Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 14 : Le 999e et dernier Lord Commandant. (Eddison Tallett)

3945 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/03/2020 02:28

CHAPITRE NUMERO DOUZE : EDDISON TALLETT « La Douleur ».


   Edd n’avait jamais été le genre d’homme à se croire bénit des Dieux qu’ils furent Anciens ou Nouveaux. Septième enfant de la famille Tallett ce qu’avait déclaré la Septa de son village en ce qui le concernait ne s’était jamais confirmé. Cette dernière avait prétendu, à grands cris, que les Dieux s’étaient penchés sur son berceau, lui le septième-né. Edd n’y avait jamais cru, ayant réalisé très tôt qu’une telle position dans la famille lui interdisait d’espérer un avenir meilleur pour lui-même. En effet comment aurait-il pu prétendre à devenir chevalier comme avait cherché à l’être l’aîné. Ou encore mestre comme l’était devenu le cadet. Pour sa part il savait à peine lire, quant à savoir comment écrire cela dépassait de loin ses compétences actuelles. Si vraiment les Dieux avaient eu des projets de grandeurs ils s’étaient bien gardés de lui en faire part.

   Conscient que son destin n’était pas de faire partie de l’Histoire de Westeros et qu’à l’instar des trois marmots que sa mère avait pondu avant lui rien ne l’attendait en restant dans le Val, il s’en était venu jusqu’au Mur et avait dès lors rejoint la Garde de Nuit. Toutefois une fois dans cet ordre séculaire, qu’aurait-il pu espérer ? S’élever dans la hiérarchie ? Jamais. Pas quelqu’un comme lui. C’était déjà beau qu’on l’ait choisi comme patrouilleur alors davantage… . Et Edd s’était satisfait de son sort, se disant que pour un type de son acabit et septième enfant d’une branche pauvre de la famille Tallett il s’en sortait foutrement bien. Or il paraissait que les sept déités que sa mère avait tant vénérées avant qu’une forte fièvre l’emporte en quelques jours aient subitement décidé de lui jouer un tour à leur façon.

   Car v’là-t’y pas que lui le dernier-né de la fratrie était désormais le Lord Commandant de la Garde de Nuit ? Une bien vilaine plaisanterie qu’on lui avait asséné là. Oui bien vilaine. Et le 999ème de tous les Lords qui s’étaient succédé depuis, et bien depuis foutrement longtemps, ça oui y avait pas à dire.

   Et c’était pas ça le plus drôle, pas vrai ? Non c’était de savoir qu’avec sa putain de veine qui lui collait à la peau il allait être le dernier des Commandants. Après lui, finit, il n’y en aurait jamais plus. Et est-ce que les histoires évoquaient les 999ème ? Jamais. Ça il le savait sans avoir besoin de zieuter n’importe quel fichu bouquin dont Sam l’égorgeur raffolait tant.

   C’était à se demander si Jon lui-même n’avait pas participé à tout ce cirque. Bon probablement pas, Jon était assez frigide sur ce genre de fanfaronnades.

   Mais par les Dieux, si quelqu’un devait véritablement rédiger la manière dont la Garde de Nuit avait disparu tout ce qu’on retiendrait c’est que le responsable de cette débâcle c’était lui qui en serait à l’origine et que le Mur avait été perdu par sa faute. Non jamais on ne blâmerait Jon, pas plus que l’ancien Commandant Jeor Mormont. Pas plus que ceux qui les avaient précédés. Ce serait uniquement Edd-la-Douleur qu’aura été le putain de 999ème Lord Commandant.


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   Car les morts s’en venaient à présent droit vers Château Noir. Le sauvageon Tormund lui avait rapporté les événements survenus du côté de Fort-Levant. Le type avec le bandeau sur l’œil s’était empressé de tout lui confirmer. Et maintenant c’était évident que Château Noir allait subir le même sort.

   Edd avait fait envoyer tous les corbeaux de la volière tout en s’étant fait la réflexion que si véritablement les Dieux l’avaient bénit à sa naissance alors ceux-ci auraient dû lui donnaient une jolie paire d’ailes dont il aurait fait usage pour voler loin de ce merdier et vers des contrées plus chaudes.

   Quoiqu’il en fût, trois jours s’étaient écoulés depuis lors. Est-ce que les nouvelles étaient parvenues jusqu’aux destinataires de ces missives, en particulier celles pour Winterfell ? Edd n’en savait fichtrement rien et il était plus que probable qu’il n’ait jamais de réponse à cette question. Et puis ça aurait changé quoi ? Qui irait envoyer des renforts à la Garde alors qu’ils auraient besoin de tous les hommes nécessaires pour protéger leurs propres sujets. Et lorsque l’heure de la fin aura sonné pour la Garde de Nuit, les Dieux se riront de lui pour avoir été celui qui perdit le Mur.

   Dans tous les cas, Tormund et l’autre gars n’étaient pas restés ici. Sitôt qu’ils eurent communiqué tout ce qu’ils savaient et bénéficiaient d’une nuit de repos, ils avaient mit les bouts, reprenant la route, désireux qu’ils étaient d’atteindre Winterfell avant que la tempête ne s’y abatte. Si Edd s’était écouté en les toisant disparaître à l’horizon, il se serait précipité à leur suite pour les accompagner et tant pis si tout ce qu’on retenait de lui serait qu’il était un déserteur.

   Edd ne l’avait pas fait et aujourd’hui il en était là, attendre que les morts surgissent en vue de tous les éliminer. Quant à ses frères de la Garde ils avaient tous refusé de l’abandonner, tout du moins ceux de Château Noir. Que feraient ceux de Tour Ombreuse ? Il s’en fichait en fait mais si ceux-ci étaient intelligents ils mettraient à profit le temps qu’ils avaient pour déguerpir.

   Edd se gratta le menton, tout en toisant les flammes qui brûlaient dans la cheminée. Il maudissait silencieusement ses frères demeuraient là. N’avaient-ils pas comprit qu’avec Edd la déveine ils n’avaient pas la moindre chance d’escompter repousser leurs ennemis ?

   Ils étaient combien au juste ? Même pas soixante et moins de la moitié d’entre eux pouvaient prétendre savoir comment se servir d’une épée ni par quel bout ça se tenait. Il y avait également des sauvageons, encore moins nombreux. Des tensions existaient toujours entre les deux factions mais seul l’imminence d’un assaut permettait que la Garde et ce peuple se tolèrent.

   Dans tous les cas lorsque tous auraient crevé dans la neige ils finiraient par se relever et rejoindre les milliers de spectres que formait l’armée du Roi de la Nuit. Après ça se serait au tour de Westeros de connaître le même sort.


« Y a quand même vachement pire comme destin qu’être un de ces putains de cadavres. »


   Et au moins, une fois qu’il aurait lui-même les yeux bleus, il n’aurait plus jamais à se préoccuper de quoi que ce soit.


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   La porte s’ouvrit à la volée sur un jeune sauvageon dont il ne retenait jamais le nom mais dont, pour une raison ou une autre, il avait décidé d’en faire son aide de camp.

   Ses yeux luisirent alors de malice lorsqu’une subite idée lui traversa l’esprit. Il pourrait éventuellement nommer Lord Commandant ce gosse de douze ans. Il serait dès lors le 1000ème Commandant et l’Histoire retiendrait dès lors que c’était le sauvageon qui avait perdu le Mur et non Edd.

   Une perspective si attrayante qu’il manqua d’un rien de la mettre à exécution. Il s’en abstint toutefois et se retrouva à nouveau seul. Et franchement qui donc à Westeros aurait pu savoir qu’un millième Commandant avait été choisi à la tête de la Garde, à son avis on ignorait tout autant qui était le 999ème.

   Edd poussa un soupir avant déchiqueter le pain qu’on venait de lui apporter puis d’en extraire la mie qu’il mit à tremper dans son potage. A vrai dire c’était plus de l’eau chaude à laquelle on avait ajouté des épluchures de légumes. Comme ultime repas y avait quand même mieux.

   Son dîner fort frugal ne lui disant rien il repoussa l’écuelle et toisa une fois de plus les flammes qui dansaient dans la cheminée. Edd avait conscience qu’il ne pouvait pas rester indéfiniment cloîtré dans la Tour de la Commanderie. Avec sa veine le bâtiment serait susceptible de s’effondrer avant d’avoir pu affronter le moindre spectre. Edd se leva donc de son siège et décida d’affronter le froid qui régnait alors.


« Ils pouvaient pas attaquer l’été ces fichus spectres ? »


   Nul ne lui répondit. Si les Dieux pouvaient au moins lui montrer une quelconque issue à tout ce traquenard il en serait bien heureux. Bon cette fois il n’y en aurait pas. Pourquoi y en aurait-il d’ailleurs ? Sa chance et lui ça faisaient deux.


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   Ses frères se tenaient déjà dans la cour, se réchauffant au mieux en se frottant les bras ou encore en faisant les cent pas. Les sauvageons se maintenaient à l’écart. Edd en regretta presque que Jon ait permit à ceux-ci de franchir le Mur car il le sentait si cela le permettrait de s’en sortir, les sauvageons n’hésiteraient pas à les poignarder dans le dos. Alors certes ils avaient accepté de le suivre pour venger Jon après que l’intéressé avait été assassiné par Alister Thorne, toutefois Edd n’oubliait pas la mort de ses amis Grenn et Pyp.

   Quoiqu’il en fût, le constat s’imposa une fois de plus à lui. Quelque fut le camp auxquels appartenaient les hommes présents, ils étaient peu, trop peu face à la marée qui allait se déverser d’un instant à l’autre. Ah qu’il était loin le temps où la Garde de Nuit était à son apogée, où les hommes qui la constituaient étaient de preux chevaliers qui trouvaient honorant d’appartenir à cette fratrie. Ici on ne trouvait désormais plus que des violeurs, des voleurs et des assassins. Et de vrais soldats ? Il n’y en avait pas le moindre.


« Voilà ce qu’il me reste, des vieillards et des marmots, pensa-t-il sombrement. Et qu’est-ce que je vais faire avec ça moi ? »


   Dans le fond il s’en contrefichait. La fin était actée depuis le moment où Tormund lui avait révélé que les morts pouvaient dès à présent fondre sur Westeros sans que rien ne les y empêche.

   Depuis sa balustrade, Edd toisa les personnes présentes. Il leva la main droite pour qu’on le remarque et quand l’attention fut entièrement focalisée sur sa personne il se sentit idiot puisqu’il n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir leur dire.


« Bon les gars, commença-t-il, on va leur botter les fesses à ces fichus spectres. On va leur montrer qui c’est qu’on est dans la Garde. »


   Même à ses oreilles de tels propos sonnaient creux. Il y eu toutefois quelques murmures approbateurs suite à ce discours plus que pitoyables. Au moins Jon aurait trouvé quoi leur déclarer pour leur insuffler du courage. Mormont aussi pour leur donner la volonté de se battre coûte que coûte. Même Sam aurait su dénicher un discours fédérateur dans l’un de ses fichus grimoires. Mais pas lui. Edd n’était pas un orateur pas plus qu’il ne se considérait comme un meneur d’hommes. Oui il pouvait donner des directives comme lorsqu’ils avaient échappé au massacre au Poing des Premiers Hommes mais Mormont était présent et il n’avait pas eu besoin de beaucoup pour que ses frères rechignent à accepter qu’il leur dise quoi faire puisque c’était similaire aux propos du Commandant.

   Sauf qu’aujourd’hui les siens attendaient quelque chose de lui et aboyer des consignes ne suffirait pas, Edd en avait bien conscience. Mais quoi dire lorsqu’il était évident que ça ne changerait rien quant à ce qui les attendait tous ? Edd l’ignorait. Et merde ce n’était pas si simple de discourir.

   Il n’en eut cependant pas besoin puisqu’au-dessus de la Tour de la Garde se fit entendre le son d’un cor. Celui-ci retentit non pas une fois, non pas deux fois mais trois. Trois lugubres sonneries qui lui rappela de mauvais souvenirs, longtemps auparavant alors qu’il ramassait des crottes gelées en compagnie de Grenn et de Sam.

   Tous continuaient de le toiser. Pourquoi fallait-il que Jon soit parti, le laissant dans cette situation inextricable. Pourquoi même avait-il décidé de rejoindre la Garde de Nuit. Il aurait été bien mieux dans le Val à s’occuper des champs comme ses frères l’avaient fait toutes ces années durant et encore aujourd’hui si ceux-ci étaient toujours en vie. Sauf qu’avec sa chance Edd était convaincu que lui-même se serait déjà foulé une cheville ou fini empalé sur la corne d’un buffle.

   Voyant qu’il n’allait pouvoir déroger au discours, Edd soupira de résignation et fit une moue avant de s’élancer. Ce n’était certes pas ce que l’on escomptait de lui, pourtant les mots prononcés auraient un écho familier pour tous ceux présents ici, des mots apprit longtemps auparavant et dont il ne les avait jamais oublié depuis lors.


« La nuit se regroupe, et voici que débute ma garde. Jusqu’à ma mort, je la monterai. »


   Le ton était si mécanique qu’il n’était pas certain de produire le moindre effet sur l’assemblée présente. Malgré tout ce fut avec gratitude qu’il perçut les voix de ses condisciples reprendre en chœur ce qui eu pour effet de lui donner la force de poursuivre.


« Je ne prendrai femme, ne tiendrai terre, n'engendrerai. Je ne porterai de couronne, n'acquerrai de gloire. Je vivrai et mourrai à mon poste. Je suis l'épée dans les ténèbres. Je suis le veilleur au rempart. Je suis le feu qui flambe contre le froid, la lumière qui rallume l'aube, le cor qui secoue les dormeurs, le bouclier protecteur des royaumes humains. Je voue mon existence et mon honneur à la Garde de Nuit, je les lui voue pour cette nuit-ci comme pour toutes les nuits à venir. »


   Le timbre était allé croissant à mesure que les mots déferlaient. A la fin ce fut d’une voix carrément tonitruante que les vœux retentirent dans la cour de Château Noir et Edd jura que le Mur lui-même s’ébranler en vue de témoigner que lui aussi allait combattre à leur côté.

   Puis une fois que tout fut terminée, Edd constata que les siens avaient tous tiré l’épée, les sauvageons y compris, et l’agitaient à présent tout en faisant résonner des cris d’encouragement. Edd s’empressa de les imiter. Malheureusement cette communion fut refroidie lorsqu’une fois de plus le cor résonna par trois fois.


« J’aurai dû être le souffleur, se désola Edd. J’aurai été le dernier à être tué. »


   Sauf que c’était désormais trop tard pour remédier à ce fait. Au lieu de quoi il se contenta de rejoindre ses hommes au sein de la cour.


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   Cinq minutes s’étaient écoulés depuis le triple avertissement sonore mais pour Edd il paraissait s’être passé qu’une poignée de secondes lorsque la porte qui donnait accès à la Route Royale s’ébranla. Les morts se pressaient derrière celle-ci et les coups de boutoirs que les spectres produisaient menaçaient à chaque instant de rompre les montants en bois de chêne.

   Edd se remémora ce qu’il avait vécu à Durelieu où il s’en était fallu d’un cheveu pour qu’il ne parvienne à se sortir de ce fichu guêpier. Sauf qu’aujourd’hui il n’aurait pas le loisir d’accomplir pareil exploit. Et moins de trente secondes plus tard, la porte cédait et presque aussitôt des centaines de morts s’empressèrent de pénétrer l’enceinte de Château Noir. Le combat ne tarda pas à débuter dans les cris poussaient par les vivants.

   Edd pourfendit plusieurs spectres qui fonçaient droit sur lui. Son épée restait une arme efficace pour découper ces cadavres en deux sauf qu’à la vérité ça ne parvenait pas à les décimer comme l’aurait fait la propre arme de Jon. Ainsi les paires de jambes s’agitaient toujours au sol tandis que le haut se traînait difficilement pour se rapprocher des différents frères de la Garde ou bien des sauvageons.

   Sans acier valyrien ou même du verre-dragon à leur disposition les hommes ne pouvaient escompter faire une quelconque différence face à l’ampleur des forces déployées contre eux.

   En effet l’ennemi était absolument partout et combattait avec une telle violence qu’ils paraissaient vouloir faire un massacre sans se soucier de savoir si ceux qui vivaient deviendraient à leur tour un des leurs. Edd ne sut pas pourquoi mais il s’imagina que les morts qui mettaient le plus d’acharnement à en découdre devaient être d’anciens sauvageons. Il en pourfendit donc trois avant que la pointe de son épée ne finisse par se bloquer dans les côtes d’un quatrième qui dans un mouvement brusque la lui arracha des mains.

   C’était bien sa veine de se retrouver dépourvu d’arme à un tel moment. Edd se voyait déjà périr en se battant à mains nues. Oh oui si l’histoire devait se poursuivre et évoquer les faits et gestes du 999ème Lord Commandant alors on saurait quoi dire sur son compte. Il avait non seulement perdu le Mur mais surtout il ne s’était probablement pas défendu puisqu’on trouverait son cadavre sans qu’il ne tienne la moindre rapière à la main.

   Ce fut là qu’il se remémora qu’il n’avait finalement pas à s’en soucier plus que ça puisqu’il deviendrait un de ces spectres aux yeux bleus. Au moins l’unique « joie » qu’il en tira fut de se dire qu’il ne risquait pas de faire beaucoup de mal aux vivants s’il devait affronter ces derniers avec ses seuls poings.

   Jetant un coup d’œil alentour, Edd nota que ses frères étaient quasiment tous morts, le sonneur du cor étant toujours juché à son poste sans que nul ne paraisse s’intéresser à sa personne. Parmi ceux toujours debout dans le camp des vivants, il y avait également les deux jumeaux. Nul ici ne connaissait leurs noms bien qu’on ait depuis longtemps décidé de les nommer les Frey. Cette paire était redoutable et à n’en pas douter s’ils avaient eu du verre-dragon entre les mains le binôme aurait fait des ravages dans les ranges des troupes du Roi de la Nuit.

   Pour sa part Edd aurait bien apprécié que Jon se tienne à ses côtés comme cela aurait dû être le cas si celui-ci n’avait pas quitté la Garde. Grenn aurait aussi pu faire le parfait équipier. Sauf qu’avec sa chance qui le poursuivait depuis son enfance, Edd savait qu’il aurait eu Sam pour le suppléer. Sam l’égorgeur comme il avait été appelé un temps durant après avoir terrassé un des Marcheurs Blancs. Sam le déserteur comme Edd préférait désormais l’appeler non sans animosité puisque celui-ci n’était toujours pas reparu depuis que Jon avait décidé de l’envoyer à Villevieille pour faire de lui le nouveau mestre de Château Noir après que mestre Aemon ait succombé à son grand âge. Au moins Sam avait-il été assez malin de sauter sur l’occasion pour échapper au massacre actuel.

   La bataille n’en continuait pas moins de se poursuivre. Certes seules quelques minutes avaient dû s’écouler depuis lors mais Edd n’avait pas la sensation qu’un laps de temps si court avait passé depuis les premiers chocs entre les vivants et les morts. Lui-même avait commencé à reculer, tenant à présent un cimeterre dont il ne savait comment il était parvenu à le dénicher. Certes la lame était rouillée et n’était pas plus utile que toutes les autres. Néanmoins elle repoussait sa fin inéluctable et Edd continua de ferrailler au mieux.

   Malgré tout, et beaucoup trop tôt, il tomberait sous les coups de butoirs de ses adversaires avant de se relever les yeux aussi bleus que ceux-ci. En quelque sorte il serait toujours là et se promit qu’il retournerait jusqu’à chez lui pour hanter la Septa qui lui avait promit un si bel avenir sous l’aval des Dieux qui s’étaient bercés sur son berceau.

   Seulement voilà le sort paraissait en avoir décidé autrement et dans une résignation forte désabusée il nota qu’une grande ombre noire fondait droit sur lui. Il lui fallu un certain temps avant de réaliser qu’il s’agissait d’un gigantesque dragon. Il n’en avait jamais vu jusqu’à présent et la description que lui en avait faite Tormund était loin de la vérité quant à l’horreur que l’on puisse ressentir une fois qu’on l’avait en face de soi.

   Edd eut tout de même le temps d’avoir une ultime pensée. Lui ne deviendrait pas un de ces spectres, non lui n’aurait pas le droit à un tel destin. Que ce fut la chance ou la malchance il décida que peu importait sa vie se terminait là et lorsque les flammes bleues du dragon fondirent sur lui il ne ressentit aucune douleur puisque tout ne fut plus que néant.







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