Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 33 : Le curieux destin de Dondarrion. (Béric Dondarrion)

3075 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/02/2019 18:23

CHAPITRE NUMERO VINGT-HUIT : BERIC DONDARRION.



Si Béric Dondarrion devait résumer les premières années de sa vie, il emploierait volontiers le mot : « peur ». Oui c’était là un terme on ne peut plus adéquat, pensa-t-il sombrement alors que les réminiscences de ce lointain passé lui revenaient avec une netteté moindre du fait de leur ancienneté. Cette source d’angoisse avait pour origine le fit qu’il redoutait par-dessus tout de succomber un jour ou l’autre.

Ceci avait commencé après qu’il eu perdu ses petits camarades les uns après les autres que ce fut par la faute de vivres ou d’un mestre qui aurait pu les soigner. Et lorsque les soirs s’en revenaient, Béric tremblait à l’idée que son tour était venu de mourir.

C’était sa mère, une personne aimante et protectrice, le prenait dans ses bras et patiemment le rassurait en lui affirmant que tout irait pour le mieux. Qu’il était un Dondarrion et en tant qu’enfant issu de cette noble famille il aurait toujours de quoi manger à sa faim, même au plus fort de l’hiver, et qu’un mestre officierait toujours dans sa famille et qu’au besoin il lui octroierait les soins nécessaires à son bien être. Béric l’avait cru. Quel naïf avait-il alors été.

L’année du première hiver qu’il connu vit Havrenoir, le siège de la maison des Dondarrion, être frappé par la dysenterie. Béric avait perdu l’un de ses frères malgré que mestre Harwan lui avait prodigué des soins constants. Ce ne fut pas le seul proche qu’il perdu, il y eu sa mère quelques jours après et malgré tout elle avait continué de lui prodiguer des paroles rassurantes jusqu’au bout. Une fois qu’elle ne fut plus là, Béric avait perpétuellement craint que son tour viendrait incessamment sous peu et rien ni personne ne paraissait en mesure de soulager la panique qui l’habitait.

Le temps passa en suivant et Béric grandit jusqu’à devenir un jeune homme qui aimait jouté sans pourtant se départir de sa phobie. Certes il parvenait à se maîtriser en publique mais intérieurement il continuait d’éprouver cette angoisse. Combien de fois ne l’avait-il entendu lui murmurer des paroles désagréables à son oreille où elle lui promettait que son tour approchait où surviendrait son trépas.

Malgré tout, et le Dieu de la Lumière pouvait en être témoin, aujourd’hui il se priait à souhaiter que sa mort survienne et ce de tous ses vœux. Car il était difficile d’être un homme tel qu’il était devenu. Il ne se sentait pas vivant, pas plus qu’il n’était mort. Il était entre les deux sans pouvoir donner un nom à cet état. Tout cela parce que son ami Thoros s’était évertué à le ramener encore et toujours dès lors qu’il succombait, lui affirmant que c’était là l’œuvre du Dieu de la Lumière et que si Béric revenait c’était parce qu’il avait un rôle à jouer.

Comment aurait-il pu croire en une chose pareille ? Béric n’était qu’un simple homme originaire des Marches de Dorne et comme tout un chacun, il n’avait le droit qu’à une vie et non plusieurs. Thoros s’était pourtant entêté à le faire revenir encore et toujours, affirmant que si le Dieu agissait de la sorte c’était parce que son rôle n’était pas terminé.

Seulement en quoi cela consistait-il ? Lorsque Ned l’avait envoyé arrêter la Montagne et qu’il avait périt pour la première fois, Béric avait conclu que son destin était voué à apporter son aide au peuple de Westeros dont les souffrances ne faisaient que commencer alors que la guerre des Cinq Rois n’en était qu’à son début. Béric avait donc mené sa mission à bien, accompagné pour se faire d’hommes venus de différents coins de Westeros et ils formèrent rapidement la Fraternité Sans Bannière.

Cette existence n’était pas sans risque et cela se prouva maintes fois puisqu’il fut pendu, empalé par une lance, etc. Sans Thoros les vers auraient déjà débarrassés ses os de toute chair. Puis Béric recommençait à agir pour le bien du peuple, finissant par croire en cette voix intérieure qui lui disait que ce qu’il entreprenait n’était pas suffisant.

Qu’est-ce que le Dieu de la lumière pouvait donc attendre de sa personne, s’interrogeait-il alors avant de sombrer dans un sommeil agité. Le Dieu ne lui répondait jamais. Même Thoros ne pouvait l’éclairer sur la question, se disant être le simple instrument de cette puissance qui aimait tant le feu.

Un jour pourtant son ami vint le trouver. Une vision s’était imposée à lui alors qu’il était plongé dans la contemplation des flammes à la manière que le faisait les prêtres de Volantis. Ce qu’il avait vu c’était Westeros envahit par les morts et les hommes tombaient face à l’avancée de cette force surnaturelle.



« Voilà pourquoi R’hllor te voulait envie, nous devons combattre cet ennemi et protéger le royaume de cette terrible menace et c’est toi qui nous guidera dans cette lutte, avait déclamé un Thoros qui semblait possédé. »



Peu après la Fraternité Sans Bannière avait quitté leur refuge temporaire pour emprunter la voie du Nord. Béric avançait confiant quant à son destin qui l’attendait de l’autre côté du Mur. Et peut-être qu’une fois ce dernier accompli il n’aurait plus besoin que Thoros le fasse revenir et il pourrait dès lors goûter au repos éternel.

Les choses ne s’étaient pas passées comme escomptées. Outre la rencontre avec de nouveaux alliés qui visaient un but commun, la guerre contre le Roi de la Nuit, Béric n’y avait accompli aucune prouesse et tout ce qu’il avait réussi à gagner, ou à perdre plus exactement, c’était que Thoros y était resté. Si R’hllor possédait véritablement des desseins alors il ne lui avait pas encore révélé la nature de ceux-ci.

Quelques jours après cette mission dans ces terres enneigées, Béric avait assisté en première ligne à la destruction de Fort-Levant et de la partie du Mur qui se dressait au même endroit. Il avait fui jusqu’à Château Noir en présence des sauvageons et à présent il était à Winterfell où l’heure d’affronter le Roi de la Nuit approchait.

Béric en était venu à penser que son destin était d’être celui qui réussirait à terrasser le Roi de la Nuit. Cette conviction venait des récits que Thoros avait tenu chaque soir sur un Prince qui serait un élu. Certes Béric ne descendait d’aucun roi malgré cela il était persuadé de ne pas se tromper puisque deux jours auparavant il avait eu une conversation avec un garçon à Winterfell. Un gars corpulent qui ne ressemblait pas à un frère de la Garde de Nuit quand bien même il jurait l’être. Le jeune homme avait expliqué travailler sur comment venir à bout de leur adversaire et à force de le faire parler il avait fini par lâcher qu’il existait un être élu, un héros légendaire, qui avec son épée de feu avait triomphé des morts et de leur leader.

Ce héros était censé s’être réincarné aujourd’hui bien que ce Sam ne pouvait dire de qui il était question. Béric pensait connaître la réponse. Si R’hllor l’avait sans cesse ressusciter par l’intermédiaire de Thoros c’est parce qu’il était cet être exceptionnel. Béric en était même venu à croire que Thoros l’avait deviné depuis longtemps et que c’était pour cette raison qu’il lui avait montré comment user de la magie du sang afin d’enflammer la lame d’une épée.



Quoiqu’il en était, l’heure n’était plus à tergiverser derrière les imposantes murailles de Winterfell où les Nordiens et les pro-Targaryen se préparaient pour la bataille à venir. Non Béric avait décidé qu’il devait passé à l’action plutôt que de continuer à participer à ces séances de palabres qui ne l’intéressaient aucunement.

Pour accomplir ce qu’il avait prévu, Béric Dondarrion pouvait compter sur la présence des membres de la Fraternité Sans Bannière. Ce n’était en tout que trente hommes ce qui était loin du nombre que cette communauté avait connu à son apogée et alors que tous ensembles ils œuvraient entre le Conflans et le Nord afin d’apporter leur aide aux peuples qui souffraient pendant que les prétendants au Trône de Fer guerroyaient pour un jour pouvoir s’asseoir sur ce siège inconfortable.

De ceux qui se tenaient actuellement en sa présence, seul Anguy était là depuis le début. L’archer possédait toujours une précision sans égale et malgré tout ce qu’ils avaient traversé Béric et lui, Anguy aimait pousser la chansonnette à la nuit tombée. Béric était toujours aussi impressionné qu’un jeunot comme lui possède un tel répertoire.



« Mes hommes, débuta Béric en toisant tour à tour les visages tournés dans sa direction. L’heure est venue pour nous de nous porter à l’encontre de nos ennemis. »



Il ne fut pas plus surpris que cela de voir de la peur dans les yeux de ses compagnons d’armes. Lui-même n’éprouvait aucune crainte, son destin l’attendait et au moins s’il venait à succomber ni Thoros, ni R’hllor ne pourraient le faire revenir d’entre les morts.



« Sauf le Roi de la Nuit qui fera dès lors de moi un de ces pantins, déclara-t-il pour lui-même. »



Une perspective qui ne l’attirait pas outre mesure et il se promit que ça ne se produirait pas. Qui plus est pourquoi cela devait-il être si vraiment il était celui dont le destin était voué à mettre hors d’état de nuire le Roi de la Nuit et ce de façon permanente.



« Thoros nous a longtemps compté ce qu’il savait sur les morts et leur funeste chef, continua-t-il plus haut. La menace est réelle et tous ceux que nous connaissons deviendrons un de ces spectres si nous décidons de ne pas agir. Voilà longtemps nous avons fait serment de protéger les habitants de ce continent, il est à présent temps pour nous autre de tenir une dernière fois notre parole. »



Béric opina mentalement du chef devant la réaction de ses hommes. Aucun d’eux ne failliraient il en était désormais persuadé.



« Nous sommes bien peu, j’en conviens, face à cette marée qui nous guette. Cependant nous pouvons mettre un terme à cette guerre avant qu’elle ne ravage tout Westeros. Si nous parvenons à défaire le Roi de la Nuit alors ces milliers de spectres se disloqueront aussitôt. Ce ne sera pas facile pour autant que d’atteindre cet adversaire, il nous faut toutefois essayer. Voilà pourquoi nous nous tenons en ce lieu, d’après les rapports qu’on reçu les Stark, c’est par là que devrait arrivée les morts. »



Béric se tut. Il avait beau savoir qu’il n’en serait rien, si malgré tout l’un des siens se décidaient à renoncer et se dérober il ne lui en tiendrait pas rigueur. Personne ne bougea et une nouvelle fois il apprécia leur indéfectible loyauté.



« Thoros affirmait que la nuit est sombre et pleine de terreurs, l’heure n’est pourtant pas à la peur mes amis, aujourd’hui nous marchons fièrement à l’encontre de cette puissance maléfique et dans les siècles qui suivront les gens chanteront les louanges de ceux qui ont vaincu le Roi de la Nuit. »



Quelques vivats se firent entendre suite à quoi le groupe se mit en mouvement, Béric les menant, une main déjà posée sur la garde de son épée. D’ici peu il userait de son sang pour que l’acier se pare de flammes et sa flamberge s’enfoncerait dans la poitrine de son adversaire. Fort de cette certitude il allait sans crainte aucune à la rencontre de son destin.

Dans son dos la silhouette de Winterfell disparut momentanément alors que ses hommes et lui descendaient le versant d’une colline, puis le château reparu lorsqu’ils en gravirent une autre et ainsi de suite à mesure qu’ils arpentaient ce terrain vallonné.

Finalement la Fraternité Sans Bannière remarqua qu’au loin se mouvaient une formidable armée. Les morts avaient décidé de fondre sur Winterfell et rien ni personne ne semblait en mesure de pouvoir les détourner de leur but. Béric tira sa flamberge et s’entailla sa paume gauche mise à nue et la seconde suivante les flammes écarlates dansaient sur l’acier.



« Ils sont plusieurs dizaines de milliers, souligna Anguy qui s’était porté à sa hauteur.

-Et ce n’est pourtant là qu’une portion de toute la puissance du Roi de la Nuit, j’en gagerai, rétorqua Dondarrion.

-Dans ce cas comment pouvons-nous espérer que notre action portera ses fruits ? »



Jamais jusqu’alors Anguy n’avait paru aussi désemparé. Béric s’immobilisa, imité par tous les autres.



« Je sais qu’il était bon le temps où nous n’avions qu’à nous soucier de combattre les lions et les loups. Cependant si nous ne faisons rien aujourd’hui alors il n’y aura plus ni loup ni lion à l’avenir. »



Anguy acquiesça, jamais il ne faillirait à la Fraternité. Cette dernière reprit sa progression, les nombreux pas de ses membres faisant criser la neige immaculée. L’archer qui possédait la vue la plus perçante tendit le doigt en avant.



« J’aperçois la silhouette d’un dragon qui survole les forces en présences.

-Y a-t-il une silhouette qui le monte, s’enquit Béric. »



Il redoutait la réponse car si tel devait être le cas alors cette opération ne rimait à rien puisque le Roi de la Nuit serait dès lors hors de sa portée. Néanmoins il refusait à croire en cette éventualité. Son destin l’attendait, sinon pourquoi R’hllor avait tant tenu à ce qu’il revienne à la vie et encore et encore ?



« Il y en a une, affirma Anguy. »



Ce qui doucha ses espoirs de mettre un terme à cette guerre.



« Qu’allons-nous faire, demanda l’archer. Mes flèches seront inutiles face à un dragon.

-Fuir, suggéra une voix. »



Béric se tourna vers cet interlocuteur qui baissa les yeux tout en rougissant. Béric ne le blâma pas. Il comprenait que l’on redoute de mourir, lui-même avait possédé cette peur pendant très longtemps.



« Il est trop tard pour le faire, souligna Anguy. J’aperçois des soldats s’approchaient de nous. Ils ont le teint pâle et je distingue des épées de glace dans leur dos.

-Des Marcheurs Blancs, les informa Béric. Les lieutenants du Roi de la Nuit. Si nous parvenons à en terrasser plusieurs alors de nombreux spectres seront anéantis dans l’opération. Êtes-vous avec moi mes frères ? »



Les « hourra », lui firent comprendre que c’était le cas. Tous tirèrent l’épée, prêt à pour l’assaut qu’ils allaient bientôt subir. Anguy vérifia que son carquois était plein, c’était avant tout là un geste qu’il répétait souvent dès lors qu’il lui fallait maîtriser la peur qui pourrait l’handicaper.

Les Marcheurs Blancs gagnèrent en netteté à mesure que la distance entre eux et la Fraternité se réduisait. Il y en avait une demi-douzaine et aucun spectre ne paraissait les accompagner. Le Roi de la Nuit avait confiance en ses lieutenants pour se charger des faibles forces qui se présentaient à lui.



« Guide-nous à l’écart des ténèbres, ô Maître de la lumière, débuta Dondarrion en variant légèrement la prière que déclamait Thoros avant chacune de leurs excursions contre les Lannister ou les Stark. Emplis nos cœurs de feu, que nous nous retrouvions à même de fouler ton sentier lumineux. Car la nuit est sombre et pleine de terreurs.

-Car la nuit est sombre et pleine de terreurs, répétèrent en chœur ses compagnons. »



Et tous se mirent à courir à la rencontre des Marcheurs Blancs. Béric allait en tête, oubliant le poids de ses années et éprouvant une force telle qu’il n’en avait plus connu depuis ses jeunes années. Il frappa son premier adversaire qui leva son épée de glace pour parer le coup et Béric écarquilla les yeux de terreur quand sa flamberge vola en éclat.

Ce duel avait été si bref que Béric se sentit soudainement bien stupide face à la tournure des événements. Comment avait-il pu croire un instant à tout ce que lui avait dit Thoros quant à une destinée qui poussait R’hllor à le faire perpétuellement revenir à la vie. En terme de destin il n’en possédait aucun, la réponse lui était maintenant limpide. Jamais il n’avait été celui censé mettre un terme au Roi de la Nuit, il n’avait été qu’un pion que ces puissances surnaturelles s’amusaient à déplacer à leur guise et son rôle était à présent terminé.

Et pendant qu’autour de lui s’écroulaient les membres de la Fraternité Sans Bannière, Béric sentit ses propres chairs se déchirer lorsqu’une lame de glace s’enfonça dans ses entrailles. Et la dernière chose qui traversa sa conscience fut un son lointain. C’était la tonalité d’un cor qui résonna par trois fois et qui signifiait que le glas de l’humanité venait tout juste de commencer.



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