A Dark High School: Bewitched

Chapitre 14 : Le sortilège

5615 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/01/2022 16:24

Chapitre 14

Le sortilège


Enfin j'allais comprendre, j'allais savoir ce qui boulversait tant sa vie...



Je portais Sarah à bout de bras, ce n'était guère compliqué, elle était littéralement un véritable poids plume. Je regardai sa mère qui ouvrait la marche, convaincu d'avoir fait une erreur en disant la vérité mais sur ce coup là, le choix, je ne l'avais pas vraiment eu. Je la vis se hâter de passer devant pour rejoindre sa porte et me l'ouvrir.

- Vite, déposez la dans la cuisine, dit-elle alors sans pour autant paniquer ( à l'inverse de votre serviteur). C'est par...

- Je sais où elle est, dis-je alors.

Je confirmai inconsciemment que j'avais conservé ma mémoire en me dirigeant sans indication vers la cuisine. Je passai alors la porte et je découvris Rosa qui me fixait inquiète.

- Ho non Mademoiselle Sarah, que s'est-il passé ? demanda-t-elle très inquiète pour la fille de ses patrons.

- Elle s'est effondrée sans que je comprenne pourquoi, dis-je alors en la tenant toujours.

Je cherchais un endroit où la poser quand sa mère arriva derrière moi.

- Posez la sur l'îlot, fit alors sa mère toujours maîtresse d'elle-même.

Je regardai alors ce fameux îlot et il y avait beaucoup d'ustensiles de cuisine dessus, je ne pouvais littéralement pas poser Sarah. Tout à coup, la plupart de ces fameux ustensiles se mirent à flotter autour de l'îlot et allèrent se poser sur d'autres meubles. Je me doutais qu'il s'agissait de sa mère et je posai alors délicatement Sarah sur l'îlot. Tout aussi rapidement, j'avais enlevé ma veste afin de pouvoir la poser sous sa tête. J'étais inquiet mais Sarah semblait juste dormir. J'ai relevé la tête quand j'ai senti des regards sur moi.

- Rosa... Occupez vous de lui, fit Dorothy Corey.

- Comment ça..., commençai-je alors à dire avant de hurler. Ahhhh!!!!

J'avais à peine eu le temps de voir Rosa lever ses deux mains vers moi que mes pieds decollèrent du sol sans même un signe avant-coureur. J'ai alors percuté le plafond sans même comprendre réellement la situation, mon souffle coupé sous l'impact.

- Mais... Lâchez moi putain de bordel de merde! avais-je hurlé.

Suspendu au plafond comme un putain de papier tue-mouches, je vis Dorothy Corey filer dans une autre pièce. Je fixai alors Rosa.

- Faites moi descendre !!! lui hurlai-je alors dessus.

- J'obéis simplement à Madame, me fit Rosa.

- Vous êtes aussi une sorcière ? demandai-je alors ( j'étais bloqué alors à part ouvrir ma gueule, j'avais peu d'options).

- Non, je suis une Leprechaun, fit simplement Rosa.

- Lepre... Les farfadets irlandais ? dis-je choqué.

- Si vous voulez..., marmonna Rosa.

- Relâchez moi, je dois veiller sur Sarah !!! me suis-je alors énervé.

Rosa ne m'obeìssait pas, ce qui n'était guère surprenant. Je vis Dorothy Corey revenir avec une fiole dont elle fit ingurgiter le contenu à sa fille toujours inconsciente.

- Ça marche? demandai-je alors.

- Il faut de la patience, c'est de la magie, pas un miracle, me fit alors Dorothy.

- Et si elle absorbait la magie de l'environnement ou dans mon corps... Elle irait mieux ? demandai-je ensuite.

Dorothy leva la tête vers moi et semblait pensive. J'aimerais lire dans ses pensées à cet instant mais je n'étais qu'un simple humain. Je vis Dorothy toucher le front de sa fille et soupirer lourdement.

- Madame Corey... Comment elle va? l'ai-je interrogée assez inquiet.

- Elle est stable... Rosa... Relâchez le, dit-elle soudainement.

- Ho mer... Merde!!!! hurlai-je.

Rosa avait en fait obéi, sans pour autant penser à ne pas simplement me lâcher. J'avais à peine eu le temps de mettre mes mains devant moi que je percutai le sol violemment.

- Ouf... Autant pour moi, grommelai-je sous la douleur.

- Ho... Veuillez m'excuser, fit alors Rosa mal à l'aise.

- Je... Hey, hurlai-je encore.

Cette fois je fus projeté contre le mur et je sentis la pression sur ma gorge. Je regardai vers Rosa mais cette dernière fixait sa patronne inquiète.

- Que lui avez-vous fait? s'énerva sa mère.

- Rien... Je l'ai... Je l'ai juste embrassée bordel de merde!!!! me suis-je énervé malgré la pression sur sa gorge.

- Vous êtes quoi? demanda soudain sa mère visiblement assez courroucée. Un Incube peut-être pour la mettre dans cet état.

- Je suis qu'un putain d'humain... Heureusement pour vous...

- Des menaces maintenant ? demanda sa mère en augmentant la pression sur ma gorge.

Je découvrais avec horreur ce que vivait le petit personnel de l'Etoile de la Mort quand Darth Vador était contrarié. C'était douloureux, l'étrange sensation d'être étouffé par une main invisible provoquant l'apparition de petites taches blanches devant mes yeux.

- Desserrez......

- Madame... Ne tuez pas ce jeune homme, fit alors Rosa que j'aurai remercié sur le coup si j'étais pas en train de crever.

- Il a mis ma fille dans cet état, fit Dorothy.

- Je ne crois pas Madame..., osa dire Rosa sous le regard mauvais de sa maîtresse.

- Bien sûr que si, si il était réellement humain, ma décoction d'oubli mémoriel aurait été efficace, fit Dorothy. Le dosage était fait pour un humain.

Je montrai alors Sarah du doigt, celle-ci se la jouant toujours Belle au bois dormant tandis que Darth Vador en jupon voulait ma peau.

- Madame... Je crois qu'il essaye de parler, fit Rosa comme si ce n'était pas évident.

- Répondez ! fit alors Dorothy.

- Arf...., fis-je en sentant à nouveau l'air entrer dans mes voies respiratoires. Kof... Kof..., toussai-je alors.

- Une réponse ! hurla Dorothy.

- Elle m'a empêché de boire..., dis-je choqué.

- Mensonge ! fit sa mère. Ma fille connait les risques, elle ne vous laisserait pas...

- Arrêtez de me vouvoyer bordel! me suis-je énervé. Je suis pas un ennemi.

- Je vois... Et pourquoi alors? demanda Dorothy.

- Pour la même putain de raison que vous m'avez effacé la mémoire il y a plus de dix ans! me suis énervé.

Je chus alors sur le sol, sentant mes fesses être endolories sous le choc. Je commençais à en avoir marre d'être malmené comme un vulgaire pantin.

- C'était donc bien toi... Que lui veux-tu ? demanda Dorothy.

- Vous êtes donc aussi aveugle que ça pour ne pas comprendre ? dis-je choqué.

- Ne pas comprendre quoi? insista Dorothy.

- Que j'aime votre fille bordel!!! me suis-je offusqué en me relevant enfin.

- Si ma fille t'a dit être une sorcière... Pourquoi vouloir...

- Parce que j'en ai rien à foutre de ce qu'elle est. Elle peut bien être une sorcière, une Leprechaun ou même la putain de descendante cachée de la reine d'Angleterre, j'en ai rien à foutre. Ça ne change rien à qui elle est..., dis-je me demandant si être vulgaire allait réellement m'aider.

Je vis soudainement de la surprise dans le regard de Dorothy Corey mais également un petit sourire sur le visage de Rosa. Maintenant que j'y faisais d'ailleurs plus attention, je pouvais voir des oreilles pointues chez Rosa ( sans doute son côté farfadet irlandais).

- Et ma fille... partage ces sentiments ? demanda alors sa mère avec tellement de surprise que cela en était vexant.

- D'accord... Je ne dois pas être le gendre idéal mais oui, dis-je consterné.

- Vous étiez au courant Rosa? fit soudain Dorothy en fixant son employée.

- J'avais remarqué qu'elle semblait plus heureuse comme avant... Et Maurice semblait cacher quelque chose, dit-elle en réponse.

- Je suppose qu'il a dû remarquer également, fit Dorothy.

- Écoutez ça sert à rien de m'effacer la mémoire, dès que je l'ai vue j'ai... Bugué... On va dire... Ce sera pareil, ai-je dit pour tenter ma chance.

- Ma fille partage donc tes sentiments... Tu peux me le jurer ? demanda encore Dorothy.

- Oui... Pourquoi est-ce si difficile à croire? demandai-je alors méfiant.

Je vis sa mère foncer vers un placard et en sortir une fiole qu'elle me tendit.

- Bois, m'ordonna-t-elle.

- Euh... Je vais me transformer en chèvre ? ai-je demandé.

Dorothy me regardait si méchamment que je n'avais aucune motivation à boire sa putain de fiole.

- J'ai laissé des marques, fit sa mère.

- Des marques ? dis-je en la voyant m'indiquer un petit miroir.

Je me suis alors approché de celui-ci sans réellement tourner le dos à la mère de Sarah. Je vis ensuite, très horrifié d'ailleurs, une marque de main noire sur ma gorge. Sa tentative de meurtre.

- Tu as bu la même chose l'autre soir, avança sa mère.

- Vous dites la vérité ? ai-je tout de même insisté.

- Oui, fit Dorothy en soupirant.

- Je vais vous croire, dis-je en prenant la fiole. J'espère que vous n'êtes pas assez sadique pour faire cela à votre fille.

- Je suis honnête, jeune homme, dit-elle alors.

- David, dis-je simplement avant de boire la fiole cul sec.

Bizarrement j'avais déjà moins mal et je me suis regardé dans le petit miroir. La trace s'estompait peu à peu à vue d'œil. C'était réellement pour me soigner. J'ai alors posé la fiole pour m'approcher de Sarah, toujours endormie.

- Elle va se réveiller ? demandai-je inquiet.

- Oui, répondit sa mère. Mais elle est à bout...

- À bout de quoi? demandai-je alors en relevant la tête tout en caressant inconsciemment les cheveux de Sarah.

Je vis Dorothy fixer mes doigts dans les cheveux de sa fille et je réalisai soudainement mon geste. J'ai immédiatement retiré ma main des cheveux de Sarah en m'excusant du regard.

- Je crois qu'il est sincère Madame, dit Rosa exprimant ainsi son ressenti.

- Je le suis, ai-je alors assuré en saisissant l'occasion.

Sa mère me fixait et je la vis réfléchir. Étrangement même elle semblait au bout du rouleau. Je la regardais de plus en plus inquiet et j'ai sursauté quand elle m'a fixé des yeux.

- Tu as ton téléphone ? demanda sa mère.

- Euh... Oui... Pourquoi ? demandai-je méfiant.

- Appelle ta mère et passe moi le téléphone, m'ordonna Dorothy Corey.

Tandis que je m'exécutais, je me disais qu'elle avait un sale caractère. Je lui tendis mon téléphone après avoir lancé l'appel. Elle me l'arracha presque des mains avant de le porter à son oreille. Moi, je regardai Rosa légèrement stupéfait.

- Oui... Bonsoir Madame, fit-elle alors au téléphone. Je suis Dorothy Corey, votre fils est chez moi... Non non, rien de grave. Ma fille a fait une petite rechute et je pense qu'elle apprécierait la présence de votre fils... Pardon ? Oui je sais qu'ils ne sont pas que de simples amis..., ajouta-t-elle en me fixant méchamment. Mon mari non, mais j'aimerais qu'il reste un peu. Oui, je ne vous le renvoie pas trop tard... Bonne soirée Madame.

Et bim, elle avait raccroché. Elle me tendit mon téléphone et je l'ai simplement regardé avant de le remettre dans ma poche.

- Merci Madame, dis-je alors ne sachant quoi répondre.

- Rosa... Conduis ma fille dans sa chambre s'il-te-plaît, demanda Dorothy.

- Bien Madame, fit alors Rosa.

Soudain le corps de Sarah décolla de la table et je vis Rosa le guider vers la porte, ce dernier flottant dans l'air.

- Pratique, marmonnai-je en regardant cet étrange spectacle.

- Les Leprechaun peuvent se téléporter sur de courtes distances mais malheureusement ils ne peuvent emmener quelqu'un avec eux, m'expliqua Dorothy.

- Ça fait... Mouais pourquoi pas, dis-je en haussant les épaules. Maurice est aussi un Leprechaun ?

- Un golem, un serviteur créé par les sorciers, dit-elle simplement.

- Évidemment..., marmonnai-je ignorant ce qu'était réellement un golem à part cette créature d'heroic fantasy.

Je vis Dorothy poser ses mains sur l'îlot central en soupirant difficilement.

- Vous allez bien? demandai-je méfiant.

- Voir ma fille dans cet état est... dur, fit-elle alors.

- Elle est malade? Un truc magique ? demandai-je.

- Non... répondit sa mère comme si elle cherchait quoi dire. Que t'a raconté ma fille sur elle?

- Hein? ai-je réagi surpris. Cela dépend de quoi vous parlez ?

- T'a-t-elle parlé de Calvin? demanda enfin plus clairement sa mère.

- Si vous parlez de ce fils de pute qui a tenté de la violer... Oui, dis-je déjà énervé.

- Et de ce qu'il s'est passé ensuite ? demanda sa mère.

- Elle m'a dit qu'elle s'était défendue mais avait failli les tuer, avouai-je avec honnêteté.

- Bien... Je vais gagner du temps... Suis moi, dit-elle en quittant la pièce.

Je la regardai s'éloigner et je l'ai suivi extrêmement méfiant. Elle s'engagea dans le hall et se dirigea vers la porte de la salle de bal. Je la regardais complètement perdu quand j'ai enfin réalisé qu'elle se retournait vers la porte interdite ( celle avec le verrou en bref). Elle me fixa un instant avant de chercher dans sa poche, sans doute la clef qu'elle sortit un instant plus tard.

- J'aimerais que ce que tu vas voir là en-bas reste secret, me fit elle.

- Ce sont des trucs de sorciers je présume ? demandai-je pour la forme tandis qu'elle acquiessait. Je fermerai ma gueule.

Je vis ses yeux se plisser, sans doute se disait-elle que le petit ami de sa fille n'était définitivement pas fréquentable. Je devais apprendre à mieux parler devant elle. Au final, elle ouvrit la porte et la passa. Je me suis presque lancé à sa poursuite, découvrant un escalier tout de pierre recouvert. J'avais l'impression que j'allais descendre dans un donjon ou en enfer. Je suivais cette femme doucement, évitant de me vautrer, jusqu'à une porte qu'elle ouvrit. Elle pénétra à l'intérieur d'une pièce et me laissa la suivre. Cette pièce, il y faisait extrêmement chaud, il y avait en effet une énorme cheminée. Cela devait clairement être un espace de travail et de recherche car il y avait plusieurs bureaux avec beaucoup de livres dessus. Mon regard se porta alors sur les étagères et je vis que sa mère me laissait observer ces étagères. Je déglutis dès la première inspection, il y avait des morceaux d'animaux dans du formol, des yeux, des organes, ce genre de choses. C'était franchement dégueulasse.

- Y a de quoi rendre jaloux Severus Rogue, marmonnai-je.

- Pardon? demanda la mère de Sarah.

- Non rien... Je vais finir dans un bocal ? demandai-je méfiant.

- Non, fit-elle avec un sourire en coin.

- Pourquoi m'avoir amené ici? ai-je demandé ensuite.

- Parce que je pense que tu es la source de l'état de ma fille, me fit elle.

- Je ne lui ai rien fait, me suis-je justifié.

- Cela a commencé mercredi..., même si certains symptômes étaient apparus, avoua sa mère.

- On était chez moi, on a été pris sous l'orage, dis-je méfiant.

Elle me regarda comme si elle savait que je mentais. J'étais de plus en plus mal à l'aise.

- As-tu... Essayé d'avoir des relations avec ma fille? demanda sa mère.

- Pardon? dis-je pris d'une envie irrépressible de m'enfuir.

- Ma fille m'a dit que les douleurs avaient commencée toute seule mais j'en doute, me fit Dorothy. La magie de mon mari est plus sûre que cela.

- La magie de votre mari? demandai-je heureux de changer de sujet.

Dorothy me fixa alors attentivement et soupira.

- Maximiluan est un sorcier extrêmement rare, son don est presque unique, dit-elle soudainement.

- Puis-je... Puis-je savoir ? ai-je insisté.

- Mon mari est capable d'influer les émotions, les accroissant ou inversement, m'expliqua Dorothy.

- Inversement ? demandai-je choqué.

- Il peut enlever les sentiments d'une personne, avoua Dorothy.

- Il a fait cela à sa propre fille? hurlai-je presque.

- Il a cru cela bon, après ce triste événement, m'expliqua Dorothy. Il a cru, quand il a vu la détresse si intense chez notre fille et sa totale perte de contrôle de sa magie, elle m'a quasiment vidée de la mienne, que c'était nécessaire...

- Sarah a failli vous faire du mal? demandai-je pour la forme.

- Elle était en plein traumatisme et elle absorbait ma magie sans s'en rendre compte... Il a alors ôté presque toute forme de sentiments chez notre fille, me dit ensuite Dorothy.

- Mais comment c'est possible ? demandai-je choqué.

- Il n'a pu lui laisser que le nécessaire pour avoir l'air normale, renfermée certes mais normale...

- Mais je la trouve enjouée... Et si je peux ajouter amoureuse..., marmonnai-je.

- J'avais également remarqué... Comme mon époux d'ailleurs. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est si souvent en déplacement ces temps ci, m'expliqua Dorothy.

Je la regardais étonnée, ne comprenant pas réellement ce qu'elle insinuait. Moi, tous ces trucs magiques m'étaient encore relativement étrangers.

- Tu ne comprends pas n'est-ce pas? me fit Dorothy. Je vais te montrer.

Je la vis alors s'approcher d'une armoire à fourniture et l'ouvrir. Elle prit alors un objet à l'intérieur, cela ressemblait étrangement à un bocal fermé par le bas. Je regardai cet objet et je la vis le poser sur un bureau duquel je me suis approché. Il y avait quelque chose de vraiment stupéfiant sur le contenu. C'était une sorte de cristal pourpre qui flottait en l'air. Sa base pointue était extrêmement longue et une lueur rouge semblait palpiter comme un battement de cœur. Je remarquai également quelques petits éclats au pied de ce cristal qui flottait sans aucun doute par magie.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je alors.

- Ceci est pour ainsi dire le cœur de ma fille, avoua Dorothy en me fixant.

- Mais... C'est impossible ! dis-je enfin.

- Je devrais presque dire au sens metaphorique du terme. Ce sont ses sentiments qui lui ont été enlevés. Ses peurs, ses craintes, sa colère, sa rage, son amour..., fit-elle ensuite.

- Mais... Je l'ai vue pleurer... Rire..., dis-je choqué.

- La base et pourtant, alors que ce sort a parfaitement fonctionné depuis ce fameux soir où elle a failli subir le pire des outrages, me dit-elle légèrement contrite. Jusqu'à cet été.

- La magie de votre mari s'estompe ? demandai-je pensant à cette éventualité.

- Sa magie n'a pas de date de péremption, cela ne fonctionne pas comme cela. Mais ce serait trop complexe à expliquer pour quelqu'un qui n'est pas des nôtres, dit-elle alors.

- Ok, pas de problème... Alors pourquoi cela déconne ? demandai-je.

- Un soir, mon époux est rentré de son magasin d'antiquités et, comme bien des soirs, nous discutions de nos journées... Même les sorciers ont une vie normale, me précisa Dorothy.

- Je me doute... Que s'est-il passé alors? demandai-je.

- Il a évoqué une discussion avec ton grand-père, concernant le retour de son petit-fils, dit-elle enfin.

- Moi? dis-je étonné.

- Je n'avais pas remarqué immédiatement une différence chez Sarah... Pas durant le repas... Mais le soir même, quand je suis passée devant sa chambre, je l'ai entendue chantonner de bonheur, fit-elle alors. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps.

- Ses sentiments étaient réapparus ? demandai-je alors.

- Un peu, quelques brides... Avec mon mari, nous sommes descendus ici regarder ce cristal... Et une fissure était apparue...

- Mais... Je ne l'avais pas encore croisée, dis-je alors.

- Peu à peu la fissure a grandi, continua Dorothy en m'ignorant. Et puis le jour de la rentrée, un morceau est tombé.

- Le jour où nous nous sommes vus, dis-je alors même si cela ne semblait pas nécessaire.

- Oui, ce jour là... Alors que tout était son contrôle, ta seule présence a de nouveau provoqué la naissance de sentiments, me fit sa mère.

- Et cela ne fait qu'empirer ? demandai-je inquiet.

- Oui, chaque jour, alors qu'elle développe de plus en plus des sentiments, ce cristal commence à céder, me fit la mère de Sarah.

- Mais... Et ses douleurs ? demandai-je.

- Elles ont commencé mercredi, et aujourd'hui c'est l'état le plus extrême, me confirma sa mère.

- Madame, je crois que je dois être franc avec vous pour mercredi, marmonnai-je inquiet. Nous allions aller plus loin.

- Je vois... Comment ? demanda simplement sa mère.

- Euh... Ben... Euh..., me suis-je mis à hésiter sous le stress.

- Je ne demande pas de détails là dessus, je demande comment ses douleurs ont commencé, me précisa Dorothy.

- Elle s'est figée pendant que nous commencions... Elle m'a demandé d'arrêter, ce que j'ai fait immédiatement, ai-je trouvé bon de préciser. Puis ma mère a débarqué et c'est avant de partir qu'elle a eu mal dans la poitrine.

- Lui avais-tu dit quelque chose ? demanda sa mère.

- Que je l'aimais entre autres..., dis-je gêné.

- Et tout à l'heure ? demanda encore sa mère.

- La même chose, formulée autrement, dis-je simplement.

- Alors c'était bien cela, me fit sa mère en fixant le cristal.

Je commençais à remarquer qu'elle réfléchissait attentivement à chacune de mes réponses, sans doute à la tournure des événements. Je pouvais voir ce cristal palpiter de lumière et je regardai sa mère attentivement.

- Ses sentiments sont sans doute en train de la tuer, dit-elle soudain.

- Quoi? dis-je horrifié. Son état... C'est ma faute ?

Elle me regarda visiblement touchée de mon inquiétude, elle n'était donc pas aussi froide que je le pensais.

- Une façon de formuler les choses, dit simplement ma mère. Ma fille t'a peut-être expliqué comment fonctionnait sa magie?

- Vaguement... Elle aspire celle de l'environnement... C'est bien ça ? demandai-je pour être sûr.

- Oui... Et c'est exactement ce qui se passe, me fit sa mère.

- Madame... Imaginez que je ne comprenne rien..., ai-je simplement dit.

- Je crois qu'inconsciemment, parce qu'elle veut vivre ses sentiments comme n'importe quelle adolescente, elle essaye d'absorber la magie de son père pour lever ce sort, m'expliqua sa mère.

- Mais pourquoi ne pas simplement le lever? demandai-je bêtement.

- Comme tu le vois, ce cristal est désormais instable, ce qui n'était jamais arrivé auparavant, me fit sa mère.

- Et donc c'est impossible ? ai-je insisté.

- Il se pourrait que cela fonctionne mais également, au vu de l'instabilité, que ses sentiments disparaissent à jamais, avoua sa mère.

- Mais... Je ne peux vraiment rien faire pour elle? demandai-je.

- Je pourrais te demander de cesser de la voir, mais je ne pense pas que tu obéisses... Et cela lui fera sans doute bien plus de mal, me fit sa mère.

- Sans doute... Mais pourquoi la marier alors ? Cela ne lui fera pas de mal peut-être ? me suis-je énervé.

- Elle t'en a parlé... Il semblerait qu'effectivement, un mariage non désiré et qui pourrait briser ses rêves et ses désirs puisse stabiliser le sort, me fit sa mère.

Je la regardais en écarquillant les yeux et sans doute la bouche ouverte, j'avais envie d'hurler de rage.

- Tu dois te dire que nous sommes d'horribles parents, mais nous...

- Vous préférez littéralement briser votre fille à jamais ? Vous êtes tous les deux complètement tarés !!! ai-je hurlé.

- M'insulter alors que je peux te tuer d'un simple geste de la main n'est pas forcément une bonne idée, me dit-elle alors en me fixant attentivement. Mais cela prouve la force de tes propres sentiments.

- Je tiens à elle... Je voudrai l'aider... Mais je suis totalement impuissant... Sauf...

- Sauf? m'interpella sa mère.

- Elle m'a parlé d'une tradition...

- Je vois... Celle de l'amour éternel envers le premier à qui elle annonce être une sorcière, fit sa mère. Vous étiez des enfants...

- Mais cela l'a marquée, dis-je alors. Elle m'a attendu... Dès que je l'ai vue je suis tombé amoureux d'elle... Je ne peux pas vous laisser la forcer à se marier, dis-je froidement.

- Tu crois pouvoir t'y opposer? demanda alors sa mère légèrement intriguée.

- Je peux l'emmener loin, très loin, on pourra se démerder, je suis débrouillard, dis-je alors.

- Ce n'est pas la meilleure méthode, me fit sa mère.

- Et c'est quoi? demandai-je.

- Le défi, dit-elle alors.

- Euh... Mais encore ? dis-je désirant un petit complément d'information.

- Tu devrais prouver que tu es bien plus digne que son prétendant officiel de l'épouser, me fit sa mère en me fixant.

- Et comment je fais cela? demandai-je alors.

- Tu n'as aucune chance même en invoquant ton statut traditionnel, tu n'es qu'un humain, me fit elle froidement.

- J'ai du répondant, et puis je peux tout à fait mettre le temps qu'il me reste pour apprendre et me préparer, dis-je alors. Sauf ci cela ne s'apprend pas du tout.

- Le problème vient du temps qu'il te reste, dit alors sa mère.

- Comment ça ? dis-je légèrement inquiet.

- Elle doit prendre son prétendant pour époux d'ici vingt-trois jours après Halloween, me fit sa mère.

- Quoi??? hurlai-je. J'ai un mois et demi ? demandai-je choquée. Mais elle a seize ans putain de merde!

- Du calme... Comme tu le vois à ce cristal, il reste peu de temps, fit sa mère.

- Je veux la sauver... L'empêcher de se marier, marmonnai-je. Comment je fais ça ? demandai-je alors.

- Tu n'y arriveras jamais, fit sa mère bien trop résolue à mon goût.

- Je peux vous surprendre, dis-je alors. C'est un sorcier je présume ? demandai-je alors.

- Évidemment, il a vingt-cinq ans..., fit-elle avant de voir mon regard mauvais. Je sais mon garçon, sache que cela me gène également.

- Je dois convaincre son père également ? demandai-je.

- Là, ce sera littéralement impossible, me dit-elle. Mais en usant de la tradition.

- D'accord..., dis-je convaincu de connaître mon devoir. Elle peut tenir?

- Cette potion que je lui ai donnée est la plus avancée que je puisse produire, cela doit pouvoir la stabiliser aussi longtemps que possible.

- Donc elle pourra m'aider, dis-je alors. Je vais vous prouver de quoi sont capables les humains.

- Je vois que tu tiens à ma fille, alors essaye mais sache que cela peut t'emmener aux portes de la mort, me fit sa mère sans doute pour m'effrayer.

- Je n'hésiterai pas à les passer, à botter le cul de ce que j'y trouverai et à en revenir, dis-je alors résolu.

- Alors fais le... Si je peux, je t'aiderai également, me fit sa mère.

- Je vois que l'idée du mariage vous dérange, cela me rassure, dis-je alors.

- Oui... Tu es peut-être une chance qui est apparue pour elle, dit sa mère.

- Je peux aller la voir? demandai-je enfin toujours inquiet pour elle.

- Bien sûr... Mais elle a besoin de repos, dit-elle.

J'étais rassuré, j'avais un soutien. Je me dirigeai alors vers la porte de la pièce quand elle m'interpella une fois de plus.

- David? m'appela Dorothy.

- Oui? ai-je répondu sans me retourner.

- Tu as très peu de chance de gagner, je préfère être honnête avec toi, dit-elle calmement.

- Cela a le mérite d'être clair au moins, dis-je prêt à remonter.

- J'aimerais qu'au moins ma fille soit heureuse jusque son union, fit-elle alors. Et...

- Et? dis-je en me retournant.

- J'aimerais que si elle doit aller plus loin, qu'au moins ce soit avec un garçon qu'elle aime, dit-elle calmement en me fixant.

- Vous me donnez votre aval pour coucher avec votre fille? dis-je choqué.

- Dit comme cela ce n'est pas idéal, mais n'est-ce pas mieux ? dit-elle très gênée.

- D'accord, merci... J'organiserai cela pour les vacances de Noël, avec la neige c'est plus romantique, dis-je avec un sourire en coin.

- David... Elle se marie à Halloween..., fit-elle choquée de ma stupidité.

- Je suis au courant... Justement, dis-je en montant les marches.

Je revendiquai déjà m'en sortir même si je n'en avais aucune idée. Je devais gagner même si cela me dérangeait déjà d'imaginer Sarah comme une récompense. Je devais me calmer, elle pouvait ressentir les émotions. Je montais jusqu'au rez-de-chaussée, puis vers l'étage en cherchant sa chambre. Je pus alors voir dans un immense couloir magnifiquement décoré, Rosa devant une porte, elle semblait stressée.

- Rosa? l'ai-je interpellée.

- Oui? fit-elle étonnée de me voir en vie ( moi aussi je le suis).

- J'empêcherai cette union, dis-je alors. Sa mère m'a autorisé à la voir.

- Allez-y... Je vous aiderai également et vous pourrez compter sur Maurice. Monsieur Maximilian veut juste sa survie mais il aime sa fille, me dit-elle.

- Merci d'avance... Il a pris la décision la plus facile..., dis-je en ouvrant la porte.

Étonnamment cela ressemblait à une chambre d'adolescente des plus normales, des posters aux murs, d'acteurs, de films ou de chanteurs. Un bureau avec ses livres de cours et un ordinateur portable. Rien n'indiquait que la jeune fille endormie était une sorcière. Je me suis simplement assis sur le lit pensif et j'ai pris sa main. Je me battrai pour elle quitte à en mourir. Je l'empêcherai cette putain d'union, je me le jurai intérieurement.

- Da... David? fit alors Sarah en ouvrant doucement les yeux.

- Je suis là, dis-je alors. Reste allongée.

Je la vis regarder autour de moi et elle se rendit compte qu'elle était dans sa chambre et elle s'agita.

- Calme toi, ta mère m'a laissé passer, dis-je alors.

- Ma mère ? fit-elle étonnée. Elle...

- Elle m'a dit, pour le cristal... Ton état...

- Je vais aller mieux avec sa nouvelle potion, m'assura Sarah.

- Elle devrait tenir jusqu'à Halloween, me suis-je permis de dire.

Je vis son regard stupéfait, elle venait de comprendre que j'étais au courant.

- David... Je ne le connais pas... Je n'éprouve rien pour lui, s'empressa de dire Sarah.

- Je sais... Mais je ne vais pas laisser cela se faire, dis-je alors.

- Mais... Si tu veux t'y opposer tu vas te faire tuer, dit-elle inquiète.

- Je suis résistant, avouai-je amusé.

- Non, je ne veux pas que tu meurs... Je suis prête à me sacrifier si...

- Hors de question, dis-je alors. Tu ne l'épouseras pas.

- Mais...

- Je ferai tout pour l'empêcher, sache le, lui ai-je dit pour la rassurer.

- C'est pour ça que je voulais aller plus loin dans ta chambre, dit-elle gênée.

- On a tout le temps, dis-je alors.

- David... Tu n'y arriveras pas, fit-elle honteuse.

Je me suis simplement penché sur elle pour l'embrasser tendrement. Elle répondit doucement et je vis à nouveau une larme couler.

- Sarah... Je veillerai sur toi, je te protégerai et je te prendrai pour épouse... Si tu le veux plus tard, dis-je réitérant les propos d'époque.

- Tu...

- Oui, je viens de relancer la tradition, dis-je amusé.

Elle me regardait fixement, attentivement comme si je venais de la demander en mariage. Il faut bien reconnaître qu'avec du recul, cela y ressemblait un petit peu. Nous sommes alors restés là, face à face, en silence. Je venais de me mettre en lice pour l'épouser. Mais je ne comptais pas la laisser, je serai là pour elle. Elle se contentait de serrer ma main et je la voyais rougir un petit peu. Je mis quelques secondes à réaliser que la jeune sorcière devait sentir ma détermination et la profondeur de mes sentiments.

- David... Je t'aime et je te remercie des risques que tu veux prendre, dit-elle alors.

- Un risque, mais il n'y en a aucun, je suis coriace... Et puis la magie, c'est surfait, avouai-je avec un sourire en coin.

- Idiot, fit-elle avant de venir m'embrasser.

Même si j'embrassai désormais celle que je désirais défendre, je me rendis compte que ma petite assurance était totalement bidon. La magie et bien... j'en aurai bien voulu un peu, cela me servirait sans doute bien mieux que de la fausse assurance et un caractère de merde. Mais après tout, j'étais un peu un maître en situations de merde, je comptais me débrouiller sans. Mais j'avais des alliés et la petite clique d'intellos allait désormais être extrêmement utile. Le temps nous était désormais compté...



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