Lupa

Chapitre 1 : Ammirevole

8918 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/07/2021 19:11

DISCLAIMER : Les personnages de Charles et Bran Cornick ne m'appartiennent pas, tout comme plusieurs autres à venir et l'univers de la fic. Ils appartiennent à Patricia Briggs dans la série Mercy Thompson et son crossover Alpha & Omega dont je m'inspire pour cette fic. Il est toutefois possible de lire cette fic sans avoir lu ces livres. Bonne lecture !



Charles Cornick avait été envoyé par son père, le grand Bran Cornick, également surnommé le Marrok, Alpha de tous les Alpha, en Italie pour engager des négociations avec l’équivalent du Marrok Italien, Armando Vitti. Bran avait prit la décision que les loups-garous allaient faire leur coming-out auprès du monde humain, il envoyait de fait Charles préparer les Alpha de certaines meutes réticentes à cette idée. Charles était, après Bran, le loup-garou le plus dominant que la terre ait portée. Il était d’ailleurs le seul à être né loup-garou, et n’avait donc pas nécessité de Changement. Cela lui conférait certains pouvoirs dont il était le seul à pouvoir jouir. Ainsi, Charles inspirait la peur à tous ceux qui croisaient sa route, même les membres de sa propre meute, à Aspen Creek dans le Montana. Sans arranger ce sentiment écrasant de terreur quand Charles arrivait dans une pièce, il était en plus l’exécuteur de son père. Quand il y avait quelqu’un à tuer, c’était lui qui s’en chargeait. De fait, Charles était très solitaire, refusant de s’attacher à qui que ce soit, au risque d’avoir un jour à tuer cette personne sur ordre de son père. Il en était maintenant à près de deux siècles de solitude.


             Il était arrivé la veille à Palerme, en Sicile, là où se trouvait le chef-lieu de la meute de Vitti. Mais c’était ce soir-là que se jouait le vrai match. Charles ne savait jamais vraiment comment ce genre d’intervention allait se finir. Parfois, il y avait des morts. Il espérait que ce ne serait pas le cas, il se sentait fatigué du voyage.  


             Armando Vitti avait réuni la totalité de sa meute dans un feu de camp. C’était une pratique récurrente au sein des meutes de loups-garous, une façon de nouer des liens tout en se sentant apaisé par la chaleur du feu. Il y avait également beaucoup de viande en général, les loups qui ont faim sont des loups dangereux. Tout était mit en place de sorte à ce qu’il n’y ait aucun débordement, ce que Charles apprécia. Peut-être que cette annonce allait parfaitement bien se passer finalement. Il passa en revue tous les loups-garous qui étaient présents. Il y en avait une bonne vingtaine, ce qui était une bonne moyenne. Il y avait beaucoup plus d’hommes que de femmes, comme dans beaucoup d’autres meutes, mais celle-ci était tout de même diversifiée, et lui semblait plutôt familiale. Si Charles ne connaissait pas Vitti comme c’était le cas, il se dirait qu’il s’agissait là d’une meute comme il en existe peu. Mais il le connaissait.


Son regard brun s’arrêta sur une femme. Il n’avait jamais vu rien de tel, et pourtant il avait vu beaucoup de choses. Il pouvait sentir sa dominance, sa force, sa souveraineté comme s’il s’agissait là de la véritable Alpha de cette meute. Soudain, alors qu’il se tenait-là, debout devant le bois qui brulait et les vingt autres loups qui fuyaient son regard, tout son monde changea. Il ne tournait désormais qu’autour d’elle. Il oubliait ce qu’il faisait là, sa mission, tout. Son loup l’avait choisie, elle. Il la voulait pour compagne. Il voulait qu’elle soit sienne sans autre forme de procès. Sa poitrine se souleva et pour la première fois depuis au moins un siècle, Charles eu l’impression de respirer vraiment. Il se sentait parfaitement apaisé ainsi qu’incroyablement excité. Il n’avait, au grand jamais, ressenti cela. Elle était tout à fait à son goût, pensa Frère Loup – le loup à l’intérieur de Charles – et Charles se vu obligé de le confirmer. Elle était assise à côté d’un garçon qui avait l’air d’avoir 18 ans, et semblait être son frère aux vues de leur langage corporel. Elle avait l’air d’avoir 26 ans tout au plus mais il pouvait voir qu’en réalité elle avait au moins un siècle de vie derrière elle, peut-être même deux. Sa peau était gorgée du soleil d’Italie, ses yeux aussi bruns que ses cheveux, ses traits étaient fins et marqués, et ses lèvres généreusement pulpeuses. Elle aussi, elle le remarqua. Ses yeux profonds, charmeurs et excités trouvèrent la force de s’enfoncer directement dans le regard de Charles, ce qui le déstabilisa. Ce n’était pas normal. Lorsqu’un loup plus dominant regarde un loup moins dominant que lui, ce dernier est physiquement obligé de baisser les yeux. S’il est un tant soit peu intelligent, il évite même à tout prix de croiser son regard. Il n’était pas peu dire que personne, hormis son père, ne regardait Charles dans le blanc des yeux. Frère-Loup adora ça. Un sourire en coin se dessina sur le visage de la femme, comme si elle pouvait entendre ses pensées, ou tout simplement lire les signaux que tout son corps lui envoyait. Il se sentit obliger de la faire plier, et laissa le loup monter délicatement à la surface, rendant ses propres yeux naturellement marrons soudain dorés. La fille rie, puis obtempéra à baissa les yeux. Charles aima cela. Aussi déstabilisé qu’il le fût, il n’avait jamais ressenti cela, et quelque part, il était serein. En deux siècles, ni lui, ni son loup n’avait choisi qui que ce soit. Et soudain, son loup avait tranché. Elle serait sienne.


La voix retentissante de Vitti le força à décrocher son regard de sa compagne.


-         Mes chers amis, pour ceux qui ne l’avait pas rencontré hier, je vous présente Charles Cornick. Il a fait le voyage du Montana à la Sicile spécialement pour venir nous voir, dit-il sur un ton de défi. Je propose que nous écoutions ce qui méritait un si long trajet.


Charles était déjà debout et le resta donc, bien ancré sur ses pieds, prêt à tout ce qui pourrait se passer. Il gonfla ses poumons d’air, ce qui lui donna l’air encore plus impressionnant. Personne, pas même l’Alpha de cette meute italienne, ne le regardait dans les yeux.


-         Je suis venu vous annoncer en personne que le Marrok a décidé que les loups-garous d’Amérique allaient faire leur coming out. Je ne doute pas que vous ayez déjà eu des échos à ce sujet, mais le Marrok pensait que dans un souci de bonne entente, il était aimable que vous l’appreniez de vive voix.


Vitti ri. Charles s’en doutait. Ce ne serait probablement pas si pacifique que cela après tout.


-         Aimable que nous l’apprenions de vive voix ? demanda l’Alpha, debout à côté de lui. Je crois savoir que plusieurs meutes influentes sont contre ce projet. Et si cela était notre cas également ?


Charles se tourna de sorte à faire face à l’Alpha, et le regarda dans le blanc des yeux, le forçant à baisser les siens au bout de quelques courtes secondes.


-         Je ne suis pas venu pour des négociations. Je suis là pour répondre à d’éventuelles inquiétudes, dit Charles avec une voix vibrante de pouvoir, et pourtant si calme en surface.


Vitti grogna.


-         Nous en avons, des inquiétudes, continua-t-il avec une mine renfrognée, regardant et s’emblant s’adresser à sa meute plutôt qu’à Charles. Depuis des siècles et des siècles nous vivons cachés, et ça a toujours parfaitement fonctionné. Pour quelle raison changerions-nous cela et nous mettrions-nous en danger en nous révélant au public ? Il se tourna lentement à l’encontre de Charles avant de continuer, tu crois vraiment que les gens n’auront pas peur ? Qu’ils diront, « des loups-garous ? bien sûr, bienvenu chez nous ! » ? Parce que moi je crois qu’ils vont se faire un plaisir de chercher un moyen de tous nous chasser, cracha l’Alpha.


Charles se tourna en direction de la meute étant donné qu’apparemment c’était elle qu’il fallait convaincre.


-         Malheureusement on ne peut plus vivre cachés. Il y a de plus en plus d’incidents, de plus en plus de loups Changés et donc de plus en plus de fautes commises. Le Marrok a repoussé cela pendant des années, mais ce n’est plus possible d’attendre. Trop de gens sont au courant, des humains. Une cinquantaine de loups ont reçu des menaces de la part de leur gouvernement. On ne peut pas se permettre d’avoir notre secret révélé par un ennemi, et nous ne pouvons plus tolérer ce chantage. Il faut que nous puissions nous montrer, en toute honnêteté, avec des loups-garous sous les projecteurs que la population croira, en qui elle aura confiance. Nous n’avons pas vraiment le choix. Et vous ne l’avez pas plus que nous, finit-il en faisant à nouveau face à Vitti.

-         Conneries, commença l’Alpha avant d’être interrompu.

-         Il a raison, dit la femme que Charles avait choisie pour compagne, toujours assise comme si elle n’avait pas besoin de se lever pour asseoir son autorité. Si on ne se révèle pas en nos propres termes, ce ne sera que chantage et carnage. Il est temps.


Sa voix était puissante. Elle avait un accent italien qui rendait ce qu’elle disait incroyablement séduisant, comme si chaque mot était sensuel. Il le senti soudain. Il ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait, mais il sentit la peur d’Armando, ainsi que la terreur de la femme, et bientôt celle de toute la meute. Bien ancré sur ses jambes, Charles guettait le moindre mouvement, attendant que ce qu’il était en train de se passer, se passe. Il ne savait pas vraiment quoi, mais c’était mauvais. Armando Vitti grogna à pleine voix et ses yeux changèrent de couleur alors qu’il tenta de se jeter sur la fille, mais Charles s’interposa, le bloqua de son corps, et l’envoya dans la direction opposée d’une pression de ses bras. La fille avait l’air terrorisée, mais elle n’avait pas peur pour elle.


-         Tuez-les ! ordonna Vitti à pleins poumons.


Charles vit que la plupart des membres de la meute hésitèrent, et ne comprit pas très bien comment cela était possible. D’ordinaire, lorsqu’un Alpha donne un ordre, les loups n’ont biologiquement pas d’autre choix que d’y obéir. La fille se rua au combat contre les membres de la meute qui semblaient vouloir sa mort à elle, ainsi que celle de son frère. Charles se joignit au combat, plus pour la protéger que pour autre chose, bien qu’il se rendît rapidement compte qu’elle n’avait nullement besoin de son aide. Se battre pour elle, comme pour lui, était sa seconde nature. Lorsqu’il avait été distrait par le combat de la fille, et qu’il avait ressenti le besoin de la protéger, il avait commis l’erreur malgré lui de laisser l’Alpha sans surveillance l’espace d’une seconde. Cette seconde avait suffi pour qu’Armando assassine le frère de sa compagne en lui tordant violemment le coup. Elle hurla, et cela déchira le cœur de Frère Loup. Il ne pouvait supporter que qui ce soit face du mal à sa compagne, et Charles non plus. Il comprit qu’il devait la sortir de là immédiatement, sinon il la perdrait elle-aussi. Ils avaient la totalité d’une meute contre eux, son Alpha venait de tuer son frère, elle n’avait plus rien, et était prête à tout risquer. Mais Charles ne le permettrait pas. Il devait la protéger. Il s’appliqua à rapidement faire tomber tous ceux qui étaient sur son chemin, qui n’essayaient d’ailleurs pas vraiment de s’attaquer à lui. Il attrapa la fille d’un bras et la porta sur ses épaules, s’en allant en courant. Armando Vitti leur hurlait dessus, mais il était assez intelligent pour ne pas se lancer à la poursuite de Charles Cornick.  


             La fille tambourinait sur son dos et hurlait pour qu’il la lâche, mais il savait que s’il la reposait à terre maintenant, elle courrait tuer son Alpha. Alors, il se décida à continuer de courir en ignorant ses plaintes, et la tenait toujours en bloquant ses jambes par-dessus son épaule à l’aide de son bras. Il arriva au niveau du 4x4 qu’il avait loué, ouvrit la portière du côté passager et assit la fille à l’intérieur, alors que celle-ci débordait de rage et de chagrin. Il ferma la porte derrière elle et verrouilla le 4x4 par le biais de la clé le temps qu’il monte lui-même dans le véhicule, histoire qu’elle ne se fasse pas la malle et qu’il doive tout recommencer. Quand il fut monté, il ferma à nouveau les portières du véhicule, puis il démarra.


-         Tu ne dois pas faire ça, lui dit Charles dont le Loup n’était toujours pas calmé.


Elle ne répondit rien, regardant fixement la route. Charles savait qu’elle se concentrait pour ne pas Changer. Il roula pendant quelques minutes sans rien dire, lui laissant l’espace dont elle avait besoin. Sa douleur et sa rage ne s’effaçaient pas, mais elle se calma un tantinet. Elle n’était plus sur le point de changer et de détruire la voiture de location. Des larmes coulaient sur ses joues, et Charles détestait cela. Il devait se contrôler lui-même pour ne pas faire demi-tour et aller arracher la tête de Vitti. Mais il savait qu’il ne le fallait pas. Cela aurait créé beaucoup de problèmes pour son père, pour lui, ainsi que pour sa future compagne. Cependant, Vitti était libre de s’aventurer sur un territoire qui n’était pas le sien, et en ce cas, Charles se ferait le plus grand des plaisirs de l’accueillir.


             Durant le combat Charles avait perdu ses moyens ainsi que sa vigilance et il n’en avait pas l’habitude. Lorsqu’il avait détourné les yeux de l’Alpha parce qu’il s’inquiétait pour la fille, c’était sa première erreur, et une erreur fatale. Il aurait pu lui-même se faire tuer si à ce moment-là l’Alpha avait décidé de le prendre pour proie. Obsédé et obnubilé par la fille, il n’y aurait vu que du feu. Elle le rendait vulnérable. Il ne savait pas encore si c’était quelque chose qu’il apprécierait, ou si cela lui ferait peur.


Il avait senti que quelque chose d’étrange et de grave s’était passé. Il avait pu sentir une sorte de combat de dominance entre elle et Vitti lorsqu’elle lui avait coupé la parole et appuyé le discours de Charles devant toute la meute. Mais il ne saisissait pas ce qui avait déclenché l’attaque, et il devait savoir. Après avoir évalué qu’elle n’allait définitivement pas détruire sa voiture de location, Charles entreprit de demander :


-         Que s’est-il passé ?


Elle prit le temps de prendre plusieurs inspirations avant de lui répondre en continuant de fixer la route qui défilait face à elle.


-         Je n’en suis pas sûre. J’ai l’impression que quand… quand j’ai dit que tu avais raison, je… j’ai senti que… comme si j’étais l’Alpha. Les liens, les liens ils ont, ils se sont accrochés à moi, j’ai senti le pouvoir de la meute. Je ne comprends pas. C’était… malgré les membres, comme si ma simple dominance avait fait que, et il l’a senti, comme moi.


Charles réfléchit un instant. Il n’avait jamais vu une telle chose se produire, mais en même temps il n’avait jamais rencontré une femme aussi dominante de toute sa longue vie. Il n’existait pas de femme Alpha, malheureusement, pensa-t-il. Les loups seraient sans doute bien mieux gardés parfois avec des femmes à leur tête. Ainsi peut-être que personne ne l’avait soupçonnée, ou prêté une grande attention à son intense dominance. Mais le fait qu’elle reste la plus dominante, même plus dominante que son Alpha, aurait pu en théorie faire que soudainement les liens de la meute se dissolvent de l’Alpha, et qu’ils la trouvent elle. Seulement, en théorie, pour cela, il aurait fallu qu’elle tue d’abord l’Alpha.


-         Ça n’est pas censé être possible, réfléchit Charles. A moins que tu ne l’ai tué, ce n’est pas censé être possible.

-         Je sais, dit-elle en soupirant, se prenant la tête entre ses mains.

-         Avait-il une idée d’à quel point tu es dominante ? demanda Charles.

-         J’ai toujours fait attention. Je suis joueuse et provoquante mais j’ai toujours fait attention à ce qu’ils ne voient pas à quel point je le suis vraiment. Je ne suis pas idiote, j’avais trouvé une meute qui voulait de moi malgré ma dominance, je n’allais pas me mettre en danger, et encore moins mettre en danger mon frère pour une histoire débile de testostérone. Pendant plus d’un siècle je me suis faite plus discrète que je ne le suis, plus petite, plus soumise. Il savait bien sûr que j’étais dominante, et il s’en méfiait. Mais je… ce soir je… quand tu… elle paraissait soudain gênée.

-         Je sais, répondit Charles pour la rassurer. Frère Loup aussi, il t’a choisie.

-         Quand il a commencé à te contredire j’ai ressenti cette pulsion et je n’ai pas pu la contrôler, j’ai juste dit ce que je pensais mais j’ai utilisé ma force intérieure et ça s’est passé.


Outre l’histoire incroyable qu’il venait de se passer, Charles se laissait bercer par l’accent italien de sa compagne lorsqu’elle parlait anglais. Même si sa voix n’était plus faite, à l’instant présent, de tant de sensualité, elle était pleine de vulnérabilité, ce qu’il apprécia. Sa louve devait se sentir profondément en sécurité avec Frère Loup pour qu’une créature si dominante se laisse voir si vulnérable, toutes gardes baissées. Il se sentait également rassuré d’entendre qu’elle ressentait la même chose que lui. Il entendait bien sûr lui faire la cour et la séduire comme il le fallait, si elle l’y autorisait, mais savoir qu’elle ressentait la même pulsion envers lui le réconfortait.


-         En essayant de me protéger tu as déployé malgré toi toute ta puissance. Peut-être que c’est possible… Je n’ai jamais vu une telle chose.

Charles était impressionné. Frère Loup était très satisfait de celle qu’il avait choisie.

-         Comment t’appelles-tu ?

-         Zaira. Zaira Milazzo.

-         Je suis désolé pour ton frère, Zaira, ajouta-t-il.

-         Ou m’emmènes-tu ? demanda-t-elle avec un ton nouveau, un ton bien moins vulnérable.

-         Dans le Montana, répondit Charles avec la même intonation.


Charles savait qu’elle était bien consciente qu’elle ne pouvait pas retourner dans sa meute, et qu’elle ne serait probablement pas en sécurité ou que ce soit en Italie. De plus, il l’avait choisie. Alors, elle venait avec lui. Ce n’était pas une condition négociable.


-         Je ne suis pas faite pour le froid, répondit-elle avec provocation.

-         Je m’occuperais de te tenir chaud, renchérit-il en la regardant du coin de l’œil.


Elle eu un faible sourire, avant de poser son visage contre la vitre de la voiture. Ils ne se dirent plus rien jusqu’à l’aéroport.


Charles Cornick était un homme impressionnant. Non seulement c’était le loup-garou le plus dominant qui lui avait été donné de rencontrer, mais en plus il était divinement beau. Il portait sur son visage ses origines indiennes et avait l’air d’avoir entre 25 et 27 ans tout au plus. C’était un amérindien grand et musclé, sa peau était bronzée, ses yeux brun foncé, ses traits marqués. Il portait de long cheveux bleus noirs en une tresse qui lui arrivait jusqu’au bas des hanches. L’énergie qui émanait de lui était si puissante, si sereine, et pourtant si incroyablement forte. Il n’y avait aucun doute qu’il s’agissait bien là du Charles Cornick dont elle avait entendu parler jusqu’en Italie. Il était fermé comme une huitre, mais elle pouvait sentir malgré tout qu’elle lui faisait de l’effet. Il exerçait un contrôle tel qu’elle ne fut pas capable de déterminer quel effet exactement, mais c’était fort, et ça l’excitait. De toute évidence, Zaira s’en délectait. Elle aussi, ça l’excitait.


Lorsqu’ils avaient pris l’avion, elle s’était surprise à se réveiller sur son épaule. Elle s’était endormie lors du vol, et son corps avait été attiré par celui de Charles. Elle avait ri quand elle avait ouvert les yeux pour trouver un Charles poings et mâchoires serrées. Les loups-garous mâles et dominants étaient comme cela, il fallait qu’ils se lient à leur compagne. Il l’avait choisie, il voulait qu’elle soit sienne, il devait donc la posséder. Le loup à l’intérieur des dominants veut trois choses : du sang, du sexe, et protéger les plus faibles que lui. Charles Cornick était un loup-garou très, très dominant. Elle aussi par ailleurs, cependant elle n’avait pas encore décidé si elle allait lui en faire un peu baver avant de lui donner ce qu’ils voulaient tous les deux ou non. Cette pensée l’avait faite sourire.


Ils étaient arrivés à Aspen Creek le lendemain après-midi. Zaira n’avait pas menti lorsqu’elle avait dit qu’elle n’était pas faite pour le froid. Lorsqu’ils étaient arrivés, Charles s’était arrêté rapidement dans le premier magasin de vêtements qu’ils avaient croisé, et lui avait acheté quelques pulls et un manteau. Avant qu’il ne lui mette ce dernier sur le dos, Zaira portait un débardeur et un short. L’Italie était bien loin derrière elle. Ils étaient ensuite allés chez Bran Cornick, le père de Charles, également Alpha de tous les alphas. Il possédait une maison gigantesque, bien que peu fantasque. La décoration ancienne et basique apprit à Zaira qu’il était un homme simple, et très âgé. Elle fut fort surprise lorsqu’elle le rencontra finalement. Bran Cornick ne ressemblait pas à l’image que l’on se faisait du loup-garou le plus puissant qui existe, il n’était pas très grand et pas musclé non plus, brun aux yeux noisette, il ressemblait à un étudiant à l’université qui passait ses week-ends à geeker sur son ordinateur.


-         Charles ! Te voilà revenu bien vite, dit-il en pénétrant dans la bibliothèque où ils étaient. Oh, et tu n’es pas seul, ajouta-t-il en souriant à Zaira.

-         Tout ne s’est pas passé comme prévu, répondit Charles à son père alors que celui-ci baisa la main de Zaira.

-         A qui ai-je l’honneur ? demanda l’Alpha.

-         Zaira Milazzo, s’empressa de répondre Charles avant qu’elle ne puisse parler pour elle-même, elle est avec moi, ajouta Charles en grognant en direction de son père.


Bran s’arrêta pour regarder Charles un instant.


-         Je vois, dit-il finalement. Venez donc dans mon bureau.


Le bureau de Bran était plein de bibliothèques, un homme de lettres pensa Zaira. Ses meubles étaient magnifiques et anciens, proposant plusieurs fauteuils et assises au choix. Lorsque Bran s’assit à son bureau, Charles et sa compagne l’imitèrent, prenant place face à lui.


-         Je t’écoute, lança Bran à l’intention de son fils.

-         Armando m’a reçu hier soir, lors d’un feu de camp. Toute sa meute était présente. C’est là que j’ai rencontré Zaira. Je lui ai annoncé tes projets, il a exprimé ses doutes, parmi lesquels le fait que les humains voudront nous chasser, je lui ai répondu ce dont nous avions parlé, il a contesté ma parole, et c’est là que les choses se sont… gâtées. Zaira lui a coupé la parole pour me soutenir et… nous ne savons pas exactement, mais il semblerait qu’à cet instant les liens de la meute d’Armando se soient détachés de lui pour s’accrocher à Zaira, expliqua Charles sur un ton solennel et concis.


Bran lança un regard fort intéressé à sa nouvelle invitée.


-         Tiens donc, dit-il. Une femme capable de voler une meute entière à son Alpha par le simple pouvoir des mots… et tu me l’amènes ici, renchérit Bran à l’encontre de Charles, un petit sourire en coin dessiné sur ses lèvres.


Zaira souri au Marrok et répliqua avec charme :


-         Armando n’avait pas le quart de votre dominance, Monsieur le Marrok.

-         Quel accent charmant, lui répondit-il en souriant.


Charles grogna à pleine voix, laissant le loup en lui se montrer.


-         Oui, oui, j’ai compris Charles. Continue ton histoire, lui dit son père.

-         Quand Armando l’a senti, c’est-à-dire tout de suite, il a immédiatement fait tuer le frère de Zaira, et il a envoyé toute sa meute sur elle. Je l’ai récupérée et je nous ai ramenés ici, conclut-il.

-         Et à quel moment… ? demanda Bran en désignant Charles puis Zaira de la main.

-         Dès que je l’ai vue, répondit-il fermement.

-         Je vois, répondit Bran en cachant à peine son immense sourire. Armando est donc toujours vivant, résuma Bran. En colère, mais trop peu dominant pour tenter quoi que ce soit. Et Zaira… est maintenant parmi nous, si je ne m’abuse. Je suis navré pour ton frère, il ne méritait pas cela. C’est la preuve de la faiblesse de cet Alpha. Ta volonté est-elle de rester ici ? demanda-t-il à son encontre.


Elle laissa ses yeux se poser sur Charles et fit rapidement le calcul : elle n’avait nulle part où aller, un loup seul était un loup en danger, elle était bien trop dominante pour la plupart des meutes et sa louve avait choisit Charles.


-         Je peux le prendre en période d’essai ? demanda-t-elle à Bran en souriant.


Charles ne ri pas, mais elle pouvait voir sur ses lèvres qu’il retenait un sourire. Bran, lui, ri à pleine voix.


-         Je sens qu’on va bien s’amuser, dit le Marrok. Nous avons un mariage demain, enchaîna-t-il, tu seras la bienvenue Zaira. Ce sera pour toi l’occasion de te présenter à quelques membres de la meute. En attendant, j’ai quelques maisons de libre si tu souhaites…


Charles grogna à nouveau, ce qui fit rire Zaira, mais elle su se montrer discrète.


-         Si tu souhaites un peu d’intimité, continua Bran en fixant son fils avec des gros yeux, mais si tu le souhaites tu peux également rester avec mon très agréable fils.


Elle sentit que Charles se tendit, attendant sa réponse. Il avait peur qu’elle lui échappe, il n’avait pas encore compris qu’elle aussi, elle le voulait, et qu’elle aussi, elle était particulièrement dominante. Il serait à elle, et à personne d’autre.


-         Si je le prends à l’essai il faut bien que je lui donne une chance, non ? répondit-elle en transmettant son sourire par son regard.

Charles se détendit un peu.

-         Bien, vous devez avoir besoin de vous reposer, je ne vous retiendrais pas plus longtemps. Peux-tu attendre mon fils dans sa voiture Zaira, je voudrais m’entretenir avec lui une minute.


Elle remercia Bran de son hospitalité et quitta la pièce pour aller attendre dans la voiture.



Bran ferma derrière lui la porte de son bureau, regardant Charles avec des yeux particulièrement amusés, bien que très surpris. Pendant un instant, il ne dit rien, il le regardait juste ainsi, amusé. Il fallait s’en douter, Charles lui-même avait eu l’impression de recevoir un coup de massue sur la tête. Personne n’aurait pu imaginer une telle chose.


-         Dès que tu l’as vue, hein ? demanda-t-il sans effacer son sourire.

-         Ce n’est pas moi, finit par dire Charles. C’est Frère Loup.

-         Toi, Frère Loup, c’est du pareil au même. Il est toi, tu es lui, vous êtes toi, répondit Bran en souriant.

-         Il l’a choisie. Je ne la connais même pas. Rien n’est écrit dans le marbre, je ne veux pas finir comme…


Charles s’arrêta en évitant le regard de son père.


-         Comme Leah et moi, finit-il pour lui. Je comprends. En tout cas tu auras maintenant du temps pour apprendre à la connaître. Cela au moins pourra nous être utile à tous. Je dois cependant te prévenir, tu vas en baver. Son énergie ne ment pas. Je n’ai jamais vu de louve-garou aussi dominante que celle-ci, m’enfin, dit-il après réflexion, c’est sans doute pour cela que ton loup est tombé. Samuel ne va pas te lâcher, conclu-t-il en riant.


Samuel était le frère aîné de Charles. Il avait quitté la meute de son père il y avait maintenant quelques années, et s’était trouvé une femme du nom d’Ariana. Il était enfin heureux, ce qui ne fut pas tâche facile. Et Samuel taquinerait Charles jusqu’à sa mort de s’être proclamé une compagne. En effet, personne connaissant Charles, absolument personne, n’aurait un jour pu imaginer que cela arriverait.


-         En même temps, elle est vraiment jolie, commenta Bran d’un air pensif.


Charles grogna réellement.


-         Calme-toi, lui répondit Bran sérieusement, je ne la convoite pas. Mais d’autres le feront, le prévint-il. Toi, Charles Cornick, l’homme inatteignable et incassable, tu ramènes une beauté italienne à tes côtés et la proclame tienne ? Penses-tu. Tu devrais sceller vos liens rapidement si tu ne veux pas qu’elle te passe sous le nez.

-         Nous le ferons quand elle le voudra, répondit un Charles particulièrement tendu.


Il savait que son père avait raison. Elle le rendait vulnérable dans son travail ainsi que dans sa vie privée. Nombre de loups-garous de sa meute et de meutes voisines voulaient défier Charles d’une façon ou d’une autre, mais ne le pouvaient pas parce qu’il était bien plus dominant qu’eux, et aussi parce qu’il les effrayait royalement. Auparavant, il n’avait aucun point faible. Son frère était parti, il faisait sa propre vie, et son père était encore plus dominant et puissant que lui. Maintenant, il avait Zaira. Certains tenteraient de la convoiter tant qu’elle ne serait pas sienne, et d’autres tenteraient après de la lui enlever. Rien de cela ne devait se passer, pensa Charles avec détermination.


-         J’espère qu’elle le voudra rapidement alors, parce que tu pars après le mariage, dit son père gravement. Il te faut aller à Chicago, il semblerait qu’un loup-garou inconnu Change des enfants, et qu’ensemble ils font des carnages. La police va bientôt être impliquée si ça ne s’arrête pas, nos contacts ne peuvent plus rien faire. Il faut que tu y ailles.

-         Nous ne savons pas de qui il s’agit ? demanda Charles.

-         Maintenant si. Warren Allport, anciennement professeur d’anthropologie à l’université de Chicago. Nous ignorons quand il a été changé et par qui, ce que nous savons c’est qu’il a quitté son travail il y a 6 mois, et qu’il a déjà Changé au moins cinq enfants, peut-être plus, ce qui n’est pas commun. Il n’a pas de meute, il n’a pas d’Alpha, et celui qui l’a changé l’a laissé se tirer. Ç’aurait pu être un Changement accidentel seulement…

-         Qu’il ai pu changer autant d’enfants est louche, termina Charles.

-         Effectivement.


Contrairement aux légendes urbaines, devenir loup-garou n’était ni chose simple, ni chose aisée. La morsure qui entamait le changement était les trois quarts du temps mortelle pour les êtres humains, et c’était une des raisons pour lesquelles les loups-garous ne devaient pas changer les humains. Des hommes sportifs et mûrs mourraient du Changement. Que cinq enfants soient Changés et vivants était plus qu’étrange.


-         Lui et ses enfants ont déjà fait 14 victimes, reprit Bran.

-         Bien, répondit Charles. Nous partirons le lendemain du mariage.

-         Nous ?


Charles lui sourit à pleines dents.


-         Tu rêves si tu penses que je vais la laisser seule avant de l’avoir épousée.



Charles l’emmena donc dans sa maison une fois qu’il l’avait rejoint dans la voiture. Elle se doutait que son père lui avait parlé d’elle, et quelque part elle était follement curieuse de savoir. Lui avait-il dit qu’il avait bien fait de l’amener, ou bien lui avait-il passer un savon ? Elle n’osa pas demander, parce que cela aurait été montrer qu’elle était inquiète, ce qu’elle ne pouvait pas se permettre.


Elle se rendit vite compte que Charles vivait vraiment, vraiment seul. Il n’y avait aucune maison autour de la sienne et elle n’en voyait pas non plus à l’horizon. De plus, il fallait traverser une grande allée enneigée pour atteindre la porte d’entrée. C’était une maison plutôt grande pour une personne, et décorée à l’image de l’homme qu’il était. Des tissus blancs décoraient le canapé et les fauteuils à la manière de plaids, probablement cousus à la main par de véritables indiens. Quelques tableaux ornaient le salon lumineux et spacieux, habillé d’un immense tapis blanc immaculé. C’était une belle maison, pensa Zaira. Elle s’y plairait. Les murs orange étaient chaleureux, et partout l’odeur de Charles remplissait ses poumons. Cela lui plaisait.


-         Alors, dit-elle en laissant tomber son manteau par terre, Charles Cornick a décidé que je lui appartenais ?


Tout dans son comportement était provoquant. Elle le regardait droit dans les yeux, son manteau mouillé gisait sur le sol propre, son sourire en coin appelait Charles et la position de son corps le laissait voir qu’elle était prête à le recevoir.


-         Pas moi, non. Frère Loup, répondit-il la voix serrée, se contrôlant ardument pour ne pas lui sauter dessus alors que tout son corps était prêt à s’élancer.

-         Oh, dit-elle en exagérant un ton de déception, dans ce cas… où est la salle de bain ?


Elle s’y dirigea avant même qu’il ne lui réponde, guidée par les bruits d’eau qu’elle percevait dans les murs de la maison. En chemin, elle enlevait son haut, le laissant lui aussi rencontrer le sol sous les yeux de Charles. Le loup en lui gronda de désir, et lorsqu’elle tourna le visage avec le sourire aux lèvres pour le regarder avant de disparaître dans la salle de bain, ses yeux étaient dorés. Elle rit à pleine voix, et disparue sous la douche.


             Elle s’était montrée provoquante, mais en réalité elle avait besoin d’un instant seule. Tout s’était enchaîné si vite. Elle avait perdu tout ce qu’elle avait. Elle avait fait parti de cette meute pendant près d’un siècle aux côtés de son frère. Depuis 11 ans, elle y tenait un bar. Elle aimait cela, les gens lui racontaient leurs vies, elle connaissait les histoires de tout le monde et adorait régler les bagarres lorsqu’elle n’était pas au milieu de celles-ci. Son frère était un loup soumis, alors elle le protégeait. Elle l’avait toujours protégé, mais ce soir-là elle y avait échoué. Elle ne regrettait pas le temps passé avec lui, elle en avait passé beaucoup. Mais il lui manquerait profondément. Et puis soudain elle se retrouvait dans le Montana, ou il faisait froid et ou il neigeait beaucoup, aux côtés d’un somptueux loup dominant. Dès qu’elle aurait finit de respirer sous la douche, elle se reprendrait. Elle redeviendrait la Zaira provoquante, charmeuse et dominante. Mais à cet instant, elle avait besoin d’évacuer son ancienne vie, et d’en faire le deuil.



Charles se faisait une violence remarquable pour ne pas sauter sur la louve face à lui. Elle était sortie de la salle de bain, dégoulinante d’eau, complètement nue, et avait ouvert son frigo. Bien que la pudeur ne fût pas de mise chez les loups-garous – puisqu’ils se retrouvaient fort souvent nus avant et après leurs transformations – en général ils n’étaient pas nudistes pour autant. Il sentait d’ailleurs qu’il ne s’agissait là que d’un jeu. Sa partenaire le testait. Elle avait appris que Frère Loup l’avait clamée, elle allait maintenant le mettre à l’épreuve. Charles ne savait pas le résultat qu’elle attendait, et il ne savait pas non plus s’il serait capable de passer le test. Autant qu’il le pouvait, assit sur son canapé, il essayait de ne pas laisser ses yeux se nourrir du corps nu qu’elle lui offrait de façon si provoquante.


-         Tu n’as pas une seule bouteille d’alcool ? s’indigna sa compagne.


Charles sourit en fixant le sol. Il ne buvait pas, il savait que ce n’était pas bon pour son corps, et son corps était tout ce qu’il possédait vraiment. Il en prenait soin avec délicatesse. Avant de lui répondre que non, il pensa l’espace d’une seconde qu’elle serait peut-être plus réceptive si elle buvait un ou deux verres. Il avait remarqué qu’elle avait remit un masque sur son visage, qu’elle ne se montrait plus du tout vulnérable et qu’au contraire elle se forçait à être aussi provoquante. Si c’était naturel chez elle, il pouvait voir qu’à cet instant précis c’était forcé. Elle ne se sentait probablement pas assez en confiance pour laisser tomber sa garde, et il pensa que l’alcool l’aiderait peut-être. Il se détesta d’avoir eu cette pensée. Il devait gagner sa confiance, et non pas la saouler pour en profiter.


-         Mon frère est mort hier, dit-elle sur un ton calme, si tu crois que c’est profiter de moi que me donner de l’alcool, tu te fourvoies.


Il leva finalement les yeux vers elle. Elle était splendide, il ne pouvait pas faire autrement que de le constater. Frère Loup et lui en étaient très satisfaits. Et elle l’avait pris à son petit jeu. Personne, hormis son père, n’était capable d’interpréter les émotions, expressions, odeurs et autres indices de Charles sur son état interne. Il était devenu maître en l’art de cacher ce qu’il ressentait, ou bien ce qu’il pensait. Visiblement, elle aussi y été douée. Presque autant que cela lui déplut, il l’apprécia.


-         Je suis parfaitement consciente qu’il faudra que je laisse tomber mon masque d’une façon ou d’une autre, ajouta-t-elle en faisant résonner son accent italien plus fort qu’habituellement, sachant parfaitement que cela accentuait son charme. Si tu me donnes une bouteille de vin, ce pourrait être maintenant.

-         Tu n’es pas obligée de laisser tomber quoi que ce soit, lui répondit-il sérieusement.

-         Non, je n’en suis pas obligée, répondit-elle soudain avec beaucoup d’honnêteté. Mais j’en ai envie.

-         Va t’habiller, répondit Charles en se levant chercher une bouteille dans la cave.



Elle était revenue dans le salon vêtue d’une chemise appartenant à Charles, ce qui lui plu plus que cela ne l’aurait dû. Il lui avait servi un verre de vin rouge et avait posé la bouteille à côté, alors que lui buvait du thé dans une tasse fumante. Elle s’assit à ses côtés en ramenant ses jambes contre elle, et bu le vin qu’il lui avait ouvert.


-         Délicieux, commenta-t-elle.

-         Comment tu te sens ? demanda-t-il timidement.


Charles n’était pas doué avec les gens. Son rôle était de les traquer et de les tuer, pas de s’inquiéter de leurs sentiments. Il ne savait pas s’il s’était montré maladroit ou encore indiscret, mais elle souri en regardant son verre. Elle laissa ses lèvres tremper dedans une autre fois avant de lui répondre avec douceur :


-         Comme quelqu’un qui vient de perdre tout ce qu’il avait, j’imagine.

-         Je suis désolé, répondit-il.

-         Ce n’est pas de ta faute.

-         A quoi ressemblait ta vie ? essaya-t-il encore en se forçant à lancer la conversation.

-         J’étais barmaid dans le village de la meute. L’alcool, les discussions, les dragues, les bagarres… tout ce que j’aime, dit-elle avec un sourire nostalgique. Avant j’étais danseuse, tueuse à gage, encore avant j’étais peintre, bien avant j’ai été Marquise, j’ai été bien des choses. Tout comme toi, Charles Cornick.

-         Non, moi je n’ai toujours été qu’exécuteur, dit-il gravement.

-         Vraiment ? dit-elle en souriant. J’ai entendu des histoires à propos du seul homme né loup. J’ai entendu dire qu’il était médecin, magicien, soignant, protecteur, frère, fils, politicien. Admiré, en somme, chuchota-t-elle.

-         Craint, surtout.

-         C’est ce que je dis, dit-elle encore plus bas. Admirable.

-         Admirable ? reprit-il. De n’inspirer que de la terreur ?

-         Si, répondit-elle en italien, les yeux excités, ammirevole.


Charles la regarda un instant. Il savait qu’elle était une femme plus dominante qu’il n’en avait jamais vu, mais il ne s’était pas douté qu’elle avait un tel goût pour la violence. Il pouvait le lire en elle, son pouls, son rythme cardiaque, ses pupilles dilatées, son souffle, son odeur, tout lui disait qu’elle était excitée par le personnage qu’il représentait. Il était puissant et craint, il tuait beaucoup de gens, et cela lui plaisait, alors que lui détestait ça.


-         Je suis une femme, reprit-elle plus calmement. Et je suis une louve-garou. On attend de moi que je sois soumise. Que je sois douce. Que j’ai peur. Que j’ai besoin d’être protégée. Qu’on s’occupe de moi, dit-elle avec dégoût. Dans ma dernière meute je n’avais pas besoin de feindre avoir besoin d’une protection masculine dont je ne pouvais pas me passer, mais je n’ai jamais pu être qui j’étais vraiment. Aucun Alpha ne veut d’une femme aussi dominante et violente dans sa meute, elle marqua une pause et bu une gorgée avant de continuer avec animosité, et aucun homme ne veut d’une femme aussi puissante.

-         C’est pour ça que tu es seule ? demanda-t-il avec compassion.

Il la comprenait, d’une certaine manière. Lui aussi, sa dominance et la violence qu’il avait en lui inspirait la peur. De la même façon, cela le rendait seul. Elle bu une nouvelle gorgée avant de lui répondre :

-         Je ne l’ai pas toujours été, mais je n’ai jamais trouvé d’homme qui avait les épaules assez larges pour rester.

Il détesta entendre qu’il y avait eu quelqu’un d’autre. Son torse se bomba en une inspiration et il ne put s’empêcher de demander :

-         Qui y a-t-il eu ?


Elle le regarda dans les yeux et souri.


-         Ça c’est une histoire pour laquelle il n’y a pas assez d’alcool.


Elle bu une nouvelle gorgée avant de lui retourner la question. Elle aussi, elle était tendue d’entendre la réponse, son corps le lui apprenait.


-         Personne. Il n’y a jamais eu personne d’important.


Lorsqu’elle eu bu quelques verres, elle se mit à lui parler de son frère. Elle lui expliqua qu’il était un loup soumis, et qu’elle avait prit soin de lui toute sa vie. Ils avaient dû changer de meute plus d’une fois lorsque parfois elle avait été obligée de le défendre un peu trop face à des Alpha douteux. Elle ne pleura pas de la soirée, mais il pouvait voir qu’elle s’en empêchait parfois. Elle lui plaisait. Elle avait un côté effrayant parce qu’elle n’avait plus rien, de fait elle n’avait peur de rien, et qu’elle était véritablement puissante et sans aucun doute assoiffée de sang, mais elle se montrait également vulnérable et honnête. Il pouvait voir que sous son armure se trouvait également quelqu’un qui avait besoin qu’on l’aime. Qu’on l’aime comme elle était. Pas comme une chose fragile, mais comme la louve forte et épuisée qu’elle était.


-         Tu n’as pas besoin de prétendre être quelqu’un d’autre ici. Pas avec moi, lui dit-il.


Elle ne lui répondit rien. Elle soutint son regard quelques instants, et il put y lire du doute, mais également de la gratitude. Puis ils avaient parlé de lui. Il lui avait parlé de son frère, des voyages qu’il avait faits, des gens originaux qu’il avait rencontré. Elle s’était détendue au fil de la soirée, tout comme lui. Finalement, ils étaient partis se coucher, et rien de plus ne se passa ce soir-là. 


J'espère que ce début de nouvelle fic vous aura plu et vous aura donné envie d'en lire plus ! N'hésitez pas à me dire quoi dans les commentaires, vous pouvez également voter pour ce chapitre !


A très vite !


Liv Stivrig


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