L'Ecrin des illusions

Chapitre 19 : Parenthèse enneigée (partie 2)

3560 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/03/2024 18:52

Petite note : Il s'agit de la deuxième partie du chapitre 19.


Hazel abandonna Morgan et Oliver, pouffant et conspirant comme deux compères s'apprêtant à commettre un tour pendable, devant Fleury & Bott. Elle les vit s'éloigner en se donnant des coups de coude amicaux et en bavardant avec animation. Cela lui rappelait leurs promenades dans la forêt quand ils vivaient encore dans l'Allée des Cerisiers. Refusant de se laisser gagner par la mélancolie, Hazel franchit le seuil de la librairie. Celle-ci était noire de monde et les rayonnages étaient pris d'assaut ! Les livres voltigeaient avec nervosité hors des rayonnages, se cognant quelquefois contre des lecteurs adossés contre les murs ou assis par terre, plongés en pleine lecture. En se dirigeant vers l'allée consacrée aux potions, Hazel remarqua la femme, l'invitée du jour, trônant au milieu de la boutique. Vêtue d'une robe collante et criarde, elle était assise sur un haut tabouret et pointait la foule de ses admirateurs de son petit escarpin pointu. Un chignon de bouclettes blondes et de longs ongles manucurés avec soin complétaient ce drôle de tableau. Elle répondait aux questions des lecteurs avides, en ponctuant chacune de ses interventions par une petite noue mi-moqueuse, mi-séductrice. Une plume prenait des notes sur un petit calepin lévitant près de son visage. Une plume à Papote, devina Hazel. Rain Stoker en avait fait brièvement usage lors du dernier cours de potions, avant que l'objet ne finisse plongé dans un chaudron par les bons soins de Rogue. Hazel prit son manuel et s'avança jusqu'à l'étal présentant divers articles de papeterie. Elle se décida pour un carnet à croquis en cuir et une plume à vérificateur d'orthographe pour son père.


En repassant devant la table où étaient exposés les ouvrages de l'invitée du jour, le regard de Hazel fut attiré par un livre et surtout, par le visage boudeur en couverture. Elle s'approcha et eut un mouvement de surprise : le menton de l'homme lui rappelait fortement le sien ! Elle déchiffra le titre s'étalant en lettres argentées : Le Mystère Black : grandeur et décadence d'une famille aux multiples secrets. Piquée par la curiosité, elle se joignit à la troupe des lecteurs et parvint à se placer face à l'auteur. Celle-ci répondait à une question posée par un admirateur :

- Mon auteur favori ? Mis à part moi-même, je dirais Gilderoy Lockhart. Il est au récit d'aventures, ce que je suis à l'enquête journalistique : talent, professionnalisme et honnêteté. J'ai dévoré son Entretien avec des vampires. Quel courage ! J'ai particulièrement apprécié le passage où il raconte son combat, armé seulement d'une gousse d'ail, contre une horde de vampires sanguinaires.

- Mrs. Skeeter, s'enquit un autre admirateur, avez-vous une idée pour votre prochain livre ?

La plume à Papote s'immobilisa, Skeeter humecta ses lèvres tartinées d'un épais rouge à lèvres rose pâle et répondit d'un ton se voulant mystérieux :

- J'aimerais écrire une biographie exhaustive, totale, partiale et sincère sur ce bon vieux Albus Dumbledore. Le sujet me passionne depuis tant d' années ! L'Ordre du Phénix, sa lutte contre Vous-Savez-Qui, son lien si particulier avec Grindelwald, les petits secrets de son adolescence, ses petites bêtises d'enfance... Avec moi, vous saurez tout, absolument tout sur Dumbledore !


D'autres questions se succédèrent à une allure folle, la pauvre plume à Papote gribouillait avec frénésie, manquant de peu d'enflammer le papier ! Rita Skeeter mit finalement fin à l'entretien et convia ses lecteurs à se procurer l'un de ses nombreux ouvrages pour une dédicace. Ses fidèles se ruèrent sur son dernier livre, Christopher Chant : L'imposture d'un génie ou le génie d'un imposteur ? , laissant Hazel seule, face à l'ouvrage consacré à une partie de sa famille. Elle ouvrit la première page, parcourant la table des matières. Skeeter était remontée jusqu'au XIXe siècle et évoquait des personnes disparues telles que Phineas Nigellus Black ou Cygnus Black et s'était arrêtée à un certain Regulus Black. Parmi le long défilé de prénoms, Hazel vit celui de son grand-père Alphard, de sa mère et de Sirius Black. Elle fut fortement intriguée par un prénom et un nom, coincés entre ceux de Sirius Black et de Dahlia Black, un mystérieux intrus portant le nom d'Altaïr Hyde. Que faisait donc un Hyde parmi les Black ? Ce nom, elle ignorait pourquoi, l'attirait de façon irrésistible. Elle s'apprêtait à ouvrir la page consacrée à cet homme, quand une main aux longs ongles vernis s'abattit sur son poignet.

- Un livre consulté est un livre acheté, jeune demoiselle.

Hazel retira sa main et se retourna vers la journaliste. Celle-ci croisa les bras sur sa poitrine généreuse. Son carnet noirci de notes lévitait près de sa figure inquisitrice et la plume à Popote tendait sa pointe dorée vers Hazel. Skeeter se pencha vers elle et l'observa avec attention, ses petits yeux de myope pétillant de curiosité derrière ses imposantes lunettes à écailles.

- À qui ai-je donc l'honneur ? s'enquit-elle d'une voix sucrée.

La plume magique inscrivit quelques mots sur le carnet. Hazel déglutit avec difficulté.

- Je... bredouilla Hazel, je comptais acheter votre livre...

- Je n'en doutais pas une seconde, répondit Skeeter en plaquant un sourire hypocrite sur son visage fardé avec élégance.

Ses yeux glissèrent sur Hazel avant de s'arrêter sur le livre. Hazel se mit à observer le bout de ses souliers.

- À quel nom dois-je mettre la dédicace ?

- Ha... Judy Abbott, répondit Hazel avec précipitation, donnant le premier nom lui venant à l'esprit, en l'occurrence, celui de sa camarade de dortoir.

La plume à Papote frôla la joue de Hazel avant d'esquisser une vague signature sur la page de garde. Rita Skeeter ferma le livre et le tendit à la jeune sorcière.

- Bonne lecture, Miss Abbott, en souhaitant que cette lecture vous soit agréable et profitable.

La journaliste s'en retourna à ses autres admirateurs, se dandinant dans sa robe trop serrée et titubant sur ses talons trop hauts.


- Judy Abbott, hein ? se moqua une voix bien connue de Hazel.

La jeune sorcière, son livre pressé contre son cœur, se retourna et se retrouva nez à nez avec Rain Stoker. La Serpentarde la dévisageait avec malice, se pourléchant presque les babines : elle n'avait jamais vraiment digéré l'éclatement du trio qu'elle formait avec Misty et Seren, mais se méfiait trop de ses deux anciens compères pour oser tenter quoi que ce soit à l'encontre de Hazel, qu'elle jugeait responsable de cet abandon amical.

- Je me demande comment réagirait cette fouineuse de Rita Skeeter si elle apprenait que la fille de Dahlia Black se trouvait dans les parages !

- Rain, s'il te plaît...

Hazel n'avait nullement envie d'attirer l'attention, et surtout celle de la journaliste, sur sa présence. Son instinct lui conseillait de ne pas se laisser attraper par les griffes de Skeeter.

La Serpentarde se hissa sur la pointe des pieds et mit ses mains en porte-voix :

- Ça serait amusant, tu ne crois pas ?

Hazel voulut l'empêcher d'agir mais un homme se plaça derrière Rain et posa une main autoritaire contre sa bouche, lui coupant le sifflet.

- Tu n'en feras rien, Rain.


Hazel piqua un fard et balbutia quelques mots de remerciements à l'égard de son sauveur. Celui-ci se contenta d'un clin d'œil amical, qui la fit se sentir bien bête ! Le jeune homme accompagnant Rain était d'une beauté à faire chavirer le cœur d'une gargouille ! D'une taille impressionnante, il possédait de très beaux traits indiens et une abondante chevelure noire. Ses jambes, démesurées, faisaient penser à celles d'un agile et élégant faucheux.

- De quoi tu te mêles, grogna Rain en écartant la main du jeune homme. T'as pas d'autres cadeaux à acheter à ta petite amie secrète ?

Le visage du jeune homme vira au cramoisi. Hazel aperçut le panier débordant de livres, qu'il portait autour du poignet. Elle fut attirée par un petit livre, à la couverture rougeoyante, orné de magnifiques lettres dorées. Un tel ouvrage devait valoir un joli petit paquet de Gallions ! Le jeune homme toussota pour masquer sa gêne et offrit son plus beau sourire à Hazel.

- Qui êtes-vous ?

- La fausse Judy Abbott, intervint Rain, bien décidée à ne pas se laisser piquer la vedette, ou plutôt la seule et unique Hazel Evans.

Hazel vit une pointe de déception, puis la confusion se peindre sur le visage du jeune sorcier.

- Judy Abbott, je ne comprends pas...

- Je suis sûre que Evans a une explication, renchérit Rain en roulant des yeux, usurpation d'identité, ça peut te coûter cher !

Hazel resserra son étreinte autour du livre. Le jeune homme se pencha vers elle et déchiffra le titre de l'ouvrage.

- Oh, je vois... Vous ne vouliez pas attirer l'attention de Skeeter, ce que je peux comprendre... mais si je puis me permettre un conseil.

Il jeta un regard par - dessus son épaule, en direction de Skeeter entourée d'une foule d'admirateurs.

- Si j'étais vous, je n'accorderais pas grand crédit à ce qui doit être un ramassis d'informations erronées et de mensonges. Skeeter est tout, sauf fiable.

- Tu sais quoi, Jervis ? Tu devrais continuer tes emplettes et nous laisser Evans et moi, si tu ne veux pas que Skeeter te mette à nouveau le grappin dessus et ne publie un nouvel article sur le « célibataire le plus convoité du monde magique anglais ».


Le jeune homme lança un regard à Skeeter et après avoir salué Hazel, repartit dans la librairie. En le voyant se diriger vers un obscur rayonnage, Hazel soupçonna qu'il désirait surtout se cacher de la plume à Papote de Rita Skeeter.

- Crétin, grommela Rain avant de reporter son attention sur Hazel. Je te préviens Evans, ne compte pas faire ami-ami avec mon idiot de demi-frère. Jervis est peut-être un idiot, mais dans la famille, nous n'aimons ni les Sangs-de-bourbe, ni les Sangs mêlés et encore moins les orphelins dépourvus de pedigree et de richesse. Contrairement à Wilde et Doyle, je n'ai aucune envie de copiner avec de bien piètres personnages !

Rain se rapprocha de Hazel, moqueuse. Par réflexe, la jeune fille se recula, le livre serré contre elle. Rain agita son index droit et le pointa vers l'ouvrage de Skeeter.

- Tu veux savoir des choses sur les Black, suffit de me demander, mais je ne suis pas sûre que mes histoires te plairont.


À cet instant, Nobert jaillit de la proche de Hazel et apercevant la petite bague dorée brillant autour du doigt de Rain, ne put se contenir davantage. Il se pencha vers la main convoitée et lui pinça la peau avec violence. Rain poussa un cri de terreur et se recula, la main en sang. De nombreux regards se tournèrent vers elles. Hazel en profita pour se faufiler entre les rayonnages, paya ses livres et s'enfuit de la librairie avant d'être poursuive par Skeeter et Rain !


Elle retrouva Morgan et Oliver au coin de la rue. Elle dissimula les livres dans sa poche magique et s'empressa de les rejoindre, elle ne voulait pas attirer leur attention sur l'ouvrage consacré aux Black. Oliver s'écarta de Morgan, comme s'il se sentait pris en faute. Hazel ressentait une tension entre les adultes, mais elle était bien incapable d'en saisir les troubles enjeux ! Morgan se glissa aux côtés de Hazel et lui enveloppa les épaules d'un geste protecteur. Le trio se remit en marche, silencieux.


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Après de nombreuses haltes dans différentes boutiques, Morgan décréta qu'il était temps pour eux, de faire une pause. Sa proposition fut accueillie avec joie par les deux Evans. Ils se rendirent dans la nouvelle boutique à la mode : Wonka & Bucket. Morgan et Oliver s'installèrent dans le salon jouxtant la confiserie, autorisant Hazel à effectuer ses derniers achats avant de commander la collation. Hazel laissa les deux adultes discutant à bâtons rompus.


En pénétrant dans l'immense boutique, Hazel se retrouva assaillie par un flot d'odeurs sucrées et savoureuses : elle se trouvait bel et bien dans le palais de la gourmandise et de l'abondance ! Les rayons débordaient de confiseries en tout genre ; au centre, trônait une immense fontaine crachant des litres et des litres de chocolat recueilli par les clients dans des cornets exhalant une appétissante odeur de gaufre cuite. Hazel traversa une allée et se retrouva face à un petit groupe de jeunes sorciers léchant une tapisserie collée sur le mur. En s'approchant, une Hazel ébahie lut la pancarte flottant au-dessus de leurs têtes : Tapisserie sucrée, attrape-gourmands garanti. Charlie et Jonathan adoreraient sans doute décorer leur dortoir d'une pareille merveille ! Elle n'avait cependant pas les moyens de leur offrir ce petit caprice sucré. Hazel se détacha du petit groupe et bifurqua vers la droite et se retrouva entre deux rangées d'aquariums remplis de sucre candi et de petits animaux en chocolats en bonbons nageant dans cette eau collante. Elle s'approcha d'un aquarium et ne put réprimer un frisson à la vue des petits Strangulots en pâte d'amande se découpant les uns les autres. Après sa très mauvaise expérience avec ces créatures, la jeune sorcière n'était pas d'humeur à en offrir, fussent-elles de sucre, à ses amis ! Elle s'aventura dans un autre rayon et se retrouva complètement perdue, au beau milieu d'un champ de fleurs aux couleurs appétissantes et aux émanations olfactives. Une sorcière, vêtue d'un uniforme coloré vint à sa rencontre. Elle lui tendit un panier et lui offrit un petit bonbon transparent que Hazel goûta bien volontiers. Elle en frémit de plaisir : un délicat parfum de noisette vint lui chatouiller les papilles, avant que celui-ci ne devienne une belle saveur de fraise à la chantilly.


La jeune sorcière s'apprêtait à demander un conseil à la vendeuse, mais celle-ci était déjà repartie en quête de nouveaux clients. Errant dans la gigantesque confiserie, toujours de plus en plus indécise, Hazel s'arrêta devant une pile de bocaux contenant des bonbons lumineux.

- Puis-je vous aider, petite sorcière ?

Elle leva les yeux. Un homme mince se tenait au-dessus d'elle. Il la salua de son chapeau haut-de-forme décoré d'un sucre d'orge.

- Je ne sais pas quoi acheter pour mes amis, avoua Hazel. Il y a tellement de choix...

- Estimez-vous heureuse d'avoir le choix, ma petite demoiselle. Quand on le perd, cela est tragique.

Il se plaça à côté d'elle et Hazel se retrouva enveloppée par une douce odeur de lait à la cannelle.

- Je vous écoute. Décrivez-moi vos amis et nous saurons leur trouver ce qui leur conviendra le mieux.


Hazel se lança, d'abord intimidée, de plus en plus enthousiaste : elle parla d'abord de la douce Sofia, la mère du petit groupe, toujours prévenante et de bonne humeur, très douée pour les sortilèges ; puis vint le tour de Charlie, le passionné de dragons, un peu râleur et grognon. Elle vanta aussi la mémoire et les connaissances de Jonathan, leur rat de bibliothèque favori ; enfin, elle évoqua les malices de Misty à la langue bien pendue et termina par Seren, le bon gros géant, fasciné par les créatures fantastiques.


L'étrange personnage l'écouta avec attention, esquissant quelquefois un sourire amical. Hazel cessa de parler, essoufflée par ce long monologue. L'homme lui fit signe de la suivre et la guida dans un nouveau dédale d'allées et de rayonnages. Il marchait à pas vifs, levant de temps en temps sa canne couleur chocolat ornée d'une tablette de chocolat dorée. Le panier de Hazel se remplit au fur et à mesure de délicieuses friandises. Quand ils achevèrent leur périple à travers cet univers sucré, Hazel se retrouva avec une plume sucrée longue conservation pour Jonathan, des chocolats pétillants pour Misty, des fruits aux fleurs pour Sofia et des créatures aux trois chocolats pour Charlie et Seren. Il la conduisit aux caisses et alors qu'elle s'apprêtait à le remercier, l'homme avait déjà disparu !

Quel curieux personnage, songea Hazel en se plaçant dans la file de gauche.


Elle se retrouva alors derrière une silhouette bien connue. Elle vit le maître des potions déposer deux petits sachets violets près de la caisse enregistreuse.

- Monsieur désire autre chose ? demanda le caissier au visage poupin.

Un grognement fut la seule réponse qu'il put obtenir. Le jeune homme reprit, peu décontenancé par l'attitude de Rogue :

- Nous allons vous faire un joli paquet, monsieur !

Au grand désespoir de Rogue, le jeune vendeur pesa les deux sachets, tout en débitant des inepties, et ne trouvant pas le nœud les fermant assez brillants, fouina dans son tiroir, en retira deux liens semblables et entreprit de refaire les sachets. Il prit ensuite une boîte, l'ouvrit avec mille précautions et l'emplit de pétales de rose qu'il déposa un par un au fond de ladite boîte. Rogue contenait son agacement à grand-peine.

- Vous comptez finir quand ? aboya-t-il avec hargne.

- Bientôt, bientôt ! tempéra le vendeur d'un ton joyeux. Il ne manque que la touche finale !

- Quoi donc ? ironisa Rogue, des morceaux d'amanite tue-mouche ?

Le vendeur enthousiaste lui répondit qu'il n'en possédait malheureusement plus en stock. Il dénicha un bâton de cannelle, le renifla en murmurant des doux mots avant d'en saupoudrer les deux sachets posés dans la boîte.

- Par Merlin, grogna Rogue en voulant lui arracher la boîte des mains.

- Patience, s'écria le vendeur en retenant le bien. Cela requiert du temps !

- Je veux juste ces deux foutus sachets de chocolats !

Hazel émit un gloussement qu'elle tenta de retenir, sans grand résultat. Rogue se tourna vers elle, prêt à houspiller l'indélicate osant se moquer de lui et de ses malheurs. Quand il la vit, son visage cireux passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il jeta l'argent sur le comptoir, arracha le paquet des mains du pauvre vendeur offusqué par une telle violence, fendit la foule d'un pas rageur et sortit de la boutique.

- Un monsieur bien difficile, décréta le vendeur qui se chargea de Hazel.


Tout en ne prêtant aucune attention au verbiage du vendeur qui s'occupait de ses achats, la jeune sorcière laissa son esprit flâner en des terres familières. Il était bien étonnant de voir Rogue hors de ses chers cachots ! Et surtout, de le voir acheter des friandises. Misty aurait adoré assister à cette scène et aurait, sans nul doute, émis tout un tas d'hypothèses sur l'identité du mystérieux bénéficiaire de ce cadeau. À qui, Rogue comptait-il offrir ces chocolats ? À de la famille ? À McGonagall ? À un autre professeur de Poudlard ? À Jekyll ? Sans qu'elle ne sût pourquoi, le cœur de Hazel se serra à cette pensée. Cette tarentule aurait-elle profité du calme de l'école, vidée de la grande majorité de ses élèves, pour tenter de ravir les faveurs du maître des potions ? Le sourire de Hazel s'effaça : cette supposition ne l'amusait guère. Rogue n'était certes pas un modèle de sympathie, mais il ne méritait pas d'être abusé par cette menteuse aux charmes venimeux.


- Deux Gallions d'or, annonça le vendeur.


Hazel s'acquitta de la somme demandée et retourna au salon de thé. Morgan et Oliver discutaient avec entrain, penchés l'un vers l'autre. La sorcière riait, tout en contant l'une de ses dernières mésaventures au bureau. Hazel fut presque gênée de les interrompre et hésita à les laisser seuls, mais il aurait été fort impoli de se glisser à l'une des tables occupées par d'autres clients ! Elle prit place à côté de Morgan et demeura silencieuse, préférant écouter leur discussion. Tous les trois ressemblaient à une vraie famille profitant d'une belle journée hivernale. Encore une illusion, se dit Hazel en s'attaquant avec rage à sa part de tarte. Ils ne formaient pas une véritable famille. Elle vit Oliver prendre sa serviette et essuyer avec douceur, la tache de chantilly s'étalant sur la joue de Morgan. La sorcière rougit, le Moldu, conscient d'avoir commis un impair, s'excusa pour ce manque de galanterie. Un silence pesant s'installa autour de la table. Que les adultes étaient compliqués à comprendre, surtout quand ils n'assumaient pas leurs sentiments ou pire, tentaient de cacher des secrets ! Tout en massacrant le pauvre gâteau, Hazel se jura de ne jamais leur ressembler et de toujours faire preuve d'honnêteté avec les autres et elle-même.


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