JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 55 : Road To Nowhere (Partie 11)
2519 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 17/03/2024 23:23
Adam : Mais Jojo, tu es folle ! Si on se contente d’attendre ici, on va juste se faire écraser !
Quelques minutes plus tôt, Shizuka expliquait à ses acolytes son plan fou pour survivre à la main géante qui s’apprêtait à les réduire en bouillie.
Shizuka : C’est parce que tu regardes ta main en boucle que tu n’arrives pas à comprendre, Adam ! Si tu te mettais du point de vue d’un insecte, tu verrais que mon plan va marcher !
Adam : Elle délire… je savais que les enfants avaient aucune notion du danger mais là, on a dépassé les limites…
Babylon : J’avoue que moi aussi j’ai du mal à comprendre, Shizu… Comment tu peux être sûre que cette crevasse ne va pas disparaître quand le poing se refermera ?
Shizuka : C’est simple… Cette “crevasse” c’est en réalité le pli palmaire transverse proximal…
Devant les visages d’incompréhension qui fleurissaient sur le champ de ses explications, elle reformula.
Shizuka : Je veux dire une des lignes de la main du Stand désolé… Même quand tu serres ton poing le plus fort possible, il reste toujours un interstice…il est minuscule et on y prête à peine attention mais pour des fourmis comme nous, c’est une cachette parfaite !
Babylon : Hum… Kobain, qu’est-ce que tu en penses ? Le plan de la petite démone a des chances de fonctionner ?
Kobain : J’imagine que c’est une meilleure option que de mourir à coup sûr, ça vaut le coup d’essayer. Comment tu veux qu’on s’échappe une fois que la main sera totalement fermée ?
L’ombre des doigts géants recouvraient peu à peu la lumière de la lune comme une éclipse. La terre nourricière allait dévorer ses enfants et les enterrer vivants. Comme des spasmes, la crevasse se comprimait et s’élargissait au rythme des battements du cœur de la bête. À l’intérieur de la Mystery, les affaires volaient dans tous les sens sous l’effet des séismes et les occupants de la voiture devaient se tenir aux meubles pour ne pas les rejoindre dans les airs.
Babylon : On va mourir, on va mourir, on va mourir !
Job : Il faut avoir confiance en la petite Signorina. Son explication était plutôt convain-
Le Chef d’Orchestre baissa la tête et vit Babylon serrer la main d’Adam pour garder l’équilibre et son sang-froid. Il interrompit ses explications et se contenta de sourire. Après plusieurs longues minutes de tremblement, le silence s’imposa à l’intérieur de la Mystery concurrençant le noir complet qui s’était déjà installé.
Adam : J’arrive pas à y croire… on est vraiment en vie ! Ton plan a marché, Jojo !
Shizuka : Même moi, je suis étonnée que ça ait aussi bien marché… Maintenant, on a plus qu’à foncer vers la lumière au bout de la crevasse et on sera à l’extérieur. Ça nous aura fait faire un petit détour… Job, tu veux bien foncer ?
Job : Je n’attendais que ça, Signorina. Accrochez-vous bien tous, on va accélérer le rythme !
Après avoir retourné le sable pendant plusieurs minutes supplémentaires, le poing gigantesque qui avait failli mettre fin à leur aventure s’éloignait à l’horizon et les battements de cœur qu’entendait Job devenaient de plus en plus intenses.
Babylon : Regardez, on arrive à une petite ville. Vous pensez que c’est l’endroit où il se cache ?
Job : En tout cas, c’est l’endroit où les battements sont les plus forts…
Shizuka : Et je sens que l’énergie vitale de tout le Stand se concentre ici.
Kobain : Je vais partir en avant en éclaireur. Je serai plus discret en y allant tout seul. Gamine, tu peux me rendre invisible ?
Shizuka : Bien sûr, Kobain mais… tu es sûr de vouloir y aller seul ?
Kobain : C’est plus prudent, je connais Tennessee. Je saurai le convaincre.
Devant la détermination dans les yeux de Kobain, la jeune fille accepta et lui tendit une plume provenant des ailes de son Stand plutôt que de tirer avec son arme comme elle avait l’habitude de le faire.
Shizuka : Tiens, serre cette plume dans ta main et tu deviendras invisible. Tu auras juste à lâcher pour redevenir visible quand tu voudras nous faire signe et nous indiquer la maison où il se trouve…
Kobain lui laissa à peine le temps de finir sa phrase et s’empara de la plume pour saisir l’occasion de tous les sauver d’un destin tragique. La silhouette sans forme de l’homme s’éloigna peu à peu tandis qu’un air dubitatif s’imprimait sur le visage de la fillette.
Adam : Jojo, qu’est-ce que tu fais ? Il nous a dit de l’attendre ici !
Shizuka : J’ai un mauvais pressentiment… je vais utiliser son énergie vitale pour le suivre. Attendez-moi ici.
Adam : Non, Jojo ! Attends, c’est trop dang-
Avant qu’il ait fini sa phrase, Adam remarqua en regardant tout autour de lui que la manieuse s’était déjà volatilisée. Shizuka suivit la lueur de vie qui indiquait la position de Kobain jusqu’à un chalet où elle perçut une deuxième lueur plus faible comme blessée. Elle profita de son invisibilité pour essayer d’écouter leur discussion mais quand elle vit que Kobain allait asséner un coup mortel à l’homme, elle se précipita et lança sans réfléchir ses ronces pour arrêter le mouvement.
Shizuka : K-Kobain, qu’est-ce qui se passe ?
Tennessee : Par pitié, petite, aide-moi ! Cet homme est un monstre, il vous a dupé et vous a fait croire qu’il avait changé mais ça reste un tueur sans pitié !
Kobain : Je suis désolé, gamine. Cet homme a déjà tué tellement de personnes de sang froid… il fallait que je l’en empêche.
Shizuka : Tais-toi, Kobain. Tu sais comme moi que tu ne l’aurais pas tué… Ton coup n’avait déjà plus aucune force et aucune agressivité quand mes ronces ont atteint ton bras… tu allais t’arrêter juste avant de le toucher, n’est-ce pas ?
Kobain : Ah… visiblement, je suis encore démasqué… j’avais beau jouer mon rôle le mieux possible, je suis simplement incapable de tuer quelqu’un… et de protéger qui que ce soit.
Shizuka fit signe à Tennessee de se relever. L’homme s’exécuta en tremblant mais il en profita pour se rapprocher discrètement de la cuisine et de son bouton d’allumage de gaz. S’il devait faire sauter la maison pour sauver la mémoire de sa famille, il le ferait sans hésiter. Il lui fallait une diversion. La petite s’empressa de poser son bras face à sa main coupée. Elle défit les bandages de fortune qui l’entouraient et les ronces les remplacèrent, liant les deux parties du membre cassé.
Shizuka : Ne vous inquiétez pas, tout ira bien… Kobain a paniqué mais on ne vous veut aucun mal. Je vais soigner votre main et tout ira bien, on pourra s’en aller et vous laisser avec…
Elle hésita.
Shizuka : La fille et la femme sur ces photos… ce sont les membres de votre famille, n’est-ce pas ?
Tennessee : Vous devez tous me prendre pour un fou, n’est-ce pas ? Le pauvre père de famille qui a perdu la tête et qui voit encore les fantômes de ses enfants… vous croyez vraiment que j’ai oublié leur mort, c’est ça ?!
Shizuka : Non, ce n’est pas ce que je voulai-
Tennessee : Vous croyez que ça me fait plaisir de vivre comme si de rien n’était ?! Mais si je ne vis pas comme si elles étaient toujours là, comment je pourrais me souvenir de la saveur qu’avait la vie ? Si je ne fais pas tout pour rester en vie par tous les moyens, qui se souviendra d’elles à ma place ?! C’est le seul but de cette vie qui ne mène nulle part, il faut rester sur la route le plus longtemps possible en espérant que l’impasse soit assez éloignée !
L’ancien père de famille était en pleurs. Ses yeux noirs d’une nuit sans lune avaient réussi à faire couler deux étincelles de clarté.
Shizuka : Calmez-vous, je comprends ce que vous…
Tennessee : Non ! Tu ne comprends rien ! Tu n’es qu’une gamine qui me ressert les mêmes phrases compatissantes qu’on m’a dites 500 fois ! “Toutes mes condoléances, Monsieur Loew”... “Si vous avez besoin de quoi que ce soit, nous sommes là”... “Non, désolé. On n’a pas de chambre pour toi à la maison, Tennessee. Tu sais, de l’eau a coulé sous les ponts depuis le lycée”... “Désolé, on ne pourra pas être aux obsèques d’America et de Havana… on a un voyage à Hawaii prévu depuis six mois”... “Oh tu sais que Tennessee a du sang noir depuis son accident ? Des mafieux sont venus me questionner à propos de lui, j’ai été obligé de leur donner sa nouvelle adresse… imagine s’ils avaient fait du mal à mes enfants !”
Sa main commençait peu à peu à retrouver ses fonctions sous l’effet des pouvoirs de guérison de Shizuka.
Tennessee : Tous ces prétendus amis méritaient 100 fois plus de mourir qu’America et Havana, vous entendez ? Et moi aussi, j’aurais tellement tout donné pour qu’on me prenne à la place de l’une d’entre elles… mais le Voyageur m’a donné une solution ! Il m’a donné un pouvoir pour me protéger et préserver leur mémoire dans un bastion où personne ne pourrait déranger notre vie… Alors je me suis battu pour leurs souvenirs, c’est ce que tout le monde aurait fait !
Lorsque sa main fut à nouveau presque valide, il se précipita vers la cuisine et tourna le bouton d’allumage du gaz tout en sortant le briquet de son autre main comme une arme pendant un braquage. Pendant ce temps, à l’entrée, les trois autres arrivèrent, essoufflés d’avoir couru dans tout le quartier à la recherche de Shizuka et Kobain.
Babylon : Kobain, petite démone ! On vous a cherché partout ! Qu’est-ce qui se…
Kobain : Baby, Adam, Job… tenez-vous tous à l’écart ! Il a allumé le gaz, il veut faire sauter la maison !
Shizuka affichait une émotion mélangeant peur, d’incompréhension et de pitié en regardant le briquet de Tennessee danser devant ses yeux comme le pendule d’un hypnotiseur. Elle se mit à fondre en larmes comme une enfant lors de son premier jour d’école.
Tennessee : Merci gamine ! En soignant ma main, tu m’as permis d’avoir un moyen de sortie ! Alors, vous allez tous partir gentiment de chez moi ou je fais sauter la maison et la route s’arrêtera pour tout le monde ici !
Shizuka : Je vous en prie, Tennessee… Il y a une autre solution… je vous en prie… je vous en prie… Papa, je t’en prie, ne pars pas…
Tennessee : Hein ?! Qu’est-ce que tu as dit ?! Comment tu m’as appelé ?!
Shizuka : Papa, je t’en prie, ne me laisse pas, je veux pas y aller…
Ses souvenirs et le présent se mélangeaient. La voix d’America et de la petite fille en face de lui également. Il se souvenait des yeux suppliants qu’avait America le jour où il avait dû la laisser à l’école pour la première fois et de la réponse qu’il avait donnée, que donnaient tous les parents face à ce genre de situation. Il avait dû dire “ne t'inquiète pas, Papa ne t’abandonne pas” ou “je serai de retour ce soir après le travail et on ira manger une glace” ou bien… ou bien… Qu’est-ce qu’on dit dans ce genre de situation déjà ? Et à quoi ressemblait le visage de sa petite fille ?
Tennessee : Non, non, non… je suis en train de les oublier… Il faut que je revoie son sourire pour m’en rappeler… Quoi, qu’est-ce qui se passe ?!
En saisissant le portrait d’America, il vit la photographie à l’identique mais à la place du visage de sa fille, il y avait une fumée noire qui l’empêchait de distinguer son joli sourire. Il releva la tête et, devant lui, il n’y avait plus aucun de ses adversaires à l’exception d’une petite fille dont le visage ressemblait trait pour trait à celui d’America, en train de pleurer.
Tennessee : Non, je t’en supplie… il faut que je voie son sourire, s’il-te-plaît, je t'emmènerai manger une glace… Papa a juste du travail à finir et ensuite… ensuite…
Mais rien n’y faisait, la petite fille continuait inlassablement de pleurer. Il était incapable de se souvenir de son visage sans cette expression.
Tennessee : S’il-te-plaît, juste un petit sourire…
Le décor disparut autour de lui. Tout était blanc. Il ne restait plus que lui et sa petite fille ou plutôt son lointain souvenir.
America : C’est fini, Papa…
Tennessee : A-America, c-c’est toi?
America : Papa, il faut que tu me laisses partir à l’école, maintenant…
Tennessee : À l’école ? Mais on en est encore loin, on peut encore faire quelques détours…
America : Non, Papa… je pense qu’on en a fait assez comme ça, mais ne t’inquiète pas… on se retrouve juste après et on ira manger une glace !
Tennessee était accroupi par terre en sanglots. Il avait lâché le briquet. Incapable de tuer une petite fille. Tout avait commencé une fête d’anniversaire et tout s’était fini par une fête d’anniversaire, Road To Nowhere n’était plus.
Mystère résolu : Road To Nowhere
Road To Nowhere n’était pas la responsabilité du fameux “tueur aux cent victimes” Kain mais de Tennessee Leow, un père de famille endeuillé incapable de dire au revoir à sa famille. Pour conserver un cadre où il pourrait vivre sa routine pour conserver les souvenirs de ses proches perdus, il tuait toutes les personnes s’aventurant sur la route avec son Stand “Ventura Highway”. Kain était chargé de se faire passer pour le Mystère et de dissuader quiconque d’y pénétrer pour limiter le nombre de victimes.
Tennessee Leow : Main anciennement coupée greffée et fonctionnelle mais nécessitant une prise en charge médicale et entailles multiples sur tout le corps. (Vivant)
Kobain “Kain” Thorogood : Blessures, fractures et nombreuses contusions en partie guéries mais nécessitant une prise en charge médicale sérieuse (Vivant)