A Dark High School: Bewitched

Chapitre 3 : La jeune fille en noir

7690 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/01/2022 16:35

Chapitre 03

La jeune fille en noir



La différence entre une prison et un lycée ? On sait toujours à quoi s'attendre dans une prison.



C'était le grand jour, pas franchement pour moi mais après tout une rentrée au lycée, c'est une journée importante. Ce matin-là, je m'étais levé assez rapidement, ne traînant nullement au lit malgré le début des cours à dix heures et j'avais rapidement fait mon sac. Il n'était pas très rempli ( je ne suis pas l'élève modèle en général) mais il contenait tout de même quelques un de mes manuels scolaires qui finiraient dans le casier et que j'avais à peine ouverts, quelques stylos et un simple cahier à anneaux pour prendre des notes ainsi qu'un vulgaire bloc de feuilles lignées au cas où il faudrait rendre quelque chose aux professeurs. Une fois le sac vérifié, c'était négligemment que je l'avais jeté sur mon lit avant d'attraper mes fringues. Mon choix avait été rapide, un jean noir et une chemise grise posée sur un t-shirt blanc assez fin. J'enfilerai également des bottines brunes pour parfaire le look mais avant tout, un petit passage à la salle de bain s'imposait. Une douche rapide sur un fond sonore des Red Hot Chili Peppers, Higher Ground précisément ( de quoi bien se réveiller en somme et se mettre d'humeur rythmée) avant de m'approcher du miroir. Je n'étais pas un maniaque du look mais j'avais des idées en tête ( ben oui quitte à reprendre le lycée autant que ce soit dans un but pas forcément louable... Oui, j'avais envie de voir des filles). Soudain, mon téléphone sonna coupant court au groupe californien et je l'ai attrapé. J'étais tout content, c'était ma mère ( je l'avais pas vue depuis des semaines, physiquement en tout cas). Un appel vidéo que j'ai accepté avant de voir apparaître le visage de ma mère. Elle était toujours aussi mince, voir maigre et même trop selon moi, et vu sa tenue ( et surtout sa fatigue visible à ses traits), elle venait de finir son service. Ses cheveux courts en coupe garçonne semblaient assez indomptables ce matin-là.

- Bonjour mon chéri, fit ma mère très contente de me voir.

- Salut Maman, tu vas bien? dis-je rapidement.

- Oui, je viens de rentrer du travail, dit-elle pour la forme vu que cela se voyait.

- Tu voulais voir le condamné ? dis-je mesquin.

- Haha... Crétin. Ben dis-donc... Tu t'es fait beau, réalisa soudainement ma mère.

- Ça veut dire que je suis moche en général ? ai-je répondu toujours aussi mesquin.

- Non, bien sûr que non, j'ai toujours dit que t'étais un garçon mignon... D'habitude tu es plus débraillé, fit-elle en riant.

- Ha ben d'accord, sympa la mère, dis-je en riant également.

- Tu vas au lycée pour étudier ou draguer les filles ? demanda-t-elle soudainement.

- Ça dépend de la réponse que tu attends, dis-je en mouillant mes cheveux.

- Mouais... Je vois le genre. Au fait tu sais que tes grands-parents sont fiers que tu aies respecté les règles ? demanda alors ma mère.

- Avais-je le choix? T'es pas obligée de répondre.

- David... C'est pour ton bien, me précisa ma mère.

- Ouais ouais... On va dire ça, dis-je en souriant à la caméra du smartphone.

- Je dois comprendre que tu m'en veux? hésita ma mère en entendant le ton que j'employais.

- Ça dépend...

- David, marmonna ma mère.

- Promis je ne te le ferai pas payer, lui avais-je alors assuré. Je suis impatient que tu sois là.

- Hooooo... Mon grand garçon a besoin de sa petite maman, fit ma mère en riant.

- Je viens de changer d'avis, avais-je ajouté.

- Bon, plus sérieusement... Tu vas au lycée et je t'en prie, tiens toi bien, me fit ma mère.

- T'es sérieuse là ? avais-je dit en me relevant quelques peu figé.

- C'est un nouveau départ David, ne fais pas le merdeux, fit ma mère. J'aimerais vraiment pouvoir passer une année scolaire sans être convoquée.

- J'ai l'impression d'être un monstre quand tu dis cela, dis-je alors.

- Mais non... Mais je te connais, tu pars au quart de tour quand quelqu'un te fait une remarque, prof ou élève, d'ailleurs, fit ma mère avec hésitation.

- Ho ça va... Je serai sage Madame la juge, dis-je mesquin.

- T'as intérêt mon chéri, je suis peut-être plus petite que toi mais je peux encore te botter les fesses, fit ma mère en me faisant un clin d'œil.

- Au fait moi aussi j'ai une recommandation pour toi, dis-je alors désireux d'enfoncer le clou.

- Ha... Laquelle ? fit-elle très étonnée.

- En mon absence, te laisse pas embobiner par un connard, fais gaffe à toi, dis-je très sérieusement.

- Tu crois sincèrement que j'ai le temps ? C'est une blague ? dit-elle choquée.

La réponse était à la fois positive et négative. Je savais de source sûre que ma mère n'avait pas eu beaucoup de relations depuis mon père, en tout cas longues. En effet, avoir un gosse à l'âge de dix-huit ans empêchait pas mal les sorties et faisait fuir les mecs extrêmement rapidement. J'espérais quand même que ma mère s'envoyait de temps en temps en l'air, elle était encore jeune et belle ( ça c'est d'ailleurs un peu chiant quand des potes me disaient que ma mère était bonne, leurs mâchoires s'en souvenaient en général). Mais surtout, elle ne m'avait jamais imposé de potentiel beau-père, et je savais donc qu'elle se sentait seule. Et la savoir seule à New York ne me rassurait pas vraiment.

- Maman, fais attention, avais-je insisté.

- Promis mon grand, fit alors ma mère visiblement touchée que je m'inquiète.

- Au fait, j'avais une question un peu bizarre...

- Comment on fait les bébés ? fit-elle en riant.

- Sois sérieuse s'il-te-plaît... Tu connais les Corey? avais-je demandé.

- Euh... À peine... J'ai dû les croiser deux ou trois fois quand on était en vacances... Ils ont... Enfin avaient une fillette il me semble, elle doit être grande maintenant, pourquoi ? demanda-t-elle hésitante.

- La femme s'est pointée à la quincaillerie et je l'ai trouvée étrange, dis-je alors.

- Je ne sais pas grand-chose... Je sais qu'ils étaient très protecteur envers leur fille. Quand tu étais petit, on les a croisé une fois à la rivière et ils avaient peur de tout... Je m'étais demandée si ils n'avaient pas déjà perdu un enfant, expliqua ma mère pensive. Cela ne semblait pas les choquer que je sois déjà maman, en tout cas la femme vu qu'elle venait acheter des légumes à tes grands-parents.

- Ha... Ok...

- Rassure moi... T'as pas été faire une connerie sur le domaine de leur manoir j'espère, fit ma mère avec sévérité.

- Tu crois que j'ai le temps? dis-je en reprenant sa phrase. Ils m'ont épuisé, dis-je alors.

- C'était une façon de s'assurer que tu te tiennes bien, m'expliqua ma mère.

- Mouais... Ils sont bizarres quand même..., marmonnai-je.

- Je te rappellerai que tu habitais New York, la ville où un homme en slip et avec un stentson joue de la guitare au milieu de la rue, dit-elle en riant.

- Plutôt spécial en effet, dis-je en riant.

- Allez mon chéri, je vais aller me coucher, je suis épuisée... Travaille bien, sois sage et je t'en prie sois prudent en voiture... Tu vas conduire seul pour la première fois.

- Moi il me fait flipper le Dodge, mais promis je ferai attention... Bye, je t'aime Maman, dis-je en la regardant.

- Moi aussi, tiens toi bien, fit-elle avant de raccrocher.

Maman ignorait que je conduisais les voitures de mes potes à New York et sûrement pas souvent à jeun mais bon ( ce qu'elle ignorait ne pouvait pas lui faire du mal). J'avais promis, je ferai l'effort. Je me regardai alors une dernière fois avant de retourner chercher mon sac et descendre. J'avais jeté mon sac à dos près de la porte avant de prendre un petit café. Ma grand-mère semblait un peu inquiète de ma rentrée, me poussant à me demander si elle était toujours comme ça ( dans cette éventualité, je plaignais énormément Maman qui avait vécu de nombreuses rentrées). Mon grand-père semblait convaincu que son traitement ( que je qualifierai d'ailleurs d'inhumain) avait été efficace et que désormais j'étais l'élève parfait. Mon petit déjeuner fut assez rapide et mes grands-parents m'accompagnèrent devant le garage après que j'ais revêtu ma veste en similicuir.

- Et voilà tes clefs, me fit mon grand-père en me les tendant avec fierté.

- Merci, dis-je clairement dégouté de ne pas avoir le droit de prendre la Mustang.

J'avais enfoncé la clef pour déverrouiller la portière et je l'avais ouverte dans un grincement qui semblait m'approcher de la mort. Je m'installai derrière le volant en fermant la portière.

- Tiens mon grand, fit ma grand-mère en me tendant un billet de vingt dollars, pour la cantine.

- Merci, dis-je en empochant l'argent.

- Je pensais te faire des sandwichs mais je me suis dit que tu étais peut-être trop grand, fit ma grand-mère avec hésitation.

- Cela n'aurait pas été gênant, dis-je pour la rassurer.

- Alors, fit mon grand-père en prenant la parole, tu attaches ta ceinture et tu conduis prudemment d'accord ?

- Je ferai gaffe au pickup, promis, dis-je alors méfiant.

- Je pensais à toi, t'es notre unique petit-fils après tout... Mais tu rentres immédiatement après les cours.

- Tu vas me mettre un bracelet électronique ? Je n'ai vraiment pas le droit de traîner après les cours ? demandai-je méfiant.

- Si tu tiens bien, je te promets de lâcher la bride, d'accord ? me fit alors mon grand-père.

- Je suis donc bien en conditionnelle, dis-je mesquin.

- Fais attention... Envoie moi un message quand tu es arrivé au lycée, me fit alors ma grand-mère qui s'inquiétait visiblement.

- Je n'oublierai pas... Reculez au cas où ça explose, dis-je en approchant la clef du contact.

Allais je mourir dans d'atroces souffrances ? C'était ce que je me demandais en enfonçant la clef de contact. Avec une certaine appréhension, j'ai tourné la clef et le moteur a légèrement toussé avant de ne réellement démarrer. Je pouvais voir un peu de fumée noire dans le rétroviseur mais cela ne dura pas vraiment longtemps. La fumée du pot d'échappement était devenue claire ( et je n'avais pas encore explosé mais c'est évident vu que je raconte cette histoire). Je voyais ma grand-mère sur le côté qui se mordillait la lèvre inférieure avec un peu de stress.

- Bon, je vous confie la maison, n'organisez pas de fête en mon absence, dis-je en souriant à mes grands-parents. Bonne journée.

- Fais attention, dit encore ma grand-mère quand mon pied enfonça l'accélérateur.

Je devais pousser un peu fort quand même pour que le moteur monte en puissance, c'était vraiment une poubelle ( je pourrais croire m'appeler Han Solo et piloter le Faucon Millenium). J'arrivais tout de même assez vite au bout de l'allée et pour me donner bon genre, j'ai même utilisé le clignotant ( cela lui fera plaisir au grand-père et c'était sans doute la seule chose qui devait fonctionner correctement dans ce pickup de merde).

- Allez me claque pas dans les pattes, dis-je alors en tournant assez difficilement tant la direction n'était pas géniale.

Mon grand-père m'en voulait sans doute plus qu'il ne daignait le dire en réalité. Cette fichue poubelle était une vraie saleté, lente et donnant l'impression que j'allais exploser à chaque changement de vitesse ( sans oublier l'aspect qui allait sans doute m'aider à repousser les filles). J'avançais méfiant sur la route quand j'approchai alors de l'entrée de l'allée menant au manoir. Je me suis alors garé ( assez curieux) et j'ai observé. Je me demandais si ils allaient sortir en Rolls-Royce ou en coupé de luxe du genre Porsche ( vu que le côté glauque cela pourrait également être un corbillard). Rien n'arrivait et, désormais convaincu qu'ils étaient peut-être déjà parti, j'ai décidé de redémarrer après avoir envoyé Bittersweet Symphony de The Verve depuis ma playlist. Ça résonnait bien et cela avait le mérite de surplomber tous les bruits angoissant du cercueil mobile. Rapidement, j'avais rejoint l'entrée de la ville et ses embouteillages, jour de rentrée oblige. Ce n'était pas dur de trouver le lycée, il était au centre de Soul Springs, me tentant ardemment de prendre la tangente mais bon, je n'allais pas sécher le premier jour de l'année (bien que l'année dernière je ne m'étais pas privé). Et la vision de cauchemar commença. Chose normale quand on se disait comme quoi qu'il était bien trop cliché. Le bâtiment de la Soul Springs High School ( c'était clair que le brainstorming pour lui trouver un putain de nom avait dû être extrêmement court et productif) était tout en béton et extrêmement moderne. Bâti sur quatre étages, rez-de-chaussée compris, le bâtiment était d'un blanc et gris assez uniforme et ne laissait aucun doute quant à sa modernité. Son environnement direct semblait assez arboré avec quelques parcs munis de banc et des allées de bitume aussi neuves que si elles avaient été coulées la veille. Bizarrement j'avais l'impression de m'approcher d'un lycée de petits merdeux bourgeois, le genre que je racketais par le passé, tous se pointant dans des vêtements de marques et de jolies voitures. Je faisais clairement tâche tandis que je suivais le bus scolaire pour rejoindre le parking à l'arrière. Je passais tranquillement dans ma poubelle en évitant les berlines de toutes marques majoritairement européenne et les petites Mini Cooper planquées ci et là.

- Allez, une putain de place, marmonnai-je pour moi-même en zigzaguant dans les allées.

J'en avais vu une, trop proche de l'entrée à mon goût mais j'avais vraiment les boules d'en chercher une autre. Je me suis dirigé vers cette place croisant les doigts pour ne pas me faire remarquer dans ma benne à ordure. Cependant, bien fait pour la discrétion ( j'en voulais clairement à mon grand-père), l'arrêt fut sonore. En effet, alors que je coupais le contact, le pot d'échappement se fit entendre dans un bruit révoltant.

- Bordel de merde! marmonnai-je en frappant mon front sur le volant enclenchant par ce biais le klaxon. Mais putain je l'ai pas touché !

Je venais d'attirer les regards des merdeux du coin et ouvrir la portière dans un grincement sonore n'aidait pas. Je les voyais se marrer et se foutre de ma gueule. J'ai attrapé mon sac et rapidement j'ai foncé vers l'entrée pour pénétrer à l'intérieur. C'était un lycée comme les autres avec un carrelage blanc et noir en damier au sol, les murs étaient couverts de casiers rouge. Quant aux lycéens, et ben c'était comme partout. Les sportifs décérébrés arboraient leurs blousons avec le logo de leurs équipes ( qui avait pu être assez con pour choisir un père pèlerin pour emblème bordel de merde?), roulant des mécaniques devant leurs petites poufs en jupette de Pom-pom Girls. Ces gens là faisaient sans doute la loi comme dans tous les lycées, se donnant de bonnes images publiques alors que c'était les pires être de la création. À leurs côtés, je pouvais voir les élèves à la mode dans des fringues qui devaient coûter plus cher que ma poubelle roulante, arborant leurs téléphones dernier cri et parlant de leurs si belles vacances ( ho mon dieu... Qu'est-ce qu'il faisait chaud à Hawaï... Crétins !). Bon comme dans tous les lycées, je voyais également quelques uns, ceux qu'on considère comme les ringards, se frayant déjà un chemin en évitant les gros cons qui leur en faisaient baver d'années en années, les queutards draguant déjà espérant tremper leurs biscuits, les nunuches qui minaudaient espérant se faire démonter la rondelle par les petits bourgeois tandis que certains devaient déjà s'imaginer se pointer armés de M16 et trucider toute la populace... Je crevais d'envie de craquer une petite allumette et de faire un feu de joie ( je me serai surtout bien barré discrètement pour sécher dès le premier jour). Je restais pantois à admirer les trophées du bahut, obtenus lors de tournoi de baseball ou de débats, le même genre de trucs qu'on trouve partout en somme.

- Bon, c'est pas tout ça... Le bureau des élèves pour obtenir un casier, dis-je pour moi-même en regardant les petits écriteaux.

Je l'avais repéré assez vite et j'avais foncé dans le couloir. Je remarquais déjà quelques regards, je devais être un sujet de conversation pour peu que le grand-père ait parlé de moi à ses clients. J'espérais deviner assez vite à quoi ressemblait la fille Corey, espérant secrètement que la miss au décolleté et string apparent que je venais de passer était du genre open mais j'avais à faire. Je suis arrivé devant le bureau des élèves et j'ai regardé le couloir surpris qu'il s'agisse également du secrétariat principal. Bizarrement, il n'y avait pas un rat... Je devais vraiment être le seul nouvel élève. Je me suis approché alors du bureau et j'ai vu au loin une petite vieille aux lunettes en demi-lunes qui approchait en traînant des pieds ( pourquoi c'est toujours des petites vieilles qui s'occupent de ça ?).

- Bonjour jeune homme... Que puis-je pour vous? demanda la vieille poliment.

- Bonjour, dis-je déjà lassé, David Porter, j'aimerais mon numéro de casier.

- Porter, fit-elle en s'approchant d'un ordinateur.

Je la vis taper lettre après lettre avec seulement deux doigts et je me sentis vieillir. J'avais envie de lui dire de se magner le cul. J'attendais encore quand des pas arrivèrent près de moi.

- Bonjour Phyllis, tout va bien? fit une voix qui distraya la vieille de sa tâche.

J'avais bougé la tête pour découvrir le professeur que j'avais croisé la veille.

- Ho David, bonjour, me fit le professeur.

- Bonjour, dis-je espérant que personne ne me verrait vu que cela nuirait à ma réputation (quoique la vérité serait pire alors).

- On se verra peut-être en cours, je crois que j'ai vu ton nom dans ma classe, fit-il.

- D'accord...

- La clef, James, fit la vieille en tendant une clé de salle de cours au prof qui se prénommait donc James.

Je le vis prendre la clef et partir en me saluant poliment. Je m'étais demandé quand j'avais bien pû passer dans la quatrième dimension pour sympathiser avec un prof. Soudain la vieille Phyllis me tendit un petit dépliant.

- Vous voulez que j'en fasse quoi? dis-je alors surpris.

- Vos grands-parents n'ont pas sélectionné d'options, j'attends, elles commencent la semaine prochaine.

Je pris le papier ( complètement lassé à vrai dire) et je le lus. Bon, niveau options, il y avait du choix entre les débats, les échecs, l'astronomie, toutes les langues possibles et imaginables, cours de cuisine... Celui là m'avait surpris mais intéressé, j'aimais bien cuisiner avec Maman, autant mêler l'utile et l'agréable ( et puis les filles aiment bien... Mauvaise raison mais bon).

- Cuisine et littérature française..., marmonnai-je.

- Bien..., fit elle avant de cocher les cases pendant vingt minutes au moins ( bon d'accord j'exagère un peu).

J'entendis une imprimante faire son devoir et la vieille me tendit un document. C'était mon horaire et il était à chier, profondément à chier. J'avais à peine d'heures creuses et les options me niquaient des après-midi de libre. J'aurais cuisine le mercredi après-midi et littérature française le vendredi après-midi ( le destin désirait donc que les jours de libre n'existent plus pour moi). J'allais commencer avec littérature et j'aurais histoire ce jour là. Mon professeur principal serait donc James Robson et j'espérais déjà ne pas avoir droit à un bonjour trop enjoué. Je partais déjà pour me diriger vers le casier soixante-dix-sept quand j'entendis la vieille parler au loin.

- Merci et bonne journée surtout, fit-elle visiblement outrée.

J'avais l'impression que la Phyllis voulait une putain de médaille pour avoir fait son job, c'était marrant, je penserai à faire pareil la prochaine fois au McDo, je chanterai l'hymne national quand la serveuse apportera mes frites. Mais c'était quoi ce bled? Le royaume des Bisounours ? Tout le monde il était beau et gentil ? J'en avais profondément ras le cul. Je bifurquai alors dans les couloirs cherchant mon casier en entendant des gens rires à mon passage à propos d'une certaine Trash Mobile ( non mais sérieux... Déjà un surnom débile ? Vive les ploucs, je risquais de devenir pote avec Cletus des Simpson si ça continuait). Je finis devant le casier soixante-dix-sept et après m'être débattu avec un cadenas pourri au code débile de six-six-six que j'avais changé en six-sept-zero ( Juin-Sept, pour ma date de naissance et zéro pour le niveau de bonheur que j'éprouvais), j'ai jeté ma veste et mes manuels de cours dedans en évitant de renifler une odeur de vieilles chaussettes.

- C'est bien ma veine, dis-je alors en essayant de refermer le casier dont la porte devait avoir décidé de me les briser menues.

- Tu dois relever le verrou pour le refermer, fit poliment une voix près de moi.

J'obéis à la consigne du mec qui venait de me dire cela et ce casier pourri était enfin fermé. J'ai posé mon front contre le casier, me demandant si je séchais ou pas les cours. Je sentis rapidement un regard sur moi et j'ai tourné la tête pour découvrir le type qui m'avait donné un conseil. Il était d'origine asiatique et portait un pantalon de costume noir. Il arborait une chemise blanche avec des bretelles rouges et surtout un porte-stylos en carton à la poche de poitrine. Steve Urkel venait de s'incarner devant moi.

- Quoi? dis-je en voyant son regard.

- T'es nouveau hein? fit-il en s'approchant.

Je me demandais si il était obligé de faire la conversation ( après la poubelle, si je pouvais éviter les nazes).

- Ça se voit non? dis-je alors consterné.

- Donc tu es le petit fils du quincailler? Avec mon père on s'y est rendu cet été pour refaire le poulailler, me fit le garçon maigrichon.

J'étais légèrement surpris ( mais merde la quincaillerie c'était le lieu de rencontre de ce bled ou quoi? Et si le grand-père pouvait éviter de m'afficher).

- Ouais c'est moi, dis-je alors en regardant ce garçon qui des années auparavant aurait fini la tête dans la cuvette à cause de moi et mes potes de New York.

- Henry Wang, fit-il en me tendant la main.

J'ai hésité un peu me demandant si c'était bien de sympathiser avec les gugusses du coin mais j'ai fini par lui serrer la main.

- David Porter, dis-je alors en réponse.

- Tu es vraiment de New York ? dit-il alors.

- Et oui..., dis-je en soupirant.

- C'est mon père qui a vendu le Dodge à ton grand-père, fit-il ensuite.

J'avais de plus en plus envie de lui faire payer ce coup là. Mais bon, tête de de puceau n'était pas responsable des décisions de mon grand-père.

- Grâce à lui, je suis motorisé, dis-je en cherchant un truc à dire.

- Papa ne veut pas que je conduise, je suis du genre stressé, fit-il en me souriant. Je prends le bus.

- Super...

- Oui, tu peux discuter avec des amis comme ça... Même si personne ne me parle vraiment, fit-il en regardant ma feuille.

Dieu m'en voulait... En fait je pensais soudainement que quand on avait piqué la voiture avec mes potes (raison de mon petit voyage, vu qu'il n'y avait pas de preuve de ma complicité j'avais échappé au centre correctionnel), on s'était planté et j'étais mort et en enfer. Le fameux Henry releva la tête content de lui et me regarda en souriant.

- On est dans la même classe, tu pourras t'installer à côté de moi, me fit il alors.

J'avais raison, c'était l'enfer... Henry m'attendait en plus. J'avais de la chance, un ringard m'avait pris en pitié.

- Bien, dis-je simplement. Je suppose que tu sais où est la classe ?

- Évidemment, tu viens? me dit-il alors.

J'eus droit à un peu d'informations sur les gens "dangereux" comme les sportifs à ne pas embêter, les pom-pom Girls légèrement hystériques et autres trucs du genre ( Henry ignorant évidemment qu'il devrait se méfier de moi en premier, si il savait il pourrait s'étouffer). Il m'avait même avoué être embêté, terme usité par lui, par trois filles pas fréquentables qu'il m'avait montrées ( l'une d'entre elles était plutôt une enfant qui n'avait pas grandi, plus petite que lui, il me faisait franchement pitié).

- Dommage que tu n'as pas pris Astronomie en option, on pourrait passer plus de temps dans les mêmes cours, fit il alors en me donnant envie de me pendre.

- Pas de chance, dis-je en remerciant ma propre lucidité de ne pas l'avoir choisie cette option.

Nous nous étions assis au fond de la classe, grâce à moi, et je pouvais voir que la classe contenait de tout même une gothique habillée tout en noir que je ne pouvais voir réellement. Et forcément le professeur entra.

- Bonjour à tous, fit-il en regardant la classe avant de me sourire. Je suis le professeur James Robson et je serai votre professeur de littérature et également professeur principal cette année.

J'étais maudit... J'avais sympathisé avec Henry et un prof... C'était bien l'enfer. Le professeur nous fit même écrire nos noms sur des petites plaquettes prévue à cet effet ( il venait vraiment de Los Angeles pour faire ce genre de choses?) évitant ainsi de faire l'appel. Et forcément, il allait parler de son cours.

- Cette année, nous ferons la part belle aux autrices principalement. De toutes nationalités et de tout styles. Nous commencerons par la maîtresse du suspense Agatha Christie, nous enchaînerons sur des auteurs de leurs époques comme Louisa May Alcott ou Mary Higgins Clark... Et bla bla bla ( j'avoue que j'avais décroché).

L'espèce de cas bizarre à côté de moi prenait des notes ( enfin il se prenait pour un greffier de tribunal vu qu'il retranscrivait l'intégralité du cours tout en me donnant des titres de livres de chacunes des autrices abordées). Cela m'énervait un peu qu'il me prenne pour un ignare. Comme si j'étais trop con pour connaître Mary Shelley ou Anne Rice, c'était quand même des pointures aux œuvres mondialement connues.

- Ras le bol, marmonnai-je en attrapant discrètement mon téléphone.

J'avais décroché et j'arpentais désormais les réseaux sociaux. Mes potes new-yorkais semblaient extrêmement amusés de savoir que j'étais en cours et m'appelaient désormais grosse tête ( j'eus même droit à une recommandation de mes amis qui consistait à faire attention si je trouvais une fille au cas où ce serait une cousine, ce qui ferait des marmots à deux têtes et trois bras). Ils avaient vraiment de la chance que je ne sois pas du genre à reprendre le pick-up pour aller leur défoncer la gueule. Le cours passa sans que je ne prenne de notes et que retentisse enfin la sonnerie. Quelle douce mélodie à mes oreilles, celle de la liberté ( et de la bouffe) qui s'offrait à moi. J'ai attrapé mon sac avec empressement (plus que pour suivre le cours d'ailleurs) pour me diriger avec d'autres élèves hors de la classe. Par coup de bol ( pour une fois), le professeur s'adressa aux élèves.

- N'oubliez pas que pour le prochain cours j'aimerais que vous ayez au moins tous lu un chapitre ou deux de Ils étaient dix d'Agatha Christie et étudier ses figures de style, fit le professeur Robson visiblement content de sa journée.

- Tu trouveras ? J'ai des questions à poser au professeur sur ses cours de l'année, fit Henry derrière moi. On pourra manger ensemble.

- No problemo, bonne discussion, dis-je trop heureux d'être débarrassé de lui.

Trouver le réfectoire n'était pas dur, suffisait de suivre le troupeau. Je me dirigeai tranquillement cherchant quelqu'un de ressemblant à la mère Corey, espérant saisir l'occasion de draguer, en vain. Un réfectoire comme tant d'autres s'offrit alors à moi et je fis la queue pour trouver de quoi manger. La cantine n'était vraiment pas chère en fait, même si payer pour certains produits fournis par mes grands-parents et leur potager était stupide. Cependant l'idée de faire vivre les petits producteurs locaux n'était pas forcément pour me déplaire, cela allait me changer des bouillies surgelées new-yorkaise. Je m'étais alors laissé tenter par le steak frites ( valeur sûre à l'origine et rarement messagère de mauvaises surprises) avec un simple soda avant de me chercher une place. Les réfectoires de lycée, l'endroit où chacun marque son territoire et se réunit avec ses semblables, rejetant les étrangers à sa meute, un vrai coupe gorge ( digne d'un documentaire animalier). Je me demandais bien si je réussirai immédiatement à trouver la fille des Corey et il fallait être stratégique. Si c'était une petite bourgeoise vu l'argent de sa famille, je devais me diriger vers la table qui semblait réunir les influenceurs du lycée. Je m'approchai discrètement de la table en espérant discerner des prénoms. Je n'en entendis que trois, Melody, Mindy et Mercedes ( qui ose appeler ses gosses comme une marque de bagnoles... Vite castration chimique pour éviter une récidive, je vous jure). Bon vu qu'il y avait de la place autant tenter sa chance. Bizarrement, les meutes de réfectoires (continuons le documentaire) disposaient toutes en cet endroit d'un détecteur d'intrus et comme un seul être ( supposément un esprit de ruche ) ils tournèrent la tête vers moi.

- Tu fous quoi? me fit la fille au nom de voiture ( et disposant des mêmes airbags).

- Hmmm... Je pose une salle de bain? dis-je avec finesse.

- Tu te crois où mon chou? me fit une autre fille aux cheveux roses. Ici c'est les pour les gens des cent mille.

- Les cent mille? dis-je complètement étonné.

- Oui, les abonnés, du con, me fit un garçon digne des magazines pour adolescentes qui montrait son portable.

- Ho... je vois le genre...

Ça se sentait que j'avais bien envie de lui carer son téléphone bien profond histoire que ses abonnés aient droit à une coloscopie en direct live. Je devais déjà respirer calmement pour me détendre et m'éloigner de ce genre de table. Bizarrement c'était un peu pareil partout et il ne restait que la table des sportifs que je n'avais pas essayée, eux ils étaient avec les Miss du lycée, les leaders semblaient évident, un grand black musclé sans doute le running back et son acolyte sortant d'un comédie romantique pour ado tant il faisait playboy, le supposé quarterback. Quand fallait y aller. Je me suis approché et j'étais désireux de me faire bien voir, grande méthode. Attention actor studio.

- Excusez-moi, vous verriez un inconvénient si un mec de l'Upper East Side s'installe ici? dis-je avec un sourire.

Ding ding, j'avais éveillé l'intérêt en prétendant venir du quartier riche de New York, le même quartier que même moi en tant qu'habitant je n'avais vu qu'en carte postale ou en série. Les petites miss bavaient déjà, les yeux criant dollars ( j'avoue que j'aurais préféré qu'ils crient braguette mais bon).

- C'est vrai? fit une fille très sexy à la voix légèrement nasillarde.

- Oui, c'est sympa comme quoi mais les filles ne sont pas aussi jolies, dis-je jouant la carte de la séduction qui semblait marcher.

- Alors pourquoi tu es venu en Trash Mobile ? demanda la même jeune fille.

Saloperie de surnom et saloperie de patelin, le grand-père me le paierait, je venais de me le jurer.

- Disons que venir en Lamborghini Aventador ferait quelque peu... prétentieux, dis-je alors mentant de plus belle.

- Tu sais que tu causes à ma meuf toi? fit alors un grand gaillard qui venait de se lever.

Je tournai alors la tête vers lui avant de déposer délicatement mon plateau. Si il voulait les emmerdes, ils risquaient de les trouver plutôt deux fois qu'un et sa saison allait finir avant de commencer.

- Elle parle d'elle même, dis-je alors en le regardant narquois. Elle semble suffisamment dégourdie.

- C'est pas parce que tu viens de la capitale que tu peux jouer au plus con avec moi, fit le grand gaillard en s'approchant.

Je le regardai alors complètement sous le choc, oui c'était clair que si je jouais au plus con, j'avais perdu d'avance. Ce mec était limite attardé. Malheureusement, tenté de le provoquer, je n'ai pu me retenir et j'ai regardé la pauvre nunuche dont il était le petit ami.

- J'espère qu'il assure mieux au pieu que dans la conversation parce que sinon tu dois vraiment te faire chier, dis-je à la fille à la voix nasillarde.

Je m'étais préparé à m'imposer comme en prison mais étonnement, le footballeur semblait analyser la phrase ( très longuement d'ailleurs) et j'étais dubitatif.

- Laisse tomber Will, fit alors celui que j'estimais être le quarterback. Et toi, ta place c'est à la table du fond.

- Et tu crois pouvoir m'y obliger? Si je veux discuter avec la jolie demoiselle c'est mon droit, dis-je toujours enclin à provoquer.

- Un souci ? fit une voix âgée près de moi.

Je me tournai alors découvrant un homme en survêtement, ventripotent et clairement enclin à défendre ses joueurs. Après les débiles de sportifs, le débile de coach.

- Il cherchait sa table, fit le quarterback.

- Mouais, dis-je alors en avalant de travers. Vous devriez filer un atlas à celui-ci, il doit avoir des difficultés à trouver ses propres orifices.

Le temps que le gros débile comprenne ou essaye, j'étais déjà reparti. Ce lycée me faisait déjà chier, je ne l'avais pas encore tabassé que l'on me faisait chier également. Je me dirigeais alors vers la fameuse table du fond, se trouvant sous la climatisation. C'était un signe, c'était la table des ringards. Autant pour moi. Je voyais à peine qui était assis en m'approchant mais je remarquais qu'il s'agissait de deux filles. La première était une afro-américaine en robe de fille sage ( il y avait carrément un col claudine sur sa robe saumon) avec des couettes, j'étais de retour à la crèche. J'avançais alors en regardant la seconde dont je ne discernais nullement le visage à cause des cheveux. Soudain, quand sa voisine s'adressa à elle, elle releva la tête et je me pris un quinze tonne sous le choc. Cette fille, qui n'était autre que la gothique de ma classe, je l'avais reconnue grâce à son chemisier noir aux manches de dentelles toutes aussi noires. Elle avait des cheveux longs d'un noir de jais transcendant, des yeux couleurs noisette et se pinçait les lèvres portant un rouge à lèvres tout aussi noir que son vernis à ongle d'un air mutin. Ses petites lunettes qui lui permettaient de lire son livre donnait à cette fille un air extrêmement sexy. C'était une véritable bombe, une déesse incarnée. J'avançais lentement en la fixant, je ne remarquais plus rien autour de moi, je ne pouvais quitter son visage des yeux et je la détaillais attentivement. Sa peau était assez pâle et uniquement ponctuée par un collier doré qui s'engouffrait dans le chemisier cachant son ornementation. Je déglutis totalement, avec son air mutin, elle venait de m'envouter, me charmer, de m'ensorceler et j'en passe. C'était la première fois de ma vie que d'un seul regard j'étais attiré comme ça par une fille, ce n'était même pas une pulsion digne d'un adolescent mais elle me plaisait. Bêtement, cela devait être ce que l'on appelle un coup de foudre. En un mot elle était juste telle Aphrodite dominant l'Olympe, sa place n'étant nullement avec les ringards mais au sommet de la chaîne de ce lycée. Tandis que j'avançais, mes pieds faisant le travail tout seuls, elle leva les yeux vers moi, les posant sur ma bien humble petite personne. Elle ouvrit doucement la bouche comme surprise que je m'approche quand soudain, elle se replongea dans son livre comme si je ne devais faire que passer. J'avançais toujours vers la table et j'étais arrivé. La jeune afro-américaine à côté d'elle me regarda étonnée et fit un signe sous la table à sa voisine qui haussa les épaules.

- Excusez moi, dis-je alors la bouche extrêmement sèche en fixant la gothique. Je... Je peux m'installer là où vous attendez quelqu'un ?

- Toi t'as eu la chance de rencontrer la faune locale, fit alors l'afro-américaine en me souriant.

- Malheureusement, je crois que je ne suis pas le bienvenu..., marmonnai-je en fixant la gothique espérant un regard, un signe, quoique ce soit.

- Mais si, installe toi, m'assura la jeune fille en robe à col claudine.

Ni une ni deux, j'étais installé. La gothique prit un morceau de sandwich coupé en petits morceaux sans même relever la tête.

- Merci, dis-je alors. Navré de vous déranger.

Je perdais toute mon assurance, moi qui aimait vanner, provoquer, j'étais complètement paralysé.

- Moi c'est Danielle Hartwood, fit-elle alors avec un sourire.

- David Porter, dis-je en réponse en la regardant attentivement.

Elle me regarda en écarquillant un peu les yeux. C'était reparti pour un tour.

- Le petit fils des Porter? fit-elle avant que je ne confirme d'un mouvement de tête. Hey Sarah, c'est ton voisin, dit-elle alors.

Là, ce fut moi qui écarquillai les yeux, Sarah Corey... Je l'avais trouvée, j'aurais eu du mal à deviner tant elle et sa mère étaient dissemblables. Elle releva juste la tête vers moi pour me regarder d'un air un peu supérieur.

- Salut, fit-elle alors avant de se plonger dans son livre.

La fameuse Danielle me posait des questions, essayant de faire connaissance. Elle était la gentillesse incarnée autant que Sarah pouvait être comme inatteignable. Par contre elle posait énormément de questions sur ce que je pensais de l'endroit, sur ma vie à New York, et tout le reste.

- Tu lis quoi de beau? dis-je alors à Sarah espérant un regard de cette Aphrodite gothique.

Elle releva alors uniquement la jacquette de son livre et me dévoila le titre, le Portrait de Dorian Gray. J'étais assez dubitatif de sa lecture.

- J'aime bien, dis-je alors ne trouvant rien de plus intelligent à dire ( je me serais bien giflé tant c'était nul).

- Bien sûr, répondit Sarah d'un air peu convaincu.

- Sarah, essaye d'être gentille, fit alors Danielle.

- Pourquoi ? fit alors la déesse toute de noir vêtue. Dès qu'il comprendra qu'ici c'est la table des pestiférés, il ira voir ailleurs. Ce ne sera pas le premier.

- Navrée, me fit Danielle. Mais ce n'est pas faux.

- Je suis coupable avant de fournir des preuves ? dis-je alors choqué. Mon portrait n'est pas aussi horrible.

C'était voulu de faire référence à Oscar Wilde pour éveiller l'intérêt de Sarah qui me regarda juste par dessus ses lunettes. Elle était vraiment canon et je déglutis bêtement. Elle haussa cependant les yeux au ciel et mon bonheur retomba. Je n'arrivais même plus à me comprendre.

- Je pense que dorénavant, je devrais plutôt me faire des sandwichs et manger dehors, dis-je alors.

- Ce serait pas mal, oui, fit simplement Sarah.

Je la regardais choqué de ce propos, c'était clairement une façon de se faire rembarrer vite fait.

- Cela t'évitera la honte de traîner à cette table, fit alors Sarah. Loin des gens maudits par la population locale.

- Euh...

- Tu auras compris qu'ici, c'est pas franchement les gens populaires, fit Danielle.

- Et pourquoi ? Vous semblez tout à fait normales, dis-je alors essayant d'être poli mais recevant un petit haussement d'épaules de Sarah.

- Moi c'est parce que je suis trop discrète, les gens ne me remarquent même pas en général, dit alors Danielle.

- Et moi cela ne regarde que moi, fit Sarah en refermant son livre.

- D'accord... Mais c'est sympa, je ne connaissais pas la fille Corey alors qu'on habite pas loin, dis-je soudainement désireux de rompre la glace.

- Tant mieux pour toi, fit-elle alors me brisant en deux.

Elle n'était clairement pas sociable en tout cas, elle m'avait rembarré en deux secondes. Soudain, surgissant de derrière moi, une voix que j'avais abandonnée derrière moi en classe se fit entendre.

- Ha ben c'est chouette ça, tu t'es installée avec mes amies, fit alors Henry en s'asseyant.

Et merde... Il était revenu. C'était mal barré, je serai fiché.

- Vous vous connaissez ? demanda alors Danielle à Henry toute contente.

- Oui, son casier est pas loin du mien, je l'ai accueilli tu t'en doutes, répondit Henry. Il a l'air sympa, on était assis en cours ensemble et il discutait avec moi.

Techniquement il tenait un monologue, mais bon, évitons de le faire remarquer.

- Danielle, on va à la bibliothèque ? demanda Sarah en se levant après avoir remballé son sandwich et rangé son livre.

- Euh... Ok, fit Danielle choquée en se levant. À tout à l'heure en cours.

Je les regardai partir légèrement choqué de ce comportement. Étonnement, je remarquai également que Danielle semblait effarée du comportement de son amie. Cette dernière se retourna en chemin et touchait son collier nerveusement. Elle me fixait comme si j'étais un intrus sur son territoire avant de s'éloigner avec son amie. De dos aussi elle était sublime, un corps parfait même si elle n'avait pas beaucoup de formes. J'étais envoûté encore plus qu'avant, j'aimais désormais Soul Springs, juste pour la présence de Sarah Corey. Je ne sécherai aucun cours, juste pour la voir, mais il faudrait vraiment que je brise la glace.

- Hé ho! fit Henry en passant sa main devant mes yeux.

- Hein? dis-je en le regardant parce qu'il m'avait sorti de ma rêverie.

- Tu te sens bien? dit-il. T'as l'air absent.

- Je... C'est elle, dis-je alors.

- Danielle ? T'as craqué immédiatement pour Danielle ? fit-il choqué.

- Non... Sarah..., dis-je comme au paradis en prononçant son nom ( il faudrait que je me ressaisisse).

- Ha... Mauvaise idée, me fit Henry.

- Mais pourquoi ? dis-je en la voyant quitter le réfectoire.

- Elle est un peu... particulière. Même pour nous tu vois, fit Henry.

- Ha... Et euh... Elle a quelqu'un ? demandai-je.

- David, je crois que tu t'aventures sur un chemin compliqué. Sarah ne s'intéresse pas aux garçons.

- Ha elle est lesbienne? dis-je en me maudissant ( et avec honte, envisageant presque un changement de sexe si nécessaire).

- Non, mais elle a ses raisons... Et sa famille est un peu surprotectrice, particulière même. Même avec ses amis, fit Henry.

- Mais donc... Elle est libre? insistai-je.

- Tu ne lâchera rien hein? fit Henry amusé. Tu vas te prendre de ces râteaux...

- Rien à foutre, ça servira dans le rayon de la quincaillerie, dis-je alors en mangeant enfin.

C'était déjà froid mais je m'en foutais, je ne ressentais plus rien, j'étais juste perdu. J'étais désormais totalement sous le charme de Sarah Corey, et je voulais tout savoir d'elle. Je voulais être un de ses proches et le ringard prêt de moi aller m'y aider aisément. Cette fille, elle m'avait tout simplement... ensorcelé.



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