Harry Potter et le secret du Graal
Harry Potter et le secret du Graal
Chapitre 20 : Rogue
La petite rue pavée se terminait en impasse sur un mur et une petite porte de bois un peu vermoulue qui y était encastrée. Harry la voyait comme une grosse porte blindée figée dans une immense muraille. Il n'avait aucune envie de la franchir. Il ne comprit qu'il s'était arrêté de marcher que lorsque Ginny tira sur son bras.
« Qu'est-ce que tu as ? S'inquiéta-t-elle. »
Harry ouvrit la bouche mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Qu'est-ce qu'il avait exactement ? Il ignorait ce qu'il ressentait. Il ne pouvait nier que si ses doigts tremblaient légèrement, c'était de peur. Le tiraillement dans sa nuque, c'était de la colère. Mais dans le même temps, ses yeux se posaient sur les boucliers étincelants des chevaliers de la table ronde et leur air sûr. Il était parmi eux maintenant. Il voulait être à la hauteur des légendaires personnes qui l'entouraient. Il pensa à sa mère qui avait été admise dans le secret du Graal. Oui, la tranquillité qu'il ressentait venait de là. Il voulait se maîtriser face à Rogue.
« Rien, tout va bien ! Allons-y ! »
Giny avait toujours un regard inquiet mais elle prit un air plus assurée et se tourna avec Harry vers la petite porte.
Bedwyr ouvrit la porte qui donnait sur un couloir sombre.
« Curieux, murmura Hermione, elle ne semble pas protégée. »
Harry se concentra et ressentit quelques traces magiques peu importantes. Aucune en tout cas ne semblait assez puissante pour les repousser ou leur faire du mal.
« Je crois qu'on ne risque rien... pour l'instant. »
Le groupe entra, la moitié des chevaliers à l'avant et l'autre fermant la marche pour encadrer les jeunes sorciers. Le couloir était presque vide. Quelques tableaux de personnages les observant d'un air peu rassurant ornaient parfois les murs humides et sales. Les quelques torches qui étaient installées donnaient à peine assez de lumière pour y voir devant soi.
« Si le but de cette entrée est de glacer le sang, ils ont réussi, fit Ron »
Ils arrivèrent finalement à une porte, assez semblable à la première mais un peu mieux entretenue. Perceval l'ouvrit cette fois et ils débouchèrent sur une grande salle carré. Des bibliothèques remplies de gros volumes poussiéreux étaient disposées contre les murs et laissaient parfois la place à un miroir sale ou à d'autres tableaux pas plus attractifs que ceux du couloir. Au fond, dans une espèce de renfoncement, était installé un petit laboratoire où plusieurs fioles de tailles et de couleurs diverses étaient disposées sur une table tandis qu'une marmite chauffait au dessus d'un petit feu en remuant elle-même la mixture dont elle était remplie. Au centre de la pièce se trouvait trois fauteuils plus ou moins défoncés. Celui dans le meilleur état était occupé par Rogue qui regardait la troupe d'un air calme.
Dans le but de le massacrer sur place, Harry fit un pas avant de reprendre rapidement ses esprits et de ne plus bouger. Mais l'ancien professeur avait remarqué son geste.
« Vous allez me tuer tout de suite Potter ? »
Un nouvel élan de haine violente s'empara de Harry et il allait pour faire un autre pas vers Rogue quand le solide bras de Lancelot le retint. Il reprit à nouveau ses esprits. La lutte allait être beaucoup plus difficile qu'il ne l'aurait songé.
« Cessez vos plaisanteries ! S'exclama le roi Arthur d'un ton impérieux. Nous sommes ici car vous détenez une information qu'il nous faut connaître. Plus vite vous nous l'aurez livré, plus vite nous repartirons.
_ Quoi ? S'écria Ron. On va repartir et le laisser là ? Il ne paiera pas pour son crime ?
_ Le punir ? Et comment voulez-vous faire cela ?
_ Et bien... je ne sais pas. Il faut qu'il soit livré à la justice... et qu'il aille à... Azkaban. »
Ron n'avait pas finit sa phrase qu'il comprit ce que le roi sous entendait. Mais ce fut Neville qui le conclut.
« Sauf qu'Azkaban n'est plus sûre. L'envoyer là-bas c'est risqué de le voir sortir le jour même de son entrée.
_ Alors qu'est-ce qu'on peut faire ? S'exclama Ginny.
_ La seule autre solution qu'il reste c'est la mort, expliqua Arthur, et qui parmi vous veut accomplir cette tâche ? »
Les jeunes sorciers baissèrent le regard d'un air gêné. Harry avait eu l'envie de dire qu'il s'en chargerait sans problème mais il revint encore à la raison. Contrairement à Rogue, il n'était pas un assassin.
« La cause est donc entendue. Mais ce n'est pas parce qu'un criminel n'est pas punit sur l'instant qu'il ne le sera jamais. Pour l'instant, concentrons-nous sur ce que nous sommes venus chercher. »
Le roi se tourna vers Rogue qui gardait un air calme. Ses yeux détaillaient chaque membre du groupe.
« Rogue ! Je suppose que vous savez ce que nous sommes venus nous demander, alors abrégez cette entrevue néfaste et dîtes-le nous sur le champ.
_ J'ignore complètement pourquoi vous avez fait irruption chez moi de la sorte, répondit l'ancien professeur dans un sourire.
_ Nous voulons savoir quel est le dernier horcruxe. Intervint Hermione qui semblait en colère mais qui, à la grande admiration de Harry, réussissait à ne pas ensevelir Rogue d'une montagne d'insulte entre chaque mot.
_ Tiens, mademoiselle je-sais-tout entre en piste, ricana le traître.
_ Peu m'importe comment vous m'appelez, je n'ai pas de leçons à recevoir d'un assassin. »
Le regard de Rogue se fit plus dur mais un autre sourire apparut sur ses lèvres.
« Enfin vous avez décidé de ne plus vous en laisser compter. C'est remarquable miss Granger. Tardif, mais remarquable.
_ N'essayez pas de changer de sujet, intervint Harry. »
Le regard de Rogue se porta sur lui et plus aucun sourire ne se dessinait sur son visage.
« Potter ! Le grand Potter qui encore une fois laisse parler son arrogance. Vous êtes si loin de seulement vous douter de ce qui vous attends. Vous vous croyez tellement supérieur aux autres que vous pensez avoir trouvé le graal. Vous êtes vraiment l'être le plus pitoyable qu'il m'ait été donné de rencontrer.
_ Qu'est-ce qu'un assassin connaît du graal ? Cria Harry
_ Peu de choses c'est vrai. Mais une seule dont je sois sûre. Vous, jamais vous ne l'avez trouvé.
_ J'ai rassemblé la table ronde.
_ Un coup heureux du destin. Je suis persuadé qu'encore aujourd'hui vous ignorez ce qu'il est réellement. Votre mère n'a pas eu tant de difficultés à ce qu'il paraît. »
Harry s'était apprêté à tout moment à sortir sa baguette pour punir Rogue d'un quelconque moyen. Lorsqu'il entendit parler de sa mère, il se calma soudain. Il savait que l'ancien professeur l'avait mentionné pour l'énerver plus encore mais penser à sa mère eut pour effet de l'appaiser, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Quelques secondes plus tôt, il avait eu très envie de lancer à Rogue que le graal n'était autre qu'un lien magique entre plusieurs personnes et qu'il avait réussit à ouvrir le tombeau des chevaliers grâce à la cicatrice que lui avait faite Voldemort. Mais sa raison reprit le dessus en un éclair. Il ne lui sembla pas très prudent de dévoiler la véritable nature du graal à un ennemi. Peut être que c'était précisément ce que Rogue cherchait à savoir. Il se précipiterait ensuite vers Voldemort pour lui expliquer ce qu'était ce lien entre eux et peut être pourrait-il le retourner contre les chevaliers. Non, il ne fallait rien dire. Et l'ancien professeur l'avait mené bien loin du sujet qui le préoccupait vraiment.
« Que savez-vous du dernier horcruxe ? Demanda-t-il d'une voix calme. »
A ses côtés, ses amis le regardaient avec admiration. Jamais ils n'auraient songé que Harry réussissent à se maîtriser à ce point face à Rogue. Ce dernier en fut également surpris mais reprit vite contenance.
« Je ne sais pas de quoi vous parlez Potter.
_ C'est faux. Nous savons que c'est vous qui avait appris à Regulus Black l'existence des horcruxes. C'est grâce à vous qu'il a pu détruire le médaillon de Serpentard et il a laissé un indice clair disant que vous saviez quelque chose sur le dernier horcruxe.
_ Je ne sais rien de cet horcruxe. Tout ce que je sais, c'est que vous perdez un temps précieux ici.
_ Et pourquoi donc ? »
Rogue se rassit plus confortablement et continua.
« Je sais que vous êtes partis à la recherche des horcruxes et je sais qu'il ne vous manque plus que le serpent, le seigneur des ténèbres lui-même et ce fameux dernier dont vous pensez que j'ai toutes les réponses. Il ne vous ait pas venu à l'esprit qu'une fois qu'il a été au courant, le seigneur des ténèbres a aussitôt rapporté tout ceux qui restaient. La seule chose que je peux vous dire, vous la savez sûrement déjà, c'est que cet horcruxe est avec le seigneur des ténèbres et qu'il ne s'en séparera plus tant qu'il ne vous aura pas éliminé.
_ Mais quel est-il ? Et comment peut-on le détruire ?
_ Potter, ne vous faites pas plus idiot que vous ne l'êtes. Croyez-vous que le seigneur des ténèbres m'aurait laissé en vie si je détenais de telles informations ? »
Harry regarda les autres et ils semblaient tous du même avis. Il semblait évident que, quelle qu'ait pu être la confiance de Voldemort envers Rogue, il ne lui aurait jamais confié le moyen de détruire l'un de ses horcruxes. Harry perdait espoir de découvrir ce qu'était le dernier horcruxe avant de le voir de lui-même.
« Vous n'avez jamais découvert ce dont il s'agissait ? Repris Harry.
_ Evidemment non. Vous êtes si têtu Potter. Je ne comprendrai jamais pourquoi Dumbledore vous portait en si haute estime.
_ Ne parlez pas de lui ! S'écria Harry. »
Il avait sortit sa baguette et l'avait pointé vers Rogue d'un geste foudroyant. Yder lui attrapa le bras mais attendit que Harry se calme plutôt que de le forcer à ranger sa baguette. Sauf qu'il n'avait aucune envie de se calmer.
« Ne prononcez plus jamais son nom.
_ Et pourquoi ? Expliquez-moi ce que j'ai à perdre Potter. Vous oseriez me tuer ?
_ Si vous lui manquez de respect encore une fois, je le ferai sans hésitation.
_ Je ne lui ai jamais manqué de respect.
_ Vous l'avez tué ! »
Harry criait à présent et Yder jugea finalement plus prudent de le forcer à ranger sa baguette. Mais Rogue ne voulait pas abandonner la partie.
« Et alors ? Quand bien même Dumbledore aurait été mon ennemi cela ne m'aurait pas empêché de le respecter.
_ Vous vous êtes moqués de lui, depuis le début.
_ Non ! Je lui ai toujours été fidèle.
_ Menteur ! Assassin et menteur ! »
Harry s'énervait tellement que Arthur dut venir aider Yder pour le maintenir sur place. Ce dernier prit la baguette des mains de Harry qui n'en avait rien à faire. Il était prêt à tuer Rogue à mains nues s'il le fallait.
« Vous voulez me tuer Potter ? S'écria Rogue en se levant. Alors qu'attendez-vous ? Frappez pour voir. Je ne me défendrai même pas.
_ Vous l'avez tué ! Vous l'avez trahit !
_ Tuez-moi si vous le voulez mais ne m'insultez plus. Je n'ai fait que suivre ses directives à la lettre. Je ne l'ai jamais trahi. »
Arthur et Yder éloignèrent Harry vers le mur tandis qu'il se débattait comme un diable entre leurs mains. Mais Hermione s'avança à son tour un air de curiosité sur le visage.
« Comment pouvez vous oser dire que vous ne l'avez pas trahi ? S'exclama-t-elle.
_ Ce n'est que la vérité Granger. Repris Rogue en reprenant son souffle et en s'asseyant à nouveau comme s'il venait de courir un marathon. Je suppose que Potter vous a raconté ce qui s'est passé et comme Dumbledore m'a supplié avant que je ne lance l'avada kedavra.
_ Oui, admit Hermione en pinçant ses lèvres tandis qu'elle imaginait la triste scène.
_ Dumbledore ne me suppliait pas de l'épargner. Au contraire, il voulait que je le tue. »
Derrière Hermione, Ron, Ginny, Neville et Luna furent choqués par les paroles de l'ancien professeur. Ron faillit même tirer sa baguette de sa poche avant que Hermione ne reprenne la parole.
« Ce n'est pas possible, il n'aurait jamais fait ça.
_ Avant la rentrée de l'année dernière, j'ai été forcé d'accepter un serment inviolable pour aider le jeune Malefoy dans sa mission de tuer Dumbledore. Je lui en ai évidemment immédiatement parlé et il m'a assuré que j'avais fait le bon choix. Il me disait que si c'était moi qui devais porter le coup de grâce, il ne fallait pas que j'hésite un instant. Selon lui, le seigneur des ténèbres relâcherait alors son attention, croyant son pire ennemi mort et cela permettrait à Potter de détruire ses horcruxes plus facilement. Dumbledore savait qu'il allait mourir. Il l'a su dès que je l'ai avertit car si Malefoy n'y parvenait pas, ce serait alors à moi de le faire. Toute l'année dernière, il savait ce qui l'attendait et il l'a accepté. Et lorsque c'est arrivé, quand il était affaiblit en haut de la tour, il savait que j'hésitai. Il m'a encouragé à le tuer. Je n'avais pas le choix.
_ Vous aviez celui de le défendre ! S'écria soudain Harry. »
Profitant d'un peu de relâchement de la part de Yder et Arthur, Harry se faufila entre leurs bras. Dans sa course, sa main attrapa le premier objet avec lequel il pourrait frapper Rogue de toutes ses forces. Ce fut le pommeau d'Excalibur. Avant que le roi lui-même n'ait pu réagir, Harry avait déjà levé l'épée tandis que Rogue se tournait vers lui. Mais l'ancien professeur ne prit pas la peine d'essayer d'attraper sa baguette à temps et se contenta juste de fermer les yeux avant que le tranchant brillant de la lame ne s'abatte sur lui. Il y eut un bruit de cristal brisé et Rogue rouvrit les yeux. Il était toujours debout et vivant. Harry, lui, était agenouillé au sol, le visage figé dans une expression d'horreur. Devant lui, Excalibur reposait à terre en deux morceaux. Pendant de longues minutes, personne n'osa parler ou bouger. Harry rompit enfin le silence d'une voix tremblante.
« J'ai... j'ai... j'ai brisé... Excalibur. C'est... c'est impossible.
_ Hélas cela est bien réel, fit Arthur d'une voix attristée. Je vous avais mis en garde Harry. Mais vous avez laissé votre haine prendre le contrôle de vos actes et vous vouliez obliger Excalibur à commettre un geste qu'elle réprouve. Alors elle a choisi la destruction.
_ Non, par pitié, dîtes-moi qu'on peut la reforger !
_ On le peut en effet. Mais ne vous réjouissez pas trop vite. Lorsque la haine parle, il y a toujours des conséquences. Venez maintenant ! Il est temps de rentrer à Camelot. »
Ginny se précipita pour aider Harry à se relever tandis que Arthur et Gauvain ramassaient les deux morceaux de l'épée légendaire. Encadré par ses amis aux visages attristés, Harry sortit sans plus jeter le moindre regard à Rogue qui se tenait toujours debout au centre de la pièce.
Epilogue du chapitre 20 :
La porte fut à peine refermée que Rogue s'assit à nouveau dans le fauteuil en attendant l'épreuve qui allait suivre. Un homme aux longs cheveux et à la barbe châtains se tenait derrière lui. L'homme s'avança pour se retrouver face à l'ancien professeur.
« Je vous ai trouvé rude, mais vous vous en êtes bien sortit.
_ A quoi rimait cette comédie, Merlin ? Le seigneur des ténèbres a confiance en moi et ne me fait pas surveiller. J'aurai pu lui dire la vérité.
_ Vous auriez pu, en effet. Mais il était encore trop tôt pour que Harry apprenne cette vérité. Chacun de ses actes à présent va lui faire comprendre de quelle manière il doit continuer son chemin. Tout comme le fait de briser Excalibur lui fera comprendre bientôt que la haine ne le mènera qu'à sa perdition, celui d'apprendre au bon moment ce qu'il doit faire pour le dernier horcruxe lui sera salvateur.
_ Vous voyez tout mais vous ne m'aviez pas prévenu pour l'épée. Pourquoi ne m'a-t-elle pas tué ?
_ Parce que vous aussi vous devez apprendre de vos actes, comme tout le monde. Il n'a pas été facile pour vous de devoir tuer un ami, mais ce Dumbledore disait vrai, il existe des choses pire que la mort. Désormais vous le savez mieux que quiconque. A vous de trouvez le moyen d'en faire votre force. »
Rogue leva les yeux mais Merlin était déjà partit. L'ancien professeur s'adossa contre le fauteuil et prit sa tête dans les mains.