JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 31 : Check the Rhythm (Partie 3)

2339 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/08/2023 23:55




L’ascenseur avait jailli du plafond et planait paisiblement dans les cieux. Au vacarme avait succédé la sérénité du silence, laissant profiter aux deux héros d’un peu d’accalmie et de savourer le succès de leur plan. Les balles ne retentissaient plus. Les seules traces de leur passage étaient les impacts sur la porte et les trous qui laissaient passer la rassurante lumière du soleil dans l’obscurité de la cabine. 


Adam : Shizuka, aide-moi. On va défoncer cette porte qu’ils ont eu la gentillesse de fragiliser avec leur balle. T’es prête ? 3…2…1…


Adam et Shizuka : Go !! 


Leur deux Stands frappèrent comme d’un seul poing et la porte se perça d’une ouverture béante dont la lumière éblouit la jeune Joestar. Quand ses yeux s’habituèrent à nouveau à la clarté du jour, elle fut subjuguée par l’océan bleu sur lequel leur maigre esquif métallique voguait. Les ailes du papillon furent les premières à se déployer, projetant des lumières multicolores sur les parois chromées de l’ascenseur.  Lorsque son manieur bondit, tenu à la main de son Stand, il semblait s’être armé d’un arc-en-ciel et d’un rayon pour abattre le soleil. La fillette ferma les yeux et sentit la brise qui caressait son visage. Tous ses muscles se relachèrent et les vents tourbillonnants l’enlacèrent tandis que les ailes angéliques fendaient l’air. Quand ses paupières se soulevèrent, elle posa ses pieds délicatement sur le béton fade d’un immeuble décrépi. Ses rêveries enfantines n’allaient visiblement pas durer une seconde de plus.


Adam : Mets-toi à l’abri derrière le conduit d’aération avec moi ! Quand ils vont réaliser où on est, ils vont se remettre à tirer !


La fille sauta athlétiquement derrière le tuyau de métal comme une acrobate olympique. Son acolyte eut un haussement de sourcil devant la dépense considérable d’énergie en grâce et en élégance pour une action aussi futile.


Shizuka : Bon et du coup c’est quoi la suite du plan ? On s’est occupé d-


Le court vacarme d’un objet lourd heurtant le sol goudronné retentit.


Shizuka : Donc, on s’est occupé de l’ascenseur mais après…comment on rejoint le hangar ?


Adam : Minute papillon ! Chaque chose en son temps, il faut d’abord qu’on comprenne les derniers mystères qui entourent cette “Quest” et, pour commencer, j’aimerai rendre une petite visite à ses tireurs d’élite. Ils semblaient attaquer depuis les fenêtres de cet immeuble-ci.


Shizuka : Attends, tu veux sérieusement qu’on essaye d’affronter une armée de mafieux armés jusqu’aux dents ? 


Adam : Non, on va faire comme pour le premier. On rentre dans la pièce en étant invisibles. On les trouve. On les assomme. Et victoire de l’équipe des gentils !


Il se lança vers la cage d’escalier avec aplomb en laissant à peine à la jeune fille le temps de soupirer de lassitude. Ils descendirent les escaliers et Adam se colla au mur pour regarder le tireur à travers l'entrebâillement d’une porte.


Adam : Ok, je pense pouvoir gérer sans Achtung Baby sur ce coup-là. Ça va te permettre de souffler un peu et de garder de l’énergie pour le boss du niveau.


Il se faufila discrètement dans l’appartement. Il se cacha derrière le canapé en scrutant la silhouette armée à la fenêtre qui continuait inlassablement de tirer en vain sur des cibles imaginaires. Si je lui tire à l’arrière de la tête, les autres tirs cacheront le bruit à leur chef et je réglerai le problème sans me fouler. Si je frappe avec mon Stand, il risque de repérer le bruit alors qu’un coup de feu parmi des centaines passera inaperçu. Ils mettent un enfant en danger, c’est tout ce qu’il mérite après tout. Personne ne regrettera ce genre de salaud. Il sortit lentement le revolver de sa poche. Sa main peinait à soulever le poids de ce qu’il comptait faire de son arme. Il leva le canon dont le métal, seulement à ce moment précis, scintilla dans les yeux de la fillette. Un éclair et une détonation sourde traversèrent la salle.

 

***


Job : C’est bon, j’ai réussi à les repérer. Ils sont dans ce bâtiment.


Il montra à un de ses hommes l’un des nombreux immeubles qui se succédaient à perte de vue. Un de ses sbires qui se tenait à ses côtés se précipita vers l’entrée du hangar pour partir à la poursuite des ennemis. Cependant, son chef lui fit un regard dubitatif comme pour l’interdire d’avancer un pas de plus.


Job : Qu’est-ce-que tu comptes faire, au juste ? 


Membre de “Quest” : Eh…Eh bien, je vais chercher du monde pour…Eh bien…


Job : Hum…À ton avis, pourquoi Tom Cruise tient absolument à faire toutes ses cascades ? 


Membre de Quest : J-je sais pas…trop…


Le géant attrapa le menton du jeune sbire comme s’il agissait d’un enfant réprimandé. Ses yeux perçaient la peau du délinquant 


Job : C’est vrai, il pourrait se servir d’une doublure…Après tout, il en a sûrement des dizaines à disposition. D’ailleurs, pour des raisons d’assurance, la production l’oblige à en avoir sur le tournage alors pourquoi risquer sa vie, n’est-ce-pas stupide ? 


Il relâcha son emprise sur le visage de l’adolescent coi devant lui et reprit son explication sans attendre une réponse plus longtemps. 

 

Job : Un grand acteur sait que la vérité est beaucoup plus excitante. On ne peut pas laisser un simple figurant s’occuper du clou du spectacle ! Il faut se salir les mains pour finir en apothéose. Ils commencent franchement à m’intéresser et ça serait dommage que je ne m’amuse pas un petit peu.


Il fit un sourire, serra le pendentif avec force dans son poing comme pour provoquer la chance. Étrangement, au moment où son poing se ferma, les veines à la base de son poignet devinrent d’un coup plus foncé comme si son sang arborait une couleur noir encre.  Il sortit devant les yeux à la fois médusés et impressionnés de son subordonné. Le boss invoqua son Stand et son piano s’enroula autour de lui comme un serpent autour de son maître. Visiblement, le plus dûr était à venir pour Adam et Shizuka. Une marche funèbre allait bientôt retentir dans tout le quartier.


***



La balle s’était logée dans le mur gauche de la salle, transperçant le parpaing et perçant un tuyau. L’eau crissait sous la force du jet qui s’en échappait. Elle avait agi juste à temps. Juste avant qu’il devienne un meurtrier. Shizuka était toujours suspendue à son bras, attendant une réaction sur le visage impassible d’Adam. La silhouette était déformée par la chaleur du canon de l’arme.

Pour rattraper le geste, le Stand du tireur se jeta sur l’ombre qui se tenait à la fenêtre et lui asséna un grand coup au milieu du torse. Elle tomba d’un seul coup, ses membres se détachèrent dans un concert de clochettes. 


Adam : Un… mannequin ? Sérieusement ? Comment c’est possible…Il y a deux secondes, il était bien en train de tirer à la fenêtre, non ?


Shizuka : J’arrive pas à croire que t’allais tirer dans le dos d’un homme. Tu m’avais dit que tu utiliserais ce pistolet qu’en dernier recours !


Adam : Écoute, Jojo…Je sais ce que tu en penses mais on parlera après. Là il faut comprendre comment son Stand marche, parbleu ! 


Shizuka : Il nous a bluffés. Il a dû apprendre à chacun de ses pantins à recharger et à tirer en les faisant bouger comme dans un film en stop-motion. En reproduisant le son de leur clochette, il a répété leurs actions comme avec l’ascenseur. 


Adam : Des automates mais sans aucun rouage ou mécanisme. Des machines qui ne rouillent jamais. Des soldats qui ne font jamais défaut à leur chef. C’en est presque effrayant… 


Il allait rejoindre la jeune fille qui était déjà près de la porte, prête à partir quand un bruit inhabituel provenant de la fenêtre attira son attention. Il regarda en contrebas et remarqua une voiture qui faisait des tours sur elle-même. 


Adam : Qu’est-ce-qu’elle a à faire un boucan pareil, celle-là ? À quoi ça lui sert de continuer à faire des tours comme ça ? 


Shizuka : On s’en fiche, non ? Ça doit juste être quelqu’un qui s’amuse avec sa nouvelle voiture de sport. Allez viens, Adam, on retourne sur le toit. Ici, c’est trop dangereux. J’ai pas envie d’être à nouveau piégée comme pour l’ascenseur.


Adam : Hum…T’as remarqué que le rythme des balles avait changé après que j'ai attaqué le mannequin ? 


Shizuka : Non pas vraiment… Te voir tirer a détourné toute mon attention…


Adam : Avant, il tirait 4 coups avant de faire une pause. Je pensais que c’était pour recharger mais ça ne colle pas…Leur flingue a 6 balles donc ils n’ont aucun intérêt de recharger aussi fréquemment. Et maintenant c’est toutes les 5 balles. Et le pire, c’est qu’il ne tire même pas tous en même temps. C’est incompréhensible…


Shizuka : Tu penses qu’il y a une raison particulière à ça ? 


Adam : Je pense qu’on a pris son surnom un peu trop à la légère. Le chef d’orchestre dirige bien une musique : il ne va pas au plus efficace…mais au plus mélodieux.


Shizuka : Donc il nous attaque en musique ?! C’est encore plus flippant…


Adam : Oui mais l’avantage, c’est qu’il nous suffit de faire un peu de bruit pour perturber sa sérénade. 


Shizuka : Comment tu comptes faire assez de brouhaha pour contrer le rythme d’une ville entière?


Adam : Je pense qu’il est temps que je te présente un petit ami à moi…


Il serra son poing le plus fort possible et une timide lumière irradia ses doigts. Quand sa paume se dénuda, elle révéla un petit papillon dont les ailes étaient de la même couleur qu’un ciel calme de printemps, la teinte qui se mêle à celle de la mer quand on contemple l’horizon. Le motif de ses membres azurs était constitué de petites tâches blanches qui, étrangement, traversaient lentement les ailes horizontalement comme des nuages poussés par une douce brise. Shizuka se sentait relaxée en observait cet étrange insecte papillonner tendrement dans la paume de son manieur en portant les images mouvantes de la clarté céleste. 


Adam : Il s’appelle Cloudy, je l’ai appelé comme ça quand j’étais petit à cause de ses ailes…Il a l’air inoffensif comme ça mais il m’a sauvé plusieurs fois la mise.


Il mit sa paume devant sa bouche et souffla doucement pour faire décoller le papillon qui s’envola lentement vers le ciel.


Shizuka : T’es sûr que ça va suffir ? Il m’a pas l’air très menaçant…


Adam : Ne le sous-estime pas, comme je te l’ai dit, j’ai pleine confiance en lui. On va attendre tranquillement ici qu’il fasse son affaire et…


Il fut coupé court par une explosion qui retentit à l’étage d’en-dessous. Elle fut suivie d’une deuxième et d’une dixième qui faisait trembler le bâtiment comme pendant un séisme. Quand Shizuka s’approcha de la fenêtre pour tenter de s’enfuir comme le papillon plus tôt, son échappatoire se referma brusquement devant elle.


 Adam : Bonté divine, il savait exactement où on était. S’il n’y a que des mannequins qui vivent dans cet immeuble, il peut très bien s’en débarrasser pour nous abattre.


Shizuka : L’immeuble va s’effondrer ! Il faut vite qu’on sorte de là ! Achtung Baby, fais nous disparaître ! 


La situation désespérée avait fini par teinter les yeux de Shizuka de la flamme de détermination dont elle avait besoin, une flamme bien plus ardente que n’importe laquelle des explosions que Job pouvait lancer sur eux. Ils descendirent les escaliers parmi la fumée et les nuages de plâtres qui se vaporisaient à chaque détonation. Elles formaient un requiem explosif qui résonnait dans toute la ville, une mélodie fatale. Ils finirent par s’échapper en slalomant entre les débris brûlants jaillissant du bâtiment. Le chef d’orchestre les attendait en bas et, lorsqu’il vit la porte de verre s’ouvrir d’elle-même, il comprit qu’il était face à face avec ses deux ennemis. 


Job : Hmmm je vois, mes deux invités ont enfin décidé de sortir de leur cachette. Comme ça me fait plaisir !! J’avoue que vous m’avez donné pas mal de fil à retordre et, même si vous ne daignez toujours pas vous découvrir chez moi, on va enfin pouvoir danser tous ensembles.


Un débris fumant jaillit de l’immeuble et chuta directement sur le boss de la “Quest” comme si le ciel voulait sauver nos deux héros. Si seulement ce signe divin n’avait pas été réduit en miette d’un seul coup par une silhouette bleutée au côté de Job, ils auraient pu garder espoir au moins quelques instants de plus sur leur possible échappatoire.



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