La Vie d'Antoine

Chapitre 3 : Chapitre trois

2233 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/11/2022 23:54

Antoine arrive comme chaque samedi midi dans le bar le plus réputé de Clermont-Ferrand, là où il avait l'habitude de rencontrer Sarah il y a quelques années pour ensuite la ramener chez lui pour les faire des choses sales.


Aujourd'hui et comme depuis une semaine, il ne vient dans ce bar que pour l'observer durant son service. Enfin… ses services. Car oui, ayant prouvé qu'elle est douée dans ce métier qu'elle rêve de faire depuis désormais quelques années le patron — et barman — lui a proposé de venir la nuit, les heures où il y a plus de monde. 


Antoine est ravi pour sa nouvelle protégée, mais il voit bien dans le bar, assis au comptoir ou aux tables, les clients qui regardent avec délectation son fessier drôlement bien moulé dans cette jupe crayon. 


Elle ne met plus de vêtements qui font d'elle une fille facile, maintenant elle s'habille comme la chic fille qu'elle sait être dans des vêtements qui la mettent vraiment en valeur. 


Elle sourit à un client qui la remercie et Antoine sent que sa mission est terminée ; qu'elle ne se prostitue plus et qu'elle ne se prostituera plus jamais. 


Sarah arrive à sa table quelques minutes seulement après qu'il se soit installé et se penche en avant avec un sourire séduisant.


Antoine se penche également et tient son menton dans sa main pour voir qui va craquer et détourner le regard en premier. 


– Bonsoir, monsieur le professeur… dit Sarah d'une voix ronronnante alors qu'un de ses sourcils esr arqué pour lui donner plus de sensualité que nécessaire.


C'est un jeu entre eux, rien de sérieux puisque Antoine est toujours en couple avec Marion, qu'ils s'appellent tous les soirs et qu'il est très amoureux. Sarah en revanche a des vues sur son patron, un certain Émilien Dupré si sa mémoire est bonne. 


– Bonsoir mademoiselle la serveuse… dit Antoine sur le même ton de voix. 


Elle devient rouge et tourne très rapidement la tête au point de se faire mal au cou. 


– Ha ! Cheh cheh CHEH ! J'ai gagné, meuf ! il lui crie en riant au ciel.


Sarah devient encore plus rouge et s'éclaircit la gorge. Il ne sait pas si elle est rouge de colère ou de tout le sexy qui se dégage de lui.


– Comme d'habitude, j'imagine ?


Il rigole et croise une jambe.


– Tu me connais trop bien, chère petite serveuse.


– Alors du cognac pour toi, mon cher ami !


Elle lui fait un clin d'œil et Antoine le rend aussitôt, son joli sourire ne faiblissant à aucun moment même quand les hommes en chien dans le bar le regardent avec un mépris non dissimulé. 


Sarah lui sourit derrière son épaule et redresse son chignon désordonné avant de voir le mignon petit barman derrière le comptoir en train de rire avec un client. Elle l'approche et lui commande la boisson.


Antoine sent son téléphone vibrer dans sa poche arrière de son pantalon orange foncé et regarde qui c'est.


Marion.


Depuis qu'elle a installé Instagram il a pu lui donner son numéro et elle l'a fait réciproquement. 


Les conversations par messagerie sont tellement fréquentes et durent tellement longtemps le soir voire même durant les cours… alors quand elle finit par l'appeller il se sent rayonner de bonheur.


Son cœur se met à battre plus vite et il s'empresse d'appuyer sur l'icône pour décrocher.


– Salut ma belle ! il lui dit avec joie. 


Tout son corps frissonne quand elle soupire amoureusement à son oreille. Il se souvient de toutes les fois où ils ont fait l'amour dans son appartement, de toutes ses caresses, de tous ses baisers incroyables et de tous ses souffles contre ses points sensibles. Surtout quand elle soufflait des mots tendre à son oreille et poussait des soupirs de plaisirs à l'en fait frémir et parfois jouir. 


Oui il est très sensible des oreilles. 


– Antoine ça me fait tellement de bien d'entendre ta voix ! Ça me rassure que quelqu'un m'aime encore dans ce monde d'ordure !


Aïe. 


– Que se passe-t-il, Marion ? Tu t'es disputée avec tes parents ?


Marion soupire encore une fois et même si Antoine ne devrait pas il frémit de plaisir. Le son qui arrive jusqu'à ses tympas est un délice pour son ouïe sensible.


– Je me suis disputée avec mon ami Arthur. Mais d'un côté c'est un vrai connard !


Ha ! Il a toujours su même sans le connaître que ce Arthur Bouvier n'est qu'un nigaud de pacotille, incapable de prendre soin de la jolie, innocente et parfaite Marion ! C'est un nul qui n'a aucun avenir si ce n'est dans la Gare du Nord en tant que mendiant !


Il ne devrait pas penser comme ça.


Il s'excuse dans une prière intérieure à Dieu si il existe.


– Raconte-moi tout, ma belle. Tu sais que tu peux te confier à moi car je suis ton petit-ami et l'amour de ta vie.


Il entend Marion glapir et sait que sa petite phrase a l'effet escompté. 


– Marion ?… il ronronne contre le téléphone en s'imaginant que c'est son oreille, tout prêt à la mordiller pour l'exciter sur ses genoux.


– Antoine… il m'a demandé de coucher avec lui.


Antoine sent un froid des plus glacials le traverser et il se fige comme une statue. Son sourire séducteur se fige et il commence après dix secondes à trembler de rage profonde.


Comment un tel gamin puceau a-t-il pu demander à sa chère et tendre Marion de bien vouloir coucher avec lui ? D'accord il l'admet qu'elle est adorable, pleine de bonté, jolie et une sacrée bête au lit mais ça n'est pas une raison. 


– Tu lui as dit avant tout ça que tu étais déjà prise ?


– Oui.


– Il a la notion de ce que tromper est au moins ?


Elle soupire et Antoine sent son sexe commencer à gonfler malgré lui.


– Apparemment non. Quel trou du cul ce mec, c'est pas possible, ça !


Antoine s'éclaircit la gorge en voyant son amie Sarah lui apporter son cognac et lui faire un petit sourire compréhensif en le voyant au téléphone avec une expression froissée.


Il la remercie avec un geste de la main et de la tête et Sarah s'en va. 


– Marion… ignore ce con, d'accord ? Personne même pas moi ne mérite ta gentillesse et ta beauté corporelle.


Marion soupire une énième fois et Antoine croise son autre jambe pour essayer de mieux cacher son érection demi-molle. Il frissonne et sa main agrippe le verre rempli d'alcool. Est-ce que venir ici une fois par semaine fait de lui un alcoolique ? 


Peut-être, peut-être…


– Tu as raison, Antoine. Tu as toujours raison… elle lui dit avec amour. Et Antoine se souvient de ce ton agréable qu'elle utilise avec lui sur l'oreiller après l'amour tout en lui massant le crâne, ses ongles rongés dans ses boucles blond foncé cendrées.


– Je suis professeur, mais humain avant tout. Moi aussi je peux avoir tort, chérie.


Il ne le voit pas, mais il sait qu'elle affiche sur son joli minois un sourire timide et un mignon rougissement qui a l'habitude de le faire se sentir spécial aux yeux d'une femme. Personne avec qui il a eu une relation ne l'a fait se sentir comme ça à part elle. 


Marion est une petite chose spéciale.


– C'est vrai mais tu es un adulte. Et je suis une adolescente. 


– Ho ça va… encore deux ans avant que tu n'aies ta majorité.


– Tu tu souviens de ma date d'anniversaire, toi ? demande la jeune fille avec suspicion. Ce à quoi Antoine sourit tendrement, moins tendu en oubliant à quel point ce Arthur Bouvier est un fils de pute avec Marion, un chien qui se fiche de son amour.


Il dit ça mais il a été pareil alors qu'il tombait amoureux. Mais il ne savait pas encore qu'il l'aimait à cette époque. 


– 19 mars 2006, ma chérie. Tu te souviens de la mienne ?


– 8 décembre 1995, Antoine.


Ils rient tous les deux et Antoine tourne la tête pour voir Sarah et un client sortir du bar par la porte arrière. Le client regarde avec suspicion autour de lui et file comme une odeur dans le vent après qu'il n'ait pas vu Antoine ou quelqu'un d'autre le remarquer.


L'homme ressent comme un mauvais pressentiment et se sent désolé de devoir écourter son appel avec Marion mais c'est plus fort que lui.


– Je suis désolé, ma chouchou mais je vais devoir te laisser. J'ai un truc assez urgent à régler. 


Il raccroche et prend sa veste, disant au barman qu'il est dehors pour aller retirer de l'argent et ainsi donner un pourboire à la serveuse douée du nom de Sarah. 


Il arrive derrière le bar et voit son amie Sarah se mettre à hauteur de l'entrejambe de l'inconnu et avec sa main au niveau de la braguette. 


– SARAH NICOLAS-FRANSCECO ! beugle-t-il comme un père devant son enfant qui a cassé le vase préféré de la famille.


Sarah sursaute et le regarde indignée.


– Antoine ?


L'inconnu, sous sa casquette DC, attrape le chignon désordonné de Sarah et pousse son visage bien maquillé contre son entrejambe. Son nez est fourré dans la bosse et elle gémit de surprise.


Antoine voit rouge. 


Alors, dans un élan qu'il ne savait pas avoir en tant que fumeur, il frappe l'homme en pleine joue, son poing fermé fort. Les bosses qui relient les doigts au dos de la main claquent tout comme les phalanges sur les dents et quelques unes tombent au sol. Du sang sort de la bouche de l'inconnu et il s'écroule sur le goudron sale, entraînant Sarah avec lui dans sa chute.


Antoine a frappé plus fort qu'il ne le pensait. En même temps on peut bien imaginer que sous sous son air d'addict à la cigarette se cache un homme plus fort.


Sarah se relève et regarde l'inconnu avec une peur bleue gravée sur son visage. 


– Non mais tu as craqué ?! hurle Sarah avec des larmes en train de couler sur son visage. Son eyeliner tâche ses joues mais Antoine s'en fiche.


– Je peux savoir ce que tu essayais de faire, au juste ? Je croyais que tu avais arrêté de vendre ton corps !


Sarah commence à sangloter. 


– Mais c'est pour ma mère ! Je dois l'aider, tu comprends !


La pluie commence à tomber et Antoine geint d'ennuie. 


– Sarah je peux te donner tous les pourboires que tu veux mais tu dois arrêter ton cirque…


Sarah se met à pleurer plus fort et l'homme se relève avec difficulté. Il regarde avec fureur le professeur de mathématiques et grogne comme un canidé enragé. Antoine s'en fiche royalement comme de sa première couche. S'il l'a mis à terre une fois alors pourquoi pas deux ?


– Tu vas me le payer, « Antoine » ! s'exclame-t-il en revenant vers la porte arrière du bar. Et toi, Sarah, je vais tout raconter à la police ! Tu vas finir en prison espèce de pute de la rue !


Antoine regarde plus ou moins désolé la femme en train de pleurer sur le goudron sous la pluie qui tombe en fines gouttes sur leur corps. 


– Allez, Sarah… tu ne peux pas rester dans cet état et exercer cette drôle de profession pour toujours.


Elle renifle et Antoine roule des yeux. Il retire sa veste et la drape sur ses frêles épaules avant de la protéger du monde avec son étreinte. Elle lui rappelle Marion sur certains points : si faible au point de se laisser marcher dessus en permanence.


– Sarah. Je veux t'aider, tu peux compter sur moi si tu as besoin d'argent ou d'un toit sur ta tête. Je suis ton ami désormais et je ne vais pas te laisser tomber.


Marion sera fière de lui quand elle apprendra qu'il est en train de devenir une meilleure personne qu'il n'est déjà. 


– Oh Antoine… soupire la femme avant de relever la tête, de fermer les yeux et de pousser ses lèvres contre celles de son ami.


Antoine se fige, totalement choqué et dégouté de ce qu'il se passe. Son amie est en train de l'embrasser et elle semble si convaincue de ce sentiment amoureux à son égard… qu'il se sent mal. Il la repousse directement et se recule contre le sol humide. Il s'essuie les lèvres et tousse, complètement sous le choc et dégouté d'avoir été embrassé par Sarah. 


Elle renifle et essuie ses yeux et son eyeliner avec.


– Excuse-moi mais… c'est toi que j'aime depuis six ans, toi que je suce avec amour depuis tout ce temps, toi l'homme avec qui j'ai envie de passer mes vieux jours… 


– Et Émilien ?


– Il est gentil mais je n'arrive pas à me débarrasser de mes sentiments pour toi… je te demande pardon, Antoine.


L'homme la regarde décontenancé et se relève avant de tendre la main à Sarah.


– Je paie puis je te raccompagne ?

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