L'Ecrin des illusions

Chapitre 3 : Le Chemin de Traverse

5029 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/01/2024 16:52

 Le lendemain matin, Hazel ne sut comment elle se retrouva dans son lit, emmitouflée dans sa couverture, toujours vêtue de son horrible robe de cérémonie. Elle s'étira et se souvint des événements de la veille : était-ce un rêve ? Un rêve étrange qu'elle regrettait déjà ...


Elle se leva, se débarrassa de la robe avant de revêtir sa tenue habituelle. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre un élastique posé sur son bureau, elle remarqua le mystérieux courrier posé en évidence contre son pot à crayons. Le cœur battant, elle s'en saisit et déchiffra les quelques mots écrits à l'encre verte : la sorcellerie, Poudlard ... tout ceci était donc bien réel !


Elle mit la lettre dans la poche de son jean et descendit à la cuisine. Quand elle entra dans la pièce, Mary Evans émit un gloussement et la tasse qu'elle tenait à la main se mit à trembler. Hazel prit place à côté de son père et salua les heureux époux d'un petit signe de tête.

- Morgan va t'accompagner pour l'achat de tes fournitures, déclara Oliver Evans en levant un œil de son journal. Elle est la plus qualifiée pour ...

- Sornettes ! s'écria Mary en reposant sa tasse avec violence.

- Chérie, nous en avons déjà discuté ...

- Mon père est médecin, il connaît sans doute des personnes qui pourraient aider ta fille à se débarrasser de ce ... de ses ... ce truc en elle ! Il y a de cela quelques années, mon oncle Richard se prenait pour Napoléon. Un petit tour à ...

-Hazel n'est ni malade, ni folle. C'est une sorcière.


Oliver reprit la lecture de son journal, mettant ainsi un terme à la discussion. Hazel se servit un verre de jus d'orange et mangea son petit-déjeuner en quatrième vitesse, peu désireuse de passer plus de temps avec les jeunes mariés. Quand elle eût fini, son père se leva à son tour et invita sa fille à le suivre. Ils s'éclipsèrent et se rendirent dans la chambre du jeune couple. Oliver ouvrit l'armoire, fouilla dans un carton et tira une vieille boîte à chaussures poussiéreuse. Il s'assit à même la moquette, près de sa fille.

- Cela fait des années que je la garde ...

Il souleva le couvercle et tira une photographie du papier de soie jauni. Il observa la photographie avant de la tendre à Hazel. Celle-ci eut un mouvement de stupeur : la femme lui adressa un clin d'œil avant de disparaître.

- Curieux, n'est-ce pas ? Ne t'en fais pas, elle reviendra.

- Elle est ensorcelée ?

- Les photos des sorciers sont animées : les personnes photographiées vont et viennent à leur guise.


Il fouina dans la boîte, laissant le temps à sa fille d'observer l'image de son ancien amour. Celle-ci était assise au bord d'une fontaine désolée. En arrière-plan, on pouvait distinguer une vieille maison délabrée. Dahlia fixait l'objectif, un curieux sourire accroché aux lèvres. Oliver poussa un cri victorieux et brandit une écharpe. Il la tendit à Hazel qui la déplia et découvrit une grosse clef argentée.

- Morgan t'expliquera ceci mieux que moi. Cette clef est celle d'un coffre-fort. L'argent qu'il contient appartenait à ta mère et il te revient à présent.

Hazel ne sut que répondre. Elle fit tourner la clef avant d'examiner l'écharpe : celle-ci, d'un vert élimé, était ornée de fines bandes argentées. Le père et la fille étaient silencieux, unis par le souvenir d'une compagne disparue et d'une mère inconnue. Hazel enfila l'écharpe.

- Pa', tout ce que tu m'as raconté, votre rencontre ...

- Je n'ai rien inventé, j'ai simplement omis de te parler de la magie.

- Tu peux me la raconter encore une fois ?


Oliver esquissa un sourire et d'une voix basse, narra l'histoire tant de fois répétée : l'arrivée de cette étrange locataire dans la maison familiale, juste après le décès de sa mère. Dahlia Black était apparue un matin pluvieux, une simple valise à la main, sur le seuil de sa porte. Elle avait le visage creusé par la fatigue et la faim. Il avait besoin d'une aide pour tenir la maison ; elle n'avait nulle part où aller. Touché par sa misère, il l'avait engagée alors qu'elle ne possédait aucune qualification ! La pitié première avait rapidement laissé place à de l'estime pour cette femme étrange et maladroite avec les objets du quotidien. Ils riaient bien souvent de ses étourderies et peu à peu, un sentiment plus fort avait éclos dans le cœur d'Oliver. Elle avait refusé son amour puis y avait succombé, peu de temps après lui avoir révélé son secret ...


- Elle avait peur car c'était une époque compliquée pour les sorciers et elle craignait pour sa vie et pour la mienne.

Oliver détourna les yeux.

- Nous devions rester prudents et puis, tu es arrivée par surprise ...

- Et elle est morte.

Le cœur de Hazel se serra en pensant à la petite tombe érigée dans le cimetière situé non loin de l'allée des Cerisiers. À chaque saison, son père et elle s'y rendaient pour porter un bouquet sur la sépulture de Dahlia.

- Pardonne-moi de t'avoir caché tout cela, murmura Oliver. Ce n'est pas à moi de décider de ton avenir, mais j'ai tellement peur de te perdre ...

- Aucun risque! répliqua Hazel. Aucun sorcier ne serait capable de faire des pâtisseries aussi délicieuses que les tiennes !

Son père éclata de rire.

- Ton amour ne tient donc qu'au remplissage de ton estomac ! J'en prends note, ma fille.


Ils échangèrent encore quelques souvenirs avant de ranger la boîte à chaussures. Hazel garda l'écharpe autour du cou et sortit de la chambre afin d'aller chercher ses affaires et se décida à attendre Morgan dans le salon. Oliver quant à lui, partit au travail.


Quand la pendule afficha dix heures, un craquement se fit entendre dans la cheminée et Morgan en jaillit, vêtue d'un assemblage complexe de tissus bariolés.

- C'était donc ça, ton secret pour apparaître et disparaître aussi vite ! s'écria Hazel en se levant du canapé.

- Transplanage et poudre de cheminette, fit son amie en lui adressant un clin d'œil. Tu es prête ?

- Parée, mon capitaine !

- Tu as ta liste ?

- Quelle liste ?


Morgan sortit sa baguette et la tendit vers le sac d'Hazel. Celui-ci s'ouvrit et le parchemin lui sauta dans les mains. La jeune fille se mit à parcourir la liste des fournitures.

COLLÈGE DE POUDLARD – ÉCOLE DE SORCELLERIE

Uniforme

Liste des vêtements dont les élèves de première année devront obligatoirement être équipés :

1) Trois robes de travail (noires) , modèle normal

2) Un chapeau pointu (noir)

3) Une paire de gants protecteurs (en cuir de dragon ou autre matière semblable)

4) Une cape d'hiver (noire avec attaches d'argent)

Chaque vêtement devra porter une étiquette indiquant le nom de l'élève.

Fournitures

1 baguette magique

1 chaudron ( modèle standard en étain, taille 2)

1 boîte de fioles en verre ou cristal

1 télescope

1 balance en cuivre

Les élèves peuvent également apporter un hibou OU un chat OU un crapaud.


- Je doute qu'on puisse trouver tout ça chez Harrods, déclara Hazel.

- Disons que les sorciers ont leurs propres boutiques...


La sorcière retourna à la cheminée, suivie de Hazel. Elle tira une petite bourse de sa poche et en sortit une poignée poudreuse qu'elle jeta dans l'âtre. Des flammes verdâtres apparurent, nimbant la pièce d'un éclat menaçant. Morgan tendit sa main à Hazel, celle-ci serra les doigts de son ancienne nourrice avec force.

- Ferme les yeux et fais-moi confiance, fit Morgan tout en s'avançant dans la cheminée. Cela risque de chatouiller un peu... Au Chaudron Baveur !


Un bruit sourd résonna. Hazel ouvrit les yeux et eut la surprise de se retrouver dans un vieux tripot bruyant. Morgan épousseta ses vêtements avant de lui offrir un sourire radieux.

- Bienvenue au Chaudron baveur, déclara-t-elle en embrassant le lieu d'un large signe de bras.

La jeune fille lui emboîta le pas et se faufila entre les tables. Morgan échangea quelques mots avec des clients avant qu'elle ne tombe nez à nez avec un homme immense.

- Morgan Prewett ! s'exclama le géant. Cela fait un sacré bout de temps !

Il gratta sa barbe broussailleuse avant de scruter Hazel avec attention.

- Et cette jeune personne est ?

- Hazel Evans. Enchantée Monsieur ...

- Appelle-moi Hagrid, demoiselle ! fit l'homme dans un grand éclat de rire chaleureux. Evans... C'est vrai qu'il y a un petit air de ressemblance.

Il abattit sa main, aussi épaisse qu'une poêle à frire, sur l'épaule de Hazel.

- Nous aurons le plaisir de nous revoir à Poudlard, Hazel.


Il leur adressa un dernier sourire avant de se rapprocher du comptoir. Morgan et Hazel poursuivirent leur chemin. La jeune fille était fascinée par tout ce qu'elle voyait et tentait de capter la moindre bribe de discussion et dut reconnaître que certains mots prononcés lui semblaient comme appartenir à une langue étrangère !


Elles sortirent du pub et Morgan l'entraîna dans une petite cour entourée de murs. Elle compta les briques sur le mur au-dessus des poubelles, puis elle frappa trois fois à un endroit précis avec la pointe de sa baguette. La brique se mit à trembler et un trou minuscule apparut. Le trou s'élargit de plus en plus et se transforma en une arcade suffisamment grande pour leur permettre de s'y engouffrer. Cette arcade donnait sur une rue animée.


- Bienvenue sur le Chemin de Traverse, Hazel.


Ébahie, Hazel s'avança d'un pas tremblant. Le mur se referma derrière elles. En se plongeant dans la foule, Hazel qui ne cessait de lancer des coups d'œil à droite et à gauche, se cogna contre une sorcière, elle s'excusa et reprit sa déambulation. Elle aurait tant voulu posséder mille yeux pour tout observer ! Elle passa derrière un groupe d'adolescents massé devant une vitre. Titillée par la curiosité, elle s'en approcha. Ils étaient en train d'admirer un balai posé sur un coussin doré.

- Vise cette merveille ! soupira un garçon vêtu avec élégance. Quel petit bijou ... Le nouveau Nimbus 1990 !

- Dommage, soupira un autre sorcier plus jeune, les premières années n'ont pas le droit d'avoir leur propre balai ...

- Stupide règlement, fit une autre qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Elle sortit une plume et l'utilisa pour rayer un item sur sa liste de fournitures.

Morgan attrapa Hazel par l'épaule.

- Viens, tu pourras admirer les balais plus tard, à défaut de pouvoir t'en acheter un.

- Ces balais sont faits pour voler !? Comme dans les contes !?

- Bien sûr que oui ! Nous avons aussi des chats, mais nous ne mangeons pas les enfants de Moldus, enfin, pas à ma connaissance ...

- Moldus ?

- Les gens dépourvus de magie, répondit Morgan en l'emmenant dans une nouvelle rue.


Elles arrivèrent devant un immense bâtiment blanc protégé par un portail d'un bronze étincelant. Une curieuse petite créature, un gobelin précisa Morgan, les fit entrer et les accompagna jusqu'à une grande porte en argent. Hazel déchiffra l'inscription l'ornant et eut un frisson :

Entre ici étranger si tel est ton désir

Mais à l'appât du gain, renonce à obéir,

Car celui qui veut prendre et ne veut pas gagner,

De sa cupidité, le prix devra payer.

Si tu veux t'emparer de ce lieu souterrain,

D'un trésor convoité qui jamais ne fut tien,

Voleur, tu trouveras, en guise de richesse,

Le juste châtiment de ta folle hardiesse.


- Hazel ? s'enquit Morgan. Tu n'as rien à craindre, nous sommes en règle et je ne compte pas dérober quoique ce soit.

La jeune fille jeta un coup d'œil par dessus son épaule, la porte se referma et elles s'avancèrent dans un long hall tout en marbre. Derrière un long comptoir, de nombreux gobelins, assis sur de hauts tabourets, étaient penchés au-dessus de gros registres, pesant des pièces ou examinant des pierres précieuses.

Morgan s'approcha du comptoir. L'une des créatures releva la tête et les scruta avec attention.

- C'est pour ?

- Hazel, ta clef.

Hazel sortit la clef de son sac et la déposa devant le gobelin. Les longs doigts de la créature s'emparèrent de la clef.

- Coffre-fort 411, Dahlia Black.


Il descendit de son tabouret et dans un grognement, leur fit signe de le suivre. Il les conduisit dans un étroit passage. Hazel aperçut une voie ferrée. Le gobelin siffla et un wagonnet fit son apparition dans un inquiétant crissement. Ils prirent place dans le wagonnet qui les entraîna dans une folle descente avant de s'arrêter devant une petite porte. Le gobelin sauta à terre, suivis des deux amies. Il sortit la clef et l'introduisit dans la serrure. Celle-ci émit un rire moqueur avant de recracher la clef.

- Maudite sorcière, grogna le gobelin. Peste sois-tu ...

Il se tourna vers Hazel.

- Votre mère a ensorcelé cette clef. C'est à vous d'agir.

- Que dois-je faire ?

- Placez votre main sur la serrure.

Hazel s'approcha de la porte. A sa grande surprise, la serrure s'était fendue en deux afin de laisser passer une main. Hazel plongea sa main dans la serrure et la sentit se refermer autour de son poignet.

- Hazel ? fit une Morgan inquiète.

- Rassurez-vous, ricana le gobelin, si Miss Evans n'est pas autorisée à ouvrir cette porte, un couperet la privera seulement de ses doigts.


Hazel tenta de retirer sa main prisonnière mais celle-ci était comme enchaînée à la serrure. La porte émit un bruit sonore. Elle ferma les yeux, craignant qu'une lame ne la prive de ses doigts. La pression autour de sa main s'évapora et elle fut libérée. La serrure retrouva son apparence initiale, le gobelin s'approcha de la serrure et la déverrouilla. Cette fois-ci, la porte s'ouvrit.

- Je dois reconnaître que votre mère était douée, très douée ... Elle a malheureusement refusé le poste offert par Gringotts.

Hazel ne l'écoutait pas, trop impressionnée par les montagnes de pièces s'élevant devant elle. Tant d'argent à sa disposition alors que son père avait toujours dû économiser le moindre denier !

- Cet argent est à toi, Hazel.

- Dépêchons, grommela le gobelin, l'argent et le temps sont des denrées précieuses, qui ne doivent pas être gaspillées !

Aidée de Morgan, Hazel remplit une bourse de pièces dorées et argentées avant de remonter à la surface, la précieuse clef cachée au fond de son sac.


☼☼☼


Nantie d'une bourse bien garnie, Hazel put entamer ses achats. Elle passa tout d'abord dans une petite boutique où flottait une odeur rance, afin d'y dénicher une balance et des petites fioles en verre. Une fois ses achats effectués, elle se plaça derrière un homme vêtu d'une longue robe noire.

- J'imagine que vous avez hâte d'être à la rentrée, professeur Rogue, dit le vendeur tout en enveloppant les commissions du sinistre client.

- Extatique, laissa tomber l'homme d'un ton qui n'avait rien d'enjoué.

- Hazel ! cria Morgan, j'ai trouvé des salamandres séchées pour ma potion anti-rides !

- Des salamandres vivantes jetées à feu doux rendent la potion plus efficace, fit le sorcier, mais je suppose que cette information a échappé à votre petite cervelle, Morgan Prewett.

L'homme se retourna. Hazel reçut de plein fouet, la dureté de son regard. Son visage hostile n'inspirait aucune sympathie.

- Severus Rogue, le salua Morgan. Toujours aussi amical ...


Jamais Morgan n'avait parlé à quiconque d'un ton aussi tranchant. Elle vit un rictus se peindre sur les lèvres du sorcier. Il parut enfin se rendre compte de la présence de Hazel. Elle s'attendait à, au mieux, un regard de morne indifférence mais sa réaction la mit fort mal à l'aise. Le regard du sorcier s'adoucit, un court instant, avant qu'il ne retrouve son masque de froideur. Il se retourna vers le comptoir, paya ses achats, prit son paquet et quitta la boutique sans un mot.


Le jeune vendeur essuya son visage dégoulinant de sueur. Morgan déposa les salamandres et les fournitures de Hazel devant lui.

- Qui est-ce ? demanda la jeune fille en sortant sa bourse.

- Severus Rogue, répondit Morgan. Le camarade le plus sinistre de ma promotion à Poudlard et sans nul doute, le professeur le plus détestable de toute l'histoire de l'école.


L'enthousiasme de Hazel fondit d'un coup. Elle emporta ses emplettes et suivit Morgan hors de la boutique. Elle ne parvenait pas à se libérer de l'impression que lui avait laissée le professeur Rogue. Cette rencontre avait terni son excitation et accentué son angoisse : avait-elle réellement sa place à Poudlard ? Tous les professeurs étaient-ils à l'image de cet homme ?


Devant la librairie, Hazel hésita à suivre Morgan : ne devait-elle pas faire demi-tour et rentrer chez elle ? La vue de curieux oiseaux voltigeant dans les airs piqua son intérêt. Elle se décida à entrer. La librairie était pleine à craquer d'adolescents et de parents virevoltant entre les rayonnages. Les échelles glissaient sur les étagères en un ballet frénétique. Des livres déployaient leurs pages au plafond, tels de déconcertants albatros. Des sorciers lisaient à même le sol. Émerveillée, Hazel oublia le professeur Rogue et se mit à déambuler dans la librairie. Elle passa près d'une table sur laquelle était posée un livre rose et mauve. Le sorcier aux dents blanches ornant la couverture, lui adressa un clin d'œil charmeur. Hazel s'empara d'un exemplaire du Bal des Cocatrix, écrit par un certain Gilderoy Lockhart. Morgan lui retira des mains.

- Je doute que les œuvres de ce bellâtre soient au programme ...


L'homme sur la couverture tira une langue boudeuse avant de disparaître. Hazel sortit sa liste et la lut avec attention :

Manuel de métamorphoses à l'usage des débutants, de Emeric G. Changé

Plantes et champignons magiques, de Tristan Chicorée

Histoire, grandeur et décadence de la magie, de Sandra La Rouge

Se défendre des Trolls et autres créatures malfaisantes, de Cephis Cephus

Magie pratique et rhétorique, d'Alexander Ciguë

Sorts, contre-sorts et illusions, de Dede Illuse.


Hazel ne tarda pas à trouver les précieux ouvrages qui rejoignirent le chaudron et la balance dans le sac magique porté par Morgan.

Une fois dans la rue, Morgan consulta sa montre : l'après-midi était déjà bien avancé . Elle désigna une petite boutique étriquée.

- Ça ne te dérange pas d'aller choisir ta baguette toute seule ? J'ai une course importante à faire.

- Je devrais m'en sortir.


Morgan eut un sourire et se laissa happer par la foule toujours aussi impressionnante. Hazel s'approcha de la vitrine poussiéreuse. Une seule baguette s'y trouvait, posée sur un socle doré. La porte s'ouvrit sur un grand métis . Il s'arrêta et détailla Hazel des pieds à la tête, avant de s'écarter en bougonnant, afin de lui céder le passage.

Hazel pénétra dans la boutique et un vieillard apparut derrière le comptoir.

- Bienvenue chez Ollivander, Miss Evans.

Il quitta son comptoir et se plaça à côté d'elle. Il sortit un mètre ruban argenté et le déplia. Le fil argenté, tel un serpent, ondula autour de Hazel et la mesura du haut de son sourcil, jusqu'à la pointe de son petit orteil. Le fil argenté s'enroula autour de son crâne, de ses hanches et de son poignet, avant de regagner la main du vieux sorcier.

- 26 cm, bois de cyprès et ventricule de dragon. Excellente baguette pour les enchantements.

- Je vous demande pardon ?

- La baguette de votre mère, Ms. Evans, siffla Ollivander en rangeant son mètre, la baguette de votre mère ...

Il se saisit d'une boîte, l'ouvrit et en sortit une baguette.

- 35 cm, bois de saule et crins de licorne. Une baguette parfois capricieuse mais extrêmement fidèle ...

Hazel s'en saisit et guidée par le vieil homme, exécuta un mouvement de poignet qu'elle jugea ridicule. La baguette émit un gémissement avant d'expulser une fumée orange.

- Non, celle-ci ne conviendra pas, décréta Ollivander avant de lui en confier une nouvelle. Voyons celle-ci : 27,3 cm, bois de vigne et ventricule de dragon. Très souple, facile à manier. Parfaite pour les sortilèges et les esprits brillants.

Sans grande conviction, Hazel prit la baguette. Cette fois-ci, se fut pire : la baguette n'eut aucune réaction.

- Essayons celle-là ! Une vraie petite vipère, cria le sorcier en lui plaçant une autre baguette entre les doigts. Bois d'aubépine, 25 cm, crins de licorne. Une baguette faite pour les personnes ambitieuses !

Hazel, pour la troisième fois, fit tournoyer l'objet. La baguette lui échappa après avoir fait exploser le vase posé sur le comptoir.

- Encore une cliente difficile ... C'est ma journée, grogna Ollivander avant de disparaître derrière son comptoir.


Hazel jeta un regard aux boîtes s'élevant jusqu'au plafond : et si aucune baguette ne lui convenait ? Pourrait-elle tout de même se rendre à Poudlard ?


Le sorcier revint, les bras chargés de nouvelles boîtes. Une par une, Hazel essaya de nouvelles baguettes mais aucune ne semblait trouver grâce aux yeux d'Ollivander.

- C'est la baguette qui choisit son sorcier, murmura-t-il en lui reprenant une baguette qu'il lui avait présentée comme une « rareté » (bois de houx, plume de Phénix, 27, 5 cm).

Il parut réfléchir quelques instants.

- Je me demande si ... après tout ... on peut toujours essayer.

Il s'éclipsa et revint avec une boîte poussiéreuse. Il l'ouvrit et présenta une nouvelle baguette à Hazel qui, pour la première fois, avait hâte de la toucher.

- Une combinaison rare : 22 cm, bois de noisetier et un cœur de baguette particulier. Idéale pour la métamorphose.

La jeune file s'empara de la baguette et sentit une chaleur bienfaisante se répandre dans son corps. Cette baguette, elle le sentait, ne semblait faire qu'un avec sa main droite.

- Etonnant, très étonnant, chuchota Ollivander.

Il prit la baguette, la remit dans sa boîte et l'enveloppa dans du papier de soie.

- Qu'est-ce qui est étonnant ? demanda Hazel.

- Elle contient un ingrédient surprenant : un poil de griffon, mais ce n'est pas le plus étrange. Cette baguette, je me désespérais de la vendre, elle et sa jumelle ...

- Sa jumelle ?

- Un autre baguette, contenant un plume provenant du même griffon. Je l'ai vendue très récemment. Curieux de se dire que les deux baguettes feront leur rentrée à Poudlard en même temps.


Hazel demeura silencieuse, ne sachant que faire de cette révélation : en quoi était-ce étonnant de posséder une baguette « jumelle » ? Allait-elle devenir amie avec le ou la propriétaire de cette baguette ?


Elle ne put davantage se perdre en conjectures. Un petit coup donné contre la vitre la fit sursauter. Elle se retourna. Morgan lui adressait un signe de main.

- Ah, grogna Ollivander. Morgan Prewett : 25 cm, bois de pommier et crin de licorne. Une baguette quelque peu désinvolte, parfaite pour les enchantements.

Hazel paya son achat, salua le vieillard et rejoignit son amie. Elle n'était pas sûre d'avoir apprécié sa rencontre avec Ollivander.

- Alors ? s'enquit Morgan en rangeant le précieux paquet dans son sac.

- Il est plutôt bizarre, non ?

- Il t'a fait le coup de la baguette appartenant à ta mère ?

Elle acquiesça, Morgan eut un sourire.

- Le coup classique. Au fait ...

Elle posa son sac en tapisserie au sol et en sortit une cage recouverte d'un tissu. Elle le retira avec précaution. Une minuscule chouette aux plumes noisette, pas plus grosse qu'un poing, somnolait sur un perchoir. L'oiseau ouvrit un œil paresseux avant de se rendormir.

- Elle est pour toi, chuchota Morgan en souriant. On pourra s'échanger des lettres quand tu seras à Poudlard.

Hazel, touchée par ce geste, s'accroupit et caressa le crâne de la chouette.

- Echanger des lettres ?

- C'est l'un de nos modes de communication. Le hibou que tu voyais tous les jours sur mon toit est à moi, il se nomme Zéphyr. Il me permet de garder contact avec mes proches. Je tenais à t'offrir quelque chose de spécial pour cette rentrée.

- Morgan ...

La jeune fille se pencha vers la sorcière et la serra contre elle.

- Tu n'as pas à t'inquiéter, tu as ta place à Poudlard.

Hazel raffermit son étreinte. Morgan comprenait ses angoisses et à sa façon, tentait de la rassurer.


Une fois la chouette endormie rangée dans le sac, les deux amies reprirent leurs achats. En passant dans un glacier, elles s'arrêtèrent afin de prendre une collation. Elles prirent place sur la terrasse, afin de permettre à Hazel de se repaître du spectacle offert par le Chemin de Traverse. L'après-midi avait beau être avancé, la foule ne diminuait pas et Hazel ne pouvait détacher ses yeux des jeunes sorciers, espérant y dénicher ses futurs camarades. Elle écoutait, avec tout autant d'avidité, Morgan lui décrire le monde des sorciers.


À cet instant, deux filles passèrent près de leur table. La plus petite jeta un regard dédaigneux à Hazel.

- Certaines ne manquent vraiment pas d'air et se prétendent déjà dignes d'intégrer Serpentard !

Sa comparse, faisant bien trois têtes de plus qu'Hazel, ricana et toutes deux entrèrent dans la salle en poussant deux enfants faisant sagement la queue. Hazel eut un regard perplexe, Morgan pointa l'écharpe qu'elle portait au cou.

- Tu portes une partie de l'uniforme des Serpentard.

Hazel se mit à jouer avec le petit reptile argenté accroché dans la laine.

- Serpentard ?

Morgan se cala contre le dossier de la chaise et croqua une cerise chocolatée avant de lui répondre :

- Les élèves de Poudlard sont répartis dès leur arrivée, dans quatre maisons : Poufsouffle, Serdaigle, Gryffondor et Serpentard. Chacune possède ses particularités ou plutôt, ce sont les élèves qui font leur renommée. Serpentard n'a pas forcément une très bonne réputation ...

- Pourquoi ?

Morgan se pencha vers lui et lui souffla dans un murmure à peine perceptible :

- De nombreux adeptes de la magie noire sont passés par Serpentard.

Hazel eut un frisson et relâcha l'écharpe.

- Tu étais dans quelle maison ?

- Poufsouffle. Notre maison n'est pas bien considérée. Certains prétendent que c'est la maison des cancres et des paresseux, ce qui est faux ! Le fameux Norbert Dragonneau était un Poufsouffle alors que le sinistre ...

Morgan blêmit, Hazel lui décrocha un regard interrogateur. La jeune femme se mit à dessiner des cercles nerveux à l'aide de sa cuillère.

- Il y a de cela quelques années, notre monde a connu de terribles événements. Un sorcier, un ancien Serpentard, a semé la terreur avec ses partisans.

- Quel était son nom ?

- Nous n'avons pas le droit de le prononcer, sous aucun prétexte. Nous le nommons Vous-Savez-Qui ou Tu-Sais-Qui. Ne t'avise jamais de prononcer son nom véritable. Comme lui, nombre de ses compagnons étaient des Serpentards.

- Comme ma mère ?

Morgan eut un sourire amer.

- Dahlia, à ma connaissance, n'a jamais choisi un camp plutôt que l'autre. Cela ne l'intéressait pas, contrairement à ta cousine Lily.

- Que lui est-il vraiment arrivé ? Elle n'est pas morte dans un accident, n'est-ce pas ?

Morgan secoua la tête.

- Lily et James Potter ont été assassinés par ce être maléfique. Le petit Harry a survécu et nul ne sait comment, cela a signé la fin de Tu-Sais-Qui. Certains pensent qu'il est vraiment mort, d'autres au contraire, craignent son retour. Beaucoup de vies ont été sacrifiées par lui et pour lui ...


Morgan termina sa phrase d'une voix brisée. Elle se pencha et tira un mouchoir de sa poche. Son amie avait sans doute souffert au cours de cette horrible période. Hazel lui serra la main avec affection. La sorcière tenta d'esquisser un sourire.

- Oublie ce que j'ai dit. Poudlard est l'un des lieux les plus sûrs de notre monde. Profite bien de tes années d'études, elles seront parmi les plus belles de ton existence.


Un hibou se posa sur leur table. Hazel reconnut le fameux Zéphyr, l'oiseau qui l'avait toujours intrigué quand elle vivait dans l'allée des Cerisiers. Le hibou laissa tomber une lettre avant de picorer la cerise posée sur la coupe de sa propriétaire. Hazel se risqua à caresser les ailes de l'animal, celui-ci, peu farouche, sautilla jusqu'à elle afin de réclamer le biscuit accompagnant sa glace chocolat – menthe – citron.

- Ma cousine a terminé ses achats, déclara Morgan en parcourant la lettre. Elle m'invite à prendre le thé chez elle.

Elle releva la tête.

- Souhaites-tu m'accompagner ? À moins que tu ne veuilles rentrer chez toi pour te reposer.

- Quelle question, je viens avec toi !


Hazel n'était pas épuisée, bien au contraire ! Elle se sentait de plus en plus à l'aise dans ce nouveau monde et désirait le découvrir davantage. Une fois rassasiées, elles retournèrent au Chaudron Baveur et utilisèrent à nouveau la poudre de cheminette. 

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