A Dark High School: Bewitched

Chapitre 13 : Deux enfants ayant grandi

6507 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2022 10:16

Chapitre 13

Deux enfants ayant grandi



Étonnamment, certains souvenirs restent plus forts que bien d'autres.




Je regardai sans cesse mon téléphone en soupirant. J'étais plutôt inquiet et totalement perdu de la situation ( vous me direz c'est redondant mais mettez vous à ma place). Même à cet instant, assis en classe je ne suivais pas réellement le cours.

- Monsieur Porter ? m'interpella le professeur.

- Quoi? dis-je en levant les yeux vers le professeur.

- Avez-vous la moindre idée de la réaction au tableau ? me demanda le professeur de chimie.

- Euh..., hésitai-je en regardant le fameux tableau et sa putain de formule. Non, finis je par répondre.

- Peut-être devriez vous regarder sur votre téléphone, me fit le professeur. Rangez moi ça un peu et prenez des notes.

Je rangeais mon téléphone assez énervé pour suivre le cours. Bon en fait, je ne suivais rien du tout, j'étais de loin trop intrigué. Cela faisait déjà deux jours que Sarah avait rencontré ma mère mais cela faisait surtout deux jours qu'elle n'était pas venue au lycée. Et le pire de tout? Cela faisait également deux jours qu'elle maintenait le silence total. Elle ne répondait pas à mes appels, et encore moins à mes textos. Heureusement que j'avais eu l'idée de demander des informations à Danielle, celle-ci me confirmant que Sarah n'avait pas été grillée par ses parents. Après une journée entière à la harceler, elle avait fini par m'avouer que Sarah semblait légèrement malade. Cette information m'avait fait paniquer, pensant que c'était ma faute et lié à la pluie qu'on s'était mangée en pleine gueule. Cependant, il s'agirait ( toujours selon Danielle donc) d'un épuisement magique, chose qui serait normale pour des sorciers... Le terme normal restant naturellement à l'appréciation de son utilisatrice. J'avais toujours du mal à enregistrer ces fameuses informations dites magiques, je ne m'y habituais pas du tout en fait, forcément pour moi, ce n'était pas normal. Enfin je l'entendis la fameuse sonnerie libératrice et mes affaires furent ranger manu militari dans mon sac tandis que le professeur parlait.

- N'oubliez pas que la semaine prochaine, je vous ferez une interrogation sur les formules chimiques..., fit-il sans que les élèves ne l'écoutent vraiment.

Je sortis immédiatement dans le couloir, courant presque pour me diriger vers le casier de Danielle. Elle me vit arriver à pleine vitesse et soupira de lassitude ( je devais devenir chiant à force).

- Calme toi, me dit-elle doucement. Je n'ai pas de nouvelles...

- Mais elle t'a pas dit pourquoi elle m'a blacklisté? demandai-je inquiet.

- Écoute... Elle a peut-être peur que ses parents ne profitent de son sommeil pour fouiner son téléphone... Tu devrais éviter d'être éloquent, me précisa Danielle.

- Je me doute, je mets rien de gênant... Mais elle répond jamais, marmonnai-je.

- Tu as pensé à l'éventualité qu'elle ne désirait pas se montrer empressée de répondre ? me demanda Danielle consternée.

- Pas empressée ok, je pourrais comprendre... Mais deux putains de jours... Tu te rends compte au moins? demandai-je en m'énervant.

Danielle me saisit par le bras pour m'amener plus près et pouvoir chuchoter.

- Écoute, je comprends ton inquiétude... Mais en cas de ce type d'épuisement, ils dorment énormément...

- Mais...

- Ne le prends pas forcément pour toi, elle tient à toi je le sais, me fit Danielle pour me rassurer. Elle me l'a dit.

- Elle t'a parlé de nous? demandai-je.

- Elle m'a juste dit t'avoir révélé... Certaines informations..., marmonna Danielle discrètement.

- Mais c'est vraiment normal ces conneries de mariage ? m'énervai-je de plus belle.

- Parle moins fort bon sang, m'ordonna Danielle. Malheureusement cela arrive...

- Et toi? Tu ne peux rien empêcher ? demandai-je tout de même.

- Si je pouvais, je le ferai crois moi bien. Alors maintenant essaye de laisser passer le week-end, qu'elle se repose tranquillement, me conseilla Danielle.

- Ras le cul, m'énervai-je alors en donnant un coup de pied dans le casier.

- Tout casser n'arrangera rien, me fit Danielle.

- Mouais... Allez je me casse, dis-je alors.

- Déjà ? demanda Danielle. Tu ne restes pas?

- Et non, je vais essayer de ronger mon frein dans le bus, lui ai-je répondu.

Depuis deux jours, je prenais ce putain de bus de merde, cela aurait pu être bien si c'était le même qu'Henry, cependant, lui il allait dans l'autre direction. Moi je devais prendre celui qui desservait jusque Breemwil. C'était d'un chiant un bus scolaire aux sièges collants et aux petits merdeux qui braillent. C'était si bien d'avoir un moyen de déplacement autonome mais vu que mon grand-père n'avait pas fini de réparer, je prenais mon mal en patience. Je devrais le récupérer pour lundi. Le trajet était long et heureusement que je pouvais m'envoyer des morceaux comme La Grange de ZZ Top, cela m'occupait un peu. Je descendis au même arrêt que d'habitude, à environ cinq minutes de marche de la ferme. Comme la veille au matin ou au soir, voir même ce matin, je m'étais arrêté devant l'allée menant au manoir Corey. Je me demandais si je serai accueilli correctement en allant frapper à la porte pour prendre des nouvelles mais je m'attendais à être très mal reçu. Ce serait stupide comme comportement alors autant rentrer en ruminant. Je marchais le long de l'allée, me disant que la ferme était bien moins calme depuis le retour de ma mère, elle était beaucoup plus énergique que mes grands-parents. J'ouvris la porte et j'ai jeté mon sac dans le couloir avant de filer vers la cuisine bien décidé à m'enfiler un petit sandwich. Ma mère devait être dans sa chambre, j'étais donc tranquille à me faire mes petites tranches de pain de mie en les agrémentant de tomates, salade et thon avant de croquer dedans. On mangeait un peu plus tard le soir désormais pour vraiment passer du temps tous ensemble. Je repris un peu de pain quand j'entendis des talons derrière moi.

- Salut M'man, dis-je alors sachant qu'elle était la seule à en porter.

- Ben... Qu'est-ce que tu fous là ? demanda ma mère visiblement étonnée.

- Je construis une nouvelle muraille de Chine putain... Ça se voit je me fais un sandwich, ai-je grommelé.

- T'es obligé d'être vulgaire ? Tête de lard, me fit ma mère.

Je me suis retourné près à lui dire un petit commentaire quand je me suis figé. Ma mère s'était mise sur son trente-et-un, arborant un tailleur jupe gris anthracite avec un chemisier blanc. Elle avait lissé ses cheveux courts pour qu'ils soient plaqués derrière ses oreilles. Je la regardais de haut en bas assez choqué.

- Je croyais que t'avais déjà le boulot... Tu as quand même un entretien ? demandai-je alors.

- David... Faut arrêter la branlette ça te rend idiot, m'asséna ma mère.

- Ha ha... Me fais pas rire, je viens de manger, dis-je consterné. Bon... T'as un rencard peut-être ?

- Ha d'accord... T'as zappé hein? dit-elle alors.

- Y a un enterrement ? J'ai zappé quoi putain ? dis-je alors.

- Putain, t'es toujours obligé de dire putain? me demanda ma mère avant de se rendre compte de son propre juron. Ok... Ma faute...

- Bon bref... Qu'est ce qu'il se passe ? demandai-je lassé.

- Il fallait bien que je présente bien pour ne pas faire honte à mon fils, dit-elle en me regardant tout me piquant un sandwich.

- Hey ho, fais toi à bouffer... Me faire honte ? demandai-je enfin après avoir réalisé.

- Ben oui... Mais je pensais que tu m'attendais au lycée, me fit alors ma mère.

J'ai fixé ma mère surpris, laissant tomber une rondelle de tomate sur le plan de travail. J'ai alors brusquement tourné ma tête vers le calendrier et sa petite annotation, cette même annotation me faisant réaliser le sens du propos de Danielle.

- Ho putain... La réunion parents profs... Et merde, marmonnai-je.

- Et oui... Quelle mémoire, rit alors ma mère.

- Bon ben amuse toi bien, dis-je en récupérant la tomate.

- Hey minute papillon, tu viens avec moi, me fit elle.

- Sérieux ? dis-je lassé.

- Ho oui, pas question que tu y échappes. On y va ensemble... Je dois m'attendre à me faire engueuler par ton professeur principal ? demanda-t-elle méfiante.

- Lui? Non... Prof de chimie par contre..., dis-je en me grattant la joue.

- Mouais... On ne change pas une équipe qui perd hein? me fit ma mère.

- C'est clair..., dis-je en croquant dans mon sandwich.

- Tu comptes bouffer jusque ce soir? Allez! s'énerva ma mère.

- Sérieux ? C'est pour ça le tailleur ? demandai-je alors en réalisant enfin.

- Ben oui, j'essaye de me vieillir un peu, fit ma mère.

- C'est loupé... T'es canon..., marmonnai-je.

- Merci... En même temps j'allais pas y aller en jean taille basse, le string qui dépasse..., fit ma mère sans filtre aucun.

- Heureusement, marmonnai-je avant d'abandonner pour aller enfiler un t-shirt propre.

Tandis que je me changeais, je me suis rappelé à quel point je détestais ces réunions. C'était bien à cause d'elle. Elle ne me faisait pas honte lors de ses réunions ( quoique je ne suis à l'abri de rien avec elle). Cependant, je ne suis pas aveugle, ma mère n'a que trente-quatre ans et est physiquement du genre à devenir le fantasme de tous les adolescents du coin. Et ça finissait en bagarre dès le premier débile qui disait que ma mère était bonne ou une MILF ou bandante ou tout autre propos du genre. C'était bien l'inconvénient d'avoir une mère qui faisait jeune, même en tailleur. Je soupirai en descendant avant de voir ma mère près de la porte.

- Ha ben quand même, marmonna ma mère.

- C'est bon, je suis là... Je suis obligé? demandai-je.

- On part sur de bonnes bases... En mère responsable, me répondit-elle.

- Tu l'es, dis-je simplement en réponse.

- D'habitude je bosse souvent lors des réunions, là j'ai le temps. Autant agir en mère, me dit-elle.

- Bon... On va comment? On prend la Mustang ? demandai-je intéressé.

- Pour que je sois déshéritée? T'es malade? me dit-elle alors. Ton grand-père m'a laissé les clefs du pick-up... Le sien pas ta poubelle hein! me dit-elle alors.

- Donc on est d'accord, dis-je alors. C'était quoi cette idée ?

- Il parlait de te responsabiliser... J'avoue qu'il a abusé, dit-elle soudainement.

- T'as vu cette merde? Tout le monde l'appele la Trash Mobile au bahut, dis-je alors.

- Hein? Tu te fais malmener maintenant ? demanda-t-elle choquée.

- Devine...

- Ok je ne demande rien, dit-elle soudainement. Je sais de quoi tu es capable... Et être au courant fait de moi ta complice, dit-elle en riant.

- Bon en route alors..., marmonnai-je.

Ma mère conduisait prudemment, beaucoup plus que moi mais ça, c'était pas franchement un exploit. On avait passé énormément de temps ensemble depuis deux jours ( j'aurais préféré avec quelqu'un d'autre mais bon, faute de grives on mange des merles). Je lui avais parlé de mes débuts ici au magasin, puis au lycée. Ma rencontre avec Danielle, Henry et Sarah l'avait d'ailleurs fortement amusée ( "Mon fils à la table des ringards ? Bonne blague" furent d'ailleurs ses propos qui lui valurent un jet de popcorn). J'avais également parlé de Sarah, beaucoup même et cela l'intéressait. Elle m'avait donné des nouvelles de tout nos voisins new-yorkais ( ok je m'en branlais totalement) et de ses collègues ( cela m'intéressait encore moins). Je regardai le bâtiment du lycée se rapprocher et je sentis mon angoisse augmenter. Elle se gara tranquillement et je vis que beaucoup d'élèves étaient déjà dehors, leur réunion étant sans doute finie. Je descendis comme ma mère et je vis le groupe de sportifs débiles. Ma mère regarda alors le lycée attentivement.

- C'est dingue, il est comme dans mon souvenir, fit-elle alors.

- Ha ouais? Tant mieux pour toi, marmonnai-je.

On avança tranquillement vers l'escalier et j'entendis un sifflement venant des sportifs. J'avais envie de réclamer un pied de biche pour leur défoncer les jambes tandis que je me tournais déjà vers eux pour leur dire ma façon de penser.

- Hep hep hep, fit ma mère en saisissant mon bras. On se calme... Ce ne sont pas les premiers.

- Ouais ben ils risquent d'être les derniers, dis-je énervé.

- J'ai dit on se calme, fit-elle alors. Je m'en fous.

- Pff...

Je rongeais mon frein en avançant quand je vis alors Danielle et son frère, ainsi que quelqu'un qui devait être sa mère, sortir du bâtiment.

- Hey t'es revenu? fit Danielle étonnée.

- J'avais zappé...

- Tu me fais une blague ? demanda Danielle étonnée.

- Non... Ha au fait, ça, c'est ma mère, dis-je en l'indiquant.

- Bonjour Madame, fit poliment Danielle.

- Danielle, je suppose, contente que mon fils soit ami avec de bons élèves, fit ma mère.

- D'accord, fit Danielle en me regardant amusée. Bon j'y vais.

Je vis alors son frère me regarder et tendre son poing pour un simple check. J'étais méfiant mais il me sourit.

- Merci pour le côté artistique, fit alors Garrett.

- Ha ok, dis-je alors en répondant à son geste. Pas de problème.

Je vis les deux adolescents suivre leur mère et je me suis retourné vers la mienne qui haussait un sourcil d'un air surpris.

- Côté artistique ? demanda ma mère étonnée.

- Ouais on tourne des films de boules à petit budget... Je t'en pose des questions ? demandai-je consterné.

- Très spirituel... Rassure moi... Tu ne fais pas un remake de Glee... J'aurai honte, fit ma mère en riant.

- Allez avance... Plus vite fini, plus vite rentré, marmonnai-je.

- Monsieur est de bonne humeur dis donc, marmonna ma mère en avançant.

Je menais rapidement ma mère vers le couloir du professeur de littérature, James Robson, mon professeur principal donc. Je vis dans le couloir, accompagné d'une petite femme rondelette mais extrêmement silencieuse qui devait être sa mère, Henry étrangement flippé. Profitant que ma mère s'arrête pour regarder des affiches, je me suis approché de lui.

- T'es en panique... Il y a un problème ? demandai-je pensant à sa nature.

- Imagine que le professeur dise que je suis dissipé, ma mère va m'assassiner, fit alors Henry.

- Henry... T'es sérieux? dis-je choqué.

- Ben oui..., fit-il en regardant vers ma mère. C'est ta mère ?

- Un mot de travers et... Je te fais bouffer tes ailes invisibles, dis-je alors tout bas.

- Elle est vachement classe, dit-il en la regardant. Ma mère on dirait une ménagère.

- T'inquiètes quand elle est bourrée, le côté classe disparaît vite, lui ai-je affirmé.

Je retournai près de ma mère et j'entendis immédiatement Henry et sa mère entrer tandis que Nicole et sa mère, aussi blonde et bimbo que sa fille, sortirent de la classe.

- Salut David! me dit-elle avec un sourire.

- Ouais... Salut, dis-je déjà lassé.

Je la vis s'éloigner et je sentis le regard de ma mère sur moi.

- Quoi? dis-je alors.

- Une concurrente de Sarah ? demanda ma mère. T'es un bourreau des coeurs en fait.

- Tu parles, c'est une pétasse et une chaudasse, elle doit se manger tellement de queues qu'elle a perdu le compte... Aïe, dis-je en recevant une claque derrière la tête.

- Ne manque pas de respect à une fille parce qu'elle est libérée sur le sujet, me fit ma mère sèchement.

- Ha mais je ne juge pas, sauf si elle n'est pas célibataire, marmonnai-je en me frottant la tête.

- Quand bien même, cela ne te regarde pas, dit ma mère froidement.

- Gna gna gna..., marmonnai-je vexé.

J'entendis la porte s'ouvrir enfin et je vis Henry sortir soulagé ( il était franchement grave lui à croire qu'il allait prendre cher dans la réunion... À part si ses devoirs avaient des taches, il n'y en avait réellement pas besoin de son inquiétude). Je le saluai tout de même en quittant mon appui, suivi par ma mère.

- Bonsoir David, fit alors le professeur Robson avant de regarder ma mère.

- Monsieur, fit celle-ci poliment.

Je vis le regard étonné du professeur sur ma mère et j'étais légèrement étonné. Il vérifia sur sa liste et osa prendre la parole.

- Je ne savais pas que tu avais une tutrice..., fit-il en lisant. Cela devait être ta mère.

- C'est ma mère, dis-je alors consterné.

- Ho... Veuillez m'excuser..., fit le professeur. Entrez donc.

- Merci, fit ma mère en me suivant. Mais il n'y a pas de mal.

- Je ne m'attendais pas à une femme aussi jeune, fit le professeur.

Je m'étais figé le cul à dix centimètres du siège. Je venais d'entendre un petit rire gêné de ma mère et je la fixais consterné. Elle fit le tour tranquillement pour s'asseoir devant le professeur.

- N'y allez pas par quatre chemins, fit ma mère.

- Mais... Il n'y a pas grand-chose à dire, il est assez bon élève même si ses interprétations laissent penser qu'il est un peu sans filtre, fit le professeur.

- Il tient ça de moi, cela aide d'avoir une mère qui n'était pas très âgée à sa naissance même si poursuivre des études n'était pas simple. Notre génération est plus ouverte, vous êtes de la même je présume... Vous avez quel âge d'ailleurs ? demanda ma mère sans honte.

- Vingt-huit ans, répondit le professeur Robson.

- J'avais raison, fit ma mère.

- Je sais également par votre père que vous êtes infirmière, lança le professeur.

- Oui, mais j'essaye toujours de lui accorder suffisamment de temps pour sa scolarité, avoua ma mère.

- C'est un bon point, dit-il en réponse.

- Mais en quoi est-il sans filtre? demanda quand même ma mère.

- Lorsque nous avons étudié Jane Austen, il a argumenté sur Orgueil et Préjugés par je cite " Mrs Bennet est une espèce de mère maquerelle déguisée capable de vendre le cul de ses filles pour obtenir du pouvoir sans se soucier des protocoles qui voulaient que l'aînée soit mariée bien avant les autres. Quant à l'organisation des rencontres, elle a présenté ses filles comme un supermarché présente ses surgelés", lut le professeur.

- J'aurais dit difficilement mieux, fit ma mère en riant. Manque de choix masculin dans cette œuvre, fit ma mère.

- Vous êtes également une lectrice assidue? demanda le professeur avec un sourire.

- Oui, pas mal d'auteur féminin évidemment, rien de tel qu'une femme pour savoir ce qu'une femme ressent, répondit ma mère.

- Je vois d'où vient vraiment son manque de filtre, fit alors le professeur en regardant ma mère.

- C'est parfois problématique...

- Pas pour moi, je trouve cela intéressant, fit alors James Robson.

Je regardai les deux trentenaires discuter comme si je n'étais pas là. Mais c'était quoi ce bordel? Ma mère souriait plus que nécessaire et en plus remettait souvent ses cheveux en place. Je la voyais même lisser sa jupe. Je me rendis alors compte que j'étais en train de tenir une putain de chandelle... Ils se croyaient tous les deux en plein date...

- Hum hum, dis-je doucement provoquant leur gêne respective.

Ça c'était bien fait pour eux, j'avais un peu ma vengeance à portée de main. Ma mère me regarda calmement.

- Et niveau comportement ? demanda ma mère replaçant la balle au centre.

- Rien à signaler de probant, fit Monsieur Robson en me regardant.

- Probant? dis-je surpris.

- Oui, je sais qu'il y a plusieurs dégradations sur le parking, une plus importante que l'autre d'ailleurs... Ça ne se reproduira plus, désormais une caméra filme le parking, ajouta le professeur.

- Bon à savoir, dis-je alors.

- C'est comme les rumeurs d'une certaine bagarre mais étant donné que c'était hors de l'établissement... On ne peut le prouver, même si un certain coach est désappointé, ajouta encore Monsieur Robson.

Je souriais, évidemment c'était hors du lycée, j'étais pas un débile non plus. Ma mère me regarda suspicieusement.

- Le manque de présence masculine dans son éducation sans doute, fit alors ma mère.

- Ha bon? Il n'y en a aucune ? demanda le professeur bien trop intéressé de la réponse à mon goût.

- À part mon père...

Et les revoilà en date... Je me fis alors tout petit pour éviter le sujet. Je vis assez effrayé ma mère regarder vers la main du professeur. Elle cherchait une alliance que j'en mettrai ma main à couper. Consternant. Et en plus je redevins invisible. Ils discutaient certes de mes cours et de moi mais ma présence ne semblait pas foncièrement nécessaire. Cela commençait même à devenir un petit peu long.

- Il ne reste qu'une chose, fit alors le professeur ( Hourra le calvaire était fini!!!). Vous pouvez vérifier si les données personnelles sont bien correctes?

- Oui..., fit ma mère en prenant la feuille. Hmmm... Ha le numéro de contact est celui de mes parents, je vais noter mon portable, je suis joignable à tout moment, fit alors ma mère.

Je plissai les yeux soupçonnant ainsi l'un des deux de désirer ce fameux numéro. Belle technique d'ailleurs.

- Peut-être nous verrons nous à la ferme, les légumes sont excellents, ajouta ma mère en se levant.

- Ha j'y penserai, c'est vrai qu'en tant que célibataire, je mange assez mal... Des légumes frais me feront du bien. Surtout à la ligne, fit-il avec un petit sourire.

- Ho pas besoin de régime, fit alors ma mère me consternant.

- Merci, fit le professeur avant de se rendre compte que son élève était à deux mètres. Bonne soirée à tous les deux.

- Au revoir, fit ma mère. Et au plaisir.

Nous sortîmes alors de la classe et je regardai ma mère avec un plaisir non feint. Un grand sourire devait orner mon visage c'était une évidence.

- Pourquoi tu souris comme ça ? me demanda ma mère. Parceque pour une fois tu fais ma fierté ?

- Haha... Tordant... Je me disais surtout que je n'étais pas le seul à devoir acheter des capotes, dis-je avec beaucoup de mesquinerie.

J'entendis ma mère se figer dans le couloir du lycée et sans doute me fixer. Je me suis alors retourné.

- Tu deviens dingue? demanda ma mère.

- Ho Monsieur le professeur... Voici mon numéro de téléphone, dis-je dans une imitation pathétique de femme esseulée. N'hésitez pas à passer à la ferme...

- T'es vraiment un imbécile..., marmonna ma mère. J'étais juste polie.

- Ho Monsieur, j'ai été une mauvaise élève, punissez moi avec votre grosse règle, ajoutai-je.

- Non mais tu m'imagines comme ça ? demanda ma mère vexée.

- J'avais l'impression de gêner, dis-je alors.

- Mais non...

- Avoue que tu le trouves mignon et je te fous la paix, lui ai-je assuré.

- Il est bel homme mais...

- Et célibataire, dis-je en insistant.

- Je ne cherche pas à me caser, fit ma mère vexée.

- M'man... T'es encore jeune et belle tu sais, dis-je alors. Je suis même le premier étonné de ne jamais avoir eu de beau-père.

- Tu... Tu es sérieux ? demanda ma mère.

- M'man... Tu l'as vu non, il était déjà à tes pieds, dis-je alors.

- Non? Sérieux ? demanda ma mère un peu trop contente.

- Dit-elle sur un ton qui laisse peu de doute sur ses désirs latents... Et puis j'aurais des bonnes notes, dis-je en riant.

- Idiot... Avance! fit-elle en me poussant.

Je regardai ma mère en biais et il était évident que le professeur lui plaisait bien, et vu qu'il était à deux doigts de baver, c'était réciproque. Je n'étais pas un imbécile, ma mère avait du succès et c'était mérité. Tant que je me retrouvais pas dans neuf mois avec un demi-frère ou une demi-sœur, ça ne me gênait pas. Je guidais ma mère vers la sortie quand soudain, dans le même couloir, je vis apparaître, s'approchant en sens inverse, Dorothy Corey. Je me suis alors figé avant de réaliser que je ne devais pas avoir l'air bizarre. Mais malgré tout je devais savoir.

- Madame Corey? l'ai-je interpellée.

- Oui? fit-elle en se retournant étonnée.

- Bonsoir, excusez moi de vous déranger mais je suis dans les mêmes cours que Sarah et cela fait deux jours qu'elle n'est pas venue, tout va bien?

- Elle est juste un peu souffrante, cela ira sans doute mieux après le week-end, m'assura Dorothy Corey.

- Saluez la de ma part, David, dis-je alors bien dans mon rôle du simple ami qui avait subi une potion qui effaçait la mémoire.

- Je n'y manquerai pas, m'assura la mère de Sarah.

Je la regardai alors s'éloigner et j'ai soupiré en me dirigeant vers le pickup pour rentrer. Ma mère me regardait assez étonnée quand j'attachai ma ceinture.

- Ses parents ne savent pas, lui dis-je alors.

- C'était donc bien sa mère, fit la mienne étonnée.

- Ouais..., ai-je juste répondu.

Tous le trajet, j'observais ma mère pensive, elle semblait réfléchir à quelque chose, sans doute son beau professeur de littérature et je la regardais. Elle tourna la tête vers moi et je l'ai alors trouvée bizarre.

- Ça va Maman? demandai-je.

- Moui..., répondit ma mère hésitante.

- T'inquiètes, Monsieur Robson va devenir un client fidèle de la ferme, dis-je alors en riant.

- C'est pas ça...

- Y a quoi alors ? dis-je surpris.

- Dorothy Corey... En la revoyant je me souviens d'un truc bizarre, dit-elle simplement.

Bizarre, c'était le bon mot pour qualifier cette famille mais je ne pouvais pas lui dire. Je la vis se ronger les ongles nerveusement, signe qu'elle réfléchissait à pleine vitesse.

- Et c'est quoi ce truc bizarre ? demandai-je légèrement interloqué.

- Quand tu étais petit... Quand on venait, on passait beaucoup de temps à la rivière... En aval là où les rives sont très larges, me fit alors ma mère.

- Mouais... Sans doute..., dis-je alors surpris.

- Je me rappelle que tu jouais avec la petite Sarah... Elle était déjà mignonne..., hésita ma mère.

- Ha bon? dis-je étonné.

- Oui... Cela m'avait marqué parce que je la trouvais déjà très polie pour son âge...

- Ça correspond bien à Sarah, dis-je en pensant à ma belle sorcière.

- Mais elle jouait différemment des autres enfants..., me dit alors ma mère.

- Hein? dis-je en la regardant surpris.

- Oui, la plupart des petites filles disent être des princesses... Mais elle... Elle a un jour dit qu'elle était une sorcière... C'était mieux, marmonna ma mère.

Je la regardai en écarquillant les yeux de stupeur. Sarah n'avait pas fait attention mais heureusement que l'imagination des enfants était suffisante pour brouiller les pistes.

- Un jeu d'enfant, dis-je en haussant les épaules et attrapant mon téléphone pour montrer mon peu d'intérêt ( ce qui n'était pas le cas).

- Et toi t'étais tout aussi mignon, tu disais que tu serais son chevalier, que tu la protégerai... Ce genre de choses, cela me faisait bien rire, une petite amoureuse à ton âge, tu parlais beaucoup d'elle... Bref...

Je ne voyais même pas de quoi elle parlait, je n'en avais littéralement aucun souvenir. Je la regardais en coin, méfiant.

- Et puis une fois sa mère est venue pour la récupérer, vous étiez les pieds dans l'eau et j'ai dit que c'était amusant comme jeu, je pensais qu'elle lui avait déjà lu le premier Harry Potter... Mais elle m'avait regardée horrifiée...

- Ses parents sont un peu à part, ai-je assuré malgré ma stupeur.

- Oui, c'est ce que je me suis dit... Le lendemain elle nous a apporté des brownies, fit ma mère.

- Quoi? dis-je méfiant mais surtout réalisant un éventuel ingrédient secret.

- Moi je ne l'ai pas mangé, j'ai jamais confiance... Toi tu avais déjà enfourné le brownie, gourmand que tu étais... Puis on ne les a plus croisé... J'étais inquiète pour toi mais tu ne semblais pas la réclamer... J'ai toujours trouvé cette femme bizarre, lança ma mère.

Je la regardais alors les yeux écarquillés, paniqué mais surtout désormais mis au courant de l'ultime détail qui me manquait.

- Quoi? dit-elle soudainement.

Je vis qu'on était aux abords de la forêt et donc pas loin du manoir Corey. Je devais être sûr.

- Arrête toi je descends,. dis-je alors.

- Hein? fit ma mère choquée. Ici ?

- Oui, je dois la voir... Arrête toi, ai-je alors presque ordonné.

- Bon..., fit-elle en s'arrêtant.

- Rentre, je ne vais pas trainer, lui ai-je assuré.

- Pas de bêtises, me fit alors ma mère.

- Promis, dis-je en filant déjà vers la forêt.

Je me hatais littéralement dans cette forêt, cherchant son numéro dans me répertoire de mon téléphone. J'attendis un peu après les tonalités.

- Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Sarah Corey. Je suis momentanément dans l'incapacité de vous répondre mais laissez un message ainsi que vos coordonnées et je vous recontacterai dans les plus brefs délais, fit la voix de Sarah préenregistrée.

J'étais toujours consterné d'un message de répondeur digne d'une entreprise professionnelle, le mien était bien plus simple ( "C'est le répondeur de David, vois connaissez la suite", net, simple et précis).

- Sarah, c'est David... Je dois te parler et rapido. Rejoins moi dès que tu peux à la rivière, près de là où on a croisé Danielle comme quand on était gosse, dis-je après le bip.

Je me dépêchais et je suis arrivé rapidement à l'endroit indiqué. J'avais volontairement précisé pour que, si elle me faisait la gueule, elle vienne quand même. Je dus patienter à peu près vingt minutes quand j'entendis des pas derrière moi et je me suis retourné.

- David? T'avais l'air surexcité sur le répondeur..., fit Sarah inquiète.

- Tu vas mieux ? Ton père risque pas de débarquer ? demandai-je à la volée.

- Je vais un peu mieux... Et il est pas là... Tu as dit quand on était gosse... Tu te souviens enfin? me demanda Sarah.

- Non... Mais ma mère m'a raconté un de ses souvenirs... On jouait ensemble, dis-je alors.

- Tu ne te souviens pas donc..., fit-elle tristement.

- Je ne peux pas m'en souvenir... Quelqu'un s'en est assuré..., dis-je devant ses yeux surpris. Surtout à cause d'un jeu.

- Un jeu? demanda alors Sarah.

- Une petite fille jouait à être une sorcière, dis-je alors.

- C'était moi,. fit-elle avec un sourire timide.

- Et j'ai enfin réalisé quelque chose... Tu me l'avais dit...

- Oui..., hésita Sarah.

- Est-ce que ça a un rapport avec ta tradition ? demandai-je enfin.

- Oui... Il y a une vieille tradition chez les sorcières... Si une d'elle dit à un homme qu'elle est une sorcière et que celui-ci avoue être prêt à veiller sur elle, c'est comme une acceptation...

- Une acceptation ? demandai-je surpris.

- Oui, l'acceptation de ses sentiments, fit-elle en baissant les yeux.

- Mais on était des gosses, lui ai-je justifié.

- Mais la magie dans ton corps... Je l'ai sentie différente... Et puis tu m'as dit une chose importante, fit Sarah.

- Que je serai ton protecteur ? demandai-je réalisant.

- Oui... Et tu m'as même offert quelque chose d'important... Tu as dit que même si cette pierre n'était pas magique, tu serais toujours là pour moi et que plus grand... Tu m'épouserais..., fit alors Sarah en sortant son collier.

Je fixais celui-ci, c'était une petite pierre informe, quelconque mais visiblement un symbole important. Le pire était que je réalisai également que j'étais peut-être celui à qui était destiné sa chanson.

- Et donc la tradition est que...

- Que je me suis promise à toi, dit-elle alors. Je sais... C'est idiot on était des enfants mais... J'ai espéré que tu reviennes...

- Sarah... On était des enfants...

- Mais pour une sorcière, une promesse donnée est une promesse sacrée, dit-elle soudainement. Mes sentiments n'ont jamais disparu et ton retour était comme un signe du destin, me fit alors Sarah.

- Un signe du destin ? demandai-je complètement abasourdi.

- Oui, fit-elle en approchant tout près de moi. M'avoir promis de me prendre pour épouse... Cela permet de t'opposer à l'union choisie par mon père.

Elle me regardait droit dans les yeux et je fondais littéralement. Elle m'avait attendu plus de dix ans.

- Je ne suis pas idiote je te rassure, ni même folle... Je me doute que le mariage n'est pas une obligation en soit, c'était une promesse de petit garçon qui n'a pas une réelle valeur mais...

- Cela me permet d'empêcher ton père de te vendre au premier venu? demandai-je heureux d'avoir enfin un moyen même si j'en étais encore assez perturbé.

- C'est ça..., avoua Sarah légèrement gênée sans doute par l'importance qu'elle avait donné à ces événements.

- C'est réellement une promesse magique ? demandai-je alors.

- Je ne comprends pas ta question, me fit Sarah assez dubitative.

- Dès que je t'ai vue au lycée... C'était comme une évidence... Comme si c'était écrit..., avouai-je en déglutissant tant cela ne me semblait plus si invraisemblable.

- Je ne sais pas... Mais je suis heureuse que tu sois tombé amoureux de moi quand même..., dit-elle le rouge aux joues ( Qu'est-ce qu'elle était craquante bon sang).

- Et je tiendrai ma promesse, dis-je alors désireux de ne pas lui donner l'impression d'être folle.

- Quoi? dit-elle surprise.

- Je veillerai sur toi, lui ai-je précisé comme devait le faire celui qui lui avait fait une si importante promesse.

Je me penchai soudainement vers elle pour l'embrasser et elle y répondit sans hésitation. Je la serrais dans mes bras avant de soudainement sentir une larme couler de ses yeux et effleurer ma propre joue. J'avais donc encore une chance de la sauver de sa situation.

- Gn... marmonna Sarah me poussant à ouvrir les yeux car je venais de comprendre que quelque chose d'anormal était littéralement en train de se dérouler devant moi.

- Sarah! dis-je horrifié en voyant alors son état.

Heureusement que je la tenais dans mes bras car elle s'était presque transformée en un poids mort. Je dus la retenir pour l'empêcher de tomber mais je pouvais la sentir trembler. J'étais paniqué, son épuisement magique était donc assez loin d'être guéri. Je ne savais même pas quoi faire.

- Réponds moi,. dis-je alors en la sentant trembler de plus en plus et me donnant l'impression qu'elle était peut-être épileptique.

Ses yeux étaient presque révulsés dans cette situation, j'étais complètement impuissant mais pas inattentif. J'entendis des pas et un cri paniqué.

- Ho non!!! Sarah !!!! hurlait presque Dorothy Corey en approchant.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je clairement paniqué ( qui ne le serait pas à ma place ?).

- Elle... Elle est malade, me fit sa mère mentant clairement et sans grande conviction sans doute dû à sa panique.

Moi, je ne pouvais plus me permettre de mentir, la situation exigeait de la franchise.

- C'est sa magie? demandai-je prêt à tout avouer.

- Comment tu peux..., fit sa mère en me fixant horrifiée.

- On s'en branle putain!!! Elle a besoin d'aide... Vous pouvez la soigner avec vos potions bizarres? demandai-je en hurlant.

- Oui... Au Manoir, dit-elle alors résolue.

- Je vais la porter, dis-je en soulevant Sarah dans mes bras avec délicatesse et prudence. Il faut se dépêcher.

Je passais devant sa mère qui me regardait assez stupéfaite. Je venais d'avouer être au courant et je n'avais pas eu le choix. On risquait de le payer cher.

- Dépêchons nous, fit alors sa mère.

- Elle ne voulait pas vous mentir, dis-je en portant mon si précieux fardeau tout en évitant de trop la secouer.

- Mais cela explique bien des choses, fit énigmatiquement sa mère.

Je portais juste Sarah, il fallait l'aider, l'aider absolument. Je devais la protéger, je l'avais juré et j'avais l'impression que je pourrais mourir de chagrin si elle ne s'en sortait pas. Ce sentiment, je le trouvais assez étrange quand enfin, nous arrivâmes au manoir, pénétrant dans celui-ci pour la première fois depuis ma première rencontre avec la magie.



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