisons attentivement son dossier psychiatrique afin de savoir qui était son docteur. » Il lu à nouveau le dossier de l’Asile de Grandview, et il lu à Mélinda le nom du Docteur : Monsieur le Pr. Dr. Calvin Byrd.

Mélinda commente : — Nous pourrons demander au professeur Eli James s’il connaît ce nom, puisqu’il connaît l’histoire de la psychologie et de la psychiatrie.

Jim : — C’est une bonne idée !

Mélinda, en chuchotant : « Et, chemin faisant, l’informer de ton don nouvellement acquis. »

Jim embrasse sa femme sur les lèvres. Derrière lui, Romano apparaît. Jim se retourne. Mélinda et lui regarden l’esprit. Ce dernier leur dit : « Si vous pensez m’arracher des mains Michael Strumpf, sachez que vous auriez affaire à moi. » Puis il se rapproche du couple. Jim, tenant la main de sa femme, soutient le regard que lui lance l’esprit malveillant. En vitesse, il prend une bougie qu’il allume, faisant fuir l’esprit.

Le soir, le couple dort dans leur lit, Mélinda enlacée dans les bras de Jim. Ce dernier refait le même cauchemar que lors de son sommeil dans la salle d’attente dans l’hôpital Mercy plus tôt dans la journée. Il ressent à nouveau l’onde électrique, la convulsion musculaire, le chiffon dans la bouche qui étouffe ses cris, la présence des deux assistants du Dr. Byrd, sauf que cette fois, il voit le Docteur — un vieil homme maigre avec des lunettes rondes, un habit brun clair, des cheveux gris — se pencher au-dessus de son visage. Il lui dit : « Alors, Monsieur, vous allez bien ? » Puis, chuchotant brièvement quelques mots entre les dents avec les assistants, il s’assied sur une chaise mise à sa disposition un peu plus loin, face au lit. Jim a l’impression de se dédoubler de son corps. Puis, derrière Dr. Byrd, Romano lui sourit ironiquement. Il lui dit : « Jim, si tu penses au matin regagner ton corps, tu peux l’oublier ! » Et il fonce sur lui, mais Jim appelle Mélinda à l’aide, ce qui le réveille. Sa femme, réveillée par son appel à voix haute, flatte doucement ses bras qui l’enlacent. Elle lui dit : « Ça va, Jim, je suis là. Ne t’inquiètes pas. » Jim lui raconte son cauchemar. Ils se consolent mutuellement et dorment à nouveau, cette fois-ci, sans cauchemar.



Le lendemain matin, Mélinda et Jim, après leur petit-déjeuner, appellent le professeur Eli James pour savoir s’ils peuvent se présenter à son bureau ce matin. Le professeur, entendant Jim Clancy lui adresser la demande avec un ton insistant, accepte de les rencontrer à 9h00. Il sent que quelque chose de grave est en train de se passer au sein du couple. Le couple de chuchoteurs d’esprits errants se rendent au bureau de leur ami le professeur — c’est Mélinda qui conduit la voiture, car Jim, après une nuit aussi agitée, n’a ni la volonté ni la force. Une fois la porte du bureau d’Eli James fermée derrière eux, et après s’être assis sur deux chaises en face du professeur, Jim s’éclaircit la voix et dit d’un ton neutre : « Monsieur le professeur Eli James, nous sommes venus, ma femme et moi, pour demander votre aide au sujet d’un cas d’un esprit errant qui a connu pendant deux ans des séances d’électrochocs à l’Asile de Grandview. Il s’agit de Monsieur Michael Strumpf qui est venu nous voir il y a trois jours. »

Mélinda précise : « Simplement, Monsieur le Professeur, mon mari a le même don que le mien depuis son expérience de mort imminente. »

Eli James, bouche bée, se tourne vers Jim, qui hoche timidement de la tête.

Jim dit alors : — Michael Strumpf nous cause bien des ennuis pour rétablir le cas de sa femme et de sa fille, qu’il a déshérité au profit de son amante, une jeune mannequin, et du fils qu’il a eu de cette dernière. Voilà cinq ans qu’il est décédé, empoisonné au mercure par cette même amante. Mais pour revenir à son passé dans l’asile, le Docteur Calvin Byrd s'est occupé de lui. Et bien, professeur James, que saviez-vous au sujet de ce docteur ?

Eli James se lève de son siège et parcourt du regard les livres sur les étagères de sa bibliothèque. À ces côtés apparaît Michael Strumpf qui tente de prendre contrôle de lui, afin qu’il le dirige vers un livre. Jim pense à l’instant : « Certainement pour mener vers une fausse piste ». Il fait un signe discret à sa femme et ils interviennent à l’unisson : « Monsieur Strumpf, ne dérangez pas notre ami le professeur. Si vous ne savez pas si vous voulez rétablir la situation ou non, ne jouez pas le méchant ! Si vous voulez être tel, que le Diable vous emporte ! » Le professeur a sursauté et dit : « Monsieur Strumpf, vous savez que mes amis Mélinda et Jim ont raison. »

Michael Strumpf dit : — Vous pensez vraiment m’effrayer comme un petit enfant ? J’ai depuis longtemps dépassé cet âge-là !

Eli James : — Monsieur Strumpf, si vous êtes très confus et incertain de votre cas, sachez que vous pouvez toujours parler avec moi, car je suis professeur, docteur en psychologie et en philosophie.

Michael Strumpf rit puis réplique : — Vous pensez que parce que j’ai passé deux ans de ma jeunesse dans un asile que je suis un fou ? Qu’est-ce que vous pouvez être drôle !

Jim intervient : — Monsieur Strumpf, cessez d’être aussi sarcastique et nous vous demandons d’être plus collaboratif, car vous avez dit à votre femme que vous êtes désolé de votre adultère. N’allez pas maintenant changer d’idée parce que vous êtes sous l’influence de Romano et des ombres !

Michael Strumpf, d’une petite voix : — D’accord, vous avez raison, mais s’il vous plaît, comprenez bien ma situation.

L’esprit se déplace vers le couple.

Eli James se retourne vers ses livres et trouve un vieux livre brun relié dont le titre est Histoire de la psychiatrie à Grandview : Des origines à 2000. Il consulte la table des matières et repère le nom « Dr. Calvin Byrd ». Il se rend à la page en question et dit à Jim et Mélinda : « Voilà. J’ai trouvé les pages sur le Dr. Calvin Byrd. » Le couple hoche de la tête. Michael Strumpf reste coi. Il est à la droite de Jim. Ce dernier fait signe au professeur de poursuivre sa lecture ; il sort de son sac à dos un calepin et un stylo pour prendre des notes rapides. Eli lit le texte : « Le Professeur Docteur Calvin Byrd est diplômé en 1940 à l’Université Rockland, études en psychologie, orientation clinique qu’il débuta en 1931. Il travailla comme psychiatre, après l’obtention de son diplôme, au Valley Springs Sanatorium jusqu’en avril 1959 puis trouva un emploi dès l’été dans l’Asile de Grandview. Il resta dans cet asile jusqu’à sa mort en 1992. Dans chacun des asiles au sein desquels il exerça sa profession, le Docteur Calvin Byrd connu de nombreux patients, hommes et femmes, jeunes et vieux, sur lesquels il pratiqua une thérapie populaire à l’époque : la thérapie par électrochocs. Outre celle-ci, il donnait des antidépresseurs et autres médicaments à ses patients atteints de névrose et de démence. Le Dr. Byrd pratiquait à ses débuts l’hypnose. Ensuite, la liste des patients est présentée, avec leur diagnostique respectif. Mais je ne vous la lirais point, pour passer à l'essentiel. De plus, le Docteur Calvin Byrd écrivit de nombreux ouvrages sur les bienfaits de ses pratiques curatives. En voici quelques titres : L’hypnose en psychiatrie — il s’agit de sa thèse de doctorat de 1940 (dont le titre est L’hypnose à des fins thérapeutiques, selon Sigmund Freud). L’année suivante, il publia une version augmentée, d’où le titre du livre. Ses autres ouvrages s’intitulent Des moyens pratiques pour guérir la névrose (publié en 1950) ; La thérapie par électrochocs : Effets et conséquences (publié en 1951) ; Comparaison des effets de la thérapie par électrochocs chez les patients dépressifs et névrosés : Étude clinique au Valley Springs Sanatorium de janvier à juillet 1952 (livre publié en 1953) ; Les médicaments pour les névrosés : Posologie établie d’après une observation clinique au Valley Springs Sanatorium de 1949 à 1955 (livre publié en décembre 1955) ; Médicaments ou thérapie par électrochocs pour les patients dépressifs (1956) ; Médicaments combinés avec l’Hypnose et la thérapie par électrochocs. Résultats d’expérimentations cliniques au Valley Springs Sanatorium jusqu’en de 1950 à 1958 (livre publié en 1959) ; Étude clinique des patients de l’Asile de Grandview (1960) ; La thérapie par électrochocs dans les années 1950 (1961) ; Observations cliniques de la thérapie par électrochocs sur des patients névrosés et dépressifs de l’Asile de Grandview de 1960 à 1980 (livre publié en 1981). Son dernier livre est un Résumé de la pratique clinique du Professeur Docteur Byrd de 1941 à 1990 (livre publié en 1991) ». Il tourne le livre vers Mélinda et Jim afin qu’ils voient les photographies du Dr. Byrd. Jim reconnu aussitôt le psychiatre qu’il a vu en rêve le soir. Il fait un signe affirmatif et raconte son rêve au professeur James.

Après, Eli James ferme le livre et le remet à sa place dans sa bibliothèque. Jim prend les dernières notes sur son calepin, puis le range dans son sac.

Michael Strumpf dit : « Et alors ? Qu’est-ce que ces informations vous servent à régler mon cas ? Je sais bien que j’ai connu les tortures des électrochocs administrés par le Dr. Byrd. »

Jim lui réplique : — Monsieur Strumpf ! Ne soyez pas si sarcastique et ne nous déconcentrez pas !

Michael Strumpf : — Vous pensez vraiment m’intimider en me traitant comme votre fils, alors que vous êtes plus jeune que moi ?

Eli James intervient : — Mais, pour revenir au sujet de la thérapie par électrochocs, Monsieur Strumpf, pouvez-vous vous rappeler des changements survenus après cette thérapie ?

Michael Strumpf : — Je me souviens seulement d’avoir eu après chaque séance un maux de tête terrible et une confusion. À vrai dire, je préfère oublier cette triste épisode de ma vie.

Eli James : — Qui vous a amené à l’Asile de Grandview ?

Michael Strumpf : — Ma mère. C’est elle qui me conseilla de me faire soigner par un psychiatre pour me débarrasser de ma dépression à la suite de la première rupture amoureuse de ma vie. Ma petite copine, à l’époque, m’a abandonné après un an. Elle m’a quitté pour un autre avec lequel elle s’est mariée plus tard, ce que j’ai appris par l’intermédiaire d’une connaissance d’école.

Jim intervient : — Est-ce que votre épouse savait votre visite à l’asile ?

Michael Strumpf : — Non. J’ai pris soin de ne rien lui révéler.

Jim : — Depuis quand avez-vous connu votre amante ? Quel est son nom ?

Michael Strumpf disparaît, aspiré par le souterrain. À ce moment, Romano apparaît. Jim et Mélinda froncent des sourcils. Ils pensent : « Que vient-il faire ? Quel rapport y a-t-il entre Monsieur Strumpf et Romano ? »

L’esprit malveillant, comme s’il a lu leur pensée, répond : « Enfin une question intéressante ! Vous savez poser les bonnes questions ! Sauf que la réponse exige un prix ; aucune information de si haute importance ne se donne pas gratuitement au premier qui formule la question. Que votre naïveté me fait rire ! »

Le trio a sursauté en entendant une telle réponse — même si le professeur ignore la question — car chacun comprend la menace sous-entendue.

Romano, amusé, poursuit son discours : « Franchement ! J’accepterais de répondre à votre question que si l’un d’entre vous veux bien accepter une possession temporaire de ma part. »

Jim, Mélinda et Eli pensent : « Vous dites temporairement, alors que c’est une ruse pour s’attribuer d’un corps. Et notre âme, dans tout ça, elle va où ? »

Romano : — Ne soyez pas si méfiants ! Voulez-vous une réponse, oui ou non ?

Jim répond fermement : — Non, pas avec les conditions que vous nous imposez !

L’esprit malveillant réplique : — J’ai pris en note votre réponse. Sachez que la désobéissance est un délit !

Il rit diaboliquement et disparaît, aspiré par le souterrain.

Le trio de chuchoteurs d’esprits s’entr’observent, perplexes.

Eli James reprend la parole après une minute de silence gênante : « Pour revenir à l’Asile de Grandview, dans lequel le Docteur Calvin Byrd a travaillé, il a malheureusement une triste réputation. Une rumeur locale circule encore aujourd’hui malgré son changement de nom — depuis 2000, il est devenu une garderie pour enfants de la maternelle et existe encore aujourd’hui sous le nom École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Le bâtiment est toujours le même, quoique rénové et aménagé autrement, mais dans son sous-sol, dit-on, toutes les installations propres de l’asile sont encore présentes : lits, chevets, sismothères, meubles des bureaux de psychiatres, entre autres. »

Le couple hoche de la tête. Mélinda ajoute : — Pouvez-vous nous donner l’adresse de l’endroit ?

Eli James, après avoir regardé sur des papiers : — Bien sûr, 1300 rue Heinzel.

Jim : — Merci beaucoup Monsieur le Professeur Eli James.

Puis, ils se serrent la main droite et Jim et Mélinda sortent du bureau de leur ami. Mélinda conduit sur le chemin du retour jusqu’à leur maison.


Une fois de retour dans leur maison, Jim et Mélinda s’asseyent en silence sur le canapé du salon. Elle regarde l’heure sur sa montre : 10h40. Elle demande à son mari : — Est-ce que tu travailles aujourd’hui ?

— Oui, en après-midi.

Vers 12h00, Jim et Mélinda se sont attablés. Michael Strumpf apparaît devant eux, à côté de leur table; le couple l’ignore.

L’esprit dit : — Ignorez-moi ! C’est comme ça que vous vous comportez devant des invités ? Quelle malpolitesse !

Jim et Mélinda soupirent à l’unisson. Jim lui répond, après avoir terminé une bouchée : — Monsieur Strumpf, voulez-vous nous laisser en paix, au lieu de commenter. Par ailleurs, je vous rappelle que c’est vous qui êtes venu à nous, et non pas nous à vous.

Michael Strumpf : Et quoi ? Est-ce que vous pouvez m’aider, oui ou non ?

Mélinda : — Oui, bien sûr, mais à condition de savoir ce qui est nécessaire pour vous aider afin que vous allez à la Lumière.

Michael Strumpf : — Quelle lumière ? Il y a celle du soleil et celle des lampadaires.

Mélinda : — Non, ce n’est cette lumière, c’est l’au-delà, où tous les esprits vont après la mort physique.

Michael Strumpf : Qu’est-ce qu’elle a de spécial, cette lumière ?

Mélinda : — Elle est joie, bonheur et pardon.

L’esprit se rend près du mari; Jim tourne le regard vers lui et dit : — Monsieur Michael Strumpf, si vous voulez parler avec l’un d’entre nous, parler en vrai homme, face-à-face et point.

Michael Strumpf réplique : — Pourtant, je ne peux pas tout vous dire, seulement vous montrer certains indices.

À ce moment, l’esprit pose sa main droite sur Jim, l’amenant dans une vision. Il se trouve dans un bureau de travail, où il griffonne quelque chose sur une feuille de papier, quand un collègue l’interpelle et vient à son bureau avec une jeune femme, qui est une mannequin. Elle lui est présentée sous le nom de Madeleine. Il la dévore des yeux. Une fois que le collègue sort de son bureau, il l’invite à s’asseoir sur une chaise en face de lui. Il demande à Madeleine comment elle est venue, elle lui répond que ce n’est pas important. Elle se rapproche de lui, et comme il ne lui résiste pas, voilà la situation d’adultère. Et une fois Madeleine sortit du bureau, il n’est même pas conscient de la situation, à savoir qu’il a connu une autre femme que son épouse. Il ne rougit même pas. Fin de la vision.

Pas besoin de dire que Jim rougit à sa place. En voyant que l’esprit est encore à côté de lui, il lui demande : — Vous étiez fonctionnaire dans un bureau, n’est-ce pas ? Et c’est la première rencontre avec votre amante ?

Michael Strumpf répond : — Oui. Par la suite, j’ai appris que mon collègue me l’a présenté, parce qu’il connaissait Madeleine depuis quelque années.

Jim : — Et Romano, dans tout ça ?

— Il m’a promis de pouvoir la revoir en prenant possession d’un autre corps. Mais c’est assez ! J’ai trop parlé !

Puis l’esprit disparaît, aspiré par le souterrain. Jim se lève et se dépêche d’allumer une bougie sur la table. Le couple termine le repas.

Après avoir fait la vaisselle, Jim se prépare pour le travail, embrasse sa femme sur les lèvres et se rend à l’hôpital Mercy avec sa voiture.


Une fois rendu à son lieu de travail, Jim Clancy salue ses collègues. L’un d’eux (Bobby) lui dit : — Jim, tu arrives à temps. Nous venons à l’instant de recevoir un appel d’intervention d’urgence en raison d’un accident sur la route à la sortie de Grandview. On se demande qui conduira l’ambulance. Et bien, puisque tu es arrivé, c’est toi qui conduis.

Jim répond : — Comme si j’avais le choix ! Personne n’est intéressé.

Il regarde furtivement ses collègues rassemblés devant lui. Jim poursuit : « Donc, c’est moi qui conduis. »

Jim et Bobby s’installent dans l’ambulance et le mari de Mélinda démarre le véhicule. Une fois sur la route, il se concentre sur la route, mais Michael Strumpf vient le déconcentrer et active la sirène de l’ambulance. Et il lui dit : « Monsieur Clancy, faites attention, car les méchants esprits préparent quelque chose de mauvais. » Puis il disparaît. En effet, quelques secondes plus tard, il voit sur la route des formes diaphanes noires prendre possession de certains conducteurs qui étaient en contre-sens, voire même de certains qui sont derrière l’ambulance. Jim se concentre afin d’éviter les véhicules, car certains cherchent manifestement à frapper l’ambulance. Il se force même à faire un détour pour les éviter. Tout à coup, au moment où il compris qu’il est entouré d’ombres, il allume en vitesse une cigarette, conduisant de la main droite. Certaines ombres sont furieuses et se rapprochent dangereusement du véhicule, d’autres sont parties. Bobby, lui demande : — Jim, pourquoi ce détour ? Il me semble que continuer tout droit est plus court ? »

— Parce que je trouve qu’il y a trop de véhicules sur la route.

Bobby regarde du coin de l’œil Jim, qui semble ne pas être là. En effet, il est sorti de son corps, se trouve à côté de celui-ci, car il demande à son père, mort il y a plusieurs années, de lui venir en aide. Son père, dans un rayon de lumière arrive et prend temporairement le corps de son fils afin de diriger le véhicule jusqu’à destination. Les ombres rencontrées en chemin s’enfuient à la vue de tant de lumière.

Bobby, en voyant que Jim conduit en étant perdu dans le vague et qu’il conduit de plus en plus vite, lui demande : « Es-tu sûr que tout va bien ? Veux-tu que je conduise à ta place ? »

La réponse est : — Non.

Les deux ambulanciers se rendent au lieu de l’accident, dégagent les débris des deux voitures. Les deux conducteurs étaient blessés, à moitié conscients. Jim voit tout à coup Romano à côté de l'un d'eux.

Il le nargue : « Bonjour. Je ne pensais pas vous revoir si tôt ! »

Jim, tandis que Bobby est retourné pour préparer les civières, lui dit, en faisant semblant de parler sur son

cellulaire : — S’il vous plaît, ne recommencez pas avec vos histoires.

— Jim, vous devez comprendre que ce ne sont pas des histoires, mais des vrais faits du monde des esprits. Voilà comme votre femme vous explique les choses !

— Elle ne prétend pas non plus tout savoir, seul Dieu sait tout.

Bobby revient près des blessés et fait signe à Jim de venir l’aider pour les déposer sur les civières qu’il a amené. Jim, en s’adressant à Romano : « Désolé, je ne peux pas poursuivre la conversation. Nous la poursuivrons plus tard, si vous appelez à nouveau. Mais j’espère que cela n’arrivera pas. » Puis il « éteint » son cellulaire et le range dans sa poche de chemise. Il s’excuse auprès de son collègue. Les deux ambulanciers se dépêchent d’agir. Jim voit l’esprit malveillant à sa gauche. Romano lui dit : « Vous pensez sérieusement ne pas continuer notre conversation, car sachez que la situation est sérieuse. Je comprends très bien que vous voulez aider Michael Strumpf, mais il est avec moi. D’ailleurs, vous ne l’aidez pas, mais vous mettez votre nez dans ce qui ne vous concerne pas. D'ailleurs, cela me serait plaisir de posséder temporairement votre corps pendant, disons, vingt-quatre heures. De gré ou de force, je le ferrais ! » Puis il passe à travers Jim, qui manque d’air pendant quelques secondes, le faisant tousser et, du coup, lâcher la civière qu’il transporte. Bobby, inquiet : « Fais attention, Jim. Il ne faut pas faire plus de mal au blessé. »

Jim, d’une voix faible : — Je sais, mais je ne peux pas tout t’expliquer.

Romano apparaît à sa gauche et lui murmure à l’oreille : « Si vous pensez rester stoïque, sachez que c’est faux. Impossible d’être insensible à la douleur. » Puis une voiture passe, dans laquelle Romano prend contrôle du conducteur, mais Jim, en transportant la civière dans l’ambulance, évite le piège de l’esprit malveillant. Bobby se propose de conduire jusqu’à l’hôpital. Jim hoche de la tête et reste à l’arrière pour regarder les blessés. Il observe leurs blessures. Il rapporte les constats à Bobby au moyen du talkie walkie (émetteur-récepteur portatif). Romano apparaît à côté de Jim et lui dit : « Bien joué. La vigilance est décidément votre qualité ! Mais sachez que même le plus vigilant au monde ne m’échappe pas, surtout pour refuser mes conditions de divulgation d’informations. Ne jouez pas le stoïque ! » Puis il passe à travers Jim, pour arriver derrière Bobby. Jim, à bout de souffle crie d’une voix forte : « S’il te plaît, Bobby, arrêtes le véhicule ! » Son collègue, étonné, appuie sur les freins en se dirigeant sur un côté de la route et demande : « Sérieux, Jim, qu’est-ce qui t’arrive ? As-tu tous tes esprits ? » Romano profite de la perplexité de son collègue pour augmenter sa colère et influencer son comportement. Il se tient à côté de lui et lui murmure des choses à l’oreille gauche. Jim, d’un ton calme, réplique à la fois à son collègue et à l’esprit malveillant : « Je vais très bien, seulement regarde la route pour ne pas avoir d’accident comme la dernière fois. Et je te dis qu’un esprit malveillant se trouve derrière toi, et je voudrais bien que le Diable l’emporte pour de bon ! » Romano, étonné de l’audace dont manifeste Jim, disparaît de sa vue. Jim, poursuit : « Bobby, je t’avoue que depuis mon expérience de mort imminente il y a quelques semaines, alors que je me rétablissais de l’opération, je vois des esprits errants, c’est tout. » Bobby, étonné d’une telle déclaration, reste bouche bée et embarque dans le véhicule. Le chemin jusqu’à l’hôpital se fait rapidement et sans encombre. Les deux ambulanciers se reposent dans la salle d’attente. Ils sont silencieux ; Jim ne sait pas quoi ajouter et pas plus la réaction de son collègue ; Bobby est perplexe, ne sachant pas que conclure de cet aveu inattendu. L’esprit d’une ancienne infirmière, vêtue comme l’étaient les infirmières il y a cent ans, fait son apparition dans la salle d’attente. Elle s’arrête devant Jim, qui la suit du regard. L’infirmière dit : « Bonjour, Monsieur. Je me permets de m’adresser à vous, car voilà des années que je passe ici et tout le monde m’ignore. » Elle s’approche de Bobby, qui ne la voit pas, puis elle revient à Jim. Elle lui dit : « Monsieur, pouvez-vous m’aider à trouver mes clés ? L’hôpital a tellement changé d’aspect que je suis perdue. »

Jim regarde rapidement autour de lui, et ne voyant personne, lui chuchote : « Bien sûr, Madame, ce serait un plaisir pour moi de vous aider. Seulement, dites-moi où vous étiez lorsque vous avez perdu vos clés ? »

L’esprit infirmière : — Je pense que j’étais dans la salle de réunion du personnel.

— Où se trouve cette salle ?

— À vous de chercher, vous semblez mieux connaître l’hôpital que moi.

Puis elle disparaît de sa vue. Jim demeure perplexe. Bobby, qui regarde la scène avec scepticisme, puisqu’il voit son collègue parler avec personne, ne sait pas que penser : est-il fou ou non ? Il lui demande : « On dirait que tu cherches quelque chose, est-ce que tu crois vraiment que tu peux faire quelque chose ? »

— Oui.

Jim regarde dans la pièce quelque chose qui pourrait lui servir d’indice. Il trouve dans un coin de la salle d’attente une petite table à l’ancienne. D’un bond, il se lève de sa chaise, s’approche de la petite table, puis la touche de la main droite. Il est transporté dans une vision. Tout à coup, l’hôpital devient sous ses yeux ce qu’il a été cent ans plus tôt. Il se trouve dans la salle d’attente, où des patients étaient assis. Il se promène et dépasse la salle d’attente, se rend dans un couloir dont de chaque côté se trouvait les chambres des malades. Puis il monte un escalier, qui l’amène dans une salle « Réservée au personnel », longe le couloir et au bout de celui-ci se trouve une salle mystérieuse. Une infirmière lui dit que c’est le début de l’aile psychiatrique de l’hôpital. Il revient dans la salle d’attente. Fin de la vision. Il est confus. Bobby le regarde et semble plus confus que Jim, mais il demeure coi.


Une fois son quart de travail terminé, Jim revient chez lui. Il salue sa femme, qui l’embrasse sur les lèvres. Il lui raconte sa mésaventure au travail. Après leur souper, Jim demande à sa femme si elle s’est occupée de chercher les lois afin de savoir les droits de Madame Strumpf. Mélinda répond affirmativement et qu’elle a même informé la dame. Ainsi, cette dernière n’aurait qu’à faire la suite des démarches, c’est-à-dire de contester devant le notaire le testament de Michael Strumpf et de demander une répartition équitable entre elle et sa fille, héritage dont cette dernière ne jouirait qu’à sa majorité ou lorsqu’elle ne vivrait pas avec sa mère. Satisfait de sa réponse, Jim embrasse sa femme et cherche sur son ordinateur le passé de l’hôpital Mercy. Il apprend qu’auparavant, il avait une aile psychiatrique, dans laquelle des patients diagnostiqués comme névrosés et fous étaient admis. Dans cette aile, seuls les psychiatres y entraient ; les visites étaient strictement interdites. Les traitements étaient la camisole de force, les électrochocs, les drogues et les médicaments. Jim continue sa recherche afin de trouver un ancien plan de l’hôpital. Il résume ces informations à sa femme, qui le regarde avec des grands yeux. En poursuivant ses recherches, il découvre que cette aile est devenue l’aile de radiographie. En comparant avec le plan actuel, il conclut que la salle de réunion du personnel est l’ensemble des bureaux des médecins affiliés à l’hôpital.

Le soir, le couple s’endort, Mélinda enlacée dans les bras de son mari. Elle rêve que Jim est menacé par Romano et sa cohorte d’Ombres et qu’elle l’aide à se défendre de leurs attaques. Son mari, lui, eut un cauchemar : il se trouve en esprit dans l’aile psychiatrique de l’hôpital Mercy, dans une camisole de force, amené par un docteur qu’il ne pouvait pas identifier. En traversant le corridor, il sait qu’il est conduit dans la salle pour subir une thérapie par électrochocs. Il se débat, mais un autre docteur arrive pour le maîtriser. Il est installé sur le lit, les pieds attachés. Ensuite, les électrodes sont branchées sur sa tête. Comme un des docteurs voulait lui mettre un chiffon dans la bouche, Jim lui mord les doigts. Le docteur écarte sa main et dit à l’autre de l’aider. Le docteur tient solidement la mâchoire de Jim afin de l’empêcher de mordre, puis relâche sa pression après y avoir insérer un chiffon. Ne pouvant plus agir, vaincu, il attend avec angoisse les chocs électriques, mais ils n’arrivent pas. Il voit que les docteurs ont quitté la salle et reviennent après un certain temps, accompagnés d’un homme en noir. Ils chuchotent entre eux, puis les docteurs quittent la salle. L’homme en noir rit diaboliquement et lui dit : « Patient numéro 119, je vous souhaite un bon voyage entre les ondes électriques. » Puis il appuie sur le bouton pour lâcher l’électricité, mais après trois chocs, de plus en plus forts, Jim ne ressent plus rien et se détache de son corps. Tout à coup, il voit Mélinda en infirmière — comme celle qui cherche ses clés, qu’il a vu au cours de la journée — faire irruption dans la salle, armée d’une barre de fer. Avec cette arme, elle frappe l’homme en noir, l’assommant complètement. Jim revient dans son corps et Mélinda le délivre, puis les deux filent à l’extérieur de la salle. Fin du rêve.



Le lendemain, Mélinda et Jim se racontent leur rêve respectifs. Il commente : « Il me semble que le rêve se rapporte à l’infirmière que j’ai vu hier, je veux dire celle qui cherche ses clés. Cette infirmière était apparemment amoureuse d’un patient dans l’aile psychiatrique, le patient 119. Je ferais une recherche dans les archives pour mieux comprendre cette histoire. Au cas où ceci éclairerait l'endroit où elle aurait pu égarer ses clés. »

Mélinda lui dit : « Sois prudent, Jim. »

— Oui, promis !

— Je vais faire un tour dans ma boutique d’antiquités. S’il y a de quoi, appelles-moi.

— Oui, Mél.

Il embrasse sa femme sur les lèvres et chacun part dans sa direction ; Mélinda vers sa boutique d’antiquités, Jim à l’hôpital Mercy, pour consulter à nouveau les archives. Chemin faisant, Michael Strumpf apparaît dans la voiture de Jim, alors qu’il attend le feu vert. Jim soupire. L’esprit dit : « Simplement pour vous remercier de ce que votre femme a fait pour la mienne. Et pour… » Et voilà Jim plongé dans une vision ! Il se trouve dans le bureau de travail de Michael Strumpf, où Madeleine entre et lui annonce qu’elle est enceinte. Ébahi, il exige d’elle un test de paternité. Elle lui dit qu’elle est certaine qu’il en est le père de l’enfant. Il s’assure lui-même de faire le test de paternité une fois le bébé né. Et le test révèle qu’il est bel et bien le père de l’enfant. Comme sa femme a vu les papiers des résultats du test de paternité, elle comprit toute suite la chose et demande le divorce. Fin de la vision par les coups de klaxon des automobilistes qui sont derière le véhicule de Jim. Il s’excuse et poursuit sa route jusqu’à l’hôpital. Il se rend directement aux archives. Michael Strumpf apparaît devant lui et dit : « Vous cherchez les dossiers des internés ? C’est la troisième rangée au fond. » Jim s’y rend, un peu méfiant. Une fois rendu dans cette rangée, il voit effectivement que l’esprit ne ment pas. Mais Michael Strumpf lui dit : « Monsieur Clancy, si vous pensez savoir qui est le mystérieux patient 119, sachez que vous n’en sortirez pas indemne. »

Jim, entre les dents : — C’est ce qu’on verra !

Le mari de Mélinda cherche le dossier qui l’intéresse. Tout à coup, la porte des archives s’ouvrent ; un docteur vient d’entrer. Jim regarde en vitesse vers sa direction et comprend qu’une Ombre diaphane le possède. Michael Strumpf dit : « Désolé, Monsieur, mais vous aurez à vous expliquer auprès de lui. » Il pousse un ensemble de dossiers derrière l’étagère près de l’endroit où se trouve Jim ; avec le silence de la salle, le bruit est terrible.

Le docteur, alerté par le bruit, dit : — Qui est là ?

Jim : — Un ambulancier qui regarde un dossier dans les archives.

Puis, il se dirige vers le docteur, le docteur vers lui ; les deux hommes se rencontrent à mi-chemin entre les dernières rangées des archives et la porte d’entrée. Le docteur s’exclame : « Jim Clancy ! Quel dossier cherchez-vous ? »

— Ce n’est d’aucune importance.

— Si vous cherchez des dossiers récents, ils sont dans les deux premières rangées à votre droite.

— Ah ! Merci beaucoup ! Je me suis un peu perdu dans les archives. Elles contiennent beaucoup de documents !

L’ambulancier sourit au docteur, qui le regarde par-dessus ses lunettes. Le docteur lui tourne le dos et se dirige vers la rangée de gauche pour ranger le dossier d’un patient. Jim le suit et fait semblant de chercher parmi les dossiers de la rangée de droite. Le docteur sort de la salle des archives. Jim se dirige rapidement vers la rangée qui l’intéresse. Michael Strumpf apparaît devant lui, peu avant la troisième rangée du fond. L’ambulancier passe à travers lui, indifférent à la sensation de froid. Une fois qu’il a repéré le dossier « Numéro 119 », il voit Romano apparaître à sa gauche et lui murmurer à l’oreille : « Monsieur Jim Clancy, votre naïveté me fait rire ! Sachez que vous pouvez très bien être prisonnier dans les archives. N’oubliez ce qui est arrivé à Mélinda dans les archives de la ville. » Puis il passe à travers l’ambulancier, lui coupant le souffle. Heureusement, il ne tient pas le dossier. Se relevant, Jim maudit l’esprit malveillant, qui lui dit en guise d’adieu : « À ce soir ! » Puis il disparaît. Jim s’empare du dossier puis sort des archives. Il revient chez lui et lit le dossier du patient numéro 119.



Mélinda, dans sa boutique d’antiquités, au Same As It Never Was.

Elle est derrière le comptoir. Quelques clients ont acheté certains objets. Madame Strumpf entre et la salue. Mélinda la salue et demande le motif de sa visite.

Madame Strumpf répond : — Simplement pour vous remercier de ce que vous m’avez informé sur mes droits.

— De rien, Madame Strumpf.

— J’ai demandé au notaire mon droit à l’héritage. Il a accepté ma requête et me répondra dans une semaine. Et concernant mon mari, est-il encore là ?

— Madame Strumpf, à vrai dire, depuis ces derniers jours, c’est mon mari, Jim, qui a consulté son dossier et qui est sujet de visions de sa part. Ainsi, nous avons appris que, dans sa jeunesse, il avait été pendant deux ans un patient de l’Asile de Grandview, sur le conseil de sa mère, après sa première rupture amoureuse. Il a connu les thérapies par électrochocs, sous la supervision du Dr. Calvin Byrd. Votre mari a pris soin de vous cacher ce sombre passé. Mais même après sa mort, il semble être retenu par un esprit malveillant qui joue sur la culpabilité des autres. Il nous manque seulement à régler ce point, afin de pouvoir aider votre mari à être dans la Lumière, mais Jim et moi, nous devons être vigilants, car le monde des esprits est plus compliqué que ce qu’il paraît à première vue. Et voici, en parlant du loup, le loup à la porte ; votre mari est à votre droite.

En effet, Michael Strumpf vient d’apparaître à la droite de son épouse (après avoir accompagné Jim dans la salle des archives). Il dit à Mélinda : — Comment vous osez divulguer un secret médical qui ne concerne pas mon épouse ?

Mélinda dit : — Et votre mari est indigné du fait que je révèle son antécédent psychiatrique. À ça, je vous réponds, Monsieur Strumpf, que mon mari et moi avons promis à votre épouse de l’informer de ce que vous nous communiquez. Point c’est tout !

Madame Strumpf demande : — Mais, pourquoi mon mari ne voulait pas me le dire ? Ceci explique certains troubles de la mémoire et la perte de concentration dont Michael souffrait.

Michael Strumpf : — Mélinda Gordon, vous oubliez un détail : votre mari aura un prix à payer pour vouloir me délivrer de l’homme en noir. On dit bien que la curiosité à tuer le chat.

L’esprit disparaît. Mélinda rapporte le danger dans lequel elle et son mari se trouvent. Madame Stumpf, inquiète, espère que tout ira bien. Les deux femmes se serrent la main, puis Madame Strumpf sort de la boutique pour revenir chez elle.



Mélinda, de retour chez elle, voit Jim à table, lisant les documents d’un dossier médical. Il semble atterré et à moitié évanoui sur une chaise. Elle le salue et il l’embrasse.

Elle dit : — Jim, es-tu sûr que tout va bien ?

— Oui. Je suis perplexe.

Elle lui jette un regard interrogateur.

Il répond, entre les dents : — J’ai compris que le patient numéro 119 était l’une de mes incarnations passées. Ceci explique l’intensité des visions.

Mélinda s’assied en face de son mari et lui demande : — Je te crois. Quelles autres informations as-tu trouvé ?

— Entre ma lecture du dossier médical et des visions-souvenirs que j’ai eu en le lisant, je peux te dire toute son histoire et en déduire le reste. Dans cette vie, j’ai été amené de force dans l’aile psychiatrique de l’hôpital Mercy par mes parents. Le nom qui se cache derrière le numéro 119 est « Jim Berada ». Ses parents l’ont amené alors qu’il avait 17 ans, en 1917, en raison, officiellement, de démence, mais en réalité, c’est parce que je commençais à voir quelque chose (j’étais un peu voyant) et j’en parlais naïvement à mes parents. Ainsi, je leur parlais trois fois de certaines choses, et à la quatrième fois, ils m’ont amené de force après m’avoir fait avalé un mélange de calmants. À moitié assommé par les médicaments, ils m’ont amené en psychiatrie, où j’y suis resté sept ans, car je servais de cobaye aux docteurs. J’ai connu « différentes cures » administrées par le Docteur John Bird : plusieurs doses de chloropromazine (un médicament antipsychotique), de divers neuroleptiques, voire même la lobotomie et la thérapie par électrochocs. J’ai connu deux séances de thérapie par électrochocs, mais à la troisième séance, le directeur de l’aile psychiatrique — un homme en noir — un dénommé Dr. Samuel Douglas (dont l’âme est aussi obscure que Romano), est venu et a administré lui-même les chocs électriques, qui allaient de plus en plus forts. C’était tellement insupportable que j’étais sorti de mon corps. Mais l’infirmière qui veut chercher ses clés m’a délivré de cette torture — Mél, ne sois pas jalouse — en le frappant avec une barre de fer. Nous nous sommes enfuis de l’hôpital. Comme les docteurs n’ont pu nous retrouvé — car cette infirmière connaissait bien les chambres, nous permettant de se cacher lorsqu’ils circulaient dans le corridor — officiellement, dans les dossiers, il est écrit « patient perdu depuis mai 1924 ». En raison de tous ces traitements, les effets secondaires étaient terribles : mydriase, tremblements, troubles cognitifs, changements de comportement, apathie, en bref, une plante. Je n’étais plus que mon ombre. J’ai compris que cette infirmière m’a aperçu seulement cinq ans après mon arrivée à l’hôpital. Elle a perdu ses clés, car elle courrait pour me sauver de la thérapie par électrochocs, en prétextant qu’elle devait s’occuper d’un patient ; elle m’expliqua plus tard qu’elle a entendu les docteurs parler entre eux et qu’ils compter bien en terminer avec moi. Mais heureusement, je suis endurant et cette demoiselle m’a sauvé d’une mort certaine, car elle avait pitié de mon état. J’ai vécu vingt après les traitements, revenant dans la société sous un pseudonyme (Carl Rauschenbach, car je savais l’allemand) afin de ne pas être rattrapé par les docteurs. Et Mél, ne t’inquiètes pas, tu restes mon seul amour, car nous nous sommes rencontrés dans cette vie passée et nous nous retrouvons encore maintenant et je l’espère par la suite.

Mélinda et Jim demeurent silencieux. Ils ont compris tout le sérieux de la situation. Mélinda fait une recherche rapide sur son ordinateur au sujet de Carl Rauschenbach. Elle trouve un dossier d’archive généalogique dans lequel il est question d’un mariage avec Mademoiselle Katharina Reich le 24 juillet 1927 à l’église protestante du Minnesota. Elle trouve aussi un avis de décès indiquant qu’il est mort d’une crise cardiaque le 25 juillet 1944. Mélinda cherche de même sur Katharina Rauschenbach (puisqu’elle prit le « nom de famille » de son mari) et découvre qu’elle a décédée le 30 janvier 1989 dans leur maison familiale au Minnesota. Elle rapporte les informations à son mari, qui l’écoute en silence.

Mélinda s’occupe ensuite du souper. Après avoir fait la vaisselle, Michael Strumpf apparaît. Le couple regarde l’esprit, qui se déplace d’un bout à l’autre de la cuisine. Il dit : — Je vous le dit, soyez vigilant, Jim, car maintenant, vous en savez trop ! Et n’oubliez pas que, si je pars dans la lumière, vous êtes en danger !

Mélinda demande : — En quel sens ?

Michael Strumpf : — Je ne le sais pas, mais Dr. Samuel Douglas, Dr. John Bird, Dr. Calvin Byrd, l’homme en noir et votre mari le savent. Sachez que votre mari est trop dangereux pour nous.

Après ces paroles, il disparaît.

Mélinda tourne le regard vers son mari, qui demeure silencieux. Il se lève, allume une bougie qu’il place sur la table de la cuisine entre eux et fume une cigarette. Il semble tendu.

Après un moment de silence, il répond, en chuchotant entre les dents : — Dans cette vie passée, j’ai compris trop de choses, mais je dois m’en souvenir. Le problème, c’est que j’ai l’impression d’être en course contre la montre pour retrouver ce savoir perdu.

Il serre la main droite de sa femme, l’embrasse tendrement.

Après une courte pause, Jim dit : — Mélinda, si nous nous rendons demain à l’École pré-maternelle et maternelle de Grandview afin de comprendre ce qui est arrivé à Michael Strumpf et régler son cas définitivement ?

— Mais, je ne veux pas te perdre !

Il enlace sa femme et lui réplique : — Ne t’inquiètes pas ! Tu sais que c’est un bluff.

Rassurée, Mélinda embrasse son mari ; il l’embrasse en retour.

Le soir, le couple dort, Jim enlaçant Mélinda. Cette dernière a une nuit calme, avec de beaux rêves. Son mari, lui, reçoit la visite de Romano. Il revit dans un cauchemar cette vie passée, mais vue de l’extérieur. Jim comprend qu’un ensemble de mauvais esprits se sont ligués contre lui pour l’affaiblir psychiquement et physiquement. Il ne fait qu’observer ce qui se passe, ne pouvant agir. Jim se réveille en sueur.



Le lendemain, après le petit-déjeuner, Mélinda et Jim se racontent leur rêve respectif. Elle le console, puis ils décident de se rendre à l’École pré-maternelle et maternelle de Grandview, comme convenu la veille. Jim retrouve l’adresse dans ses notes lors de leur visite au professeur Eli James. Elle conduit la voiture. Michael Strumpf apparaît sur le siège arrière. Il regarde le couple et dit : — Soyez prudents ! Car vous ferez des découvertes inattendues. Puis il disparaît pour réapparaître entre le couple. Il dit : — À votre place, je ferais demi-tour et retournerais à mon travail. Il y a beaucoup d’esprits des anciens patients qui hantent le lieu, en plus des psychiatres.

Jim lui réplique : — Monsieur Strumpf, ne vous inquiétez pas pour nous, nous savons très bien ce que nous faisons.

L’esprit dit : — Pourtant, vous ne saviez pas tout, mais eux, le savent.

— N’essayez pas de m’effrayer comme un petit enfant !

L’esprit lui sourit malicieusement et passe à travers lui, lui coupant le souffle. Il revient sur le siège arrière et observe en silence le couple. Tout à coup, des conducteurs possédés par des ombres tentent plusieurs fois d’entre en collision avec le véhicule du couple de chuchoteurs d’esprits errants. Jim avertit sa femme et lui propose qu’au prochain feu rouge, il conduit la voiture. Elle accepte. Lorsque Jim conduit, Mélinda voit, au milieu du danger — alors qu’ils sont entourés d’ombres qui cherchent à les heurter — que l’âme de son mari sort de son corps et se tient à côté, tandis qu’une bonne âme prend possession du corps afin d’éviter les divers dangers. Jim et Mélinda se rendent (après de nombreux détours et une drôle de conduite, tantôt en ralentissant, tantôt en accélérant) devant l’École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Ils entrent par l’entrée principale, saluent le réceptionniste à l’accueil. Celui-ci leur demande la raison de leur visite. Jim lui répond qu’ils veulent visiter l’école pour savoir si sa femme et lui inscriront leur futur enfant dans cette école maternelle. Le réceptionniste appelle le directeur, qui accepte de leur faire une visite guidée. En parcourant les différents corridors, le couple voit différents esprits errants, manifestement des patients de l’ancien asile psychiatrique qui les regardent passer. Un homme dans une camisole de force dit : « Pouvez-vous nous aider ? » Jim lui fait un discret signe négatif de la main. À mesure qu’ils avancent dans les corridors, en faisant des efforts pour se concentrer sur les propos du directeur, Jim trouve l’air de plus en plus oppressant, lui rappelant son arrivée dans l’hôpital psychiatrique dans sa vie passée. Il dit au directeur : « Merci, Monsieur le directeur pour cette visite, mais pouvons-nous discuter à votre bureau ? »

Le directeur réplique : « Monsieur Clancy, il vous reste encore quelques pièces à visiter. Mais, si vous le voulez, nous pouvons aller à mon bureau. »

Mélinda ajoute : « Je partage l’avis de mon mari. »

Le directeur les regarde par-dessus ses lunettes, hésitant pour la direction à prendre. Une ombre noire se tient près de lui et lui murmure des choses à l’oreille gauche. Jim bâille de mécontentement, faisant fuir l’ombre. À ce moment, Romano apparaît devant lui et possède le directeur, qui, aussitôt poursuit la visite. Jim est plongé dans une vision. À moitié drogué par des médicaments, il est amené par trois docteurs. Tout tourne autour de lui, sa vision est troublée. Il ne parvient pas à reconnaître où il se trouve, ayant l’impression que le corridor est d’une longueur indéfinie. Il ressent toute la lourdeur de son corps, la lourdeur de l’air, accentué par l’oppressante odeur des produits aseptiques caractéristique des hôpitaux. Heureusement, Mélinda le soutient, plus qu’elle lui serre la main. Elle avait un œil sur le directeur et pense : « Mauvais esprit, vas-t-en de ce corps et que le Diable t’emporte ! » Romano s’agite dans le directeur, faisant en sorte que celui-ci se retourne vers le couple, et remarquant que Jim n’est pas là, il dit à Mélinda : « Je comprends. Votre mari a bu un verre de trop. Dans ce cas, allons à mon bureau. » Mélinda répond affirmativement, simplement pour jouer son jeu. Le mauvais esprit sort du corps du directeur, mais se tient à sa gauche pour lui murmurer à l’oreille gauche. Le trio se rend au bureau du directeur, mais Jim est encore confus, car la vision se poursuit. Il est amené chez le directeur de l’aile psychiatrique de l’hôpital Mercy. Il est mal en point, peinant à marcher. Il voit le mystérieux Docteur Samuel Douglas. Il est un homme vers la cinquantaine, vêtu de noir (sauf la chemise blanche), qui affichait une mine sérieuse. Il est assis sur une chaise en face du Docteur Douglas, qui le fixait attentivement. Il l’hypnotisa ainsi du regard et une conversation s’ensuivit, dont il ne se rappelle de rien, mais il en garde une mauvaise impression. Fin de la vision. Il serre la main de Mélinda à sa gauche. Le directeur de l’école est face à eux et les observe attentivement. Jim est sur ses gardes, mais est encore confus de ses visions. Mélinda s’adresse au directeur : — Monsieur le directeur, pouvons-nous vous poser une question concernant votre établissement ?

— Oui, bien sûr. Il me serait un plaisir de répondre.

— J’ai entendu qu’avant d’être l’école que nous connaissons, cette bâtisse a été auparavant un asile, à savoir l’Asile de Grandview. Que savez-vous à ce sujet ?

— Je ne le sais pas.

Jim, l’interrompant : — Vous mentez !

Le directeur et Mélinda, étonnés, tournent le regard vers Jim. À côté de lui se tient un esprit d’un patient de l’asile psychiatrique qui lui chuchote à l’oreille droite que le directeur en sait long sur le passé de l’école. Et Jim n’a fait que répéter ce que l’esprit lui a dit. Néanmoins, il bredouille une excuse pour son interruption. Mélinda s’adresse au directeur : — Monsieur le directeur, veuillez bien excuser mon mari. La prochaine fois, je surveillerais ses consommations d’alcool. Mais, pour revenir à ma question, êtes-vous sûr que vous n’avez rien entendu au sujet du passé de l’école ?

Le directeur demeure silencieux et scrute attentivement le couple. Jim, bien que revenu de sa vision, joue un peu l’abasourdi et évite son regard. Mélinda regarde vaguement dans la direction du directeur, attendant une réponse.

Après quelques minutes de silence, il dit lentement : — J’en ai vaguement entendu parlé, mais je ne suis pas un historien. Et, d’ailleurs quelle importance ?

L’esprit du patient de l’ancien asile possède temporairement le directeur de l’école pour le faire parler. Il dit : — Pour vous dire que l’école a été construite sur l’Asile de Grandview. Seulement, les chambres ont été changées en salles de classe et des pupitres et tableaux ont été ajoutés. Il y a eu quelques réparations mineures, mais son aspect est presque intact. Les lits et les instruments qui appartenaient à l’asile se retrouvent au sous-sol, mais l’accès y est formellement interdit aux enfants, aux enseignantes et aux autres membres du personnel. Aussi, plusieurs enfants affirment avoir vu des esprits des anciens patients qui sont morts dans cet asile. Soyez prudents, car plusieurs esprits sont dangereux, en particulier ceux des docteurs et du directeur. Ces esprits font des tournées journalières !

Puis l’esprit sort du corps du directeur. Jim regarde autour d’eux. Il voit apparaître le Docteur Byrd, qui lui sourit ironiquement. À ses côtés se trouve l’esprit d’un autre docteur, plus jeune, sans lunettes et vêtu en beige. Ils regardent les trois êtres humains vivants. Jim et Mélinda les ignorent. Le directeur dit : — Pourquoi vous vous intéressez tant au passé de notre établissement ?

Le couple s’entr’observe. Et Jim répond : — Ma femme tient une boutique d’antiquités dans notre ville, et donc, forcément, nous nous intéressons à ce qui est « vieux » et à ce qui appartient au passé.

— Je comprends.

Après une courte pause, pause pendant laquelle les deux esprits des docteurs en profitent pour posséder le directeur à tour de rôle, faisant en sorte qu’ils lui soufflent des pensées, le directeur dit : — Eh bien. Si vous vous intéressés tant au matériel de l’ancien asile, accepteriez vous de faire une tournée dans le sous-sol de notre établissement ?

Romano apparaît à sa gauche, Dr. Calvin Byrd à sa droite, le jeune docteur possède le directeur. Tous fixent Jim et Mélinda et attendent leur réponse.

Jim, regarde sa montre et dit : — Désolé, monsieur le directeur, mais pas maintenant. Nous devons aller au travail. Mais une fois, nous viendrons, c’est sûr. Il serait plus simple si vous pouvez nous donner les clés de cet endroit, n’est-ce pas ?

Le directeur hésite à répondre. Les esprits essayent d’exercer leur influence sur le directeur, tandis que Jim et Mélinda en pensée, leur disent de ne point les déranger. Finalement vaincus, les trois esprits disparaissent de leur vue et le directeur accepte de leur remettre un double des clés du sous-sol. Jim s’empare des clés, les met dans sa poche, puis remercie le directeur. Ils se serrent la main droite et le couple revient jusqu’à l’entrée principale, sans manquer de chuchoter quelques mots rassurants aux pauvres esprits des patients de l’asile qui heurtent dans les corridors. Certains sont ainsi partis dans la lumière, joyeux. Une fois dans leur voiture, Jim et Mélinda voient que Romano, le docteur Byrd et le jeune docteur sont sur les sièges arrières. Michael Strumpf apparaît entre le couple. Jim allume une cigarette, car il trouve que l’atmosphère est oppressante, faisant fuir les esprits. Il démarre enfin la voiture. Tout au long du trajet, il fume cigarette après cigarette. Ainsi, ils reviennent sans encombre chez eux.

Une fois de retour chez eux, Mélinda demande : — Jim, il me semble que tu as eu une vision lorsque nous avons visité les salles de l’école, n’est-ce pas ?

— Exactement. Heureusement, tu as bien caché la chose. Tu es géniale !

Il embrasse son épouse sur les lèvres puis lui rapporte les visions qu’il a eu. Il commente : — J’ai compris que les docteurs, dans ma vie passée, m’ont présenté au Dr. Douglas. Il me semble que…

Jim est interrompu par l’apparition de Michael Strumpf. L’esprit complète sa phrase : —Que vous n’auriez pas une nuit tranquille, une fois que les docteurs vous ont repéré. Là, vous comprenez que je ne plaisantais pas quand je disais que lorsque, vous creusez plus cette histoire souterraine en psychiatrie, vous vous exposez à un grave danger qui menace votre âme.

Mélinda réplique : — Monsieur Strumpf, mêlez-vous de vos affaires et partez enfin dans la Lumière ! Qu’est-ce qui vous retient encore sur terre ?

— J’ai tout dis !

L’esprit disparaît.

Jim dit à voix basse : — C’est ce que je voulais dire. Mais Mél, rassures-toi. Ils ne peuvent rien nous faire, en tout cas pas comme nous.

Mélinda, d’une voix douce : — Tu as raison.

Ils s’embrassent. Ils préparent leur repas du midi lorsque la faim se fait sentir. Après la vaisselle, Michael Strumpf, le Docteur Calvin Byrd et Romano apparaissent devant Jim. Ils sont dans le salon. Mélinda serre la main de son mari. Michael Strumpf dit : « Monsieur Clancy, les jeux sont faits. Je vous ai tout dit. Si vous ne parvenez pas par vous-mêmes, vous termineriez comme dans votre vie passée. »

Jim lui réplique : — Je n’en suis pas si sûr.

Romano : — C’est ce qu’on verra !

Puis, Romano fonce dans Jim, qui tombe à la renverse sous l’effet du choc. Le Docteur Byrd et Monsieur Strumpf s’avancent vers lui. Mélinda allume une bougie qu’elle dépose sur la table du salon, puis une deuxième puis une troisième. Les esprits s’enfuient, aspirés par le souterrain. Mélinda se tourne vers Jim, étendu sur le canapé. Par son regard, elle comprend qu'il n’est pas là. Elle serre doucement sa main. Elle pense « Il est peut-être dans une vision. » En effet, Jim est dans une vision. Il est jeté sur un lit d’hôpital, immobilisé par les trois docteurs qui l’ont traîné de force jusque dans une chambre. Ils le revêtent d’une camisole de force et l’attachent au lit. Il essaye de se débattre, mais en vain. Vaincu, il ferme les yeux et attend la suite. Il entend les trois docteurs chuchoter entre eux. Ils installent les connecteurs sur sa tête. Tout à coup, des courants électriques sont relâchés. Il les ressent tellement que son corps en tremble. Fin de la vision. Jim, confus de sa vision, regarde Mélinda, sans comprendre où il est. Elle lui serre doucement la main et murmure : « Jim, c’est moi. Ça va, ne t’inquiètes pas. Tu sais que je te ne laisserais pas seul avec tes visions. » Ainsi encouragé par sa femme, il se lève et lui rapporte sa vision. Le couple demeure silencieux, assis sur le canapé, se serrant les mains pour se rassurer. Après quelques minutes de silence, Jim, pensif, murmure : « Mélinda, je suis vraiment désolé des ennuis que je te cause, je ne veux pas être un fardeau. Parfois, je me demande pourquoi j’ai à savoir un don que j’avais dans ma vie passée. »

Elle lui réplique : — Tu sais que tout à une raison. Et tu sais que je n’abandonnerais jamais !

— Je le sais.

Il embrasse sa femme sur les lèvres. Elle lui demande : — Est-ce tu travailles, cet après-midi ?

— Non.

— Dans ce cas, veux-tu venir avec moi dans ma boutique d’antiquités ?

— Oui, avec plaisir !

Mélinda et Jim se rendent alors au Same As It Never Was. Ils sont derrière le comptoir en attendant que des clients entrent dans la boutique. Romano et Michael Strumpf apparaissent devant eux, de l’autre côté du comptoir. Jim est nerveux en leur présence, mais il fait mine de rien. Michael Strumpf dit : — Votre stoïcisme est touchant !

Mélinda lui coupe la parole : — Quelle es la raison de votre visite ?

Romano répond : — Vous le saviez très bien.

L’esprit malveillant fixe Jim dans les yeux, qui détourne son regard de l’esprit, préférant regarder sa femme. Mélinda promène son regard de Jim aux esprits et des esprits à Jim.

Michael Strumpf dit : — Jim, vous saviez qu’il vous reste peu de temps.

Romano complète la phrase : — Avant de devenir fou.

Les deux esprits éclatent d’un rire diabolique et sont à côté de Jim, Romano à sa gauche, Michael Strumpf à sa droite. Jim ne sourcille même pas. Il passe à travers Monsieur Strumpf pour serrer la main de Mélinda, qui observe du coin de l’œil les esprits. Jim réplique aux esprits : — On verra bien qui rira le dernier !

Romano, avec un sourire sarcastique : — Vous avez vraiment de l’audace ! C’est incroyable ! Michael, vous l’entendez ? Il prétend nous tenir tête simplement parce qu’il nous voit. Pourtant, il ne connaît rien du fonctionnement du monde des esprits et c’est ça qui lui a coûté la raison !

Jim ne peut pas s’empêcher de tressaillir à l’évocation de sa vie passée.

L’esprit malveillant poursuit son discours, en s’adressant au mari de Mélinda : — Et bien, vous saviez le prix pour votre curiosité est proportionnel à celle-ci. À votre place, mêlez-vous de vos oignons au lieu de mes affaires, sinon…

Puis il pose sa main droite sur l’épaule gauche de l’ambulancier, ce qui raviva sa douleur. Il est plongé dans une vision. Immobilisé dans un lit, avec la même douleur à l’épaule, en plus d’être extrêmement confus en raison d’une dose de neuroleptiques. Le Docteur John Bird est penché au-dessus de lui. Voyant qu’il ne répond pas, il lui tâte le pouls. Le Docteur Bird lui injecte une substance par une aiguille avec laquelle il lui pique l’épaule gauche. Après quelques minutes, il s’endort complètement. Fin de la vision. Étonné d'être à moitié évanoui sur le comptoir et Mélinda qui le soutient, Jim se lève et bredouille une excuse.

Romano réapparaît devant lui et murmure : « Maintenant, à vous de choisir ! »

Michael Strumpf se tient silencieux. Tout à coup, les deux esprits disparaissent. Jim dit à sa femme : — Je me cacherai à l’arrière de ta boutique et je reviens. Il faut que je me repose un peu.

Mélinda l’accompagne, puis il s’allonge entre deux chaises après l’avoir embrassé sur les lèvres. Elle revient au comptoir. Un homme d’âge mûr entre dans sa boutique. Elle le salue. Il demande si elle n’a pas des instruments qui appartenaient à un ancien asile. Elle regarde rapidement et répond négativement. Le client vient près du comptoir, possédé par un esprit que Mélinda ne parvient point à identifier et dit : « Madame, ce n’est pas pour moi, c’est pour vous. Il s’agit d’un indice au sujet de Jim. Sachez que plusieurs suivent vos pas et certains n’apprécient pas votre travail, d’autres oui. » L’esprit sort du client : un flux de lumière l’accompagne et il disparaît. Le client, après avoir un peu tousser, s’excuse et sort de la boutique, laissant Mélinda perplexe. Voyant qu’aucun client n’est proche, elle compose le numéro de Délia pour la demander si elle pouvait être disponible maintenant pour s’occuper de sa boutique d’antiquités, car elle a quelque chose d’important à régler avec Jim. Délia accepte et arrive aussitôt. Une fois entrée dans la boutique, elle demande à Mélinda ce qui se passe. Elle lui répond que elle et son mari sont concernés et qu’ils doivent résoudre certaines choses avec leurs vies passées, sinon, son mari est gravement en danger. Puis, laissant Délia au comptoir, elle rejoint Jim à l’arrière de la boutique, mais elle est interceptée par l’âme de son mari, ce qui la fait sursauter. Il lui dit : — Mélinda, ne me dis pas que je te fais peur ! Je t’imaginais plus intrépide !

Mélinda lui réplique : — S’il te plaît, reviens dans ton corps puis on se parle. Tu sais très bien que ce n’est pas la même chose de parler à toi sans ton corps qu’avec.

Jim : — D’accord, je comprends !

Puis il revient dans son corps, qui est étendu sur le parquet. Il se réveille, se lève face à sa femme et dit : « J’ai compris ! On va MAINTENANT visiter le sous-sol de l’École pré-maternelle et maternelle de Grandview. »

Mélinda réplique : « Nous avons déjà visité l’école ce matin. Et il est 15h00. Bon d’accord, les enfants ont terminés avec leur journée et nous avons les clés et tu n’auras qu’à trouver un prétexte pour déjouer la sécurité. »

— Exactement.

Le couple s’embrasse. Mélinda et Jim sortent de la boutique en saluant Délia. Mélinda conduit la voiture. Entre-temps, Jim raconte à sa femme qu’il est au courant de ce qui lui est arrivé dans la boutique même s’il n’était pas physiquement présent. Elle apprend ainsi que son mari pouvait se séparer pour un court laps de temps de son corps — une sorte d’expérience de hors-corps (Out of Body) et qu’il est capable de comprendre « par télépathie » ce qui s’est passé dans la pièce voisine. Ils se rendent à l’École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Le réceptionniste, étonné de les voir, les salue et demande le motif de leur visite. Jim invente la raison suivante : ils veulent remettre quelque chose au directeur de l’école pour le remercier de son temps qu’il leur a accordé ce matin lors de la visite. Le réceptionniste appelle le directeur, qui se présente après cinq minutes. Michael Strumpf et Docteur Byrd apparaissent derrière le réceptionniste. Le couple chuchoteurs d’esprits les ignorent. Le Docteur s’avance devant eux et les nargue : — Maintenant que vous avez compris presque toute l’histoire, vous faites semblants de ne point nous voir. C’est comme ça que vous nous aidez, nous, pauvres esprits. Et bien, j’ai une meilleure solution. Au lieu d'errer dans cet hôpital, il serait bien de vivre à nouveau dans un corps vacant.

D’autres esprits des anciens patients de l’asile apparaissent, remplissant la réception. Ils disent à l’unisson : « Monsieur le Docteur a raison ! »

L’un des esprits (un jeune homme dans une camisole de force délabrée) se sépare du groupe pour s’approcher du couple et leur dit : « Faites attention ! Le Docteur Byrd est puissant. Il faut mieux ne pas se mesurer à lui. »

Jim leur fait un signe de la main, faisant déguerpir les âmes, sauf le Docteur Byrd et Michael Strumpf, qui sont face au couple. Le directeur arrive à ce moment. Jim et Mélinda le saluent, mais continuent d’ignorer les âmes errantes, malgré qu’elles continuent à les narguer. Le trio (en plus des deux esprits) se rendent au bureau du directeur.

Jim, une fois assis sur une chaise face au directeur, dit : — Monsieur le Directeur, merci de votre patience et désolé de mon comportement de ce matin.

— Ce n’est rien, Monsieur Clancy. J’ai vu pire.

— En fait, nous, ma femme et moi, voulons visiter le sous-sol de votre établissement et vous ramener les clés que vous nous avez donné ce matin.

— D’accord. Donc, à tout à l’heure !

Puis le couple sort du bureau du directeur. Jim tient dans sa main droite les clés du sous-sol, de sa main gauche, il serre celle de Mélinda. Le couple se rend jusqu’à cet endroit. Chemin faisant, ils parviennent à convaincre des âmes des anciens patients de l’asile de partir dans la Lumière. Ces âmes sont contentes d’être délivrées de l’emprise du Docteur Byrd. Ce dernier, étant à côté de Jim, lui dit : — Faites attention à ce que vous dites, car m’arracher des patients m’enrage ! »

Michael Strumpf : — Monsieur le Docteur, il faudrait agir au lieu de parler.

— Monsieur, c’est à moi que vous obéissez ! C’est moi qui décide quoi faire.

— D’accord Monsieur le Docteur.

Jim ouvre la porte; elle grince avec un terrible bruit. Mélinda tressaille. Les deux vivants entrent lentement au sous-sol. Certains esprits errants sont là. Jim leur dit : « Qu’attendez-vous pour partir dans la Lumière, où il n’y a que joie ? »

Un esprit répond timidement : — La permission du Docteur Byrd. Il nous a dit que la Lumière est un mythe et qu’elle n’existe pas.

Mélinda ajoute : — Ne vous laissez pas abattre par vos défauts ! Seulement, pardonnez-vous vos erreurs et vous pourrez partir la paix dans l’âme. C’est dans la Lumière que vont les âmes après la fin d’une incarnation. Tel est le processus normal des choses.

Le Docteur Byrd l’interrompt : — N’écoutez pas ces charlatans ! Ils vous mentent ! Vous ne pouvez que revenir dans un autre corps et c’est tout ! Il est impossible de se faire pardonner sa folie, qu’il s’agit d’une psychose, d’un homicide ou d’un infanticide.

Les âmes, effrayées par les propos du Docteur, se déplacent dans le sous-sol, nerveuses.

Jim leur dit : « S’il vous plaît, écoutez ma femme. Elle sait de quoi elle parle. »

Certaines âmes, convaincues de leur sincérité, se sont pardonnées leurs fautes et sont parties dans la Lumière après avoir craché au visage du Docteur Byrd.

Michael Strumpf apparaît aux côtés du couple et leur dit : — Je vous recommande de ne pas fâcher encore plus le Docteur Byrd, car il connaît le Docteur John Bird, qui est son cousin de troisième degré.

Jim lui réplique : Laissez-nous en paix avec vos menaces ! Et bien, je règlerais au plus vite votre cas, puis ensuite je règlerais le mien !

Docteur Byrd rit puis lui dit : — Jim, vous me faites rire ! Qui vous prendrez au sérieux si vous tombez rapidement dans nos visions que nous vous transmettons ? On dirait un épileptique !

Jim grince furieusement des dents. Mélinda lui caresse le bras gauche.

Docteur Byrd continue son monologue : — J’espère que vous plaisantez quand vous pensez délivrer mes patients de mon emprise, surtout quand ils sont fous et ne savent pas quoi faire par eux-mêmes. N’oubliez pas, Jim, vous aussi, vous êtes sur la liste des patients de mon cousin John ! Alors, John, viens !

Jim lui réplique : Que le Diable vous emporte tous les deux !

Le Docteur Byrd, surpris de son audace, disparaît pour réapparaître quelques mètres plus loin. Mélinda et Jim regardent autour d’eux : les lits poussiéreux qui servaient aux patients de l’asile sont tous alignés en rang d’oignons. Dans un coin, les sismothères sont bien aussi bien alignés. Jim et Mélinda touchent le bord d’un lit que Michael Strumpf leur indique d’un signe de la tête. Ils sont immédiatement transportés dans une vision. Chacun d’eux se trouvent ligoté à un lit, à moitié assommé par une thérapie par électrochocs — le chiffon dans la bouche les empêche de crier. Le Docteur Calvin Byrd se penche au-dessus du visage du patient. Comme il n’y avait aucune réaction, il décide d’administrer un autre courant d’électricité. Après, il sort de la chambre. Fin de la vision. Mélinda et Jim se serrent mutuellement dans les bras, tremblants sous l’effet de la vision. Romano apparaît devant eux et leur dit : — Maintenant, le moment est décisif. Ou bien vous assouvissez votre curiosité et vous ne sortez pas vivants d’ici, ou bien vous revenez sur vos pas et vous êtes saufs.

Jim lui réplique : — Et ces pauvres âmes de cet ancien asile, vont-elles partir à la Lumière ?

— Il n’est pas question d’elles, mais de vous, Jim.

Il se rapproche du mari de Mélinda, qui hésite. Mélinda lui serre la main et cherche à l’entraîner pour continuer leur visite du lieu sinistre. Jim suit sa femme. Ils poursuivent leur visite. Romano les nargue : « Vous pensez m’échapper ? Cette fois, non ! » Et il fonce sur le dos de Jim, le faisant tomber devant et lui coupant le souffle lorsque l’esprit passe à travers lui. Mélinda soutient entre ses bras son mari. Ce dernier la supplie par gestes de l’allonger sur un lit, ce qu’elle fait. À peine allongé, Jim sort de son corps. Romano se tient à côté de lui, amusé. Et l’esprit de Jim lui dit : — Pour en finir maintenant, je vous propose un duel dont le vainqueur est celui qui, sans aucune aide, parvient à mettre en fuite son adversaire.

— Intéressant… Qu’est-ce que vous êtes irréfléchis ! Mais, j’accepte votre offre.

Mélinda, impuissante, regarde le duel entre les deux esprits, assise sur le lit à côté du corps de son mari. Les esprits des patients de l’asile, le Docteur Calvin Byrd et Michael Strumpf regardent l’affrontement d’un air intéressé.

Les deux adversaires sont face à face. Jim se concentre quelques secondes, le temps de récupérer sa force puis observe Romano. Ce dernier se concentre aussi. Et leurs regards s’affrontent. Les autres âmes errantes sont atterrées par le spectacle qui s’offre sous leurs yeux. D’un côté, une lumière blanche et pure, de l’autre, une lumière noire et dense. Les lumières se rencontrent, mais se repoussent. Puis le mauvais esprit tente d’avancer, mais il est intercepter par la lumière qui irradie des yeux de Jim. Ce dernier s’avance vers son ennemi, qui tente de l’attraper, mais n’y parvient pas et prend la fuite. Il disparaît aspiré par le souterrain. Jim, victorieux, bien qu’épuisé, regagne son corps. Les spectateurs sont interloqués. De retour dans son corps, il sourit faiblement à sa femme, qui lui serre les deux mains entre les siennes. Mélinda chuchote : « Jim, j’espère que tu vas bien. Mais prends ton temps pour te rétablir d’un coup aussi rude, Tu es capable ! » En réponse, Jim flatte la main droite de sa femme ; elle remarque que ses mains sont moites. Le Docteur Calvin Byrd, les sourcils froncés, est devant le lit sur lequel se trouve le couple. Il observe Jim et Mélinda et dit : — Si vous pensez nous dissuader de nos projets, sachez que c'est impossible ! »

Jim lui réplique : — Parce que vous voulez vivre dans un corps vacant tout en conservant vos connaissances de votre vie passée. Et que vous m’avez déjà vu comme votre prochain cobaye lors de ma prochaine expérience hors-corps ?

— Jim, ça suffit. Sachez qu’on ne parle pas comme ça à un Docteur. Quel manque de respect ! Votre insolence mérite punition !

— C’est ce qu’on verra !

— Ah ! Je ne suis pas certain que vous rirez si vous vous rappelez les merveilleux traitements que vous avez connu. Sauf que cette fois, impossible de nous échapper !

Le Docteur Calvin Byrd disparaît, aspiré par le souterrain. Les autres âmes, dont Monsieur Strumpf, regardent Mélinda et Jim en silence. Elles se placent en cercle autour du couple. Épuisé, Jim s’endort, Mélinda peu après. Michael Strumpf, les larmes aux yeux, dit aux autres âmes: « Il serait dommage de les abandonner dans un lieu aussi sinistre. Veillons jusqu’à ce qu’ils se réveillent. » Après une heure de sommeil réparateur sans aucun cauchemar, le couple se réveille. Mélinda remercie les esprits errants d’avoir monté la garde. La plupart d’entre eux, contents, sont partis dans la Lumière.

Michael Strumpf dit : — Merci à vous, mais je reste encore un peu sur terre, tant que je ne suis pas certain que ma femme et ma fille ont leur part de l’héritage.

Jim lui demande : — Mais pouvez-vous nous dire sans crainte quel marché vous a proposé Romano, l’homme en noir ?

— Il m’a proposé de rentrer dans un corps vacant afin de jouir encore de ma maîtresse, puisqu’elle avait obtenu l’héritage.

— En ce qui concerne votre épouse, ne vous inquiétez pas. Vous saviez très bien que nous avons fait de notre mieux pour l’aider et que les démarches sont déjà faites.

— Merci encore une fois. Mais Jim, soyez prudent, car la menace est sérieuse.

Michael Strumpf disparaît de sa vue. Jim et Mélinda terminent de visiter le sous-sol puis reviennent au bureau du directeur pour lui remettre les clés, comme convenu. Ils le remercient et reviennent chez eux, sains et saufs.



Une semaine plus tard, Jim est au travail, Mélinda dans sa boutique d’antiquités. Madame Strumpf entre dans la boutique, contente. Elle dit : — Merci Madame Mélinda Gordon ! Le notaire a accepté de changer le testament de mon mari et de laisser une partie pour moi et ma fille. Merci encore une fois.

Mélinda : — Ce n’est rien. Simplement notre obligation de réparer la situation afin que votre mari part dans la Lumière. En parlant de lui, le voilà maintenant à votre droite.

En effet, Michael Strumpf apparaît à la droite de sa femme. Il caresse du dos de sa main droite la joue de sa femme. Elle se touche la joue, émue. Mélinda lui explique ce qu’elle sait en ce qui concerne Michael Strumpf. Ce dernier dit à Mélinda : — Je vous remercie, vous et votre mari. Maintenant tout est clair et je vais dans la Lumière. Cependant, dites à votre mari d’être prudent.

— Oui, je le lui dirais.

— Et concernant mon épouse et ma fille, dites qu’elles n’ont rien à craindre, maintenant que la situation est réglée.

Et l’esprit va dans la Lumière, envoyant un dernier bisou à sa femme.


Mélinda rapporte à Madame Strumpf les propos de son mari. Les deux femmes se réconfortent et se serrent la main droite. Madame Strumpf sort de la boutique d’antiquité. Peu après, un esprit apparaît devant Mélinda. C’est une jeune femme en robe blanche, les cheveux bruns clairs flottant sur ses épaules. L’esprit, en chantonnant « Alouette, gentille alouette », se promène dans la boutique puis disparaît de sa vue.

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