JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 43 : Un garçon pas comme les autres
3309 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/12/2023 20:38
Adam : Je suis désolé mais…malgré tout ce qu’on a parcouru ensemble, je dois t’empêcher de faire ça !
Shizuka : Tu ne comprends pas ! Si l'on ne l’arrête pas maintenant, les conséquences pourraient être terribles !
Adam : Hum…Très bien, alors si tu es décidée à l’attaquer, il faudra me passer sur le corps ! Montre-moi les progrès que tu as faits au cours de notre voyage ! Mais je te préviens… Je ne serais pas tendre avec toi malgré tout ce qu’on a pu traverser !
Les dés de gueules et d’argent roulèrent sur le champ de bataille cartonné et finirent leur course au milieu des guerriers de plomb peints qui trônaient au bout du plateau de jeu.
Adam : Allez ! Double 6 ! Adam Polnareff est imbattable !
Shizuka : Hé ! C’est pas juste, t’as triché ! Regarde, c’est écrit dans les règles que tu dois lancer un dé à 12 faces !
Adam se balança sur son siège avec un air satisfait sur son visage, gorgé de confiance en lui par sa large victoire sur la jeune Joestar.
Adam : T’inquiètes pas, j’en avais pas donc je me suis dit que deux dés à 6 faces ferait parfaitement l’affaire ! Après tout, 6 plus 6 ça fait 12, pas vrai ?
Shizuka se contenta de jeter les cartes qu’elle avait en main en soupirant tandis que Job rentrait dans l’habitacle de la Mystery qui leur servait de colocation depuis maintenant quelques jours.
Job : Signorina, je vous ai dit de finir vos exercices de mathématiques sur les racines carrés avant de jouer avec…l’autre.
Shizuka : Ne t’inquiète pas, Job ! J’ai déjà tout fini pendant que tu préparais le déjeuner !
Job : Mais c’est impossible, je vous en ai donné une bonne diz-
Il feuilletait le cahier d’exercices et était stupéfait devant le nombre d’équations et de calculs complexes que la jeune fille avait résolu presque machinalement. Son orgueil était légèrement ébréché d’avoir imaginé ses problèmes pendant des heures pour les voir complétés en quelques minutes.
Adam : Je t’avais bien dit, Jojo que ce rital était pas à la hauteur ! En plus de te sous-estimer, il te laisse pas respirer cinq minutes.
Job serra le poing et lança un regard foudroyant à Adam qui faisait sautiller les dés dans sa main.
Job : Tu veux que je te montre ce que ça fait d’arrêter de respirer pendant cinq minutes, la tête d’abeille.
Adam se leva et poussa du plat de la main le colosse qui le menaçait, en signe de provocation.
Adam : Viens, je l’attends ta tronche de ballon de foot !
La jeune fille, habituée aux conflits entre les deux européens depuis les quelques jours qu’ils avaient passés sous le même toit, n’y prêtait presque pas attention. Elle préféra changer de sujet en avalant une bouchée de lasagne qui était encore fumante après son passage au four.
Shizuka : Au lieu de vous chamailler, vous voulez pas qu’on résume les infos qu’on a pu glaner sur cette “Road To Nowhere” …?
Devant les réprimandes de la jeune fille, comme des enfants turbulents face aux remontrances de leurs parents, Job et Adam s’assirent avec un visage presque déçu. Finalement, la confrontation était peut-être ce qu’ils recherchaient le plus.
Job : De ce que les membres de Quest m’ont appris sur le sujet, la Road To Nowhere serait une sorte de Triangle des Bermudes terrestre. Elle fait environ 1000 kilomètres carrés et les véhicules qui y pénètrent en ressortent à l’endroit opposé de leur destination ou se perdent définitivement sans jamais retrouver leur chemin.
Shizuka : Hum, ça ressemble effectivement à un mystère à résoudre. Comment un Stand pourrait faire disparaître autant de personnes sans laisser de traces? Adam, est-ce-que t’as trouvé quelque chose qui pourrait nous être utile en interrogeant les petites frappes de Paris?
Adam : Tu me sous-estimes, ma chère Jojo. J’ai bien meilleur que les petites infos que Job a obtenu de sa bande de majorettes. Je vais vous présenter un génie qui a sûrement toutes les infos dont on aura besoin sur les Mystères.
Job laissa sa tête tomber en arrière sur le canapé en vinyle qui trônait au centre du camping-car en signe d’exaspération.
Job : C’est donc pour ça qu’on se retrouve à attendre sur ce parking délabré pour attendre ton “génie”...
Adam : Non, en réalité, il vit dans un magasin juste à côté d’ici. Mais il fallait attendre qu’il se réveille…
Shizuka : Se réveiller? Mais il est 14 heures ?!
Adam : Oui, il est pas ce qu’on pourrait qualifier de “matinal”. Mais ça valait le coup d’attendre, je te jure. Tu vas voir, vous allez vous sentir chanceux de me connaître.
Au moment où il prononça le mot “chanceux”, il plaça les dés entre son index et son majeur et entre son majeur et son annulaire en montrant la face 6 en réponse aux regards médusés de ses deux compagnons.
Adam : Bon, allons-y ! On a pas toute la journée !
Il posa les dés devant lui et un détail étrange à leur sujet interpella sa partenaire de jeu qui s’approcha pour les observer tandis qu’Adam ouvrait la porte de la Mystery.
Shizuka : Hé! J’y crois pas ! Ses dés ont trois face 6. J’aurais dû savoir qu’il avait triché !
Après s’être débattus dans un boulevard commerçant bondé et s’être faufilés dans une ruelle silencieuse et déserte, les trois silhouettes s’arrêtèrent devant un mystérieux disquaire. L’enseigne portait l’inscription “110” dont un dessin de disque vinyle faisant office de zéro. La façade du magasin semblait étrangement beaucoup trop colorée pour la ruelle dans laquelle il se trouvait mais aussi pour l’époque dans laquelle il vivait. Adam poussa la porte de verre dont la course vint croiser un carillon en forme de trèfle dont chaque feuille possédait une clochette.
Shizuka : Pourquoi “110”, qu’est-ce-que ça veut dire?
Adam : Oh, le connaissant…Il a dû jouer avec sa calculette et choisir le résultat qu’elle lui donnait. Il est rarement très subti-
??? : Police criminelle ! Vous êtes en état d’arrestation, mettez vos mains bien en évidence !
Trois ombres visiblement armées étaient apparues sur le mur à côté de la remise du magasin. Des sirènes semblaient également provenir de la rue, prêtes à les encercler. Job et Shizuka levèrent les mains en chœur et portèrent un regard inquisiteur à Adam qui conservait son petit sourire en coin.
Adam : Ziggy, désactive tes trucs ! C’est moi, Adam !
??? : Frérot, ça fait super longtemps !
Les ombres et les bruits de sirène disparurent à l’unisson et furent remplacés par les interrogations de Shizuka et Job. Adam et le propriétaire de la boutique se rapprochèrent et mirent leurs paumes l’une contre l’autre.
??? : Désolé, j’ai la visite de mafieux pas forcément super cordiaux donc je dois trouver un moyen de les faire cavaler. Et sur eux, le bruit des sirènes, ça marche mieux que la citronnelle sur les moustiques !
Adam : J’espère que depuis le temps t’as pas oublié notre petit duel…?
??? : Pour rien au monde, je ne raterais ça…
Adam : Ok, alors 3…
Ziggy : 2…
Adam : 1…
Ziggy : 14 !!
Adam : 19 !!
Ziggy : Attends quoi? C’est pas possible ! T’as pas pu embrasser 19 en un an !
Adam : Écoute, il y en avait une dont c’était le premier baiser. On s’était mis d’accord que ça comptait double !
Ziggy : J’ai jamais accepté ça !
Nul besoin de préciser le mélange d’incompréhension et de stupéfaction que ressentaient Job et Shizuka devant ce spectacle pour le moins inattendu. Cependant, dans l’esprit de la jeune fille, une pointe de jalousie fraternelle supplanta la consternation.
Shizuka : Tu as un frère, Adam? Tu m’en as jamais parlé !
Adam : Oh, on est pas vraiment de la même famille, on a simplement grandi dans le même orphelinat quand on était petits. Avec lui et un autre garçon, nous étions inséparables. Je te présente, Ziggy Stardust, on l’appelle comme ça à cause du tatouage qu’il porte à l'œil droit.
Ce “Ziggy Stardust” était encore plus étrange que les autres personnes qu’ils avaient croisé durant leur aventure dans la capitale. Son visage était marqué par un tatouage noir en forme d’étoile autour de son œil. Ses cheveux étaient d’un rouge éclatant et deux mèches semblaient bien travaillées pour se croiser sur son front. Le feu de sa crinière venait s’éteindre dans une doudoune blanche immaculée qu’il arborait fièrement malgré la chaleur de la boutique. Les tâches de rousseur qui volaient sur ses joues étaient comme les braises qui atterrissaient depuis ses flammes capillaires. Un emblème de trèfle à quatre feuilles brillait d’un éclat platiné sur sa poitrine. Son regard et son sourire avaient quelque chose de bienveillant à l’égard de la jeune fille. Le Kiss From a Rose de Shizuka sentait même une forme de candeur malgré le milieu dans lequel il vivait.
Job : “Stardust” ? Tu veux dire le “Stardust” ?! tu es frère avec ce satané informateur ! Je me disais bien que cette boutique miteuse m’était familière !
Shizuka : Il est si connu que ça, par ici?
Job : Bien sûr, Signorina ! C’est l’informateur le plus corrompu de toute la France, il hésite pas à refiler des fausses infos si ça peut arranger ses plans !
Le jeune informateur se contenta d’avancer vers eux et de sourire malgré le silence de Job.
Ziggy : Je vois que tu as deviné mon nom. Tu es Job, le chef d’orchestre, n’est-ce-pas? Je sais que pleins de rumeurs circulent sur moi et je ne prétends pas être blanc comme neige mais, si vous êtes des amis d’Adam, je n’ai aucune raison de me méfier de vous !
Shizuka : Vous êtes un manieur de Stand ?
Adam : Non, Ziggy n’a pas de Stand. Il déteste être sur le devant de la scène. Il préfère guider les gens depuis les coul… Oh tu te souviens de la fois où tu as tout planifié pour qu’on puisse voler la vache du champ d’à côté ?!
Ziggy : Oh oui ! La tête qu’avait fait le directeur quand il s’était retrouvé avec une vache qui broutait dans son bureau !!
Ils se mirent à rire de bon cœur en pensant à leur souvenir d’enfance jusqu’à ce que leurs pensées se perdent dans une partie plus amère de leur passé. Leurs dents se serrèrent.
Adam : C’est… c’est grâce à Ziggy que j’ai pu entrer en contact avec Babylon et Vizioz…
Ziggy : Il est venu me voir en me suppliant de trouver des infos sur la Passione et sur son père donc forcément, j’ai été le gentil grand-frère et j’ai aidé ce pov’ petit gars !
Malgré l’ambiance pesante que leurs souvenirs communs avaient établie, Ziggy tenta de détendre l’atmosphère en attrapant Adam par le cou et en lui frottant les cheveux avec son poing comme deux enfants se chamaillant.
Adam : Grand-frère…? Tu es le petit, j’te rappelle. C’était toi le petit enfant pleurnichard à l’orphelinat !
Shizuka : Oh tu connais Vizioz ? Tu as une idée de qui il s’agit ? On aimerait savoir si on peut vraiment lui faire confiance…
Ziggy : Hum…Malheureusement, il est impossible à retracer. Je le contacte par Internet. Dans l’arrière boutique, j’ai un large système de pistage pour retrouver les adresses IP des personnes auxquelles je parle mais sa localisation change à chaque connexion. J’ai d’abord pensé à des cybercafés mais ça ne colle pas…
Shizuka semblait déçue. Elle ne fit pas attention et bouscula un meuble qui manqua de faire tomber une tasse qu’elle rattrapa in extremis avec son Achtung Baby. Comme si l’idée de décevoir était un péril pour lui, il enchaîna directement sur une bonne nouvelle pour faire oublier la mauvaise.
Ziggy : Par contre, il y a quelqu’un qui attend dans mon arrière boutique que je pense, vous serez heureux de revoir tous les deux !
Une fille au style gothique qu’il connaissait bien émergea des ténèbres de l’arrière boutique avec une attitude nonchalante. Elle s’approcha doucement d’Adam et approcha son visage à quelques centimètres de lui, si bien que le français pourrait ressentir chacune de ses respirations.
Ziggy : Elle est venue à ma boutique en me demandant des informations sur votre position et, vu que je lui ai dit que je ne pouvais pas lui donner cette information - et après qu’elle ait fait volé la moitié des pochettes de ma boutique - elle a décidé d’attendre ici. Ça fait déjà trois jours qu’elle est là et elle a presque mangé toutes les girafes de mes biscuits animaux…
Adam s’attendait à obtenir le numéro 20 mais, au lieu de ce nouveau palier, Babylon préféra lui asséner une violente gifle qui colora sa joue de rouge.
Babylon : Ca, c’est pour ne pas être repassé à la boutique et n’avoir répondu à aucun de mes messages !
Ziggy ricana du sort que son ami venait de subir jusqu’à ce que Babylon donne une seconde gifle encore plus puissante qui balaya le visage des deux amis d’enfance.
Babylon : Et celle-là, c’est pour les règles de votre jeu débile, bande de machos !
Adam : Moi aussi, je suis content de te revoir, Baby…
Ziggy s’approcha de l’oreille d’Adam pour lui murmurer à l’oreille pendant qu’il se frottait la joue de douleur.
Ziggy : Quand elle est arrivée de ma boutique, j’étais incapable de dire si votre rencontre lui avait fait flashé sur toi ou lui avait donné envie de te tuer…puis je me suis rappelé qu’on parlait de toi et je me suis dit que c’était probablement les deux.
Babylon poussa les deux grands dadets qu’elle venait de gifler et s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de Shizuka. Elle sortit un T-shirt de son sac à dos et le tendit à la jeune fille.
Babylon : Et pour ma petite démone préférée, je t’ai trouvé un T-Shirt “Who Made Who” édition limitée d’ACDC ! Normalement, il est pile à ta taille !
Shizuka : Trop bien ! C’est la musique préférée de la Mystery en plus !
Adam : Oh recommence pas ! C’est une voiture, elle n’a pas de musique “préférée” !!
Shizuka : Bien sûr que si, elle se transforme en de meilleurs véhicules quand je la mets sur l’autoradio !
Ziggy : Bon maintenant que les retrouvailles sont faites ! C’est l’heure de passer aux révélations ! C’est toujours mon moment préféré ! Donc sur la Road To Nowhere, j’ai réussi à glaner pas mal d’infos. Pour celles que j’ai pu trouver en cinq minutes de recherche, c’est la taille de la zone, le nombre de personnes disparues et de combien d’années date le premier témoignage. Ça c'était vraiment la partie facile…
Les deux dernières phrases avaient sonné dans le corps de Job comme des poignards plantés dans son amour propre et celui de la “Quest”.
Ziggy : Par contre, en écoutant un peu aux portes de la Passione, j’ai entendu que “Kain aux cent victimes” avait été aperçu aux abords de la région avec sa moto…
Au moment où elle entendit ce nom, le corps de Babylon se crispa et son regard prit une teinte plus sombre.
Shizuka : Kain aux cent victimes ? De qui s’agit-il?
Adam : Tu n’as pas entendu parler de lui? C’est un des tueurs les plus prolifiques d’Europe. Il porte ce surnom à cause du nombre de victimes qu’il a fait à travers tout le continent !
Ziggy : Et ce n’est clairement pas le pire ! On a été incapable de trouver de lien entre les victimes à part de très vagues liens avec les mafia locales. Les enquêteurs en ont déduit qu’ils devaient sûrement tuer purement au hasard et sans aucun but personnel. C’est sans doute l’aspect le plus terrifiant du person-
Babylon : T-TOUT CA C’EST DES CONNERIES ! CE N’EST PAS UN ASSASSIN !
Après avoir prononcé ses mots, Babylon prit ses affaires, les larmes aux yeux, et fuit du magasin. Le claquement de la porte et le bruit des grelot du trèfle suspendu furent bientôt les seuls témoignages de son départ. Adam se lança à sa poursuite dans la rue. Après avoir marché quelques dizaines de mètres, il l’aperçut, accroupie et adossée à un mur d’une ruelle sale et taguée.
Babylon : N-Ne t’approche p-pas de moi ! Je ne veux plus jamais que tu m’adresses la parole, laisse-moi seule…
Malgré les demandes de l’adolescente, il fit un pas en avant, ce qui alluma de rage les yeux de Babylon.
Babylon : Je t’ai dit de dégager !!
Au moment où elle prononçait ses mots, un ouragan de détritus s'abattit sur Adam qui tenta maladroitement de se protéger derrière les bras de son Stand, faisant face aux tornades de conserves vides et aux bourrasques de cartons mouillées. Quand la tempête se calma, le jeune homme voulut faire un pas en avant avant de se raviser. Il sourit, prit une peau de banane qui avait atterri sur son épaule et la montra à Babylon.
Adam : Tu m’avais fait les ossements, les fringues mais les déchets, c’est une première. Est-ce-que je peux avancer maintenant ?
Babylon hocha la tête en reniflant et Adam s’agenouilla à côté d’elle en posant une main bienveillante sur son épaule.
Adam : Alors pourquoi parler de ce “Kain” t’a mis dans un état pareil et pourquoi tu es si sûr que ces rumeurs sont fausses?
Babylon : P-Parce que je le connais…Je sais qu’il ne p-pourrait jamais faire ça…
Adam : Tu sais, parfois on croit connaître les gens et pourtant…
Babylon : N-non, tu ne comprends pas, j’en suis certaine !
Elle se tourna vers Adam montrant ses yeux gorgés de larmes et implorant qu’on la croit qui ne manquèrent pas de troubler les convictions de son ami.
Babylon : Je le sais…car ce “Kain aux cent victimes” comme vous l’appelez. Son vrai nom …c’est Kobain Thorogood et…il s’agit de mon frère !