Mutations contrôlées
3 - Représailles
Entendant toujours le pécheur hurler, je me pressais de quitter ses terres avant que sa rancune ne prenne le dessus. Bien que ma jambe fut presque guéri par un de ses procédés dont il avait le secret, je continuais de boiter légèrement ce qui freina largement ma course, encore longue, jusque Goodneighbor. Au moins, elle soutenait mon poids et ne risquait plus de s'infecter étant donner ma nouvelle condition. Dans ce monde constamment irradié, j'ai déjà eu l'occasion d'affronter des goules sauvages, d'anciens êtres humains surexposés aux radiations, devenus totalement décérébrés. Lors des inondations de la ville l'automne dernier, javais du chasser les fangeux qui s'approchaient trop prêt de nos murs, trop content de trouver de nouveaux nids potentiels. Ces bestioles sont énormes! Et résistantes qui plus est. Je n'avais réussis à les chasser qu'en les appâtant avec du poisson, avant de leur planter une lance dans les yeux. En fait ces créatures sont surtout stupides. Mais leur épaisse carapace et leur tendance à former des colonies peuvent les rendre particulièrement dangereux.
Ma ville arrivait en vue, quand quelque chose en moi se bloqua... Hancock... Je me rappelais les termes de notre accord. J'étais libre dans sa ville, pour peu que je remplisse mes devoirs. Hors ces derniers comprenaient le ravitaillement et la surveillance.
Et je venait d'échouer dans le deux cas. Je ne rapportait rien de neuf à part un blouson certes plus résistant que mon vieux manteaux miteux. Pire encore! Je m'étais fait agresser à moins d'une heure des civils. Le maire n’apprécierait pas. Et après avoir gagner sa confiance, il était hors de question de la perdre.
En un éclair je me tournais vers les ruines qui avaient faillis m'être fatale quelques jours plus tôt. J'avais l'avantage cette fois. Je savais où ils se terraient, et à peu prêt combien ils étaient. De plus après m'avoir fait mordre la poussière comme il l'avait fait, j'arriverais sans mal à les surprendre.
Contournant le patelin, je me dirigeais d'abord vers la cachette contenant encore mes effets personnels. La grotte n'avait pas été découverte et mon sac de provision s'y trouvait encore. Je mangeais une conserve de haricots crus afin de reprendre des forces avant la bataille. Car bataille il y aurait! Je me devais de protéger les civils, et Hancock comptait sur moi pour cela. J'avais à ma disposition deux grenades à fragmentations, l'une me servira à faire diversion et l'autre me serait utile en cas de mêlée. En plus de mon revolver et d'une batte de Baseball, je devrais user de stratégie pour ne pas me faire submerger. Pour plus de sécurité j'attendrais la nuit pour lancer l'attaque. Caché par les ombres, je pourrais peut être trouver un accès plus discret que la porte d'entrée. Dans moins d'une heure, le soleil serait couché.
...
La nuit avait presque entièrement recouvert les terres désolées. Dans l'obscurité, je sortit de ma planque et me dirigeai lentement au pied de la tour. Un vieux bâtiment d'avant guerre aux fondations solides mais endommagées. Avec un peu plus d'explosif, je n'aurais eu aucun mal à la faire s'écrouler sur ses habitants. Mais ça aurait été une perte de ressources considérables. Faisant le tour, je ne trouvais aucun trous assez bas dans les murs pour pouvoir y pénétrer. Il était toujours impensable de passer par l'entrée principale sans se faire repérer. Sur la pointe des pieds, je prenais du recul pour essayer de dénombrer mes adversaires. Aux différents étages, des faisceaux lumineux éclairait par moment les façades. De cette manière, je comptais 8 hommes ou femmes en activité. Si je prenait mon temps, je n'aurais aucun mal à le faire payer leur tentative de meurtre sur ma personne. Personne ne me tire dessus dans le dos! Mais il me fallait encore trouver une entrée et cela s'annonçait encore plus compliqué que prévu.
- Je vais faire ma ronde les gars!
Merde! Il sortait par l'entrée. Paniqué, je me plaquais contre le mur de la tour, à l'opposé de la porte. Mes sens en alertes, je tentais de contrôler ma respiration et de me calmer pour faire face à ma cible. Ou alors... Ne ferais-je pas mieux de le prendre à revers? Je tendais l'oreille et une chose qui m'avait jusqu'alors échappé me frappa. J'entendais distinctement les pas du garde sorti guetter. Mieux que ça! J'arrivais à évaluer la distance qui me séparait de lui et à anticiper sa direction. J'entendais les déplacements de ses muscles comme une symphonie détaillée.
Le frottement de ses pieds sur le sol m'indiquait que le garde se déplaçait vers moi! Je dus faire un gros effort pour vite contourner le bâtiment sans faire de bruit. Je passait devant la porte, refermée, et arrivait dans le dos du garde, juste là où je me trouvais avant. Je levais ma batte, la tenant fermement. Et je l'abattis sans ménagement sur le crâne chauve de ma victime. Un coup. Net et précis sur le haut du crâne. L'homme tituba une seconde et s'écroula, un filet de sang coulant de son nez. Je pensais l'avoir seulement assommé, mais il devait souffrir d'une hémorragie crânienne. Peu importe. Ces raclures ne méritaient pas ma pitié. Cependant le choc de mon arme sur la tête du mercenaire avait résonné dans le silence de la nuit.
- Barns! Qu'est ce que tu fous encore? Tu veux qu'on te relève?
Inspirant profondément je tentais de prendre une voix grave avant de lancer.
- R.A.S. J'arrive dans 5 minutes.
Si je m'étais tu, ils auraient vite compris le problème. Mais cette vague imitation n'était pas des plus convaincantes. Toujours caché derrière le mur, je tirais le cadavre encore chaud pour qu'il ne soit pas découvert tout de suite. Je devais gagner du temps, trouver une entrée sécurisée. L'escalade? Pas avec mon genoux encore fébrile. Non, l'idéal aurait été... les égouts! Bien sûr! Tous les immeubles de cette époques étaient relié au même réseau d'évacuation. Mais dans la nuit, trouver à tâtons une grille d'égout qui ne soit pas bouchée n'était pas de la tarte. Sauf si on tombes dessus...