JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Depuis sa plus tendre enfance, Iz n’avait connu que des échecs en amour. Il n’était pas repoussant physiquement, loin de là, mais son comportement obsessionnel et jaloux à l’extrême se faisait vite ressentir. Le père de la dernière fille qu’il avait sérieusement fréquenté aurait été retrouvé caché dans un coin, accroupi et pleurant, poursuivi par une horde de chiens enragés. Son propre père avait souvent dû subir les conséquences de la personnalité tumultueuse de son fils sans vraiment espérer pouvoir la changer.
Quand il était petit, sa mère lui racontait de belles histoires où des princes charmants sauvaient des princesses prisonnières en haut de grandes tours d’un terrible dragon maléfique. Ils avaient une relation fusionnelle et Iz ne s’imaginait pas vivre sans elle, surtout que son père était souvent absent, occupé à travailler dans sa boutique.
Le jour de son septième anniversaire, sa “maman adorée” lui avait promis une journée en tête à tête. Il avait attendu plusieurs heures - qui lui avaient semblé être des jours - dans le silence du salon de leur petit appartement le retour de sa mère. Il n’apprendra que le lendemain matin qu’elle avait été agressée sur le chemin du retour par des petites frappes locales. Apparemment, elles ne voulaient que lui dérober son téléphone mais l’altercation avait tourné au drame et sa mère avait reçu deux balles de revolver. Elle était morte trois jours plus tard. L’agent de police avait précisé à son père que ce scénario “n’était pas inhabituel” depuis que les mafieux avaient pris possession du quartier. Ces mots avaient marqué le garçon au fer rouge : “inhabituel”, comment on pouvait parler de la mort de sa mère comme de la météo ?.
Un autre policier était venu quelques mois plus tard les informer que les assassins présumés de sa mère avaient été abattus dans un règlement de compte. Ironiquement, cette nouvelle l’enragea encore plus. Il n’avait plus personne à haïr pour la mort de la personne qui lui était le plus chère, aucun moyen de la venger. Au fond de lui, c’est sûrement ce qui avait modelé sa personnalité et sa vision du monde : les femmes étaient des victimes de la haine et de la violence des hommes et il avait la responsabilité de les libérer. Il en était convaincu.
***
Pour ce genre de situation, le garçon avait dissimulé une balise GPS pour chien sous un des sièges de la voiture pour pouvoir suivre ses déplacements. Le seul problème était la portée qui n’excédait pas quelques centaines de mètres. Il enfourcha son vélo pour les suivre à la trace. Il pédalait de toutes ses forces pour ne pas se laisser distancer. Il montait sur les trottoirs et slalomait entre les passants et leurs insultes.
Iz : Ah je suis dans une forme olympique, le vent est parfaitement orienté pour m’assurer la meilleure vitesse. Le destin est enfin de mon côté ! Je suis inarrêtable !
Pendant ce temps, dans la "Mystery Machine”, les deux acolytes riaient en discutant de sujets triviaux. Adam conduisait mais ne portait aucune attention au garçon qui le suivait à la trace en vélo à travers les rues bondées de la capitale.
Shizuka : Tu peux pas imaginer le nombre de différences que tu vois entre les pays quand tu voyages !
Adam : Ah bon, je me suis toujours dit que les gens étaient un peu tous les mêmes, juste le décor changeait.
Shizuka : Non mais par exemple, je suis allé voir mon demi-frère qui vit au Japon et il m’a donné des tonnes de manga. En rentrant, j’en ai prêté un à une copine texane et elle m’a dit qu’elle comprenait rien aux divertissements asiatiques. En même temps, elle l’avait lu à l’envers !
Adam : Nooooon, tu déconnes ! Sacrebleu, c’est pas possible d’être inculte à ce point-là !
Shizuka : Les mangas chez moi sont beaucoup moins courants qu’en France. Pareil, une de mes amies a fait un voyage ici pour ses vacances. Un ami français de son père lui a présenté son fils. Il a essayé de lui faire la bise pour la saluer et il s’est pris une gifle et un torrent d’insultes !
Adam : Je peux comprendre que la première fois qu’un français te fait la bise, ça doit faire bizarre ! Apparemment, en Russie, ils se font carrément un baiser sur la bouche !
Shizuka : Euuuurgh ! J’imagine même pas le malaise genre la personne en face s’est pas brossé les dents de la journée !!
Ils éclatèrent tous les deux de rire en pensant au ridicule de la situation. Ils étaient loin de s’imaginer qu’ils étaient traqués par quelqu’un bien décidé à se débarrasser d’Adam. Le camping-car finit par s’arrêter devant une friperie des plus ordinaires très certainement pour ne pas attirer l’attention. Le jeune caïd français demanda à la jeune fille de monter la garde pendant qu’il changeait l’apparence de leur véhicule grâce à l’autoradio.
Shizuka : Mais pourquoi on doit absolument utiliser un camping-car avec un Stand ? On aurait pu juste en acheter un classique et le rendre totalement invisible avec ma capacité !
Adam : Ah oui, bonne idée ! Comme ça, en même temps, je verrai pas non plus le levier de vitesse ou le frein à main. Je pense qu’on va embaucher un chauffeur aveugle pour avoir un accident encore plus vite !
Le jeune adulte ébouriffa les cheveux de la jeune Joestar qui pestait qu’on se moque ainsi de sa réflexion. Il rentrèrent tous les deux dans le magasin, l’un riant et l’autre arborant un air renfrogné. Depuis l’ombre d’un bâtiment, le chasseur de monstres les observait, élaborant son plan d’attaque. Il avait sorti de son sac un pistolet à clous légèrement modifié qui lui servait d’armes de fortune. Il était bien sûr moins puissant qu’un véritable révolver mais, s’il visait bien, il pourrait facilement transpercer la carotide et tuer le kidnappeur sur le coup. Il repéra, perchée sur un échafaudage à environ vingt-cinq mètres, une horde de pigeons crasseux qui guettaient la moindre miette de nourriture semée par un malheureux passant.
Iz : Ces saletés de piafs vont être un parfait moyen de mesurer à quel point je suis en forme et si le destin est toujours avec moi !
Il ferma un œil, se concentra sur sa cible et tira. Le clou transperça un des pigeons de part en part au niveau de la gorge dans une gerbe de sang. Les autres oiseaux fuyèrent dans tous les sens en battant frénétiquement leurs ailes ensanglantées. Au moment de l’impact, un sourire s'esquissa sur les lèvres du garçon.
Iz : Décidément, le destin m’a donné la chance nécessaire pour réussir mon objectif. Je vais lui planter deux ou trois flèches dans la gorge et laisser vider cette bête de son sang. Il me suffit de trouver un moyen de la viser discrètement et la princesse sera à moi.
Il observa les alentours pour chercher un moyen de s’approcher de sa cible et de l’attaquer. Il finit par repérer, en partie dissimulé par un échafaudage, un conduit d’aération placé à environ trois mètres au-dessus du sol. Il grimpa à l’échelle et retira avec sa force héroïque la grille comme une épée d’un rocher. Le jeune garçon s’accroupit et commença à ramper dans l’aération. Il se sentait comme un fauve prêt à bondir sur sa proie depuis les hautes herbes.
***
Adam : Palsambleu ! Qu’est-ce-qu’il fait chaud dans ce satané magasin, comment tu arrives à tenir sérieusement, Babylon ?
Babylon : Tout ce que je sais, c’est que j’suis pas assez payé pour endurer ce genre de supplices…
Shizuka : Hey, qu’est-ce-qu’elle fait là ? Pourquoi on est venus dans la boutique où c’est cette peste la vendeuse ?
Shizuka croisa les bras et reprit de plus belle son air renfrogné, agacée de recroiser la personne qui lui avait causé tant de souci dans les catacombes. Babylon sortit du comptoir et la regarda droit dans les yeux en commençant à s’énerver.
Babylon : Écoute-moi bien, espèce de petite chippie, c’est pas parce qu’on a eu un différend que tu peux me parler sur ce ton ! Surtout, si tu commences à m’humilier devant MON Adam, on va vraiment pas être copines toutes les deux…
Adam : Calmez-vous toutes les deux ! C’est fou comment, vous, les filles, êtes incapables de vous entendre et de ne pas vous chamailler tout le temps comme des enfants…
Les deux “filles” arrêtèrent instantanément de se chamailler et retournèrent leur rage vers le macho qui fanfaronnait derrière elles.
Babylon et Shizuka : Comment ça “les filles” !!?
Adam : Non, c’est pas ce que je voulais dire, je…
Babylon : Shizuka, recule d’un pas. On va lui faire comprendre ce que c’est que d’énerver “des filles” ! Rag’n’Bone Man !!
Avant que le manieur puisse réagir, la silhouette du Stand de l’adolescente était déjà apparue et avait capturé l’osselet père. La seconde qui suivit, Adam fut percuté par des dizaines de robes, jupes, collants, pantalons, t-shirt et les cintres qui accompagnait leur envol. Très vite, le jeune homme se retrouva face contre terre, enterré et presque emporté par le flot de prêt-à-porter.
Babylon : Et t’as intérêt à me ranger ça avant la fin de ma journée, j’ai pas envie de faire des heures sup’. Ma petite démone, on va te trouver des fringues au top pendant ce temps !
Shizuka : Je pourrais essayer ta jupe avec les têtes de mort ?
Babylon : Héhé bien sûr !!
Visiblement, s’en prendre à un ennemi commun avait rapproché les deux antagonistes. Elles atteignirent la cabine d’essayage dans laquelle Shizuka pénétra pendant que la deuxième cherchait parmi les cintres adjacents une tenue parfaite pour la jeune Joestar. Elle commençait à se déshabiller quand elle entendit un bruit venant des conduits comme si quelque chose se déplaçait à l’extérieur.
Shizuka : Babylon, j’ai entendu un bruit dans les conduits d’aération, c’est normal ?
Babylon : Oui, ne t’inquiètes pas, ma belle, c’est sûrement un rat, ce n’est pas inhabituel dans cette vieille boutique moisie…
Shizuka : Un rat ? Encore… ?