Sans perdre de temps

Chapitre 6 : Docteur Moore et Mister Snart

3142 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/06/2020 12:02

Assis à son bureau, la tête entre les mains, Babineaux soupira. L'enquête avait commencé depuis deux jours, et pas l'ombre d'une preuve. Rien. Que dalle. Nada. Le témoignage de Lena Aguilar posait plus de problèmes qu'il n'en résolvait, et Ravi ne semblait pas près d'identifier la victime. Étant donné ses activités plus que suspectes, le nom inscrit sur le registre du motel était sans doute faux. Autrement dit, il avançait à l'aveuglette. Toutes les enquêtes arrivaient avec leur lot de souci, mais il devait bien avouer que c'était la première fois qu'il se retrouvait face à un tel mystère.


A cela s'ajoutait le mode opératoire. Ravi lui avait assuré que la cause de la mort avait bien été un cœur arraché. Pas transpercé, pas retiré à l'aide d'outils chirurgicaux. Arraché. Qui était assez taré pour tuer de cette manière ?


La seule piste exploitable était celle des deux dockers qui avaient trouvé le corps. Babineaux doutait qu'ils aient quoi que ce soit à voir dans l'affaire, mais il ne voyait pas qui interroger d'autre tant que le rapport d'autopsie ne serait pas complet et que l'identité de la victime ne serait pas établie. Il était sur le point de descendre à la morgue pour récupérer Liv, quand Hirley l'interpella. C'était un petit nouveau, tout juste arrivé du Midwest, qui dégageait une aura de charme discret. Babineaux ne se souvenait pas lui avoir jamais adressé la parole.


— Lieutenant ? C'est vous qui travaillez sur l'affaire de l'inconnu au cœur arraché ?

— Oui, c'est bien moi.

— Il faut que je vous montre quelque chose.


Il le mena jusqu'à son bureau. Sur l'écran de son ordinateur, il avait ouvert une image en pièce jointe. On avait photographié la une d'un journal, semble-t-il à la va-vite, si l'on en croyait le léger flou.


— Ma sœur m'envoie souvent des nouvelles de la maison. Elle a lu ça ce matin dans le journal et ça m'a fait penser à votre affaire.


Babineaux se pencha et plissa les yeux, se disant qu'il aurait bientôt besoin de lunettes. Le gros titre annonçait le début du vote de la loi anti-super héros, mais ce n'était pas ce qui l'intéressait. Plus bas, à gauche, un petit article s'intitulait : « Un cœur humain envoyé à un lieutenant de police de Central City ». Le reste demeurait illisible.


— J'ai demandé des précisions à ma sœur, elle m'a dit que c'était arrivé hier matin et qu'ils ne savent rien à part que c'est un cœur d'adulte. C'était adressé au lieutenant Joe West. Il l'a reçu chez lui dans un colis, ça doit être une menace personnelle.


Babineaux hocha la tête. Central City se trouvait dans le Missouri, soit à quelque trois mille kilomètres de Seattle. Si les deux affaires étaient bel et bien liées, le coupable n'avait pas pu l'envoyer par la Poste, cela lui aurait pris trop de temps. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : il avait amené le cœur là-bas lui-même. Il n'avait pas pu prendre l'avion, les contrôles avant l'embarquement auraient trouvé le cœur et en voiture, le trajet prenait tout de même un certain temps.


— Merci beaucoup, Hirley. Je vais enfin pouvoir avancer un peu.


Il retourna à son bureau et envoya un message à Liv, lui expliquant qu'il venait de trouver une piste. Elle le rejoindrait dès qu'elle serait disponible. Restait à contacter la police du Missouri. Il n'eut aucun mal le numéro du commissariat central de la ville via leur site Internet et appela. Ce fut une femme à la voix sucrée qui lui répondit.

— Police de Central City, que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, je suis le lieutenant Clive Babineaux de la police de Seattle. Il se pourrait que mon affaire en cours soit liée au cœur humain que le lieutenant Joe West a reçu hier matin. Est-ce qu'il serait possible de lui parler ?

— Je vais transférer l'appel à la criminelle.


Deux minutes de musique d'ascenseur et trois « Bonjour, lieutenant Babineaux de la police de Seattle » plus tard, il fut enfin mis en relation avec son interlocuteur, qui lui expliqua que ce n'était pas lui, mais un certain Charles Dunwell qui était en charge de l'enquête. Le trombone que triturait Babineaux durant son attente choisit ce moment précis pour rompre sous la pression.


— Très bien, je tâcherais de le contacter. Cependant, j'aimerais vous donner une simple description de notre victime. Si vous pouviez l'identifier, ça nous enlèverait une sacrée épine du pied. Je pourrai aussi vous envoyer quelques clichés.

— Allez-y, je vais voir ce que je peux faire.

— C'est un homme blanc entre quarante et cinquante ans. Un mètre quatre-vingt-cinq, environ quatre-vingts kilos, corpulence moyenne. Le crâne rasé, de nombreux tatouages, notamment sur le dos et les bras.


Le lieutenant West ne répondit pas tout de suite. Babineaux crut entendre un « Oh, bon Dieu » chuchoté loin du combiné, mais ne parvint pas à déterminer s'il l'avait bien entendu ou s'il ne s'agissait que de son imagination.


— Lieutenant ?

— Je peux peut-être vous dire qui c'est. Est-ce que ses deux yeux étaient de la même couleur ?


Drôle de question. Babineaux le fit patienter, le temps de consulter le rapport préliminaire envoyé par Ravi. Il indiquait en effet que la victime présentait une très légère hétérochromie qui ne pouvait être attribuée au séjour qu'il avait passé dans l'eau.


— Non, le rapport d'autopsie indique qu'il avait un œil bleu et l'autre vert clair.


Le lieutenant West soupira.


— C'est bon, ça confirme ma théorie. Il faudra attendre le résultat des analyses ADN pour savoir si c'est bien son cœur qui a été envoyé chez moi, mais je suis quasiment sûr que votre victime, c'est Leonard Snart.

— Leonard Snart ? Vous pouvez m'en dire un peu plus sur lui ?

— C'était un malfrat bien connu de nos services. Cambriolages, braquages en tous genres et quelques meurtres à son actif, dont celui de son propre père. Il avait disparu de la circulation depuis deux ou trois mois, je comprends un peu mieux pourquoi maintenant…


Un homme charmant, pensa Babineaux tandis qu'il notait tout ce que lui expliquait son interlocuteur. Il comprenait mieux à présent les plans trouvés dans sa chambre. Snart était un professionnel… enfin, il l'avait été. Pourquoi il était allé si loin de chez lui pour monter un casse contre une entreprise de boissons énergisantes restait une interrogation majeure. Ce n'étaient pas les lieux d'intérêt qui manquaient à Central City, pourtant. Encore une fois, il ne pourrait pas se passer de l'aide de Liv.


Pendant ce temps, à la morgue, Liv se lavait les mains avant de commencer son service. Ses réflexions l'avaient tenue éveillée toute la nuit, mais elle était parvenue à une décision : elle devait se rendre à Central City. Cela lui prendrait à peine une journée. Elle trouverait Barry et lui remettrait la clé, avant de repartir, ni vue ni connue.


Elle avait lu la veille, sur le site de Picture News, le canard local, qu'un certain lieutenant West avait reçu un cœur humain dans une boîte. Il ne fallait pas être Sherlock Holmes pour en tirer des conclusions. Cependant, il lui restait quelques points à éclaircir : qui était ce Joe West et qu'avait-il à voir dans toute cette histoire ? À l'exception d'une poignée d'articles mentionnant son implication dans des arrestations de metahumains, il semblait être un policier des plus ordinaires. Peut-être connaissait-il Barry Allen ? Elle n'avait toujours pas exclu la possibilité qu'il travaille pour la police, lui aussi. Autant creuser dans cette direction.


Elle s'apprêtait à se retourner, gants enfilés et aiguille en main, quand elle sentit une présence dans son dos. Ce n'était pas Ravi, il ne reviendrait pas avant au moins une demi-heure. Elle jeta un coup d'œil discret dans le robinet, qui renvoyait l'image d'un homme vêtu de noir, aux cheveux blancs.


— Fais comme chez toi, Blaine… dit-elle sans se retourner.

— C'est toujours aussi coquet ici. Je devrais faire appel à votre décorateur d'intérieur…


Elle laissa échapper un ricanement avant de pivoter sur ses talons. Blaine était bien plus proche qu'elle ne l'avait cru, lui rappelant à quel point elle était minuscule à côté de lui. Il affichait son éternel sourire narquois et gardait le regard fermement ancré dans le sien, comme pour sonder son âme.


— Qu'est-ce que tu me veux ?

— Ne te vexe surtout pas, mais je ne viens pas pour toi. Ce bon docteur m'a contacté, il paraîtrait qu'il a quelques tests complémentaires à me faire passer.

— Ravi n'est pas là, on l'a appelé sur un accident.


Blaine s'étira et fit rouler ses épaules sous sa veste avant de grimper sur la table d'autopsie libre au milieu de la pièce. Il s'allongea, les mains jointes sur le torse et ferma les yeux.


— On a un canapé dans le bureau si tu veux l'attendre…

— Ça ira, merci. J'aime me reconnecter avec ma nature de mort-vivant, de temps à autre. Tu devrais essayer, c'est… vivifiant.

— Je note ça. Pense à bouger un peu, que je sois pas tentée de te recoudre.


Il ne répondit que par un ricanement et Liv constata, mi-amusée, mi-horrifiée qu'elle aurait réagi de la même façon dans une telle situation. Rester trop longtemps sous l'influence de ce cerveau pourrait se révéler problématique si Snart nourrissait les mêmes sales habitudes que Blaine.


— Alors, ton dernier repas, ça se passe comment ?

— Impec'

— Et tu ne m'en dis pas plus ? Intéressant.


Liv haussa les épaules. Elle n'avait pas de temps à perdre avec des types de son genre. Elle devait penser à son plan. L'étape un, la plus simple, consistait à se rendre à Central City. Elle avait mis un peu d'argent de côté depuis qu'elle travaillait pour Ravi. Rien d'énorme, mais cela suffirait à acheter le billet d'avion. Elle songea à opter pour le bus, mais renonça vite. Le voyage ne devait pas lui prendre plus de deux jours aller-retour, passer par la route lui prendrait trop de temps. L'étape suivante, plus compliquée, consistait à trouver Joe West et déterminer son lien avec Barry.


Plongée dans sa réflexion, elle n'entendit pas Babineaux descendre les escaliers de la morgue et poussa un petit cri quand il l'interpella.


— Clive ! Vous m'avez… surprise.

— J'ai peut-être un nom pour notre homme.


Liv haussa un sourcil. Ça, elle ne l'avait pas prévu. Il ne fallait pas que Clive s'approche trop près de la vérité tant que la clé ne serait pas en possession de Barry. Il n'était pas stupide, il ferait vite le rapprochement entre lui et Flash. Ce n'était pas un risque qu'elle était prête à courir.

Elle laissa Clive la mener jusqu'à l'ordinateur et lui montrer l'article de Picture News qu'elle avait lu la veille.


— Un collègue m'a montré ça, ce matin. Un lieutenant de police de Central City a reçu un cœur humain dans un colis hier matin. Je viens de le contacter et il m'a donné un nom : Leonard Snart. Je viens de vérifier dans le fichier national et…


Il pianota sur le clavier et appuya sur Entrée. Le visage d'un homme apparut à l'écran. C'était lui que Liv avait vu dans le miroir, lui à qui elle avait ouvert le crâne pour en dévorer le contenu.


— Le lieutenant West m'a dit qu'il avait été arrêté à de multiples reprises pour une liste de chefs d'accusation longs comme le bras. Pourtant, on a que la mention du meurtre de son père dans ce dossier. De deux choses l'une : soit Joe West m'a menti, soit…

—… quelqu'un a effacé son casier judiciaire.


Liv se maudit d'avoir prononcé cette phrase à haute voix. Bien sûr, Clive l'avait compris lui aussi, sinon il n'aurait pas pu proposer l'alternative. Cela pouvait ne signifier qu'une chose : il avait un contact assez haut placé dans la police pour éliminer toute trace de ses activités criminelles. L'intervention d'un hacker n'était pas à exclure, mais si cela avait été le cas, la police aurait réagi immédiatement et l'aurait notifié dans le dossier.


— Ça, c'est vraiment très étrange, commenta-t-elle, l'air de rien.

— Comme vous dites. J'attends d'entrer en contact avec le lieutenant en charge de l'enquête pour en savoir plus, mais ça ne m'étonnerait pas que la police de Central City ait une taupe dans ses rangs. Enfin, pour l'instant, on va surtout retourner voir les deux gars qui ont trouvé le corps. Si ça se trouve, le nom de la victime leur dira quelque chose.


Liv hocha la tête et se dirigea vers le porte-manteau pour enfiler une veste légère. Ce fut à ce moment que Blaine choisit de se redresser, tel un vampire dans son cercueil. D'un geste vif, Babineaux dégaina et pointa son arme sur lui, tendu des orteils jusqu'à la racine des cheveux.


— Pas de panique, lieutenant, dit-il d'une voix calme. Je faisais juste une petite sieste. Je voulais juste demander à Liv, avant qu'elle parte, de bien vouloir prévenir notre ami commun que je l'attends ici et qu'il me tarde de jouer au docteur.


Le regard qu'elle lui lança tandis qu'elle guidait un Babineaux nerveux et confus vers la sortie exprimait sans peine tout le bien qu'elle pensait de cette demande.


Comme Liv l'avait prévu, l'interrogatoire des deux dockers n'avait rien donné. Elle soupçonnait même Babineaux de l'avoir su avant même de s'y rendre. Après tout, ils devaient bien trouver à s'occuper, s'ils voulaient laisser à penser qu'ils enquêtaient avec sérieux.


Ni Frank, ni Bob ne connaissait la victime. Aucun d'entre eux n'avait jamais entendu le nom de Leonard Snart avant qu'il sorte de la bouche de Babineaux, et aucun registre ne le mentionnait, ni sous son véritable nom, ni sous son pseudonyme. De toute évidence, la présence de son cadavre au port ne relevait que de la plus pure des coïncidences.


Sur le trajet du retour, Liv consulta de nouveau l'article du Picture News. Rien de nouveau n'en ressortit, si ce n'était une manie quelque peu agaçante du journaliste de commencer ses phrases par des conjonctions de coordination, alors que n'importe quel idiot savait que le bon goût le proscrivait avec fermeté. Comment s'appelait-il d'ailleurs, celui qui avait pondu ce papier ?


L'encart titre mentionnait Iris West. Voilà qui se révélait intéressant. Le nom West était suffisamment commun pour que le doute reste permis, mais le hasard ne faisait jamais aussi bien les choses. Quand Liv cliqua sur son nom, elle put consulter tous les articles que la jeune femme avait écrits depuis qu'elle était arrivée au journal. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que l'éclair de Central City semblait l'intéresser de près. Elle avait rendu au bas mot une douzaine d'articles à son sujet rien qu'au cours des trois derniers mois, soit environ un par semaine. Et voilà que le Flash apparaissait ici, et là, voilà qu'il empêchait le cambriolage d'une banque, voilà qu'il arrêtait un metahumain aux pouvoirs inquiétants… « Fascination » ne semblait pas un terme assez fort pour définir ce qui liait Iris West à Flash.


Liv éteignit son écran avant que Babineaux soit tenté de lui demander ce qu'elle regardait. Si elle résumait la situation : le cœur de sa victime s'était retrouvé au domicile du père d'une journaliste qui suivait Flash partout où il allait. Père qui se trouvait être un lieutenant de la police de Central City. On éliminait donc la théorie selon laquelle Barry et lui pouvaient être collègues. De toute manière, qui envoyait le cœur de l'amant d'un homme à un de ses collègues de boulot ?

Toute cette histoire commençait à lui vriller le cerveau. Il fallait agir et vite passer à autre chose.


Quand Ravi rentra dans sa chambre ce soir-là, il y trouva la dernière personne qu'il se serait attendu à voir. Assise jambes croisées dans son fauteuil jaune, Liv l'attendait. Elle gardait le regard fixé sur lui, sans rien dire jusqu'à ce qu'il referme la porte derrière lui.


— Liv ? Mais… Major ne m'a pas dit que tu étais là.

— C'est normal, je suis rentrée par la fenêtre. D'ailleurs, tu devrais faire élaguer ce platane, à moins que ton projet soit de dérouler le tapis rouge à tous les cambrioleurs de passage.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je suis venue te demander un congé.


Ravi resta un moment hébété.


— Un congé ? Tu ne pouvais pas me demander ça à la morgue ?

— Oh, j'ai cru comprendre que tu étais occupé, alors j'ai préféré te laisser tranquille jusqu'à nouvel ordre.


Elle accompagna sa remarque d'un haussement de sourcils suggestif que Ravi se contenta d'ignorer. C'était loin d'être la première fois que son comportement devenait aussi invivable pendant une enquête, il n'allait pas se décontenancer pour si peu.


— Et demain ? Tu pouvais me demander demain matin, peut-être ?

— Il faut que je parte ce soir.

— Ce soir ?

— Ce soir.


Cette fois-ci, ça devenait inquiétant. Il n'avait jamais laissé Liv vagabonder à son gré sous l'emprise d'un cerveau, encore moins quand ledit cerveau était celui d'un braqueur et d'un assassin. Qui sait dans quel genre de pétrin elle irait se fourrer ?


— Et pour aller où ?

— Ça, ça me regarde.


Son regard ne laissait aucune place à la discussion. Il était clair qu'elle s'était fixé un objectif, mais savoir ce qu'il en était relevait du casse-tête. Qui fomentait des plans diaboliques à l'intérieur de ce crâne ? Liv Moore ou Leonard Snart ?


— Je n'en aurais pas pour longtemps. Deux jours, trois tout au plus. Pendant ce temps-là, j'apprécierais que tu dises à Babineaux que je suis partie voir de la famille. Il ne doit pas savoir pourquoi je me suis éloignée.

— Mais…


Elle se leva et d'un pas théâtral, se dirigea vers la porte. Ravi s'écarta pour la laisser passer. Quand ils se croisèrent, elle lui jeta un regard qui, il en était certain, n'avait rien à voir avec celui de son assistante. Elle ne contrôlait pas la situation.


— Merci beaucoup… susurra-t-elle en passant. Et promis, je ne dirais à personne où se trouve ta réserve secrète de bonbons aux fruits.


Il resta sur le seuil de sa chambre, plus confus que jamais, tandis que Liv descendait et saluait Major avec tout le calme du monde. Il ne bougea pas avant qu'elle soit sortie.


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