Sans perdre de temps

Chapitre 10 : Janus

3287 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/07/2020 16:34

En descendant la rue du Jitters, on arrivait vite sur les rives du Missouri. Il faisait figure de ruisseau par rapport à l'impressionnante baie de Seattle, mais la promenade restait agréable. Des grappes d'autochtones autant que de touristes se baladaient dans la fraîcheur du soir qui tombait. Les uns profitaient du seul moment de la journée où l'on pouvait flâner sans avoir l'impression de se liquéfier, d'autres s'arrêtaient de temps à autre pour prendre des photos.


Barry n'avait pas hésité une seule seconde à suivre Liv loin de ses amis. Par excès de confiance dans ses pouvoirs, parce qu'il avait senti que Liv pouvait lui en apprendre beaucoup sur ce qui était arrivé à Leonard Snart, ou pour une toute autre raison, elle n'en savait rien. Le résultat restait le même : elle avait l'occasion d'être seule avec lui.


Ils s'étaient accoudés à une rambarde, face à la rivière. Liv n'avait pas encore décidé par quel angle attaquer le problème. Durant la journée, pas une seconde elle ne s'était arrêtée pour prendre le temps de réfléchir. Apprendre que Joe West n'était autre que le père adoptif de Barry avait chamboulé ses plans. Elle s'imaginait un homme seul, qu'elle aurait pu approcher dès qu'elle l'aurait trouvé. À la place, elle découvrait une ribambelle d'amis, collègues, une famille présente qui semblait lui vouer un culte. Savait-il seulement quelle était son identité secrète ? Elle n'en doutait pas en ce qui concernait Cisco et Caitlin, mais Joe, c'était une autre histoire. Il avait parlé de lui comme d'un simple technicien, et bien qu'elle n'exclue pas le fait qu'il mente pour le protéger, elle ne pouvait jurer de rien.


Ils restèrent silencieux pendant un moment. De temps à autre, Barry jetait un coup d'œil en direction de Liv, curieux, mais sans jamais prononcer un mot. Elle l'avait vu à de nombreuses reprises par le biais de ses visions, mais à présent qu'il se tenait à côté d'elle, elle comprenait comment Snart avait pu tomber sous son charme. Il était adorable. Une beauté qui ne se trouvait pas seulement dans son visage fin qui semblait avait été sculpté par Pygmalion lui-même, dans ses grands yeux de chaton effrayé ou dans la musculature discrète mais bien présente qu'elle devinait sous ses vêtements. Il portait dans chacun de ses gestes, dans la moindre de ses manières, une délicatesse et une douceur qui trouvaient, elle le savait, une résonance dans son caractère.


— Vous n'êtes pas une simple touriste, n'est-ce pas ?


Perspicace, en plus de ça. Il avait tout pour plaire, on dirait. Elle haussa les épaules.


— Bien sûr que non.

— Pourquoi vous êtes venue, alors ?


Elle se tourna vers lui, toujours accoudée à la rambarde, et lui adressa un sourire amusé, qu'elle espérait reconnaissable.


— Et si on se tutoyait, plutôt ? Toi et moi, on se connaît beaucoup plus que ce que tu imagines.


Il leva un sourcil perplexe, mais ne demanda pas ce qu'elle voulait dire par là. Il attendait sans doute qu'elle réponde à sa question.


— Je suis venue pour te voir, Barry Allen.

— Pourquoi ?


Elle remarqua immédiatement qu'il faisait tout son possible pour sembler serein. Pourtant, sa main était serrée sur la barrière et sa mâchoire se contractait d'une tension subtile mais bien présente. Il se méfiait d'elle, ce qu'elle trouvait tout naturel. Elle débarquait dans sa vie sans prévenir et pas forcément au meilleur moment. Bien sûr, elle n'avait pas l'intention de s'éterniser. Dès qu'elle lui aurait remis la clé, elle retournerait à Seattle et continuerait à chercher le coupable comme elle le faisait en temps normal.


— Je dois te remettre quelque chose de la part de Leonard Snart.


Cette fois-ci, plus la moindre trace de calme sur son visage. Il se tourna vers elle et la dévisagea, comme pour chercher dans ses traits un quelconque indice de sa sincérité.


— Tu le connaissais ?

— Depuis peu.

— Il ne m'a jamais parlé de toi.

— C'est normal. Mais moi, je sais énormément de choses sur toi.


De nouveau, il lui lança un regard suspicieux, la panique naissante bien visible dans ses yeux. C'était à se demander comment il pouvait garder son identité secrète, s'il réagissait ainsi à chaque sous-entendu. Liv espéra au moins qu'elle réagissait mieux quand on évoquait les zombies.


— Oui, même ça, répondit-elle à sa question tacite.


Barry ricana.


— Alors c'était toi ? Moi qui pensais que c'était Mick…

— C'était moi ?

— Sa caution. La personne en charge de révéler mon identité au cas où il disparaisse.


Voilà qui était nouveau. Dans aucune de ses visions, elle n'avait vu quoi que ce soit de semblable. Si cette personne existait bel et bien, elle n'avait aucune idée de qui il s'agissait.


— Non, ce n'est pas moi. Tu sais, il ne m'a pas vraiment dit toutes ces choses de son plein gré.


Comme elle l'avait prévu, Barry eut un mouvement de recul. Une nouvelle fois, la méfiance poignait dans son regard et il recula d'un pas, prêt à bondir en cas de danger. Liv, elle, trouvait la situation des plus amusantes. Elle avait pensé lui remettre la clé et s'en aller sans un mot, mais sa curiosité et le divertissement sans bornes qu'elle tirerait à le rendre fou l'en empêchait. Elle avait fait tout ce trajet juste pour le voir, elle pouvait bien s'amuser un peu.


— Tu n'as aucune raison d'avoir peur de moi.

— Ça, j'en doute. Je ne sais même pas qui tu es vraiment.

— Je te l'ai dit, je m'appelle Liv Moore. Oui, c'est mon vrai nom, je ne vous ai pas menti là-dessus.


Allez, c'était le moment de lancer le pavé dans la mare. Dans sa poche, la clé USB lui semblait brûlante.


— Cela dit, tu as raison, je ne suis pas venue pour admirer la beauté de Central City. Je travaille pour la police, en tant qu'assistante du médecin légiste. C'est moi qui ai autopsié le corps de Snart.


Si elle avait voulu être tout à fait exacte, elle aurait précisé que Ravi s'était chargé du plus gros du travail, mais l'important n'était pas là.


— Alors c'est vrai, il est bien mort ?

— Tu ne le savais pas ?

— J'espérais un miracle. Un de ces coups de théâtre dont il a… enfin, dont il avait le secret. J'espérais qu'il revienne au moment où tout le monde le croyait mort, qu'il reviendrait me voir au moins une dernière fois.


Quand sa voix mourut, il plongea son regard dans l'eau trouble de la rivière, sur laquelle scintillait les lampadaires de la rive opposée comme autant de lucioles flottant dans le courant. Liv en fit de même. Il n'était pas encore temps de lui dire qui elle était, elle réservait cela pour les cas d'urgence, si toutes les autres solutions se révélaient inefficaces. Et puis, que dire dans ce genre de situation ? « Coucou, en fait, je suis un zombie, je mange des cerveaux et il se trouve que justement, j'ai dégusté celui de ton amant dans de la soupe de nouilles entre midi et deux » ? Il le prendrait sans doute mal.


Elle attendit un peu avant de relancer la conversation. Il avait besoin de temps pour accuser le coup. Un instant, elle crut qu'il allait se mettre à pleurer, mais il n'en fut rien. Il observait, amer, une feuille glisser à la surface de l'eau. Liv, elle, jetait des coups d'œil par-dessus son épaule. Les deux autres n'allaient pas tarder à les retrouver. Eux non plus ne lui faisait pas confiance, si elle en croyait les regards en coin que lui avaient lancé Cisco et Caitlin et la séance de messes basses qui avait débuté dès qu'elle avait quitté la table.


— Est-ce qu'il a souffert ?


Elle secoua la tête.


— Selon toute probabilité, non. Son cœur s'est arrêté de battre en quelques secondes. Il était mort quand on l'a jeté à l'eau.

— Tant mieux.


Sa voix s'était brisée. Il plongea son visage dans ses mains et soupira. Liv posa une main rassurante sur son épaule.


— Tout est de ma faute. Si seulement je n'avais pas… Si je n'avais pas été aussi lâche…


Sans réfléchir, elle l'attira à lui dans une courte étreinte. Il ne résista pas et se laissa fondre contre elle, sans tenir compte des passants qui leur jetaient des regards curieux.


— Je dois pas te faire une superbe première impression, dit-il avec un faible sourire. Je suis vraiment désolé.


Il fait nuit sur la baie de Seattle. Le vent s'est levé et agite de ridules la surface de l'eau. On se tient serré contre lui. Il ne voit de l'autre qu'une masse de cheveux bruns et un bout d'épaule. Il sait qu'il va mourir, il ne se débat pas.


— Je suis désolé, tellement désolé. J'aimerais pouvoir faire autrement, mais j'ai pas le choix. Tu n'aurais pas dû survivre.


Un craquement, puis la pénombre.


D'un geste, Liv repoussa Barry avant de reculer autant qu'elle pouvait. Revoir la mort d'une victime n'était jamais une partie de plaisir, ces visions lui tordaient l'estomac et la glaçaient jusqu'aux os. C'était encore pire, cette fois. Elle n'avait pas vu le tueur, à part pour un peu de crâne et la rondeur d'une épaule.


Sa voix suffisait.


Reconnaissable entre mille.


Celle de Barry.


Liv peinait à reprendre son souffle. Le bris des os sous la force d'une seule main surpuissante résonnait encore entre ses oreilles, il s'amplifiait à mesure qu'elle le regardait. Non, c'était impossible, elle se trompait, elle faisait erreur, il n'avait pas pu, il était si triste, si dévasté d'apprendre sa mort, pas assez bon comédien pour feindre la douleur qui ceignait son cœur quand il parlait de lui. Il n'avait pas pu le tuer. Impossible. Impensable.


Pourtant, elle était certaine de ce qu'elle avait entendu. Elle ne pouvait confondre cette voix avec une autre.


— Qu'est-ce que tu as fait, Barry ?


Il s'avança vers elle, elle recula encore. La promenade était encore pleine de civils, il ne tenterait rien ici. Il tendit la main vers elle.


— Je comprends pas… Qu'est-ce qui se passe ?

— Fais pas l'innocent. Je t'ai vu, dans le port de Seattle. Tu tuais Leonard Snart.


Il fronça les sourcils mais n'eut pas le temps de répondre. Cisco et Caitlin arrivaient vers eux au pas de course.


— On vous a cherché partout, vous éloignez pas comme ça sans prévenir, haleta Cisco quand il s'arrêta. Barry ? Qu'est-ce qui se passe ?


Adossée à la barrière, Liv ne pouvait plus reculer. Elle avait rarement ressenti une telle peur et pas seulement à cause de sa vision. Il pouvait la tuer en moins d'une seconde, s'il le voulait, et personne ne serait en mesure de l'en empêcher. Elle respira à fond, tenta de se calmer. Tant qu'elle resterait dans un lieu public, à la vue de tous, elle ne craindrait rien.


— Elle a dit qu'elle m'avait vu tuer Snart.

— Je t'ai vu. Là, à l'instant. Tu étais dans le port de Seattle, tu lui as dit que tu étais désolé, puis tu lui as arraché le cœur.


Elle avait détaché chacun de ses mots comme pour s'aider à y croire elle-même. C'était impossible, quelque chose ne collait pas. Pourtant, plus elle essayait de s'en convaincre, plus clairement elle entendait la voix de Barry au creux de son oreille.


— Tu l'as vu, répéta Cisco, là, à l'instant. Est-ce que… est-ce que ça veut dire que… que tu as des visions ?


Sans lui laisser le temps de répondre, il s'avança vers elle et lui tendit la main.


— Dans ce cas, touche n'importe lequel d'entre nous. Tu verras qu'on n'est pas impliqués dans sa mort.

— Ça marche pas comme ça. Je le contrôle pas.

— Alors suis-nous à STAR Labs. On sera mieux pour discuter de tout ça.

— Tu es quoi ?!


Elle avait fini par se laisser convaincre. Dans cette configuration, seul Flash représentait un réel danger, et plus le temps passait, plus elle doutait que ce gamin puisse être une menace pour qui que ce soit. La peur qui la tiraillait n'avait pas tout à fait disparu, mais elle s'estompait de seconde en seconde, à mesure que le souvenir de sa vision s'atténuait. Une autre explication existait, Barry ne pouvait pas avoir tué Snart.


— Je suis un zombie, répéta-t-elle. Je suis morte… ou peu s'en faut.


Finalement, la révélation était arrivée plus tôt que prévu. Cela dit, s'était-elle rassurée, elle avait entre les mains la véritable identité de Flash comme monnaie d'échange. Elle pouvait bien leur confier un secret ou deux.


— Du coup, tu n'as rien contre le fait qu'on t'examine pour vérifier tes dires ? demanda Caitlin. Parce que je dois t'avouer que je trouve ça… très bizarre.

— Bien sûr, faites ce que vous voulez.


Une minute plus tard, Caitlin revenait dans le Cortex avec une trousse de matériel médical. Elle écouta les battements de son cœur et sa respiration au stéthoscope, prit sa tension, tenta sans grands résultats une prise de sang. À chaque nouvel examen, son visage se décomposait un peu plus. Elle ne pouvait que se rendre à l'évidence.


— Presque pas de pouls, une respiration superficielle, et sa tension est presque indétectable. C'est comme si elle était morte.

— Je vous l'avais dit.


Cisco se mit à faire les cent pas dans la pièce, une main plaquée sur la bouche, en proie à une intense réflexion.


— D'accord, tu es un mort-vivant. Enfin, une morte-vivante. Je pensais que les zombies ressembleraient plus à des hordes affamées et décomposées…

— Ils existent aussi. Quand on ne mange pas assez de cerveau, on finit par se dégrader et perdre toute humanité. On appelle ça des Romero.

— J'approuve ce nom.


Pendant le bref instant pendant lequel Cisco se tut, Liv jeta un coup d'œil en direction de Barry. Il ne semblait pas aussi emballé que les autres à la découverte d'un nouveau genre de metahumain et restait en retrait, plongé dans la contemplation de ses chaussures.


— Attends… Attends, attends. Un petit instant. Tu dis « on »… Ça veut dire qu'il y en a beaucoup comme toi ?


Liv se retint de pousser un juron. Elle avait tellement l'habitude de discuter des zombies avec Ravi que les mots étaient sortis tous seuls.


— Seulement trois, d'après ce que je sais. Moi, le zombie qui m'a transformée et une de mes amies de fac, qui est devenue une Romero. Mais elle, elle est déjà morte.


Elle se retint de préciser qu'elle l'avait tuée de sang-froid, sous l'influence d'un cerveau de tueur à gages. Savoir qu'ils avaient sous les yeux un véritable zombie devait être déjà assez effrayant comme cela.


— Et les visions dans tout ça ? intervint Barry.


Aïe, voilà qu'arrivait le moment qu'elle redoutait. Avec un peu de chance, ils n'essayeraient pas de la tuer avant qu'elle ait terminé son explication. Tout habitués des créatures surnaturelles qu'ils étaient, ils restaient des humains, et les humains restaient rarement de marbre quand ils apprenaient les secrets du don de Liv.


— Je vous préviens, ça va pas vous plaire.

— Je suis sûr qu'on a vu pire, la rassura Cisco.

— Quand je mange le cerveau d'un cadavre, ce n'est pas seulement dans le but de me nourrir. J'absorbe les souvenirs et le caractère de la personne. Ça me permet, avec le bon stimulus, d'avoir des visions de sa vie. Je m'en sers pour aider la police à résoudre des crimes.


Une chape de plomb tomba sur le laboratoire. Barry fut le premier à réagir. Sans qu'aucun des trois autres ait eu le temps de réagir, il sortit de la salle à la vitesse de l'éclair. Cisco et Caitlin, eux, restèrent cloués sur place, sans savoir comment répondre à cela. Ils s'échangèrent un regard confus.


— Alors, ce que tu essaies de nous dire… commença Caitlin.

— C'est que tu as… mangé Snart ?


Elle hocha la tête.


— Si la situation était pas aussi critique, j'aurais trouvé ça trop marrant. Mais, soyons un peu sérieux…Ce que tu nous dis, c'est que tout à l'heure, tu as vu Barry tuer Snart à Seattle, c'est bien ça ?

— Oui. Enfin, comme je vois tout de la façon dont il l'a vu, j'ai juste aperçu des cheveux et pas grand-chose d'autre. Mais cette voix… j'en suis sûre et certaine, c'était lui. Et j'imagine qu'il n'a pas de frère jumeau non plus.

— Ce serait beaucoup trop simple. Est-ce que tu serais capable d'avoir d'autres visions, quelque chose qui pourrait nous aider ?

— Pas pour le moment. La journée a été longue, il faut que j'aille me reposer.


Mieux ne valait pas leur dire que l'effet du cerveau s'amenuisait depuis sa dernière vision, et qu'elle avait besoin d'une nouvelle dose pour relancer la machine. Ils semblaient assez dégoûtés pour aujourd'hui. Cisco la laissa partir avec la promesse de les recontacter si une autre vision arrivait.


Au détour d'un couloir, elle croisa Barry blanc comme un linge. Il s'était appuyé contre un mur et semblait sur le point de s'évanouir. Le regard qu'il lui lança quand elle s'approcha de lui la dissuada d'aller l'aider. Elle se contenta de lui adresser un sourire désolé et de poursuivre son chemin.


Les bus ne se rendaient plus jusqu'à son motel à cette heure-ci. Elle marcha longtemps et arriva épuisée. Ce n'était pas tant que le périple qui se révéla éreintant, mais les longues, longues minutes seule avec elle-même. Enfin, avec Leonard Snart, pour être plus précise. Si l'emprise de sa psyché sur la sienne n'était plus aussi forte que quelques heures auparavant, elle sentait tout de même autour de son cœur l'épaisse couche de glace qu'il avait construite au fil des années. Si encore elle avait eu le droit au cerveau d'un psychopathe, d'une machine sans sentiments qui se contente de faire ce qu'elle a à faire… mais elle n'avait pas cette chance. Elle ressentait plus que jamais le vide qui creusait un trou béant derrière l'armure.


Sans le vouloir, elle repensa à Lowell. Depuis sa mort, elle avait fait de son mieux pour le chasser de son esprit, pour oublier que si elle avait fait son devoir ce jour-là, si elle avait tiré sur Blaine comme convenu, son petit ami serait encore en vie. Pour la première fois depuis des mois, elle ressentit ce manque profond, ce creux qui jamais ne pourrait être comblé.

Arrivée au motel, elle s'allongea sur son lit. Elle aurait voulu crier, pleurer, se débattre contre cette peine qu'elle n'arrivait pas à repousser, mais rien ne passait à travers l'épaisse muraille. La douleur battait, sourde dans sa poitrine, mais rien n'arrivait jusqu'à son visage.


Elle vida avant de se coucher une des gourdes de compote. Il lui faudrait quelques heures avant qu'elle fasse pleinement effet. En attendant, elle alluma la télé et patienta, affalée en travers du matelas, devant la rediffusion d'une série policière quelconque.


Sans qu'elle sache bien pourquoi, la douleur n'en fut que plus grande.


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