Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 27 : LIBEREE! DELIVREE!

2449 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2024 18:27

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 27

LIBEREE ! DELIVREE !


Petit avertissement: les attaques connues d'Aphrodite des Poissons ne seront pas les mêmes que celles employées par Iris pour les besoins de la fic.

 

—   Tu es prête ? Une fois que tu auras plongé, tu seras seule.

 

Jour J pour Iris : arracher l’armure des Poissons aux profondeurs de l’océan Arctique. L’apnée et la pression de la profondeur n’étaient pas un problème mais le froid oui. Si elle avait été un chevalier des glaces, comme le Verseau, les handicaps auraient été inversés. Après dix années passées dans ce petit royaume insignifiant mais qui garantissait l’équilibre climatique du globe grâce à sa prêtresse (autre chose qu’Athéna !), contre huit passées sous le soleil de Grèce, la dernière épreuve et non des moindres attendait la jeune femme. Si elle réussissait, elle rentrerait ; si elle échouait, son tombeau serait l’océan.

 

Le défi était de taille car d’une part elle ne disposerait d’aucune ressource pour localiser l’armure et cette dernière était muette (autant faire le tour de toute la calotte glacière !) et d’autre part, elle évoluerait dans une obscurité conséquente ; pas de lampe torche qui ne reflèterait de toute façon pas grand-chose. Et enfin, les courants contraires et soudains à certains endroits. Bref : une vraie partie de plaisir ! Les épreuves de natation des Jeux Olympiques ? Un simple passage dans le pédiluve !

 

Iris était au bord de la falaise où Sibelius l’avait emmenée le premier jour. Le temps était toujours aussi avenant. Ce jour-là, sous sa cape, elle ne portait que le minimum. Elle serait frigorifiée quand elle sortirait, autant ne pas porter de vêtements qui allaient se rigidifier au contact du froid. Mais dieu qu’elle revenait de loin !

 

Arrivée comme un cheveu sur la soupe sur son site d’entraînement, bien plus tard que ses autres futurs « camarades », Iris était le cas le plus singulier qu’on ait jamais vu au Sanctuaire, de mémoire de professeur. Sibelius, bien que très rigoureux et exigeant, avait réussi à « convertir » la petite complètement apeurée. Il était sévère et froid à l’extérieur mais terriblement humain et paternel une fois l’entraînement terminé. C’est ce dernier point qui mit Iris en confiance car il lui rappelait feu Polydeukès. En plus de tester sa résistance, il devait élever son cosmos et lui apprendre le combat de base mais aussi les trois clefs ou attaques inhérentes à son signe. Elle n’avait entrevu que les prémices de deux d’entre elles par accident.

 

La première consistait à vriller le cerveau de son adversaire avec les ultrasons typiques des cétacés et de parvenir à faire exploser l’organe qui s’écoulerait par les oreilles de la victime. La deuxième, toujours inspirée des mammifères marins, était d’arracher le cœur de ses ennemis tout comme les dauphins font exploser le foie de leurs agresseurs au moyen de leur rostre. Autant dire que les techniques étaient plutôt sanguinaires, pour le signe que l’on qualifiait volontiers de doux, gentil et sensible. La dernière technique, enfin, plus expéditive, rendait hommage à Poséidon, l’oncle ennemi d’Athéna. Le chevalier des Poissons pouvait invoquer la colère du dieu, sans trident car cela aurait été offenser la déesse, en provoquant un tremblement de terre auquel s’ajoutaient des vagues déferlantes. Rien de tel pour faire place nette !

 

Iris réalisait la puissance qu’elle avait entre les mains et surtout leur cruauté. Elle rechignait à les employer sur des condamnés à mort. Car oui, Sibelius faisait souvent office de bourreau dans les prisons du palais d’Asgard. Mais le vieil homme savait qu’avec sa grande sensibilité et douceur, Iris ne s’en servirait qu’en désespoir de cause, à moins d’être habilement manipulée par quelque esprit retors. De plus, Sibelius avait également encouragé son élève quand elle utilisait son « sonar » pour repérer les blessures internes des humains et animaux. Elle serait un chevalier merveilleusement altruiste mais avec un sacré caractère. Inutile de dire que Sibelius était gonflé d’orgueil. Il reposa sa question, inquiet cependant qu’un tel potentiel qu’il avait façonné pendant dix ans ne vienne à disparaître.

 

—   Je te rappelle que je ne pourrai pas t’aider même si j’arrive à te localiser.

—   Ne vous en faites pas, maître. Au mieux, vous aurez gagné une bonne élève, au pire, vous serez délivré d’un boulet.

 

Sans atermoiement, Iris retira sa cape, jeta son masque par-dessus son épaule et plongea dans la mer houleuse qui happait les flocons. Sibelius ramassa ses affaires. Combien de temps tiendrait-elle ? Arriverait-elle à faire répondre l’armure ? Cette dernière reconnaîtrait-elle seulement la légitimité de son porteur ? Outre le fait qu’Iris soit sa disciple et que tout maître appréhende néanmoins les échecs aux examens, c’était un lien quasi filial qui unissait le vieil homme à la jeune femme. Ces derniers temps, il s’était d’ailleurs demandé s’il allait lui confesser certains secrets au moment où elle retournerait en Grèce. Si toutefois elle retournerait ! A moins qu’elle-même ait déjà deviné certaines choses mais n’en dise rien. Sibelius était réellement tiraillé mais surtout angoissé car malgré son entraînement, Iris pouvait toujours paniquer et réagir de façon immodérée. Non ! Elle ne disparaîtrait pas bêtement ! Elle garderait la tête froide ! Elle ressortirait glorieusement mais le quitterait.

 

A une bonne dizaine de mètres de profondeur, Iris progressait calmement. Elle manifestait son cosmos en mode « économie » pour l’envelopper d’un mince nuage de chaleur. Cela faisait une heure qu’elle jouait les sirènes et qu’elle évoluait très loin de son point d’attache. Elle n’avait aucune idée du nombre de kilomètres déjà parcourus. Toujours pas d’armure. Elle décida d’amplifier son cosmos et de nager plus en profondeur. C’est là que la faible luminosité de son aura lui permit de distinguer des espèces de poissons qu’on aurait dit sorties de films d’horreur. Etaient-elles au moins répertoriées ? Ces pauvres bêtes n’étaient pas responsables de leur apparence ! Elles s’étaient simplement adaptées à leur milieu froid, dépourvu de lumière et de nourriture en quantité abondante. Tout simplement fascinant. Hélas, pas le temps de s’extasier ! Il fallait chercher une boîte en or.

 

Trois heures qu’elle errait dans ce vide aquatique et toujours aucune résonnance. Comme le lui avait expliqué Sibelius, l’armure était un être vivant. En tant que tel, elle pouvait « éprouver » de l’affection ou de l’aversion pour son porteur. Peut-être que l’objet ressentait l’animosité d’Iris ou plutôt son absence d’envie de servir Athéna. C’est pour cela qu’elle restait muette. Iris n’était pourtant pas habitée de mauvaises intentions. Elle souhaitait simplement rentrer en Grèce pour revoir Saga et exercer ses dons médicaux. Un peu égoïste mais louable. Faudrait-il s’excuser et se prosterner devant l’armure pour la convaincre ?

 

Pas le temps de se poser davantage de questions. Elle fut interrompue dans ses réflexions par une aspiration brutale qui la fit tournoyer vers le bas. Ça, ça n’était pas prévu ! Prise dans ce tourbillon, elle perdit le peu de repères qui lui restaient. Elle essaya de lutter contre le courant en projetant un jet contraire mais rien n’y fit. Non ! Elle n’allait pas finir comme ça ! Elle réitéra plusieurs fois sa tactique jusqu’à ce que sa tête heurtât un rocher. Iris perdit connaissance et fut engloutie au tréfonds de l’Arctique.

 

La jeune femme ouvrit les yeux. Tout était noir, tout était froid, gelé même. Elle avait touché le fond. Littéralement. Un fond rocheux. Mais elle respirait toujours nimbée dans son aura. Iris était engourdie par le froid. La situation devenait critique. Iris était sur le point de non retour. Elle n’avait plus la force ; son crâne lui faisait un mal épouvantable. Elle sentait une pulsation et une source de chaleur, seule chose réconfortante dans cet enfer.

 

—   C’est trop bête de finir comme ça ! hurla-t-elle dans le vide. Je n’ai pas plus envie de toi que toi de moi ! Au moins, on a quelque chose en commun. Si au moins je pouvais rentrer sans toi ! Si seulement tu pouvais te trouver un chevalier plus zélé et méritant que moi. Tu sais que je ne suis pas un monstre et que je n’utiliserai pas mes pouvoirs dans un but personnel. Je voulais simplement revoir Saga … vivre avec lui et soigner les gens. Tu vois que d’une façon ou d’une autre, j’aurais fait le bien autour de moi, avec ou sans toi !

 

Une faible lueur dorée se manifesta. Non !! Etait-ce possible ? Iris intensifia son cosmos et la petite lueur devint lumière chaude, palpitante et rassurante. Elle semblait lui répondre et communiquer avec elle. Iris reprit espoir et courage, ainsi que ses moqueries habituelles.

 

—   Désolée de te réveiller mais on m’a dit de te ramener en haut. Merci de m’aider dans ma tâche.

 

La lumière se fit plus vive et frappa Iris pour l’envelopper entièrement. La jeune femme pouvait voir qu’elle était revêtue de l’armure qui était sur elle comme une seconde peau. Et le mieux était qu’elle ne sentait même pas son poids. Rien à voir avec les armures médiévales ! A présent rassurée et reconnue par l’armure, il fallait réintégrer le monde lumineux de la surface. Pour aller vite, elle opta pour un déplacement à la verticale, en invoquant le tonton de la déesse. Ni une, ni deux, un puissant jet qu’elle modela la fit remonter à la surface sans même respecter les paliers de décompression. Encore un avantage. Une fois à l’air, elle se trouvait en plein milieu de l’océan, au milieu de nulle part. Elle intensifia son cosmos pour signaler à Sibelius qu’elle allait rentrer mais qu’il devait, de son côté, se manifester aussi pour qu’elle le repère. Le vieillard répondit instantanément. Iris, grisée par le détournement de son attaque, réitéra sa performance pour se déplacer tel un hors-bord. Un véritable amusement. En voyant la falaise se profiler, Iris inclina le jet pour se retrouver face à son maître qui lui souriait les larmes aux yeux, après avoir ouvert de grands yeux en ayant vu son visage.

 

Le lendemain, après avoir festoyé dans une petite auberge que Sibelius affectionnait particulièrement, ce fut le départ.

 

—   Sois prudente, là-bas ! Il se passe des choses étranges et inquiétantes. N’hésite pas à me contacter car tu ne pourras plus quitter l’île à ta guise. Seul le Pope te donnera l’autorisation.

—   Je ne vous savais pas aussi mère-poule ! répondit Iris amusée en vérifiant une dernière fois son petit baluchon dans lequel elle avait glissé les vêtements de Saga qu’elle avait portés à son arrivée.

—   Je ne plaisante pas. Et toi aussi tu peux dorénavant ressentir une énergie menaçante.

 

Iris n’avait plus remis son masque puisque ce serait suite à l’intronisation du Pope qu’elle serait chevalier. Elle mit son sac en bandoulière et endossa la boîte contenant « son » armure. Elle sortit du petit chalet, suivie par l’ancien chevalier. Elle se retourna pour voir cette demeure spartiate mais ô combien chaleureuse. Après tout, c’est là qu’elle avait tout appris et qu’elle était passée de fillette à jeune femme. Puis son regard se porta plus longuement sur cet homme aux traits durs, qui l’avait formée avec beaucoup de patience mais aussi élevée comme sa petite-fille. Il fallait qu’elle fasse vite car elle savait que cette séparation allait être déchirante. Bien chargée, elle se jeta néanmoins contre son maître drapé dans sa sempiternelle cape marron dont elle-même avait adopté le style mais en noir. Iris hoqueta et commença à pleurer :

 

—   Je ne peux rien promettre mais j’espère vraiment revenir quand la situation se sera éclaircie. Je te remercie énormément pour tout ce que tu as fait pour moi.

 

Sibelius ne dit rien mais la serra fortement dans ses bras. Il aurait été tenté de la retenir et de lui raconter ses origines. Mais Iris rompit l’étreinte, s’inclina poliment, manifesta son cosmos et s’éleva telle une étoile filante dans le ciel pour se diriger vers le sud. Sibelius pleura comme jamais. Mais en réintégrant sa modeste demeure qui ne connaîtrait plus la même ambiance, il fut pris d’une soudaine réalisation.

 

Iris, dans ses dernières paroles, l’avait tutoyé. De deux choses l’une : soit c’était l’émotion et l’affection qu’elle lui portait en secret qui avait pris le dessus, brisant ainsi toutes les formalités, soit ELLE SAVAIT. Très difficile à dire. Les natifs des Poissons étaient insaisissables. Ils étaient sensibles, parfois trop, et cachaient ce trop plein de sensibilité sous un masque d’indifférence, de froideur, sauf avec les personnes en qui ils avaient entièrement confiance.

 

—   Ma petite Iris, ne te laisse pas avoir pas ta gentillesse. Ce n’est pas ton maître qui te le recommande mais ton grand-père.

 

Laisser un commentaire ?