Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 27 : La Reine, la Main et l'Œil-de-Choucas. (Cersei Lannister)

2996 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/02/2019 00:33

CHAPITRE NUMERO VINGT-DEUX : CERSEI LANNISTER.



« Je veux qu’il meure ! »



Les mots étaient lâchés. Oui Cersei souhaitait que Euron y passe et elle espérait que Qyburn lui apporte la solution sur la manière de s’y prendre pour en venir à bout. Seulement cette fichue et incapable Main qu’elle avait nommé pour la conseiller paraissait bien incapable de quoi que ce soit. Comment pouvait-elle dès lors parvenir à quoi que ce soit alors qu’elle était entourée d’incapables ?



« Je vais m’y atteler votre Grâce. Toutefois je tiens à vous avertir qu’Euron est méfiant. Il connaît la teneur de votre inimitié à son égard. Mes oisillons m’ont d’ailleurs averti qu’il a toujours sur lui une fiole. Je soupçonne fortement qu’il s’agit là d’un antidote puissant et qu’il puisse le sauver de la plupart des poisons que je pourrai concocter.

-Alors trouvez-en un qui soit efficace.

-L’ennui est que j’ignore ce qui constitue le liquide qu’Euron garde si précieusement. Sans pouvoir déterminer les ingrédients je ne puis courir le risque d’entreprendre la fabrication d’une mixture qui me permettrait d’obtenir les résultats escomptés.

-En somme vous ne m’êtes d’aucune utilité. Je vais finir par croire que je peux me passer de vos services. »



Elle ressentit un sentiment de plaisir lorsqu’elle décela un éclat de peur dans les yeux de Qyburn lorsque celui-ci jeta subrepticement un coup d’œil en direction de la Montagne.



« Je pourrai toujours envoyer Gregor se charger de résoudre le cas Euron. Je serai dès lors certaine que les choses se passeront comme je le souhaite.

-Comme il plaira à votre Grâce, lui répondit affablement Qyburn qui s’inclina. »



Le fourbe comme s’il ne savait pas qu’elle n’en ferait rien. Jamais elle ne se séparerait du colosse. Pas après ce qu’il s’était passé juste sous son toit. Ses ennemis avaient surgi dans le donjon rouge et ce à quelques mètres de sa personne. Si par malheur sa route avait croisé la leur alors s’en serait terminé d’elle et de son enfant qui devrait un jour régner sur tout le continent.

Alors certes ceux qui avaient investi le Donjon Rouge l’avaient fait au sein des sous-sols et des cachots. Mais tout de même, parvenir jusque-là malgré les nombreux gardes qui surveillaient tous les passages secrets, il y avait de quoi s’inquiéter.

La seule explication venait du fait que Cersei n’avait pas connaissance de tous les tunnels existant. Voilà pourquoi elle avait sommé Qyburn de les détecter et de les combler pour éviter qu’à l’avenir il puisse y avoir une nouvelle incursion de ses adversaires. Ainsi jamais plus on ne pourrait l’approcher par ce biais ce qui lui garantirait un semblant de sécurité.



« C’était sans doute un coup de cette fichue araignée. »



Oui cette intrusion portait la signature de l’eunuque qui devait savoir par cœur le moindre recoin de Port-Réal. Et qui sait combien de ces galeries il avait déjà emprunté et qui échappaient encore aux fouilles des soldats Lannister ?

Toujours est-il que ceux qui avaient eu l’audace de venir jusque ici l’avaient fait dans un unique but. Délivrer cette Yara Greyjoy qu’Euron avait tenu à maintenir en vie pour en faire un appât.

L’hameçon avait bien fonctionné puisque Yara avait reçu des secours. Or ceux-ci n’étaient pas supposés réussir dans leur entreprise et auraient dû y rester par la même occasion. Euron escomptant d’ailleurs là-dessus pour en finir avec son neveu et sa nièce et ne plus avoir quiconque pour contrer son autorité. Le pire était que cet idiot avait failli y rester et avait perdu un œil dans l’affrontement qui l’avait vu opposé à l’homme qu’il qualifiait de couard. Manifestement il avait retrouvé le courage de s’opposer à son parent.

Depuis lors Euron ruminé sa vengeance et Cersei fomentait le meurtre de cet individu qui ne servait à rien et dont l’unique obsession résidait dans le fait qu’il souhaitait accélérer le mariage entre eux. Sauf que Cersei n’en ferait rien. Si l’« Oeil-de-Choucas », comme la reine se plaisait à le surnommer, n’était pas capable de garder un prisonnier ou de se battre contre ces miséreux de Fer-nés sur qui il était censé régner, la mort de Euron n’en devenait que plus importante.

Se débarrasser de l’intéressé lui permettrait de respirer plus aisément et de nettoyer le Donjon Rouge d’un de ceux qui figuraient parmi ses ennemis les plus proches de sa position. Après lui viendrait les autres. Oui l’heure du grand nettoyage avait sonné et Cersei irait jusqu’au bout des choses quitte à vider les lieux de tous ceux qui ne devaient pas veiller à sa protection comme c’était le cas des soldats liés à sa maison.

Toutefois pouvait-elle vraiment se fier à ses fantassins ? Rien n’était moins sûr. Cette fichue Targaryen et ce bâtard qui lui servait de toutou pouvaient très bien payer un des hommes d’armes pour qu’il l’élimine. Non Cersei ne pouvait se permettre de faire confiance en ses hommes. Il ne resterait dès lors que Clegane qui resterait à ses côtés. Les autres ? Et bien qu’ils surveillent donc le Donjon Rouge mais jamais, ô grand jamais ils ne se tiendraient à proximité de sa personne.



Qyburn était toujours présent face à elle. Il ne viendrait pas à l’idée de cet idiot qu’il pouvait disposer de lui-même ou bien était-il si peu intelligent qu’il ne puisse prendre des décisions par lui-même ?



« Que voulez-vous encore ? »



L’étonnement apparut sur le faciès de l’ancien mestre.



« Vous m’avez dit qu’il y avait un autre sujet sur lequel vous escomptiez des éclaircissements.

-Et bien c’est fait. Manifestement je me suis trompé sur vos talents puisque vous ne pouvez m’aider en ce qui concerne Euron.

-Votre Grâce se fourvoie. De ceci nous en avons certes parler. Or il semblerait que vous attendiez autre chose de ma personne. »



L’inconscient osait donc la défier et lui manquer de respect. Jetant un coup d’œil à Gregor elle hésita à l’envoyer raccourcir sa Main d’une bonne tête. Toutefois elle n’en fit rien, la vision du géant lui donnant la réponse quant à ce que Qyburn entendait par autre sujet.



« Le projet avance comme je le souhaite ou bien vous faut-il davantage de temps sachant que je n’en ai pas à vous donner ? »



Qyburn crut bon de feindre un air chagrin qui eut pour don de l’irrité davantage.



« Je suis au regret d’informer votre Grâce que les choses ne prennent pas une tournure favorable. Les cobayes sont tous morts sans que je ne puisse rien changer à cet état de fait.

-Osez donc me dire que ce que vous avez fait à ser Gregor n’était qu’un hasard.

-C’est différent votre Grâce. Clegane était toujours vivant malgré le poison qu’il a reçu de la blessure que lui avait infligé Martell.

-Alors reproduisez cela et créez-moi une armée invincible. »



Une requête qui était on ne peut plus simple. Avec des soldats de la trempe de la Montagne elle n’aurait plus à craindre ses ennemis puisque Gregor était quasiment immortel. Malgré tout Qyburn se refusait là aussi à lui donner satisfaction.



« Puisque de toute évidence la tâche semble insurmontable à vos yeux je crains de devoir me passer définitivement de votre personne. »



Elle hocha la tête et aussitôt Gregor se mit à se mouvoir après être resté tout ce temps immobile dans son dos. Gregor tira sa longue et tranchante épée avant de s’avancer pesamment vers un Qyburn qui n’en menait pas large.



« Votre Grâce, je vous en supplie. Après tout ce que j’ai fait pour vous.

-Et bien avant votre trépas peut-être pourrez-vous me dire en quoi consiste ces fameuses choses que vous auriez effectué pour ma personne.

-Je vous suis loyal et je peux vous informer sur ceux qui complotent sur vous en usant de mes espions.

-Et vous n’êtes pas capable de tuer un de mes ennemis qui se trouve dans Mes murs. »



Sa Main n’eut guère le temps de pouvoir s’exprimer que la porte de sa chambre s’ouvrit à la volée. Il n’y avait qu’une personne au monde qui pouvait avoir l’outrecuidance de se comporter de la sorte et la voix qui s’éleva lui confirma qu’elle ne s’était pas trompée.



« La reine de mon cœur consentirait-elle à quitter ses logements pour m’autoriser une audience ? »



Euron vint se placer face à elle, pétaradant de suffisance et son unique œil luisant d’un éclat narquois tandis que l’autre disparaissait sous un bandeau noir. L’irruption de Greyjoy rendit Cersei furibonde tant et si bien qu’elle en oublia son désir d’exécuter Qyburn. Aussi, et d’un geste impérieux de la main, elle somma la Montagne de revenir à portée afin de la protéger.



« Et bien on n’a pas l’esprit tranquille en présence de ce cher Euron, ironisa ce dernier. Dans ce cas vous n’avez rien à craindre, vous m’êtes bien plus utile vivante. »



Comment… . Osait-il ? Cersei manqua de s’étouffer devant le culot de son vis-à-vis. Si ses paroles ne témoignaient pas d’une menace alors elle était aussi sotte que Ned Stark qui avait cru qu’il ne payerait pas le prix de sa trahison.

Euron la toisait toujours, peu soucieux de la Montagne qu’il ne paraissait pas redouter. Cersei revit alors la scène où Gregor écrasa les yeux d’Oberyn avant de lui exploser le crâne. Sauf que cette fois c’était Euron qui jouait le rôle du vaincu. Ravalant le sourire qui menaçait de dévoiler le fond de ses pensées, elle jaugea longuement son prétendant.



« Et en quoi une audience avec votre personne pourrait s’avérer nécessaire ? A moins que vous n’êtes venu m’avertir que vous êtes parvenu à reprendre votre prisonnière ainsi que son castrat de frère.

-Oh je les aurai tôt ou tard, je peux le garantir. En fuyant vers le Nord ils foncent droit vers les morts. Ils ne pourront donc y rester et se verront contraints de rebrousser chemin s’ils souhaitent leur échapper. Aussi serai-je fin prêt à les recevoir. »



Il sourit de sa tirade, dévoilant des dents incroyablement blanche ce qui était surprenant de la part d’un barbare comme l’étaient tous les Fer-nés.



« Et avec quelle flotte comptez-vous vous y prendre ? Dois-je vous rappeler que plus de la moitié de vos hommes vous ont trahi pour se tourner vers cette chienne qui brigue elle aussi le titre de reine ? »



L’irritation venait de gagner Euron face aux rappels de ce cuisant revers de la part de ceux qui l’avaient pourtant choisi pour le diriger. Il ne lui restait que les plus fidèles et qui l’avaient accompagné lors de ses voyages aux travers de toutes les mers du monde ou bien ceux qui continuaient de voir en lui l’homme qui les conduirait vers la gloire éternelle.



« Je suis un Fer-né, clama Euron d’une voix doucereusement calme. Et avec les navires que je possède toujours je suis à même de couler par le fond n’importe quelle armada qui osera se mettre au travers de mon chemin.

-Vous aimez fanfaronner Greyjoy, mais je ne vois pas l’ombre d’une victoire. Vous possédez trop peu d’hommes pour vous permettre d’accomplir ce que vous prétendez.

-Il y a la Compagnie Dorée. Avec ces mercenaires je pourrai renverser des montagnes. »



L’œil narquois et respirant la confiance il fixa Gregor pendant une demie-douzaine de secondes. Juste assez pour permettre à Cersei de ruminer ses sombres pensées.



« La Compagnie m’appartient. Elle a été payée par l’or que je possède.

-L’or des Tyrell vous voulez dire reine de mon cœur et non le vôtre.

-Les Tyrell ont été vaincus par les armées Lannister et non Greyjoy. L’or nous est donc revenu de droit et je l’ai usé à bon escient. Comprenez bien que ces hommes me sont fidèles et n’obéiront qu’à moi. »



Elle n’en croyez certes pas le moindre mot. Qui de nos jours pouvait ouvertement se fier à des épées louées ? Seulement les idiots. Néanmoins il valait mieux qu’elle fasse preuve de conviction en ce qui concernait les reîtres qui constituaient cette puissante force composée de milliers d’individus d’origines diverses.



« Jusqu’à ce que quelqu’un leur fasse miroiter des sommes bien plus grandes que les vôtres, rétorqua Euron d’un ton calme. Ou alors que ceux-ci soient déjà liés à d’autres par autre chose que de l’argent. »



Cette dernière affirmation ne lui disait rien qui vaille. Que voulez entendre Euron en affirmant que les membres de la Compagnie puissent être liés autrement que par l’or dont ils étaient si friand ? Elle se refusait de le croire.



« Je les ai payé et nul à Westeros n’a les moyens de leur verser une offre supérieure.

-J’en conviens, répondit Euron. Il s’avère cependant que je connais très bien leur commandant avec qui j’ai partagé plus que le pain et le sel. Un vœu fut prononcé entre lui et moi. Un vœu de loyauté qu’il ne serait remettre en question même pour vos beaux yeux. Alors certes ils vous obéissent puisque vous les avez loué. Il n’en demeure pas moins que si jamais il devait m’arriver quelque chose pendant que je me tiens à proximité de vous alors la Compagnie romprait le contrat pour se tourner vers de nouveaux acquéreur et mes avis que vous préférez les savoir ici plutôt qu’au Nord et sous l’égide de cette fameuse femme que vous haïssez tant. »



Quand Cersei affirmait que les traîtres étaient partout. Ah que ne balancerait-elle pas cela à tous ceux qui devaient parler de sa folie paranoïaque.



« Je les ai payé, s’entêta-t-elle cependant. La Compagnie Dorée est liée à mon autorité.

-Dans ce cas donnez-leur des ordres. Après tout depuis que vous les avez fait débarquer ils ne vous ont guère étaient d’une grande utilité. Quant à moi je serai déjà quoi faire d’eux.

-Comme quoi ? »



Euron la toisa tout en souriant de sa façon moqueuse. Il avait une idée derrière la tête et Cersei était prête à lui accorder une partie des mercenaires si ça permettait d’éloigner son ennemi. Après tout elle pouvait bien faire se sacrifice puisque si on en jugeait par les rumeurs qui étaient parvenues jusqu’à la capitale, les morts avaient franchi le Mur et s’apprêtaient à fondre sur les Stark et la Targaryen qui seraient dès lors trop occupés à les combattre pour se soucier de Cersei. Et comme l’intéressée n’avait daigné leur apporter le concours de ses propres forces militaires, ceux du Nord et l’autre blonde tomberaient à coup sûr.

Avec un sourire mental qui laissa dévoiler toute la perversité qu’une telle perspective provoquait en elle, Cersei écouta ce qu’Euron lui déclara.



« Vos adversaires ont tous le regard tourné vers ces cadavres ambulant. L’occasion nous est donné de leur porter un coup au moral. Peyredragon n’est sûrement pas gardé par une garnison conséquente. Je peux en prendre le contrôle et empêcher qu’ils puissent s’y replier si jamais ils décident de détaler loin des combats. »



Une idée qui fit plaisir à Cersei bien qu’Euron risquait de s’imputer ce succès. Lui qui était avide de pouvoir et de gloire en tirerait les profits. Qu’importe, au moins le temps de le voir revenir à Port-Réal elle aurait trouvé un moyen de se débarrasser de cet individu ô combien envahissant.



« Lorsque je reviendrai, débuta celui-ci comme s’il venait de lire ses pensées, notre mariage sera officialisée. Et il se sera si vous tenez à garder la Compagnie Dorée ici. Auquel cas, reine de mon cœur, je me verrai contraint de devenir plus méchant que maintenant.

-Inutile de jouer les faux semblants Greyjoy, rétorqua-t-elle d’un ton acerbe. Vous et moi savons pertinemment que l’unique chose qui vous intéresse est de vous octroyer la couronne.

-Certes, fit l’autre de son sourire torve. Toutefois tout bon roi se doit d’avoir un jour un héritier. Celui que vous portez est censé diriger un jour Westeros. Mais méfiez-vous que je ne me décide à vous l’arracher de vos tripes avant de vous donner ma propre semence. »



Ensuite de quoi il quitta les lieux suivi d’un Qyburn qui s’en fut d’une démarche tout aussi rapide et dont Cersei avait complètement oublié le sort qu’elle lui réservait. Toute entièrement concentré sur ce qu’il venait de se passer, elle eut la désagréable sensation que la situation avait échappé à son contrôle et qu’Euron venait de prendre l’ascendant sur elle.



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